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Full text of "Mémoires de la Société des lettres, des sciences, des arts, de l'agriculture et de l'industrie de Saint-Dizier"

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SOCIÉTÉ 


DES LETTRES, DES SCIENCES, DES ARTS, DE L'AGRICULTURE 
ET DE L'INDUSTRIE 


. DE‘ SAINT-DIZIER 


: MÉMOIRES 


DE LA 


SOCIÉTÉ DES LETTRES 


des Sciences, 


des Arts, de l’Agriculture et de l'Industrie 


DE SAINT -DIZIER 


———————— 


TOME XIII 


ANNÉES 1911-1912 


a fe 


SAINT -DIZIER 
TYP. ET LITH. ANDRÉ BRULLIARD 


1912 


MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ 


On peut se procurer ces volumes au prix de 2 fr. l'un (2.50 par Ja poste), chez 
M... Joseph Houdard, bibliothécaire, avenue de la Gare, à St-Dizier. 


TOME I" 
Charte d'affranchissement de Saint-Dizier. 
Notice sur Eclaron, par M. le V'° de Hédouville. 
Les Oiseaux de la vallée de la Marne, par M. F. Lescuyer. 
Notice sur un ancien cours d’eau à St-Dizier, par M. Cornuel. 
Analyse des minerais de fer, par M. Barollel. 


TOME II 
Plantation des Conifères, par M. le Vtt de Hédouville. 
Une visite ay musée de Baye, par M. le Vte de Hédouville. 
Utilité de l'oiseau, par M. F. Lescuyer. 
La Garde nationale mobilisée de St-Dizier, par M. P. Lescuyer. 
Camps et enceintes fortifiés antiques, par MM. E. et H. Royer. 
Manomètre à air libre pour la mesure des faibles pressions, par 
M. Adnet. 
Chène enfoui dans les alluvions de la Blaise, par M. Paulin. 
Battage des pieux à l'écluse d’Allichamps, par M. Lagout. 
Beurville, Blinfey, et fontaine de Ceffonds aux xn° et x siècles, 
par M. E. Royer. 
Terrain crétacé inférieur du nord de la Hte-Marne, par M. Cornuel. 


TOME III 
Flore de la Haute-Marne, par MM. Aubriot et Daguin. 


TOME IV (Epuisé) 
| TOME V 
Histoire du village de Mussey, par M. Mallet. 


TOME VI 


Les origines de Saint-Dizier, par M. l'abbé Fourot. 
St-Dizier d'après les registres de l'échevinage, par M. P. Guillemin. 


TOME VII 


Anliquités recueillies en Tunisie, par M. Houdard. 

Cirey-le-Château, par M. l'abbé Piot. 

La marquise du Châtelet et Voltaire, par M. l'abbé Piot. 

L'art ancien et les moulages du Louvre au Musée de Saint-Dizier, 
par M. Houdard. 

Le Monastère de la. Chapelle-aux-Planches, par M. l'abbé Didier. 


— VII — 


TOME VIII 
Fac-simile de la Charte de Saint-Dizier, par M. l'abbé Jacob. 
Traduction de la Charte de Saint-Dizier, par M. l'abbé Fourot. 
. Le sol et les eaux, par M. le D" Vesselle. 
Naturalisation des oiseaux et mammifères, par M. l'abbé Euvrard. 
Le gui de Noël, par M. Paulin. 
Une vieille chanson, par M. Joppé. 
L'abbaye Notre-Dame de Boulancourt, par M. l'abbé Didier. 
ee de Minimes à Bracancourt et Doulevant, par M. l'abbé 
Didier. 
D UE Geoffroy et le Collège de Puellemontier, par M. l'abbé 
idier. 
Le Couvent des Annonciades à Bourmont, par M. Parisel. 


De la reproduction photographique des objets colorés et des ma- 
nuscrits anciens, par M. l’abbé Jacob. 


Ferrure antique en Haute-Marne, par M. Paulin. 


TOME IX 
{cr fascicule — Eclaron pendant la guerre de 1870, far M. le Vte 
de Hédouville. | 
Végétation épiphyte des saules têtards, par M. Thomas. 


2e fascicule. — Chenilles de Macrolépidoptères français Geometræ 
(Phalènes), par M. Frionnet. 


3° fascicule. — Etat du clergé constitutionnel de la Haute-Marne, 
par M. H. Mettrier. 


Notice sur la commune de Landricourt, par M. Simonnet. 
Siège et Monument de 1544, par MM. C. Mettrier et Charmeteau. 


TOME X 
{cr fascicule. — Le château du Grand-Jardin (1546), par M. Emile 
Humblot. 
Epitaphes, par M. Charmeteau. 


Üne verrerie champenoise, 1630-1300 (Rizaucourt), par M. Paul 
Euvrard. 


2° fascicule. — Les un états des Lépidoptères français. Rlio- 
palocera (anciens diurnes), par M. C. Frionnet. 
TOME XI 
La chapelle Sainte-Anne, à Joinville, par M. Emile Humblot. 
L'église Notre-Dame de St-Dizier, par M. l'archiprètre Ch. Mettrier. 
La vallée du Cul-du-Cerf, par M. l'abbé Eug. Humblot. 
TOME XII 
Les premiers états des Lépidoptères français : Spingidæ, Psychidæ, 
Bombyces, Acronyctinæ, par M. Ch. Frionnet. 


Catalogue du Musée de St-Disier, 0.50 chez le concierge de la Mairie. 


RAPPORT 


sur les 


TRAVAUX A INSÉRER 


présenté au nom de la Commission de publication 


par 


M. Adolphe THIÉBAULT 


t 


Rapport sur les Travaux à insérer 


présenté au nom de la Commission de publication 


Messieurs, 


Votre disert et dévoué secrélaire vous disait l'an dernier que 
« sans bruil, mais sans relâche et non sans succès, la Société 
des Lettres, Sciences, Arts, Agriculture et Industrie de St-Dizier 
continuait à creuser son sillon modeste dans le champ immense 
des connaissances humaines ». 

Comme rapporteur de votre Cominission de publication, Je 
suis heureux de réitérer cette affirmation — qui ne vous causera 
d'ailleurs nulle surprise — et de constater que, chaque année, un 
labeur patient, éclairé et discret augmente généreusement nos 
Mémoires, ajoute au trésor du passé et à Ja contribution que 
nous nous efforçons d'apporter au développement des belles 
lettres, des sciences et des arts. 


Parmi les travaux que votre Commission vous propose de 
publier dans le prochain Bulletin, la « Notice sur Osne-le-Val et 
le prieuré du Val-d'Osne » par M. l'abbé Hubert Maréchal, 
occupe une place importante. La lecture qui en a été faite par 
l'auteur, au cours de nos réunions, vous à permis d'apprécier 
les recherches consciencieuses et étendues auxquelles 1l s’est 
livré pour l’histoire du village d'Osne et de son prieuré. 

Cette histoire est divisée en 22 chapitres — dont l’un réservé 
aux usines du Val-d’Osne de réputation mondiale. 

Les origines du village, sa situation au moyen-âge, l'histoire 
du prieuré, transféré plus tard à Charenton, des détails sur sa 
règle qui nous initient à la vie des couvents, la période révolu- 


Pr on 


tüonnare, l'église d'Osne, la mense curiale, la fabrique à travers 
les siècles, témoignent d’une étude judicieuse et d'une abondante 
documentation. Des détails sur certains personnages ou certaines 
coutumes locales, des nomenclatures ou statistiques spéciales 
peuvent intéresser plus particulièrement les indigènes. 

Sur lavis de votre Commission, M. [Hubert Maréchal, à, pour 
demeurer plus exactement dans le domaine de l’histoire, sup- 
primé certains passages se référant à des faits postérieurs à 1870. 

Plusieurs gravures et plans, dont les clichés sont gracieuse- 
ment fournis par l’auteur, émaillent un texte clair et facile. 

Cette curieuse et complète monographie figurera en bonne 
place dans la galerie de celles (Orquevaux, Cirey-le-Château, 
Mussey, elc.) que nous devons déjà à la plume fureteuse de plu- 
sieurs de nos laborieux collèrues. 


Les « Chartes bragardes », recueillies par M. G. de la Four- 
nière, ont excité votre curiosité. Outre, notamment, un intéres- 
sant traité de 1358 entre les notables de « Victry-en-Partois » et 
de Saint-Dizier, sur secours réciproques en cas de danger el 
« pour défendre, soutenir et garder l'honneur et le droit », 
on y lit des documents non moins intéressants conservés à la 
Bibliothèque nationale sur les privilèges octroyés par les sei- 
gneurs el les rois aux habitants « de la ville et faubourgs de 
Saint-Dizier », dans lesquels notre subtil chercheur relève, par la 
comparaison des manuscrits et du texte imprimé, l’omission de 
certains mots changeant la nature de l’un de ces documents. Ces 
chartes constituent de précieux éléments pour servir à l'histoire 
de notre cité. | 


Remuant nos archives locales, M. Charmeteau vous à apporté 
la narration élégante des événements qui marquèrent l'élection 
des échevins à Saint-Dizier de 1756 à 1764. En ce temps-là déjà, 
nos ancêtres n'avaient rien à envier aux mœurs électorales 
actuelles : manœuvres louches, calomnies, vexations, violences, 
tapage, libalions, tout y est. Cependant le candidat, mème élu, 
ne prolfilait pas toujours du fruit de semblables agissements : en 
l'occurrence, son Altesse le duc d'Orléans, usant de ses privi- 
lères, donna le siège d'échevin à un notable qui n'avait pas pris 
part à la lutte! 


# — 4) — 


Une note sur le sondage de Foulain, que nous devons à l'obli- 
geance de M. Ferry-Capitain, et complétée par le tableau de la 
coupe des terrains traversés, servira à tous ceux qui voudront 
s'occuper de la géologie de notre région, car le forage atteint une 
profondeur de 417 m. 26. Mais, depuis la rencontre du gneiss 
granulilique excessivement dur à 414 mètres, l'espoir de trouver 
la couche houillère cherchée semble devoir être abandonné. 


M. l'abbé Vuilley à été amené par son pèlerinage à Jérusalem 
à un essai de carte ecclésiastique de l'empire ottoman : Turquie 
el ses vassales : Bulgarie, Roumélie, Albanie, île de Crète, Asie 
mineure, Syrie, Mésopotinie, Arabie en partie, Egypte et Tri- 
politaine. | 

Parmi les divers rites, le dénombrement des catholiques (c'est- 
à-dire de ceux qui suivent la doctrine de Jésus-Christ) lui 
fournit un chiffre de près de 2.000.000 contre 6.443.000 chré- 
liens schismatiques et hérétiques et 30.000.000 de musulmans. 

Cette statistique curieuse el précise ne manque pas d'oppor- 
tunité à l'heure où, débordé par l'expansion de la vicille 
furope, l'Islam est peut-être à la veille de s'ébranler. 


Y 


Enfin nous avons de notre distingué collègue, Louis Bossu, 
un remarquable article nécrologique sur M. Victor Parisel, imsti- 
tuteur en retraite, ancien maire de Malamcourt (I]te-Marne), 
décédé en 1909, à l’âge de 87 ans. Îl était membre de notre 
société et de toutes les sociétés littéraires ou scientifiques de 
la région, auxquelles il apporta d'excellents travaux sur l'his- 
toire du Bassigny barrois à laquelle il s'était consacré, étant 


de ceux — comme le dit son panégyriste — et c'est le plus 
bel éloge — étant de ceux « qui pensent que le culte de Îla 


plus petite patrie est un devoir pour tous et surtout pour un 
éducateur de la Jeunesse et qu'il faut inspirer aux enfants 
l'amour de leur village et développer ainsi chez eux cel atta- 
chement au sol natal qui fit si longtemps la force et la richesse 
de nos populations agricoles ». 


D'un mot, Messieurs, n'est-ce pas là belle moisson qui, si 
vous adoptez les conclusions de votre Commission de publi- 
cation, ajoutera à vos mémoires uni nonveau el non moins digne 
recueil ?... 


TR 


D'autre part, 1l a paru nécessaire à votre Commission de vous 
proposer de demander à l'imprimeur, pour éviter de trop volu- 
mineux tomes, l'emploi de caractères plus petits, et aux auteurs 
des travaux publiés de vouloir bien supporter les frais de cli- 
chage de leurs illustrations. 

Vous aurez à prendre une décision à cet égard. 


A. THIÉBAULT. 


LR 


LES ÉLECTIONS 


des 


ÉCHEVINS à SAINT-DIZIER 


de 1756 à 1764 
par 
M. V. CHARMETEAU 


Vice-Président de la Société des Lettres, Sciences et Arts 
de Saint-Dizier 
Membre Correspondant 
se la Société Académique de l’Aube 


Officier d’Académie 


LES ÉLECTIONS 


des Echevins à St-Dizier 


de 1756 à 1764 


Sous la présidence du maire, ou du prévôt dans les villes où il 
n'y avait pas de maire, les échevins, avec un certain nombre 
de notables de la cité, formaient le Conseil de ville et consti- 
luaient aussi un (ribunal de simple police qui pouvait condamner 
à l'amende el même à l'emprisonnement. Les appels de leurs 
jugements étaient portés directement devant le Parlement. 

Nommés pour une période de deux années, les échevins 
élient désignés par les notables de la cité ; cependant, à Saint- 
Dizier, le seigneur s'était réservé le droit d'imposer le candidat 
de son choix, si celui préféré des électeurs ne lui convenait pas. 

Alors que le pillage el l’incurie régnaient dans tous les 
services publics, ce furent les échevins, il est juste de le recon- 
naître, qui les premiers mirent un peu d'ordre dans l’adminis- 
lralion municipale el s'opposèrent au gaspillage. 

Tant que les communes furent indépendantes entre la féoda- 
lité qui s’affaiblissait de jour en jour et le pouvoir royal encore 
mal organisé, les officiers municipaux firent consciencieusement 
leur devoir. Mais peu à peu, à mesure que l'autorité royale 
s’'étendit sur les villes, les échevins devinrent moins intègres et 
exploitèrent à leur profit leur influence et leur situation ofli- 
Cielle, se faisant allouer des subventions considérables sous les 


_ 10 — 


prétextes les plus futiles, vendant les biens de la cité sans adju- 
dication et à des prix dérisoires à des parents ou des amis, et, 
laissant enfin de côté tout scrupule, finirent par s'approprier 
personnellement les revenus de la ville. 

En raison de ces dilapidations, beaucoup de villes furent 
ruinées, leurs ressources étant nulles, ou aux mains du corps de 
ville qui n’en rendait aucun compte. 

Dans le principe, les anciens échevins en sortant de charge se 
contentaient d'indiquer leurs successeurs aux suffrages des 
électeurs. Peu à peu cette désignation s’accompagna d'intrigues 
el de manœuvres louches et déloyales, d’intimidations, de vio- 
lences mème. N'était-il pas prudent de se ménager des succes- 
seurs qui, par reconnaissance, ne dévoileraient pas les tripotages 
de la précédente administration municipale ? 


T1 


Le 27 juin 1756, les habitants de Saint-Dizier étaient convo- 
qués à l’elfet de procéder à l'élection d’un échevin, en remplace- 
ment de François-Nicolas Delioncourt, qui venait de mourir. 

Les électeurs avaient à choisir entre Pierre Marisv, orfèvre, 
ancien marguillier, et Claude Pupin père, notaire, capitaine 
commandant des compagnies bourgeoises, et beau-frère du sieur 
Gérard, maire en exercice. 

Pupin fut élu par 170 voix, contre 19 accordées à Marisy. 
Celui-ci fit opposition devant la Cour du Parlement, qui déclara 
l'élection bonne et régulière, et Pupin père remplit ses fonctions 
d'échevin pendant dix-huit mois, c'est-à-dire jusqu'à l'expiration 
du mandat commencé par Delioncourt. 

À la fin de décembre 1757, Pupin père fut réélu échevin, mais, 
de nouvelles contestations s'étant élevées, le vote fut annulé. Le 
nouveau scrulin, fixé d'abord au 6 janvier 1758, renvoyé au 15, 
n'eut lieu que le 22 et désigna Pupin fils pour succéder à son père. 

Nouvelle complication, le procureur du roi exposa que Pupin 
fils, n'étant pas porté à la capitation, c’est-à-dire ne payant pas 
d'impôts, n'était pas éligible. L'élection fut annulée et Pierre 
Boulland, conseiller du roi, fut désigné d’oflice pour remplir les 
fonelions d'échevin en 1758 et 1759. 


0 — 


Le 6 janvier 1760, Pupin père fut réélu « échevin du peuple 
jusqu'au 1°" febvrier 1762, pour ensuite être conseiller de ville 
pendant deux ans, aux honneurs et prérogatives y attachés ». 


Son Altesse Sérénissime M£' le Duc d'Orléans confirma cette 
élection le 1# janvier 1760, et le 2 février le nouvel échevin prêta 
serment suivant l'usage, ainsi que l’atteste le procès-verbal : 


« Ce jourd’huy 2 février 1760, nous, maire, échevins et gens 
« du Conseil, juges civils et criminels et de police pour le Roy 
«et y commandans en l'absence de M. le Gouverneur, étant 
« venus en corps en l’église paroissiale de Notre-Dame de Saint- 
« Dizier à l'issue des vespres chantés en ladite église, au devans 
« du Maïitre-Autel, nous avons fait appeler Claude Pupin par 
« Martin Lucot, notre huissier, lequel étant volontairement 
« comparu en personne en présence du procureur du roy de la 
« ville et communauté, nous avons, de lui étant à genoux, pris 
«et reçu le serment accoutumé, suivant lequel il a juré vivre et 
« mourir en la religion catholique, apostolique et romaine, fidé- 
« lité au Roy et préférer les intérêts publics à son intérêt parti- 
« culier ; 1] à, ledit sieur Pupin, signé avec nous, le Procureur 
« du Roy et notre greflier ordinaire. » 


Cette élection ne fit qu'accentuer la scission qui depuis plus 
de seize années divisait la population de Saint-Dizier. 


Chaque jour surgit entre le maire et les échevins une nouvelle 
chicane pour une nouvelle futilité; on bataille à coups de 
procès-verbaux, de rectifications, de protestations ; on s'écrit 
réciproquement les pires injures et le malheureux registre des 
délibérations sur lequel vient s’épancher la mauvaise humeur 
des uns et des autres disparait du grelle emporté par le maire à 
son domicile particulier. 


Les officiers de ville ne s'embarrassent pas pour si peu, el 
décident de consigner leurs délibérations sur des feuilles déta- 
chées de papier marqué. 


Ces délibérations qui sont invariablement des protestations, 
aussi bien que le registre officiel, expriment en un bavardage 
sans fin les griefs réciproques des deux parties, les mesquineries 
et les exagérations dictées par la violence et la passion des 
uns el des autres, 


, En 


Nous n'en retiendrons que la partie qui va nous permettre de 
reconstituer heure par heure les incidents qui ont marqué l’élec- 
Lion du successeur de Claude Pupin (1). 


III 


L'arrèté du sieur Delalain, maire en exercice, convoquant les 
électeurs de la ville et des faubourgs de Saint-Dizier à une 
assemblée générale pour procéder à l'élection d'un échevin, 
porte la date du vendredi 18 décembre 1761, avant-veille du 
scrutin. 

Le samedi, les archers en firent part « à cri public » dans les 
rues el. carrefours de [a ville et, le lendemain dimanche à une 
heure, la plus grosse cloche de lPéglise Notre-Dame annonça 
l'ouverture du scrutin. | 

La réunion eul lieu dans la grande salle du palais royal (2). 

in ouvrant la séance, le maire « exprima le vœu que le choix 
de l'assemblée se fixàt sur un citoven capable, éclairé, intègre, 
à l'abri de tout reproche et mème de soupçon ». 

Lequel des deux concurrents allait être vainqueur, Briolat, 
‘andidat du maire, où Pupin fils, candidat des conseillers de 
ville ? 

« Pupin n'est pas digne d'être échevin, s’écria un électeur, 
nonnné d'Aulain ; tout dernièrement encore 1l à élé assigné en 
paiement d’'arrérages par demoiselle France. » 

« Celle dette est amortie, répondit Pupin, voici la quit- 
lance. » 

Le procureur se fit remettre le reçu que brandissait Pupin, 
l'examina attentivement et déclara à lassemblée que la quittance 
était fausse. .... 

L'assistance, vivement impressionnée par cet incident, mani- 
festa son indignation en faisant un vacarme épouvantable. 


(1) Le remarquable travail de M. Paul Guillemin sur les origines de Saint- 
Dizier d'après les registres de l'échevinage nous a fourni quelques renseigne- 
ments précieux et permis de mettre un pen d'ordre dans les faits qui pré- 
cédent. Nous offrons à la mémoire de notre regretté collègue et excellent ami 
l'hommage de notre vive reconnaissance. — V. C. 


(2) L'incendie du 25 novembre 1743 ayant détruit l’hôtel de ville, le palais 
royal se trouvait dans un bâtiment appartenant au duc d'Orléans et situé 
entre l'église et le château. 


Ads 


Cependant le scrutin commença et les suffrages s'exprimèrent 
ainsi quil était d'usage. Le maire, le procureur du roi et le gref- 
fier se tenaient sur le perron ; et à mesure que les électeurs sor- 
laient de la grande salle, ils exprimaient leur vote à haute voix, 
el le greflier pointait le nom du candidat choisi. 

Quand le maire s'aperçut que Pupin allait ètre élu à uue très 
forte majorité, il s'empara de la feuille du vote et ne la rendit 
‘qu'après que le procureur du roi lui eût fait sommation. 

Quittant alors le bureau, le maire pénétra dans la salle où se 
tenaient les personnes qui n'avaient pas encore voté et déclara à 
haute voix que Pupin était un malhonnète homme, incapable de 
remplir les fonctions d’échevin, et que, s'il était élu, beaucoup 
d'ofliciers refuseraient de siéger avec lui. 

Puis, voyant que l'assemblée lui était plutôt hostile et déses- 
pérant sans doute d'empêcher l'élection de Pupin, le maire passa 
dans une pièce voisine, la salle du Conseil. On l'y suivit en se 
bousculant, on échangea quelques coups de poing et Delalain 
dut avoir sérieusement peur, puisqu'il se précipita à une fenêtre 
qui était ouverte en criant : « À moi, au secours, on m'’assas- 
sine ! » 

Aucun document n'indique si les appels du maire furent 
entendus, et comment se termina cette scène ; on sait seulement 
que les officiers continuèrent l'élection sous la présidence du 
sieur (rérard, ancien maire alternatif. Celui-c1 proclarna le ré- 
sultat du scrutin. « Par 142 voix contre 52 données à Briolat, 
Pupin fils avail été choisi par l'assemblée, reconnu comme 
homme d'honneur et de probité, digne de participer aux charges 
publiques, autant que capable d'en remplir les fonctions ». 

Cette élection fut, dit-on, suivie de nombreuses libations. Si 
on en croit le maire, une centaine d'électeurs sortirent le soir 
de chez Pupin dans un tel état d'ébriété que les principaux 
notables en furent scandalisés. 

Au moment mème où se terminait le scrutin, le maire prenait 
un arrêté aux termes duquel il ajournait l'élection au 26 décembre, 
attendu, disait-1l, que les troubles, violences et  vexa- 
lions avaient empêché les électeurs de faire hbrement choix 
d'un sujet capable, honnête et doué de toutes les qualités 
requises pour remphr les fonctions d'échevin. 

Le lendemain 21, à 3 heures de relevée, tandis que le grellier 


_ 14 — 


est dans son lit, malade (des émotions de la veille dit-il; des excès 
de boisson prétend le maire), les officiers de ville Gérard, Duche- 
min et Martin s'emparent du registre des délibérations, l’empor- 
tent à leur tour el consignent une protestation aux faits énoncés 
par le maire, affirment que l'élection de la veille est régulière et 
s'opposent formellement à une nouvelle convocation pour le 
26. Ces mêmes ofliciers déclarent faire défense : 1° aux six 
archers de ville d'annoncer et publier la convocation à cette nou- 
velle assemblée, de s’y trouver, ou y assister; 2° au greflier 
d'écrire aucun acte de l'élection d’un nouvel échevin et 3 au 
sonneur de sonner aucune assemblée pour le même effet. 

Le maire répond le 23 décembre : « Pour colorer leurs entre- 
prises, les officiers de ville ont recours à ce que la calomnie et 
la passion ont de plus odieux. La véritable guerre qui nous est 
faite provient de ce que nous nous sommes opposé aux abus que 
nous avons reconnus dans l'administration des deniers de la ville, 
et de ce que lesdits ofliciers ne cessaient d'élever des mande- 
ments (mandats) sans qu'on puisse obtenir justification. » 

Le 24, les ofliciers de ville manifestent leur surprise d’avoir 
trouvé sur le registre « un libel (sic) diffamatoire qui colore de 
l'amour du bien public la fureur et lacharnement avec lesquels 
le maire Delalain à osé répandre contre eux les calomnies les 
plus monstrueuses, former les accusations les plus fausses pour 
ôter à eux el à leur famille leur honneur, leur réputation et leur 
étal, dernière et frivole ressource pour faire illusion au public ». 
« Personne n'ignore, avouent-ils, que de tout temps, à Saint- 
Dizier et dans Loutes les villes, on est en usage de tirer quelques 
mandements, dits de couverture, mais les ofliciers sont suffisam- 
ment connus par leur honneur, leur probité el leur véritable 
amour du bien public, pour qu'il soit impossible d'admettre qu'ils 
aient consenti au divertissement d’aucuns deniers de la ville. » 

Dans la matinée du samedi 25, obéissant à l’ordre des officiers 
de ville, le nommé Cadet, archer de la connétablie, placarda des 
affiches et annonça au son du lambour dans les trois paroisses 
de la ville que le sieur Pupin fils avant été régulièrement choisi 
pour échevin, le scrutin du lendemain n'aurait pas lieu. 

Dans le courant de l'après-midi, le maire, de son côté, fit 
annoncer l'assemblée générale du lendemain par des bourgeois 
complaisants, les six archers lui ayant refusé leurs services. 


= 195 = 


Dès huit heures le dimanche matin, le maire « fit crier par un 
huissier au son du tambour, et lui-même étant présent à chaque 
annonce, l’ordre à tous habitants de se trouver à l’assemblée 
générale qui aurait lieu à une heure après-inidi, sous peine de 
dix livres d'amende. » | | 

Puis, 1} se rendit à Féglise Notre-Dame pendant qu'on disait 
la dernière messe, ne put monter dans le clocher dont la porte 
était fermée, et mit en branle la petite cloche pour appeler 
le sonneur. Celui-ci vint en effet, « apportant les clefs dont 
le maire s'empara avec lapage et violence, sans respect pour 
le saint lieu et au grand scandale de l'assistance. » 

À midi, la grosse cloche fut sonnée par plusieurs habi- 
tants de la Noue, pendant que le sieur Briolat, capitaine d’une 
compagaie de bourgeoisie de la Noue, assisté desquelques habi- 
lants du même faubourg, allait de porte en porte recommander 
que personne ne manquât à la réunion. 

Le maire arriva au palais royal à une heure précise, « escorté 
d'une véritable troupe armée d’épées et de baïonnettes au bout 
du fusil ». Cette compagnie fut mise en faction devant la 
porte et reçut la consigne de ne laisser entrer que les habi- 
tandis du faubourg la Noue. 

Pendant que la foule irritée stalionnait devant le palais, et 
que des cris de protestalion s'élevaient de tous côtés, Delalan, 
assisté d’un seul officier qui était son frère, avait déclaré le 
scrutin ouvert. Le procureur du roi, ayant refusé son ministère, 
est remplacé aussilôt par un habitant de la Noue, nommé Jean 
Oudart, désigné par le maire ; il en est de même du greflier, qui 
est immédiatement deslitué et remplacé par Pierre Lucot. 

Quel fut le résultat exact du scrutin ?... Les documents offi- 
ciels se bornent à enregistrer que Charles-Nicolas-Paul Briolat, 
avocat, fut choisi comme échevin pour deux ans, à la pluralité 
des voix. Il est assez probable que, si le maire n’inserivit aucun 
chiffre, ce ne fut que pour éviter d'indiquer le très petit nombre 
des votants. 

À titre de représailles, et dès le 28, le maire rendait un 
arrêté aux termes duquel il destituait les six archers de ville et 
leur ordonnait de rendre immédiatement les habits, hallebardes 
el autres objets qu'ils tenaient de la ville. 

Trois jours après, c’est-à-dire le 1% janvier, Delalain vit 


= 16 == 


expirer son mandat et fut remplacé par son adversaire le plus 
acharné, Pierre Gérard, maire alternatif. 

L'un des premiers actes de ladministration de celui-ci fut 
d'autoriser le greffier et les six archers destitués par son prédé- 
cesseur à faire el continuer leurs fonctions pour le service du 
roi, de la ville et du corps des officiers. 

Une question se pose ici tout naturellement : Quel fut le résul- 
tat définitif de l'élection ; l'échevin fut-il Pupin ou Briolat ?.. 

D'après la charte de 1228, modifiée le 12 mai 1750 par le duc 
d'Orléans, les habitants de Saint-Dizier avaient le privilège de 
s'assembler pour désigner ceux d’entre eux qu'ils trouvaient 
capables de remplir les fonclions de magistrats municipaux, 
mais ce choix, on l’a vu plus haut, était soumis à l’agréement 
et subordonné à la ratification du duc d'Orléans. . 

Aussitôt que furent terminés les scrutins des 20 et 26 décembre, 
chaque parti sollicila de Son Altesse confirmation de l'élection, 
les officiers de ville de Pupin, le maire de Briolat. 

D'un côté et de l’autre on prétendit que l'élection de son can- 
didat était bonne et l’autre irrégulière, et de chaque côté on 
sémit sur ses blessures. « Il est aussi triste qu’humiliant pour un 
magistrat, écrit Delalain, d’avoir à se défendre d'accusattons 
monstrueuses et de calomnies atroces répandues dans le public » ; 
— Îles officiers prétendent « qu'il est triste et abominable pour 
eux et leur famille d’avoir été accusés de favariser le désordre 
et de s'être engraissés des deniers publics, etc., etc. » | 

La lettre du duc d'Orléans causa autant de déception que de 
surprise. À la date du 29 janvier, Son Allesse nommait échevin 
pour deux ans, Jacques Gayard, substitut au baillage de Saint- 
Dizier. 

Celui-ci prêta serment en la forme habituelle le 2 février 1762, 
à l’église Notre-Dame. 


Notice sur Osne-le-Val 


et le Prieuré du Val-d'Osne 


par 


M. l'abbé HUBERT MARÉCHAL 


Curé d'’'Osne 


Digitized by Google 


RÉFÉRENCES 


NOTA. — Dans mes recherches nécessairement hâtives aux 
Archives nationales et autres, J'ai eu le tort, impardonnable aux 
yeux des érudits, d'omettre de marquer chacun des renseigne- 
ments trouvés de la lettre et du numéro du dossier ou du 
carlon, aussi bien que le chiffre d'ordre des pièces consultées. 
C'est une lacune que je confesse regrettable et à peu près irré- 
parable. Eu revanche, j'affirme que je n'ai rien avancé qui ne fût 
strictement vrai, et si inexactitudes il y a dans ces pages, elles 
ne sont imputables qu'aux documents ou aux auteurs parcourus. 

Ceci posé, voici la liste des sources où ont été puisés les 
détails de cette notice : 


I. — Manuscrits 


1° Archives nationales : K 118 n° 91, 978 — T 1619 et 1686 
— H 4215. N5 Seine 1178 — N5 Haute-Marne 25 — Q° 1081 — 
E 2430 fol. 183 — V5 1934 fol. 114 — X 51 — Ge 169 doss. 1 
et 2 — G° 168 — G2 127 doss. 19 — E 7322 n° 171, 7402 n° 111, 
709% n° 75, 7152 n° 124, 715b n° 151, 821b n° 176 — L 1045 — 
S 4605, 4606, 4607, 4608, 4609 et 4610 ; 

2° Bibliothèque nationale, collection de Champagne 109 ; 
3 Archives départementales de la Marne ; 
4° Archives départementales de la Haute-Marne ; 
5° Archives de la Fabrique d’Osne-le-Val ; 
6° Archives de la commune d’Osne-le-Val ; 
Archives de la ville de Joinville : 

8° Archives de la commune de Curel ; 

9 Documents provenant de l’abbé Le Gendre, ancien curé 
‘ d'Osne, et propriété de M. Choler ; 


— 20 — 


Notes manuscrites sur Osne-le-Val, par l’abbé Adam, 


ex-curé d'Osne ; 


Divers manuscrits qui m'ont été donnés dans Îa paroisse. 


IT. 


Imprimés 


Le Gallia christiana ; 


Le Bulletin d'histoire et d'archéologie du diocèse de Paris ; 


L'ancien diocèse de Chälons, par Ed. Barthélemy ; 
Le prieuré de Jully-les-Nonains, par l'abbé Jobin ; 
La Haute-Marne ancienne et moderne, par Jolibois ; 
Le diocèse de Langres, par l'abbé Roussel ; 


Histoire de Joinville, par Fériel ; 


Histoire des évèques de Langres, par l'abbé Mathieu ; 
Les moines du Der, par l'abbé Bouillevaux ; 

La saincteté chrétienne, par Des Guerrois (1632) ; 
Les écoles anciennes de la Haute-Marne, par Fayet ; 
Le village sous l’ancien régime, par Albert Babeau ; 
Le livre des Constitutions des bénédictines, etc. ; 
Les divers annuaires de la Haute-Marne. 


AVERTISSEMENT 


Si nous éprouvons une profonde émotion et un vif intérêt à 
entendre un vénérable vieillard, témoin authentique d’une géné- 
ration disparue, nous raconter les fails et gestes de nos ancêtres 
ou les événements écoulés dans l’humble village qui nous à vus 
naîlre, J'ai pensé être agréable à mes chers paroissiens en leur 
parlant de ce petit coin de terre où la Providence à placé leur 
berceau, de ce champ qui les nourrit el qu’ils cultivent à la 
sueur de leur front, de ce grain de poussière qu'ils foulent aux 
pieds el qui les porte, après avoir nourri et porté leurs aïeux. 

On à prétendu que c'était rapetisser la Grande que d'aimer la 
Petite Patrie. C’est une erreur. Si c’est un crime de ne pas 
donner tout son$amour à la Patrie, c'en est un autre de dédai- 
gner le pays où l’on a vu le jour, où nos aïeux ont vécu, aimé, 
souffert. Dans le cœur il y a place pour ces deux amours qui se 
confondent. Notre province natale, notre village fait partie inté- 
grante de la France : aimer son berceau, c'est aimer la France, 

Ne dit-on pas tous les jours qu’il faut ètre de son temps ? Or, 
jamais peut-être les recherches historiques ne furent plus en 
honneur ; j'entends parler surtout des histoires locales. Mais 
l'histoire générale elle-même est-elle autre chose qu'un compen- 
dium de toutes les histoires locales, avec comme lien la Provi- 
dence divine ou le gouvernement de Dieu dans le monde ? 


C'est incité sans doute par l'exemple des contemporains et 
plus encore animé de l'amour de la petite patrie qu'est une 
paroisse que j'ai eu la témérité de prendre la plume et d'oser 
apporter mon humble pierre au majestueux édilice de lhistoire, 

Ah ! certainement mon travail est des plus modestes, je tiens 
à le publier bien haut, dès le commencement. Mes loisirs el 
surtout mes ressources pécuniares très fimilées ne me per- 


— 99 — 


mettent pas de donner un temps considérable aux recherches, 
que cependant j'ai faites, à diverses reprises, aux Archives et 
Bibliothèque nationales de Paris, aux Archives départementales 
de Châlons et de Chaumont et à d’autres communales et privées. 
Il faudrait, du reste, sortir de l'Ecole des Chartes pour déchiffrer 
les hiérogliphes de tous ces vieux parchemins, qui recèlent sou- 
vent des choses fort intéressantes pour l’histoire, mais hélas ! en 
partie cachées aux simples mortels. - 


J'apporte du moins ma bonne volonté, espérant qu'un jour 
un plus érudit, avec plus de temps et de ressources à son ser- 
vice, pourra compléter cette notice et peut-être redresser des 


erreurs matérielles qui, involontairement, auraient pu s’y glisser. 


NOTICE 


sur 


L 


Usne-le-Val et le prieuré du Val-d'Osne 


CHAPITRE PREMIER 


Origine et étymologie 


Comme pour la plupart de nos campagnes, l'origine d'Osne- 
le-Val est inconnue, et nous ne nous donnerons pas la naïve glo- 
riole des Chinois qui font remonter la fondation de leur empire 
à des centaines de milliers d'années. Nous avouerons même que, 
pendant bien des siècles sans doute, le ruisseau du vallon cou- 
lait dans son lit solitaire, l'oiseau de proie planait au-dessus et 
plongeait comme une flèche sur le poisson en ébats dans les 
retraites du rivage, les fauves pullulaient en liberté sous la végé- 
tation des Coteaux et remplissaient l’horizon de leurs cris, tandis 
que le pied de l’homme n'avait point encore foulé cette terre, 
ni son bras assaini et défriché ces forêts vierges. 

Peut-être cependant pourrait-on, sans trop de témérité, en 
faire remonter l’origine aux premiers siècles de notre tre. 

Deux médailles d’Antonin-le-Pieux, trouvées, l’une dans les 
vignes près de l’église, l’autre sur la plaine, des fragments de 
poterie mérovingienne vus dans les champs, au lieudit Le Ples- 
sier ou la Héronnière, des sarcophages gallo-romains extraits au 
bas du village sont bien là, à notre humble avis, des caractères 
de haute antiquité. D'ailleurs, le voisinage : 


_ HA — 


1° De Paroy, où se trouve une nécropole mérovingienne, avec 
ses cercueils de pierre ; 

2° De la Faute-Borne, monument druidique selon les uns, 
mégalithique selon d'autres, mais, en tout cas, remontant au 
moins au premier ou second siècle de notre ère, comme le 
prouve son inscription ; | 

3° Du Châtelet, collines riches en antiquités gauloises et 
romaines, où élait construite une vraie ville, avec ses temples, 
ses bains, ses fortifications, etc. ; 

4° Enfin, de Joinville, où se voyait naguère encore une grosse 
tour bâtie par les Romains et que l’on appelait la T'our de Jovin 
ou la Z'our de la Roche Blanche, 

Le voisinage de tous ces souvenirs anciens n'offre-t-1l pas un 
fort appui à notre présomption ? 

Il n’est pas jusqu'au nom même d’Osne qui n'apporte son 
poids de probabilité. En effet, dans les chartes du Moyen-àge, 
que nous avons eues sous les yeux, son nom est écrit en latin 
Ona aux xn° et xmr siècles et Onna aux siècles suivants. Or, les 
élymologistes nous disent que ce mot vient de la langue celtique 
et signifie cours d’eau ou encore eau courante. Ce serait donc le 
ruisseau de l’Osne qui aurait donné son nom au village, ce qui, 
du reste, n’a rien que de rationnel. Disons en passant que ce ne 
fut qu'au xvu° siècle que le nom fut orthographié Osne el encore 
MM. Hosdier, curés de 1591 à 1668, n'ont-ils cessé d'écrire logi- 
quement, dans leurs actes de catholicité, Onne. 

Toutes ces raisons réunies fournissent, à l’antiquité de notre 
village, une conjecture plus ou moins probable, non la certitude. 
Existait-1l, comme la ville du Chätelet citée plus haut, pendant 
la conquête des Gaules par Jules César? C'est ce que nous ne 
pouvons dire. 

Mais que furent pendant les premiers siècles de leur existence 
ces familles de bûcherons ou de métayers qui, sous des huttes, 
commencèrent à habiter le vallon jusque-là désert et sauvage ? 
D'où venaient-elles ? 

C'était peut-être une minuscule agglomération d’émigrants 
réfugiés du pays des Lingons qui, après la prise de leur ville, 
Andomatlunum, par le barbare Chrocus en 263 et par les Van- 
dales en 407, descendirent la vallée de la Marne et vinrent 
fonder la ville de Saint-Dizier ; ou bien encore c'étaient des 


Perthenses qui remontèrent la rivière après la fameuse défaite 
d’Attila dans les plaines de la Champagne ; car l'histoire rap- 
porte que le terrible barbare, qui s’intitulait le fléau de Dieu, se 
vengea de sa, déroute sur Perthes la capitale el sur les pâys 
environnants. Nos premiers ancêtres dans la vallée pouvaient 
être enfin des échappés de la cité romaine du Châtelet, incendiée 
el anéantie par la farouche armée du chef des Huns en 451. 

Laquelle de ces hypothèses est la plus vraie, ou du moins Îla 
plus vraisemblable ? Aux savants de répondre ! 

M. Paul Guillemin, dans son histoire de Saint-Dizier, indique 
une origine possible de la plupart de nos villages modernes : 
« Après l'invasion des Gaules par les tribus franques au v° siècle, 
les chefs se partagèrent le territoire conquis et attribuèrent à 
leurs guerriers les terres (alleuxr) à titre de fiefs temporaires, à 
vie, ou même héréditaires. Ces concessions se subdivisèrent en 
sous-bénéfices donnés par le premier bénéficiaire à ses contem- 
porains. De là celte série de vassaux, d’arrière-vassaux, celle 
hiérarchie de personne de biens qui produisit le révime féodal. » 


Jusqu'au xu° siècle, faute de documents, nous ne savons rien 
de précis encore sur l'histoire locale qui nous occupe. Que 
devinrent nos pères pendant les guerres effroyables qui ensan- 
glantèrent la France, el spécialement cette contrée, sous le 
règne des enfants de Clovis? Nous l’ignorons. Nous savons seu- 
lement que la fin du vi siècle vit s’entredéchirer deux reines 
féroces, Brunehaut et Frédégonde, et que plusieurs fois la 
Champagne eut fort à souffrir de cette lutte continuelle. Osne, 
sur Ja frontière de l'Austrasie et de la Bourgogne, dut assister à 
ces guerres fratricides et fournir plus d’un combattant. Bien des 
fois, sans doute, 11 fut rançonné et pillé par les gens de guerre, 
car une coutume barbare donnait alors au vainqueur lout pou- 
voir sur le vaincu. 

Sous Îles rôts fainéants, pendant les luttes des maires du 
palais, aussi bien que sous les descendants du grand empereur 
Charlemagne, nos pères ne furent pas plus heureux. Ces peuples 
encore à demi-barbares, et que l'Église s'efforçait, au prix de 
lant de pemes, de civiliser, continuaient de s'entr'égorger dans 


90 — 


des luttes sans fin. Le traité de Verdun en 843, qui partage 
l'empire d'Occident et délimite les bornes de la France nou- 
velle, ne clora pas la série des guerres. Par le démembrement 
de l’Austrasie, notre patrie sera contrainte de lutter sans cesse 
contre la Germanie, pour ressaisir la Lorraine et l'Alsace, ces 
provinces que la nature el’ l’histoire avaient faites françaises et 
que la force a faites allemandes. Or, notre Champagne, plus que 
toute autre, par sa topographie, deviendra souvent le champ de 
bataille des divers champions. | 

Ne peut-on mème appliquer à celte province ce que l’on a dit 
de sa voisine, l’infortunée Lorraine, que pendant de longs 
siècles tous les peuples de l'Europe s'y sont donné rendez-vous, 
rencontrés, entrechoqués, taillés en pièces, y ont versé tant de 
sueur, de larmes et de sang, y ont poussé tant de cris de guerre, 
de rage et de mort, qu'aujourd'hui encore dans nos champs de 
blé et dans nos vignes, on ne peut y saisir une motte de terre 
et la presser entre ses doigts sans qu'il en sorte comme un 
gémissement avec une goutte de sang. 

Entre temps, pour se reposer des fureurs de Mars, nos aïeux 
défrichaient les terres, arrachaïent les forêts, assainissaient leurs 
vallées, en fixant des rives aux cours d’eau, se livraient à la 
chasse de l'ours et de l’aurochs, entin bâtissaient les bourgs et 
les villages que nous habitons. Quel est le coin du sol qu'ils 
n'ont fertilisé de leur sueur, fécondé de leur labeur, engraissé 
de leur sang ? 


* 
X +. 


Aussi bien dès les premiers temps évangéliques, la foi chré- 
Uenne pénétra dans les Gaules ; elle v fut apportée, sinon par 
les disciples immédiats du Christ, au moins par leurs succes- 
seurs. Aux sacrifices sanglants et aux victimes humaines immo- 
lées à Teutatès par les druides, au fond des forêts, succéda 
bientôt le sacrifice de Ja Messe, avec sa victimé toute puissante, 
parce que divine, du Calvaire La cérémonie païenne de la cueil- 
lette du gui sacré par la prètresse armée de sa faucille d'or avait 
fait place aux cérémonies saintes el majestueuses des chrétiens. 

Saint Memmie, premier évêque de Chälons, et plus tard saint 
Alpin avaient jeté les premières semences du christianisme dans 
le pays perthois, qui formera une grande partie du diocèse de 


== 97 


Châlons jusqu’au concordat de 1802. Nos aïeux n’attendirent 
donc pas la conversion de Clovis à Tolbiac pour embrasser 
l'Evangile et accepter le baptème ; et il n’est point téméraire de 
penser qu’ils pratiquaient leur nouvelle religion avec toute 
l’ardeur et la piété des néophytes. Nous en avons pour garants 
les fleurs de sainteté qui s’'épanouirent sur notre sol. 

Pour ne citer que la pieuse famille de Sygmare, comte de 
Perthes, ce seigheur avec sa digne épouse Lentrade donnèrent à* 
Dieu et à l'Eglise sept filles qui sont placées sur les autels. La 
plus connue, sainte Menchould, vécut à Bienville, dont elle 
devint la patronne ; l’une de ses sœurs, sainte Ame, se retira sur 
le territoire de Vecqueville. 

Des oratoires ou chapelles furent, sans aucun doute, dès ces 
temps reculés, construits à l’usage du nouveau culte, mais 
aucun vestige n’en est parvenu Jusqu'à nous. 


CA] * 


Avant de terminer ce premier chapitre sur ces temps que 
j'appellerai volontiers préhistoriques, c'est-à-dire avant l'histoire 
certaine de notre village, je raconterai encore, en l’abrégeant, 
une Calamité rapportée par le savant cardinal Baronius. 

En l’an 800, sous le règne de Charlemagne, dit-il, il s’éleva 
-du côté de l'Orient une quantité prodigieuse d'insectes, saute- 
relles, hannetons, qui dévorèrent absolument toutes les plantes 
et même les feuilles et l'écorce des arbres sur tout leur passage. 
Leurs bataillons étaient si serrés et si denses que, lorsqu'ils 
s'élevaient en l'air, la lumière du jour disparaissail pour faire 
place aux ténèbres de la nuit, et ils produisaient un bruit sem- 
blable à celui du tonnerre. fls s’avançaient sur une largeur de 
plus de vingt-cinq lieues et une profondeur d’une lieue et demie. 
Or, les provinces qui eurent à supporter ce fléau furent une 
partie de l'Allemagne, l'Alsace, la Lorraine, la Champagne, etc. 
Puis l'historien rapporte comment ces masses compactes, après 
avoir traversé la l'rance, churent dans l'Océan, qui rejeta leurs 
. Cadavres amoncelés sur le rivage, ce qui amena nécessairement, 
avec les chaleurs de l’été, une peste effrovable dans les pays 
côtiers et la famine dans les provinces ravagées par les insectes. 


__ 98 — 


CHAPITRE Il 


Fondation du Val-d’Osne 


* Lerix®, le x°, le xr° siècles sont les époques les plus confuses 
de l’histoire de France, les plus malheureuses du Moyen-Age. 
Les barbares, établis dans l'empire romain, tournent leur acti- 
vité les uns contre les autres ; la grande unité qu'avait fondée 
Charlemagne s'abîime, les invasions se renouvellent, la violence 
paraît la seule règle, les ravages sont continuels, et de 970 à 
1040 on compte 48 années de famine ,ou d’épidémie. Voilà 
comment prélude un historien des Croisades, Ducoudray. 

Ce furent surtout les Normands qui, au 1x° siècle, n'épargnè- 
rent pas notre contrée. Sur de légères chaloupes, ils remonfè- 
rent la Meuse et vinrent ravager la Lorraine et la Champagne. 
Aussi lisons-nous dans l’histoire de l’abbaye du Der, par l'abbé 
Bouillevaux, que les religieux, à lapproche de l'invasion, 
prirent les reliques précieuses de leur fondateur, saint Berchaire, 
el s’enfuirent en Bourgowne. 

L'abbé Mathieu, dans son histoire des évêques de Langres, 
dit à son tour qu’en 888 et 891 les Normands dévastèrent le 
diocèse et commirent d'horribles ravages, pillant, égorgeant, 
détruisant tout par le fer et le feu. Cet historien ajoute qu'en 
1030 des pluies continuelles causèrent une si grande famime 
qu'on ne pouvait plus nulle part trouver de sécurité ; on ren- 
contrait la mort sur les chemins publics el jusque dans les 
hôtelleries. Tous les secours de la charité chrétienne devenaient 
insuflisants el la misère ne faisait que s'accraitre. En 1032, 
celte misère atteignit dans nos contrées un tel degré que les 
hommes disputaient aux animaux leur pâture. Enfin, en 1033, les 
récoltes abondantes mirent un terme à ces affreuses calamités,. 


Cependant, vers la fin de la première moitié du xn° siècle, un 
événement des plus inportants vint modifier sensiblement le 


00 


vallon de l’Osne en v apportant un’ accroissement de vie, et 
partant de bien-être et de richesse, en même temps que de 
nouveaux habitants. 

Il s’agit de la fondation d’un de ces couvents ou prieurés, si 
nombreux jadis sur le sol de la France, et dans lesquels fleuri- 
rent pendant longtemps la science et la sainteté. 

N'est-ce point en effet aux abbayes du Moyen-Age que nous 
devons la conservation des lettres anciennes aussi bien que des 
arts grecs el romains ? Et ces travaux lilléraires et scientifiques, 
philosophiques el théologiques, voire même physiques et chimi- 
ques, travaux gigantesques entrepris el consommés par les 
bénédictins ? Ce qui nous fait dire encore aujourd’hui d’une 
œuvre de patience et de longue haleine, d'une œuvre colossale 
el de fatigue: « C’est un travail de bénédictin ». Ne sont-ce 
point les monastères, el dans notre arrondissement ceux de 
Saint-Urbain et de Montier-en-Der, qui défrichèrent nos campa- 
gnes et mirent en honneur l’agriculture ? Car, il est juste de le 
reconnaître, les barbares nos aïeux ignoraient la culture des 
champs, ils ne savaient que guerroyer, piller et détruire. Et si 
on a pu dire en toute vérité que les évêques ont fait la France, 
comme les abeilles leur ruche, on doit ajouter qu'ils furent 
merveilleusement secondés par les moines, aujourd’hui condam- 
nés en retour à un ostracisme immérité. 

Ce que nous disons des abbayes d'hommes, ne peut-on le 
dire également, proportion gardée, des couvents de femmes, 
asiles non seulement de la piété et de la vertu, mais d’instruc- 
tion, où les jeunes filles allaient apprendre les arts d'agrément 
et les travaux propres à leur sexe ? 


Nous sommes arrivés, ne l’oublions pas, à l'époque des Croi- 
sades, c'est-à-dire de ces expéditions parfois téméraires, souvent 
héroïques, qui ébranlèrent l'Europe tout entière et jetèrent dans 
les plaines de la Syrie des millions de seigneurs, de chevaliers, 
de manants de toute condition, pour arracher le tombeau du 
Christ à la domination musulmane. 

Il est indubitable que les habitants d'Osne, pas plus que ceux 
des localités voisines, dont on cite Gauthier de Curel, seigneur 


= 90 = 


d'Autlignv, et Barthelemy, de Chevillon, parmi les croisés, ne 
restèrent point en arrière, et que plusieurs suivirent leur sei- 
gwneur, comme celui-ci accompagnail son suzerain, le sire de 
Joinville. 

Cette famille de Joinville, que nous avons déjà appris à 
connaitre dans la courte notice du Sénéchal que j'ai publiée 
en 1905, famille illustre à bien des titres, se signala spécialement 
dans les diverses croisades. Nous lisons en elfet dans la liste 
glorieuse des preux de cette époque les noms de : 

Gui, comte de Joigny, fils de Geoffroy [°', sire de Joinville, 
qui se croisa en 1096, lors de la première expédition, conduite 
par le Lorrain Godefroy de Bouillon ; 

Gui ou Guidon de Joinville, d’abord archidiacre de Langres, 
puis évèque de Chälons, qui partit fort avancé en âge pour la 
Terre-Sainte, y mourut et fut inhumé dans la vallée de Josaphat. 
Nous le retrouverons parmi les bienfaiteurs du Val d’Osne ; 

Geoffroy ILE, sire de Joinville, frère du précédent, qui fit la 
troisième croisade avec Louis le Jeune ; 

Geoffroy IV, fils de ce dernier, qui mourut en Palestine en 
1197 ; | 

Un des fils de Geoffroy IV le Jeune, Guillaume, devint évêque 
de Langres, puis archevêque de Reims ; 1] mourut à Saint-Flour, 
en Auvergne, dans la croisade contre les Albigeois ; 

Geoffroy V le Trouillard, qui se signala par sa bravoure au 
siège de Saint-Jean-d’Acre et laissa également ses os en Pales- 
tine ; 

ou. fils de Geoffroy IV, qui prit la croix en 1218 et se 
signala au siège de Damiette ; 

Enfin Jehan, le célèbre historiographe de Louis IX, qui suivit 
le saint roi à la septième croisade el partagea ses périls el sa 
captivité. 

Or, c’est Geoffroy IT dit le Gros ou encore le Vieux (Grossus, 
senior) qui, avant de quitter le castel de ses aïeux, avant de 
prendre l’escarcelle et le bourdon, avant de se croiser, pour 
mettre sa périlleuse expédition sous la protection divine, fonda 
le prieuré du Val-d'Osne. 

Voici, dans son histoire de Joinville, ce qu’écrit Fériel de ce 
seigneur : « Geoffroy III, fils de Roger et de Aldéalde ou 
Aldéarde de Vignory, élait encore Jeune en 1128, lorsque mourut 


th D 


son père. En 1147, il partit pour la Palestine avec Louis le Jeune 
et monta le même vaisseau que ce monarque. Ilenri I", comte 
de Champagne, le distingua parmi ses vassaux et lui conféra le 
titre héréditaire de Sénéchal de cette province. Le premier acte 
où 1l prend cetle qualité est de 1154 ou 1158. Ses successeurs 
l'ont toujours conservé. Il fonda plusieurs monastères : le Val- 
d'Osne, de l’ordre de saint Benoît ; la maison de Mathons, ordre 
de Grammont, connu sous le nom des Érmiles ou des Bons- 
Hommes ; l'abbaye d'Ecurey, ordre de Citeaux ; celle de Jonvil- 
liers, ordre des Prémontrés, et enfin l'église Saint-Laurent, au 
château de Joinville. [l établit dans cette église un chapitre com- 
posé d'abord de quatre chapelains, auxquels plus tard on en 
ajouta six autres. En 1168, il fit plusieurs fondations à l’abbaye 
de Saint-Urbain, dont il passe pour être le fondateur, quoique 
l'existence de cette maison lui soit beaucoup antérieure. Geoffroy 
eut pour femme Félicité de Brienne, fille d'Alwar, comte de ce 
nom, et d'Alice, dame de Roucy. De leur mariage naquirent un 
fils qui devint sire de Joinville et une fillz, Gertrude de Join- 
ville, qui épousa Gérard IT, comte de Vaudémont. Félicité, lors 
de son mariage, était veuve de Simon de Broyes et de Beaufort- 
sur-Raye, avec lequel elle avait contracté mariage en 1110. 
Geoffroy IIT fut enterré à Clairvaux en 1184. » 

Maintenant que nous avons fait connaissance avec le fondateur 
du Val d'Osne, disons que la charte de fondation, dont une copie 
authentique se voit aux Archives nationales, ne porte pas de 
date ; mais celle de 1140, que lui assignent plusieurs historiens 
(contrairement à Fériel qui la retarde jusqu’en 1150 et à Barthé- 
lemy qui la place en 1126), est sinon strictement, au moins à peu 
près exacte. On peut s’en convaincre par {e contexte et les noms 
des témoins qui sont consignés dans l’acte. En effet, l’abbé de 
Molesme Girard, qui y est nommé comme consentant, est monté 
sur le siège abbatial en 1140 et mourut en 1148 ; d’autre part, 
l'abbé de Ssaint-Urbain, Guichard, témoin aussi nommé dans la 
charte, était remplacé dans sa charge en 1146 par Pierre I°', qui, 
cette même année 1146, comme on le verra plus bas, règle un 
litige avec le couvent du Val d’Osne. 

Donc, le prieuré n'existait pas avant 1140, mais certainement 
fut fondé avant 1146. [Il existait même en 1145, puisque dans 
une bulle d'Eugène IIT de cette année il en est fait mention. 


— 32 — 
Aussi bien Mabillon et le Gallia Christiana placent la date de 
fondation entre 1140 et 1145. 

Il est cependant possible que des terres aient été données aux 
religieux de Molesme dès l’année 1126, pour fonder un couvent 
au Val d'Osne, mais les religieuses n’v vinrent pas habiter avant 
1140. 

Une copie authentique de la charte de fondation du prieuré se 
trouve, avons-nous dit, aux Archives nationales ; nous en don- 
nons le texte à la fin de ce travail. Elle est en latin, langue offi- 
cielle de l’époque. Essayons-en la traduction : 

« Au nom de la sainte et indivisible Trinité. 

« Fidèles observateurs des traditions de nos aïeux, qui nous 
« font un devoir de sagesse de perpétuer la mémoire bénie dæ& 
« nos bienfaiteurs, nous nous empressons de recommander au 
« souvenir de ceux qui nous succéderont la généreuse offrande 
« faite par illustre Geoffroy, seigneur de Joinville, et par noble 
« dame Félicité, son épouse, ainsi que par son fils Geoffroy le 
« Jeune et l'épouse de ce dernier, ainsi que sa mère Aldéalde et 
_« par le vénérable Guy, archidiacre de Langres, avec son frère 
_« Robert, offrande qu'ils ont faite pour le salut de leurs àmes et 
« de celles de leurs ancètres, en faveur des pieuses religieuses 
« du monastère du Val d’Osne, consacrées au Christ dans l’ordre 
« de Molesme. | 

« Aussi, de tout notre pouvoir, publions-nous que ces ser- 
« vantes du Christ sont redevables à ce mème Geoffroy du lieu 
« où elles demeurent, dont la dotation leur a été faite durant le 
« gouvernement du vénérable Girard, abbé de Molesme. 

« C'est encore lui qui leur donna les terres qu'il faisait cultiver 
« sur les confins d'One par ses mélavers, el ce qu'il possédait 
« sur le territoire d'One. Il permel à ceux de ses vassaux qui 
« mourront sans héritier, s'ils veulent disposer de leurs terres, 
« de le faire en faveur des relisicuses ; 1l leur accorde également 
« le tiers de la forêt de Fanullas, une autre partie de la même 
« forêt dont la possession est échue à un certain Amaurius, par 
« voie d'héritage, ainsi que l'usage d'un âne pour le service des 
« relisieuses dans la forêt de Bauldré ; de même tous les prés 
« qu'il possédait à One, deux fours à Joinville et ce qu'il possé- 
« dait au moulin près de la porle meunière avec ses dépen- 
« dances. 


0 


« Il leur accorde aussi, sur le marché de Joinville, un droit de 
minage ; el puis des päturages dont 1} avait acheté une partie 
trente sous d’or à Guvard Dérinus. Quant au frère de Guyard 
nommé Garnérus et au soldat Rébérius, 1ls donnent à ces 
dames, pour l'amour de Dieu, la part du même pâturage qui 
leur appartenait. Evalement Geoffroy leur donne certains prés 
par lui achetés à la Rochette el puis une terre sise près du 
monastère, pour y construire une grange, et encore un pré 
au-dessus du monastère, et le droit de päturer le sien propre, 
et une autre terre inculle, et la faculté d'utiliser le bief pour 
un moulin. Il ajoute encore toutes ses possessions dans le bois 
de Percio et dans le champ de [léronnel, et enfin tout ce que 
les dites religieuses pourront défricher avec le fer et la 
charrue. 

« Le même Geoffroy et ses héritiers leur accordent les mêmes 
avantages sur tout le territoire d'One. 

« Le soldat Addon de Saint-Urbain, avec l'assentiment de 
Geoffroy, leur à donné, pour l'amour de Dieu, tout ce qu'il 
possédait sur les confins du monastère, 

« Geolfroy accorde aussi au couvent des religieuses un lieu 
nommé Menoncourt, avec loutes ses dépendances, à savoir la 
terre et l’eau, à l'exception de la pêche qu'il s'est réservée. 
Ur, ce Menoncourt et ses dépendances, il les à achetés aux 
frères Caldéroni, à Ambert-le-Gros et à tous ses héritiers. 

« [Il accorde, en outre, aux susdites religieuses l'usufruit de 
lous ses bois, de toutes ses prairies et de tous ses cours d’eau, 
partout où il s’en trouve. | 

€ Les témoins du côté de Geolfroy le Vieux et de son fils 
Geoffroy le Jeune : Guichard abbé de Saint-Urbain, Hugo son 
Prieur, Guillermus moine, Maître Jocermus, Guidon clerc, 
Pierre prêtre, Vincent prêtre, Dodon de Fronville, Richard 
son neveu, Roger de Rupt, Raoul de Dommartin, Galtérus de 
Bouillon, Himbert le Gros el ses fils Himbert et Brutinus 
Rahoz-«, Raoul de Murério, Addon soldat, Jehan du Mur, 
Hugo du Mur, Albert son frère, Albert fils de Guiniève, 
Guyard Mores, Hugo fils de Jehan, Hugo fils d'Angerband, 
Jehan le Chasseur. Du côté des religieuses : Girard abbé de 
Molesme, Maître Himbert, Mamandus moine, Robert le pre- 
Micr prieur des susdiles religieuses. » 


34 — 


Après le texte latin, on lit en langue française : « Je soussigné 
« prestre curé de Poissons et notaire apostolique, certifie que la 
« présente copie a été fidellement faicte sur son original, qui est 
« en parchemin scellé du double sceau à queue pendante de cire 
« Jaune, au monastère de Nostre Dame du Val d'One, ce jour- 
«€ d'hui dix-septième Juillet mil six cent quatre vingt dix. 


« Siné : AUBRY. » 


* 
# + 


L'abbaye de Molesme, une des plus illustres du Moyen-âge, 
située dans le Tonnerrois, non loin de Chàtillon-sur-Seine, 
aujourd'hui département de la Côte-d'Or, était de l’ordre de 
Saint-Benoît. Elle avait été fondée en 1075 par sant Robert de 
Champagne, qui fonda également l’année suivante [a célèbre 
abbaye de Citeaux, près de Beaune. 

Le prieuré fut érigé sous le double vocable de Notre-Dame et 
de saint Robert, ce qui le fait nommer par M. Barthelemy 
prieuré double. De là l'erreur de certains auteurs qui ont pré- 
tendu qu'il y avait une communauté de femmes et une commu- 
nauté d'hommes; ce qui est manifestement faux, car on ne 
trouve aucun vestise de cette double communauté. 

La fondation du Val d'Osne fut homologuée par le pape 
Alexandre [IT, le même qui en 1163 posa la première pierre de 
Notre-Dame de Paris. Le titre d'homologation qui se trouve aux 
Archives nationales ne porte pas non plus de date, mais il se 
termine ainsi: « Dalum Verulis XII Kalendas mau. » Donné 
à Véroli le 12 des calendes de mai (1). 

Les premières relisieuses qui vinrent s'établir au Val d'Osne, 
furent tirées du monastère de Jully-les-Nonnains, comme :1l 
appert par la bulle déjà citée d'Eugène IT. 

Dans cette bulle le pape Eugène HI, disciple de saint Ber- 
nard, confirme la donation que Milon de Bar-sur-Aube a faite 
de son château de Jully à l'abbé de Molesme, pour y construire 
un monastère de femmes. Il rappelle la confirmation que Joceran, 
évêque de Langres, a déjà faite de cette fondation ; 1l veut que 
l'église de Jully demeure toujours soumise à l'abbé de Molesme, 


{1} Véroli était une ville des Etats de l'Eglise. 


_ 35 — 


ainsi que les églises qui en sont déjà sorties. Il cite trois de ces 
églises, savoir : dans l’évèché de Langres, l’église d’Ose, in 
episcopatu Lingonensi, ecclesia Ose ; dans l’évèché de Chàlons- 
sur-Marne, l'église de Vifontaine et celle d’Osne (Val-d'Osne), 
in episcopalu Calalaunenst, ecclesta Vivifontes et ecclesia Oné. 

Comme les religieuses font vœu de garder une clôture perpé- 
tuelle et ne doivent pas s'occuper d’affaires séculières, l'abbé de 
Molesme leur enverra des moines probes et sages, qui prendront 
soin de Jeur bien temporel et spirituel. Ils devront traiter les 
religieuses non avec une sévérité orgueilleuse et préjudiciable, 
mais avec une douceur toute paternelle. Religieux et religieuses 
doivent se souvenig qu'ils ne sont que les membres d'un même 
corps, dont la tête esl l’abbé de Molesme ; ils doivent donc 
rester unis par une sainte et fraternelle charité. 

Cette bulle est signée d'Eugène pape et de onze cardinaux. 
Elle fut écrite à Viterbe, par le cardinal Robert, chancelier de 
l'Eglise romaine ; elle porte la date du 1# des calendes de 
décembre, ce qui équivaut au 18 novembre 1145 (1). 

Ce prieuré de Jufly-les-Nonnains, qui produisit à cette époque 
même plusieurs saints, sainte Hombeline, sœur de saint Bernard 
la bienheureuse Elisabeth, belle-sœur du mème saint Bernard, et 
le bienheureux Pierre, était si florissant qu'il dut essaimer de 
1125 à 1212. Onze monastères, dont quatre abbayes et sept 
prieurés, parmi lesquels le Val-d'Osne, sont sortis de July. H 
était probablement situé, comme l’abbaye de Molesme, dont il 
dépendait, dans le Tonnerrois ; c’est l'opinion de l'aboé Mathieu, 
dans son histoire des évêques de Langres, et de labbé Jobin, 
dans son histoire de Jully-les-Nonnains. 


Donc, les religieuses du Val-d'Osne, comme celles de Jully, 
élaient sous la dépendance et la direction de l’abbé de Molesme, 
qui leur envoyait des religieux de son ordre pour les gouverner. 
Ces religieux vivaient dans des bâtiments séparés, en dehors de 
la clôture du monastère. 

L'abbé avait sur le prieuré une juridiction pleine et entière. Il 


(1) Voir cette bulle in-extenso aux pièces justificatives, IT. Quelques courts 
passages manquent, usés dans l'original. 


avall le droit de le visiter, d'y faire des règlements, d'y opérer 
des réformes, en un mot d'ordonner tout ce qui lui paraissait 
utile pour le bon gouvernement de la maison. C'était de lui ou 
de ses délégués que les novices recevaient lhabit religieux, et 
c'étail en sa présence qu'elles prononÇaient leurs vœux. 

Un traité passé en 1258 entre Molesme et le Val-d'Osne et 
conservé aux Archives de la Côte-d'Or donne à cet égard des 
renseisnements très explicites : 

es Après nous Cownoissons que l’abbé de Molesme a sur 
«_ nous el sur nostre maison el sur ses appendises, toute juridic- 
« Lion spirituelle. EL si sommes tenues à le recevoir quant il 
« venra en noslre maison, Comme père, abbé, ainsi com l'on 
« Jou recoit en ses autres maisons de dames et debuons receuoir 
« de luv, ou de son commandement, tous nos sacremenz el 
« bénéicons el :loutes autres choses, que moines et nonnains 
« doibuent receuoir de leur abbé selon droit. 

& EL debuons tenir et garder les commandemens et établisse- 
« mens et les ordonnemens, que les abbés de Molesme feront 
« en nostre maison, et leur debuons toute subjection, toute 
« réuérance et toute obédience selon ce que droiz et ordre 
« apporte..... »(1). 

Parmi les moines que l'abbé députait au monastère, il ÿ en 
avait un qui prenait le nom de prieur et un celui*de chambrier. 
Le prieur avait la juridiction spirituelle des religieuses, c'était fui 
qui les confessait et leur administrait les sacrements.Le chambrier 
s’occupait de l'administration des biens temporels ; il veillait à 
leur conservation et pourvovait aux besoins des religieuses. 

Ces détails se trouvent consignés dans une charte de 1312, qui 
rèvle un différend survenu entre l'abbé de Molesme et les reli- 
gieuses de Jully, au sujet de la nomination d’un prieur et d’un 
chambrier. Cette charte se voit aux Archives de l’Yonne. 

Les religieuses du Val-d’Osne étaient donc des bénédictines. 
Leurs occupations consislaient surtout dans la prière, la médi- 
talion, la pénitence, le chant des psaumes, l'instruction et l’édu- 
calion des Jeunes filles, et aussi l'exercice de l'hospitalité envers 
les étrangers, comme nous nous en sommes convaincu dans nos 
recherches historiques. 


(1) Voir ce traité in-ertenso aux pièces justificatives, IV. 


CITAPITRE III 


Osne au Moyen-âge 


Mais que devient le village d’Osne ? Que font les habitants, 
pendant que s'élève el grandit à leur porte ce monastère de 
femmes? Des seigneurs que j'appellerai d'ordre inférieur, vas- 
saux des sires de Joinville ou de l’abbaye de Saint-Urbain et 
dont nous rencontrons quelques noms dans les papiers de 
l'époque, présidaient sans doute à leur communauté ou commune 
naissante, Étaient-ils bons et bienfaisants, justes et charitables ? 
nous l’ignorons ; ou bien, comme dans certaines contrées, durs 
et inhumains ? nous ne le savons pas davantage 

Avant l’affranchissement des communes, dont le mouvement 
commença au x1° siècle, et même jusqu’à l’affranchissement des 
serfs, décrété par Louis X le Hulin, au commencement du xiv°, 
la société se divisait en deux classes bien distinctes, trop dis- 
ünctes : les nobles et les non-nobles. Les premiers, grands vas- 
saux, ducs, barons, seigneurs de tout genre, possédaient Îla 
majeure partie de la fortune, des terres appelées fiefs et levaient 
les impôts. 

Les non-nobles se subdivisaient en plusieurs catégories ; c'é- 
laient : 1° les rofuriers ou lenanciers, hommes libres el vrais 
propriétaires de terres (allenx) tenues en rotures, c’est-à-dire 
grevées d'impôts. Ils se nommaient aussi vilains, parce qu'ils habi- 
taient ordinairement la campagne, les métairies ou anciennes 
villas romaines ; 

2° Au-dessous des Lenanciers venaient les main-mortables, qui, 
bien que libres et propriétaires, ne pouvaient cependant disposer 
de leurs biens sans payer un droit de main-morle, où droit 
d'amortissement, comme nous disons aujourd'hui. Ils ne pou- 
vaient non plus se marier eh dehors des terres de la seigneurie, 
c'est-à-dire se formarter, sans paver au seigneur le Uribut de 
formartiage ; 


= 98 


3° Enfin le serf, qui n’était libre ni de sa personne ni de ses 
bigns. Il était ce qu'on appelait homme de corps et toujours atta- 
ché à une propriété, de là son nom de serf allaché à la glébe. 

L'état de ce dernier, bien que sensiblement supérieur à celui 
de l’esclave antique, laissait cependant beaucoup à désirer ; il ne 
jouissait pas de la précieuse liberté, 1l entrainait sa famille dans 
la servitude, sa femme était serve, ses enfants naissaient serfs. 
Aussi bien l'Eglise, qui avait aboli l'esclavage, poussait-elle sans 
cesse à l’affranchissement des serfs, et la royauté elle-même 
l’encourageait. Dans une ordonnance du 2 juillet 1315, la 
monarchie proclame, dans un langage admirable, que selon le 
droit de nature chacun doit naistre franc, c’est-à-dire affranchi, 
libre. C'est pourquoi le nombre des serfs diminuait chaque 
année, et plusieurs siècles avant la Révolution, il n’y en avait 
‘plus un seul en France, si ce n’est dans les provinces récemment 
réunies à la couronne, n’en déplaise à certains manuels récents 
qui prétendent et osent enseigner qu'avant 1789 nos pères 
étaient esclaves et ne possédaient pas de terres. 

J'ai cru bon de donner ces quelques notions, qui nous aide- 
ront à comprendre des termes cités dans cette notice, et peut- 
être feront évanouir quelques illusious fixées dans notre esprit 
par un enseignement erroné. 


Rappelons tout d'abord qu'au moment où les religieuses de 
saint Benoït venaient s'installer au Val-d’Osne, le roi de France 
Louis VIT était en guerre avec Thibaut, comte de Champagne, 
que Jolibois qualifie de « baron le plus brouillon du royaume ». 
Saint Bernard avait fait d'inutiles efforts pour apaiser la que- 
relle. La Champagne fut envahie, dévastée par les troupes 
royales; Vitry pris d'assaut fut saccagé, et l’on y brüla 1300 
habitants qui s'étaient réfugiés dans l’église (1144). Il est hors 
de doute que notre village eut sa part de soulfrance et de cala- 
mités résultant de cette guerre malheureuse. 


* 
# + 


Après la charte de fondation du prieuré dans laquelle est pro- 
noncé plusieurs fois le nom d’'One, et après celle de la donation 


39 — 


de Béatrix de Cirey, de l'alleu qu’elle possédait au village d'One, 
le plus ancien manuscrit qui fait mention de ce village nous 
paraît être celui dont parle M. Ed. Barthelemy, quand il écrit : 
€ En 1170 on trouve un Rugrin fils d’Anscher d’One ». 

En 119,5, comme nous le verrons au chapitre suivant, Geoffroy 
de Joinville donne au prieuré deux fours à One. 

En 1205, donation par le soldat Hato, aux Templiers de 
Ruetz, de deux septiers de froment, deux de seigle et quatre 
d'avoine, à prendre sur les dixmes d'One. Cet Hato nous paraît 
être un seigneur du lieu, tout comme Rugrin et Anscher, cités 
plus haut. 

En 1208, Guy, évèque de Châlons, assigne au curé d’One un 
muid de blé, moitié froment et moitié avoine, sur les dixmes 
d'One et 24 septiers sur les dixmes d’Halignicourt (Haliney- 
curia), savoir 4 septiers de seigle et le reste par moitié froment 
el avoine, avec la moitié des menues dixmes de ces endroits, et 
encore la moitié des offrandes et du revenu des autels de ces 
églises, sans que ledit curé puisse rien prétendre sur la sépulture 
de ses paroissiens dans l’église de Saint-Urbain et dans celles 
qui en dépendent. 

‘ Le doute n’est donc plus possible, il y a bien en 1208 une 
paroisse organisée du nom d’One et un curé doté de revenus 
par son supérieur hiérarchique, l’évêque de Châlons, et par 
conséquent aussi une église paroissiale. 

En 1235, Hugue Niclès de Fronville fait savoir que dame 
Lulvide de Onä, son aimée et fidèle, a vendu le fief qu’elle possé- 
dait à Vallerey (apud Vallerici) à demoiselle Ode de Humbécourt. 

Cette Lulvide d'One, épouse du seigneur de Fronville, est 
sans doute la fille du seigneur d'Osne, qui cependant n'est point 
encore expressément nommé. 

En 1280, l'abbé de Saint-Urbain, Jacques de Gondrecourt, 
qui aimait beaucoup ses religieux et qui cherchait l’occasion de 
le leur prouver, acheta, pour le prix de 60 livres, au seigneur 
Aubert d’'Osne et à sa femme Alix 20 septiers de bled dé rente 
annuelle, à savoir 5 septiers de froment, 5 de seigle et 10 
d'avoine, à prendre sur les dixmes et terrages dudit One, qu'il 
leur donna pour leur pitance. L'acte de vente est fait par devant 
Jehan de Joinville et sous son sceau, le samedv d’après la 
Pentecôte 1280. 


A0 E=— 


Dans la même pièce, il est dit que Pierre, sire de Narcy, 
donne aux mêmes abbé et religieux de Saimt-Urbain 4 septiers 
de bled à prendre annuellement sur les dixmes et terrages de 
Bienville, pour son anniversaire. 

Cette fois nous avons bien le nom authentique d’un seigneur 
d'Osne, Aubert. Il ne nous semble point riche, puisqu'il est 
contraint d’'aliéner une partie de ses revenus pour la somme 
de 60 livres. 

En 1284, Béatrix, dame de Joinville et sénéchale de Cham- 
pagne, fait savoir que messire Chevalier de Fronville et ses 
hommes ont mis en gage à l’église Notre-Dame de Vitry, pour 
la prébende de Guillaume, son fils, le fief qu'il tenait d’elle au 
moulin et estéraige d'OUsne, à savoir 40 livres et 20 septiers de 
bled, moilié froment et moitié avoine, à la mesure de Joinville. 


* 


L'abbé Mathieu raconte qu’en 1304 une grande famine désola 
toute la France et le diocèse de Langres en particulier ; qu'en 
1305 1l y eut une grande sécheresse en été, qu’en 1315 des pluies 
continuelles, suivies d’un froid excessif, empéchèrent Ia matu- 
rité des grains et du fruit de la vigne, el qu'en 1325, à la grande 
sécheresse de l'été, succéda un hiver des plus rigoureux, pen- 
dant lequel, dit-il, le froid fut extrême. Or, si Osne à cette 
époque ne faisait pas partie du diocèse de Langres, il n’en était 
éloigné que de quelques lieues. 


in 1339, reconnaissance par six habitants d'Osne qu'ils sont, 
comme tous les autres hommes et femmes dudit Üsne, qui 
appartiennent à l’abbaye de Saint-Urbain, hommes et femmes 
de main-morte et formariage el taillables une fois chaque année. 

Il serait intéressant de savoir quelle était la proportion des 
mainmortables appartenant à l’abbaye de Saint-Urbain et celle 
appartenant au château de Joinville; mais nous n'avons rien 
rencontré qui nous renseiwnäl. 

En 1345, Alice, prieur du Val-d'Osne, et son couvent cèdent 
aux religieux de Saint-Urbain deux bichets et demi de graim que 
lesdites religieuses avaient sur les revenus d'One, 


A — 


Cette même année, les habitants d’Osne sont déclarés tenus 
au guel, en vertu d’une enquête ordonnée par le bailli de Chau- 
mont, pour connaitre les villages y sujets. 

En 1346, les guerres, les dévastations produites par les oura- 
gans, les épidémies et tous les fléaux destructeurs se réunissent 
pour rendre cette année malheureuse, dit l’abbé Mathieu. 

En 1359, Brocard de Fénestrange, aventurier lorrain et chef 
de bandes, pille Bar-sur-Aube, Joinville, Wassv, Montéclair, et 
s'établit {yran dans le pays. (Jolibois). 


* 
x x 


En 1369 ont été adressées des lettres-patentes du roi Charles V 
au baïlli de Chaumont, à l'effet de reconnaitre et constater en 
quoi consistaient les droits et biens du chapitre St-Laurent, de 
Joinville, avant le pillage et la destruction de leurs titres ; et 
dans le procès-verbal d’information il est fait mention de l’autel 
d'One. 

Ce furent les Tard-Venus, bandes de vagabonds qui, en 1362, 
dévastèrent et brülèrent le chastel de Joinville, qui contenait 
des richesses considérables, que les villages voisins y avaient 
apportées pour les mettre en sûreté ; et c'est dans ce pillage que 
disparurent les titres de propriété du chapitre de Saint-Laurent, 

Au Moven-Age, lorsque la guerre ou l'invasion ravageait un 
pays, le château ouvrait ses portes, ou plutôt abaissait ses ponts- 
levis aux habitants des villages, qui venaient avec leur bétail se 
réfugier derrière ses murailles. En retour, les vassaux contri- 
buaient, par des redevances et des corvées, à leur entretien, 
c'élaient les droits de vingtain et de sauvement, et devaient les 
garder à tour de rôle, c'était le droit de quet et de garde. Pour 
servir ainsi de protection et de refuge, le château féodal était 
flanqué de murs épais, de tours et de donjons crénelés el munis 
de meurtrières ; il étail environné de toutes parts de fossés pro- 
fonds et souvent remplis d’eau. C’étaient de vraies forteresses 
parfois imprenables. 


Après la sanglante bataille d’Azincourt (1415), après le hon- 
L d , 
teux traité de Troves (1420) qui livrait Ia France aux Anglais, 


"AD: ee 


toutes nos villes étaient sur le pied de guerre, tous les châteaux 
armés ; on fortifiait les villages, les maisons isolées, les églises 
mème, la France n'était plus qu'un vaste camp retranché. 
L'abbé du Der avait construit une forteresse à Sommevoire. 
Les abbayes étaient rançonnées par les seigneurs, les terres 
restaient sans culture et les paysans se trouvaient réduits à la 
plus horrible misère ; les moines de la riche maison du Der 
mendiaient. Telle est la peinture que fait Jolibois de cette 
malheureuse époque et de nos provinces. 

Après la première victoire des Anglais unis aux Bourgui- 
wnons, le découragement s'était vite emparé de l’armée qui, du 
reste, était presque sans ressources et à laquelle 1] manquait une 
tête. C’en était fait de la patrie si la Providence n'était venue à 
notre secours en suscitant l’immortelle Jehanne de Domrémy. 
Qui dira ce qu’endurèrent et souffrirent nos pères pendant ces 
vuerres interminables et la hideuse famine qu’elles traînaient à 
leur suite ? 

Cependant, l'Anglais bouté dehors par l'héroïne Pucelle, 
d’autres fléaux tombent sur notre province. A cette époque, des 
bandes de scélérats connus dans l’histoire sous le nom suggestif 
d’EÉcorcheurs, de Relondeurs au nombre de cinq ou six mille, 
se jettent sur la Champagne, portant en tous lieux le ravage et 
multipliant les crimes. « Leurs pas, dit l'abbé Mathieu, sont 
marqués par le viol, le meurtre, l'incendie, et par la barbarie la 
plus épouvantable. La terreur qu'ils répandent fait fuir les habi- 
tants de la campagne, qui abandonnent leurs champs et se réfu- 
sient dans les villes et les châteaux. Les terres restent inculles, 
la disette et la famine arrivent bientôt ; la mortalité est portée à 
son comble dans les années 1437 et 1438. La contagion se joint 
à ces fléaux, comme il arrive loujours ». 


En 1427, Savary de Nicey fait hommage de ce qu'il tient à 
One, mouvant de Joinville. | 

En 1489, est fourni par Savary Jucy, avant droit de Savary 
de Nicey, le dénombrement des biens qu'il tient à One, mouvant 
de Joinville. 


Li 


En 1503, les héritiers de messire Andrieux de Joinville tien- 


CA 


nent en fief les villages d’'Onne, Rupt et Ferrière, et les héritiers 
de feu Sancrin et de Jehan de Montreuil tiennent également en 
fief les biens qu'ils possèdent à Onne. 

n 1511, foi et hommage faits par dame Isabelle de Clermont, 
veuve de messire Clyon d’Igny, de ce qu’elle possède audit 
Onne et à Maizières et d'une redevance sur la seigneurie de 
Thonnance, le tout mouvant du chapitre de Joinville. 

En 1518 eut lieu l'acquisition de la Grange aux dixmes, pour 
ces Messieurs de Saint-Laurent, contre Cyrot Méligne d’Onne. 

în 1931, vénérable et discrète personne, Jehan Bardin, prestre 
curé d'Onne, fait une transaction, le 30 octobre, avec Marguerite 
Casine, veuve de Philippe Hosdier. | 

Dans une déclaration de 1522, il est aflirmé que les religieux 
de Saint-Urbain sont seigneurs en partie du village d’Onne, qu'ils 
ont justice, haute, moyenne et basse sur leurs hommes et 
femmes de corps éfant et demeurant illec, qu’ils ont sur eux 
droit de main-morte, poursuile et formariage et chacun an 
droit d’accencissement. Lesdits religieux ont de toute ancienneté 
une mairie, plusieurs cens sur certains héritages portant lots et 
ventes, en payant de 15 sols, 20 deniers tournois. Les dites jouis- 
sances valent par an 15 sols, 5 deniers tournois, 2 bichets trois 
quarts d'avoine, 11 gélines. 

Dans cette même déclaration, il est dit que le mayeur d'Onne, 
en rendant la Justice, peut connaître jusqu’à 3 livres ou 60 sols, 
par prévention du bailly de Joinville, non au-dessus, et que les 
habitants doivent le reconnaitre au bas assises el le gruier en 
ses réformalions. 

‘n celte même année 1522 parait un arrêt du fermier des 
moulins, qui permet aux habitants de prendre les eaux de son 
moulin pour faire rouir leurs chanvres. Intervient également 
une sentence du Palais des Requètes contre le seigneur de Curel, 
qui ne pourra prendre que la dixme des bêtes blanches, ou de la 
laine des agneaux, mais ne pourra prendre les deux ensemble. 

în 1925, Anthoinette de Bourbon, duchesse de Guise, concède 
la place pour construire un moulin à Onne, movennant 4 sols 
de cens. 

En 1533 a été fait à Onne un bail de trois ans pour la recette 
des menues dixmes, qui ont été louées annuellement 13 livres 
en argent et 13 livres en cire. 


Nr VE 


En 1534, Jehan de la Have donne à Anthoinette de Bourbon 
un four à cuire pain à Onne el Anthoinette lui donne en échange 
10 fauchées de prez. 

în 1538, Claude de la Baume, maréchal au comté de Bour- 
grogne, fait foi et hommage de la seigneurie d’Onne, mouvant 
du château de Joinville. 


C'est en 1544 qu'eut lieu le siège fameux de Saint-Dizier, dans 
lequel les Bragards firent des prodiges de valeur. Or, l’armée de 
Charles-Quint, forte de 80.000 hommes, avait envahi la Cham- 
pagne et dévasté le Vallage. Les Impériaux, dans cette cam- 
pagne, brûlèrent plusieurs lieux des environs de Saint-Dizier, 
entre autres Joinville et Thonnance. En raison de sa proximité, 
il n’est pas douteux qu'Osne n’eût fort à souffrir ; il ÿ a du moins 
une grande présomption. Du reste, Fériel prétend que ce fut 
pour faire diversion au chagrin qu'il éprouvait de la perte de son 
neveu, le prince d'Orange, tué sous les murs de Saint-Dizier le 
14 juillet, que Charles-Quint livra aux flammes Thonnance et 
Joinville ; et cet historien ajoute : « Sauf le château dont il ne 
put se rendre maitre. » Le château de Joinville fut donc aussi 
assiégé el naturellement défendu par ses vassaux, et sans doute 
les villages environnants pillés par les troupes ennemies. 


En 1544, François de Guise donne une charte d’affranchisse- 
ment aux habitants d'Onne qui, en conséquence, s’obligent à 
payer leurs redevances au lieu de leurs servitudes. 

En 1956 est fait un bail pour récolte des grosses dixmes qui 
sont laissées pour 101 septiers, moitié bled et moitié avoine. 

in 1570, foi et hommage, aveu et dénombrement fournis par 
dame Jehanne de Sommevièvre, veuve de mexsire Claude de 
Saint-Blin, et Nicolas de Saint-Blin son fils ainé, d’une portion 
et droit de seigneurie audit Heu d'Onne, mouvant du château de 
Joinville, 

En 1571, vente par Francois de la [Taye, seigneur d'Onne et 
du Ilaut-Bois en partie, à Claude de Roussv, seigneur d'Orignv, 


1. 


de tout tel droit et seigneurie qui appartient audit de la Have, 
au village d'Onne et du Haut-Bois. 

En 1573, bail du tiers des grosses dixmes d'Onne pour l’année, 
moyennant 32 septiers de bled et 32 grands septiers d'avoine, 
avec 2 livres de cire : tandis que l’année précédente le bail annuel 
n'avait produit que 28 septiers de bled et 28 grands septiers 
d'avoine. 


L'on ne peut douter que la Ligue n'eût de nombreux et chauds 
partisans dans les environs de Joinville et peut-être à Osne 
même, Car le chef des Ligueurs était Henri, duc de Guise, puis- 
sant seigneur de Joinville et propriétaire en partie du fief d'Osne- 
le-Val. D'ailleurs, cette famille était en singulière estime et 
vénération, en raison des largesses qu'elle prodiguait autour 
d'elle, des hôpitaux et des couvents qu'elle dotait et qui étaient 
la providence de la révion ; et puis nos pères, fortement attachés 
à la religion de leur baptème, ne se laissèrent point séduire par 
le laxisme et les appâts trompeurs de la Réforme. Osne ne compta 
pas un seul protestant, comme l’atteste le procès-verbal de visite 
épiscopale de 1626. Aussi bien l'histoire de cette époque ne dit 
pas qu'il se soit livré de combat dans nos pays. 

Cependant, après le massacre de Wassy en 1562, toutes Îles 
églises du Vallage et du Bassigny furent dévastées par les 
Huguenots. 

En 1567, les Reîtres d'Allemagne vinrent à leur tour en 
France, au nombre de 14.000. Harcelés par le duc de Guise, ils 
se vengèrent en ravageant la Champagne. | 

La Saint-Barthélemy excita encore les protestants qui, en 
1580, s'emparèrent du château de Sommevoire. 

En 1587, les Reîtres d'Allemagne reviennent au secours de 
leurs coreligionnaires de France, et le duc de Guise, toujours 
infatigable pour la cause catholique et française, les arrète dès 
leur entrée en Champagne ; mais ils restent quelque temps 
maîtres de nos campagnes et ne s’en retournèrent dans leur pays 
que payés, dit-on, par l’argent du roi Henri IT, qui fit assassiner, 
peu de temps après, le chef de la Ligue, l’héroïque duc de Guise. 

En 1590, des bandes de Réformés viennent de Troyes, de 


= 40: 


Wassy et d'ailleurs el attaquent le chäteau de Joinville qui, grâce 
à sa garnison et sans doute des habitants des communes voisines 
accourus à son aide, résiste viclorieusement. Mais les assaillants, 
unis aux royalistes, se replient sur la forteresse de Monteclair 
qui tombe entre leurs mains, sur Andelot qu'ils dévastent en 
19592 ; Cirey, Blaise, Trémilly tombent à leur {our en 1593. 

La famine et la peste sont les enfants naturels de la guerre ; 
or, en 199%, dit l'abbé Mathieu, les herbes des champs étaient le 
seul aliment des pauvres, le tiers des habitants de la campagne 
périt de misère. 

Il est à présumer qu'Osne eut à souffrir entre tous de ces 
luttes fratricides, de la présence et du passage des troupes enne- 
mies, de la disette et du manque de vivres enlevés par les gens 
de guerre. 

En 1596, ce sont les Croquants du Vallage, pauvres paysans, 
au nombre d'environ 1.500, qui prennent les armes pour se 
défendre contre la gent soldatesque, et qui sont taillés en pièces 
non loin d'Osne, sur le territoire d'Avrainville, par un régiment 
du roi. 


En 1577, les habitants d’Onne s'obligent à un cens nouveau 
el annuel de 100 sols, envers leur seigneur, parce qu'une partie 
de leurs usages à été essartée sans sa permission. 

En 1582, nouvel acte de foi et d'hommage de Nicolas de Saint- 
Blin, pour la portion de seigneurie qu'il a au village d'Onne. 

En 1588, nous trouvons une transaction entre Henry de Lor- 
raine, les habitants d’Onne et les dames prieure et religieuses du 
Val d'Onne, en raison de plusieurs dégâts et malversations faits 
dans les bois, que les habitants dudit Onne tiennent en propriété 
du seiwneur. Dans cette transaction, lesdits habitants et reli- 
wieuses cèdent audit seigneur Henry de Lorraine tout et tels 
droits qu’ils pourraient avoir ès bois d’'Aumont. 

En 1587, donation par Claude de Roussy, seigneur d'Origny 
et de Grandchamp en partie, à Anthoine et Mathieu de la Haye, 
d’un gagnage appelé le Haut-Boiïs et de tout ce qui lui appartient 
au village d'Onne. . 

En 1598, les habitants s'obligent à payer 36 sols 6 deniers de 


= is. 
cens, pour la permission à eux donnée de défricher, vendre ou 
partager la quantité de 30 arpens de bois de leurs usages appelés 
Cherhent. 


* 
* + 


Dans un autre ordre d'idées, c'est en 1593 que le curé Joachim 

Hosdier, comme il sera dit plus loin, fut, après procès du cha- 
Ù Î Ù Ù 

pitre de Saint-Laurent de Joinville, condamné à restituer des 
fruits de la cure indûment perçus depuis un an. 

En 1613, le 7 février, fut tué Laurent Lovs par Ienry Leclay 
de Monstreux (Montreuil). 

En 1617, le 24 janvier, est décédé Pierre Fument, qui fut 
frappé d'un coup d’arquebuse forgeant en sa forge. 

En 1620, le 10 juillet, est décédé Mengin Vouriot, qui 

, 9 D , 

demeura suspendu sur un cerisier proche du Val d’Onne. 

Ces trois derniers faits sont extraits textuellement du registre 
des décès de cette époque. 


En 1619, eut lieu au couvent du Val d'Osne un double scan- 
dale qui eut nécessairement son retentissement dans toute la 
contrée et jusqu’à Châlons et même à Paris, comme le rapporte 
le curé d’Osne, Joachim Hosdier : une prieure de mœurs trop 
libres et indigne de porter l’habit religieux et surtout de prési- 
der à la communauté, nommée Edmonne de Festard, fut dénon- 
cée, et pour se venger de ces accusations, commença par refuser 
publiquement, le jour de Pâques 31 mars, l'entrée au prieuré, 
de la procession solennelle qui se faisait chaque année, du clergé 
de la paroisse et de tous les fidèles. Puis, la nuit du 15 avril, elle 
fit assassiner, ou du moins elle est présumée avoir fait assassiner 
dans sa maison le nommé Nicolas Mourot, coupable d'avoir 
déposé contre elle, par suite d’un monitoire ecclésiastique. 
Enfin destituée par un jugement, elle s'enfuit avec un nommé 
de Jaulge. 

Sa succession dans la charge de prieure amena d’autres désor- 
dres. L'abbé de Molesme vint installer en personne Madame 
Marie de Malabarbe, mais la malheureuse fugitive avait résigné 


En 


ses fonctions en faveur de Madame Elisabeth Largentier, qui 
vint prendre possession du prieuré, escortée du lieutenant de 
Monseiwneur de Troves et du prévôt de Wassv, Ce sont les 
expressions du curé Hosdier, qui à laissé une note sur cette 
malheureuse affaire. [l ne fallut rien moins, pour régler ce 
différend, que la réunion des trois chambres de justice d'alors, 
savoir : La Grande, la Tournelle et de l’Edit. Enfin, Madame 
Marie de Malabarbe fut maintenue en possession, du moins 
pour quelque temps (fi. 


En 1626, visite épiscopale de la paroisse, ainsi relatée par 
M'e Hosdier : 

« Le 21 septembre 1626, Révérend Père en Dieu, Messire 
Henry Clausse, évèque de Chaalons, faisant ses visites sénérales, 
est venu visiter l'église d'Onne, accompagné de Mr Roger, 
archidiacre de Joinville, de deux pères Jésuites, le P. (illisible) 
el le P. (illisible), de deux récollets, le P. Cherubini et un autre, 
d'un minime, le P. Simon et le train ordinaire du seigneur 
évèque. Î a logé à la maison de la cure appartenant à Messire 
Joachim Fosdier, curé d'Onne., Le mème jour, le seigneur évèque 
a baptisé Flubert Collot. » 

En 1629, le 13 décembre, nouvelle visite du mème évèque et 
comte de Chälons, qui consacra dans l'église un autel à Notre- 
Dame. 

En 1634, le 17 août, troisième visite du même prélat, qui 
baplisa une enfant nommée Marie Mavre, fille de Didier Mavre. 
Le parrain fut Mr° Joachim Hosdier, curé d'Onne, et la marraine 
Madame Marie de Malabarbe, prieure du couvent. 


C'est en cette mème année qu'eut lieu le siège mémorable de 
Lamothe, dans lequel, pour la première fois, on se servit de 
bombes, et où le vicomte de Turenne, âgé de 23 ans, faisait ses 
premières armes à la tête d'un régiment. Cette ville lorraine, 


(1) Voir au chap. 5 la reprise des difficultés et le procès retentissant qui 
s'ensuivil. 


__ 49 — 


longtemps réputée imprenable parce que située sur un rocher 
escarpé, {int bon pendant cinq longs mois, mais à la fin fut prise 
par le maréchal de la Force. Rendue en 1641, elle fut de nou- 
veau reprise par les Français en 1645 et rasée par le maréchal 
de Villeroiï, sur l’ordre du cardinal Mazarin. Il ne reste aujour- 
d'hui que des ruines de cette ville forte, près d'Outremécourt, 
dans le canton de Bourmont. 

La France était donc à cette époque en guerre avec la Lor- 
raine, et Osne, anciennement ceinturé de forêts et fermant par 
sa forteresse une des grandes vallées qui descendent de la 
Lorraine en Champagne, avait l'honneur d’être une des clefs de 
la France. Comme tel, 1} avait même, contre les prétentions 
du duc de Guise, obtenu du roi de France l'exemption de 
fournir sa part de garnison au château de Joinville, attendu 
qu'il avait suffisamment à faire de fermer la France dans sa 
propre vallée. 

Le roi lui envoyait aussi des secours dans certaines circons- 
tances critiques, et M. Hosdier relate précisément qu'en 1635 
le régiment du marquis de Polignac tint garnison tant à Osne 
qu’à Chevillon, dont la vallée, comme celle d’Osne, sa parallèle, 
était fermée par un château-fort. 

Je trouve en 1651 un autre indice que les armées du roi four- 
nissaient un contingent au poste de douaniers d’Osne-le-Val, 
car le 16 septembre, Jacqueline-Charlotte Brigand, fille de 
Mre Claude Brigand, médecin d’Osne, fut levée des fonts 
baptismaux par Messire Jacques de Lartil, heutenant-colonel du 
régiment de Paillot. 

Malgré cette précaution de nos rois, le bourg ne fut pas tou- 
Jours le maître chez lui, car en décembre 1653, maire et curé, 
pasteur et peuple durent abandonner leur vallon et chercher un 
refuge à l’abri du château de Joinville. On lit en effet au registre 
de catholicité, à la date du 4 décembre : « Marguerite, fille de 
Mre-Collesson mayeur d'Onne et de Marie Mariette, baptisée à 
Joinville par moy soubsigné, y estant réfugié. Signé : N. Hosdier 
curé d'Onne ». | 

Mais revenons au prieuré du Val-d'Osne, que nous avons quitté 
aussitôt après sa fondation. 


CHAPITRE IV 


Biens légués au Val-d'Osne 


À peine née, cetle communauté reçoit de nouvelles largesses 
dues à la générosité des seigneurs ou des prélats de la contrée. 
M. Edouard Barthélemy, dans son important ouvrage « l’Ancien 
diocèse de Châlons », écrit du Val-d’Osne : « Le domaine cédé 
par ses premiers donateurs fut immédiatement doublé par 
Hugues de Grey, qui en abandonna la contre-partie. » 

Ne s'agirait-il pas de Hugues de Broyes, beau-fils de Geof- 
froy TITI? car aux Archives nationales il y a une charte datée 
de 1146 par laquelle Geoffroy de Joinville donne la moitié de la 
terre du monastère et Hugues en donne l’autre moitié ; et en 
1189 nous voyons une autre pièce attestant que Geoffroy de 
Joinville, sans doute Geolfroy IV, frère de Hugues de Broyes… 
M. Barthélemy aurait donc mal lu en disant Hugues de Grey. 

En 1146, Guidon, évêque de Chälons, frère du fondateur 
Geoffroy III, qui dans Pacte de fondation est qualifié d’archi- 
diacre de Langres, à la sollicitude de Girard, abbé de Molesme, 
du consentement de Geoffroy de Joinville, et de dame Félicité, 
sa femme, de Pierre, abbé de Saint-Urbain, et de ses religieux, 
accorde aux religieuses du Val-d’Osne quantité de terres incultes 
appartenant audit sire de Joinville et à l’abbaye de Saint-Urbain, 
pour être cultivées sans payer aucun droit de coutume, avec le 
droit d'usage dans les bois de ladite abbaye ; ledit sire accorde 
à l’abbave de Saint-Urbain en échange (in cancambinum) la 
moitié du pâquis. 

Cette charte vient bien à Fappui de ce que nous disions au 
commencement du chapitre IT, à savoir que ce sont les couvents 
qui ont défriché les terres et mis en honneur l’agriculture. Ces 
vastes Lerrains inculles qui peut-être aujourd’hui sont les plus 
fertiles du territoire le sont devenus grace au labeur de ces 
pauvres religieuses et de leurs colons. 


L.é 


JL 2 


En cette même année, Pierre, abbé de Saint-Urbain, régla 
un litige ou fit un arrangement (composuil litem) avec les 
religieuses du Val-d'Osne, du consentement de l’abbé Girard de 
Molesme et en présence de lévêque de Châlons. 

Vers cette même époque, donation par Béatrix, dame de 
Cirey, de lalleu qu'elle possédait au village d’'One. Cette dona- 
lion à été faite dès les premiers temps du monastère, car elle 
fut confirmée par Gui de Montaigu, qui fut évêque de Châlons 
de 1143 à 1147. 

En 1165, donation par Henry, comte palatin de Troyes, de 
8 muids de vin sur sa vigne de Rougeux et abandon des droits 
qu'il avait sur les maisons des religieuses à Bar-sur-Aube. 

En 1178 intervient un accord entre le prieuré du Val d’One 
et Geoffroy de Joinville par rapport au prez de Bugé, sis près 
de la Grange de Porcey. Geoffroy donne aux religieuses 20 sols 
de son argent et 4 brebis. 

À cette même époque, donation par un certain Euvrard de 
Grant aux mêmes religieuses d’une terre de Menoncourt, sous 
l'autorisation de Geoffroy-le-Vieux, fils de Roger « Gaufridus 
senior de Joinvillä filius Rogerz » (sans date). 

En 1187, donation par Renauld de Chevillon de # septiers 
de mouture sur le moulin de Chevillon, puis des affouages du 
bois d’Aulmont, près dudit Chevillon. Cette donation est faite 
avec l'approbation de Guidon, évêque de Châlons, au prolit ces 
dames du Val d'One. 

En 1188, une dame Vuilla de Chevillon, avec Renault son fils, 
à l’occasion de l’entrée de sa fille Isabel au couvent du Val 
d'One, fait don de terres et de diverses redevances à prendre à 
Aingoulaincourt et à Musterot (1). 

En 1189, donation par Geoffroy-le-Jeune, frère de Ilugues de 
Broyes (frère par mère seulement), au profit du couvent et des 
religieuses : 1° d’un muid de froment à prendre chacun an, au 
Jour de saint André, sur son moulin de Joinville, appelé de 
Nuisement ; 2° les vignes de Vilers ainsi que les tonneaux qui 
s'y trouvaient; 3° un home fserf), et ce pour imdemmniser les 
dites religieuses du Val-d'One de la perte du moulin de Join- 
ville qu'il a fait détruire, 


{1) Voir aux pièces justificatives III. 


\ 


— 52 — 


En cette même année 1189, donation par les Templiers de 
Ruetz de plusieurs terres au couvent (1). 

En 1195, nouvelles wénérosités faites par Geoffroy de Join- 
ville, qui donne deux fours à One et la Soignia du village. 

‘n 1201, donation de trois muids de vin sur le pressoir de 
Joinville, par Geoffroy V, car Geoffroy III est décédé en 1184 et 
Geoffroy IV en 1193. 

En 1203, donation par le même seigneur de Joinville de ses 
moulins de Nuisement. | 

En cette même année 1203, autre donation faite, à l’occasion 
de l’entrée au couvent d’une fille de Roger de Rupt, par sa mère 
Adeline, de quatre septiers de grain, tant froment qu'avoine, 
qui chaque année devront être payés par les frères d'Ecurey. 

En 1204, donation par dame Helvide de Chatonru et son fils 
Roger d’une rente de bled, moitié froment et moitié avoine, à 
prendre chacun an sur les revenus de Magneux, et payables au 
jour de saint Remy, au prolit de léglise et du couvent du Val 
d'OUne. 

En 1205, le 17 des calendes d'août, donation par les Templiers 
de Ruetz, aux religieuses du Val-d’One (acte fait in publico, in 
capitulo Valisonæ) de tout ce qu’ils possèdent sur le territoire 
d’One, à savoir dans les décimes « Onä täm magnis quäm mi- 
nimis » et quidquid habebant in vilâ quæ dicitur Erphyncors 
(probablement Effincourt), à savoir leurs terrages, leurs prez, 
leurs bois, leurs décimes, etc. 

En 1222, Simon de Joinville fait aux religieuses du Val-d’One 
une rétrocession de certaines redevances qu’elles lui avaient, à 
cause de la Grange Alard, et une donation de soixante sols de 
Provins sur les tailles d’One. 

En 1223, donation dont voici la traduction copiée textuelle- 
ment aux Archives nationales : | 

« Je Béatrix, dame de Joinville, sénéchalle de Champagne, 
« fais savoir à tous qui seront el sont que Adeline jadis femme 
« de Girard soldat de Brissei, notre sujet, à donné en aumône 
« perpétuelle à l'église Nostre-Dame du Val d'One et aux reli- 
« gieuses servantes de Dieu, pour le repos de son âme et de 
« tous ses devanciers, demi-muid de bled, mesure de Joinville, 


(1) La communauté de Ruetz était sur le territoire de Laneu-ville-à-Bayard, 
au pied de la Colline du Châtelet, entre Fontaines et Narcy. 


= qe 


« moitié froment, moitié avoine, pour chacun an, sur les ter- 
« rages de Bures qui sont mouvant de son fief, au jour de la 
« saint Remy, premier octobre rechouable, Et ce a été faict de 
« mon adveu et consentement, du fief de laquelle sont mouvants 
« lesdits terrages. Et encore de l’adveu et consentement des fils 
« de ladite Adeline, Gauthier, Regner et Geoffroy soldats. Ce 
« qu'afin qu'il soit formé et faict nous corroborons ces présentes 
« de l’authorité de nostre scel. Donné l’an du Seigneur mil deux 
« cent trente trois, au mois de may. » (Sans signature.) (1). 

En 1248, Jehan de Joinville donne aux dames religieuses du 
Val d'One sept septiers de bled, à prendre chacun an sur les 
dixmes d'One, à charge pour le couvent de faire célébrer la 
messe du Saint-Esprit pour lui Jehan de Joinville pendant sa 
vie el son anniversaire après sa mort. On ne peul douter que le 
pieux seigneur ne voulût par là attirer la bénédiction du ciel 
sur le long et périlleux voyage qu'il allait entreprendre en la 
compagnie de saint Louis. 

Au mois de juillet de la même année 1248, le même prince de 
Joinville reconnaît que Gauthier de Curel, son homme 4ige, 
donne au couvent du Val d'One deux muids de vin à prendre 
chaque année sur ses vignes d'Autigny el quatre septiers de 
grain moitié froment et moitié avoine à prendre sur les terrages 
de Bures, pour faire son anniversaire et celui de Madame Her- 
mingarde sa femme, en raison de ce que Marguerite sa fille est 
nonne au Val-d'One. Ce seigneur de Curel, du nom de Gauthier, 
va lui aussi se croiser et accompagner son suzerain le sénéchal 
de Champagne, au pays d'outre-mer, el comme le sire de Join- 
ville, il met son expédition sous la protection divine, qu'il 
implore par une pieuse fondation. 

En 1254, après son retour de Terre-Sainte, Joinville approuve 
une vente de terre faite au prieuré par dame Érmingarde de 
Bétoncourt. 

En 1256, le mème seiwneur confirme une donation de six sep- 
Liers de bled par Jehan d'Avraincourt. | 

En 1267, le 12 avril, samedy après la fête de saint Jacques, 
charte du même Jehan de Joinville, sénéchal de Champagne, 
contenant donation de 1.200 harangs sors bons et loyaur au 


(1) S. 4607. 


ee 


profit el pour la pitance des 30 religieuses du couvent de Notre- 
Dame du Val-d'One, à prendre sur la vente et péage de Join- 
ville, livrables chacun an, le lendemain du dimanche où l’on 
chante « Æsto mihi », à la charge pour lesdites religieuses de 
l'aire célébrer chaque année une messe pour le repos de l’âme de 
Gérard le Fisicien, chanoine de Saint-Paurent de Joinville, de 
la sienne, de celle d’Alix sa femme et de celle de ses ancêtres. 

A noter: 1° que le dimanche où l’on chante l’'Introït qui com- 
mence par Æslo mihi est le dimanche de la Quinquagésime, 
c’est-à-dire celui qui précède immédiatement le carème ; 2° que 
les 1.200 harengs pour les 30 religieuses, pendant la pénitence 
quadragésimale, ‘formaient une unité quotidienne pour chaque 
religieuse ; 3° que ces poissons leur étaient donnés comme 
pitance, c’est-à-dire en plus de la ration ordinaire. On sait qu’à 
cette époque les aliments maigres étaient seuls permis à tous les 
catholiques pendant les 40 jours consécutifs du carême. 

La charte condamne à deux sols par jour de retard les four- 
nisseurs qui ne livreraient pas les harengs au jour marqué. 

In 1264, le même monastère, avec l’assentiment de l'abbé de 
Molesme, fail un échange avec l'évêque de Chàlons et le sire de 
Joinville. Le couvent cède au sire des fours sis à Joinville et au 
Val (sic) et ledit sire de Joinville et l’évêque de Châlons donnent 
au couvent le droit de percevoir chaque année si muids el 
quatre sepliers de bled, moitié froment et moitié avoine, sur les 
terres de Thonnance, échange qui, comme nous le verrons, 
amènera de longs procès. 

En 1279, Joinville délivre aux religieuses un vidimus de la 
donation que leur avait faite en 1190 Aubert de Vitry, consistant 
en six sepliers de grain à prendre sur le moulin de Fronville« 

En 1293, Joinville vend aux religieuses un bois appelé Bots- 
le-Pelletier, mais il retient la justice de ce bois et moitié des 
amendes qui seront imposées aux délinquants pris dans ce bois. 

En 1303, des contestations s'étant élevées entre les religieuses 
et Philippe d'One, une sentence intervint de la part du sire de 
Joinville, seigneur suzerain des deux parties, sentence qui donne 
gain de cause aux religieuses et condamne Philippe d'One et sa 
femme Epheline à leur payer annuellement trente-deux septiers 
de grain pris sur les dixmes et terrages d'One. 

En 1304, confirmation loujours par le même Jehan de Join- 


"90 


ville de la donation faite par ses prédécesseurs de trois muids 
de vin à prendre sur les pressoirs de Joinville. 

En 1324, le mardy d’après la saint Barthelemy, donation par 
Anselme, sire de Joinville, au profit des mêmes dames du Val- 
d'One, de soixante sols de rentes à prendre sur les arpens de lx 
Quinzaine-des-Bordes dudit Joinville. 

En 1345, Ahce, prieure du Val-d'One, et son couvent cèdent 
aux abbé et couvent de Saint-Urbain deux bichets et demi de 
grain, que les religieuses avaient sur les revenus d’One, et les- 
dits abbé et religieux de Saint-Urbain donnent en échange le 
droit de terrage sur trois pièces de terre. 

in 1371, le 3 mars, reconnaissance de Henry de Bourlémont, 
seigneur de Donjeux et de Parroy, que les religieuses du Val- 
d'One avaient droit de prendre annuellement sur son moulin de 
Parroy quatorze sepliers de mouture, mesure de Joinville, et 
accord fait en conséquence pour le paiement des arrérages 
échus. 


J'ai cru bon de donner celte longue nomenclature, afin d’in- 
diquer l'origine des biens du monastère. C'est donc la générosité 
de la maison de Joinville et aussi la dot familiale de quelques 
religieuses à leur entrée au couvent. 

Malheureusement, comme nous le verrons, ces biens ne seront 
pas toujours possédés sans conteste, mais deviendront parfois 
matière à litiges. | 

‘En effet, à la date du 17 octobre 1402, nous trouvons aux 
Archives nationales une commission de Charles VI, aux Grands 
Jours de Troyes, à l'effet de contraindre Jehanne de Bourlé- 
mont à payer pour chacun an soixante-dix sols au couvent du 
Val-d’One, pour lui tenir lieu des quatorze septiers de mouture 
que ce couvent avait droit de prendre sur le moulin de Parroy ; 
puis du 8 octobre 1404 une transaction faite entre celte même 
Jehanne de Bourlémont, qui est dite dame de Donjeux et de 
Parroy, et les religieuses du Val-d'One, par laquelle transaction, 
est-il dit, pour tenir lieu au couvent du Val-d'One des quatorze 
septiers de mouture qui lui sont dus sur le moulin de Parroy, 
Jehanne dame dudit lieu s'oblige, sous l'hvpothèque de tous ses 


60 = 


biens, à payer à chacun an, le jour de Ja saint Martin d'hiver, 
au-susdit couvent, la somme de soixante sols tournois. 

Ces pièces prouvent qu’il y avait eu contestation sur la rede- 
vance et refus de payer de la part de la débitrice. 

Les intendants de la maison de Joinville n'étaient pas plus 
exacts à acquitter leurs redevances envers le prieuré, car il existe 
un Vidime par Millet, [lerbinot et Jacques de Eangres, tous 
trois notaires à Joinville, et daté du 18 septembre 1490, dans 
lequel est relaté le jugement rendu le 11 août de la même année, 
par Henri de Lorraine, évêque de Metz, d'après l'avis et délibé- 
ration des bailli, procureur, receveur el autres officiers de Join- 
ville, sur la requête présentée par les religieuses du Val-d’'One, 
au duc de Lorraine et de Bar, à fin de paiement de vingt-quatre 
sepliers de froment à prendre sur les revenus de Magneux, et de 
1.200 harengs à prendre sur la vente et péage de Joinville. Cette 
requête avait été renvoyée par le duc de Lorraine au cardinal 
évèque de Metz, son oncle, pour y faire droit. Lequel enjoint au 
receveur de Joinville de payer et délivrer pour chacun an, aux 
religieuses, sur leur simple quittance, ving et Lun septiers et 800 
harengs. 

Il y eut donc réduction ; le motif invoqué nous est inconnu ; 
peut-être était-ce la diminution du nombre des religieuses pré- 
sentes au prieuré. 

Vingt-deux ans plus tard, nouvelle requête, toujours pour le 
même objet. En effet, il y a un Vidime du 14 septembre 1512, 
par un notaire de Joinville : 

1° De la charte de donation du 7 janvier 1211, faite par 
Simon, seigneur de Joinville, de trois muids de blé, moitié fro- 
ment el avoine, à prendre par chacun an, sur les revenus de 
Magneux et payable au jour de saint Remy, au profit de l’église 
et du couvent du Val-d’'One ; 

2° De la requête des religieuses présentée à la reine de Sicile, 
dame douairière de Joinville, qui, d’après cette requête et pour 
nouvelle fondation, accorde aux religieuses du Val d'One, en 
plus des 21 sepliers de froment, 20 septiers d'avoine, qu'elle 
ordonne à son receveur de Joinville de leur payer par chacun an. 
Lesdites lettres avaient été expédiée de Bar le 9 novembre 1512. 

A noter que dans la requète la prieure s'appuie sur les ruines 
accasionnées au couvent par les guerres, 


+ de 


Le 15 février 1527, nouvelle ordonnance, cette fois de la com- 
lesse dame de Joinville, qui, sur la requête à elle présentée par 
les dames religieuses du Val d'One, enjoint à son receveur de 
Joinville de leur délivrer par chacun an 800 harengs, sur leur 
simple quittance. Lesdites requètes et ordonnances vidimées le 
12 avril 1527 par Jean Robert et Nicolas Manois, notaires à 
Joinville. 

En 1523, 1526 et 1528, plusieurs jugements furent rendus en 
leur du prieuré, contre les religieux d’Ecurey, au sujel de 
l'afouage et de l’usage des bois de la forêt de Montiers-sur-Saulx. 

En 1531, Didier Pierson, curé de Sauldron au diocèse de 
Thoul, de concert avec Jehan Donnot son neveu, laboureur à 
Sauldron, donne au couvent du Val d'Onne une maison et 
15 parcelles de terre, qui sont énumérées el indiquées dans un 
volumineux dossier des Archives nationales, à la charge pour 
les religieuses et leurs successeresses (sic) de faire chanter el 
célébrer dans leur église, une fois chaque semaine, une messe pour 
les trépassés avec vigiles à 9 leçons et Laudes ; à chaque jour de 
l’année, diverses prières, le Salve Regina, le De profundis, etc., 
devaient être récitées pour le repos de l'âme des bienfaiteurs : 
enfin, les anniversaires desdits fondateurs devaient être célébrés 
à perpétuité. Il y avait aussi la charge d'entretenir la chapelle de 
Saint Roch ; cette dernière clause sera l’objet d’un litige en 1772. 

En 1530, le 18 août, les habitants de Chevillon reconnaissent 
leurs {orts d'avoir troublé la jouissance des religieuses dans leurs 
bois et les prient d’arrèler les poursuites commencées contre 
EUX ; des lettres royales sont données aux religieuses pour les 
Maintenir en la jouissance des bois d’Aulmont et du Petit-Huot, 
Côntre les habitants de Chevillon. 


k 
# + 


| À cette époque troublée, les habitants peu <crupuleux de 
honnance-les-Moulins et surtout de Noncourt s'étaient emparés 
des immeubles du prieuré du Val-d'Osne, et de nombreux procès 
leur furent intentés en restitution. Cilons-en quelques-uns : | 
En 1536, les religieuses rentrent dans la propriété d’une vigne 
de8ag Jjournels à Thonnance-les-Moulins, lieudit Grenant ; les 
resliluants sont Jean de la Tour et damoiselle Jeanne de Robert, 


see 


seigneurs de Thonnance. Cette vigne provenait d’une ancienne 
fondation. 

în 1537, c'est François Aubert qui est contraint de rendre une 
pièce de terre au finage de Noncourt. 

in 1537, autre restitulion de Pierre Toussaint et François 
Aubert, qui se sont emparés de deux pièces de terre et de 3 jour- 
nels de vignes. | 

in 1538, c'est Nicolas Marchal‘de Menoncourt qui remet une 
pièce de terre indûment possédée. 

in 1540, le seigneur de Saillv, Didier le Doux, restitue au 
couvent 13 journaux de terre sis au bief du moulin de Noncourt. 

in 1541, restitution d'une vigne par Henry Poiresson et 
Nicolas Allan. 

Nombreuses sont les autres restitutions à Noncourt et les 
condamnations des usurpateurs de biens du prieuré à cette 
époque. Ces appropriations avaient sans doute été réalisées à la 
faveur des guerres et peut-être de l'abandon momentané du 
couvent. 

in 1541 eut lieu un jugement d’abornement de diverses terres 
appartenant au Val d'Osne, spécialement d’un champ de 4 jour- 
naux au Chesnov, d'un autre de 11 journaux au même endroit 
sur le sentier de la Landre et d’un troisième de 5 journaux situé 
à la Combe du Val d'Osne ou Combe-des-Dames. 

En 1542 fut rendue une sentence, qui se voit sur un grand 
parchemin aux Archives nationales, en faveur du couvent, ayant 
trait aux terres de la Grange-Allard et au prez de Bugle. 

Le 8 août 1557 fut rendue une sentence de la Table-de-Marbre 
donnant aux religieuses 10 arpens au bois d'Aulmont et 10 autres 
au bois du Seigneur, et selon leurs commodités les usages dans 
les bois d’Osne et de Chevillon, le droit d'affouage, de pom- 
mage, de pàturage, etc. 

En 1558 eut lieu l’abornemnent de tous les bois du Val d’Osne. 

En 1570, le #4 mars, une messe mensuelle fut fondée au prieuré 
par Mre Nicole Regnaull, en son vivant prètre résidant au 
Val-d'Osne. 

in 1577 eut lieu au couvent la réception, pour le reste de 
leur vie, de Félix le Doux, laboureur et de sa femme Françoise 
Larcher. Ces époux donnaient à la communauté leurs propriétés 
de Noncourt et devenaient sujets du prieuré et de son église, 


qu'ils s'engageaient à servir et défendre fidèlement. Le contrat 
est passé el accepté par la prieure et les religieuses dont les noms 
suivent : dame Claude du Tartre, prieure, dames Anne de Dail- 
lancourt, Guillemette de Daillancourt, Jeanne de Montarby, 
Jeanne de Colombières, Anne de Saulgière, Anne de Veelu, 
Edme de Veelu, Clerc de Eore, Adrienne de Choiseul, Philiberte 
de Prashenay, Antoinette de Saux, Claude de Saux, Madeleine 
de Roumeloy, assemblées capitulairement. 

En 1583 intervient entre Monseigneur Henry de Lorraine, les 
dames du Val-d’Osne et les habitants d'Osne et de Chevillon, un 
traité par rapport au bois d’Aulmont, les usages dans les bois 
d'Osne, les bois de la Mozangier, du coteau Josnipré et de 
Baudrays. 

Le 7 août 1587, donation au couvent de leurs biens, maisons 
el Lerres par les époux Pierre Briard. 

Le 4 août 1618 fut fait un échange entre les dames du Val- 
d'Osne et le sire des Combles, seigneur de Noncourt, qui donne 
des terres, quitte 6 livres de rentes annuelles que lesdites dames 
lui devaient et, en outre, octroie la permission de cuire en leur 
lour particulier à leurs mottriers (métayers). Le tout homologué 
par le grand prieur. 

En 1629, dans le bail fait par {es religieuses de leur ferme du 
Haut-Bois, il est exigé, après le blé, le conseigle et l’avoine, un 
boisseau de pois, un de fèves, 3 chapons, # poules, 200 œufs, 
3 livres de cire. 

En 1637, la prieure du monastère, dame Marie de Malabarbe, 
intente un procès à l’évêque de Châlons, Mgr Henry Clausse, 
pour le contraindre à payer les rentes de Thonnance, à savoir : 
41 septiers de blé et 47 d'avoine. Le prélat s'exécute et, par un 
acte du 9 juin 1637, reconnaît la redevance. 

Mais il n'en est pas de mème de son successeur, Mgr Félix 
Vialard. Un procès lui est intenté par [a mème prieure et il se 
voit condamner, en 1648, à restituer à Madame Marie de Mala- 
barbe, pour les années 1641 à 1648 inclusivement, la somme 
importante pour l'époque de 6.634 livres 8 sols 4 deniers. Aux 
Archives départementales de Châlons se trouvent les dossiers de 
Ces deux procÿs qui durent faire quelque bruit. 

* Cependant, du 12 septembre 1652, un arrêt diminue la rede- 
Yance el déclare que, désormais, l'évêque de Châlons ne sera 


00 — 


plus redevable envers les religieuses, pour ses terres de Thon- 
nance-les-Joinville, que de 38 septiers 7 boisseaux et 12 pintes 
de blé et 38 septiers 14 boisseaux et 12 pintes d'avoine, le tout 
comble pour chacun an. 

in 1711, le 14 août, Mgr de Noailles, dans un acte authentique, 
reconnait le bien fondé de cette redevance. 

Dans la Ilaute-Marne ancienne et moderne de Jolibois, nous 
trouvons l’origine des possessions des évêques de Chälons sur le 
territoire de Thonnance-les-Joinville. Voici ce que dit cet histo- 
rien sur Thonnance : « La seigneurie appartenait à l'évêché de 
Châlons et les évêques y avaient un château qu'ils ont souvent 
habité jusqu’au xvi° siècle, mais il fut brûlé par les impériaux en 
1544. On en distingue encore aujourd’hui des restes au milieu de 
constructions nouvelles. On croit que ce château avait été bàti 
au xi° siècle par les premiers seigneurs de Joinville, Cette maison 
a possédé Thonnance jusqu'au xim° siècle et, en 1218, Simon, 
frappé d'excommunication, abandonne à l'évêque tous ses droits 
sur ce domaine et sur un autre des environs, pour obtenir la 
levée de la sentence. 

En 164/ est fait un inventaire des bois du Val-d'Osne, qui se 
répartissent ainsi : 

234 arpens à la Have : 

16 arpens 14 cordes au bout du bois de la Iave ; 

39 arpens 17 cordes aboutissant au mème bois, Total 285 arpens 
31 cordes. 

Cet inventaire nous semble incomplet, car la forêt de Baudrays 
n'y est pas mentionnée, ni le bois d'Aulmont et d'autres encore. 

En 1682, dans le bail du gagnage de la Folie ou des Cordes, 
il est stipulé qu'on paiera au prieuré, en plus du bled, de l’avoine 
el du conseigle, 2 livres de cire, 100 œufs de poules et 2 chapons 
vifs el en plumes. 

En 1688, Madame de Chauviray, prieure du Val d'Osne, est 
obligée d’intenter un procès à certains cultivateurs de Menon- 
court (1) qui ont empiélé sur une terre du couvent el se sont 
approprié indüment £ journal 60 cordes, 

11) Menoncourt, désigné déjà dans la charte de fondation du Val-d’Osne, est pro- 
bablement l'ancien nom du Vieux-Noncourt, car Jolibois affirme que le prieuré du 
Val d'Osne-Charenton avait encore, à la Révolution, des propriétés au Vieux-Non- 


court. C'était anciennement un moulin. Or, précisément, dans l’acte de fondation, 
Geoffroy d'une à Menvncourt la terre et les eaux. en se réservant le droit de pêche. 


Dans une déclaration de 1692, on ht: « La maison du couvent 
du prieuré située au-dessous du village d’Osne, close et 
entourée de toutes parts, de bonnes, «eines et entierres 
murailles hautes de douze pieds, couvertes partout de thuiles, 
lesquelles il n’y à apparence aucune ni menace de ruines... 
L'enclos desdites murailles contient dix Journaux quatre 
cordes... En cet enclos sont bâtis l’église, maison et couvent 
dud. prieuré, les jardins y fattenant et la basse-cour, les mai- 
sons, granges et écuries pour un fermier et le moulin pour 
l'usage dudit prieuré. » 


209. 


CHAPITRE V 


Histoire du prieuré 


Après avoir assisté à [a fondation du monastère en 1140, à la 
formation et conservation de son patrimoine, jusqu’à la fin du 
xvu® siècle, étudions, dans les documents qui nous restent, l’his- 
toire intime de cette communauté, histoire faite d'épreuves, 
comme toute vie humaine. 


Dans les premiers temps, une grande ferveur ‘régnait dans le 
monastère ; une ancienne inscription l’appelait une école de 
verlus, « scola virtutum ». C’est ce que rapporte le Gallia chris- 
tiana. 

Vers 1180, la communauté reçut la visite d’une sainte qui Y 
vint faire un des miracles dont elle était coutumière. H s’agit de 
sainte Asceline (1), proche parente de saint Bernard. Elevée par 
sa tante sainte Adeline, abbesse du prieuré de Poulangy et 
devenue elle-même prieure du couvent des dames de Boulancourt 
sur le territoire de Longeville, par sa réputation de sainte et de 
thaumaturge, elle était connue au loin : c’est pourquoi Geoffroy, 
seigneur de Joinville, l'envoya prier humblement de venir déli- 
vrer une religieuse du Val d’One, pauvre fille tourmentée du 
démon. L'archevêque de Cologne fit la même demande pour une 
femme de son diocèse. Sainte Asceline satisfit l’un et l’autre. 

Nous plaçons a guérison de cette possédée du Val d'Osne 
entre 1180 et 1195, date de la mort de la sainte, qui arriva le 
18 mai de cette dernière année. lle n'avait que 47 ans (2). Ce 
fait miraculeux est relaté au Cartulaire de Boulancourt. 


(1) Au martyrologe romain, sa fête est placée au 23 aoùt. 


(2) Elle mourut à Boulancourt, ainsi que sa mère sainte Emeline , et toutes 
deux furent ensevelies dans le même tombeau, qui fut transféré au couvent 
des moines au xvi* siècle, lors de la destruction de la maison des Dames. On 
y renferma également le corps de Goswin, religieux qui avait écrit la vie de 
sainte Asceline. (Jolibois). Voir Des Guerrois: La Saincteté chrétienne (1632). 


re 


Plus tard, il s'éléva des difficultés entre les religieuses et les 
moines de Molesme ; elles furent résolues par des compromis ou 
concordats. Voir à la fin de ce travail un de ces traités in extenso 
de l'an 1258, qui détermine d’une manière assez explicite les 
droits de l'abbé de Molesme et du prieur du Val d'Osne. Un 
second assez semblable fut passé la inême année, pour la même 
raison, par l'entremise de Jehan, sire de Joinville. I] en existe 
deux autres, l’un de 1340 et l’autre de 1360, qui s'occupent prin- 
cipalement des droits temporels du prieur. 

Pendant le cours du xvi° siècle, les contestations furent plus 
fréquentes ; les prieurs n’en avaient plus guère que le nom; les 
religieuses faisaient gérer leurs affaires par des procureurs spé- 
ciaux, presque toujours prêtres. Enfin, en 1582, elles obtinrent 
du pape Grégoire XIT une bulle supprimant complètement la 
charge de prieur. Les religieuses eurent désormais la faculté de 
choisir pour confesseur tel prêtre qui leur conviendrait, pourvu 
qu'il fût approuvé par l'Ordinaire, c’est-à-dire de l’évêque de 
Châlons, qui était alors Mgr Louis-Antoine de Noailles. Leur 
demande favorablement accueillie, deux concordats, l’un de 
1683, l’autre du 6 décembre 1687, fixèrent les droits de cette 
nouvelle juridiction. 


Pendant les guerres des xiv° et xv° siècles, qui causèrent tant 
de désastres en France, le prieuré du Val d'Osne ne fut pas 
épargné. Sur la fin du xv® siècle, la maison était en ruines et les 
religieuses réduites au nombre de quatre. C’est ce qu'indique 
une supplique qu’elles adressèrent en 1490 au seigneur de Join- 
ville, pour réclamer le paiement d’une rente de grain qui leur 
était due à Magneux-les-Vassv. Voici le commencement de cette 
requête : « Supplient bien humblement les prieure et religieuses 
de l’esglise Nostre Dame du Valdonne, de l’ordre de Molesme, 
au nombre de quatre religieuses... » 


= Ci — 


Au commencement du xvu® siècle, la paix du monastère fut 
gravement troublée, comme nous l'avons dit. Rappelons le fait 
en quelques mots : 


En 1619, une prieure indigne, du nom de Edmonne de Festard, 
fut déposée et condamnée à une détention perpétuelle, dans le 
monastère de Notre-Dame de Saint-Dizier. Le prieuré du Val 
d'Osne faisait à cette religieuse une pension annuelle de 300 livres. 
Cependant Madame Marie de Malabarbe, de la famille de Borro- 
mée, nommée prieure au mois de mai 1619 par François de 
Montmorency, abbé de Molesme, eut à lutter contre une autre 
prieure appelée Elisabeth Largentier et nommée à la même 
époque. Des actes de 1621 et 1622 nous apprennent que cette 
dernière, plus ou moins intruse, était à la tête de la commu- 
nauté. Ce ne fut que vers 1625 ou 1626 que Marie de Malabarbe 
fut reconnue définitivement prieure par un arrêt du parlement. 


À la même époque, le monastère fut pillé et dévasté par un 
nommé Toussaint Largentier, qui fut, pour ce fait, condamné à 
payer deux mille livres aux religieuses. Etait-il parent d’Elisabeth 
Largentier ? 

Quelques semaines plus tard, le prieuré eut à supporter 
d'autres dégâts bien plus considérables. 

Si les guerres de religion du xvu® siècle couvrirent de ruines 
et de sang l'Allemagne el une partie de la France, ce fut surtout 
l'infortunée Lorraine qui fut ravagée par des bandes de pillards 
et puis décimée par une famine affreuse, où se signala l'héroïque 
charité d’un saint Vincent de Paul et de ses missionnaires. La 
politique de bascule du, fameux cardinal de Richelieu, après 
avoir lutté longuement contre les Tfuguenots, fit tout à coup 
volte-face et appela les Suédois luthériens pour combattre le 
parti catholique allemand et lorrain. Nos pays limitrophes eurent 
spécialement à souffrir de ‘cette terrible guerre de Trente Ans, 
au moins dans sa dernière période. , 

Au tome Il de l'abbé Roussel, à l’article « Chevillon », on hit: 
« Dans la première moitié du xvu° siècle, durant les guerres de 
la France avec la Lorraine, le bourg de Chevillon fut saccagé et 


ne 


LL 


ruiné. » Probablement par les mêmes Suédois qui, eomme nous 
allons le voir, saccagèrent et ruinèrent le Val d’Osne. 

Ün régiment de ces étrangers hiverna à deux reprises à Join- 
ville, dont la famille des Guises n'avait pas l’heur de plaire au 
tout puissant cardinal et était tombée en disgrâce. On ne pou- 
vait mieux faire sa cour au ministre qu’en désobligeant cette 
famille ; aussi bien les financiers et les gens de guerre ne s’en 
faisaient pas faute ; la principauté était écrasée d'impôts et les 
garnisons s’y conduisaient comme en pays ennemi. | 

Ces soldats du Nord pillèrent nos villages et tournèrent leur 
rage contre les églises et les couvents. Nous en avons une preuve 
péremptoire dans un procès-verbal qui se trouve aux Archives 
nationales. Nous ne pouvons le transcrire in extenso, vu sa lon- 
 gueur ; nous nous contenterons de le résumer, en donnant cepen- 
dant le texte des parties les plus intéressantes, qui nous feront 
connaître la construction et distribution du couvent du Val 
d'Osne. 

Dans une première pièce, Marie de Malabarbe, prieure, atteste 
que tous les bâtiments, lieux réguliers et non réguliers ont été 
ruinés et démolis par les troupes suédoises du colonel Roze, que 
tous les meubles ont été volés, ainsi que le bétail... que le cou- 
vent est inhabitable. Ladite prieure prie M. Rouyer, commissaire 
enquêteur de Joinville, de faire retirer les troupes suédoises, de 
les obliger à laisser les routes libres et de venir visiter [lui-même 
en personne les démolitions el les ruines, pour en dresser pra- 
cès-verbal. 

La minute est signée : sœur Marie de Malabarbe, Mathieu 
Bouguin, avocat, Rouyer, et datée du 23 mars 1637. 

Le 25 avril, la même prieure fait savoir au Juge el commissaire 
de justice que les troupes suédoises sont retirées dans leurs 
quartiers, que les chemins sont libres de Joinville au prieuré et 
l'invite à venir dresser son procès-verbal. 

Le même jour, les enquêteurs constatent que la porte cochère 
a été forcée el rompue à coups de hache et autres instruments... 
...« et étant entrés en la cour dudit prieuré, au devant de 
« l'église, nous a ladite dame introduits en icelle, montré et fait 
« voir au doigt et à l'œil ladite église profanée, le crucifix 
« d’icelle abattu, les images Jjetées par terre et rompues, le 
« maître-autel dégarny, le confessionnaire rompu et brisé, les 


5 


=— 06 == 


coffres el armoires où étaient les ornements de ladite église 
aussi rompus, les serrures forcées, les coffres et armoires vui- 
des, les livres de chœur de l'église tous déchirés, biffés, les 
litres et papiers dud prieuré rompus et déchirés, et ladite 
église tant à la nef qu'au chœur en très mauvais état... Puis 
visite à la sacristie dont les portes et les armoires brisées... 
pour plus de 3.000 livres d’ornements enlevés,.... Visite des 
dortoirs et lieux réguliers du prieuré.... des 18 cellules et 
chambrettes destinées aux filles religieuses, toutes les serrures 
et les portes forcées et rompues aussi avec des instruments 
tranchants et contondants.... Les chambres de l’infirmerie 
inhabitables et les meubles détruits.... Ensuite la prieure 
nous à menés au quartier d’icelle, composé de huit chambres 
à feu non compris trois ou quatre petites cellules, ... toutes 
ces chambres, leurs meubles meublants, les tapisseries, les 
fenêtres rompus, cassés, brisés.... le quartier est dans une 
grande désolation. ... A côlé des appartements de la prieure 
deux grandes armoires de neuf à dix pieds rompues ; dans ces 
armoires, nous dit la prieure, avant l’arrivée des Suédois, il y 
avait de 1000 à 1200 livres de drogues, confitures sèches et 
liquides et autres tilhisible) de religion et préparées pour les 
hôtes et les malades.... Ladite dame nous a ensuite menés 
dans une autre partie du couvent où neuf chambres à feu sur 
la cour sont toutes dans le même étal.... Puis nous avons 
vu les élables dépouillées de leurs graines, foin, paille.... 
volailles, moutons, pores, etc.... la cour du colombier dépeu- 
plée de pigeons.... le moulin ruiné et démoli tant aux 
murailles qu'aux meules.... canaux du jardin rompus.... 
réservoir dépeuplé.... Finalement étant entrés dans la cuisine 
et au réfectoire, nous avons constaté qu’il n’y avait plus de 
meubles, d'ustensiles de ménage ... les tables à faire pain, 
les bancs, scabeaux, chaises, portes et fenêtres brisés et rom- 


pus et tout plein de désolation. .,, » 


Quels furent les effets de cette enquête et de ce procès-verbal 9 


Une indemnité fut-elle versée et par qui? Qu’étaient devenues 
les religieuses pendant que ces nouveaux Vandales de Suédois 
faisaient le sac du couvent? Autant de questions qui n’ont pas 
de réponses pour nous, faute de documents. 


Ne serait-ce pas à cette époque qu'il faut faire remonter le 
meurtre d’un habitant d’Osne, rdlaté sur une ancienne croix, 
dans les champs, non loin de la Croix St-Cyr, et dont voici le 
texte latin et la traduction : 

« Ad memoriam . antiquéæ . crucis . ad honorem . Cvriaci . 
« Mourot . erectæ . anno 1700 . qui juxta vulgarem . et anti- 
« quam . traditionem . transfossus . lanceis . à barbanis 
« Croatiæ® . hic . occubuit ». 

En souvenir d’une ancienne croix érigée en l'an 1700, en 
l'honneur de Cyriaque Mourot, qui, d’après une populaire et 
ancienne tradition, est mort en cet endroit, transpercé par les 
lances des barbares de la Croatie. 


Cette inscription et la croix qui la portait datent des premiè- 
res années du siècle dernier et rappelaient une ancienne croix 
érigée en 1700. | 

A l'époque de la guerre de Trente Ans, on appelait Croates 
des troupes de cavalerie légère analogues aux hussards. Dans la 
guerre de Sept Ans, on donna le même nom à des corps francs 
d'infanterie légère, dit Bouillet dans son dictionnaire historique. 

Mais les barbares de la Croatie pourraient bien être, ce nous 
semble, les Suédois, comimnes les Alliés en 1814 portaient tous 
le nom de Cosaques dans le langage des populations affolées. 
Dans la Haute-Marne ancienne et moderne, Jolibois aflirme que 
Chaudenay fut brûlé en 1637 par les Croates. 5 


Nous avons recueilli la pierre qui porte cette inscription 
latine, dont les lettres commençaient à disparaître. La croix 
était depuis longtemps brisée en tronçons et les débris dispersés ; 
l'inscription eût subi prochainement le même sort, usée par 
la charrue. 

Une preuve de la présence des Suédois à Osne nous est encore 
fournie par la rencontre fortuite de deux médailles trouvées 
dans les terres enlevées, en décembre 1907, au bas de l'escalier 
de l’église. 


— 68 — 


Cependant il était diflicile à des religieuses de demeurer dans 
un monastère en ruines, ay milieu d’un pays occupé par des 
troupes étrangères el si peu civilisées. Le grand prieur de 
l’abbaye de Molesme leur permit de se retirer où bon leur sem- 
blerait, pendant l’espace de quatre ans, afin de donner le temps 
de relever les ruines de leur maison. La permission est du 
26 mars 1638. 

Ces dames se retirèrent à Paris, sur la paroisse Saint-Sulpice. 
C'est ce que nous apprend un mémoire du temps : « Le premier 
« décembre 1638, est-1l dit, l’oflicial de M. l’abbé de Saint- 
« Germain-des-Prez va visiler la prieure et les religieuses du 
« Val d'Onne, retirées dans une maison sise rue des Vaches, au 
« faubourg Saint-Germain, paroisse Saint-Sulpice ; et désigne 
« dans la maison un petit corps d'hotel pour dire et célébrer la 
« sainte messe, apposer Ja grille du chœur et faire les parloirs ». 
Plusieurs religieuses furent reçues dans cette nouvelle résidence 
improvisée, entre autres une sœur nommée Renée Marchant, 
dont l’acte de profession a été conservé dans le mémoire, 

Les quatre années de permission étaient à peine écoulées que 
le supérieur des sœurs, François Hutteau, moine de Molesme, 
leur ordonna de retourner au Val d'Osne. C'était le 5 juin 1642. 
Cependant il permet à la prieure, Marie de Malabarbe, et à une 
ou deux religieuses de rester à Paris afin d’y terminer quelques 
affaires. Six religieuses seulement retournèrent au Val d'Osne. 
Les guerres continuelles avaient tari les vocations ; et puis ces 
changements de résidence, cette violation nécessaire de la 
clôture ne pouvaient que nuire singulièrement à la régularité et 
à la ferveur des religieuses. Du reste, c'était l’époque de la déca- 
dence des ordres monastiques. 


Mais d’autres difficultés commençaient à surgir ; une épreuve 
plus terrible encore va assailhir cette petite communauté. 

En cette même année 1642, des accusations odieuses de 
crimes, d'’assassinat, ete., sont lancées contre la prieure, 


— 09 = 


Me Marie de Malabarbe de Borromée, qui est, par suite, déposée 
par le tribunal ecclésiastique de Reims, et sœur Angélique 
du Toc, religieuse professe du monastère de Montmartre, ordre 
de Saint Benoit, est nommée prieure du Val d'Osne par 
Messire Armand de Bourbon, prince de Conty, abbé de Molesme. 
Elle prend possession de sa charge le 22 juin et s’installe au 
prieuré le 22 août, accompagnée du prévôt des maréchaux. 
Cette installation à main armée n’était guère faite pour imposer 
de la confiance aux religieuses ; celles-ci cherchèrent à l'éloigner 
et rédigèrent contre elle un mémoire peu flatteur. 

Cependant interviennent Messires Antoine de Malabarbe et 
François de Chauviray, qui prennent pour, eux le déshonneur 
de leur parente. De là un procès interminable et très complexe, 
dont le dossier est conservé à la Bibliothèque Nationale. Essayons 
de le résumer. On y voit : 

1° Une commission de l'abbé de Molesme nommant les Pères 
Majoret et Jean Placides, religieux bénédictins, pour procéder 
à la réforme du couvent du Val d'Osne ; 

2° Des enquêtes faites par le Père Majoret, par l'oflicial de 
Châlons, par le lieutenant criminel du lieu, par l'oflicial de 
Reims, par le juge de Saint-Dizier ; 

3° Un procès-verbal du grand prieur de Molesme ; 

4° Une première sentence déclarant que ladite Angélique 
du Toc demeurera au Val d’Osne pour réformer le prieuré ; 

9° La nomination, par le grand prieur, de François Faure, 
bourgeois de Joinville, comme économe, pour gérer les deniers 
du couvent ; 

6° Une iouvélle sentence condamnant la du Toc à se retirer 
dans son couvent de Montmartre, et Marie de Malabarbe dans 
un autre couvent de Paris, d'où cette dernière ne pourra sortir 
sans la permission de la supérieure ; 

7° Un arrêt replaçant Marie de Malabarbe en sa qualité de 
prieure au Val d’'Osne ; 

8° Un arrêt de 1646 forçant les sieurs Lallement et Cham- 
pagne à sortir du prieuré ; c'étaient sans doute des antagonistes 
de la prieure ; 

S Une lettre de cachet au gouverneur du chäteau et ville de 
Joinville, nommé Vénure, pour contraindre ESS Lallement 
et Champagne à sortir ; 


ee 


10° Une lettre de 16#7 ordonnant à leur tour à M. de Chau- 
viray et à ses adhérents de quitter le couvent, el ensuite ordre 
de se saisir des clés de la maison pour empêcher les sieurs de 
Malabarbe et de Chauviray d’y rentrer. 

On peut juger, par cette série, que le couvent était dans le 
plus grand désarroi, que les laïques s’y installaient en maîtres et 
que des conflits en surgissaient. Il ne fallut rien moins que la 
force pour y mettre l’ordre et y ramener la paix. 

C'était, l’officialité de Reims qui avait condamné Marie de 
Malabarbe, c’est le grand Conseil qui réforme ce jugement et 
déclare qu'il a été « mal, nullement et abusivement procédé et 
« décrété par l’officialité de Reims ; mal, nullement et imcompé- 
« Lamment informé et décrété par le lieutenant criminel dudit 
« lieu, et en émendant et corrigeant leurs jugements, a renvoyé 
« ladite Malabarbe par devant l'officialité de l'archevêque de 
« Paris, » | 

En fin de compte, Angélique du Toc fut condamnée à 75 livres 
d'amende et M"° Marie de Malabarbe fut rendue à son cher cou- 
vent, après avoir été absoute des prétendus crimes dont on 
l’accusait. (Voir aux pièces justificatives les jugements rendus 
par l’official et par le lieutenant criminel.) 

Donnons ici, seulement à titre de curiosité, le procès-verbal 
de la pénitence publique infligée au principal dénonciateur et 
calomniateur de Mme Marie de Malabarbe : 


Dernier arrèt : 


« Cejourd'hui onzième décembre 1645 en l’audience du Grand 
« Conseil icelle tenant, a été amené par les huissiers dudit Con- 
« seil, Louis Treuilland prisonnier aux prisons du Fort-Levesque, 
« pour exécuter l'arrêt contre lui donné audit Conseil le septième 
« du présent mois, lequel Treuilland estant nud, en chemise et 
« à genoux, la corde au cou, tenant en ses mains une torche 
« ardante du poids de deux livres, conduit par l’exécuteur de la 
« Haute-Justice, après la prononciation à lui faite dudit arrêt 
« par le commis au grellfe dudit Conseil, iceluy Treuilland a fait 
« l'amende honorable à laquelle il a été condamné par ledit arrêt 
«_ el fait la déclaration portée par iceluy. Ce fait à été ramené 
« auxdites amendes auxquelles il à été condamné par ledit arrêt, 
€ Eat à Paris ledit Jour et an. Signé : Ariste. » 


ot — 


Si la calomnie était toujours expiée de cette façon, la race des 
délateurs serait moins nombreuse et plus circonspecte. 


Mme de Malabarbe, qui, en 1647, reprit la direction de sa com- 
munauté, eut, peu de temps après, la douleur de voir encore le 
monastère pillé en deux fois par les troupes lorraines et fran- 
çaises aux mois d'avril et de novembre 1652. 

Aux pillages succédèrent les inondations. Le prieuré était 
situé dans un vallon très étroit que dominent des collines 
abruptes. La fonte des neiges était toujours à redouter. Les pro- 
cès-verbaux des Archives nous apprennent que les eaux causèrent 
des dégâts considérables pendant les hivers de 1677 et 1679. 

Citons quelques extraits d'un de ces procès-verbaux : 

« Colson Nicolas mayeur en la Justice d'Osne, Anthoine 
« Regnault prestre, Nicolas Hosdier prestre et ancien curé 
« d'Osne, Messire Saguin et Demogeot curé d'Osne, Martin 
« maître maçon, à la dilisence d’'Henriette de Chauviray prieure, 
« nous nous sommes transportés le 16 janvier 1677 au couvent, 
« pour faire un procès-verbal des lieux... Nous avons constaté 
« que l'église située au pied de la montagne du septentrion.…. 
« Que diverses sources coulent dans les fondations... sources 
« sous l'autel, humidité de l’église... eaux croupissantes qui 
« causent des incommodités aux dames, des fluxions, des fai- 
« blesses, des langueurs... Les tapis, les nappes, les tentures 
« détériorées par l'humidité... Dans la cuisine, les lieux régu- 
« liers, les officines, etc., 11 y avait un pied d’eau... Au couchant 
« et au levant les murailles sont assez bien conservées, mais 
« caduques au septentrion el au midi, à cause des eaux... Dans 
« le verger el autres Jardins où nous nous somines transportés, 
« des fontaines sourcillent, les jardins sont inabordables el 
« inondés... Les murailles sont ébranlées malwré les pillers et 
« les arcs-boutants ; …. granges très en désordre... étables insa- 
« lubres et inmhabitables. 

«€ Signé: Larcher, Mogceot, Bertrand, Colson, » 


CHAPITRE NI 


Translation du prieuré à Charenton 


Le couvent du Val d’Osne ne fut probablement, faute de res- 
sources, qu'inparfaitement réparé, après les ruines amoncelées 
par les Suédois en 1637 et le pillage des troupes françaises en 
1652, car ces ruines et ce manque de ressources seront inva- 
qués, quarante ans plus lard, pour obtenir Flaulorisation au 
transfert de la communauté. 

En 1684, l’évèque de Châlons, devenu le supérieur canonique 
des religieuses, vint les visiter dans leur monastère. Pour les 
mettre à l’abri du pillage et des inondations, il leur conseilla de 
changer de résidence et d'aller s'établir à Vassy, petite ville voi- 
sine. Des leltres-patentes du mois de novembre 1692 anlorisèrent 
celte translation, mais l’état de gêne des religieuses ne leur 
permit pas de quitter alors leur vallon. Elles crurent mieux faire 
d'attendre une occasion favorable, qui ne tarda pas à se pré- 
senter. 


Nous avions entendu dire à plusieurs reprises, car c'est l’opi- 
nion traditionnelle des habitants d'Osne, que le départ des reli- 
gieuses élait dû aux inondations fréquentes qu'avait à subir leur 
maison, et surtout à la présence des vipères et même des aspics 
qui pullulaient dans leur enclos. Nous avions lu dans Jolibois, à 
l'article « Val d'Osne », que la supérieure, qui était parente du 
curé de Charenton, nommmé Véron (1), s'était plainte à lui des 
désastres fréquents, causés au monastère par la fonte des neiges, 


(1) François Véron était natif de Langres. Flevé par les Jésuites, docteur 
en théologie, possédant quelque talent oratoire, il se fit missionnaire et eut des 
conférences publiques avec les protestants. 11 lutta ensuite contre les Jansé- 
nistes dans divers écrits. JL est mort, curé de Charenton, en odeur de sainteté, 
en 1749. (Jolibois.) 


ous 


et que ce digne prêtre, désireux de voir un ordre religieux s’éta- 
blir sur sa paroisse, fit des démarches et obtint ce transfert. 

Néanmoins, ces motifs ne nous paraissaient pas suffisamment 
plausibles ; ils ne pouvaient être, à notre avis, qu'impulsifs, mais 
non déterminants, quand nous eûmes la bonne fortune de trouver 
aux Archives nationales un volumineux dossier qui nous ren- 
seigna pleinement à ce sujet. Il contient la demande motivée des 
religieuses qui, précisément, s'appuient sur la défectueuse situa- 
tion du couvent, encaissé dans une étroite vallée, où les eaux se 
précipitent dans leur propriété ; sur le mauvais état des bâti- 
ments, qui ont fort souffert des guerres de religion, et sur le 
manque de ressources pour les réparations nécessaires el 
urgentes. | 

Dans ce mème carton se trouvent l'autorisation de l'évêque de 
Châlons, dans le diocèse duquel était bâti le couvent ; l’autori- 
sation de l'archevêque de Paris, sous l'autorité duquel elles 
allaient se trouver à Charenton ; l'approbation de l’abbé de 
Molesme ; l'offre qui leur était faite, par une personne anonyme, 
de la somme énorme à cette époque de 60.000 hvres, pour la 
construction du nouveau monastère ; enfin, l'autorisation royale. 
Malgré sa longueur, nous donnerons cette dernière in extenso ; 
les détails qu'elle contient sufliront amplement à nous faire con- 
naître la question. Voici cette pièce importante et vraiment 
pieuse signée du grand roi Louis XIV. Nous respecterons l’ortho- 
graphe et le style de l’époque : 

« Translation des Religieuses du Prieuré du Val d’Osne à 
Charenton (8tre 1700). 

« Louis par la grâce de Dieu roy de France el de Navarre, à 
tous présans et avenir Salut. Nos chères et bien amées les Prieure 
el Religieuses de N. D. du Val d'Osne membre de Molesme, 
ordre de S. Benoit, au diocèse de Chaalons en Champagne Nous 
ayant très-humblement saisi, remontré, en l’année 1692, la néces- 
sité de transférer leur monastère, à cause des grandes incommo- 
dités qu'elles souffrent, par la mauvaise situation et disposition 
de ce lieu du Valdosne, Nous désirant d'en être informé plus 
particulièrement par le commissaire par Nous départv pour 
l'exécution de nos ordres en la province de Champagne, lequel 
en ayant dressé son procez-verbal et donné son avis sur la néces- 
sité de cette translation, Nous leur accordons nos lettres patentes 


À —- 


sur ce nécessaires au mois de novembre 1692, avec pouvoir de 
transférer leur monastère en la ville de Vuassy ; depuis lequel 
temps l'état de leurs finances temporelles ne leur ayant pas 
permis de profiter de la grâce, que Nous leur avions accordée, 
elles Nous ont à présan fait exposer qu’une personne de piété à 
formé le dessein de faire construire dans la place où était le 
temple de Charanton, une église ou chapelle pour + établir l'ada- 
ration continuelle et personnelle du très-S. Sacrement de l'autel, 
el en substituant ainsi l’auteur de la vérité dans le lieu méme 
où régnaient l'erreur et le mensonge, luy faire comme une répa- 
ration publique et perpétuelle des infidélitez que l'hérésie ÿ a 
commises ; voulant donner à cet effet aux suppliantes, pour s’y 
établir, un fond considérable, que la proposition en ayant été 
faite à nostre très-cher et bien amé cousin le cardinal de Noailles 
archevêque de Paris, il en avait examiné les conditions et la 
situation des lieux où était le temple et a trouvé que ce projet 
pouvait être exécuté, et même qu'il serait très-avantageux pour 
la gloire de Dieu et qu'il favoriserait celui que Nous avons tou- 
jours eu, de rétablir dans toute l'étendue de nostre royaume le 
culte de la Véritable Religion sur les ruines de l’hérésie ; ces 
considérations et la connaissance qu'il a de la piété et régularité 
des suppliantes, dont la communauté est actuellement composée 
de 32 filles de cœur et huit converses, luv à fait juger qu'elle 
croyait très-propre pour les succez d'un aussi louable dessein. El 
à cet effet leur ayant donné son consentement (sous nostre bon 
plaisir) à leur établissement dans cette place à Charanton aux 
conditions propoxées. Elles l'ont aussi obtenu de nostre très-cher 
el bien amé cousin l'évêque et comte de Chaalons pour la trans- 
lation dans le mème lieu, ce qu'il n’a fait qu'après avoir fait 
visiter et examiner [a mauvaise situation des lieux de ce monas- 
tère du Val d'Osne. Et pareillement de celuy du S° de la Roche- 
foucault abbé de Molcsme, fondé sur les mémes motfs. Elles 
Nous suppliaient avoir pour agréable leur établissement dans 
celuy de Charanton, et en leur accordant d'autres nos lettres de 
translation au lieu de celles qui leur ont été Jusqu'à présan inu- 
liles, leur permettre d'acquérir à cet effet cette place où était Île 
temple des Reliwionnaires des nouvelles catholiques, à qui Nous 
en avons ey-devant fait don, mesme les décharge des droits 
d'amortissement qui nous seraient dus pour raison de ce, 


= F5 

À ces causes désirant employer à la gloire de Dieu ce que 
Nous avons de sa grâce.et miséricorde ; après avoir fait voir à 
nostre conseil les Louves de translation dans la ville de Vuassy, 
que nous avions cy-devant accordées aux suppliantes et les avis 
et consentemens dud. S' Cardinal de Noailles, archev. de Paris 
et dud. S' évêque de Chaalons pour cette translation et établis- 
sement des suppliantes aud. lieu de Charenton. Ensemble le 
consentement dud. S' abbé de Molesme, le tout cy attaché sous 
le scel de nostre Chancellerie de nostre grâce spéciale pleine 
jouissance et authorité Royalle, Nous avons par ces présentes 
signées de nostre main accordé et octrové, accordons et 
octroyons audit Prieuré de Religieuses de Nostre Dame du 
Valdosne où elles sont encore actuellement, dans le lieu de 
Charanton ou estait cy-devant construit le Temple de la Religion 
prétendue réformée, que Nous avons fait démolir et ce au lieu 
de la ville de Vuassy où Nous leur avons cy-devant permis de 
faire leur translation par nos Louves du mois de septembre 1692, 
qui sont et demeureront nulles. À cet effet nous leur avons 
permis et permettons d'acquérir la place où était construit le 
temple de Charanton, de la commt‘ des filles nouv. cathol., 
lant la portion dont Nous leur avons cy-devant fait don que 
celle qu’elles ont acquises des administrateurs de l'Hopital 
général de nostre bonne ville de Paris, à qui Nous en avons cy- 
devant fait don, à la charge et condition par lesd. suppliantes 
d'y establir et faire à perpétuité l’adoration perpétuelle du 
T.S.S. de l'autel et de demander à Dieu par leurs prières la 
continuation de ses grâces pour nostre personne el nostre 
Royaume, spécialement le remercier de la bénédiction qu'il a 
donnée à nos entreprises pour l’extirpation de l’hérésie de nostre 
Royaume, leur permettant d'accepter toutes donations et fon- 
dations, acquérir, lenir et posséder toutes sortes de fonds et 
possessions de quelque valeur qu’elles puissent ètre, pour 
demeurer à perpéluilé remis à leur mense commune comme 
bien d’'Eglise, ne voulant que ladite place et les lieux et maisons 
qu'elles pourront acquérir el qui pourront leur être donnez ou 
léguez pour bâtir leur église et maison ensemble, les cours, 
jardins et enclos de leur monastère audit lieu de Charanton 
soient et demeurent bien et duement amortis, comme par ces 
présentes Nous les avons amortis et amortissons, pour en jouir 


ot 


par elles et leur monastère paisiblement et perpétuellement, 
sans qu'elles soient tenues en rien de leurs mains bailler homme 
vivant et confisquant n1 pour raison d’yceux nous payer aucuns 
droits de franchises nouveaux acquets ou autres pour quelque 
cause et occasion que ce soit, et à nos successeurs Royt aucune 
finance, ny indemnité, ny contribution au ban et arrière ban, 
dont nous les avons déchargées et déchargeons par ces présentes 
à perpétuité, sauf l'indemnité des autres seigneuriaux dont lesd. 
biens pourraient relever. El pour marque de nostre spéciale 
protection avons promis et promettons aux suppliantes de 
mettre sur le frontispice de lad. Eglise et de leur monastère 
l'empreinte de nos armes. St donnons en mandement à nos 
amez et féaux concernant leur gouvernance, nos cour de parle- 
ment et chambre des comptes à Paris, que ces présentes ils 
avent à faire registrer el du contenu de ycelles jouir et user 
lesd. Religieuses pleinement, paisamment el perpètuellement, 
cessant el faisant cesser lous troubles et empêchements, car tel 
est nostre bon plaisir. El afin que ce soit chose ferme et stable 
à toujours, nous avons fait mettre nostre scel à cesd. présentes. 

Donné à Fontainebleau au moys d'octobre l’an de grâce mil 
sept cents, de nostre rêgne le cinquante huitième. » 

| Signé: Louis. 
Par le rov, signé: Phelvpeaux. 


C'était en effet à Charenton, près de Paris, que les protestants 
avaient leur temple principal et leur grand consistoire. Ce 
temple fameux, qui était pour ainsi dire leur métropole, avait 
été bâti par le mimistre Claude, sur les dessins et plans de 
Jacques de Brosse, excellent architecte, en 1606, après l’édit de 
Nantes, qui autorisait le culte protestant en France. Mais en 
1685, comme chacun sait, cet édifit fut révoqué, la religion 
réformée proscrile, et l'ordre donné de détruire les temples 
protestants. 

La Révocalion de l’Edit de Nantes fut enregistrée au Parle- 
ment le malin du 22 octobre 1685 et le soir on commença à 
démolir le temple de Charenton. En cinq Jours, tout fut achevé 
el on donna les matériaux à lPhôpital de la ville. 


Peu de temps après s'installèrent en cet endroit des Nouvelles 
Catholiques. C'était une maison officiellement destinée à pro- 
curer aux Jeunes prolestantes converties une retraite salutaire 
contre les persécutions de leurs parents et contre les artifices 
des hérétiques. 

Cependant une dame pieuse, comme il est dit dans Pacte 
d'autorisation royale, eut la pensée d'élever en ce lieu un cou- 
vent dont les religieuses se voueraient à l’adoration perpétuelle 
du Saint-Sacrement. Son but était de réparer les outrages que 
l’'Eucharistie avait reçus en cet endroit. Le directeur de cette 
dame, qui était le R. P. de La Mothe, supérieur des Barnabites, 
s'en ouvrit au cardinal de Noailles, archevêque de Paris et ancien 
évêque de Châlons. Le prélat approuva et songea aux religieuses 
du Val d’Osne, à qui il avait jadis conseillé de quitter leur 
prieuré pour Wassy. 

Voici les conditions exigées par la fondatrice, qui, pendant 
sa vie, voulut garder l’anonymal, et qui était Henriette Le 
Lièvre, présidente d'Orieux : 

1° Qu'il soit fait acquisition de la place du temple de Cha- 
renton moyennant 16.000 livres ; 

2° Qu'une église ou chapelle — construite en place et que le 
devis ne dépasse pas 10.000 livres. 

3° Que ladite église soit dédiée à Dieu sous le vocable de 
Notre-Dame et de Saint Robert, premier abbé de Molesme, à 
l'instar de l’église du Val d'Osne ; que sur le frontispice soit 
placèe l’image de saint Michel terrassant et tenant le démon 
sous ses pieds, et que les armes du Roy soient gravées sur le 
portail, avec la permission de sa Majesté. 

49 Que les 34.000 livres restant des 60.000 que versait la fon- 
datrice soient placées et fassent une rente de 1.500 livres au 
profit des religieuses. 

5° Que cette rente de 1.500 livres ne puisse être saisissable 
ni aliénable. 

6° Qu'il y ait adoration perpétuelle du S. Sacrement dans la 
chapelle. Dans le cas de non exécution, la rente passerait à une 
autre communauté religieuse choisie par l’archevèque de Paris. 

1° Que certaines prières soient récitées chaque jour pour la 
bienfaitrice et pour le roy, par exemple le Sub tuum et les lita- 
nies de la Sainte Vierge. 


st 


sec 


Er ee 


8° Qu'une place convenable soit réservée dans le monastère à 
la fondatrice pour y vivre et mourir dans la retraite quand elle 
le désirera. | 

% Elle fera construire à ses frais une tribune à la chapelle, 
mais elle pourra faire certaines nominations de filles de chœur. 

10° Elle choisira fe lieu de sa sépulture dans l’église de la 
communauté, qui sera tenue de faire célébrer chaque année son 
anniversaire. 

L'acte de fondation fut ‘dressé le 2 octobre 1700. Aussitôt, les 
religieuses vinrent prendre possession de leur nouvelle demeure 
dans des bâtiments et une chapelle provisoires. La première 
messe y fut célébrée le 9 mai 1701 par l’évêque de Châlons, 
Mgr J.-B. Louis-Gaston de Noailles, frère du cardinal de Paris. 

Le 6 août de la même année, après un sermon du R. P. de 
La Mothe, le cardinal de Noailles bénit et posa la première 
pierre de la nouvelle église. Une inscription latine gravée sur 
une plaque de cuivre fut incrustée dans cette pierre. En voici 
la traduction : | 

« Par la piété de Louis XIV, roi de France, et par la générosité 
« d’uné noble dame qui, par humilité, ne veut pas être connue, 
« mais dont le nom est écrit au ciel, sur les ruines du temple 
« des Calvinistes, cette église a été élevée et dédiée au Christ, 
« sous le patronage de Notre-Dame et de Saint Robert. Ici le 
« Christ domine au milieu de ses ennemis, il y est perpétuelle- 
« ment adoré par les religieuses du Val d'Osne, en Champagne, 
« de l’ordre de Saint Benoit, récemment transférées ici, sous la 
« prieure dame Henriette de Chauviray. Louis Antoine de 
« Noailles, cardinal du titre de Sainte Marie sur Minerve, 
« archevêque de Paris, duc de Saint-Cloud, pair de France, 
« commandeur de l’ordre royal du Saint-Esprit, a béni cette 
« première pierre el l’a posée dans la fondation le six du mois 
« d'août 1701. » 

Quand l’église fut achevée, le mème prélat en fit la bénédiction 
sélennelle et y célébra la première messe le 29 mai 1703, lende- 
main de la Pentecôte. Toutefois, l'adoration perpétuelle ne com- 
mença que le jeudi saint de l’année suivante. 

Comme la place manquait pour étendre suflisamment les cons- 
tructions du monastère, les relisieuses durent acheter six petites 
maisons voisines, Ce qui ne se fît pas sans difficultés et coûta 


= 70e 


10.000 livres. D'autres travaux d'aménagement et de chemins 
sur la Marne épuisèrent encore les ressources de la communauté. 

Une fois installées dans leur monastère, les religieuses v 
demeurèrent jusqu’à la Révolution, qui vida sacrilègement les 
couvents, Leur vie de solitude, de prière et d'adoration ne parait 
avoir été interrompue par aucun fait mémorable. 


Cependant, plusieurs fondations vinrent augmenter la rente 
kissée par la première donatrice. Un vicaire de Saint-Sulpice, 
Jean-Baptiste de Momonier, leur donna, en 1724, une maison 
siluée à Paris, rue de la Cordonnerie, vers la Ilalle. Les revenus 
du prieuré de Louvergny, près de Rethel, furent attribués aux 
religieuses du Val-d'Osne à une époque indéterminée ; le premier 
bail est du 4 septembre 1756. 

Déjà avant leur transfert à Charenton elles avaient reçu, le 

9 mai 1674, une nouvelle donation de Jeanne Dubois, de 
2.000 livres, pour fondation de messes et, en 1776, de François 
Demimuid, des terres à Osne pour le même objet. 
En 1772 et 1773, les sieurs curé, syndics et habitants de la 
paroisse de Saudron, au diocèse de Toul, intentent un procès 
aux religieuses, par-devant le bailli de Joinville, au sujet de 
réparations à faire à la chapelle de saint Roch, qui est dans 
l'église paroissiale de Saudron, au côté droit du chœur, préten- 
dant que lesdites religieuses étaient tenues à l'entretien complet 
de ladite chapelle ; maïs ensuite des explications fournies par 
Me Gérardin, avocat des religieuses, craignant d’être déboutés, 
les requérants en appelèrent à M. Rouillé d'Orfeuil, intendant 
de la province et frontière de Champagne. Les religieuses pro- 
duisirent leur acte de donation de 1533, suivant lequel elles 
étaient tenues d'entretenir seulement la couverture de la chapelle 
de saint Roch et de fournir, chaque année, une quarte d'huile 
pour le luminaire de ladite chapelle. En conséquence, l'intendant 
rendit, le 5 septembre 1773, une ordonnance déboutant les sieurs 
curé, syndic et habitants de Saudron de leur demande. 


_— 80 — 


CHAPITRE VII 


Biens du couvent au XVIIÏII*° siècle 


On trouve, dans les documents du Val d'Osne, diverses décla- 
rations de biens. En voici une trouvée aux Archives de la Marne 
et datant de 1726 : 

Déclaration des biens en fonds et revenus que possèdent les 
dames, prieure, titulaires, religieuses et la communauté du 
Val d’Osne, transférées à Charenton près Paris, dans l’étendue 
du diocèse de Chaalons en pu baillage et élection de 
Joinville : 

L'ancienne maison dudit prieuré et one moulin, colom- 
bier, grange, écurie, étables et autres lieux, jardin planté d’arbres 
fruitiers, canaux et allées, le tout enclos de murailles contenant 
les terrains, dix journaux quatre cordes. 

— plus 32 fauchées ou environ de prez, compris la Varenne, 

— plus 2 journaux 8 cordes et demi de chenevière, 

— plus 196 journaux 18 cordes de terres labourables, 

— plus 8 arpens de vignes, 

— plus le droit de pèche dans le ruisseau d’Osne, de pâturage 
dans le finage et d'usage dans les bois dudit lieu, 

— plus le petit sagnage silué au finage dudit Usne, 

— plus le tiers dans les grosses dixmes et le sixième dans les 
menues dixmes d'Osne, 

— plus les cens dus audit lieu, 

— plus les redevances dans le four banal et la grange cons- 
truite à la place dudit four, 

— plus le douxième des grosses dixmes de Chevillon et le droit 
de menues dixmes dans certaines contrées dudit lieu, 

— plus l'usage dans les bois dudit Chevillon et celui de pàtu- 
rage dans le finage dudit lieu, 

— plus la ferme appelée le Haut-Bois ou Bois des Cordes, avec 
ses dépendances situées dans la paroisse de Paroy, 


= Qf —— 


— plus la ferme de la Grange Allard, située au finage de 
Montiers-sur-Saulx, le cens dudit lieu seulement, 

— plus la ferme de Menoncourt et ses dépendances, au finage 
de Noncourt et lieux circonvoisins, | 

— plus le tiers des grosses et menues dixmes de Montreuil, 
avec les prez situés audit lieu, 

— plus le tiers des grosses, menues el novalles d'Eflincourt, 

— plus les prez situés à Pensey et à Annonville, 

— plus la ferme située au finage de Saudron et ses dépendances, 

— plus les prez silués au finage de Curel, Chatonrupt, Auti- 
gny, Vecqueville et la petite chenevière située à Breuil, 

— plus un cens à Fronville, donné à bail emphitéotique du 
22 may 1688, 

— plus la ferme de Rupt-les-Joinville et ses dépendances, au 
finage dudit Joinville, | 

— plus le droit de minage dans la ville et la banlieue dudit 
Joinville, consistant en la quarante-huitième partie des grains 
qui s’y vendent, 

— plus 227 livres 10 sols 21 septiers de bled froment et 42 sep- 
Liers d'avoine, mesure de moyage, le tout par chacun an à la 
saint Martin, à prendre au receveur du fermier de la princi- 
pauté de Joinville, 

— plus 38 septiers 7 boisseaux 10 pintes de bled froment et le 
double d'avoine, mesure de la halle de Joinville, à prendre cha- 
cun an à la Saint Martin d'hiver sur les terres de Thonnance et 
de Suzannecourt dépendantes de l'évêché de Chaalons, 

— plus la ferme appelée Mallemin el sès dépendances. au 
linage de Nomécourt, 

— plus les bois dudit lieu, 

— plus les prez de Sommevoire, 

— plus les vignes situées au village de Chamouillev, 

— plus les prez de Maconcourt, 

Tous lesquels biens et dessertes déclarés, à l'exception de 
huit arpens de vignes et cent quarante-trois arpens de bois, les 
lots et ventes de la seigneurie d'Osne et les bois de Nomécourt, 
sont affermés au sieur François Didier et Anne Briard, sa femme, 
moyennant les prix et somme de quatre mille cent cinquante 
livres par année, suivant le bail passé double entre les parties 
soubsignées, le seize novembre mil sept cent vingt, pour le temps 


Si 


de neuf années qui ont commencé au premier janvier 1722 et 
finiront le dernier décembre 1730, à la réserve des trois articles 
cy-dessus énoncés, | 

cy..... 4.159 livres, 0 sol. 

Charges réelles dont les dits biens sont tenus et réparations 
réelles d’entretien : 

Les dits biens sont chargés envers les sieurs curés d'Effincourt 
et de Montreux, de deux cents livres par année pour leurs por- 
tions congrues, 

— plus les réparations d'entretien desdits bâtiments, évalua- 
lion sur la dépense des dix dernières années, montent année 
commune à la somme de 300 livres 4 sols, 

— plus lesdits biens sont chargés d’une pension viagère de 
250 livres par année, que la communauté est obligée de faire à : 
sœur Germaine Guenichon de Saint-Michel, qui avait fait pro- 
fession dans l’ancien monastère du Val d'Osne et n'a point voulu 
venir dans le nouveau monastère de Charanton, 

— plus lesdits biens ont été chargés, depuis les dix dernières 
années, de la somme de mille vingt-trois livres 15 sols de déci- 
mes, ce qui mon£e année commune à la somme de 102 livres 7 sols. 

Total des charges annuelles : 655 livres 11 sols, | 

— plus convient d'observer que la ferme appelée la Iaye 
tombe en ruines et qu'il faut incessamment la rétablir. 

Nous soussignée prieure titulaire du prieuré et monastère de 
N.-D. du Val-d'Osne, ordre de S. Benoit, transféré à Charanton, 
diocèse de Paris, el principales oflicières dudit monastère, certi- 
fions à tous qu'il appartiendra que la déclaration cy-dessus par 
nous donnée, pour salisfaire à la délibération de l’Assemblée 
générale du clergé du 12 décembre 1726, est sincère et véritable, 
et que notre communauté ne possède aucun autre bien dans le 
diocèse de Chaalons que ceux y contenus, en foy de quoi nous 
avons signé le présent acte, ce troisième juin 1729. 

Signé : S. M. F. de Chauvirey, prieure ; 
. V. GC. de Fresne, sous-prieure ; 
. L. Leclerc, discrète et célérière ; 
. M. Franzlv, discrète ; 
. C. de Bartolin, dépositaire ; 
. L. Blanchard, seconde dépositiire ; 
. C. Fourtier, secrét. du chap. 


DASBALRT 
Fosni! 


nn — 


La fortune de la communauté, avant le transfert à Charen- 
ton, était donc plus que modeste, n'en déplaise aux ennemis 
des couvents qui, aujourd'hui, comme sous l'ancien régime, 
bien haut crient aux scandaleuses ressources des religieux. 
Sans doute avec un examen superficiel, à la simple et longue 
nomenclature des biens, on croirait à un capital énorme, à 
des revenus considérables. Mais, quand on considère que ces 
quatre milliers de livres de revenus sont grevés de charges 
nombreuses et qu'ils sont les seules ressources pour l'entretien 
et la subsistance d’une quarantaine de religieuses, la plupart 
sorties de familles nobles ou bourgeoises, on se demande com- 
ment cette faible somme pouvait être suflisante. 

Mius, pour être complet, il faut avouer que dans la seconde 
moilié du xvin® siècle leurs revenus s’élaitent accrus et que les 
inventaires qui nous sont parvenus accusent en 1768 un revenu 
de 14.148 livres, en 1775 de 15.010 livres, et le dernier de 1783 
une recette de 16.754 livres. De plus, les religieuses logeaient 
des dames dans leur maison et-elles avaient de jeunes pension- 
naires, dont les pensions réunies s’élevaient à 11.750 livres. 

Le nombre des sœurs de chœur était à celte époque de 
22, et celui des sœurs converses de 12. Elles avaient deux cha- 
pelains, qu'elles se chargeaient de nourmr, de chauffer et d'en- 
tretenir. Elles occupaient, pour le service de la maison, deux 
tourières, un commissionnaire, un sacrislain, {rois jardiniers et 
trois servantes. D'après ces renseignements, 1! semblerait que 
la communauté fût dans un état prospère à la veille de la Révo- 
lution ; cependant il n'en était rien ; 11 y avait des deltes à payer 
et des réparalions à faire aux bâtiments du monastère. Le 
20 juillet 1768, M" de Laguiche, abbesse du couvent du 
Val d'Osne-Charenton, demande au ministre, secrétaire d'Etat, 
M. Berlin, un secours sur les loteries de piété, pour reconstruire 
la sacristie de la chapelle, dont le devis s'élevait à 3.103 livres 
14 sols, et l’archevèque de Paris appuie la demande. Dans sa 
supplique, M"° de Laguiche aflirme qu’en arrivant au couvent 
elle a constaté qu'il était grevé de 66.000 livres de dettes. 

Le 31 janvier 1785, nouvelle demande adressée par la supé- 
rieure, sœur Marie de Sanguin, à Mgr le baron de Breteuil, 
ministre secrétaire d'Etat, qui fit droit à la requête et accorda 
21.000 livres de secours, qui devaient être données en 7 années. 


ot — 


Il est probable que cette somine entière ne fut pas versée, car la 
Révolution approchait. 

La dernière pièce trouvée aux Archives nationales sur ce 
prieuré paraît être de la fin de 1790. C’est une plainte adressée 
au président et aux officiers du district de Vouziers, département 
des Ardennes. Les religieuses disent avoir été imposées en 1789 
et 1790 d'une manière exorbitante, pour les biens du prieuré 
de Louvergny ; d'une part, elles n’ont pas été payées entièrement 
de ce qui leur était dû pour l’année 1789, et elles n’ont rien 
reçu sur le terme de 1790 échu. Elles sollicitent donc, à {étre de 
provision alimentaire, une somme sans laquelle, disent-elles, 
elles seront exposées, sans aucune exagéralion, à périr de faim, 
n'ayant ni provisions, ni crédil auprès des fournisseurs. 

Dans les papiers de la communauté, on trouve à cette époque 
des notes et des quittances, qui prouveraient ou la gène dans 
laquelle elle se trouvait ou la négligence à payer ses fournis- 
seurs. 

Les religieuses furent même condamnées, en 1764, à payer au 
boucher de Charenton, Jean Mallet, la somine de 16.000 livres, 
pour un reliquat de fourniture de viande depuis le 1°" avril 1748. 

En 1768, une sentence les condamna à payer à un marchand 
de charbon la somme de 1.138 livres 11 sols. | 

Des reçus d’un marchand de vin sont ainsi libellés en 1788 : 
« Reçu de la prieure du Val-d’Osne-Charenton la somme de 
1.200 livres, à compte des fournitures s’élevant à la somme de 
3.040 livres ». Ces fournitures étaient quatre feuillettes de vin 
de Coulanges, du 28 août 1786; cent feuillettes de vin, le 10 
mai 1787, à 80 livres le muid ; et le 11 mai 1787, deux feuillettes 
de vin blanc, à 80 livres le muid. 

En 1789 : « Je soussigné reconnais avoir reçu, de Madame de 
Saint-André, dépositaire de l’abbaye royale du Val-d'Osne de 
Charenton, la somme de 813 livres 6 sols 8 deniers, pour le 2° 
paiement de ce que ces dames me doivent ». 


D'une déclaration des biens du prieuré à Effincourt et Mon- 
treuil, délachons quelques lignes, à titre de curiosité : 
« ..... Quand le curé d'Effincourt prend sa pension le 


= N°9 == 


Prieuré à le thiers des dixmes dans les terres labourables cy- 
äprés désignées. . ... | 

€ Appartient audit prieuré, quand le curé prend la portion 
Congrue, le thiers des prez cy-après dénommés.... 

« Quand le s' curé ne prend pas la pension, les décimateurs 
lui donnent 44 livres, trois septiers de bled et un gæptier d’a- 
Voine pour Effincourt, à prendre sur les A Ne du 
lieu... 

« À Montreuil appartient au prieuré le thiers des grosses et 
menues dixmes, et même avant aucun autre partage, 1l est en 
possession de prendre, dans tout le finage, le thiers des pois, 
bisailles el navettes, partageant le reste avec les décimateurs. 

« ,..... Les deux thiers des dixmes du chanvre dans les trois 
contrées suivantes, .... 

« Quand le s' curé ne prend pas sa pension, les décimateurs 
lui donnent 10 livres en argent, un «septier de bled et un d’a- 
voine, avec les dixmes des novalles, excepté les terres défrichées 
depuis 1686 qui appartiennent nuement au curé. 

« Quand le s' curé prend la portion congrue, le couvent à le 
thiers des dixmes dans un grand nombre de terres qui sont spé- 
ciliées dans l’acte. 

« Signé à Eflincourt, le 10 may 1712. C. Collin, curé d'EMfin- 
court et de Montreuil son annexe. » | 


* 
La + 


Le 13 février 1790, les portes des monastères sont ouvertes, 
les vœux monastiques abolis, les religieux jelés aux quatre 
vents de l'exil et leurs biens confisqués au profit de l'Etat. C’est 
ainsi que les biens du ci-devant prieuré du Val d'Osne furent 
vendus aux enchères publiques. 

Nous avons pu trouver aux Archives départementales de la 
Iaute-Marne les procès-verbaux de la vente des immeubles 
d'Osne, dont nous allons reproduire les dates, les noms des 
acquéreurs et les prix d'acquisition, en faisant remarquer que la 
monnaie de paiement devait être, ce nous semble, les fameux 
assignats, presque aussitôt dépréciés qu'émis ; autrement nous 
ne nous expliquerions pas les prix énormes de certaines pro- 
priétés : 


_— 6 — 


« Le 15 mars 1791. — Redevance annuelle et perpétuelle de 
la somme de 120 livres faisant partie du ci-devant prieuré du 
Val-d'Osne, assise sur une pièce de Lerre de vingt Journaux ou 
environ, située sur le finage d’Osne-le-Val, appelée le Champ 
de la Bergerie, joignant d’une part au midi le ruisseau, d'autre 
au nord les vignes de la Côte-des-Genièvres, d’un bout au levant 
la Combe du Val-de-la-Grange et le mur du Val d'Osne jusqu’au 
ruisseau, d'autre au couchant sur le chemin de la vallée de Beur- 
tonval, dont la première année à échoir au {*" octobre 1784. A 
été adjugée au sieur Nicolas Baudot de Jomville, moyennant 
1.600 livres et les charges. 


_« Le 23 mars 1791. — L'ancien couvent du Val d'Osne, situé 
à un quart de lieue du village, dans la même vallée, faisant 
partie des biens de la ci-devant maison de Charenton, contenant, 
non compris la première cour, le bâtiment à droite de la prin- 
Cipale entrée, chambre à four à gauche, grange, écurie et petit 
jardin, le tout laissé au sous-fermier. Enclos fort vaste fermé de 
murs, traversé du levant au couchant par le ruisseau et saigné 
en différents endroits par des fossés, des pelits ruisseaux, rece- 
vail les eaux d’une fontaine avant source dans linlérieur du 
-couvent. Qui comprend, en outre de celle du sous-fermier, une 
grange el écuries, ensuite un petit carré de pelouse servant de 
passage et de dégagement à une porterie ; une deuxième cour 
renfermant un réservoir circulaire revêtu en pierres de taille. A 
droite de la porterie, de mauvais poulaillers avec un petit hallier 
attenant. Ce dernier, nous a-t-on dit, à élé construit par le fer- 
nier général et doivent lui appartenir les matériaux. À gauche 
de la cour est un pavillon où sont pratiquées des écuries, ainsi 
que celui en retour vers la vinée qui renferme un pelil pressoir. 
En outre un principal bâtiment faisant corps de logis, composé 
au rez-de-chaussée, d'une grande cuisine, de l'ancien réfectoire, 
d'un passage, cellier el caves voûtées, plusieurs grandes cham- 
bres au premier étage, grenier régnant sur le tout. 


« La chapelle isolée, construite dans la partie supérieure du 
clos; un colombier circulaire à droite de Ia deuxième cour. 
Dans le verger, vers les ruines de l’ancien moulin, est un jardin 
potager, le tout compris dans l'enceinte des murs de clôture el 
en très médiocre état, 


En vie 


« Les dits bâtiments, cours, jardins polagers, vergers, réser- 
Voir, fossés, canaux, arbres, etc., sont estimés, avec droits, 
aisances el dépendances, en fonds et entière propriélé la somme 
de 7.200 livres. | 

« Grande vigne en face de la partie supérieure de l’enclos, 
Cent Journées dont vingt en friche, estimée 9.600 livres. » 

Il faut croire que les bâtiments étaient en bien mauvais état, 
Pour avoir si peu de valeur. 

Or le 5 juillet 1791, cinq hommes d’Osne se sont en commun 
rendus acquéreurs du couvent el de ses biens, près du Direc- 
loire, du district de Joinville, comme on le voit par un acte 
notarié dont voici la teneur : 

« Par acte passé devant M° Hanin et son confrère, notaires à 
Joinville, le 16 novembre 1791, enregistré aud. Joinville le 18, 
il appert de l’ancien couvent du Val d'Osne, de la grosse ferme 
en dépendant, de la grande vigne contenant environ 80 jour- 
nées et 20 Journées en friche, d'une autre vigne appelée la 
Manchotte, contenant environ lrois journées, d’une autre vigne 
en la contrée de la Grève, contenant environ deux journées dé- 
pendant également dud. couvent, d'environ soixante cordes de 
prez heudit Ladeue, faisant ci-devant partie des revenus de la 
cure, d’un autre gagnage ci-devant appartenant aux dames ursu- 
lines de Joinville, de tous lesquels objets sis aud. Osne, Louis 
Regnault le jeune, Réné Guillemin, Claude Demogeot, Cyriac 
et Joseph Chutin, négociants, demeurant aud. Osne, se sont 
rendus adjudicataires le cinq juillet dernier, devant MM. les 
administrateurs du Directoire du district de Joinville, moyen- 
nant 42.685 livres, el sous les autres charges portées aux procès- 
verbaux d’adjudication dud. jour cinq juillet dernier ; il en à 
été revendu cinquante soixante-douzièmes parties par lesd. 
Louis Regnault le jeune, Réné Guillemin et Cyriac Chutin, 
ce dernier se portant fort pour led. Joseph Chutin, savoir un 
soixante-douzième à Claude Renaut, vigneron, elc., pour, par 
les acquéreurs en jouir de la manière et ainsi qu'en avaient le 
droit les vendeurs, à la charge d’acquitter et payer solidairement 
à leur décharge auprès du trésorier dud. distriet, ainsi que Îles, 
vendeurs sont engagés, cinquante soixante-douzièmes du prix 
desd, adjudications et d'exécuter les autres conditions, jusqu’à 
Concurrence du droit et des portions, que lesd. sous-acquéreurs 


LAN 


y ont, au moyen de lad. revente et de manière que les adjudica- 
aires ne puissent être inquiétés ni recherchés pour lesd. cin- 
quante soixante-douzièmes parties, les autres vingt-deux soi- 
xante-douzièmes étant réservés el appartenant, savoir dix-neuf 
aud. Louis Renaut le jeune, un aud. Claude Demogeot, un aud. 
Cyriac Chutm, et le dernier à Joseph Chutin, qui ont signé, 
ainsi que les autres à la minute dud. acte demeuré aud. 
Me Hanim. « Pour extrait : signé : Ilamin. » | 

Peu de temps après, ces biens ont été revendus en détail : des 
cauchemars hantaient sans doute leurs premiers acquéreurs. En 
effet ,nous trouvons aux Archives de Chaumont les ventessuivantes: 


1° Le 5 nivose an LIL. 


15 cordes de terres adjugées, à Demogeot, pour . 100 livres 
1 journal au lieudit Le [ervé, à Regnault , . 132 — 
{ Journal à la Grande-V'igne, à Cvriaque Beuret. A5 — 

25 cordes à Pierre Demogeol  .  . . . . . 2,056 — 

40 cordes à Trochonval, à Etienne Bardel.  . . 340 — 
4 quartiers à Regnault .  . . . . . . ,. 1.150 — 
À quartiers à Martin. . . . ». “a 465  — 
5 quarliers à la Combe Blondel, à D rançois Mourol 110 — 
3 quartiers à François Mourot. ,. . . . . 165 — 

30 cordes près de la Marre, à Cyriaque Thomas , 600 — 

27 cordes près de la Marre, à Demogeot . . . 209  — 
9 quarliers dessus Chiva, à Coquart . . . . 166 — 
1 journal à la Héva, à Regnault . . . . . 139 — 
1 journal à la Iléva, à Martino  . . . . . 2,000 — 
Î quartier au Lait, à Regnault. . . . 805 — 
1 quartier à la Neuve Cherhent, à Claude V dl. 1205 — 
ÎÏ quartier à la Neuve Cherhent, à Guillemin. . 675 — 

25 cordes à la Saison Cherhent, à Hubert d'Epizon. 1.150 — 

30 cordes âux Prères, à Charles... . . . 309 — 


2 Le 19 pluviose an LIT. 


, 1 journal à la Combe Jean-Povrel, à ITondier . 210 hvres 
3 cordes de chenevière aux Côtes, à Claude Viard 1.000 — 
» cordes de chenevière aux Côtes, au même . 1.690 — 
{quartier à la Grand’ Vigne, à Hubert d'Epizon 100 — 


__ 89 — 


40 cordes de chenevière, à Tharasse .  .  . . 15.000 — 
50 cordes à la Combe Jean Poyrel, à Mourot. . 203 — 


3° Le 28 Thermidor an III. 


15 cordes de prez à l'Epinette, à Chutin . : . 9.075 livres 
1 journal à la Combe Jean Poyrel, à Viard. . 250 — 
1 journal à la Héva, à Buret . . . . . . 4.425 — 
25 cordes à la Grand'Vigne, à Demogeot. . . 625 — 
5 quartiers à la Grand'Vigne, à Hanin . . . 300  — 
journal à la Neuve Cherhent, à Viard,.  . . 9.000 — 
1 journal à la Neuve Cherhent, à Chutin . . 4.000  — 
1 quartier au Lait, à Viard  . . . . . . 1.800  — 
90 cordes à la Combe Jean Povrel, à Coquard . 300 — 


4 Le 11 brumaire an IV. 


5 cordes à la Combe Jean Povrel, à Thomas . 400 livres 
Total des biens ev-dessus indiqués .  .  . . 52.167 — 


Quant au couvent et à l’enclos que nous avons vus plus haut 
estimés en 1791, à un prix dérisoire, nous ignorons la somme 
qu'ils ont produite. Nous savons seulement qu'ils furent vendus 
ou échangés à M. François Le Gendre, curé d’Osne, contre des 
immeubles qu'il possédait sur le finage, et qu'il les revendit à 
Cyriaque Martin, le 1°" thermidor an VIIT (20 juillet 1800), 
moyennant la somme de 12.000 francs. Voici du reste en témoi- 
gnage [a pièce que nous possédons : 

« Nous soussiwnés cohéritiers de feu François Le Gendre, 
reconnaissons que le citoyen Martin du Val d’Osne, à aujour- 
d'hui fait compte à la succession dudit Le Gendre de la somme 
de 12.000 francs, faisant le prix principal de la propriété du 
Val d'Osne, qui lui à été vendue par ledit feu François Le 
Gendre, par acte sous signature privée, en date du premier ther- 
midor an VIT: plus reçu dudit Martin, Lous les intérêts des 
dis douze mille franes, échus jusqu’à ce jour, dont quittance 
pour solde. A Osne le Val, ce treize nivose à n X, » 


Suivent 13 signatures dont plusieurs illisibles. 


Aujourd'hui la ville de Charenton forme deux paroisses, l’une 
qui porte le nom de Charenton et l’autre celui de Saint-Maurice. 
Ur c’est sur cette dernière que se trouvait le couvent du Val 
d’Osne. qui disparut entièrement. C'est à peine si une petite 
tourelle et une rue portant le nom du Val d'Osne rappellent 
l'emplacement du célèbre prieuré. 


= te 


CHAPITRE VIII 


Règle du Val-d’Osne Charenton 


Les sœurs du Val d'Osne suivaient la règle de saint Benoit, 
mais avec des mitigations introduites par l'usage. Sur la fin du 
xvu” siècle, elles vivaient dans une grande régularité, mais ce 
n'est qu'à partir de leur entrée dans le monastère de Charenton, 
qu'elles furent entièrement soumises à une discipline régulière. 
Voici quelques extraits de leurs constitutions, ils nous donne- 
ron( une idée de leur manière de vivre : 

_ La clôture est perpétuelle ; les sœurs ne peuvent Jamais sortir 
de l'enclos du monastère, pour quelque peu de temps et sous 
prétexte que ce puisse ètre. 

Le silence est presque continuel. 

Les sœurs prendront la discipline le soir après les complies, 
pendant le temps d’un miserere, lous les vendredis de l’année, 
les veilles de fète de {"° et de 2° classe solennelle, le mardi de la 
Quinquagésnme, le mercredi, le jeudi et le vendredi saints. 

Les aliments gras ne leur sont permis que les dimanches, les 
mardis et les jeudis, et encore pas en Avent, ni depuis la Sep- 
luagésime Jusqu'à Pâques. 

Le jeûne est obligatoire tout l'Avent et le Carème, aux vigiles 
ainsi qu'aux Quatretemps de droit commun, et en plus tous les 
mercredis et vendredis de l'année, et aux veïlles des sept princi- 
pales fètes de la Sainte Vicrge. * 

Les Jours de jeûne, la collation se composera de trois onces 
de pain, avec quelques fruits cuits ou crus. 

in Loul temps, les religieuses ne font que deux repas. 

Le lever est à # heures depuis Pâques au 14 septembre, Île 
reste de l’année à 4 heures et demie. 

Le vœu de pauvreté est des plus strictement observés. Les 
oMicières exeeplées, aucune des sœurs ne doit garder quelque 
argent. Toutes choses sont communes dans la maison et jamais 


— 92 — 


personne ne dira : « Ceci ou cela est à moi, mais cela est à 
nous. » 

Toutes les religieuses professes sont obligées de réciter l'of- 
lice canoniale. 

L’Adoralion perpétuelle du Très Saint-Sacrement est d'une 
obligation indispensable pour la communauté, en vertu de son 
élablissement en ce lieu de Charenton; de sorte qu'il n’est 
permis à aucune religieuse, sous prélexte que ce puisse être, 
directement ni indirectement, par soi-même ou par autrui, de 
demander, proposer, ou procurer quelque relâchement ou dimi- 
nution de cet engagement. 

Chaque religieuse fera son heure d’adoration selon l'ordre et 
le temps ordonnés par la mère prieure. 

Les sœurs se succéderont les unes aux autres, en sorte que le 
Saint-Sacrement ne soit jamais un moment sans recevoir les 
humbles hommages de quelqu'une d'elles. 

L'adoralion est perpétuelle, mais non l'exposition du Saimt- 
Sacrement, qui n’a lieu que les jeudis, les dimanches et les fêtes. 

La coulpe des fautes extérieures se fait régulièrement. Les 
châtiments infligés peuvent être le jeûne au pain et à l’eau, les 
disciplines, la privation de voix active et passive, l’enlèvement 
du voile, la prison temporelle ou perpétuelle dans la chambre- 
fort. Mais, est-il besoin de le dire? ces pénitences n'étaient 
infligées que pour des fautes graves et scandaleuses, 

La lectrice du réfectoire change chaque jour, les cuisinières 
chaque semaine. | 

Le chœur de l’église est entouré d’une haute grille couverte 
d'étoffe. Le cloître du parloir est à double grille. Ne pourront 
voir les religieuses au parloir que leurs plus proches parents; il 
y aura toujours dans ces visites au parloir une auditrice, el les 
visHes ne pourront se prolonger au-delà d’une demi-heure. 

Les hôtes sont reçus dans des bâtiments séparés de la commu- 
nauté. 

Voici le costume des religieuses : Chemise de serge blanche, 
(unique minime et par-dessus une robe noire dont les manches 
auront de tour une demi-aune de France et seront longues 
jusqu’au bout des doigts. Cette robe descendra jusqu’à fleur de 
lerre, sans trainer, le Lout sans façon ni ajustement. Cemture 
de cuir ou de laine brune. Sur le voile un scapulaire de mème 


— 93 — 


étolfe el de mème longueur que la robe. Jour et nuit sur le 
scapulaire sera attachée la figure du Saint-Sacrement en cuivre 
doré ou autre métal. Les cheveux seront toujours coupés, un 
bandeau couvrira les sourcils ; on aura aussi une guimpe de toile 
épaisse sans empois ni façon. Le voile sera de toile noire, les 
bas de laine blanche et en été de fil ou de toile. 

Les sœurs ne quitteront point leurs vêtements pour prendre 
leur repos. . 

A chaque heure du jour et de la nuit, on sonnait la cloche afin 
que chaque sœur püt dire : « Loué et héni à jamais le T'rès- 
Saint-Sacrement de l’Autel. » 

Sont exigées deux années de probation ou de noviciat, et les 
trois premières années de profession se passent encore sous la 
direction de la maîtresse des novices. 

On ne devait pas recevoir de postulante qui ne fût née de 
légitime mariage, ou qui fût infectée de maladie incurable, 
comme punaisie, épilepsie, lèpre, écrouelles et autres qui pour- 
raient se gagner, ni de personne qui fût par trop contrefaite. 

Si les novices ne remplissent les conditions et les qualités 
exigées pour la profession, il ÿ a halloture et plusieurs si besoin 
est (1). | 


Donnons encore la liste des prieures connues, prise en partie 
dans le Gallia chrisliana, que nous complétons : 


1, Lucie, en 1232. 

2, Ysabeau, en 1258. 

3. Elisabeth de Varnécourt, 1307. 
4, Alix I, morte en 1331. 

5. Alixendis de Sommermont, 1343. 
6. Alix I] de Nanteuil, 1413. 

7. Guillelme fre de Villière, 1441. 
8. [dotte de Nice, 1460. 

9. Anne de Juillit, 1479. 


* 


(1) Ces extraits sont tirés des Constitutions des bénédictines de l'adoration 
perpétuelle du Saint-Sacrement, et de la Règle du bienheureux père Saint 
Benoit, avec les Constitutions du prieuré de Notre-Dame du Val-d'Osne, établi 
a Charenton, etc. 


— 94 — 


10. Jehanne F"° de Saint-Jean, 1905. 
11. Jchanne II du Tartre, 1520. 
12. Claude du Tartre, 1540. 
13. Guillehme II de Grant de Briaucourt, 1594. 
14, Edimonde Testard, 1599. 
15. Elisabeth Largentier, 1619. 
16. Marie de Malabarbe de Borromée, 1629-1642, 
17. Angélique du Toc, 1642-1616. 
Marie de Malabarbe redevient prieure en 1646 jusqu'à sa 
démission, en 1661. 
18. Marie-Ilenriette de Chauviray, 1661-1711. 
19, Marie-Thérèse de Chauviray, 1711-1740. 
20. Madame de la Guiche, 1740. 
21, Marie-Anne-Adélaïde de Sanguin, 1790. 


Peut-être ne seriut-1l pas sans intérét d'ajouter des listes de 
relirieuses trouvées dans des actes officiels. ln voici quelques- 
unes : 

‘n 1745, 

Madame Tlenriette-Thérèse de Chauvirav, prieure litulaire. 
Dines Anne-Françoise Étienne, sous-prieure. 
Marie-Angélique de la Bruyère. 

Marie-Marguerite Aubry. 
Miuie-Magdeleine ToleL. 
Geneviève-Charlotte Néant. 
Marie-Anne Cau. 

Marie Belin. 

Louise Pochet. 
Marie-Marguerite Carlant. 
Marie-Thérèse Lustin. 
Claude-Louise Blanchard. 
Claude-Françoise de Combes. 
Louise de Bellande. 
Catherine-Marguerite de Montpellier. 
Marie-Anne Belin. 
Marie-Anne Rousseau. 
Marie-Thérèse Namptier. 


0 


Elisabeth-Françoise Etienne. 
Marie-Anne de Conne. 
Marie-Madelenie Ballier. 
Geneviève-lilisabeth Villetard. 
Marie-Honorce Caudet. 

Marie de Montpellier. 
Anne-Françoise Girard, 
Claude-Marie Girard. 
Marie-Anne Aubouin. 
Elisabeth Bréau. 


Geneviève Le Mare. 
[] 


Sous la direction de Madame de Sanguin, dernière prieure, le 
chapitre élait ainsi composé : 


Révérendes dames Marie-Anne-Adélaïde de Sañguin, prieure. 
Marie-Madeleine Balier, sous-prieure. | 
Annc-Jeanne Pasquier, dovenne. 

Maric-ITenriette Chastel, discrète. 
Geneviève le Maire, discrète. 
Françoise-Louise Bimont. 
Marguerite Bocquillon, célérière. 
Marie-Madeleine-Cécile Pasquier, dépositaire. 
Madeleine-Charlotte Joubert. 
Marie-Madeleine Leblond. 
Anne-Françoise Péronne. 
Marie-Anne Paulet. 
Marie-Marguerite Pimot. 
Suzanne Cadine. 

Et Marie-Madeleine Sanewon, secrétaire du chapitre. 


Une mention spéciale doit être faite de Madame Marie-[ler- 
rictte de Chauviray, qui dès son bas âge était au couvent en 
qualité d'élève, devint professe très Jeune, et enfin supérieure à 
22 ans. La nouvelle prieure ramena la ferveur, remit la règle en 
vigueur, interdit de sortir de la clôture et donna elle-même 
l'exemple. Klle était aidée des conseils du R. P. de Breux, et fut 
49 ans prieure émérite, vraic réformatrice de son couvent. Elle 


— 96 — 


s'endormit dans le Seigneur pleine de mérites, âgée d'environ 
73 ans, le 16 avril 1714. Elle avait abdiqué en 1711 en faveur de 
sa nièce Thérèse de Chauviray, qui gouverne Jusqu'en 1740. 
C'est sous la direction de Madame Henriette de Chauviray 
qu’eut lieu la translation du Val d'Osne à Charenton. 


Rencontrés aussi quelques rares noms de prètres prieurs du 
Val d'Osne ; les voici : 

Robert, qui signe en qualité de témoin l'acte de fondation €t 
qui est ainsi indiqué « Robertus primus prior supra dictarum 
monialium », premier prieur des religieuses. 

Barthelemy est témoin avec le même qualificatif de prieur, 
dans une donation de 1188. 


Nicole Regnauld où Regnauldin, dans une fondation qu'il 
fait en 1570, est qualifié de « prestre vivant au Val d'Onne. » 
Etait-il prieur? | 

Mre Loys Sarre, prestre desservant au Val d'Onne, fut parrain 
en 1633, avec Madame de Chauviravy pour marraine. 

Charles Collin paraît avec le titre de chapelain du Val 
d'Osne, aux obsèques du curé Demogeot, le 17 septembre 1700. 


Pour terminer cette étude du prieuré du Val d'Osne, nous 
dirons encore quelques mots des deux seules reliques du couvent 
conservées dans la paroisse, un livre et un couvercle de sarco- 
phage avec inscription. 

Le livre, qui est en ma possession, est solidement relié en cuir, 
il mesure 0.14 X 0.105 et se compose de 252 pages écrites à la 
main. ]l a pour titre : « Le Véritable Esprit des Religreuses 
Adoratrices Perpétuelles du Très Saint-Sacrement de l’Autel ». 

C'est un ouvrage de haute mysticité ; la supérieure y parle à 
ses religieuses. 

Il ne possède pas de date ni de signature, et le nom d'une 
religieuse, sœur S. Bruno, qui se trouve sur le premier feuillet, 
ne me semble pas écrit de la main ni être celui de l’auteur. Je 


0 — 


ne serais pas étonné qu'il eûl été composé par la prieure 

[lenrielte de Chauviray, aidée par Je P. de Breux. 

Le stvle, l'orthographe, les abréviations et suppressions de 
Consonnes doubles dénotent la fin du xvn® siècle ou le commen- 
cement du xvine. Le titre el le contexte donnent à penser qu'il à 
été écrit pour la communauté de Charenton el non pour le Val 
d'Osne, car il n’est parlé que du nouvel Institut des Religieuses 
ädoratrices perpétuelles du Saint-Sacrement, lilre et fonction 
que n'avaient pas les bénédic- 
lines du Val d’Osne. Mais'il à 
pu être rédigé avant leur trans- 
lert et n'être du reste qu'une 
copie ; le manque de ratures 
me parail donner créance à 
cette dernière hypothèse. 

Nous n'v AvOns pas reconnu 
l'erreur des moyvsticistes de 
l'époque, nous entendons Île 
jansénisme qui fit tant de mal 
en France et dont ne s'étaient 
pas garantis les meilleurs pré- 


res de nos contrées. 


Le second objet, venant du 
Val d'OMme, ou le couvercle du 
sarcophage, se trouve dans le 
jdin de l'hospice d’Osne. On 
v voil l'eflisie en relief d’une 
religieuse endormie, ce qui à 
lat croire à une statue de la 
Vierge. Aussi bien l'a-t-on solt- 
lement redressée el encastrée 
dans une niche ; et lorsque 
l'hospice abritait une école en- 
fantine, les bonnes et naïves 
inslitutrices faisaient prier à genoux leurs petits enfants au pied 
de cette prétendue madone. 


__ 98 — 

L'erreur grossière subsista chez tous les habitants qui ne 
l'appelent que la Vicrge du Val d'Osne, jusqu'en 1905, 
où 1l me fut donné de l’approcher. La pierre tombale mesure 
190 X 0.55, et l'effigie 175 de longueur sur 0"18 de relief. 
Sous la tête, formant pour ainsi dire coussin, la pierre a un 
relief rectangulaire de 0.27 X 0.55, qui contient une curieuse 
inscription. Les lettres qui la composent se trouvent dans la 
situation actuelle les pieds en haut, car l'épitaphe devait être 
lue de la tête el non du pied du sarcophage. De là l'erreur qui 
faisait considérer cette inscription comme illisible el même 


hiéroglyphique. 


COVLAPRVDEREVGEOURASO 

VIRACOGALERSNO bICSISSIP 
DSSPOSVIGOVICOVISIRORBEF 
VIS OOERIGOFLERDEFEBRIS 
FIRERALERDE ADOVARVORY 
NFIGROSARRALNGV : FRACGOF 
AGACOLORIAUS bOCCRV DEL 

ASOLO: ERIPVE 


Nous avons pt cependant et non sans effort la déchiffrer. 
C'est de la suite ininterrompue des caractères que provient la 


00 > 


difficulté pour la division des mots. D'après nos faibles connais- 
sances paléographiques, nous la plaçons à la fin du xu° siècle. 
Peut-être serait-elle l'inscription funéraire de la première 
prieure du couvent. 

Voici la forme el la disposition des lettres. Ce sont des vers 
latins de l'époque, avec rimes genre français, qui ne nous 
paraissent pas dénués d’une certaine poésie : 

La voici maintenant en caractères modernes, avec ses abré- 
viations comme nous l'avons comprise : 


Emula prudentu 
Geminasque virago lalentum 
Ilic sita poslposuit 
Quicquid in orbe fuit. 
O merilo flende 
Februis n fine Kalende 
Ad quarum nulu 
Fil rosa nra lulu 
Fraclo fala colo 
Nimis hoc crudelia solo 

eripue 

ssayons une traduction : 

« Elle fut l’émule des vierges prudentes, la femme forte qui 
doublait son talent. Dans ce séjour elle dédaigna tous les attraits 
du monde. O heure diyne de toutes nos larmes dont chaque 
année nous rappelle à jamais le souvenir ! Quand celle sonna, 
notre rose devint poussière, la Parque trop cruelle, rompant sa 
quenouille, l’arracha à cette terre. » (1) 


({) Au milieu du siècle dernier, une sotte calomnie ayant eu cours contre la 
communauté du Val d’Osne, il est de notre devoir de la réfuter en deux mots : 
On rencontra, paraît-il, en creusant les fondations de la fonderie moderne, 
quelques ossements de petits enfants qui avaient été inhumés en cet endroit. 
Aussitôt le clan irréligieux de lever les bras au ciel el de pousser des cris de 
paon : On avait une preuve péremptoire et irréfragable de la moralité des 
ordres religieux ! 

Mais qui ne sait que, lors des guerres fréquentes du Moyen-Age, les portes 
des couvents aussi bien que des châteaux s’ouvraient aux infortunés poursuivis 
par la soldatesque, et que nombre de femmes surtout y trouvèrent un refuge 
assuré ? Une ancienne note, que nous a bienveillamment communiquée l'hono- 
rable M. Hanotaux, vient à l’appui de nos dires et affirme même « que lors 
des troubles de Lorraine, sous la Maison des Guises qui possédaient un château 
à Joinville, des familles de haute noblesse vinrent se réfugier au Val d’Osne, 
et que dans la chapelle du prieuré plusieurs membres de la famille de Mala- 
barbe y furent baptisés. » 

M. Adam dit à son tour que des jeunes mères allaient y faire leurs couches, 
afin d'y recevoir les soins dévoués de religieuses. 

Ainsi tout s'explique, ainsi tombe d'elle-même la calomnie. 


Bien que peu versé dans la science héraldique, il m'eut été 
agréable de trouver et de donner ici les armoiries du prieuré ; 
mais je n'ai pu les découvrir, et la pierre qui se voit encastrée à 
l'angle du grand mur du Val d'Osne (magasin des modèles) et 
sur laquelle l’écu du couvent avait été sculpté en relief, a été 
mutilée à ce point de ne laisser aucune trace du blason. 


— 101 — 


CITAPITRE IX 


Osne aux XVIIe et XVIII: siècles 


Après la guerre, une calamilé, plus terrible encore par le 
nombre de ses victimes, allait fondre sur nos malheureux 
ancètres. La peste qui sévit en France en 1636, n'épargna pas 
le vallon de l’Osne ; et pour nous donner une idée des ravages 
de ce fléau, l'abbé Adam raconte qu’un membre de sa famille 
trouva, au commencement du siècle dernier, dans une vigne de 
Thonnance, où s'élevait jadis un couvent, une pierre sur laquelle 
il lut lui-mème une inscription faite avec une pointe de métal : 
« 1036, Mot frère Pierre suis reslé seul au couvent avec un 
cog. » 

Le coteau boisé qui touche à Claire-Fontaine porte depuis 
cette époque le nom de Bois-des-Loges, parce que la peur de la 
contagion y faisait porter les pestiférés que l’on abritait dans 
des baraques. 

Le même svstème fut pratiqué à Osne, où il mourut, du 20 juin 
au À décembre, c'est-à-dire en cinq mois ct demi, 261 personnes. 
Les plus terribles journées furent celles du 20 juin qui débuta 
par 6 décès, du 23 juillet qui en compta 7, du 25 juillet 8; celles 
du 16. du 19 et du 20 août firent chacune 7 victimes. Bien que 
parmi elles on compte beaucoup d'enfants et de jeunes gens, le 
nombre de naissances, qui était de 33 en moyenne, descendit à 
19 pour les douze années suivantes. 

L'une des pestiférées, Barbe, femme Demogeot, mourut carbo- 
nisée dans sa loge, le 4 septembre. 

Quelques familles furent plus particulièrement éprouvées ; 
c'est ainsi que dans la longue liste mortuaire, on trouve six 
enfants du procureur ffscal Mre Nicolas Larcher, la femme et 
trois enfants de Menge-Iluguenin, les trois fils de Nicolas 
Huguenin ; M'° François Delignon el damoiselle Catherine sa 
fille ; la femme ef deux enfants de Philibert Perrin: Jean 


—_ 102 — 


Gagnot, sa femme et deux fils; Michel Mourot et ses quatre 
enfants, etc. La mort, l’impitoyable mort étendait vraiment ses 
ailes lugubres sur toutes les familles ; 1} n’en était aucune qui 
n'eûl quelques-uns des siens de fauchés par l’inexorable justi- 
cière, Quel immense deuil! Que de larmes furent versées avant 
et après que le glaive meurtrier rentra dans Île fourreau ! Ah! 
de la peste délivrez-nous, Scigneur ! 

Cependant le choléra ne mit point fin aux guerres qui, à cette 
époque malheureuse, ensanglantaient nos provinces. C'esl en 
1637, comme nous l'avons dit au chapitre V, que les Suédois, 
appelés par le cardinal Richelieu, hivernèrent à Joinville et aux 
environs, et firent le sac du couvent. 


En 1638, sur la fin du mois de juin, une forte gelée détruisit 
l'espérance des récoltes. Il en fut de même dans les années 1642 
et 1643, el en 1692 ce fut une neige abondante qui, tombée sur 
la fin du mois de mai, causa la famine. 

En 1636, le 19 juim, Cvrot-Guvot se Lua en tombant d'un 
cerisier. 

En 1660, la femme de Jean Richard, fils de Mr Estienne 
Richard, heutenant de Justice à Osne, mourut trois semaines 
après avoir été mordue d'une vipère. 

Le 17 mars 1670, André Dosne, laboureur, fut lué par des 
voleurs, à l'âwe de 25 ans. 

Le 4 novembre 1672, mourut centenaire Henry Prignot, 


Au xvu® siècle, vécurent à Osne plusieurs familles nobles ou 
bourgeoises, qui doivent être signalées ici. Ce sont d’abord les 
de Malabarbe et les de Chauvirev, unis entre eux par des 
alliances et dont on rencontre fréquemment les noms dans les 
actes de bapléme. 

En 1619, arrive, en qualité de prieure du couvent, Madame 
Marie de Malabarbe. 

Le 10 septembre 1626, au baptèéme de Nicolas Foucault, et le 
10 septembre 1627, à celui de René Guwullaumet, parait comme 


— [03 — 


marraine, demoiselle Barbe de Malabarbe, fille de feu Edme de 
Malabarbe, seigneur de Villemorin. 

Le 9 février 1628, c'est Jehan-François de Malabarbe qui est 
parrain de Marie Bouillot, et le 16 avril de la même année, c'est 
la prieure Marie de Malabarbe qui à pour filleule Marie Triffaut, 
comme elle avait eu Marie Lorette, le 26 septembre 1627. 

Enfin, le 19 janvier 1631, au baptème de Marie Flornoy, c'est 
encore Barbe de Malabarbe, mais cette fois sous le nom de 
Madame de Chauvirey, qui lient l'enfant sur les fonts baptis- 
maux, en qualité de marraine. 

D'autre part, le 11 juin 1642, nous voyons M'° Jehan de 
Chauvirey parrain de Nicolas Millet. 

Le 19 juillet 1657, est baptisé à Osne Anthoine-Nicolas- 
François de Chauvirey, fils de Nicolas, baron de Chauvirey, el 
de Barbe de Malabarbe ; l'enfant est levé des fonts baptismaux 
par Me Robert Fleur, de Châlons, et par Marie de Malabarbe, 
prieure du Val d'Osne. 

Le 25 mars 1659, nouveau baptème dans la famille, ch de 
Charles-Joseph-NXicolas de Chauvirey, Hils de Jehan-François, 
heutenant des Gardes de son Altesse de Lorraine, Le parrain 
fut Charles de Lorraine el la marraine la prieure Marie de 
Malabarbe. 

En 1667, la prieure du Val d'Osne est [enriette de Chauvirev 
el en 1729, au couvent du Val d'Osne Charenton, c'est encore 
une de Chauvirey qui signe en qualité de prieure, sœur Maric- 
Françoise de Chauvirey ; ailleurs son nom est Marie-Thérèse, 
comme nous f'avons marqué dans la liste des pricures, au 
chapitre précédent. 

Un trouve aussi, le 2 avril 1651, le baptème de Joseph- 
Charles de Malabarbe, fils de M'° Anthoine de Malabarbe et de 
dame Perrette de Passin. Cette dernière parait en qualité de 
marraine de Perrette Thiéblemont le 9 avril, de Charlotte Ffans 
le 8 août, de Jacquehne-Charlotte Brigand le 16 septembre et 
de Jacqueline-Charlotte Mourot le 17 septembre 1651. 

Ces données nous permettent de dresser ainsi, avec quelque 
probabilité, l'arbre généalogique de cette famille originaire de 
Lorraine, 

Edme de Malabarbe, scisneur de Villemorin, était frère de 
Marie de Malabarbe, prieure du Val d'Osne. [eut pour enfants : 


— 104 — 


{° Anthoine de Malabarbe, qui épousa Perrette de Passin, et 2° 
Barbe de Malabarbe, qui épousa Nicolas baron de Chauvirey, 
fils de Jehan de Chauvirev. 

Les époux de Malabarbe de Passin donnèrent le jour à Joseph- 
Charles de Malabarbe, et les époux de Chauvirey de Malabarbe 
furent les père et mère de Anthoine-Nicolas-François de Chau- 
virey el de Ilenrietle de Chauvirev, prieure du couvent en 1676. 

Jehan-François de Chauvirey, père de Nicolas de Chauvirey, 
cut encore pour fils Jehan-François de Chauvirey, lieutenant 
des Gardes de son Altesse Charles de Lorraine. Ce dermier eut à 
son {our pour fils Charles-Joseph-Nicolas de Chauvirey. 

La dernière prieure du couvent, qui porte le nom de Chau- 
virev, est nécessairement issue d’un de ces deux frères. 

Le Val d'Oxne vit donc se succéder pour prieures, pendant 
plus d’un siècle (121 ans), les tantes et les nièces. 

Il ne peut v avoir de doute sur la haute noblesse de cette 
famille, puisqu’un due de Lorraine ne dédaigna pas d'accepter 
le parrainage d'un des enfants de son lieutenant des gardes et 
de lui donner son nom, c'était alors Charles FI 

Une autre famille, celle de Lignon, occupait la forteresse 
d'Osne dans la première partie du siècle. Je trouve, le 5 février 
1629, damoiselle Catherine Lhomme, épouse de M"° François de 
Lignon, au baptème de Catherine Ory ; tous deux moururent 
de la peste en 1636. 

L'abbé Adam a laissé sur les de Lignon une note que je 
Lranseris, sans en garantir l'exactitude : « Cette famille ne 
vivait pas en lrès bon accord avec M. le comte de Curel, et j'en 
(trouve une sorle de preuve dans une tradition de la famille 
Regnault, lune des plus importantes d’Osne-le-V'al. Une noce 
se célébrait el un fils de M'* de Lignon, assez mauvais sujet, se 
pernut d'entrer dans la salle du festin et d’v faire effrontément 
des insultes à lune des conviées. Là se trouvait un chevale- 
resque représentant de la garde royale, Bernard Regnault. Ce 
militaire ne prétendit pas qu'une dame püût être insultée en sa 
présence el 1l entraîna le jeune de Lignon dans le bois voisin, 
où de la pointe de son épée il lui enleva un œil de la tête. Le 
comte de Curel se fit le protecteur du vainqueur, le fit dispa- 
raitre, el Fon ne sut jamais depuis ce qu'est devenu ce Jeune 
nuliliure. » 


— 105 — 


Le 17 février 1615 eut lieu le mariage de Nicolas de Poyrel, 
nalif d’Osne, avec Florentine, fille d’Aubert-Méligne, et Île 
14 décembre de cette même année, naquit de ce mariage une 
lille qui a nom Claudine. Or, sur une inscriplion conservée dans 
l'église, ce Nicolas Poyrel est dit : « Escuier, seigneur de 
Grandval, grand M des eaux et forêts en la haute el basse 
Alsace, Gentilhomme servant du Roy, un des deux Gentil- 
hommes de la Royne mère de sa majesté el premier huissier de 
son cabinet... » | 

Le 9 février 1627, au baptème de Marguerite Millet, figure, 
en qualité de marraine, Marguerite, fille de Messire Jacques 
Domjean, bailly de Montiers-sur-Saulx. Au baptême de ffran- 
çois Briard, le 5 septembre 1627, paraît la même marraine et le 
parrain est Me Cyro Briard, prêtre natif d’Osne, et chanoine de 
Paris. Le 19 novembre 1629, fut baptisé Joachim Millet, il à 
pour parrain el marraine les frère el sœur Joachim Domjean et 
Marguerite Domjean, qui se marient tous deux ce même jour, 
Marguerite avec Jehan Noël. Déjà le 14 mai 1619, une autre 
fille du ball de Montiers, Nicolle Domjean, avait épousé Henry 
Maillot. Enfin sur le registre des décès d’Osne, est consigné 
celui de Messire Jacques Domjean, le 5 janvier 1623. il v est 
qualifié d’honnêle homme et de paix. 

Voici encore une famille qui n’a fait que paraître ; il s’agit des 
seiwneurs de Villeforest. | 

Le 15 février 1625, au baptême d'Olivier Damiot, figure 
comme parrain Olivier du Boget, seigneur de Villeforest, et le 
11 décembre de la même année est baptisée Catherine Rivière, 
fille de Pierre Rivière, seigneur de Villeforest en Champagne. 
Puis le 14 avril 1626, au baptême d’une enfant naturelle, sa 
mère, Marguerite Triffaut, désigne le père, qui n’est autre qu'O- 
livier du Boget. 

Enfin Claude de France répond en qualité de parrain, en 1680, 
au baptème d'Elisabeth Demogeot, en 1681 à celui d'Henriette- 
Elisabeth Charles, et en 1682 à celui de Nicolas Demogeot., Mais 
il ne nous est pas autrement connu. 

Citons encore des noms lrouvés dans les actes de baptème de 
l'époque : 

Isidore N., lieutenant de la compagnie de Monseigneur de 
Joinville. 


— 106 — 


Messire Jacob de Bonnet, capitaine d'une compagnie de cava- 
hers, au régiment de Tully. 

Mr Cyre Briard, oflicier de la maison de Monseigneur de 
Guise, 

Monsieur le baron Dessalles. 

Messire Jean-Réné Dessalles, seigneur de Curel en partie, ct 
damoiselle Briou, demeurant au Val-d’Onne. 

Dame Jehanne Dubois, rendue au Val-d'Onne. 

Messire Anthoine de N., capitaine d’une compagnie au régi- 
ment de son éminence, et Mademoiselle de Villemorin, 

Damoiselle Pierret Darras, demeurant au Val-d'Onne. 

M'° de Fleury, demeurant à Chaalons. 

Messire Jean Buton des Jailles. 

Madamoiselle Barbe de Fleury, de Chaalons. 

Messire Joachim Kleury, commandant de Ruetz, la marraine 
dame Marie de Malabarbe, prieure au nom de haute et puissante 
princesse Ilenriette de Lorraine, princesse de Falsbour. 

Marie-Françoise de Villeroi, demeurant au Val-d'Onne. 

Maurice de Grant, escuier, seigneur de Poissons. 

Jehan de Montiers, baron de Monbrun. 

François de Bresse, capitaine, etc. 

La présence de ces familles à Osne devait écétienents 
apporter le bien-être, y donner de la vie, y former des relations. 
Mais quel motif les amenait dans notre vallon ? Peut-ètre l’édu- 
“ation de jeunes filles pensionnaires au couvent et dont on ne 
voulait pas se séparer, et surlout la présence de troupes el 
d'ofliciers. 


En 1700, Maitre Aubin Collesson, praticien, demeurant à 
Osne, est nommé notaire au même lieu par Anthoine Leclerc, 
écuyer, seigneur de \ramville et de Fredeau, conseiller du Roy, 
bailly, juge criminel et de police, commis enquêteur et exami- 
nateur, garde des sceaux de la principauté de Joinville et maire 
perpétuel audit lieu. | | 

Le jour de la Foussaint 1702, on releva roide mort, frappé 
par une des eloches, le jeune Nicolas Lantonnet, âgé de 10 ans. 
fils de Nicolas Lantonnel et de Marguerite Richard, 


= 102 


Le 6 janvier 1709, commence une température sibérienne qui 
se soutint pendant trois longues semaines et fit périr les blés, 
les vignes et les arbres. La famine, les maladies et la mortalité 
furent les effets de ce froid rigoureux. 

En 1720, M'° Aubin Collesson résigne son emploi de notaire 
à son fils Nicolàs Collesson. 

Le 17 mars 1722, mourut à Osne, chez son fils Pierre Bardel, 
à l'âge de 100 ans, Bonne Décorée ; elle était veuve de Philibert 
Bardel, de Gudmont: son fils Pierre s'était marié en 1704 à 
Catherine Mittard, d'Osne. Elle est la mère de presque tous les 
Bardel d'Osne, qui viennent aimsi de Gudmont, et sont arrivés 
dans cette commune en 1704, dans la personne de leur aïeul 
Pierre. 

En 1728 furent célébrés, dans l'église d'Osne, 22 mariages : 
mais ce qui sort de l'ordinaire, pour une paroisse de campagne, 
c'est que du 3 au 10 février, on en célébra 10, à savoir : deux le 
3, deux également le #, cinq le 9 et un le 10. 

‘nu 1733, les sieurs François Regnault et Jean Virlv, habitants 
de la communauté d'Osne, furent condamnés à huit jours de 
prison, pour avoir injurié les collecteurs des tailles dela paroisse 
el leur avoir jeté des pierres, lorsque ces fonctionnaires faisaient 
la lecture du rôle des tailles au sortir des Vèpres. 

On trouve daté de 1739, un acte du greffe du bailliage de 
Jomville, acceptant et nommant Nicolas Collesson. maveur et 
notaire d'Osne, présenté par Messires de Dampierre et de 
Villers, seigneurs d’Osne, pour exercer les oflices de mavyeur el 
de notaire en ladite seigneurie d'Osne. Dans cette pièce, on Hi 
que ledit Collesson « n'a été agréé qu'après informalion sur ses 
bonne vie et mœurs et sur sa foi catholique, apostolique et 
romaine, » 

Celle pièce est vraiment curieuse et surtout instructive. Elle 
nous ‘prouve qu'il y avait à Osne une seigneurie subalterne, 
vassale de Ha principauté de Joinville ; elle nous donne les noms 
de deux seigneurs qui n’habilaient pas le village; ces seigneurs 
Présentaient à la fonction de maire, mais la famille suzeraine de 
Joinville seule, par son bailli, donnait l'investiture (11. 


D RS SR us: > =" 


Ai Voir aux pièces justificatives VIIL. 


— 108 — 


Le 31 août 1746 fut célébré dans l’église d'Osne, avec dispense 
de consanguinité au 2° degré, le mariage de Réné Demandre et 
de Libère Gagnot, mariage qui légitimait trois emfants existants; 
et particularité non banale, ces époux demandèrent et obtinrent 
qu’à la cérémonie de la bénédiction, leurs trois héritiers fussent 
placés en même temps que les parents sous le drap nuptial. 

En 1757, M'° François Le Gendre, curé d’Osne, planta lui- 
méme dans le cimetière le premier tilleul du nord, à l’augle 
actuel de la sacristie et fit planter les trois suivants, et dix ans 
après, en 1767, 1l fil achever par les jeunes gens du village la 
plantalion de tous les lilleuls qui, au nombre de seize, forment 
encore aujourd’hui la ceinture du champ de la mort. Ces arbres 
ont donc près de 130 ans d'existence. 


En 1759, Pierre Triffaut, époux de Madeleine Beuret, fut tué 
par la chute d’une muraille. 

in 1763, François Le Gendre, maveur de Blécourt, mourut 
chez son fils, le curé d’Osne, à l’âge de 80 ans. 

în 1771, la paix fut troublée pendant deux mois dans la 
communauté d'Osne : Cyriaque Martin, receveur des droits du 
Rov, avant été victime d'un vol, probablement dans ses recettes, 
oblint de l'oflicialité de Châlons un monitoire qui devait être 
publié à la messe paroissiale, trois dimanches consécutifs. 
L'abbé Le Gendre s'exécute une première fois, mais avec 
mauvaise grâce el seulement après sommation d’huissier. 

Intervient ensuite une opposition du procureur-syndie, Claude 
Demogeot, qui met en cause les habitants, sous prétexte que le 
moniloire est injurieux envers la communauté, que les faits 
incriminés sont insignifiants el du reste non prouvés,. 

L'abbé Le Gendre, qui s’est abstenu de publier le deuxième 
dimanche, reçoit une sommation pour le troisième, qui reste 
lettre-morte. C'est alors que le svndic, les habilants et la com- 
munauté sont assignés à comparaitre devant le bailli de Joinville, 
pour s'entendre condamner à 10 livres de dommages-intérèts 


Re ee A NN PEU 


— 109 — 


envers le demandeur, 7 livres, 1 sol et 3 deniers pour frais 
d'instance et aux autres dépens. Îl faut dire que Cvriaque Martin 
demandait 300 livres de dommages-intérèts. Le curé devait 
ensuile continuer les publications omises. 

Mais les habitants, soupçonnant la mauvaise issue de l'affaire, 
avaient eu la faiblesse de lâcher leur syndic. Voici la pièce qu'ils 
adressèrent au bailli : 

« Nous soussignés principaux et autres habitants de la com- 
« munauté d'Osne Je Val, certifions qu'en conséquence de 
« l'opposition formée à la publication d’une lettre de monitoire 
« obtenue de l’officialité de Châlons, par le sieur Cyriac Martin, 
« receveur des droits du Rov, demeurant audit Osne, il n'a été 
« convoqué ni Lenu aucune assemblée de communauté pour ce, 
« el entendons v former aucun empèchement. C'est pourquoi 
« nous désavouons loutes entreprises, faites par Claude Demo- 
« geol, notre syndic, el autres cabalistes de ladite paroisse. En 
« foy de quoi nous avons signé le douze juin mil sept cent 
« soixante-onze, » 

Suivent 43 signatures ({). 


Le 18 mai 1781, un violent orage, accompagné d'une trombe 
d'eau, à inondé la vallée à ce point qu'en moins de six minutes 
elle s’est trouvée remplie d’eau et de gravier, à la hauteur de trois 
ou quatre pieds. À ce sujet une touchante supplique est adressée à 
Mgr Rouillé d’Orfeuil, imtendant de la province de Champagne, 
par les laboureurs Charles Bassemont, Nicolas Millot, la veuve 
Claude Mourot, la veuve Nicolas Demogcot, Sébastien Martin, 
Claude Lahalle, Claude Coquard, Jean Tharasse, Claude Tha- 
rasse et Joseph fans, qui demandent la remise de leurs corvées 
et des subsides. Que leur fut-il accordé? Nous l’ignorons, 

Le 16 janvier 1782, Cvriaque Houdier;: vigneron à OUsne, tua 
une louve, et à ce sujet le délégué de l’intendance de Cham- 
pagne, au département de Joinville, lui délivre un certificat pour 
obtenir une gratification de l’intendant. La pièce affirme que le 


(1j Cette pièce ainsi que toutes autres du procès, font partie de nos archives 
personnelles. 


— 110 — 


sieur Houdier à présenté la peau du fauve, à laquelle le délégué 
a coupé l'extrémité des oreilles. 

En 1783 fut fait un procès-verbal à deux époux surpris à 
moissonner leur champ de blé le 29 juillet, quand l'assemblée 
du village avait fixé l'ouverture de la moisson au 31 Juillet. 

in cette même année 1783, une supplique fut adressée à 
l’Indendant de Champagne par un marchand nommé Louis 
Renauld, qui expose qu'il est père de neuf enfants vivants, qu'il 
a peine à élever cette nombreuse famille, et qu’en cette présente 
année il à fait 500 livres de perte sur son commerce : 1] demande 
en conséquence une remise partielle de ses impositions., Ce qui 
lui fut accordé, comme l'indique une note écrite au bas de la 
requête. 


En 1784, une épidémie sévit sur les Jeunes hommes d'Osne ; 
325 furent atteints et il y eut parmi eux 50 morts. Particularité 
à noter : c'est que pas un n'était âgé de plus de 28 ans. Le mal 
étail spécialement dans le larynx, abcès ad intra et ad extra. 
MM. Laurent, médecin, Myon, Margot et Thierriot, chirurgiens, 
furent occupés à soigner les victimes. M. Thierriot, de Che- 
villon, vint même s'établir à Osne pendant l’épidémie. 

Aux Archives départementales de Chaumont, se trouve un 
dossier concernant cette maladie. Un long mémoire de médecin 
sur les caractères de ce mal se résume ainsi : « C’est une miliaire 
pourprée dont l’éruption diflicile et imparfaite se termine par 
une mélastase sur la gorge et le poumon. » 

À ce sujet, une demande de secours fut adressée à l'Intendant 
de Champagne, Mgr Rouillé d'Orfeuil, qui tit droit à la requête 
sisnée de 50 habitants. Car dans le dossier se trouve un reçu du 
médecin Laurent, attestant que le subdélégué de Joinville lui à 
remis la somme de 72 livres; Pierre Margot à reçu 24 livres, 
l'une et l’autre sommes pour soins donnés aux malades de 1784. 
Et l'abbé Le Gendre a reçu 240 livres pour payer les remèdes et 
les aliments donnés aux pauvres indigents atteints de la maladie. 

Sous ce régime prétendu barbare, on n'était donc pas tout à 
fait sans entrailles! Bicn au contraire, les nombreux hôpitaux, 
les orphelinats de tout genre, les maisons de refuge pour toutes 


— 111 — 


les misères couvraient le sol de la France et recevaient gratuite- 
ment les infortunés qui frappaient à leurs portes. Joinville, dans 
notre région, possédait plusieurs de ces établissements de bien- 
faisance publique, dus tous à la générosité des seigneurs du 
Moven-Ave. 

Le 21 septembre 1786, l'entrepreneur Cvriaque Lahalle, veuf 
d'Anne Brigand, celui-là mème qui, en 1760, avait construit la 
porte principale de l'église d’Osne et dont le nom fut trouvé 
uravé sur la première pierre, fut tué à Mussey en tombant d’une 
construction. Son corps ful ramené au cimelière d'Osne par son 
lils Jean-Baptiste Lahalle. Est-ce en construisant le portail de 
l'église de Mussey dont il avait l’entreprise qu'il trouva la mort ? 
Dans son histoire du village de Mussey, Ernest Mallet rapporte 
cel accident mortel sans spécilier la construction à laquelle 
Lahalle était occupé ; mais il aflirme que ce fut lui qui, en 1786, 
construisit le portail. 


Vers la fin du xvin' siècle, le célèbre agronome Parmentier, 
ayant décidé la France à cultiver le précieux tubercule qu'est là 
pomme de terre, les habitants d’Osne en avant constaté l'utilité 
pour l'alimentation des hommes aussi bien que des animaux, 
plantèrent cette solanée. C'était une nouvelle richesse pour le 
pays. Qui aurait pu prévoir que sa récolte deviendrait un objet 
à litige? Il en fut cependant ainsi, comme le prouve la pièce 
suivante : | 

« Nous soussignés Louis Regnault, boulanger, Simon Regnault, 
marchant, Claude Tharasse, Nicolas Piault, Michel Tharasse, 
Cvriac Martin le jeune, René Buret, Cyriac Regnault, Claude 
Coquart, Cyriac Buret, René Guillemin, Claude Demogeot, 
Labreveux, Cyriac Demogeot, Cyrac Houdier, Jean Brigand, 
Joseph Regnault, Louis Regnault le jeune et François Millot 
avec Joseph Diot tant laboureur que manouvrier d’Osne-le-Valle 
v demeurant, nous soumettons et obligeons solidairement de 
contribuer pour nos part el portions aux frais de l'instance 
commandée à la requête du s' curé d'Osne-le-Valle relativement 
à la disme de pommes de terre, contre M'° Thomas, notaire el 
maire à One, Cyriac Chutin, Claude Regnault et Antoine 


— 112 — 


Demandre, tous particuliers et habitants dudit Osne, regardant 
celte affaire comme la notre propre el entendant la soutenir 
conjointement avec ledit Mr Thomas et consors comme inté- 
ressant le bien public et la communauté. Fait à Osne ce vingt 
novembre mil sept cent quatre-vingt sept. 

Signé : Regnaull, C. Tharasse, M. Tharasse, C. Martin, 
Rgnaut, Regnault, Chutin, Claude Charles, C. Regnault, C. 
Beuret, C. Mourot, G. Coquard, Nicolas Millet, C. Coquard, 
C. Demogeot, J. Coquard, J, Houdier, Simon Bardel, N. Bardel, 
Beuret, C. Demogeot, C. Houdier, B. Guillemin, NX. le Conte, 
R. Buret. 

Nous reproduisons les signatures parce que la plupart ne 
correspondent pas aux noms cités dans la pièce. 

Autre remarque : Contre la prélendue ignorance de nos 
ancêtres, ces signatures sont admirablement faites, d'une écriture 
nette et qui prouve une certaine aisance. Nous ne répondrions 
pas que celles de nos contemporains seraient plus correctes. 

Qu'a été l'issue de ce procès? Nous n’en avons pas trouvé de 
traces. Nous avons seulement une preuve de limpopularité de 
la dime des pommes de terre, dans un billet sans date et sans 
signature et qui cependant est bien de l'époque, il est ainsi concu : 

« Le 22 novembre le S' (ici un signe) à envoyé ses pauliers 
pour percevoir la dixme chez les particuliers. Le dixième de ces 
particuliers ont donné quelques pommes de terre et encore à 
volonté. A la suite de cette opération ledit sieur curé a conduit 
ses homines souppés chez lui. » 


Nous avons fail nine omission chronologique que nous répa- 
rons ict: Le 8 avril 1775 fut rendu par le Parlement un arrét 
qui condamne Magdelaine de Jovbert et consorts à délaisser à 
M. le Duc d'Orléans, prince de Joinville, la jouissance de là 
seigneurie d'Osne-le-Val, faisant partie de ladite principauté, 
movennant la somme de 30.000 livres que paiera le duc 
d'Orléans, prix de l’aliénation de ladite terre fixée par contrat 
du 18 mars 1609. | 

Les derniers seigneurs d’Osne furent donc la famille de 
Joybert, ensuite le duc d'Orléans, le trop fameux Philippe 


- 113 — 


Egalité, qui, après avoir voté la mort de Louis XVI, son cousin, 
monta à son tour sur l’échafaud le 6 novembre 1793. 


# # 


Dans une collection de procès-verbaux d'Osne, nous avons 
relevé, du 25 juin au 13 novembre 1789, 16 procès pour contra- 
ventions à des arrêts de simple police. Etaient-ce les idées 
subversives de la Révolution qui commençaient à éclore ou 
plutôt à se traduire en actes ? Ces procès sont déclarés par des 
agents qualifiés de « sergents mussiers » et parfois de « commis- 
saires de police » el signés du greflier Thomas. 

Le 3 janvier 1790 fut dressé un procès-verbal par cinq gardes 
faisant patrouille à Cyriaque Lahalle, qui cuisait des mares 
pendant la messe du dimanche. Les juges de paix auraient fort 
à faire aujourd’hui ; mais, depuis 1881, la loi française qui fixait 
le repos obligatoire des fonctionnaires el prescrivait la cessation 
de tout travail public est abolie. Aussi bien le scandale officiel 
et privé s’étale-t-1] chaque dimanche, provocateur de la justice 
divine, quand nos voisins d’outre-Manche, protestants, se repo- 
sent obligatoirement. Cependant on doit à la vérité que récem- 
ment nos Chambres sont revenues quelque peu de leurs erre- 
ments et que de nouveaux règlements protègent en partie le 
repos dominical, qu'il eût été plus sage de ne pas abolir, et 
obligent les patrons à l’accorder à leurs emplovés et ouvriers. 


à 


— 114 — 


CHAPITRE X 


La Grande Révolution 


Nous sommes arrivés à la Révolution française, qui va ren- 
verser tout l'ancien régime et, sur ses ruines, bâtir un état de 
choses nouveau. C’est l'époque, sans contredit, la plus curieuse 
el la plus instructive de toute l’histoire, aussi bien locale que 
ménérale. Et voilà que tous les documents propres à nous ren- 
scigner sur le village d’Osne, pendant cette période troublée, 
font défaut parce qu'ils ont été détruits depuis par des mains 
intéressées à les faire disparaitre. 

Des hommes, en elfet, jusque dans les moindres hameaux, se 
sont compromis pendant les horreurs de la Convention, les uns 
par bravade ou par conviction, la plupart sens sans aveu ; 
d’autres grisés par les idées nouvelles et d'ailleurs poussés par 
l'ambition, d'autres enfin apeurés par les cris des victimes ou les 
menaces des Jacobins, qui comptaient partout des délégués, et 
redoutant de grossir la liste des suspects, se livrèrent à des actes 
de violence ou de délation, qu’ils regrettèrent dans la suite el 
qu’eux-mêmes ou leurs enfants eurent à cœur de faire oublier. 
De là cette disparition de pièces compromettantes ou déshono- 
rantes. [Il n’est pas jusqu’au registre des délibérations du Conseil 
municipal qui n'ait été anéanti. Ce sera pour notre récit uue 
grosse lacune forcée. | 

Sans doute, comme dans la plupart des campagnes et des 
villes, les commencements de la Révolution furent accueillis 
sinon avec enthousiasme, au moins avec une joie marquée, car 
depuis longtemps des idées plus larges de liberté et d'égalité 
fermentaient dans les tètes el un réel besoin de réformes se 
faisait sentir. Mais les excès qui furent commis au nom de cette 
liberté et qui couvrirent de sang et de ruines le sol de la patrie 
ne purent trouver des applaudissements dans le peuple demeuré 
généralement bon. 


—. 1135 — 


Voici ce qu'éerit à ce sujet Albert Babeau, dans son ouvrage 
La Vie rurale de l'ancienne France : « Partout les paysans se 
montraient attachés à la monarchie et à la religion, tout en 
désirant la suppression des abus et des droits fiscaux dont ils 
souffraient. Presque partout ils saluèrent avec joie la révolution, 
parce qu'elle supprimait la dime, les droits féodaux, la taille et 
les milices. Mais si le mouvement de 1789 les exalla jusqu'à 
l'excès, celui de 1793 les étonna et les fit réfléchir ; les têtes les 
plus respectées roulaient sur l’échafaud, les prêtres étaient pros- 
crits, les églises lerinées ; à côté de ces actes qui les atteignaient 
au cœur de leurs croyances, d’autres les frappaient au vif de 
leurs intérèts ; les réquisitions leur enlevaient leurs jeunes gens, 
le maximum leur prenait leur grain à un taux dérisoire et les 
assignats, avec lesquels on les pavail, se dépréciaient de jour 
en jour dans leurs mains. ...[l faut se garder de croire que la 
révolution ait été sans influence aucune sur le sort du travailleur 
rural, mais il faut encore plus éviter d'attribuer à la révolution 
la plupart des progrès qui, depuis un siècle, se sont opérés dans 
sa condition... On peut se demander si ce que le paysan à gagné 
compense toujours ce qu'il a perdu. » 


Comment fut accueilli par la population d'Osne la nouvelle de 
la prise de la Bastille et du massacre de sa garnison ? Quelle fut 
la part des habitants à la panique générale qui suivit cet évêne- 
ment et que conslate l’Assemblée Constituante elle-même ? 
Comment se recruta la Garde Nationale appelée à poursuivre les 
prétendus insurgés qui se trouvaient partout et que l'on ne ren- 
contrait nulle part? Des délégués de la milice furent-1ils envoyés 
à Paris pour la fête de la Fédération du 14 juillet 1790? Com- 
bien de volontaires répondirent à l'appel de la Convention, qui 
décréta la patine en danger et leva des troupes pour défendre le 
sol français envahi de toute part, par une coalition européenne”? 
Quel fut le contrecoup de la Terreur dans la paroisse ? Quelle 
impression pénible, glaciale, foudroyante firent sur la population 
les massacres des Carmes, de l’AbBaye, de Saint-Firmin ; les 
noyades de Nantes, les boucheries de Lyon et d’ailleurs, la mort 
nique de Louis XVI, la captivité et l’assassinat de la famille 


— 116 — 


royale ? Quand cessa le culte public à Osne et quand fut fermée 
son église ? Autant de questions malheureusement insolubles 
pour nous. | 

Nous ne savons pas davantage à quel degré de misère fut 
réduite la population, pressurée sans cesse par des réquisilions, 
en faveur des troupes improvisées el manquant de tout : réqui- 
sitions de grains, de fourrage, de bestiaux, de vêtements même. 
Si nos pères n'assiégèrent pas, à l'instar des Parisiens, les pou- 
voirs publics pour réclamer du pain, ils en manquèrent peut-être 
plus d’une fois dans ces années de disette et de guerre, surtout 
quand disparurent les espèces métalliques pour faire place au 
fameux papier-monnaie vulgairement appelé assignats. Pour 
nous faire une idée de la pénurie des vivres dans nos pays, voici 
la taxe du pain, que nous avons relevée dans le registre des déli- 
bérations du Conseil municipal de Joinville : 

« Séance du quintidi 25 germinal an III : La livre de farine 
1" qualité est fixée à une livre, et celle de la 2° qualité à 15 sols. 

« Séance du 12 floréal an LIT : Prix de la farine de 1"° qualité 
30 sols la livre, et celle de 2° qualité 20 sols. Prix du pain 
1"e qualité 25 sols la livre et celui de 2° qualité 20 sols. 

« Séance du 30 prairial an II : La ville de Joinville divise les 
citoyens en trois classes selon leur fortune et décide que la 
ire classe paiera la farine 3 livres la livre, et le pain 2 livres 
10 sols ; la 2° classe paiera la farine 2 livres 5 sols et le pain 
1 livre 17 sols 6 deniers ; quant à la troisième classe la livre de 
farine lui sera laissée à 1 livre 10 sols et le pain à 1 livre 5 sols. » 

Nous nous demandons qui pouvait en manger à ce prix 
exorbitant, qui ne dut pas être inférieur à Osne. 

Rappelons encore que dans certains districts voisins, au mois 
de juin 1795, le prix du blé monta à 100 francs le quintal, celui 
de l’avoine à 73 francs et celui du foin à 145 francs (1). 

EL cependant le peuple dans la misère devait se réjouir avec 
la République, car sans cesse des fêtes lui étfient imposées. 
Dans ce mème registre de la ville de Joinville sont consignées 
ces fêtes annuelles avec le cérémonial commandé. Nous y avons 
vu la fête de l’Etre suprême, appelé aussi l'Eternel ; la fête de la 
fondation de la République, le 2 vendémiaire ; la fête de l’anni- 


(1) Archives de la Haute-Marne. 


Le fire 


versaire de la jus{e punition du dernier roy des Français, le 
2 pluviôse ; la fète de la souveraineté du peuple, le 30 nivôse ; 
la fête de l’agriculture, le 10 messidor ; la fête de la chute du 
trône, le 23 thermidor ; la fête de l’anniversaire de la prise de la 
Bastille, le 20 messidor ; la fête des vieillards, le 10 fructidor : 
une fête célébrée lan VIT, le 20 prairial, nommée fète funé- 
raire, en mémoire de l’assassinat de deux ministres de la Répu- 
blique, Bonnier et Roberjot, tués par les Autrichiens au congrès 
de Rastadt, etc., etc. Nous ignorons si les habitants d’Osne célé- 
braient ces fêtes avec enthousiasme, s'ils envoyaient au moins 
un détachement de la Garde Nationale à Curel, chef-heu de 
canton, ou à Joinville, chef-lieu de district. Avaient-ils accepté 
le calendrier républicain et chômaient-ils le décadi ? 


Au commencement de l’année 1793, l’église d’Osne n’était 
sans doute pas encore interdite aux cérémomies du culte, ou du 
moins les sacrements étaient encore administrés quelque part 
publiquement ; ce qui le fait penser, c’est un contrat de mariage 
fait entre les fiancés Joseph Bardel et Marie Regnault, par les 
notaires Hanin et Périn, à la date du 5 février 1793 et qui débute 
ainsi : « Aussitôl après la bénédiction nuptiale reçue, les futurs 
seront unis, elc. ».…. 

À la fin de cette même année (on était cependant en pleine 
Terreur), il était encore permis d’aflicher sa foi, car, Île 
21 octobre 1793, Jacques Lapierre, médecin de Chevillon, déclare 
avoir baptisé à Osne, dans un accouchement laborieux, un 
enfant en danger de mort. Mais, sinon à cette époque, au moins 
dans la suite, les baptèmes solennels, c’est-à-dire conférés par 
un ministre ordinaire, élaient donnés au Val d’Osne par l'abbé 
Le Gendre, et Marie-Jeanne Martin, fille de Nicolas Martin et de 
Henriette Regnault, fut baptisée ainsi au Val d'Osne, le 12 ger- 
minal 1795, comme elle le raconta plus tard à ses enfants. Nous 
le tenons nous-même de son petit-fils, le docteur Guinoiseau. 

Celle de maire exceptée, la Révolution abolit toutes les 
anciennes fonctions ; c'est pourquoi en 1792 Cvriaque Martin est 
dit cy-devant receveur, et Aubin Martin est nommé cy-devant 


— 118 — 


procureur, comme l’année suivante l'abbé Le Gendre sera appelé 
cy-devant curé d'Osne. 

En cette même année 1792, le district de Joinville est en 
fonction. Osne fait partie du canton de Curel, du district de 
Joinville, du département de la Haute-Marne. Il avait cessé 
aussi, d’après la Constitution civile du Clergé, de faire partie du 
diocèse de Châlons, et dépendait de l’évèque constitutionnel et 
intrus de Langres nommé Wandelaincourt. Car la Constituante 
avait remanié la circonscription des diocèses, comme elle avait 
aboli les anciennes provinces pour en faire des départements | 
elle ne connaissait rien qui ne fût de sa compétence. 

Le 2 décembre 1792, la rédaction des actes fut enlevée aux 
curés et confiée aux maires. 

C'était Joseph Chutin qui, à Osne, remplissait alors cette 
magistrature ; mais, le 27 décembre 1792, il dut subir l'épreuve 
d’une élection de laquelle il sortit avec le titre de membre du 
Conseil général d’Osne, officier public, élu pour dresser les 
acles civils. 

Le 11 floréal 1794, Joseph Chutin, laboureur, fait à Joseph 
Chutin, oflicier public, la déclaration de la naissance de sa fille 
Marie-Anne Chutin. 

Joseph Chutin conserva ses fonctions jusqu'au 9 frimaire 
an IV et fut remplacé par Charles-Antoine-Cvriaque Thomas, 
qui reçut à son tour le litre d’Agent municipal, officier public 
pour conslaler l'élal civil des citoyens. Pierre Demogeot suc- 
céda à ce dernier, le 15 germinal an V', et laissa la place à Joseph 
Viard le 19 germinal an VIT. Comme on le voit, les titulaires se 
succédaient rapidement sous le régime républicain. 

C'est en 1799 que, pour la première fois, il est question 
d'adjoint ; le titulaire de cette nouvelle dignité était alors 
Cyriaque Bouillot. 

Le 6 juillet 1792, le citoven Cvriac Buret, vigneron, a été 
condamné, en la justice de paix de Montiers-sur-Saulx, à 
270 livres d'amende pour délits commis dans les bois de cette 
communauté, et la sentence fut contirmée à Vaucouleurs le 
4 septembre suivant. 


— 119 — 


Aussitôt après la déclaration royale du 23 juin 1789, qui accor- 
dat l'égalité des Français devant la loi et la suppression des 
privilèges en matière d'impôts, des contributions supplémen- 
taires furent imposées, même pour le second semestre de l’année. 
Voici à ce sujet le lableau concernant Osne-le-Val, conservé 
aux Archives départementales de la Haute-Marne : 


ÉLECTION DE JOINVILLE, COMMUNAUTÉ D'OSNE-LE-VAL 


IMPOSITIONS SUPPLÉMENTAIRES 
sur les ci-devant privilégiés pour les 6 derniers mois de 1789 


Impositions |Impositions 


CONTRIBUABLES Revenu principales | accessoires Corvées | TOTAL 
M. Le Gendre, curé, . . 1163 iv) 38,13 | 59,45 | 16,17 | 445,5 
La Fabrique . . .__…  ! 66,451 5.12 8.13 2.8 16.3 
L'abbaye de Sainte Utbain | 22,» 1.18 2,18 0.16 5.13 
Mgr le duc d'Orléans, ,. . . .12.876,10| 239,16 | 370,1# | 104,42 | 715,13 
M. Geoffroy, huissier à Paris .  . | 97.10 8.4 12.13 3.12 | 24.9 
Messieurs les chanoines de Joinville | 153.»» 12.16 19.16 1.12 38. 
Les dames du Val d'Osne , . .! #3%,00 | 36,5 56.1 15.16 ! 168.2 
M. de Frenelle, seigneur de Curel, | 185,10 | 15.10 | 23,19 6,19 | 46. 
Le chapclain de S. Nicolas , . | 13.»» 1,3 1.15 0.10 3,8 
Les dames Ursulines de Joinville, ! 29,5 2,10 3,17 1.2 7.9 
Les Annonciades , . , . . . 0,7 0,12 0.18 0,5 1.15 
Les dames de la Pilié , . . . 2,10 0.5 0,8 0,2 0,15 


Voici maintenant les Impôts pour 1790 de ces mêmes cv-dev ant 


privilégiés : 
liv, 

M. Le Gendre, curé d'Osne ,..,. . . . . . . 203.11 
La l'abrique de l'église . . . . Re 26, 
L'économe de l’abbaye de Saint- bai. | 8.12 
Mgr le duc d'Orléans, 1149.12 
M. de l'rencelle, comte de Curel. 72.47 
M. le chapelain de la chapelle SK. Nicolas D 9 
Les dames Ursulines de Joinville 11.10 
Les dames Annonciades ,/ . . . . …. …. 2,15 


— 120 — 


Les dames de la Pitié. . . . . . . . . . 1,5» 
La Fabrique de Montiers-sur-Saulx .  . . . . . 0.12 
La Fabrique de Curel._ . . . . . . . . . 0.11 
M. Paillette, chanoine de Joinville . . . . . . 0.11 
M. Colson, doyen à Reynel . . . . . ... . EP 2 
Messieurs les chanoines de Joinville  . . . . . 60. 4 
Les dames du Val d'Osne.  . . . . . . . . 170. 8 


On peut voir par ces tableaux (1), surtout par le premier, que. 
contrairement à une opinion {rop facilement admise, le clergé, 
l'Eglise et les seigneurs d'avant la Révolution payaient l'impôt, 
dont ils n'étaient point exonérés. On peut encore s'en convaincre 
par la lecture des charges indiquées au chap. des biens du Val 
d’Osne et à celui des biens de l'église d'Osne-le-Val. C’est une 
de ces nombreuses erreurs ou de ces exagérations qui ont cours 
sur l'ancien régime et qu'il est bon de remettre au point. Sans 
doute cet impôt n’était point proportionné à leurs richesses, 
mais la noblesse avail en outre l'impôt du sang, l'entretien de la 
milice en temps de guerre et d’autres charges parfois consi- 
dérables. 


# # 


Le 2% mars 1791 fut vendue Ja Grange aux dîimes, qui était 
située rue de l'Eglise, entre le jardin de Cvriaque Martin le jeune 
au couchant. celui de Cvriaque Martin l’ainé au midi et la Grande 
rue au nord. Elle était couverte en tuiles, mesurant dans œuvre 
30 pieds sur 45 el se trouvait divisée en trois portées. Je n'ai 
pu trouver le nom de l'acquéreur. | 

L'an IV de la République, il a été exigé de la commune 
d'Osne, pour l'entretien des chevaux de l'Etat, 1.000 quintaux 
de foin et 500 quintaux de paille. Et ces réquisitions n’empé- 
chaient pas les quêtes plus ou moins volontaires de se faire dans 
chaque locatité, en faveur des troupes qui manquaient de tout. 
Nous ignorons ce que produisit cette quête à Osne; mais nous 
avons trouvé dans les archives communales de Curel qu'une 
quête faite le 19 brumaire an Il, pour les défenseurs de la patrie, 
recueillit 84 chemises, un drap. deux petits coupons de toile el 


(1) Archives de Chaumont. 


= 1 = 


126 livres 10 sols. Nous sommes persuadé que les habitants 
d'Osne ne furent ni moins patriotes n1 moins généreux. 


Avant de passer au xix° siècle, disons quelques mots sur les 
assemblées rurales lenues par nos pères, puis nous donnerons 
des noms de syndics el quelques chiffres des comptes de com- 
munauté pour la fin du siècle, noms et comptes rencontrés aux 
archives de la ITaute-Marne. 

Voici ce qu'on pouvait voir, avant 1789, dans les villages 
de France, à certains dimanches de l’année, dit Albert Babeau : 
La messe ou les vèpres venaient de se terminer, les fidèles 
sortaient en foule de l’église. Tandis que les femmes regagnaient 
lentement leurs demeures, les hommes vêtus de leurs habits de 
fête s’arrèlaient et conversaient entre eux. Les cloches sonnaient, 
appelant les habitants à l'assemblée de la communauté. Elle se 
(tenait d'ordinaire devant la porte de l’église, à l'ombre des vieux 
arbres el du clocher ; et là, soit debout, soit assis sur les murs 
. du cimetière ou sur le wazon, les hommes se groupaient autour 
du juge local, du syndic ou du praticien, qui leur exposait la 
question sur laquelle ils devaient exprimer leur avis ; ils déli- 
béraient ensuite d’une manière simple et sommaire, quelquefois 
avec force, et lorsque la délibération était terminée, ils votaient 
à haute voix, soit pour la décision à prendre, soit pour l'élection 
des agents el des emplovés de la communauté. 

« Dans ces assemblées, les habitants décidaient les ventes, les 
achats, les échanges, les locations de biens communaux, la répa- 
ration des églises, des presbylères, des édifices publics, des 
chemins, des ponts ; outre leurs syndics, 1Îs nommaient leur 
maitre d'école, leur pâtre, leur sergent, leur messier, les collec- 
teurs de dîmes, les asséeurs et collecteurs de tailles. Ils fixaient 
parfois le ban de vendange ; ils arrètaient même, dans certaines 
circonstances, la laxe des journées d'ouvriers et de certaines 
marchandises. 

« L'assemblée paroissiale se confondit souvent avec l’assem- 
blée de la communauté. Les marguilhers remplissaient parfois 
les fonctions d'agents municipaux. » (1) 


(1) Le Village sous l’ancien régime, par A. Babeau, passim. 


—_ 129 — 


On rencontre encore de nos jours, autour des églises, de ces 
arbres plusieurs fois séculaires, au tronc noueux et creusé par 
les ans ; on les nomme des Sullys, parce qu'ils furent plantés sur 
l’ordre ou du temps du célèbre ministre ; ce sont des ormes, des 
Uilleuls, des chènes, qui ont ainsi abrité les assemblées de nos 
aïeux. Parfois aussi ils se rassemblaient sous le porche même de 
l'éghse, quand cette église était romane, ou bien encore sous les 
halles dans les campagnes qui en étaient dotées. À Osne, Îles 
assemblées de la communauté, comme l'indique la délibération 
suivante, se lenaient toujours sous [a halle qui est encore 
aujourd'hui debout : 

« Ce Jjourd'hui 3° Jour du mois de janvier 1774, nous Jean 
Regnault svndic et principaux habitants de la comt® d'Osne-le- 
Val certifions que ce dit jour étant assemblés sous la halle, au 
son de la cloche, pour faire les FRE de Joseph Thiébaut, 
syndic en l’année 1772... » 

En 1762, le syndic était François Millet ; en 1763, Nicolas 
Bouillot ; en 1764, 1765, 1773, Joseph Trilfaut : en 1767, 1768, 
Claude Lahalle ; en 1769, 1770, Simon Regnault ; en 1771, Claude 
Demogeotl ; en 1772, Joseph Thiébaut ; en 1774, 1775, 1777, 
Jean Regnault ; en 1776, Louis Regnault ; en 1778, Jean 
Regnault l’aîné ; en 1779, Charles Bassemont. 

în 1762, les recettes s’élevèrent à 365 lv. 12 sols, et les 
dépenses à 300 hv, F7 sols, 5 den. 


liv. s. d. liv. s. d. 
in 1764 et 1565, recettes 1483.18.19; dépenses 1518.12.6 
‘un 1707 — 430 = 414.15.6 
en 1768 — 225. À — 380. 4.0 
în 1769 et 1770 Les 990.16 — A89 10 
En 17971 — 23140, 6 — 2303 
En 1772 — 782,18 — 381. 3.3 
En 1733 — 790 — 390.19 
En 1771 — 190,13. 0 
‘0 1776 _ 379,18 _ 704, 1.9 
En 1739 — 180 — 179 
En 1778 = 920, 9, 6 
En 1779 — 392, 7 — 521.12 


— 193 — 


CIJAPITRE XI 


Le XIXe siècle 


Après dix ans de troubles, de massacres, de terreur, la France 
respirait enfin ; l'avènement du Consulat marquait une ère de 
réparation, il inaugurait heureusement le dix-neuvième siècle et 
tout le monde s’accordait à bien espérer de l'avenir. La grande 
ligure de Bonaparte apparaissait à l’horizon comme le soleil 
radieux après la tempète. Ses premières et brillantes victoires, 
son hardi passage des Alpes, sa campagne d'Italie, la bataille de 
Marengo, la paix de Lunéville, suivie de plusieurs autres, 
faisaient pressentir l’Empire. L'espérance renaissail sur les 
ruines encore fumantes de la révolution. 

Ce sentiment de joie fut nécessairement partagé par nos 
pères, et Osne dut s’enthousiasmer à la proclamation de l'empire. 
Les vieux compagnons de Napoléon, les vétérans de ses cam- 
pagnes, qui vivaient encore sous le second empire, savaient, 
sous la glace des ans, faire vibrer leur amour au seul nom de 
l'empereur premier. C'est un des souvenirs émus de notre 
enfance. 

Mais si le char glorieux du vainqueur promena et fit flotter le 
drapeau tricolore sur toutes les capitales, il inonda malheureu- 
sement toutes les. plages de l'Europe du sang de nos soldats. 

Nous donnerons, dans un chapitre subséquent, la liste glo- 
rieuse des enfants d'Osne morts au champ d'honneur. 


Maintenant, voici les renseignements puisés pour la plupart 
dans les registres des délibérations de la commune. Le premier 
de ces registres date du 12 pluviôse an XI, premier de l'empire 
français, celui qui lui était antérieur ayant élé détruit, comme 
nous l'avons dit. | 


— 124 — 


Or, sur le premier feuillet de ce registre se trouve un récépissé 
signé de l'abbé Pierre, curé de la paroisse, qui reconnaît avoir 
reçu de M. le Maire la somme de 723 francs, provenant de fon- 
dations antérieures à la Révolution et dont les titres n’âvaient 
point, par oubli ou mégarde, été saisis par l'Etat. Ce rembour- 
sement fut effectué en 1807 ; il prouve la lovauté du Conseil 
municipal de Pépoque. 

‘n l'an XIII, le Conseil vote une somme de 3.000 francs pour 
réparations à l'église et au presbytère, matson qui servail jadis 
à l'éducation des jeunes filles, l’ancien preshylère ayant élé 
mis à la disposition du gouvernement, est-il écrit dans la déh- 
bération municipale. 

Un procès intenté par la communauté d'Osne avant la Révo- 
lution à M. Ilennequin, comte de Curel, qui prétendait enlever 
le droit de péche dans le ruisseau de lOsne, droit loué à 
M. Iumbert, fut repris en 1807 et lerminé à la satisfaction des 
habitants (1). 

On trouve, en 1806 et 1807, la reprise des bans de vendange 
et de moisson, mis par les habitants appelés sous les halles au 
son de Ja cloche. Il n’v avait pas encore à cette époque, ce nous 
semble, de maison communale ou, du moins, nous n’en voyons 
de trace nulle part. Les habitants de la commune étaient fréquem- 
ment consultés, par une espèce de referendum, sur la gestion de 
leurs intérêts, et toujours c'était au son de la cloche, sous les 
halles, comme nous l'avons vu, à l’issue de la messe ou des vépres 
du dimanche. 

En 1808, une délibération du Conseil municipal renouvelle un 
traité passé entre la commune et le berger du hout-haut. Voilà 
une expression qui indique que le village était partagé en deux 
{ronçons et qu'il v avait un berger communal spécial pour chaque 
partie du village. Quelques-uns veulent mème que le hout-haul 
lil partie autrefois de la Lorraine et le hout-bas de la Cham- 
pagne. Ces expressions sont encore aujourd’hui emplovées cou- 
‘amment. Ces deux tronçons, comme nous le disons plus lom, 
étaient séparés par la Forteresse. 

_ Le 30 juillet 1809, une délibération nomme deux nouveaux 
uardes champêtres, qui s’ajouteront aux quatre existants, pour 


(1) Voir aux pièces justificatives N° XIE. 


veiller aux récoltes. Défense est faite d'enlever des yerbes des 
champs avant le lever et après le coucher du soleil. Tous les 
cullivateurs s'engagent à donner une gerbe de blé à chacun de 
ces nouveaux gardes. 

Cette mesure nous porterait à croire que le septième précepte 
du Décalogue n’était point en grand honneur et que les maximes 
el les vols révolutionnaires avaient déteint sur les populatious 
rurales auparavant plus honnêtes. 

Une autre réflexion nous vient naturellement à la pensée. 
Cette mesure était bien atlentatoire à la fameuse liberté. pour 
laquelle les grands ancêtres de la Révolution avaient tant tra- 
vaillé ! 


Usne eut sa large part de souffrances et de charges de la 
double invasion de 1814 et 1815. Quoique éloigné des grandes 
routes, comme sa vallée les touche aux deux extrémités, les 
armées la descendirent et la remontèrent assez pour encombrer 
souvent le pays. Lorsque les premiers alliés entrèrent au village, 
remontant de Curel, l’effroi fut grand et une partie de la popu- 
lation se jeta dans les bois. « Je la suivis, écrit l'abbé Adam, à 
Baudrais où je retrouvai ma famille de Thonnance abritée dans 
la forêt. » 


Voici la nomenclature des réquisitions faites en 1814 ou, du 
moins, de celles dont nous avons rencontré les notes : 


1° Le 15 décembre 1813, cinq voitures attelées de chacune 
quatre chevaux pour conduire des militaires blessés à Doulevant ; 

2° Le 8 janvier 1814, trente chevaux pour conduire le train 
d'artillerie : 

3° Le 6 février, quatre voitures et quatre chevaux, sans compter 
deux petites autres voitures ; ! 

4° Le 22 février, dix boisseaux de pommes de terre et un bais- 
seau de petits pois à conduire à l'hospice de Joinville ; 

5 Le 25 février, 4.000 livres de foin et trois bœufs ou vaches 
à conduire à Joinville, par ordre du général ef chef des puis- 
sances alliées : 


6° Le 1% mai, trois voitures à trois ou quatre chevaux pour 
conduire les militaires et les bagages des troupes alliées. Il est 


— 196 — 


ordonné.aux voituriers de se munir de vivres et de fourrage pour 
{rois jours ; | 

1° Le 3 avril, le maire de Joinville envoie cinq hommes de la 
Garde Nationale pour contraindre les voiluriers récalcitrants à 
amener à Joinville trois voitures à trois colliers, garnies de paille. 
pour charger des blessés français et les conduire à Osne afin de 
les v nourrir et loger. 

La plupart de ces ordres sont donnés sous la menace de peines 
militaires. Cilons-en deux à titre de curiosité : 

« Les sieurs Buret Cyriac, Bardel, Chutin Cvriac, Aubrv 
Toussaint, Barbier Claude, Brigand Louis el Regnault Claude 
ainé fourniront conjointement ensemble un muid de vin bien 
soutiré fin clair, pour deinain neuf heures du matin. Ils se con- 
cerleront enseinble pour la fourniture d'un tonneau. Faute 
d'obtempérer au présent réquisitoire, les refusans auront chez eux 
chacun deux cosaques à leurs frais, Osne-le-Val, le 8 mars 1814. 

Signé: 'Tuouas, » 


« Billet de logement : Rue du haut du Moulin, Du 27 avril 
« 1814. M. Etienne Bardel logera un Militaire cosaque à cheval 
« pour ce jour suivant Ja loi. Signé : L. Royer. » Au revers 
du billet on lit, sans doute le nom du cosaque : « Paulloto- 
« vick. » 


Dans l'église d'Osne furent célébrés, en 1812, dix-huit mariages 
dont neuf en février. 

En 1816, le ban des moissons fixa l'ouverture des récoltes au 
11 septembre. Les pluies continuelles de l'été avaient retardé 
jusque-là la maturité des céréales. Quant aux vendanges, elles 
ne commencèrent que le 24 octobre et encore furent-elles avan- 
cées par suite de l'apparition des gelées et des neiges. L'année 
fut des plus mauvaises dans toute la France et, sans une abon- 
dante récolte de pommes de terre, qui alors ne pourrissaient 
pas encoré, c'eût été la famine dans toute son horreur. Le 
ministre de l’Intérieur fit construire des granges où l'on vendait 
le blé à bas prix aux plus nécessiteux. Malgré tout, les prix ne 
tardèrent pas à s'élever et des centaines de personnes moururent 
d'inanition. | 


— 127 — 


En 1818, une lettre de M. le sous-préfet à M. le maire fait 
connaître l'état de pauvreté et de mène dans lequel se trouve le 
le pasteur de la paroisse qui est dans l'impossibilité de paver des 
ellels qui lui sont adressés de Paris, et aussi le mauvais état du 
presbytère ; il prie en conséquence le conseil municipal d'amé- 
liorer la situation de leur curé et de solder les elfets. Heureuse 
époque ! De quels effets s’agissait-il ? La lettre ne le dit pas, mais 
sans doute du modeste mobilier qu’un jeune el nouveau curé 
avait Coninandé, car il v avait à peine quelques mois que 
M. Fournier était à la tête de la paroisse. 

Le 29 juin 1818 cest baptisée une enfant née du capitaine 
François Piault, chevalier de l'ordre de S. Louis ; le parrain était 
le capitaine Marcel Colas, chevalier de la Légion d'honneur. 
Le 8 mai 1819 était célébré, dans l'église d'Osne, le mariage d'un 
autre officier, M. Christophe François, chevalier de l'ordre royal 
de la Légion d’honueur, capitaine au 3° bataillon de la légion du 
département de la Manche, avec Marguerite-Joséphine Thomas, 
lille de M° Charles-Antoine Thomas, notaire royal à Osne. 

En 1820, à la naissance du duc de Bordeaux, fils posthume du 
malheureux duc de Berry lâchement assassiné par le fanatique 
Louvet, et petit-fils du roi Charles X, la France voulut doter Île 
jeune prince, héritier présomptif de la couronne, du maguifique 
château de Chambord. Une souscription fut ouverte ad hoc. Le 
10 janvier 1821, la commune d'Osne souscrivit la somme de 
90 francs, 

En 1820 et 1821, M. Fournier bénit six mariages depuis 
longtemps contractés civilement, mais trois de ces unions nous 
Paraissent composées d'étrangers à la paroisse, par leurs noms 
exotiques. Deux de ces mariages sont assez originaux ; il s'agit 
des parents et de leur fils qui se marient dans la méme céré- 
monie, le 10 août 1820. 


Voici les noms de ces conjoints réhabilités : 
Joseph Birlit et Marie-Jeanne Regnaull. 

Claude Birlit et Marie-Anne Demongi. 

Nicolas Plique et Félicité Tharasse. 

François Belgrand et Catherine-Victoire Colson. 
Eloy Guyot et Marie-Anne Birhit. 

Pierre Tharasse et Marie-Jeanne Martin. 


— 128 — 


_A cette époque il existait encore d'autres unions illégitimes, 
el trois baptèmes sont signalés dans le registre de catholicité de 
1821 et 1822, comme administrés à des enfants nés de parents 
mariés civilement. Ces unions ne doivent point nous étonner : 
elles étaient les fruits naturels et gàlés de l'ignorance et de 
l'impiété des dernières années du xvin® siècle. 

C'est en celle année 1820 que les enfants des deux sexes 
furent séparés et qu'une école de filles commença à être dirigée 
par Mie Angélique Jacquin, de Grand, aidée par sa nièce Marie- 
Angélique Pintat. 

Le 12 juillet 1821, un enfant de 3 mois, Yves Viard, fut 
dévoré par un porc. 

Le 11 juin 1822, le sous-inspecteur des forêts témoigne son 
étonnement au garde forestier Thiébaut, de ce qu'il n'a pas 
trouvé à verbaliser depuis le 26 décembre 1821, et l'engage dans 
la suite à plus d’exactitude et de fermeté dans ses fonctions. 

Le 10 juillet 1822, le capitaine J.-B. Georges Guinoiseau, 
officier en retraite, chevalier de la Légion d'honneur, épousa 
Marie-Jeanne Martin, veuve du capitaine François Piaull. 

Le 31 juillet 1822 naquirent trois enfants des époux René 
Buret et Marie Lantonnet. Ils ne vécurent que quelques jours. 

En cette même année, la commune donne à M. Maupris, curé, 
la somme de 150 fr. pour indemnité de déménagement (1). Elle 
vole également un devis de 8.795 fr. fait par M. Pierret, pour 
travaux à exécuter au presbvtère, qui vient d'être acheté à 
François Gauthier. 

En 1823, la commune est autorisée à recevoir de M"° veuve 
Couvreux, née Jeanne Bassemont, la somme de 1.000 fr., pour 
les intérêts servir à l'éducation des jeunes filles pauvres. 

En 1824, elle vote la somme de 16.400 fr., prix du devis de 
M. Pierret, pour la reconstruction du clocher; puis 7.900 fr. 
pour la refonte de la cloche et l'acquisition de deux nouvelles. 

Gette mème année 1824 voit la réhabilitation de trois maria- 
ges : un qui avait été purement civil, contracté en 1812, et les 
deux autres célébrés au religieux, mais invalides pour cause 
d'empèchement dirimant de consanguinité au 3° degré. Ces 
deux dernières unions sont celles de Crvriaque Demogeant el 


a 


(1) Cette indemnité sera refusée plus tard à un de ses successeurs. 


— 129 — 


Marie-Anne Demogeot, de Jean-Baptiste Demogeot et Margue- 
rile Demogeot. 

Le 23 mai, le gæde forestier Thiébaut a trouvé, dans sa 
Lournéce d'inspection au bois de la Cherhent, six petits louve- 
(eaux. 

Eu 1830, la commune fait ie quisilion de 7 cordes de jardin, 
à 80 fr. la corde, pour faire un potager au presbytère Elle vote 
une somme de 3.000 fr. pour réparations à faire à l'église, au 
cimelière, aux ponts, aux puils el aux maisons communales. 


Le 3 octobre 1830, création de la garde nationale d'Osne et 
acquisition de 30 fusils et 15 sabres pour la nouvelle compagnie 
qui est ainsi composée : 


Capitaine : J.-B. Guinoiseau, oflicicr retraité. 
Lieutenant : Cvriaque Girardin, ancien militaire. 
CR NE : Joseph Viard, ancien militaire. 
Scrgent-major : Eloy Guyot, ancien militaire, 
lourricr : Jean-Bapliste Guyvot. 
Sergents : Jean-Baptiste Lahalle. 
Cyriaque Demogeot. 
‘üenne Bardel. 
Claude Tharasse. 
Caporaux : Elov4derthel, Claude Viard, Nicolas Martin, Evan- 
wéliste Villaunav, Nicolas Piault, Nicolas Demo- 
weol, Nicolas Mourot et Claude Parisot. 


Nous ignorons le nombre et les noms des soldats de cette 
milice, 

En 1830, il y avait, d’après le rapport de M. le Maire à M. le 
Préfet, 85 à 90 enfants en classe près des institutrices et 70 à 
80 dans la classe de l'instituteur. | 

Le 5 juillet 1833, le garde forestier Cvriaque Saleur à été 
battu et désarmé par des délinquants pris en ag rant délit dans 
les minières de Montreuil. | 

En 183$, une grèle énorme meurtrit et fit mourir Marie Con- 
celin, femme Piault. Au souvenir des vieillards, on trouvait 
dans la campagne les cadavres des oiseaux.et des lièvres tués 


9 


— 130 — 


par les grélons. [Teureusement l'ouragan ne passa point dans la 
contrée des céréales et épargna ainsi le pain des cultivateurs. 

C'est en 1834-1835 que fut créée la fenderie d’art du Val 
d'Osne, à laquelle sera consacré un chapitre spécial à la fin de 
cette notice. 

Le 8 avril 1834, Myr Jacques-Marie-Adrien-Césaire Mathieu, 
évêque de Langres, futur cardinal et archevèque de Besançon, 
vint visiter la paroisse d'Osne et y conférer le sacrement de 
confirmation. 

En 1837, la commune fit l'acquisition d'une pompe à incendie 
el, en 1841, elle vota 1.300 [r. pour équiper la compagnie des 
pompiers. 

En 1843, fut tué, dans une carrière, Claude Aubrv, àgé de 
31 ans. 

Est approuvé, le 28 juillet 1812, un devis de 2.691 fr., pour 
travaux à exécuter à l'église et aux murs de clôture du jardin 
du presbvière. 


Mag voicr une longue délibération sur les réparations ou 
plutôt la reconstruction de l’église; nous croyons devoir la 
reproduire en entier, vu son importance el ses détails : 

‘« L'an 1842, le 6 novembre, les membres du Conseil muni- 
cipal de la commune d'Osne-le-Val se sont réunis en session 
sous la présidence de M. le Maire de ladite commune. Leur 
réunion à eu pour objet de s'entrelenir de l’affreuse catastrophe 
dont cette commune vient d’être le théàtre et qui à répandu 
 l’effroi parmi les habitants ; ils ont cru devoir en instruire l’admi- 
uistration, pour prévenir de plus grands malheurs. Le 2 noven- 
bre dernier, à l'issue de la messe, au moment où le peuple allait 
se relirer, l'on vit quelques picrres s'échapper de la voûte de 
l'église, ce qui fit craindre la chute totale de l'édifice, car per- 
sonne n'ignore son étal de délabrement ; peu s'en fallut qu'une 
personne eût le crane fracassé, puisque le sang jaillit à l'instant 
avec abondance de la large blessure qu’elle avait reçue à la tête: 
une autre reçut une violente contusion au bras. Ce n’est pas la 
lin. Aussitôt que les habitants s'aperçurent du danger, ils paru- 
rent frappés comme d'un mouvement électrique ; un bruil 


— 131 — 


alfreux se fait entendre, chacun croit {toucher à son heure der- 
nière, s'élance de son banc et se précipite avec impétluosité vers 
les issues qui peuvent le soustraire au péril ; les personnes âgées 
et faibles, les femmes et les enfants sont renversés et misérable- 
ment foulés aux pieds, de sorte qu'un très grand nombre ont 
élé blessés et mème plusieurs sont encore en danger de mort. 
Aujourd'hui les habitants exhalent leur mécontentement contre 
le Conseil municipal, ils Paccablent de sanglants reproches, ils 
l'aceusent d'insouciance, de négligence, de pusillanimité ; ils 
veulent de rendre pour ainsi dire responsablé du sinistre événe- 
ment dont il vient d’être parlé. Ces reproches sont cependant 
peu mérilés. Le Conseil municipal avait tout prévu : plusieurs 
lois 1 avait exprimé ses craintes en termes énergiques, notam- 
ment dans ses délibérations des 24 avril et 7 août derniers ; tous 
ses efforts ont été inutiles. L'administration départementale à 
paru sourde à ses justes réclamations. Il en a été de même de 
l'administration forestière, car ces délibérations sont restées sans 
effet. Qu'en est-il résulté? C'est que, faute de réparations faites 
en temps utile, le mal s'est aggravé au point que ce ne sera plus 
qu'avec des sommes considérables que l'église d'Osne-le-\'al 
pourra désormais être réparée d’une manière solide el durable. 
Le Conseil vient donc, pour la troisième fois, demander que 
l'administration forestière veuille bien auloriser la coupe de 
25 hectares de bois du Quart, en réserve de ladite commune el 
prier M. le Préfet de lui prèler son appui dans les circonstances 
difficiles où il se trouve. Si les vœux du Conseil élaient encore, 
celte lois, stériles, il prendrait un dernier parti, celui de renon- 
cer à l'exercice des fonctions dont 1l à été investi par la con- 
lance de ses conciloyens. Fait et délibéré en conseil les Jour, 
mois et an susdits. » Signé: Chutin, Guinoiseau, Beuret, Thu- 
“net, Guillemin, Bardel, Coquard, Millot, Viard, Aubrv, Guvot. 

En conséquence, un devis de réparalions provisoires de 250 fr. 
fut fait et autorisé ; mais Lout le monde comprenait qu'il fallait 
plus que des réparations, mais une nouvelle église. 

Le 3 décembre 18#4 fut approuvé, par la préfecture, un devis 
fait par l'architecte du département, M. Alphonse Botrel, s'éle- 
vant à la somme de 62.407 fr, 17, non compris les matériaux de 
l'ancienne église, qui devront être déduits de ectte somme. 

Le 25 avril 1849, approbation du devis définiif s'élevant à 


— 132 — 


96.341 fr. et les matériaux de démolition de l'ancienne église 
sout acceptés par l'architecte au prix de 10.500 fr. 

Le 5 mai 1846, le Conseil vote une somme de 845 fr. 16 pour 
honoraires à M. Botrel, et le 26 mai, un nouveau crédit de 5.000 fr. 
parce qu'aucun entrepreneur n'accepte au prix fixé, en raison 
de la plus-value des picrres de taille et des bois de charpente. 

Cependant, en janvier 187, eut lieu l'adjudication de Ta nou- 
velle bâtisse, la première semaine de carème la démolition de 
l'ancienne église, et en avril 1848 seulement, la pose de la pre- 
mière pierre. 

Le 7 avril 1847, vole de 80 fr. à M, Picrret, pour ses hono- 
raires de l'examen des plan et devis de l'église à batir. 

Le 8 février 1847 avaient élé votées une somme de 986 fr. 15 
pour le mobilier des sœurs d'école et une autre de 283 fr. 39 
pour réparalions aux classes des filles, 

En cette année 1847, le blé monta à 9 fr, le double décalitre, 
el si les pauvres d'Osne purent, malgré ce prix exorbitant, 
manger encore du pain, ce fut grâce à la générosité d'un homme 
de cœur dont il sera parlé ultérieurement, de M. Chutin, niure 
de la commune. 

Le 30 mai de cette mème année, après achat de l'ancienne 
cure qui génait la nouvelle construction, la démolition de 
l'immeuble et un nouveau plan d'église sont approuvés. Mais 
l'approbation de la préfecture se fit encore attendre el ne vint 
qu'en août. Ces délais, ces alermoiements incitent les entrepre- 
neurs Giroux et Dumoutier à réclamer une indemnité de retard, 
qui est fixée par experts à 2.927 fr, 16; puis l'expertise clle- 
méme coûte encore 203 fr. 80. 

En 1848, reconstruction du petit pont de la rue de l'Eglise ; 
coût : 1.006 fr, 66. 

Cependant, le 1° novembre 1849, la messe fut célébrée pour 
la première fois dans la nouvelle église, sur un autel improvisé. 

En 1849, la commune paie 428 fr. 43 à Nicolas Lamoureux, 
ferblantier à Thonnance, pour pose de chanlattes à l'église, et 
126 fr. à Tharasse-Thomas, pour enlèvement des déblais. Elle 
verse 600 fr. à M. le curé de Montreuil pour l'achat du retable 
qui se trouve dans le sanctuaire ; 202 fr. à M. François, peintre, 
pour peinture et dorure dudit retable, et entin 2.757 fr. 50 à 
M, Descaves, architecte, 


— 133 — 


De plus, la méme année, elle fait placer dans le elocher la 
belle horloge construite par M. Schilrue, ingénicur-mécanicien 
de Strasbourg. Celle machine lui coûte encore 2.470 fr. 

Enfin le gros œuvre de l'église était achevé, on pouvait y 
célébrer désormais les cérémonies du culte, elle n’attendait pour 
cela que la consécration ou dédicace. Celle cérémonie se fit 
solennellement le 3 octobre 1850, par Myr Pierre-Louis Parisis, 
d'illustre mémoire (1. 

En 1850 encore, fut volée la somme de 3.045 fr., pour relever 
les murs du cimetière, fermer l'emplacement de l'ancienne 
éshse, restaurer les murailles du jardin du presbytère, ete. 

En cette mème année, le 20 octobre, fut brülée, au fover 
paternel, une enfant de 7 ans, Marie-Emélie 1fanus, fille de 
Sébastien anus et de Marie-Anne [fanin. 

En 1851, la commune paie à Alexis Gérard, menuisier, 184 
francs pour travaux à l'armoire de l'horloge, au retable du sanc- 
{uaire el à son baldaquin; pus elle fuit l'acquisition de la 
maison Martin, pour dégager le portail de l'église ; cette acqui- 
sition lui coûte 4.000 fr. 

Le 11 décembre 1852, elle vote la somme de 142 fr. 80, pour 
fêter la proclamation de l'Empire. Cette somme servit à paver 
les frais d’un bal publie, des rafraichissements et la  répa- 
ration du drapeau. 


Le 27 juillet 1854, apparut à Osne, le terrible choléra qui, 
descendant de Baudrais par la Vaugon et la Roulotte, s'ins{alla 
en maitre dans certains quartiers où, pendant 17 Jours de sa 
faulx meurtrière, il abattit 65 victimes. Les quartiers contaminés 
furent celui du Moulin au bas de la Vaugon, et, chose étrange, 
la ruc fa plus saine parce que la plus élevée du village, qui 
s'étend de Péglise à la rue des [oudiers. Les autres demeurèrent 
indemnes. Cependant le Val d'Osne paya sa part de Phécatombe, 
en donnant 9 victimes. 

Mais le 19 août l'ennemi était vaineu par la Vierge de P\s- 
sompüon, qui est qualifiée de {errihle comme une armée, en 


(1) En voir au chap. XITT. le compte rendu. 


æ 134 — 
corps de bataille. En elfet, à partir de ce jour, il nv eut plus 
qu’une douzaine de décès à enregistrer, qui s'échelonnèrent 
jusqu'au 11 septembre, jour où eut lieu le dernier. 

Les plus déplorables journées furent celles des 2, 5 et 7 août, 
qui fournirent chacune six morts, celle du 11 août qui en donna 
cinq et celles des 28, 29, 30 Juillet, 10 et 1# août, qui enregis- 
(trèrent chacune quatre décès. On compte 10 enfants au-dessous 
de 10 ans, 18 personnes de 10 à #0 ans, 23 de 40 à 60, 9 de 60 à 
10, 13 septuagénaires et un nonagénaire. Le lotal des victimes 
fut done de 74; nombre fuble, dit Fabbé Adam, comparati- 
vement à ce qu'il eût été sans la salubrité de la vallée et l'air 
pur qui en descendait. 

’armi les personnes dévouées à combattre le fléau, on doit 
sisnaler à la reconnaissance publique, un jeune médecin de 
Joinville, Silas Millot, qui, bien que souffrant d’une maladie de 
cœur, vint soigner les malades d'Osne avec un zèle admirable. 
Il mourut peu de temps après, premier interne de FIlôtel des 
Invalides. Une mention honorable est due aussi à Madame 
Bouland, née Julie-Elisabeth Perrin d'Osne qui, bien que mère 
de deux jeunes enfants, se fit infirmière près des cholériques, el 
du reste reçut pour sa conduite une médaille de bronze bien 
méritée. 

À l'occasion de l'épidémie de 1854, la commune pava 1.600 
francs pour remèdes et honoraires d'infirmiers et 1.000 fr. pour 
honoraires des médecins. Mais en 1855, M. le Préfet alloua à la 
commune, sur le budwel départemental, la somme de 500 fr., à 
(itre de secours. 

L'abbé Adam laisse une note que nous donnons ici sans appré- 
elation, vu notre incompétence en la matière : « En deux ans 
nous avons eu onze morts de phlisie. La fréquence de cette 
maladie vient de la pauvreté du sang (rès remarquable dans 
celte population. À quoi faut-il attribuer ce phénomène? Sans 
doute à Ja sécheresse de l'air qui S'imprègne peu d'hydrogène. 
Le sol très poreux ne laisse point d'eau à Faction du soleil, 1 
est inouï que nos vapeurs indisènes nous aient donné un seul 
brouillard, nous n'avons que ceux que nous prêtent les vallées 
voisines ; aussi Sommes-nous beaucoup plus souvent gelés que 
le voisinage, nous l'avons été constamment depuis 1847. Nous 
avons peu de maladies de consomption, mais toutes les alfec- 


| PR: 


lions de poitrine, les fièvres biliaires et les affections rhuma- 
lismales. Je n'ai pas trouvé un seul cas d'affection scrofuleuse. » 


Le 10 octobre 1855, fut brové sous les roues d’un chariot, au 
Val d'Osne, Nicolas-Georges Plique, âgé de 45 ans. 

Le 30 avril 1856, Mgr Jean-Jacques-Marie-Antoine Guerrin, 
évêque de Langres, esl venu visiter la paroisse. Le prélat était 
accompagné de M. Bavoillot, vicaire général. Il à donné la 
Confirmation et son vicaire général à béni le superbe chemin de 
Croix en fonte d'art el bronzée, donné par Madame André. 
Monseigneur s'est montré salisfait, écrit l'abbé Adam, et plus 
encore édifié, du rapide ameublement de notre église, se faisant 
ainsi uniquement aux frais des familles. [m'a dit que ce phéno- 
mène de foi et de piété se rencontrait bien rarement dans les 
mêmes proportions. 

En 1856, il v eut encore 46 décès dans la commune, deux du 
choléra, deux de mort foudrovante et instantanée, et la plupart 
des autres de la fièvre tvphoïde. 

Une wuérison de cette fièvre mérite d'être mentionnée : 

Julien-Jules Millet, arrivé à la dernière extrémité el ne laissant 
plus à la Facullé, ni aux siens, aucune lueur d'espérance, se 
lève dans un accès de délire, saisit un rasoir el se coupe la 
gorge. Une hémorragie s'en suit naturellement, qui ouvre un 
passage à la respiration el abat fa fièvre. Le malade était sauvé, 
la blessure n'étant pas assez profonde pour trancher l'organe 
respiratoire. 
. L'été de 1857 fut sec et très chaud. Un orage, le 20 juin, 
fournit une gréle énorme, qui détruisil tout sur son passage, 
mais, grâce à Dieu, épargna la saison des blés qui furent abon- 
dants, el descendirent de 7 fr. à 4 fr. le double décalitre. 


Le 27 mai 1857, les sept frères Saleur et leur associé Debias, 
meltent le feu dans une nouvelle usine au bas du village, et le 
30 Juillet ils coulent la plaque-fover du presbrtère, qu’ils don- 
nent-gratuilement à M. le curé. 


La tonte des tilleuls du cimetière effectuée en févner, a 
rapporté à la Fabrique la somme de 188 fr. A cette époque, les 
fruits spontanés des cimelières, appartenaient encore légalement 
aux Fabriques, 1ls formaient même un des ärticles de leur 
budget ; mais une législation ultérieure les leur à enlevés. 

Le 15 Janvier 1858, une enfant de 8 ans, Mamie Devaux, fille 
des époux Ernest-Anloine Devaux et Eudoxie Paymal, fut 
enveloppée de flammes dans les prés, tandis qu'elle faisait du 
feu avec d'autres enfants. 

‘n 1858, {le Conseil municipal fait un règlement de conces- 
sions au cimelière ; il fixe à 50 fr. le mètre carré, les concessions 
perpétuelles, à 20 fr. pour les concessions trentenaires et à 10 
francs pour les concessions de 16 ans. En conséquence, toute 
tombe placée depuis 50 ans et dont l'emplacement n'était pas 
acheté, devait disparaitre dans les six mois. C’est une mesure 
juste et de bon ordre, mais qui dans ses commencements ne 
laisse pas d’être pénible. 


En cette méme année 1858, M. Adam demande un vicaire 
à Mgr l'évèque; le pasteur appuic sa requête sur le nombre 
croissant de la population (#10 familles, plus de 1,500 habitants 
et sur la distance du Val d'Osne. Le prélat en informe la com- 
mune, qu prend une délibération de refus. Cette délibération 
mérite de passer à la postérité pour les sentiments qui y sont 
exprimés, En voici un extrait : 

« ... Il serait de beaucoup préférable pour le Val d'Osne, 
comme cela se fait dans les usines populeuses et bien réglées, 
d'avoir au sein mème de sa populalion, sa chapelle et son 
chapelain ; qu'alors la masse d'enfants qui v travaillent avant el 
après la première Communion, ne serait plus abandonnés sans 
secours et sans défense à linfluence exclusive des mauvais 
exemples et de la séduction. Qu'alors notre populalion indigène 
ne recevrail plus le scandale de l'absence réqulhére de celte 
population industrielle à toutes les réunions religieuses... » 

Le Val d'Osne était donc, comme aujourd'hui, le scandale de 
la paroisse; c'est le Conseil municipal, dans un acte officiel, 
qui l’aflirme le 20 octobre 1858. Le registre des délibérations 


— 137 — 


en fut Loi. Mais pourquoi la population indisène s'est-elle 
laissé entrainer par ces exemples pernicieux d'indifférence el 
d'abstention relirieuse ? 


L'année 1858 est remarquable par le chiffre de la natalité qui 
s'est élevé à 59. 

En 1859, la commune s'émeut du peu de solidité de l'église, 
fait constater par un architecte les vices de construction ; c'est 
pourquoi elle réclamera à M. Descaves et à M. Dumontier, la 
somme de 10.000 fr. de dommases-intérèts et la restitution de 
1.270 fr. indûment pavés par elle à l'entrepreneur, par suite 
d'une estimation erronée de pierres. Cette demande sera faite à 
plusieurs reprises, pendant plusieurs années: des architectes 
seront nommés experts par le préfet; el enfin la commune 
sawnera et rentrera dans cette somme. Mais hélas ! Fédifice n’en 
sera pas amélioré, 1] conservera ses défauts et son peu de solidité, 
même après que des barres de fer en auront relié les murs 
centre cux. 

M. Adam a écrit de l’année 1860 : « C'est une année de 
pluies continuelles, de foins abondants, de grandes moissons 
mouillées et germées, de grandes vendanges qui ne NRC pas 
mürir et de malheurs inouïs. » 

En cette année fut polluée et puis réconciliée l'église d'Osne, 
comme il est narré ailleurs (1). 

Le 1° juillet 1861, la commune vota un secours de 200 fr, 
pour les victimes de l'orage du 22 juin, et le 8 août elle 
approuva un devis et projet de construction de maison com- 
munale, au coût de 26.941 fr. 82 cent. 

Le 15 mars 1862, Claude Regnault, président de la Fabrique 
et bienfaiteur de l’église, à l'imprudence de s'endormir sur la 
margelle de son puits, Lombe dans le gouffre béant et meurt à 
10 ans. 

Celte année se fil remarquer par 62 naissances el seulement 
24 décès. Parmi ces derniers, l’un surtout fut déplorable. Une 
jeune femme d’une excellente conduite, Alexandrine Beuret, 
pendant une pénible gestation perd la raison, et le 3° jour après 
sa délivrance se suicide par strangulation, 


— 138 — 


Le 28 janvier 1863, Nicolas Plantegenet, ouvrier du Val 
d'Osne, Lombe sous les roues de son tombereau et expire quel- 
ques heures après. | 

Le 6 mai, un incendie éclate au Val d'Osne, mais est promp- 
tement arrété. 

Dans ce même mois, l'architecte Maxe, de Bar-le-Duc, réclame 
363 fr. 55 pour inspection el rapport des travaux mal exécutés 
à l'église; l'huissier Briquet, de Jomville, réclame à son tour 
110 fr. 30, pour poursuites dirigées contre les sieurs Descaves, 
architecte à Chaumont, Dumontier, entrepreneur à Doujeux, et 
Chaudron, maire de Doulaincourt, caution de Dumontier. 

Le 10 janvier 1863 fut tué, en creusant le puits de la 
commune, près de la maison communale, Sébastien-Augustin 
Demassev, âgé de 38 ans, qui laissait # enfants en bas âge el 
une veuve sur le point d'être encore mère. 


En juillet 1865, une fête, que j'appellerai familiale, met en 
hiesse tout le pars. [ n’x avait en effet qu'un cœur et qu'une 
âme pour louer le maire, M. Cyriaque Chutin, le grand bienfai- 
teur de tous. Messieurs le baron de Lespérut, député, le Préfet 
de la Ifaute-Marne et le Sous-Préfet de Wassv, apportaient 
solennellement la croix d'honneur à cet homme de bien, pour le 
récompenser de ses #6 années de fonctions municipales. Une 
table de 60 couverts était dressée dans la salle de mairie pour 
les dignitaires et une autre de 500 couverts pour tous les chefs 
de famille et les jeunes gens, dans le jardin du nouveau légion- 
naire. Rien ne manqua à la réjouissance publique, ni les salves 
d'artillerie, ni la brillante illumination, ni le feu d'artifice, ni la 
musique, ni la retraite aux flambeaux. 

Un mois après, une maison remplie de bois et de fourrage, el 
appartenant à M. Thugnet, devenait la proie des flammes ; mais 
le foyer put ètre circonscril et les immeubles voisins soustraits 
à Ja violence du sinistre, par la promptilude des secours el 
l'habileté des pompiers. 


————_—_—_—_—_]_— ———— 


(1) Voir le chapitre de l'Eglise, 


EE Re 


Dès 1864, le vicariat d'Osne avait été érigé par Mer Guerrin, 
mais on attendait loujours qu'il plut au Conseil municipal de 
fournir un logement au vicaire. Des pourparlers étaient engagés 
entre l'évêché et la préfecture, mais rien n'avançait en raison de 
l'entétement des édiles de la commune. Cependant M. l'abbé 
Léopold Caussin est nommé vicaire d'Osne et entre en fonctions 
le 1 avril 1866. M. le curé, qui avait épuisé tous les movens 
de se concilier une entrée au Conseil, pour lentretenir de vive 
voix de l'affaire du vicariat, fut éconduit, &@ Ainsi mis hors de 
la voie officieuse, dit-il, 1 fit partir son dossier par la voice ofli- 
cielle. » Alors la commune fut mise en demeure de voter les 
fonds ; elle n'en fil rien ; quand arriva une menace de la préfec- 
lecture. A a menace, le Conseil répondit encore par des 
promesses dilaloires ; c'est alors que le Préfet, inpatienté, prit 
un arrèlé allouant d'office 1.536 fr., pour travaux à exécuter au 
presbytère et 963 fr. 50 à la Fabrique, pour équilibrer son 
budget et payer les premiers honoraires du vicaire. 

Les appartements vicariaux se firent enfin. En 1867, nouvelle 
demande à Ja commune de GN# fr., nouveau rejet de celle-ci, 
mais la somme fut imposée d'ollice par la préfecture. On le voit, 
Il Y avait à cette époque un conflit aiwû entre les deux autorités 
locales, civile et reliicuse. 

Cest en cette même année 1867, que fut créé le bureau télé- 
graphique, et que fut demandée l'inauguration d’un marché les 
samedis et de trois foires, les 20 janvier, 20 avril et 20 octobre. 
Le Conseil appuyait sa requète sur le nombre des habitants qui 
éluent près de 1.700, et conséquemment sur l'importance de la 
commune, qui se trouvait être la 9° de la Faute-Marne (1). 

Le 11 mai 1867, intervint un nouveau règlement sur les 
concessions de {errains au cimelière, I aggrave celui de 1858, 
puisqu'il met à 60 fr., 30 fr. et 20 fr. le mètre carré, selon que 
la concession est perpétuelle, trentenaire ou décennale, 

En 1868, la maison commune fut construite par François 
EE 


M) Ces marchés aussi bien que ces foires ne durèrent que peu de temps, 
quelques années à peine. 


Cemp Toussaint, entrepreneur à Joinville, movennant la somme 
de 28,126 fr., sans compter les matériaux de l'ancienne maison. 


Nous arrivons à l'année terrible, Le 19 juillet 1870, la guerre 
élait déclarée par la France imprévoyante à l'Allemagne. Nous 
nétions point prèts, parce que nous n'avions pas prévu el 
surtout nous étions sans alliés. Aussi dès les premiers Jours nos 
armées élaient-elles écrasées par le nombre, et une formidable 
invasion, ne rappelant que trop les invasions des barbares au 
v* siècle, inonda nos provinces de l'Est. 

Cependant à la nouvelle de nos désastres, les populations de 
la France entière rivalisent de patriotisme. Dès le 31 juillet, le 
Conseil municipal d'Osne vote une somme de 500 fr. de secours 
aux blessés de la guerre, il fait préparer 15 lits pour les recevoir. 
Aussitôt, parmi les habitants est ouverte une souseription, qui 
produit 945 fr., sans compter celle des ouvriers du Val d'Osne 
adressée directement à M. le Préfet et s’élevant à 283 fr. 

La commune est imposée à la somme de 6.131 fr. 40 pour 
l'équipement des mobilisés. 

Après les premières et sanglantes défaites de Wissembourg 
le # août, et de Reichshoffen Je 6, tandis que Mac-Mahon 
exécutail son habile retraite sur Chälons et que les débris de 
son armée passaient à Chatonrupt, plusieurs voilures de provi- 
sions furent envovécs d'Osne à nos héroïques el malheureux 
soldats. C'était le lendemain de la fête patrouale, le 15 août. 

Cependant, le 21, les premiers ennemis paraissent à One, 
ils descendaient la leva. Ils sont 22 qui viennent réquisitionner 
le village. IS chargent 6 voitures d'avoine, de pain, de vin 
bouché, de sucre, de café, de riz, elc., el contraignent trois 
hommes et leurs chevaux à conduire ces provisions, Ce sont 
MM. Nicolas Bardel, Nicolas Aubry et Charles Sauvageot, ce 
dernier âgé de 19 ans. Emmenés d'abord à Saint-Joire (Meuse), 
où se trouvait le camp prussien, ils furent de là dirigés sur 
Sedan, où 1ls arrivèrent au moment de la trop fameuse bataille 
vers le 1° septembre. 

Quelques Jours après, MM. Aubry et Sauvagcot réussirent, 
au péril de leur vie, à s'esquiver et à se cacher la nuit dans un 


a 


— 141 — 


bois, puis revinrent exténués au village, avec leurs voitures, 


après lrois semaines d'absence, qui durent paraitre longues à 


leurs familles respectives. Quant à M. Bardet, il lui fallut suivre 
jusqu'à Versailles les Prussiens, qui, à plusieurs reprises, le 
frappèrent et le blessèrent de leurs sabres. [ne revint au pays 
que le 1°" octobre, pour v mourir le 9, victime des mauvais 
traitements reçus. 

Le 23 aoûl, c'est une avalanche de 8 à 10.000 casques à 
pointe qui tombe à Osne et ne manque pas de Jeter l'effroi parmi 
les habitants. Immédiatement tous les fusils des pompiers sont 
réclamés et lordus dans les roues des chars, les crosses sont 
cassées à l'angle du mur de la mairie, L'officier d'approvisionne- 
ment réclame 9 bœufs qui devront lui être livrés dans la demi- 
heure el, comme le maire, M. Chutin, répond que cela est 
impossible dans un si bref délai, il est menacé d’être fait prison- 
nier de guerre. Et le vieillard sans s'émouvoir de répondre avec 
calme: « Je serais un vieux prisonnier ! » Il avait 81 ans. 

L'ennenni réclame aussi à l’instituteur, M. Favret, et cela sous 
peine d'être fusillé, l'appareil télégraphique, mais avec sang- 
froid celui-ci répond que l'inspecteur des télégraphes l'a enlevé. 

Le 24 et le 25 de nouvelles bandes succèdent aux premières ; 
quarante vaches du village sont abattues et dix autres emmences 
vivantes, Une grande partie du bétail cependant était cachée 
dans la forêl de Baudrais. Dans la journée du 24, une détona- 
Uion à retenti sur la place. Grande alerte parmi les Allemands, 
Plusieurs hommes sont maltraités et plusieurs autres contraints 
de se cacher ou de fuir. Mais il est prouvé que le coup est parti 
de Jui-même d'une arme prussienne. Néanmoins, le pillage du 
bout-haut à commencé, le vin coule dans certaines caves, des 
meubles sont brisés, toutes les volailles sont égorgées, les blés 
nouvellement coupés sont donnés en litière aux chevaux, de 
nombreux vols sont commis ; quand, dans la matinée du 25, 
arrive à toute bride de Curel un cavalier qui donne lordre de 
partir promplement. Que s'était-il done passé? L'ennemi venait 
d'apprendre que Mac-Mahon quittait Châlons et allait concentrer 
ses forces à Sedan, et il veut s'elforcer de lui couper fa retraite 
ou de FY poursuivre. 

Après la reddition de Metz, une armée ennemie sous la con- 
duite du prince Frédéric-Charles, se dirigeant sur Paris, traversa 


— 142 — 


li Champagne, et le 6 novembre, 800 Prussiens furent encore 
hébergés à Osne. La tradition veut que le prince descendit 
le village. 

Cependant il faut dire que les diflicultés du vallon Fépargne- 
rent à plusieurs reprises et le dispensèrent de passages. Néan- 
moins, au retour el pendant l’armistice, trois séjours de troupes 
se prolongèrent ; le dernier fut abrégé par suite d'une épidémie 
de variole qui mit les Prussiens en fuite. 


Voici le relevé sommaire des contributions de guerre, réqui- 
sitions et autres charges résultant de l'occupation prussienne : 


1° Montant des réquisitions de guerre réclamées 


par les autorités allemandes el pavées .  . 1.623 » 
2° Impôts perçus au profit du Trésor allemand . 18.634 » 
3° Valeur des réquisitions en nature, chevaux, 
bestiaux, denrées de toute sorte.  . . . 38.072 90 
4 Nourriture de 18.000 hommes, pendant Îles 
Journées des 23, 24 el 25 août 1870... 40,080 » 
9".Nourrilure de 8.000 hommes, le 6 nov. 1870. 2,123 » 
6° Montant des dégûts et perles provenant d'in- 
CONS D nn SR LE 600» 
7" Valeur des objets mobiliers enlevés... . 6.370 » 
=. 2 


Total des contributions, impôts, dom- , 
HTAes, CLOUS. se à 2 à à 108.108 90 


ü 


Lorsque l'indemnité de guerre de cinq milliards eut été payée 
à l'ennemi, et elle le fut rapidement, au grand étonnement de 
l'Europe, l'État remboursa aux communes et aux particuliers. 
les sommes avancées pendant la guerre et solda en grande partie 
les pertes causées pau l'invasion. 


(1) Ainsi copié dans le registre communal d'Osne. 


— 143 — 


CHAPITRE XI 


« L'église d’Osne et ses biens 


Comme il y a dans le temps des jours réservés au culte de Ja 
Divinité, il v a, dans l'espace, des lieux spécialement consacrés 
à celle destination. C’est pourquoi l’église à été construite dans 
Lous les Lemps et chez tous les peuples. D'abord simple pierre 
érigée par le patriarche de la Loi primitive pour loblation des 
prémisses ou, des victimes sanglantes, puis tente portative pour 
abriler dans l'exil le Tabernacle d'Israël ; à la fin, temple fixe 
dressé avec une magnificence inouïe sur une des quatre collines 
de Jérusalem, le mont Moriah. L'église catholique, aujourd’hui, 
sèlève sur toutes les plages du monde, et la victime non san- 
rlante du Calvaire y est immolée à toutes les heures du jour el 
de la nuit, 

Rien n'est plus impérieusement nécessaire dans un village 
qu'un temple capable de réunir tous les habitants aux pieds des 
aulels et d’abriler avec décence les mystères de nolre sainte 
Religion. Aussi nos pères du Moven-Age et même longtemps 
auparavant ne marchandiaient-ils ni leur sueur ni leur argent 
pour faire #rand, beau et bien; les superbes cathédrales que 
nous ont transmises les générations el qui couvrent le sol de la 
France en sont une preuve indéniable, Il n'est pas jusqu'aux 
plus humbles hameaux qui n'aient eu leur chapelle, parfois 
modeste, mais toujours digne, 

À quelle époque fut construite la première église d'Osne ? 
Qu'était-elle ? Nous ne le savons pas. Etcelle mème qui disparut 
au siècle dernier, à quelle date précise remontait-elle ? Noux ne 
le savons pas davantage. C'est à peine si d'après les renseigne- 
ments recueillis près des vieillards, nous pouvons conclure 
qu'elle était probablement de stvle roman et, par conséquent, 
remontant au moins au x où xu° siècle. 

Le plus ancien monument qui nous parle de l'église d'Osne 


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est un parchemin en partie mutilé, datant de 1477, et sur lequel 
est publié eu latin de chancellerie romaine, une bulle accordant 
des indulwences à ceux qui participeront à la réparalion de 
l'église. Voici, du reste, l'analyse et le résumé de cette pièce, 
qui esl en notre possession : 

Ca le... septembre 1477, seplième année du pontilicat 
« de Sixte IV, à la prière de Pierre Roland, curé de la paroisse 
« de St-Cvr d'Osne, les cardinaux..... Ange, Olivier, Julien, 
« Elienne, Philibert, Jean, Michel et François, en vertu de 
© l'aulorilé apostolique, pour encourager les fidèles : 1° à visiter 
« celle église ; 29 à la réparer; 3° à l'entrelenir ensuite ainsi 
« que son mobilier, accordent chaque année à perpétuité 100 
« Jours d'indulgence à tous les fidèles qui, confessés el contrits, 
« du mois de juillet au mois de décembre, ainsi qu'aux fêtes de 
€ SU Cyr, de Ste Marguerile, des apotres Pierre el. Paul et de la 
« Dédicace de ladite éghse, el assisteront dévotement une fois à 
« l'oflice, depuis les premières jusqu'aux secondes Vépres, et y 
« feront une offrande aux trois fins susdites. » 

Une conclusion se dégage naturellement de ce document : 
c'est que l'église d'alors avait besoin de réparations importantes, 
puisque le curé d'Osne demande une indulwence pour exciter 
les fidèles à réparer cet édifice. Celle pièce apporte encore un 
conlirmalur à celle opinion, assez bien établie par ailleurs, que 
les églises avaient cu particulièrement à souffrir en France pen- 
dant la guerre de Cent ans, et que cette désolation persista fort 
avant dans le règne de Louis XI, par suile d'une multitude de 
combats isolés el périodiques que se livraient les seigneurs sur 
tous les points du territoire. 


Nous lisons dans les notes manuscrites de l'abbé Adam, curé 
d'Osne, qui vout nous fournir presque toute la matière de ce 
chapitre : 

« Le 1°" août 1760 ful posée lu première pierre de la maitresse 
porte de l'église. Le clocher et le chœur étaient beaucoup plus 
anciens ; 1 paraitrail que les nefs furent construites alors. EL le 
24 décembre 1762 la messe de minuit put être chantée au 
mailre-autel, les (travaux élant Lerminés, 


Voici l'inscription qui fut enfouie sous la porte: Anno 1760, 
die primä augusti, ambæ islæ fores, quarum primum jacuit (1) 
lapidem magister Franciscus Le Gendre, hujus Ecclesiæ paro- 
chus, Ludovico XV regnante, ertruclæ sunt, opifice Cyriaco 
Lahalle. » | 

Traduction : Le 1°" août 1760, sous le règne de Louis XV, 
ces deux portes, dont Maitre François Le Gendre, curé de cette 
paroisse à posé la première pierre, ont été construites par 
Cyriaque Lahalle. 

S'agit-11 de constructions nouvelles ou simplement de répara- 
ions? L'abbé Adam penche pour la première hvpothèse ; du 
reste c'élaient d'importants travaux, puisque le service divin 
élail interrompu et ne fut repris que 29 mois plus tard. 

Il serait intéressant de savoir où et comment se célébraient 
les offices paroissiaux pendant ces longs mois, mais aucune note 
ne nous l'apprend. 

En 1824, le clocher Lombail sans doute de vélusté, car il fut 
reconstrnit au prix de 15.225 fr. L'architecte fut M. Pierret, 
de Curel, et l'entrepreneur, François Gauthier, d'Osne. Celle 
dépense élait bien inutile, puisque, comme nous allons le dire, 
24 ans plus tard, ce nouveau clocher sera démoli, aussi bien que 
l'église, pour faire place à d’autres construclions. 

Ajoulons que celte église ancienne occupait la place qui se 
lrouve aujourd'hui à droite du monument actuel, que la porte 
principale était absolument au lieu de la porte en fer du cime- 
lière, que la façade avail {rois portes, que le clocher se trouvait 
sur Je sanctuaire au lieu et place où se voit aujourd'hui le petit 
mur au-dessus des sapins, ou plutôt à l'ouverture laissée par ce 
mur, face à la croix de l'abbé Pierre. 

Ce clocher, que M. Adam dit avoir été plus beau que celui qui 
lui succéda, avait non la forme de flèche élancée, mais plutôt 
celle d’un dôme quadrangulaire, surmonté d’une croix. Il était 
plus spacieux que celui-ci, puisqu'il pouvait loger les trois 
cloches sur le même plan. 

De l'ancienne église nous sont restés deux autels, celui de la 
chapelle S. Cyriaque et celui que l'on voil aux fonts baplismaux, 
ous deux en pierre sculptée, style Louis XV, 


(1) Pour « Jecit » car jacuit est un barbarisme. 


10 


— 146 — 


Or le 2 novembre 1842, pendant l'office des Trépassés, une 
pierre se détachant de la voûte, blessa Louis Regnault et Jean- 
Baplüiste Barthier ; 1l s'en suivit naturellement une fuite tuumul- 
lucuse el générale, dans laquelle des femmes furent piétinées. 
Des paniques se renouvelant plusieurs fois dans les années qui 
suivirent, on dut nécessairement songer à bâtir un nouvel 
édifice. | 

Malheureusement le plan fut mal conçu par un premier archi- 
Lecte, imparfaitement modilié par un second el acceplé par une 
municipalité iuintclligente en matière d'archéologie religieuse. 
M. le curé eut beau protester, mettre dés entraves à l'exécution 
de ce plan, avertir l'architecte du peu de solidité de son travail, 
se laver les mains devant la postérité, « la cathédrale prétendue 
wrecque où plutôt bâtarde »; comme l'appelle le bon curé, 
fut décidée. L'église ancienne «'écroula sous le marteau des 
démolisseurs, en janvier 1847. 

Pendant cinq mois, les oflices se firent dans la salle à manger 
bien étroite du presbytère, el dans la suite dans une superbe 
chapelle gothique édiiée par Parliste Ménissier, et qui coûta 
4.000 fr, Écoutons ce qu'en dit M. le curé : « J'entrai le jour 
de l’mcidence de la Féte-Dieu 1847, avec 16 prétres venus pour 
im v introniser, dans ma merveille de sapin ; une bonbonnière 
solhique, ravissante église, svelle, riante, brillante de peinture 
el rivale de nos belles constructions du xiv" siècle... Je vécus 
trente mois sous ma belle et coûteuse toile d'aruignée, mouillé 
par la pluie, blanchi par la neige, gelé en hiver, bouilli en ete... 
J'entrai dans le nouvel édifice, le 1° novembre 1849. » 

Le prélre s'atlarde longuement dans ses notes à exposer ce 
que Îles ressources permettaient de faire, une église gothique ou 
romance, Mails sérIQUse, avee voûtes en picrre, moins vaste cl 
plus économique, el il'accuse l'édilité d'alors, de mauvais esprit. 

Le 3 octobre 1850, l'église fut solennellement consacrée par 
Mer Pauisis, d'illustre mémoire, le vaillant évéque de Langres, 
qui soutint plus tard à la Chambre, avec lant de courage et 
d'éloquence, la liberté d'enseignement. 

Etaient présents à la cérémonie de consécration : MM. Favrel, 
vicaire général, accompagnant le prélat consécraleur ; Devoi- 
Uine, curé de Chauwev, maitre de cérémonie ; Maréchal, doyen de 
Joinville ; Toussaint, curé de Curel; Bruant, curé de Noncourt : 


+ 
+ 


sie 


Morel, curé de Saint-Urbain ; Budelot, curé de Suzannecourt ; 
Thevenot, vicaire de Joinville ; Crévisy, curé de Sommermont ; 
Vautrm, curé d'Auligny ; Lebecq, curé de Montreuil ; Jeanson, 
curé d'Eflincourt; Piat, curé de Rachecourt ; Gelin, curé de 


Façade de l'église d'Osne-le-Val, 


Digitized by Google 


LA 


— 115 — 


Fontaines; Dubois, curé de Gourzon ; Scervaus, curé de Narcer ; 
Génuel, curé de Chamouillev; Guillemin, curé d'Eurville ; 
Adam, curé de Voillecomte ; M. le doven de Monliers-s Saulx ; 
et MM. les curés de Mandres, de Couvertpuis, de Iévillers, de 
Morlais, le vicaire de Montiers ; MM. Cvriaque Chutin, maire ; 
Victor Beuret, adjoint: Joseph Viard, capitaine de la Garde 
Nationale; François [fenrion, chef d'orchestre ; Deschamps, 
instituteur; Sœurs Césaires et Amédée, inslitutrices ; Grosjean, 
directeur du Val d'Osne :; les membres du Conseil de Fabrique 
el du Conseil municipal ; et les fidèles de la paroisse (1). 

La nouvelle église, comme l'ancienne, à pour titulaires les 
saints Cyriaque, Large et Smaragde, martyrs des premières 
années du it siècle, sous le sanguinaire Galère Maximin. 


Mais à l'église il fallait un mobilier, l'ancien n'était pas 
digne, Pabbé Adam Festimait 500 fr. La générosité des fidèles 
y va pourvoir en grande partie. Cilons les noms des principaux 
bienfaiteurs, ils méritent de passer à la postérité ; peut-être 
réveilleront-1ils chez leurs descendants, Ja flamme de la libéralité 
envers Île temple du $cigneur : 

M. Claude Bassemont donna les cinq vitraux du chœur, qu'il 
dut remplacer peu de Llemps après, car un ouragan avait démoli 
les premiers. Coût 12 à 13 cents francs pour la première fois et 
2,000 fr. la seconde. 

M. et Me Chulin offmrent le Maître-Autel en marbre, qui 
coûta 2.400 fr. ; l'exposilion du S. Sacrement en bois doré, de 
200 fr.; une bannière de la Vicrge, de 110 fr, ; et ajoutèrent 
280 fr., pour replacer le grand Christ de l'avant-chœur. 

M. André, mailre de forge du Val d'Osne, donna la chaire à 
prècher, qui fut exéculée dans son usine ; valeur 1.200 fr. 

Mme Charlton, de Sommeville, née Foudier, donna quatre 
chandeliers, pour le sanctuaire, 

M. Louis Guillemin, ancien maire, acheta un drap mortuare. 

Me Thugner, née Madeleine-Ursule Guillenun, fit confec- 
Hionner une riche aube, avec sa robe de noce. 


‘xtrait du vistre de Fabrique. 
1) Extrait du Registre de Fabriq 


\% Froideau, nièce de M. André, dota les (rois autels d'une 
belle garniture de nappes et de dentelles. 

Les jeunes gens du village se Colisèrent, et aidés de M. Chutin 
et de M. labbé Emile Thomas, firent replacer à la chapelle du 
palron, et restaurer l’ancien Maitre-Autel. Coût 270 fr. 

Le Conseil municipal acheta le relable du Maïtre-Autel, qui 
provenait de Péglise de Vignorv, el:qui d'abord vendu'à Mon- 


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Le sanctuaire de l’église d’Osne-le-Val, 


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Lreuil, se trouva Lrop vaste pour l'église, Coût d'achat, de pose 
et de restauralion, 1.000 fr. 

M. Victor Beuret donna un petit lustre. 

M. Claude Regnault, à l'occasion du mariage de son fils 
Alexandre-Athanase, avec M Duplaquet, fournit deux des plus 
beaux lustres, avec une paire de sirandoles. 

M. Charles-Antoine-Cyriaque Thomas, donna le premier 
chemin de Croix, composé de croix ouvrées, sorties du Val 
d'Osne. 

Quelques années après, M André procura les 14'slalions 
superbes du chemin de Croix actuel, coulées dans son usine. 
Cette œuvre d'art a une grande valeur, car chacune des statuettes 
qui la composent, a été faite à part. 

MM. Lahalle, Millot et Colas, ont donné la statue de saint 
Roch; M. Pierre Aubrv, celle de saint Vincent ; M. Berchaire- 
Millot, celle de saint Joseph; M Céline Guillemin, celle de 
sainte Anne; les filles de Ja paroisse, celle de sainte Catherine : 
et Fabbé Adam, curé de la paroisse, celle de son patron, saint 
André. 

A l'occasion de leur mariage, les époux Regnaull-Thugner ont 
doté l'église d’un des trois gros lustres, et les époux Mauclère- 
Linard, d'un des deux petits. 

M. Zégut, directeur de l'usine de Sommevoire, a fait cadeau 
du Christ de Bouchardon, placé en face de a chaire, et de fa 
s#uille des fonts baptismaux ? M. l'abbé Thomas, de la grille de 
la chapelle de la Vierge. 

Les époux Claude Beuret et Marie-Jeanne Charles, ont donné 
210 fr., pour acheter un ostensotr. 

M. Bavbezat, administrateur du Val d'Osne, a fait couler, en 
mémoire du directeur décédé, M. Nicolas Barbier, la statue on 
fonte de saint Nicolas, et il à ajouté 32 girandoles porte-cierges. 

Au mariage de M. Jules Regnault, avec Mir Clarisse Méligne, 
l'église a reçu la banquette en velours rouge du sanctuaire, 

Mr veuve Regnault-Bassemont, a procuré une chasuble et 
{rois chapes en drap d'or. 

Plus tard, M Chutin fil encore cadeau d'un dais de 450 fr., 
el la famille Regnault-Bassement, d'une paire de candélabres et 
des tapis, puis elle Hit clôturer le cimetière pour la somme de 
2,000 fr, 


—— [ol — 


Plusieurs ornements furent ajoutés par de picuses mains qui 
ont voulu garder lanonvmal, el des quètes répétées à diverses 
reprises par la Jeunesse des deux sexes, permirent de réargenter 
les chandeliers, lampe, bénitiers, ete., et de faire plusieurs autres 
acquisiions, parmi lesquelles celle d'une bannière des saints 
patrons Cvriaque, Large el Smaragde. | 


L'intérieur de l'église d'Osne-le-Val. 


Nous ne pouvons allonger davantage cette honorable hste, 
bien que plus d'un nom puisse encore v figurer: mais aucun n'a 
été oublié par Celui auquel rien n'échappe, et qui sait parer 
avec usure ce qu'on lait pour sa gloire, On peut dire vraiment 
que toute la paroisse, pauvres el riches, rivalisa de générosité, 

Fonneur à toutes ces familles d'Osne qui se firent un bonheur, 
au prix de saerilices mériloires, d'embellir leur jeune église et 
de donner du lustre aux cérémonies du Culte, Elles avaient 
compris que l'église du village est bien et dûment l'instrument 


de la civilisation chrétienne, parce qu'elle est l'organe sacré de 
loutes les grâces de l'Evangile. C'est là que l'enfant est régénéré 
à la fontaine baptismale, et que l'homme mür, dès qu'il a fait 
naufrage, rencontre sur les flots de la vie la planche du salut : 
c'est là que l'adolescent vient apprendre à bégaver les mystères 
de la religion, et acquérir la connaissance élémentaire de la 
doctrine ; c’est là que dans un jour inoubliable la jeunesse reçoit 
sur ses lèvres émues el dans son cœur purifié, le pain eucharis- 
lique ; c'est là que les jeunes époux viennent faire bénir leur 
amour de vingt ans et sceller leurs engagements dû sceau divin ; 
c'est là que lous les fidèles, confondus malgré la diversité des 
condilions et des âges, viennent implorer toutes les grâces du 
Ciel et remplir le devoir capital de ladoralion ; c’est Tà qu'on 
apporte le cadavre du chrétien, pour appeler sur sa cendre une 
suprème bénédiction ; c'est là, en un mot, que l’homme apprend 
à devenir bon chrétien d'abord, puis el par suite bon époux, 
bon frère, bon ciloven sur la Lerre et ciloven du Ciel. | 


Hélas ! dans cette même église, que nous avons vu orner avec 
tant d'empressement et de munificence, va se passer un drame 
qui la profancra. En 1860, le nommé Eugène-Christophe Robert. 
originaire de Grand (Vosges), venant de purger une condam- 
nation à la prison, entre dans une violente colère contre Fadjomt 
et le garde forestier qu'il accuse d'être les auteurs de son procès 
et de sa condamnation, achète deux pistolets et pendant plusieurs 
jours cherche à rencontrer ses deux ennemis. Arrêté par les 
sendarmes le 2% juin, 1] leur échappe le soir et se réfugie dans 
l'église d’'Osne. De là, il menace de ses armes ceux qui essaient 
ce l'approcher. M. Adam, seul, ose braver ses lureurs el ses 
menaces el parlemente avec lui Lrois quarts d'heure durant, mais 
ea vain, De guerre lasse, il est enfermé dans le lemple gardé Loute 
Ja nuit par la gendarmerie. Le lendemain matin à # heures, au 
milieu mème de l'église, après avoir préalablement prévenu 
M. le curé de son projet de suicide et rejeté les paternelles 
exhortalions du pasteur, il se mit larme meurtrière dans la 
bouche et se fil sauter la cervelle, 

D'après les lois de l'Eglise catholique, le temple se trouvail 


t 


— 153 — 


pollué. et il était interdil d'y célébrer les saints mystères, 
Myr Guerrin, évêque de Langres, le dimanche suivant 1° juillet, 
vint lui-même en personne accomplir les cérémonies liturgiques 
de la réconciliation. 

Cependant, la série des générosités est loin d’être close, En 
elet, en 1880, la famille Regnault-Bassemont, qui habite Paris, 
fait ouvrir une fenètre à la chapelle de la Vierge et v fait placer 
un superbe vitrail sorti des ateliers du premier verrier du monde, 
Claudius-Savergne. 

En 1887, d'autres vitraux de la mème maison viennent orner 
les deux fenêtres des bas-côtés de la façade de l'église et sont dus 
à Ja générosité de M. l'abbé Schoœnher, enfant du pays, de 
M. Mauclère et des paroissiens. Trois représentent des scènes 
bibliques de l'Enfant prodigue, de la Samaritaine au puits de 
Jacob et du baptème par l'apôtre S. Philippe de l'eunuque de 
Candace, reine d'Ethiopie ; Ie quatrième nous rappelle le baptème 
historique de la nation française dans la personne de son roi 
Clovis. Ces quatre tableaux sont d'une finesse d’exéculion, d’une 
douceur de coloris et d'une expression remarquables. 

Vers Ja même époque, M. Bonnenfant, curé de la paroisse, 
fait cadeau d'un bel autel en marbre pour la chapelle de la 
Vierge ; en même Lemps, il fail transporter l'ancien dans la cha- 
pelle des fonts-baptismaux. | 


Un procès-verbal de visite épiscopale lrouvé aux Archives de 
la Marne nous semble avoir sa place naturelle à la suite de ce 
chapitre sur Péglise d'Osne. Le voici tn erlenso : 


« Le 21 septembre 1626, Monseigneur a visilé l’église parois- 
ile d'Onne et consacré deux autels, le principal en lPhonneur 
de S, Cvriaque martvr el l'autre de Nostre-Dame. L'église est 
en assez bon élat el n'y à rien qui menace ruine, mais la couver- 
Lure à besoin d'etre relevée, 

« Le S, Ciboire el les fonts se sont trouvés neltement Lenus, 
le cimetière est large et spacieux, il v a des brèches dans la elo- 
Lure qui est de pierres, Mer à fait son ordonnance aux marguil- 
hers pour les faire réparer incessamment, licelle ordonnance 


# 


en |9t = 


portant défence de mettre de la chanvre et autres denrées dans le 
cimetière. | 

« Ya à Onne deux cents feux, cinq cents communiants. 

«€ Ya marguilliers, belle mère et maistre d'escolle ; les dixmes 
appartiennent pour un liers au chapitre de S. Laurent de Join- 
ville, un liers à la prieure du Val d'Onne,et l'autre Uers au curé. 

Les mesmes dixmes appartiennent pour un liers au chapitre 
de S. Laurent, un sixième à l'abbave de Saint-Urbain, un 
sixième à la prieure du Val d'Osne, le surplus se partage 
entre le sire de Vaudrémont, le seigneur de Curelle et le curé 
dudit Onne. 

« La seigneurie est de la principauté de Joinville. 


La la brig ue 


« Les héritages qui soulovent appartenir à 4 Fabrique sont 


aliénés depuis longtemps et ne reste aucun e revenu à ladite 
Fabrique. 


Nominalion el présentation à la cure 


« Ea nomination et présentalion à la cure est du chapitre 
Saint-Laurent de Joinville. 


levenus de la cure 


« Seize septiers de bled à prendre par préciput sur les grasses 
dixmes ; le tiers des dixmes outre lesdits seize septiers qui vaule 
par communes années trente sepliers par moitié froment et 
avoine, 

« Un journal de terre assis au territoire dudit Onne, sur Île 
chemin Uüirant à Montiers-sur-Saulx qui vault par communes 
années deux boisseaux. 

« Un morceau de prez proche le ruisseau contenant dem 
fauchée, qui vault de revenu par conmmunes années quarante sols. 


Meubles el ornements d'église 


Une bannière de damas rouge, 

Une chasuble de damas rouge, 

Une chasuble de talfetas vert, 

Une chasuble de camelot rouge supportée, 
Une petite chasuble de taffetas bleu, 


lue vieille chasuble blanche, 

Deux tuniques de damas rouge, 

Deux tuniques de camelot rouge, 

Trois chapes l'une rouge, l'autre blanche et l’autre rose sèche, 

Deux petiles tuniques blanches, 

Deux chasubles, deux tuniques et une chape noirs, 

Dix nappes ‘d’autel, six aubes, trois surplis, trois pents de 

palleteaux de petits points où est l'histoire d'Aman. 

Deux courtines de talfetas vert supportées, 

Deux autres courtines de serge vert, 

Un tapis servant au principal autel, 

Deux chandeliers d'estain, six chandeliers de cuivre, un petit 
caubénitier de fonte, deux movennes eloches dans le clocher, un 
sraduel et deux antiphonaires de parchemin, deux missels, un 
processionnal et des agendes : trois calices d'estain, 

Une vieille courtine de toile à voiler le erueitix en temps de 
caréme, 

€ Audit heu d'Onne n'v a point d'hérétique. » 

Ou peul juger, par cel inventaire, de la pauvreté du mobilier 
de l'église, dans lequel ne figure pas l'ombre d'un objet précieux, 
ni calice, ni ciboire en argent. Qu'étaient ces /rois pents de pal- 
leleaux de petits points reproduisant Vhistoire d'Aman? Proba- 
blement des tapisseries ou des broderies, mais servaient-elles 
d'ornements sacerdotaux ou plutôt n'étaient-elles que des revè- 
lements de murailles ou tableaux ? Que faut-il entendre par 
belle mère ? sans doute une institutriec : ce qui nous le donne à 
penser c'est que, dans lénumération, le maitre d'école vient 
immédiatement après la belle mère, 

Ce pauvre mobilier d'alors est aussi à comparer avec la richesse 
relative de celui d'aujourd'hui, dont voici les principaux articles : 

Un calice en vermeil, deux calices en argent, (rois ciboires 
en argent dont un fort beau, un superbe ostensoir tout vermeil 
de style gothique, un autre argenté style renaissance, un plat en 
argent, seize chandeliers en cuivre dorés ou verni, dix-huit chan- 
deliers en métal argentés, un beau thabor en cuivre émaillé, 
quatre chapes drap d'or dont une neuve, deux chasubles drap 
d'or dont une neuve, deux chapes noires, cinq chasubles blanche, 
quatre rouges, deux violettes et trois noires, une chape violette, 


— 56 — 


le tout en soie, Trois draps mortuaires avec quinze oriflanmes 
de deuil et deux devant-d'autel noirs. Plusieurs tapis parmi 
lesquels un beau neuf el un tapis-chemin de dix mètres de long 
sur un mètre de large : plusieurs bannières en velours brodées et 
supportées, deux neuves en soie ; une douzaine de jolis costumes 
d'enfants de chœur et d'autres plus simples, huit aubes pour 
célébrant et quelques surplis et rochets, environ une douzame 
de nappes avec dentelles et une demi-douzaine de napperons : 
quatre paires de candélabres, cinq lustres dont trois beaux : 
(treize pelites girandoles en cuivre à trois branches, un superbe 
chemin de croix en fonte d'art bronzée, un harmonium à six 
jeux, ele. | 


Cloches 


A Oxsne, on atme volontiers la musique et nous connaissons 
plus d'un de nos paroissiens qui eussent été heureux de vivre au 
emps et au pavs d'Orphée. Aussi, depuis longtemps sensibles à 
la voix solennelle et harmonieuse des cloches, les habitants 
s'élaient-ils procuré plusieurs de ces messagères de la Divimité. 

En effet, dès 1626, 11 v avait dans le campanile de église 
deux cloches signalées dans le procès-verbal de la visite épisco- 
pale rapporté plus haut. 

Le 22 mars 1627, M'° Joachim Flosdier, curé d'Osne, bénit la 
srosse cloche de son église dont la refonte, dital, lui coûta 
«sir vingl livres sans compter les franes ». Le parrain fut 
Messire Nicolas Thomassin, baills de Joinville et la marraine 
dame Marie de Malabarbe, prieure du couvent. [ne s'agit pas 
sans doute d'une troisième cloche, car le mot refonte indique 
plutôt la facture d'une cloche avec fe métal d'une ancienne. 

Mus un siècle plus tard, le nombre de trois sœurs sera com- 
piété. En effet, le 28 mars 1738, M. Claude Le Gendre, curé 
d'Osne, bénit les deux petites eloches 5 Ta movenne pesait 
925 livres, elle était sous Finvocalion de lt sainte Vierge Marie 
el avait pour parrain François Regnault, marguillier ; la petite 
300 livres, elle était sous linvocalion des saints Large et Sma- 
ragde el avait pour parrain Fenrx Prault aussi mareuillier, On 
ne nous dit pas quel était le titulaire de Ha grosse, mais 1} est 
probable qu'elle avait été bénite sous le vocable de $, Crriaque. 


7 RE 


Re 


La Révolution qui ferma les églises, vendit à l'encan le mobi- 
lier sacré, s'empara des calices d'or et d'argent pour les envoyer 
à la Monnaie, ce qui entre parenthèse n'empècha pas la faillite, 
ne pouvail respecter les eloches ; elle les descendit de leur 
demeure aérienne el les métamorphosa en canons. On doit 
cependant à la vérité de dire qu'Osne eul l'avantage d'en con- 
server une, peut-être le dut-il à l'énergique volonté de ses habi- 
tants, 

Quoi qu'il en soil, le 23 frimaire an XI, 14 décembre 1802, 
la cloche unique que la Révolution avait respectée, e’élait la 
wrosse, fut cassée ; elle pesait 1.225 livres et avait fail entendre 
ses carillons pendant 176 ans, étant de Fan 1627. Elle fut 
refondue le 11 vendémiaire an XII, # octobre 1803. 

En 1824, le clocher venant d’êlre reconstruit, la connmmune 
voulut remplir cette nouvelle cage de musiciens dignes d'elle ; 
aussi, la cloche fut refondue et deux autres lui furent adjointes. 
L'architecte expert fut M. Pierret de Curel. Le prix des trois 
cloches s'éleva à la somme de 8.158 francs, sans compter le 
bronze de l'ancienne. 

Depuis cette époque déjà éloignée, elles n'ont cessé de fatre 
entendre leur voix puissante et mélodieuse pour annoncer a 
naissance des chrétiens, la bénédiction des époux et le evele des 
fètes liturgiques ; elles savent aussi changer de clef et pleurer 
sur la tombe de nos défunts. Quelle est éloquente cette voix des 
cloches pour Fame qui sait l'entendre et que n'assourdit pas le 
bruit des fètes mondaines ! 

Le poids respeclif et approxnnatif de nos cloches est de 
1.300 kilos, 1.000 kilos et 700 kilos. Elles donnent le ré, le mi 
el le fa dièze. Mises en branle par des bras vigoureux, leur voix 
ne manque ni de majesté, ni d'harmonie. Sous les doigts agiles 
du carillonneur musicien (li qui, depuis un demi-sièele,- es fait 
vibrer, elles modulent aussi en cadence des airs Joveux el variés. 
Eu un mot, celles ne le cèdent presqu'à aucune des sonneries de 
la région en puissance, en mélodie et en sonorité, 

Voici les imseriptions burinées sur lairain de ces charmantes 
MUSICIONNES : 

1° La grosse. — « L'an 1824 j'ai été fondue sous la direction 


(1) Ce carillonneur émérite, M. Edouard Gérardin. vient malheureusement 
de mourir ce 15 décembre 1911, à l’âge de 71 ans. 


— 198 — 


de MM. Louis Guillemin, maire de la Commune d'Osne-le-Val, 
Cyriaque Chutin- adjoint, et MM. Louvent Thomas, Cvriaque 
Coquard, N° Demogeot, C° Demogceot, dJ" Pre Beuret, N° Tous- 
saint Charles, tous membres du conseil municipal de ladite com- 
mune ; J'ai été bénite par M. Maupris curé dest de la paroisse 
qui à été mon parrain, et j'ai eu pour marraine M"° Marie Anne 
Regnault épouse de M. Guillemin pro" et maire dudit Heu. » 

\arv frères, fondeurs à Cousances. 

2° La moyenne. — « L'an 1824 J'ai été fondue et acquise par 
les soins de MM. le maire, adjoint et conseillers municipaux de 
la commune d'Osne-le-Val, j'ai été bénite par M. Maupris curé 
des! de la paroisse ; J'ai eu pour parrain M. Louis Guillemin 
maire de Ja commune et pour marraine M Ursule Regnaull 
épouse de M. Chutin. » 

3 La pelile. — « L'an 1824 j'ai été fondue el acquise par les 
soins de MAL. le maire, adjoint et conseillers municipaux de la 
commune d'Osne-le-Val ; J'ai été bénite par M. Maupris curé 
des! de Ta paroisse; j'ai eu pour parrain M. Nicolas Demogcot_ 
pro" el pour marraine M Marie Jeanne Guvot. épouse de 
AE, J" Pr Bcuret pro audit lieu. » 


Ce qu'élaient sous l'ancien régime Ta cloche et le clocher, 
M. Albert Babeau va nous le dire : 

« Au-dessus des humbles maisons du village et des vergers 
qui les entouraient, s'élevait la flèche ou la tour de Féglise. De 
loin, elle apparaissait comme la marque distinetive de la localité. 
Fier où modeste, selon Fimportance de Fa paroisse, le clocher 
élit pour les habitants un sujet d'orgueil ou d'attachement ; et 
l'on désigne encore sous le nom d'esprit de clocher, Famour 
exclusif que portent ecrtains hommes aux lieux où ils habitent. 

« Le clocher était comme le beffroi ‘de la communauté. C'est 
à elle qu'appartenaient les cloches qu'il renfermait. Elles mar- 
quaient pour elle les heures du travail, du repos, de la prière, 
de la déhbéralion, de l'alarme : elles éveillaient les sentiments 
qui émeuvent le plus profondément le cœur de Fhomme. On 
leur croyait méme une puissance contre les forces de la nature. 


Lorsque l'orage grondait, le maitre d'école les mettait en branle : 


— 199 — 


il devait le faire à la première nuée el recommencer à la seconde. 
Mais leurs sons répétés, au lieu d'écarter la foudre Ja provo- 
quatent parfois ; le clocher était incendié, Féglise ruinée. Ce ne 
fut qu'à la fin du xviut siècle, après la découverte des propriétés 
de l'électricité, que la loi interdit aux habitants des commu- 
nautés de faire sonner leurs cloches au moment des orages. 

€ On v recourait pour conjurer d'autres dangers. Si l'ennemi 
où quelque péril menaçait, on en guettait Fapproche du haut du 
clocher, Plusieurs ordonnances autorisèrent les habitants des 
villages à sonner le tocsin pour signaler les incendies, pour 
repousser des pillards ou courir sus aux criminels. Sous la mino- 
rilé de Louis XV, le tocsin appela les villageois à poursuivre les 
faux-saunicrs armés, mais parfois il retentit en faveur de ces 
derniers, En 1717, une de leurs bandes s'était réfugiée dans une 
paroisse qui leur était favorable ; les habitants résistèrent aux 
gardes et aux emplovés des Fermes : ils en tuèrent un et en 
blessèrent plusieurs. L'intendant les poursuivit, les condamna 
sévèrement et, comme ils avaient sonné le tocsin contre Îles 
sardes du roi, il ordonna que les cloches seraient descendues et 
loueltées par la main du bourreau, Cet étrange jugement, qui fut 
exécuté, fétrissait la communauté dans ses cloches. 

« Elles avaient, en elfet, une sorte de personualité ; depuis 
des siècles, on Les baptisait solennellement : on leur donnait des 
noms de saints qu'on foudail en caractères saillants sur leur face 
exlérieure, On en connaissait le timbre, quand on revenait dans 
ls: pays après une longue absence ; c'était avec émolion qu'on 
entendait. Lorsqu'en 1794 on voulait les descendre pour en 
lure des canons, il v eut des protestations dans plus d'un vil- 
lage. Une femme essava de s'opposer à Fenlèvement de la plus 
grosse cloche de sa paroisse en s'écrtant ! « Elle a sonné pour 
“ Ma naissance, elle sonnera pour ma mort», I semblait qu'en 
les perdant, la communauté eut perdu son organe (1). » 

Voilà ee qu'était la cloche pour nos pères et ce qu'elle est 
cncore, grâce à Dieu, pour leurs enfants. 


dr tn ler à Te 


(1) Le Village s@us l'ancien régime, Albert Babeau.. 


— 160 — 


CHAPITRE XII 


La maison curiale et la mense curiale 


A coté de l'église, maison de Dieu, se trouve naturellement la 
demeure de son ministre, le presbvtère, que les populations 
intelligentes veulent, sinon confortable, au moins décent ; parce 
qu'elles tiennent à honorer le caractère sacerdotal, et en cela 
elles s'honorent elles-mêmes. Ni l'apôtre saint Paul à pu dire 
des ministres de l'Evangile, que tout ouvrier a droit à son 
salaire, le prètre surlout mérite un asile qui n'est point refusé 
aux plus humbles fonctionnaires publics. Aussi bien le Concordat 
de 1802 stipulaitl que le curé sera convenablement lowé aux 
frais de Ja commune et qu'à la maison curiale sera annexé un 
petit potager. | 

Avant Kt main-mise de FEtat sur les biens de FEglise, en 1790, 
et le vol prétendu légal des menses curiales, sans doute les curés 
pouvaient suffire souvent à leur logement, aussi bien qu'à leur 
entretien, ils faisaient méme parfois d'abondantes aumônes cet 
entretenaient des écoles. C'est pourquoi nous voyons, en 1626, 
M. Joachim Tosdier, propriétaire de la cure; elle devait être 
suffisamment spacieuse, puisque le 21 septembre il put x loger 
« lévèque de Châlons et sa suite, composée de l'archidiacre de 
Joinville, de deux Pères Jésuites, de deux récollets, d'un minime, 
el du {rain ordinaire du seigneur évèque ». 

JT serait diflicile de déterminer l'endroit précis où s'élevait ce 
presbvtère. La Lradition locale nomme l'extrémité de la rue qui 
passe devant la grille de lhospice, et il parait que le nom de 
cure est encore resté à un palé de maison de cet endroit. 

Au xvunm siècle, au moins dans la seconde moitié, ces Messieurs 
les curés habitaient une maison sise à l'endroit où se trouve 
. Péglise actuelle, Cette maison curiale fut vendue par Fadminis- 
ration du district de Joinville, le 17 thermidor, an IV, au 
eoven Thomas, la somme de 1.530 livres. Le procès-verbal 


— 161 — 


de vente est aux Archives de Chaumont. Elle ne fut démolie 
qu'en 1847, pour bâtir l'église en place, et elle fut payée à 
son propriélaire d'alors, 8,800 fr. 

Depuis la Révolution, c'était l'école actuelle des filles qui 
servait de presbrtère, et il en fut ainsi jusqu'en 1823. 

Le 9 janvier 1822, la commune fit, au prix de 2,000 fr., 
l'acquisition d’une vieille maison, sise en face les portes de 
l'église, et appartenant à François Ganthier, 

L'immeuble fut démoli et à son lieu et place, fut construite la 


Le presbytère d'Osne-le-Val. 


nouvelle cure, au prix de 7.275 fr.: puis des travaux supplé- 
mentaires, imprévus dans Île premier devis, s'élevèrent encorc à 
la somme de 1.391 fr. 35. 

Eu 1831, la commune fil de Claude Jeanmaire, l'acquisition 
d'un terrain sur le ruisseau, pour en faire un jardin du presby- 
tère et un lessivoir public, La superticie du terrain acquis était 
de 2 ares 95 cent., et le prix versé par la commune fut de 560 Fr. 


11 


— 162 — 


Le 16 octobre 1866, M. le Préfet de la Haute-Marne allouait 
d'office, comme nous l'avons vu, sur les deniers communaux, 
une somme de 1.536 fr., pour la construction de deux chambres 
supplémentaires au presbytère, destinées au logement d'un 
vicaire, devenu nécessaire par l'accroissement de la population. 
Ce logement du vicaire fut fait au premier étage, dans le 
renier, 


Voici, copiée aux Archives de la Marne, la déclaration des 
biens el revenus de la cure d'Osne-le-Val, au xvim° siècle : 

« Ce jourd’hui 12° jour de mars 1751, pour satisfaire à la 
déclaration du roy donnée à Versailles le 17 août 1750, et qui 
cn confirmant les lettres patentes du 15 juin 1727, enregistrées 
le 4 septembre suivant, ordonne que les bénéficiers du clergé de 
l‘rance seront tenus de donner, dans les siX mois pour tout 
délay, des déclarations des biens et revenus de leurs bénéfices, 
je soussigné prestre curé d’Osne-le-Val, situé dans le dovenné 
de Joinville diocèse de Chaalons-sur-Marne, ay soumis au greffe 
du bureau diocésain la présente déclaration des biens et revenus 
de madite cure et des charges dont je suis tenu à raison de 
ladite cure. 

« La paroisse d'Osne dont je suis le titulaire depuis Fannée 
1750 est composée de 500 communiants environ. 

« Elle est séculière. 

« Elle à les saints Cvriaque, Large et Smaragde pour Titres. 

« Messieurs les chanoines du chàtcau de Joinville en sont le 
Patron. | 

€ Mgr l'évèque de Chaalons en est le collecteur. 

« Les revenus de madite cure sont : | 

1° Le Uers des grosses dixmes savoir : bled, orgexs, avoines, 
et seigle dont je jouis et perçois par mes propres mains ; lequel 
licrs étant laissé pouvoir monter à la somme de 315 livres, ainsi 
qu'il a rapporté ces années dernières. 

2° Un gros de 15 septiers de bled et 18 d'avoine, Île tout 
mesure de Joinville, le bled à raison de 1 livre 12 sols le bois- 
seau, pour les 15 septiers la somme de 192 livres, et F'avoine à 
8 sols le boisseau, fait les 18 septiers celle de 57 livres 12 sols, 


— 163 — 


lesquelles sommes de 192 hiv.-et 57 liv. 12 sols font ensemble 
celle de 249 Liv. 12 s. Notez que le septier est de 8 boisseaux. 
3 La vingtième partie de Ta chanvre laissée verbalement la 
somme de 12 livres. 
| TERRES 
« Trois quartiers ou environ de mauvaises terres qui tous 
frais faits peuvent rapporter 3 Liv. de rentes annuellement. 


| PREZ 

« Une demi-fauchée de prez où environ estimée pouvoir 
rapporter la somme de 6 liv. à 

«€ Environ 30 cordes de chencvières qui, estimées selon Île 
tarif, peuvent rapporter 7 livres 10 sols. 

« Quatre Journées de vignes qui, estimées selon Île tarif, 
peuvent rapporter la somme de # livres pour chaque année. 

:CASUEL 

« Le casuel, depuis 10 ans, se lrouve monter à la somme de 
43 livres ou environ par an, comme il appert par l'extrait des 
mariages el des mortuaires. 


Entcrrements | Enterrements 


ANNÉES Mariages ‘! de grands d'enfants 
RE 2 ï = 
1712 3 | 
1743 x 16 : 
15e 6 22 è 
At 3 13 ! 
1356 n 1 k 
1545 6 RE u 
134 4 23 
1349 4 31 Ke 
1350 ? À ; 


© Je reçois annuellement de da Fabrique Ha somme de 
112 livres pour l'acquittement des obits et fondations qui se 
disent le cours de l'année. 

« Le total des revenus de madile cure se trouve monter à la 
sonnne de 752 hHvres. 


_—_ 164 — 


CHARGES 


Sur les revenus susdits, je suis obligé de payer annuellement 
à Mr Claude Le Gendre, ci-devant curé de ce lieu, la somme de 
400 livres qu'il s'est réservée sur ladite cure et qui lui à été 
accordée en cour de Rome au mois de décembre 1749, 

« Ladite cure est imposée aux décimes à la somme de 
30 livres pour l'année 1750. 

« Pour la somme de 112 livres que la Fabrique me paie 
annuellemènt, je suis chargé de dire par chaque année 124 messes 
basses, 32 messes hautes, dont 18 sont avec vigiles, 34 libera el 
18 processions, pour l’acquittement desquels je serais obligé à 
pareille somme de 112 livres. 

« Comme ayant un tiers dans les grosses dixmes, je suis 
chargé du tiers des réparations du chœur de l'église, tant du 
pavé que de la voûte, charpente, couverture dudit chœur cet 
clocher. | 

« En outre, je suis aussi chargé des réparations usufruitières 
de la cure et d'un tiers dans les réparations de la grange des 
dixmes ; lesquelles réparations, tant du chœur que de la cure el 
grange peuvent monter, pour ce qui me regarde, à la somme de 
30 livres pour chaque année. 

« Le total des charges se trouve monter à la somme de 
612 livres y compris les charges des messes de fondations dont 
nous avons parlé plus haut. 


RÉCAPITULATION 


Reveuus de la cure .  . . . . . …. 352 livres 
Charges de ladite cure... . . . . 612 livres 
Reste, _. ,. . . . 140 hvres 


« Laquelle déclaration ci-dessus ct d'autre part énoncée, Je 
certifie prestre curé d'Osne-le-Val être véritable, En fox de quor 
av signé les Jour et an que dessus. 


Le Gexone, curé d'Osne ». 
+ # 


On sait que la Révolution supprima les biens et revenus du 
clergé, el si au Concordat le pape consentit à ne pas inquiétér 


MO 


les détenteurs de ces biens obtenus souvent à vil prix, ce fut 
sur l'engagement explicite de PEtat à faire un traitement hono- 
rable aux prètres (11. Ces modestes pensions servies aux mem- 
bres du clergé étaient done une dette de justice, une dette 
sacrée que la simple honnêteté devait respecter, et qui cepen- 
dant fut biffée d'un trait de plume avec le Concordat lui-même 
en 1905. | 

Nous n'avons trouvé le procès-verbal que de la seule vente 
d'un journal de chenevières en 15 parcelles appartenant à 
l’ancienne cure. Il est daté du 8 avril 1793. La première offre 
fut faite par Iloudier, qui proposa la somme de 5.000 livres, 
l'abbé Le Gendre fil une enchère et offrit 6.000 livres, Cyriaque 
Demogent mil une surenchère de 7.200 et enfin Claude Marv 
devint acquéreur à 8.025. 

Depuis cette époque, Jamais la cure d'Osne n'a rien possédé ; 
cn d’autres termes plus juridiques, il n'v avait pas de mense 
curiale dans cette paroisse, 


(1) Quand en 1789 l'Assemblée nationale confisqua les biens de l'Eglise, elle 
Je fit dans les lermes suivants : « Tous les biens ecclésiastiques sont à la dispo- 
sition de la Nation, a la charge de pourvoir d'une manière convenable aux 
frais du culte, à l'entretien de ses ministres et au soulagement des pautres. » 

Le 13 avril 15), l’Assemblée constituante déclara que : « le culte était mis 
a la premiére place des dettes publiques ». 

La Constitution de 1791 portait ces mots : « Le traitement des prétres fait 
partie de la dette nationale; et sous aucun préterte les fonds de cette dette 
nationale ne pourront étre ni supprimés ni suspendus. » 

Enfin, le 13 juil'et 1801, dans le Concordat signé du pape et de la France, 
il y avait: « Art. 14. Le gouvernement de la République francaise se charge 
de fournir un traitement convenable aux évéques et aux curés des nouveaux 
diocèses et des nouvelles paroisses. » 

Rien de plus clair et de plus précis. La France, d’après tous ces actes 
authentiques, reconnaissait sa dette. 


Le OU. 


CHAPITRE XIV 


La Fabrique ou revenus de l’église 


Depuis longtemps les fidèles, désireux de s'assurer après leur 
mort les suffrages de l'Eglise, ont remis aux églises particulières, 
dans la personne morale d'une administration appelée l'abrique, 
soit des biens fonciers, soit des sommes d'argent, dont les reve- 
nus devaient servir à faire célébrer des obits ou à faire réciter 
d'autres prières par le clergé. L'Eglise à toujours approuvé, 
réglé et encouragé ces pieuxes fondations, toutes à l'avantage 
des âmes du purgatoire. 

A Osne, comme ailleurs, ces fondations élaient nombreuses 
dans les siècles de foi. Un inventaire sans date des papiers de la 
Fabrique fit et signé par M. Laganne, qui fut curé de 1700 à 
1728, nous fail connaître les biens de la Fabrique au commence- 
ment du xvui® siècle el, conséquemment, les fondations faites 
avant celle époque. Malwré sa longueur, nous crovons devoir Île 
reproduire 4n erlenso : 


Invantaire des listres el papiers appartenant à la fabrique 
S. Cyriac d'Osne, diveëse de Chaalons en Champagne 


1° Donation de 30 Div. à la fabrique par Georges Perrin et 
Angélique Collot sa fenime par devant Aubin Colson le 29°,,,1705. 

2 Donation de 25 lv. fitte par Philibert Earcher, ‘passé 
devant François Mogin nottaire le 2 septembre 1582, 

3° Acquels pour la fabrique de plusieurs pièces de terres, 
contre Jean Mourot el sa femme, passé devant Briard ce 
26° febvrier 1665. 

4°. Acquets pour la fabrique de À cordes el denue de terre en 
nature de chenevieres, contre Claude Gcorges et Anne Bertrand 
sa femme, passé devant Briard nottaire ce dixième novembre 1665: : 

5° Contrat de donàon fait à la fabrique d'Osne, d'une chene= 


— 167 — 


vière de 5 cordes par François Thiébaut, passé par Briard not- 
taire le 9 du mois d'avril 1670. 

6° Contrat de donàon fait par Mengin, Jean et François les 
Mourot, de 5 cordes de terre et de 4 cordes de prez, passé 
devant Bouand nottaire le 18 juillet 1638. 

3 Donation faitte à la fabrique de 25 iv. par Françoise ITou- 
dier, passé par devant Mengin notlaire le 3 may 1670. 

8° Acquets par la fabrique d'Osne d’une pièce de terre en 
nature de chencvière contenant 7 cordes, contre les héritiers de 
feu Cvre Briard, passé devant Gluet nottaire le 24 febvrier 1644. 

9% Obligalion pour la fabrique d'Osne contre Simon Demo- 
“eat, passé devant Nicolas Colson et François Demogeot not- 
aires ce 1°" avril 1684. 

10° Constitution au profit de la fabrique S. Crvriac d’Osne, 
contre Nicolas Chaulo et Marie Piault sa femme, passé devant 
Colson nottaire le 1°" décembre 1704. 

11° Constitution au prolit de la fabrique d'Osne contre Nicolas 
Demogeot et Estienne Briard, passé devant Phulpin nottaire le 
16 octobre 1701. : 

12° Constitution contre Hubert Bouillot et Marie Logerot sa 
femme, passé devant Aubin Colson nottaire le 17 octobre 1701. 

13 Constitution pour la fabrique d'Osne contre Jean Coquard, 
passé devant Aubin Colson notlaire le 1° mars 1695. | 

14° Acquet de plusieurs pièces de terre au profit de la fabrique 
d'Osne, contre André Mittard, passé devant François Mogin et 
Nicolas Colson nottaires le 27 octobre 1680. 

15° Obligation pour la fabrique d'Osne contre André Triffaut 
ct sa femme pour La somme de 25 sols de vente, passé devant 
François Mogin nollare, le 8 max 1670. 

16° Constitution an profit de la fabrique S, Cyriac d'Osne, 
contre Phlhbert Bouillot, passé devant Briolat nottaire Île 
12 janvier 1697. 

17° Echange pour la fabrique, contre François Thièblemont, 
passé devant Nicolas Colson el François Demogceot notlaires le 
10 avril 1685. 

18° Donation faitte à l'église d'Osne par feu M'° Sébastien 
Briard, devant Glavet le 24 febvrier 1644. 


19° Donation faitte par Jean et Didier les Brigand, à la fabrique 


= 168 — 


S. Cvriac de plusieurs pièces de terre. passé devant Briard cet 
Colson nottaires, le 27 mars 1661. 

20° Acquels pour la fabrique S. Cvrtae d'Osne, d'un prez de 
6 cordes, passé devant Briard el Colson le 28 mars 1661. 

21° Contrat de donation pour la fabrique d'Osne contre 
François Prévost et Jean Girardin, passé devant Briard not 
1e avril 1639. 

229 Fondation de # services pour le repos de l'âme des sieurs 
Houdier et Demogeot, prestres et curés d'Osne, passé devant 
Phulpin nott. le 16 avril 1701. 

23° Donation pour la fabrique d'Osne faitte par la V° Pierre 
Landouille pour la somme de 60 Hiv., contre la V® et héritière 
l'lorentin Piault, passé devant Colleson nott. le 11 sep- 
tembre 1696. 

24° Donation faitte par défunt Michel Mourot d'un journal de 
terre, passé devant Briard nott. le 24 décembre 1638. 

25° Donation faitte par Cvre Briard d’un demy-journal de 
Lerre passé devant Briard nottaire le # febvrier 1634. 

26% Donation à la fabrique d'Osne par deffunt Aubin Poirel 
d'une moitié de chenevière contenant 12 Cordes, passé devant 
Mogin notture le 25 febvrer 1672. 

25° Contrat pour la fabrique des obits de feu M'° Cire Beiard 
à l'église d'Osne, passé devant Molain et Phulpin nottaires Île 
195 mars 1661. 

28° Contrat pour la fabrique S. Cyriac d'Osne contenant 
donation de 3 quartiers dix cordes de terre en deux pièces contre 
Nicole Huguenin femme de feu Claude Houdier, passé devant 
uoltiuire le 15 novembre 1658. 

209 Donation faitte à la fabmque S. Ciriac par honorable 
homme Pierre Regnaull M d'écolle, passé devant Colleson el 
Briard nott, le 1% mar 1651. | 

30° Echange pour la fabrique contre Philibert Larcher, passé 
devant Briard not. le 31 mars 10679. 

31° Contrat de donation pour la fabrique d'Osne faitte par” 
Didier Cheminon, passé devant Briard ct Colleson nott. le 
31 octobre 10655. 

32° Echange d'une chenevière contre Florentin Martin au 
prolit de la fabrique, passé devant Briard not, 17 fév. 1628. 

33 Transaction failte contre Damoiselle Françoise Houdier 


— 160 — 


et la fabrique d'Osne, devant Briard et Molain nott. le 30 jan- 
vier 1624. 

34 Echange pour la fabrique d'Osne contre Mr Nicolas Col- 
leson passé devant Mosin nottaire le 27 novembre 1675. 

39° Echange faite contre M Jacques Domjean à la fabrique 
d'Osne d'un prez, passé devant Bouand not. 10 avril 1614. 

36° Testament de la femme André Martin, passé devant 
Phulpin nottaire, par lequel elle lègue à l'église un journal de 
terre, le 18 juin 1653. 

31 Contral de donation de la somme de 300 livres tournois 
au profil de la fabrique par Madam! Dubois, 8 oct. 1682. 

38° Testament de feu Didier Louis dit le noble, passé devant 
Daniel Demogeot, Claude Martin et Ioudier le 9 Juillet 1598. 

3% Testament d'Aubin le Bove passé devant Mourot, Houdier 
et Pvaull le 16 mav 1595. 

40° Testament de Claude Thomaxsin et Barbe sa femme passé 
devant Bouand le 30 novembre 1592. 

1° Acte porlant donation à la fabrique d'Osne, d'un quartier 
de Lerre et de la moitié d'une chencvière au Relais, par feu Mon- 
kin Gauthier, passé devant Claude Mourot le 4 febvrier 1570. 

82% Donation faitte par Pierre Briard et Adeline sa femme à 
l'église d'Osne, passé devant Mourot le 16 décembre 1587. 

13 Donation faille par Nicolas de Poirel eseuver, S'de Grand 
Val, premier huissier du eéabinet de la reine, à l'église et 
fabrique d'Osne, passé devant Glavet et Phulpin nottaires le 
20 febvrier 1644. 

Tous les autres papiers sont les registres de baptèmes et un 
Vieux lerrier de mil six cent vingt deux, contenant les tenants 
 aboutissants des terres qui appartiennent à la fabrique 
S. Cyriac d'Osne, les arpentages de quelques terres particulières 
dépendant dudit gaguage et enfin les comptes rendus tant devant 
les selgneurs laïques que doven eUautres prestres à ee commis. 

#4 Certificat des À plus anciens habitants d'Osne comme quoy 
les papiers de la dite fabrique ont esté brulé, avant esté porté au 
Couvent du Val d'Osne. Signé : N, Colleson, GC. Iance, 
D, Coquard, Bertrand. 

45° Une quittance de la somme de 20 liv. pour les droits de 
francs frais et nouveaux acquets, donné le ouzième septembre 


1634. Signé : Pidon. 


— 170 — 


46 Une autre quittance de la somme de 20 iv. pour les nou- 
veaux acquets donné par Estienne Johannot S' de Bartillat le 
26 octobre 1675. 

47° Autre quillance des droils d'amortissement et des nou- 
veaux acquels pavés au Rov en exécution de sa déclaration du 
cmquième juillet 1689, de la somme de 276 div. 7 sols 10 demiers 
donné par le sieur Raulin le 27 janvier 1693, 

Signé: Laganne prestre curé, Didelot p"° curé, A. Regnaull. 

I 


* 


Colleson, E. Briard, Larcher, J. Henrion, Barat. » 


Elal des debles et charges de l'église : 


La somme de soixante neuf livres pavables à M. le curé, 

La somme de quinze livres quinze sols au maître d'écolle. 

La somme de quarante livres pour le luminaire, 

La somme de dix livres pour l'entrelien des ornements et 
hnges d'église, 

La sonne de seize livres pour le receveur des décimes, 

La somme de cent sols pour les registres des baptèmes et 
mortuaires. 

Dix sols pour les huiles. 

Toutes lesquelles charges susdites montent par chacun an à la 
somme de 160 livres emmqg sols. 

Laganne, prestre curé. 

La donation indiquée sous le n° #3 à été burinée sur une 
pierre qui se trouve aujourd’hui encastrée dans la paroi du mur 
de la chapelle du confessionnal. ‘Au-dessus de l'inscription sc 
voit un écusson en relief composé de trois gerbes de blé, sur- 
monté d'un cimier avec panache, Nul doute qu'il ne soit Féeu 
du fondateur it). 


A ces fondations des xvr et xvn° siècles, il faudrait ajouter 
celles du siècle suivant, A défaut de tableau nous les faisant 
connaitre, nous en sommes réduit à indiquer celles que nous 
avons rencontrées par hasard el à omettre les autres peut-être 
nombreuses, 

Rappelons-nous d'abord qu'en 1751 l'abbé Le Gendre, curé 


6 


(1) Voir cette inscription aux pièces justificatives VI. 


es 191 = 
à D » « , . 
d'Osne, atteste que sont fondés à perpétuité 124 messes basses, 
32 messes hautes dont 18 avec visiles, 34% hbera el 18 pro- 
CESSIONS. 


Ur, nous trouvons encore : 


1° Un testament du 8 février 1738, fait par Catherine Demo- 
scot, fille majeure'et domestique à One de damoiselle Marie- 
Thérèse Le Gendre, et fondant un obit le Jour de sa fête 
Ste Catherine. Elle lècue cent livres. 

2 Le 19 décembre 1762, Joseph Coquard, laboureur à Osne, 
lègue 200 livres pour deux obits, l'un le jour de S. Joseph et 
l'autre le lendemain ; le premier pour lui et le second pour ses 
parents défunts. De plus, 11 demande que ses trois services 
d'enterrement quarantal et anniversaire soient célébrés chacun 
avec Lrois messes chantées. 

3° Le L# avril 1740, autre fondation faite par les époux Claude 
Demogeot et Marie Regnault, qui versent 100 livres à la Fabri- 
que pour un obit annuel et perpétuel. 

4° Le 13 décembre 1748, François Regnaull le Jeune, caba- 
relier, dans un leslament plein de fort et de piété, lègue cent 
livres, dont la rente devra être employée à des messes annuelles 
à dire vers la saint François d'octobre pour lui et ses parents 
défunts (1). 

5° Enlin nous ne pouvons passer sous silence Fa pieuse fonda- 
Lion faite le 15 février 1776, passée devant Thomas, notaire à 
Osne, par damoiselle Anne Piaull, fille majeure, qui donne à la 
Fabrique une sonne pour les rentes être servies chaque année 
à quatre filles de la paroisse, choisies parmi les plus sérieuses, 
qui devront passer la nuit entière du Jeudi-Saint en adoralion 
devant le Saint-Sacrement. 


Voici le résumé des biens de la Fabrique en 1751: « 25 Jour- 
aux de terres labourables aux trois saisons, 2 fauchées et demie 
de prez, 2 journaux 10 cordes de chenevières, lesquels terres, 
prez el chenevières ev-dessus énoncés ont élé Loujours lessés 


«{1) Voir ce testament aux pièces justificatives IX, 


par le passé la somme de cent livres, ainsi qu'elles sont encore 
lessés verbalement. 
Total du principal et des contrats 2.352 livres. 
Total des rentes... . . . 117 livres 12 sols. 
Total des revenus  . . . . 100 livres. 


217 livres 12 sols. 


Les dépenses pendant les 10 années de 1740 à 1750 ont été 
en movenne de 315 livres, d'où un déficit qui devait être comblé 
par des quêtes ». | 

Ainsi déclaré par l'abbé Le Gendre dans un acte authentique 
exigé par une déclaration du roi faite à Versailles le 17 août 1750, 
el signée de Le Gendre curé, Regnault, Leconte. 


L 1 


Mius l'Assemblée Constituante, dans sa séance du 2 novem- 
bre 1789, mit tous les biens ceclésiastiques à la disposition de 
la Nation, et dans celle du 16 avril 1790 décréta qu'ils seraient 
vendus. 

Aussi bien le 30 avril 1790 cut lieu la vente des biens de la 
Fabrique d'Osue : 


1° 35 cordes de chencvières furent adjugées à Jacques Demo- 
wcot pour la somme de 3.425 livres. 

2° cordes de prez, entre les deux ruisseaux, adjugées à 
Didier Guillaume pour 380 livres. 

3° 9 cordes de prez adjugées à Jean-Baptiste Rozières pour 
A10 livres. 

4° Le gagnage, adjugé à Cvriae Demogeot pour la somme 
de 10.000 livres. 

A partir de ce moment, loutes les fondations anciennes sont 
donc anéanties par suite de Ja main-mise de FEtat sur tous les 
biens el capitaux de la Fabrique. Le Concordat de 1802 qui 
rétablissait en partie les revenus du clergé par l'engagement que 
prenait Le gouvernement de faire un traitement convenable à 
chacun de ses membres, ne répara pas les rues des Fabriques 
el ne reslitua pas les biens des églises, sinon par une clause 
obligeant les communes à remplir le déficit du budget des 


— 173 — 
Fabriques quand les ressources de ces dernières devenaient 
insuflisantes aux besoins du culte. 
C'est en vertu de cette clause que des subventions commu- 
nales furent votées ou imposées d'oflice à Osne en faveur de la 
Fabrique : 


En 1814, subvention de .  . 433 fr. 66 


En 1858 — RE 100 fr. 
Eu 1859 — D 100 fr. 
En 1866 — ._…. _… V6! fr, 90 
En 1867 — MR 463 fr. 
ou 1868 — ._… _…  6Sifr. 
En 1869, L'° subvention de .  , 201 fr. 30 
En 1869, 2° — ee 635 fr. 89 


Dans le Concordat, il fut également stipulé que les nouvelles 
Fabriques seraient aptes à recevoir de nouvelles fondatrons, 
après approbation préalable de PEtat. 


Nouvelles fondations réalisées depurs le Concordat 


Il me semble qu'à Osne la défiance rationnelle, après l'expé- 
ricnce de la grande Révolution, retint les sénérosités des fidèles 
envers l'Eglise : on avait été spolié, on ne voulait plus létre. 
Aussi bien un demi-siècle et plus s'écoula sans qu'un seul 
capital fut déposé entre les mains de la Fabrique, et la première 
londalion date de 1857. 

Voici la liste de celles qui existaient en 1906, lors de fa nou- 
velle exproprialion par FEtat : 

1° Legs fait par Nicolas Demogeot de terres, chenevières et 
bois qui, aliénés en grande partie, produisaient une rente 
annuelle de 140 fr. environ, Les charges étaient le chant de deux 
services pour le fondateur el sa femme, et la messe et les vépres 
chantées Îles Jours incidents des fêtes du NS. Sacrement, de 
S. Cvriaque et de lmmaculée Conception. Cette fondation 
avait élé autorisée par décret de Napoléon, le 1" décembre 1857. 

2 Legs fait par l'abbé Maupris, ex-curé d'Osne et décédé 
doven de Chevillon, qui donnait 120 fr. à la Fabrique sous 
l'obligation d'une messe annuelle pour le repos de son àme et 


— 174 — 


de celle de sa sœur, Marie-Soplie Maupris. Cette fondation était 
autorisée par un décret préfectoral du 30 juin 1866. 

3 Contrat svnallagmatique passé entre la Fabrique et 
M. l'abbé Bonnenfant, qui représentait sœur Véronique Lahalle, 
l'abbé Coquard et Claude Demogeot. Une somme de 3.040 fr. 
avail été versée à la Fabrique, qui s'engawcait à l'aire célébrer à 
perpétuité trois messes basses et l'octave des morts consistant 
en 6 messes c{ sept vépres chantées pour les défunts, les vépres 
suivies d’une instruction et de la bénédiction du $S. Sacrement. 
Cette superbe fondation avail été approuvée par décret du 
Président de la République le 26 février 1876. 

4° Contral svnallagmatique passé entre la Fabrique et l'abbé 
Bonnenfant, ce dernier agissant en son nom el au nom de Maric- 
[enriette Belgrand. Une somme de 2.000 fr. fut versée à la 
Fabrique à la charge annuelle de 12 messes basses avec béné- 
dichion du S. Sacrement les 12 premiers vendredis du mois, el 
d'une treizième messe le jour de l'incidence du Sacré-Cœur 
de Jésus. Ces messes étaient offertes pour Marie-[fenrictte Bel- 
wrand et Marie-Victorine Bonnenfant, La fondation reçut 
l'autorisation présidentielle de M. Emile Loubet le 17 juin 1900. 

9° Par contrat svnallagmatique, Mme veuve Regnault-Dupla- 
quet, de Paris, avait donné 100 fr. de rente annuelle à la Fabri- 
que pour quatre grands services mortuaires à célébrer chaque 
année à perpéluilé pour les défunts de la famille Regnault- 
Bassemont. Cette fondation était approuvée par le Président 
Emule Loubet le 13 juim 1904. 


CHAPITRE XV 


Curés d’Osne-le-Val 


Si la Libre-Pensée contemporaine cherche à abaisser Île 
prestige du prètre dans sa paroisse et tend à supprimer son 
autorilé,grâce à Dieu, il n’en fut pas toujours ainsi, Sous l'ancien 
régime, l'autorité du curé de campagne élail sans conteste et 
son influence presque sans limite sur la communauté. En effet, 
seul 3j} tenait le registre des naissances, des mariages et des 
décès ; 11 recevait les testaments : il assistait à l'assemblée des 
habitants ; il était l'organe de loi, en faisant connaître à ses 
concilovens les actes de l'autorité supérieure ; il avait la seconde 
place dans le Conseil des notables, il v siégeait après le seigneur, 
à la juridiction duquel il était soustrait par le privilège qui le 
rendait justiciable aux seuls tribunaux ecclésiastiques. I rendait 
aussi d'éminents services; au milieu des laboureurs absorbés 
par une tâche matérielle, le curé rappelait les droits de l'esprit, 
montrait le Ciel à l’homme que les nécessités de sa condition 
courbaient vers la terre. [avait aussi, depuis le commencement 
du Moven-Awe, accompli une œuvre incessante et non moins 
mériloire ; comme Île sculpteur qui pétrit la glaise pour en faire 
sorüir une statue artistique, 1} s'était efforcé de dégrossir et de 
modeler selon des principes supérieurs, lame et lintelligence 
du paysan ; 1} avait élé sous ce rapport Fartisan de la civili- 
sation, apportant jusque dans les hameaux les plus reculés, le 
rayonnement des lumières des villes. A une époque où nul ne se 
préoccupait de linstruelion, il Favait mise à la portée des plus 
humbles, des plus déshérités. Il avait surtout réformé les ins- 
Uincts mauvais, s'efforçant d'adoucir la rudesse des caractères, 
par lascendant de la bonté, de combattre les passions violentes 
et de réformer les mœurs par Ja menace des peines et la 
promesse des récompenses d'une autre vie, En un mot, par lin- 
fucnce civilisatrice et moralisatrice de la Religion, pendant des 


—_ 176 — 


siècles, le pelit curé de campagne avait lutté contre la nature 
grossière du paysan, en essavant d'épurer son âme ct d'élever 
son intelligence. 

‘n général, les populations lui en étaient reconnaissantes el 
acquiltaient souvent avec gräce leurs dettes envers le clergé: ce 
qui à fait dire à Vauban que la dime était aux paysans le moins 
onéreux des impôts; surtout dans les provinces où ce n'était 
que la quinzième, la vinglième et parfois la quarantième partie 
de la récolte. EU quand la Révolution viendra proscrire les 
prétres et fermer les églises, les paysans de la Bretagne et de la 
Vendée se lèveront et prendront les armes, pour défendre leurs 
crovances, leurs autels el leurs prètres ; el partout ailleurs dans 
les campagnes, des hommes se rencontreront qui, au prix de 
Jeur vie, sauront soustraire les ministres du Christ aux commis- 
saires de la Convention, charwés de les capturer. 


t 


Mais nous avons hâte de parler des modestes curés d'Osne- lc- 
Val, qui nous intéressent plus particuli rement. 

Nous avons vu qu'en 1208 il v avait uu curé à Osne, puisque 
celle année méme lévéque de Châlôns lui assiwne des revenus. 
Mais 1 est probable que depuis longtemps un prètre présidait à 
l'assemblée des fidèles, annonça la parole de Dieu ct adminis- 
trait les sacrements. 

Les noms de ces premiers ministres de F'Évaugile dans notre 
vallon, ne nous sont point parvenus, Nous donnerons ceux que 
nous avons pu découvrir dans nos recherches, avec le peu que 
nous savons sur chacun d'eux. 

Le plus ancien connu el qui vivait probablement vers 1400, 
est : 

1° Nicosas Pivstiurs, qui fonda son anniversaire au chapitre 
Saint-Laurent, de Joinville : 

2° Piünre Rozaxb, vers 1460. Il obtint en 1477, du Sant- 
Siève, uue bulle d'indulrence, en faveur des bienfateurs de son 
église (1) : 

3 Pierre Auserr, en 1487, est nommé à la cure d'Osne, par 


{1} Nous avons parlé de cette bulle au chap, XI. 


— 177 — 
Mgr Geoflrox, évèque de Chàlons, comme il appert par le 
procès-verbal de collation qui se trouve aux archives de Chau- 
mont: | 


40 JEuax Barnix, vers 1520. 

9° CLaube DESPENCE ou Db'Esrexcre, vers 1340, on le voit 
résigner sa charge au suivant, en 1550. | 

6 JEuax BLaxcnar»b, en 1550, 

7° Tuimaun Bauvor, en 1557, maitre des enfants de chœur du 
chapitre de Saint-Laurent, était en même temps curé d'Osne. 
mais l'église élait desservie par le vicaire de Curel, qui avait 
également le titre de vicaire d’Osne, et se nommait Jacques 
Perrin. 

8° Jruax Larxier, vers 1570. 

90 Guirzauue DERXÉcOURT, vers 1580. 

102 Nicozas IAUCONNIER, vers 1588. 

11° Joacuim Hosnier, né à Osne en 1956!, d’abord vicaire de 
Poissons en 1587, parait à la cure d'Osne en 1591. Dès l'année 
suivante, 3} intenta un procès au chapitre Saint-Laurent, de 
Joinville, dans lequel il est nommé avec le qualificatif de sot- 
disant curé d’Osne. I refusait aux chanoines le droit des Novales 
à Osne ; c'est-à-dire un impôt spécial sur les terres nouvellement 
défrichées. Les pièces de ce procès se lrouvent aux Archives 
départementales de Chaumont, et forment un dossier impor- 
ant (1). Le curé fut débouté de sa demande et condamné aux 
dépens et à la restitution des Novales indûment perçues. 

M. Joachnn Hosdier fut curé d'Osne, de 1591 à 1636. 

12° Nicozas Hosbier, qui gouverna la paroisse de 1636 à 1668, 
année où 1l résigna la cure à son neveu. Il était né à Osne, le 
20 mars 1991, et sans aucun doute était lui-mème neveu de 
Joachim son prédécesseur. Avant de devenir curé d'Osne, il 
l'avait été de Curel, de 1615 à 1633. Voici Pacte de décès de ce 
pasteur, rédigé et signé par son successeur en 1683 : « Mr° 
Nicolas [osdier P'° curé ancien d'Osne, aagé d'environ quatre- 
vingt-douze ans est décédé, après avoir reçu les sacrements de 
S'e-Eglise, el a été enterré dans l'église de cetle paroisse le 
seplième mars. Témoins François Demogeot, procureur en la 


(1) Voir aux pièces justificatives V, la déposition du principal témoin et la 
reddition du jugement. 


12 


— 178 — 


justice d'Osne et Jehan Frin m'° d'escole, » Signé : Demogeot 
curé d'Osne. » 

13° Jacques Democror, né à Osne, le 16 janvier 1644, de 
Jacques Demogeot et de Anne Hosdier, est curé d'Osne de 16638 
au 17 septembre 1700, date de sa mort. Il avait, par lestarnent, 
fondé son anniversaire et celui de son prédécesseur. 

Il fut inhumé dans la grande nef de l’église, assez près du 
chœur, par Me Louis Perrin, curé de Thonnance, direcleur de 
la Conférence et ancien de la Confrérie ; en présence de MM": 
Jean Loyselier, curé de Vecqueville; Pierre Fiot, curé d’Au- 
liyny ; Guy Bouchelel, curé de Chatonrupt; Claude Didelot, 
curé de Suzannecourt ; Charles Pescheur, curé de Maizièree ; 
du R. P. Joseph-Augustin Baudot, curé de Rachecourt ; Charles 
Collin, chapelain du Val d'Osne; Pierre-Charles Collin, curé 
d'Effincourt et de Montreuil; et Etienne Dammery, curé de 
Guespont et Sillemont. 

Un intérim de quelques mois fut fait par le P. Mathieu, de 
Saucourt, capucin de Joinville. 

149 Nicozas LAGANxE, est curé à Osne, du 12 décembre 1700 
à 1728. Aucune note ne nous dit où M. Laganne était avant son 
arrivée à Osne, et ce qu'il devint après son départ. Il a laissé, 
signé de sa main, un inventaire des titres de la Fabrique de 
cette époque, que nous avons reproduit au chapitre précédent. 

15° CLauDne LE GENDRE, né à Blécourt, devient curé d’Osne, le 
O mars 1728 jusqu'au 31 janvier 1750, époque où il résigne son 
bénélice à un neveu, moyennant 400 livres de rentes annuelles 
qui lui sont accordées en Cour de Rome, au mois de décembre 
1749, 

Dans son testament du 6 mars 1750, Claude Le Gendre 
demande à êlre enterré dans le cimetière de sa paroisse et 1l 
spécifie : « ... Devant la grande Croix qui est audit cimetière, 
« du côté du pommier où j'avais coutume de me mettre à 
« genoux en la procession, ou bien dans le lieu où on enterre 
« ordinairement les pauvres estrangers. » Dans ce même (esla- 
ment, M. Le Gendre institue légataires universels, ses trois 
neveux prêtres, qu'il nomme François Le Gendre, curé d'Osne ; 
Jean-Baptüste Le Gendre, curé d'Atlancourt ; et Nicolas Ferron, 
curé de Vouécourt. 

M, Claude Le Gendre mourut le 9 décembre 1751, et, selon 


_— 179 — 


son désir, ful inhumé au cimetière d'Osne. Il était promoteur 
du dovenné de Joimville. Ce prètre ne nous paraît pas avoir 
jouit d’une bonne santé, car il fit plusieurs maladies pendant 
lesquelles 11 fut remplacé dans ses fonctions pastorales, du 25 
février au 1° mai 1735, pàr frère Mathieu, capucin de Joinville; 
du 3 juin au 8 octobre 1741, par frère Claude de Bourbonne, 
capucin de Joinville; et par son neveu Jean-Baptiste Le 
Gendre, alors curé d'Autigny-lAbbé, C'est sans doute aussi 
celle mauvaise santé qui l'abligea à demander des vicaires à 
parlir de 1743. Il fut encore aidé dans son ministère, du 5 
mars 1745 au 27 février 1746, par frère André, capucin de Join- 
ville. El avait eu successivement comme vicares, en 1743 KFran- 
çcois Le Gendre, son neveu ; en 1746 Nicolas Piaull, un enfant 
d'Osne : et en 1747 de nouveau son neveu, qui va lui succéder. 

16° Fnaxcois Le GENDRE, fils de François, maire de Blécourt, 
et de Catherine Bertrand, né le 22 janvier 1723, fut curé d'Osne, 
du 31 janvier 1750 au 30 thermidor 1800, jour de sa mort. Il 
avait été peu de temps curé d’Autigny pendant le vicariat de 
M. Nicolas Piault. Comme son oncle, il fut promoteur du 
dovenné de Joinville. 

Pendant ce long slage d'un demi-siècle, M. 1 Gendre, qui 
avait quelque fortune patrimoniale, et nous semble par Îles 
papiers que nous avons partourus, un des hériliers du château 
de Brachay, fit de nombreuses acquisitions sur le terriloire 
d'Osne. On trouve encore la plupart des actes d'achat ou 
d'échange signés de sa main, aussi bien que plusieurs testaments 
qu'il recevait au lieu et place du notre. La tradition du village 
veut qu'il «it eu plusieurs domestiques et des chevaux. Bien 
qu'assermenté comme la plupart de ses confrères du voisimage, 
par ignorance ou pusillanimité, il n'en dût pas moins cesser de 
rédiger les actes de catholicité, le 2 décgmbre 1792 ; el à cette 
époque ou peu de temps après, il échangea ses immeubles d'Osne 
pour la propriélé de l'ancien couvent du Val d'Osne, où il se 
relira el passa les mauvais jours de la Révolution. 

En 1796, après la mort de Robespierre, alors qu'un calme 
relauif succédait à la tempète, qu'une ère de tolérance semblait 
devoir se lever sur la France, M. Le Gendre revint à Osne dans 
l'intention de rentrer dans son église, mais il la trouva occupée 
par l'abbé Pierre, ex-curé de Sommesous (Marne) qui, soutenu 


— 150 — 


par les habitants, n2 voulut point la céder. Force fut done au 
vrai pasteur de se relirer dans son crmilage et sa chapelle du 
Val d'Osne, où il coula les dernières années de sa vie. 

Le jour de ses obsèques, ses confrères du voisinage condui- 
sirent sa dépouille mortelle à sa dernière demeure, le cimetière 
paroissial, mais refusèrent raisonnablement de la laisser entrer 
dans l'église, où ecpendant Fattendait l'abbé Pierre. 

Avant de mourir, le 1* thermidor an VIE, il revendil au 
citoyen Cvriaque Martin la propriété du Val d'Osne movennant 
la somme de 12.000 livres. 

Si son signalement peut intéresser quelqu'un, le voici à titre 
de curiosité tel qu'il fut délivré par Fadministralion municipale 
du canton de Curel, comme adjoint à son certificat de vie et de 
civisme : « Taille de cinq pieds trois pouces ; visage long, nez 
aquilin, bouche petite, cheveux et sourcils noirs, veux idem, 
front élevé, menton lons, » 

Ce qui nous donne une quasi certitude que M. Le Gendre 
aura prêté serment à la Constitution civile du clergé, bien que 
nous n'avons point trouvé de pièce authentique ad hoc et que 
M. Adam ait écrit le contraire, ee sont quatre mandats de paie- 
ment conservés dans la paroisse, mandats délivrés au citoyen 
François Le Gendre, ex-curé d'Osne-le-Val, par le Directoire : 
1° un de 300 livres pour sa pension du trimestre de vendémiaire 
an [V; 2° un de 825 livres pour le trimestre de nivose an IV : 
3° un de 300 livres pour le trimestre de germinal an IV, et {4° un 
autre en notre possession, celui-ci de 1.125 livres, pour le mème 
Lrnnestre de nivose an IV, 

Ces sommes nous paraissent énormes el ne s'expliqueraient 
que par la déprécialion des assignats avec lesquels, sans doute, 
était pavée celle pension. Ajoutons qu'il nous serait particuliè- 
rement agréable de rencontrer une preuve que M. Le Gendre ne 
compla point parmi les prêtres assermentés. Disons encore que 
nous avons trouvé, dans un acle ofliciel, son nom avec le quali- 
ficaulf de chapelain de Ferrière (1. 

17° JEax-Bavrisre Picrre, né à Curel le 28 octobre 1752, 
avail exercé le saint ministère dans une paroisse de la Marne 
avant la Révolution. Il quitta sa paroisse et se retira à Curel le 


(1) Voir aux pivces justificatives plusieurs pièces ayant trait à M. Le Gendre, 


NV, AVI, XVI. 


— 181 — 


18 ventose an I, comme l’atteste le procès-verbal de la muni- 
cipalité de Curel en date de ce jour et ainsi conçu: « ... le 
« citoven Pierre nous a montré un certificat de résidence et de 
« civisme, ensemble son inseriplion sur le registre de la Garde 
« Nationale et l'acquittement de ses contributions, en date du 
« 6 mvose, dûment signé de la municipalité de Sompçou et du 
« district de Vitry-le-François. » 

Mais son aclivilé le porta à ouvrir une école à Osne, en con- 
currence avec le recteur d'école officielle, Nous nous demandons 
comment, lui, prêtre, put enseigner sans être inquiété, 

Cependant, en 1796, au moment où le Directoire laissait 
rouvrir les églises, 1} s'installa simplement à l'église d'Osne, 
revélil l'étole et administra les sacrements, bien qu'il n’eûl reçu 
de juridiction d'aucun supérieur hiérarchique. Etat curé 
constitutionnel? Nous serions tenté de le supposer, si les juge- 
ments Léméraires n'étaient illicites. 

En 1802, M. Le Gendre étant décédé, l'abbé Pierre reçut de 
Mur Ravmond, évèque de Dijon et de Langres, l'institution 
canonique el devint, par là, curé légitime d'Osne jusqu'à sa 
mort arrivée le 1° février 1817. 

Comme il ne int aucun registre des actes de baptèmes, de 
mariaswce et de décès, la collection de ces actes de catholicité ne 
recommencent qu'avec son suCCessCur, lin de 1817. Personne 
n'ignore que ous les anciens registres paroissiaux el, par con- 
séquent, les actes religieux tenus avant 1793 par les curés furent 
conlisqués par les révolutionnaires et sont encore aujourd'hui 
détenus par les communes dont ils composent, sinon la totalité, 
au moins la partie la plus intéressante des archives, 

18e Fnaxcois Foruxier, d'abord vicaire de Rochelort, dans la 
Côte-d'Or, puis curé de Charmoy de 1814 à IS17, devint curé 
d'Osne depuis les derniers mois de 1817 jusqu'au 18 août 1821. 
Il se retira ensuite à Paris, où Fabbé Roussel le fait mourir 
en 1829. à 

Après le départ de M. Fournier, la paroisse reste-neuf mois 
sans Litulaire ; l'intérim fut fait par M. Lapierre, doven de Che- 
vilon, M. Martinet, curé de Chatonrupt et M. Devillers, curé 
de Suzannecourt. 

19 Nicosas Mavrris fut enfin envové après ces neuf longs 
mois d'attente, Inutile de dire qu'il fut le bienvenu et reçu à 


ds ÉD 


bras ouverts et avec enthousiasme, Le nouveau curé était né au 
château de Vignory le 20 septembre 1794, avait été vicaire de 
Saulieu, dans la Côte-d'Or, puis curé de Harricourt en 1821 
et 1822 jusqu'au mois de mai, car il signe à Osne son premier 
acte le 24 mai. 


codée" 
gecenr ef 


M. Maupris. 


Comme son prédécesseur, M. Maupris ne ‘fera que passer à 
Osne, mais son ministère y sera fécond. Par son zèle apostolique. 
il réveilla les âmes engourdies, fit reprendre le chemin de 
l'église trop oublié et ramena au Tribunal de la Pénitence et à 
la Table Sainte un grand nombre d'hommes. Ce furent précisé- 
ment ces nombreuses conversions qui attirèrent sur le vénéré 
pasteur les regards de son évèque et le firent nommer doyen 
de Chevillon, 


Pendant ces quatre années, M, Maupris vit reconstruire le 


— 183 — 


clocher de son église, que M. Adam nous dit avoir élé très 
beau, sans nous indiquer le style ni la forme ; il baptisa les trois 
cloches et fit construire le presbytère. 

M. Maupris revint à Osne, appelé par M. le curé Adam, en 
décembre 1851 pour y prècher le Jubilé, et amena à la Table 
Sainte 132 hommes qui l’avaient abandonnée et presque toutes 
les femmes. Ce sont les termes mêmes de M. Adam laissés dans 
ses notes. Ce véritable apôtre mourut à Chevillon en 1869, 
chanoine honoraire de la cathédrale. 

20° Fraxçois-Xavier-Cuirisrorne PErRoT, né à Chalindrey en 
1800, prèlre en 1824, signa son premier acte à Osne le 29 novem- 
bre 1826. I avait débuté dans le ministère paroissial à Bussières- 
les-Belmont en qualité de vicaire, puis il fut curé de Voisines 
en 1826, ct, véritable oiseau de passage, quittera la paroisse 
d'Osne en 1828 pour aller professer au Petit Séminaire de 
Langres. Il redeviendra dans la suite vicaire de la cathédrale 
St-Mammès, puis curé de Brennes ; il ira tenir quelque temps 
la maîtrise de Saint-Roch, à Paris, occupera une cure dans le 
diocèse de Besançon, redeviendra dans le diocèse de Langres 
euré de Marac, puis de Choiller et enfin de Champigny-sous- 
Varennes. 

Pendant son court séjour à Osne, il maria son frère, Blaise 
Perrot, à Marie-Thérèse-Rose Martin, fille de l’ancien maire 
Jean-Bapüste-Cvriaque Marlin et de Marie-Jeanne Piault, et 
propriétaire du Val d'Osne. 

Après le départ de M. Perrot, la paroisse fut une année entière 
sans curé; elle était desservie par M. Toussaint, curé de Curel. 

219 Fraxçoës Mrerror, né en 1799, prètre en 1825, débuta 
comme vicaire à Wassv, puis comme curé de Brousseval avant 
de venir à Osne, qu'il occupa deux ans, de septembre 1829 au 
# août 1831. 11 quitta la cure d'Osne-le-V'al pour une autre dans 
le diocèse de Meaux, d’autres disent de Châlons. 

De nouveau, M. Toussaint, de Curel, fait l'intérim de neuf 
mois, jusqu'au 7 mai 1832. Ces longs espaces de temps pendant 
lesquels la paroisse demeure sans titulaire nous indiquent là 
pénurie des prètres à celte époque, encore rapprochée de l'oura- 
san révolutionnaire qui avait tout détruit sur son passage, 
envoyé Lant de ministres d’autels à léchafaud et lari la source 
des vocations sacerdotales, Il fallut un demi-siècle pour réparer 


— 181 — 


les ruines accumulées et plusieurs sénéralions pour former des 
lévites et des prêtres en nombre suflisant. | 

220 CHanzes Simon, né à Mandres, dans la Meuse, le 5 avril 
1761, de (xabriel Simon et de Marie Guillaume, était encore 
jeune prêtre quand éclata la Révolution. ITomme de principe, à 
la foi ardente et éclairée, en face de l'apostasie qu'exigeail de sa 
conscience la Constitution civile du clergé, il n’hésita pas un 
instant, et comme les martvrs de tous les siècles 1} ne sul que 
répondre : « poluis mort quam fædart », plutôt la mort que 
l'infidélité ! Il refusa donc énergiquement le serment sacrilège. 
Quel poste occupait-il à ce moment ? Nous n'avons pu le décou- 
vrir, Ce que nous savons, pour l'avoir recueilli d'un de ses 
vicaires à Osne, M. le chanoine Dimev, mort récemment à 
Longeau, el qui le lenait de la bouche même du généreux 
confesseur de la foi, c'est que ce fut à Mandres même, au pied 
du lit funèbre de son vénéré père, que l'abbé Simon apprit le 
décret qui le condamnait à la déportation ou à la prison en 
altendant la mort. 

Le soir même des funérailles paternelles, s'attendant à étre 
promptement arrèlé, 11 prit la fuite par une nuit obscure el se 
dirigea dans la forêt voisine. Bien lui en prit, car deux heures 
étaient à peine écoulées que les agents chargés de sa capture 
louillaient la maison paternelle dans tous ses coins et recoins el 
partaient en vocilérant des blasphèmes. 

Pendant ce lemps le proscrit faisait sa prière au pied d'un 
chêne et s’endormait sous la garde de Dieu. 

Comme on était dans la saison des chaleurs, que l'abbé Simon 
avait emporté quelques provisions et surtout un briquet et de 
lamadou, il vécut plusieurs mois dans Ja forét, se nourrissant 
souvent de fruits et de plantes sauvages, parfois aussi de gibier 
qu'il se laisait cuire la nuit, pour ne point éveiller l'attention et 
laisser soupçonner sa présence. Sa famille dut aussi sans doute 
lui renouveler ses provisions el lui communiquer des nouvelles. 

Cependant les mois s'écoulaient et l'hiver se faisait annoncer 
par des nuits déjà froides et humides. Il fallait songer à une 
autre retraite. M. Simon était décidé à passer la frontière et à 
aller demander la liberté à des cieux plus cléments. Déjà il était 
muni d'un passeport, de vélements de pavsan, se promeltant de 
pirler le patois de son pays, qu'il connaissait à merveille. Le 


— 189 — 


jour de son départ était fixé. Mais la veille il est appréhendé et 
conduit à la prison de Bar-le-Duc, C'était vers la fin de l'année 
1793. 

Comme Lous les prètres réfractaires incarcérés avec lui, l'abbé 
Simon se préparait chaque jour à monter à l'échalaud et avec la 
conscience du juste attendait paisiblement son tour. Souvént il 
entendait Ja nuit les cris de mort poussés par les Jacobins 
avinés Cl hurlant la Carmagnole. I racontait volontiers qu'un 
soir, tandis que la foule exécutait sous ses fenêtres son chant 
favori avec force menaces, et qu'il regardait les mégères éche- 
velées par l'entrebaillement de la petite lucarne par laquelle 
lui venait un peu de lumière, une femine lui lança un bout de 
corde en Jui disant : « Garde cela, c'est pour te peudre. » D 
surprise ! en développant le paquet, il découvrit quinze pièces 
de 2% fr. et un billet l'invilant à se présenter de nouveau quand 
il aurait besoin d'argent. I v avait donc encore des àmes chari- 
tables et compatissantes qui pensaient aux pauvres prisonniers 
du Christ. Avec cel or, l'abbé Simon obtint quelques adoucisse- 
ments pour fui et ses co-délenus. 

Mais après la chute de Robespierre et son exéculion, Îles 
prisonniers furent élargis el notre héros revint au pars natal, 
Les vieillards de Mandres racontaient encore 11 + à quelque 
Lrente ans, comment leur compatriote célébrait la messe, bapti- 
sait, mariail dans une cave, après son retour de prison, Mais 
combien d'années en fut-il ainsi ? Jusqu'à quelle époque le jeune 
confesseur de fa foi demeura-t-il à Mandres”? Que devint-1l en 
[S02, lors de l'arrivée d’un nouveau curé? La tradition et les 
documents sont muets jusqu'à sa nomination à la cure d'Har- 
méville en 1816, où il demeure jusqu'en 1826, I fut ensuite curé 
de Cirfontaine-en-Ornois de 1826 à 1832, et entin d'Osne-le-Val 
du 13 mai 1832 au 26 juillet 1846, jour de sa picuse mort. 

Sur ses vieux jours, M. Simon oblint comme vicaires : 1° M. 
Jacquin, de Fronville, de 1843 à novembre 1844; 2° l'abbé 
Dimev, de Vraincourt, de novembre 1844 à janvier 1846; 4° 
l'abbé Collin, de Wassv, de janvier 1846 à septembre de la 
méme année, 

Sur sa tombe plus que modeste on Bt, en langue latine, que 
dans le schisme français de 179%, il demeura inébranlable, 
« emparvidus » el lut un confesseur de la foi; et que pendant 


— [86 — 


‘à . , . ,» . 
qu'il gouverna la paroisse d'Osne, il était scrupuleux observateur 
de la discipline ecclésiastique. | 


230 AxpRé pau, né à Thonnance-les-Joinville le 4 octobre 
1807, prètre en 1833, ful professeur au Petit Séminaire de 
Eangres, de 1829 à 1836; vicaire de son oncle Charles fanin, 
curé de Voillecomte jusqu'en novembre 1837 ; curé de Bay-sur- 
Aube jusqu'au 3 novembre 1839 ; curé d'Allancourt Jusqu'au 23 
avril 1842: de Ravennes-Fontaines jusqu'au 27 septembre 1846 : 


M. Adam. 


il professait en mème temps à l'Etablissement de Malroy, au 
moins pendant Fannée 1844. Enfin il arriva à Osne el prit 
possession le 1° octobre 1846, comme le lémoiywne le procès- 
verbal du Bureau des Marguilliers, 


IT était d'une famille fort honorable, originaire de Blécourt, 
de laquelle sortireut plusieurs médecins et plusieurs prêtres. 

Nous connaissons les noms de : François Adam, médecin à 
Osne vers la fin du xvn'° siècle ; de Claude Adam, qui mourut à 
Osne Île 15 février 1778, et qui était aussi disciple d'Esculape : 
de Gabriel Adam, primilivement professeur de rhétorique au 
Petit Séminaire de Langres, et puis curé pendant un demi-siècle 
à Voillecomte, où il mourut chanoine honoraire et vice-doven : 


— 


ce dernier était un frère du curé d'Osne, 

M. André Adam, en arrivant dans sa paroisse en 1816, la 
trouva, dit-1l, dans un déplorable, lamentable état, et il ne 
faudra rien moins que le coup de fouet providentiel du choléra 
de 1854, pour réveiller la loi dans les âmes et faire reprendre 
les pratiques religieuses trop oubliées ou négligées, 

C'est à son initiative qu'Osne dut l'avantage de posséder des 
sceurs pour linstruction des petites filles et le soin des malades, 
el il pava de sa propre bourse la majeure partie de leur mobilier. 

Dans ses notes, 1] raconte avec force détails, les peines qu'il 
se donna, les démarches qu'il fit pour faire modifier le plan de 
l'église, sans v parvenir. Pendant la construction de l'édifice, il 
se plaint à Farchitecte, au risque de lirriter, du peu de solidité 
qu'ont les murs, des vices de Ja bâlisse et de la mauvaise qualité 
des matériaux : 1l se lave les mains devant la postérité, du stvle 
rococo qu'il déplore gmèrement, et accuse de mauvius esprit 
l'administration mumiéipale. Son jugement sur l'église est plei- 
nement ralilié depuis longtemps par les hommes intelligents. 

A l'exemple du Bon Pasteur, M. Adam se dévoue, se dépense 
sans compter, expose sa vie pour ses ouailles, pendant la terrible. 
année de 1854. Du 10 juillet au 1° septembre, il était debout 
près des malades ou assis au confessionnal 20 heures chaque 
jour ; aussi altribue-t-il ses forces à une sorte de miracle. Il 
confessa 550 personnes, et grâce, dit-il, à l'air sain qui descen- 
dait le vallon, il n'eut à enregistrer que 74 victimes. Il appelle 
le choléra « un grand remueur de conscrences. » 

Qui eut pu prévoir alors que ce prètre robuste, qui avait 
soigné les cholériques, reçu leur dernier soupir avec leurs 
dernières confidences, qui avait sans défaillir enseveli les morts 
et conduit leurs cadavres au cimetière, sans éprouver la moindre 
atteinte du mal, paierait plus tard un tribut à ce terrible fléau ? 


— 188 — 


En effet. le 18 février 1873, après avoir préparé les Jeunes 
sens à la Confirmation, depuis les six heures du matin, il sort 
de son église à 10 heures, atteint d'un accès de choléra, et après 
avoir reçu pieusement les derniers sacrements, expire la nuit 
suivante, | 

Comme le vaillant soldat, 1} tombe sur le champ de bataille, 
les armes à la main. Inutile d'ajouter que ses funérailles, le 21, 
furent un triomphe préparé par la paroisse émue et reconnais- 
sante. 

En plus de son ministère pastoral, M. Adam rendait d'émi- 
nents services aux malades par ses aptiludes et sa pratique de la 
médecine, puisées dans sa famille. 

Sa Lombe est ornée d'une expressive statue de saint Vincent 
de Paul, recueillant les enfants abondonnés, sortie des usines 
du Val d'Osne. | 

M. Adam eul pour vicaires, de la fin de septembre 1867 au 
23 mars 1868, M. Martinot, de Nogent, et l'année précédente 
l'abbé Charles-Léopold Caussin. 

24° Josepn-Cnarzes BOXXEXFANT, 
né à Clinchamp, le 21 janvier 
1834, élail, comme son prédéces- 
seur immédiat, fils d'un digne 
instituteur. I fut ordonné prètre 
par Mer Guerrin, le 28 juin 1857, 
et devint aussitôt vicaire de No- 
sont-le-Roi, où il fut ‘en même 
Lemps chargé de la colonie péni- 
tentiaire de Courcelle. I fut 
ensuite successivement curé de 
Nijon, le 18 juin 1860: de Pro- 
venchères-sur-Meuse, le 18 juil- 
let 1868 ; et enfin d'Osne-le-Val, 
où il s'installa ofliciellement le 7 
aoûl 1873, el demeura jusqu'au 22 juillet 1902, 

Pendant ce long et laborieux ministère de 29 ans à Osne, ül 
eut la satisfaction de voir ériger un hospice pour les vieillards 


M. Bonnenfant. 


des deux sexes, ainsi qu'un asile pour les pelils enfants, tenus 
tous deux par des religicuses de la Providence, de Langres : il 
réalisa plusieurs fondations, parmi lesquelles l'Octave des morts 


— 159 — 


el les douze vendredis du Sacré-Cœur; 1l embellit son église 
d'une porte monumentale sur le cimetière, de plusieurs verrières 
de grande valeur, d'une superbe statue du Sacré-Cœur de Jésus, 
d'un riche autel de marbre pour la Sainte-Vierse, enfin d'un 
calorifère. Îl eut aussi la consolation de voir cinq de ses élèves. 
dont deux neveux el trois jeunes sens de sa paroisse, monter au 
Saimt-Aulel et chanter leur première messe dans son église. 

Mais 1 nv à pas de rose sans épines el de succès sans difli- 
cultés ; 11 eut à gémir sur lanti-cléricalisme envahissant sa 
paroisse, sur le dévergondage des premières fètes du 14 juillet, 
sur Ja propagande d'un infûme journal, l'Anticlérical, de Léo 
Taxil, sur plusieurs enterrements civils, sur la faïcisation des 
écoles, sur la fermeture de lhospice et par conséquent lexpul- 
sion des religieuses, ce dont il ne se consola Jamais. I eut à 
soutenir des luttes épiques contre un instituteur, ses sous- 
mailres et une école protestante, contre un ministre des Culles, 
qui avait résolu son déplacement ou la suppression de son traite- 
ment el dont il sut triompher, C'était en 1883. 

Mais le 22 juillet 1902, M, Bonnenfant, qui depuis plusieurs 
années luttait avec sa robuste conslitution contre un mal imexo- 
rable, le diabète, dut songer à un repos bien mérité : cependant, 
de méme que Ie matelot s'attache à Fépave sur laquelle 11 a lutté 
contre la fureur des Hots, ce bon pasteur s'était aussi attaché à 
sa paroisse, CU I ne la quitta que le cœur brisé ; un mois après. 
jour pour jour, 1 rendait sa vaillante time à Dieu, au sein de sa 
famille, à Andelot, Iétut, depuis plusieurs années, chapelain ce 
la Cathédrale. 

La Croix et la Semarne Heliqieuse lui ont chacune consacré un 
arlicle nécrologique, Détachons quelques lignes à cette dernière : 

€ Jomme de principes, il savait les aflirmer carrément : 
homme de devoir, il sul Faceomplir, malgré de nombreuses difli- 
cultés: doué d'un carielère imperturbable, il ne se démentait 
pas : 1m héxitail pas à dire Ta vérité vraie, sans d'ailleurs jamais 
se départir de son calme, avait de l'ancien temps, l'esprit de 
précision et de méthode, d'aucuns diraient aussi d'autorité, Tout 
en fui, sa démarche, sa parole lente, rappelait la gravité un peu 
solennelle d'autrefois... Son ministère fut souvent pénible. 
Les populations ouvrières, plus accessibles aux influences de 
l'opinion ou de la presse, se prètent davantage aux calomnies, 


-— 190 — 


aux haines, aux tracasseries que notre Lemps ne cesse de soulever 
contre le clergé..... Le curé d’OUsne eut à souffrir surtout des 
lois scolaires..... Il était d'une ténacité imfassable dans les 
longues et patientes luttes du devoir..... En plus de ses labeurs 
de curé, 1l aima les soucis de l'éducation, 11 voulait se survivre 
en quelque façon et il eut de nombreux élèves. .... » 

Pour terminer, citons les cinq élèves que M. Bonnenfant à 
préparés au sacerdoce, ce sont MM. Bazzi, professeur au Petit 
Séminaire de Langres, aujourd’hui Bourbonne, et Bernier, curé 
de Montreuil-sur-Thonnance, ses neveux ; et les trois autres, 
enfants d'Osne, MM. Schœnher, liceneié ès-lettres, professeur à 
l'Ecole de l’Immaculée-Conception, de Paris, ancien Séminaire 
de Saint-Nicolas-du-Chardonnet ;: Charles, curé de Louvemont ; 
el Demogeot, curé de Lamothe. 

25° Iluserr-Axroixe Marécnar, né le 13 mai 1849 à Mussev- 
sur-Marne, d'une famille d'ouvriers de la campagne, passa sa 
Jeunesse aux travaux des vignes, fit la campagne de 1870, en 
qualité d'infirmier militaire, dans les ambulances de Langres ; 
fut ordonné prètre le 29 juin 1878, devint vicaire de Montign\- 
le-Roi jusqu'au mois d'août 1879, d'où il fut appelé à la cure de 
Rozières, puis au mois de juillet 1885 à celle de Fontaines-sur- 
Marne, el enfin le 27 juiflet 1902 à celle d'Osne-le-Val. I est 
l'humble auteur de cette modeste notice. 


CHAPITRE NNI 


Ecoles et instituteurs d’Osne 


Un préjugé trop répandu de nos jours, c'est que sous l'ancien 
régime l'instruction était nulle ou à peu près et du reste, le 
monopole de quelques privilégiés ; que dans les campagnes, Îles 
écoles faisaient défaut. Celle crreur, comme tant d’autres, a été 
accréditée dans les masses par les admirateurs de la Révolution, 
qui veulent à tout prix lui attribuer, même au détriment de la 
vérilé, tous les avantages dont nous jouissons. 

J'espère démasquer ce mensonge el convaincre les esprits les 
plus prévenus. Pour cela, je consulte des hommes de la partie, 
el tout d’abord M. Favet, ancien inspecteur d’Académie, 
membre de la Société sénérale d'éducation et d'enseignement, 
auteur d'un travail sur les écoles anciennes de la [laute-Marne. 
Ur, dans la première partie de son ouvrage, il débute ainsi : 

« Quoi qu'on ait pu dire et écrire depuis la promulgation des 
fameux principes de 1789, il est facile d'établir que sous l’ancien 
régime, la France était riche en établissements de tous degrés : 
universités, collèges, petites écoles, et que sous ce rapport elle 
n'étail inférieure à aucun des Etats de l'Europe. » 

En elfet, sans compter l'Université de Paris qui, pendant 
plusieurs siècles, a été la plus florissante du monde chrétien, et 
le rendez-vous des étudiants de toutes les parties de l'Europe, 
sans parler des 23 Universités fondées successivement dans les 
principales villes de France aux xiv°, xv° et xvi° siècles ; sans 
parler des 562 collèges et des 72.747 élèves qui, au moment où 
éclata la Révolution de 1789, y recevaient l'instruction enlière- 
ment ou partiellement gratuite pour les quatre seplièmes ; sans 
parler des 100 collèges brillants tenus par les premiers éduca- 
teurs de la jeunesse, les Jésuites, el une multitude d’abbaves, de 
Prieurés qui partout faisaient fleurir les lettres et les sciences, 
el distribuaient largement l'instruction autour d'eux, les petites 


— 192 — 


écoles, scolæ suballernæ, comme on disait au Moven-Age, 
étaient très nombreuses, 

A son tour, M. Villemain, ministre de l’Instruction publique, 
présentant en 1842 au roi Louis-Philippe, un travail sur les 
écoles anciennes, va jusqu'à aflirmer, avec preuves à l'appui, 
qu'elles élaient supérieures en nombre à celles de son époque. I 
termine son rapport par ces mots sugweslifs : « En résumé, le 
nombre lotal des élèves qui recevaient l'éducation ou l'instruc- 
ion, soil entièrement soil partiellement gratuite, excédait 40 
mille. Cet état de choses n'était pas un don du gouvernement, 
mais l'ouvrage des libéralités de plusieurs siècles, et pour ainsi 
dire l'expression même des progrès de cette civilisation qui, 
depuis le Moven-Age, avait porté si loin la gloire de la France, 
dans les lettres et dans les sciences. C'était grâce à de telles 
fondations que l'instruction s'était répandue, s'étut sécularisce. 
Les mèmes facilités n'existent plus, » 

En effet, les innombrables fondations avaient été anéanties 
pi la fameuse Révolution qui s'empara de tous leurs revenus, 
eu méme temps qu'elle fermait les écoles. 

Citons encore un nom à l'appui de notre thèse : La Chalotais, 
procureur général au Parlement de Rennes, s'exprime ainsi en 
13563 : «@ I n'y à Jamais eu lant d'étudiants. Le peuple même 
veut étudier ; les Jaboureurs, les artisans envoient leurs enfants 
dans les collèges des petites villes où 1l en coûte si peu pour 
VIVIC. | 

Après cela, on viendra encore nous parler de l'ignorance de nos 
pères, de l'espèce de barbarie dans laquelle on les laissait croupir. 
Vous voyez à distance ces vilams, ces manants, comme on se 
plait à les appeler de nos jours, pour atlirer sur leur sort la 
piuié el la commiséralion, el qui se payaient le luxe d'envoyer 
leurs enfants au collège, bien qu'ils eussent près d'eux, dans la 
localité mème, une école primaure et parfois secondaire. 

Donnons encore des extraits de l'inspecteur d'Académie, M. 
Favet, Après avoir parlé de l'obligation faite par les décrets des 
Conciles, à Loul prètre qui a charge d'ames, d'entretenir près de 
lui un elerc, prêtre ou laïque, pour lui servir d'auxihaire dans 
la célébration des oflices et tenir des écoles {enere scholas, il 
ajoute : « Ainsi, sauf des circonstances exceptionnelles ou des 
désordres graves... chaque paroisse avait au moins une école, 


— 193 — 


quand elle ne pouvait en avoir plusieurs. » Et plus loin il dit 
encore : «Ainsi se mulliphiait de plus en plus, sous Fancien 
régime, Jes movens d'instruction pour l’un comme pour l’autre 
sexe, dans les campagnes comme dans les villes. Cette vérité 
historique qui ressort de tous les documents généraux que l’on 
connaît, est confirmée par toutes les recherches particulières et 
locales qui se font depuis quelques années. Pour notre part, 
nous avons conslalé que chacune des paroisses qui formaient 
autrefois Île vaste diocèse de Langres, comme chacune des 
paroisses comprises aujourd'hui dans le département de la 
[aute-Marne, était longtemps avant la Révolution, pourvue au 
moins d'une école et d’un maitre...... que tous les enfants de 
la paroisse fréquentaient les écoles au moins une partie de 
l'année, et quelques-uns jusqu'à l'âge de 16 et 17 ans, Ce que 
nous avons constaté dans l’ancien diocèse de Langres et dans les 
autres diocèses qui ont fourni des paroisses à la Haute-Marne, 
d'autres l'ont constaté dans d’autres parties de la France..,.. » 

Nous ne résistous pas à la tentation de citer encore les 
dernières lignes de la première partie de cet ouvrage; bien 
qu'elles n'entrent pas dans notre sujet, elles sont en contra- 
dietion formelle avec certains manuels d'enseignement, grands 
thuriféraires de la Révolution : | 

« En présence d'une situation qui, sans être encore parfaite, 
était déjà très satisfaisante et S'améliorait de plus en plus, qu’a 
fait la Révolution? Elle à ruiné et détruit les établissements, 
elle à persécuté et proscrit les maitres et les maitresses, quand 
elle ne les à pas massacrés ou juridiquement assassinés, » C'est 
ce que M. Favet démontre dans sà seconde partie. 

Sans doute, les programmes des écoles primaires ou petrles 
écoles élaient moins chargés qu'ils ne le sont de nos Jours. 
Était-ce un si grand mal? IF est au moins permis d'en douter (1). 

Ces maitres anciens enseignaient à leurs élèves : la lecture, 
l'écriture, les premiers éléments du calcul, le chant el aussi le 
catéchisme, qui est Part de devenir de bons ciloyens, en mème 

e 

(1) Voir aux piéces justificatives XIX, le règlement fait à l'instituteur, en 
IS33, par le Conseil municipal d’Osne. règlement que nous avons copié textuel- 
lement au Registre des délibérations de ce Conseil. et que nous donnons à titre 


de curiosité, comme spécimen de la mentalité de lépoqne, tout en faisant 
observer que nous n'en pouvons approuver tous les articles. 


13 


— 194 — 


{emps que d'excellents chrétiens. On jugeait alors, et peut-être 
avec raison, que pour l'ouvrier de la campagne cela suflisait. 
Mais il me tarde de donner la liste des braves maîtres d'école 
qui peudant les derniers siècles ont enseigné la jeunesse d'Osne. 
Si elle ne commence qu’au début du xvn® siècle, il ne faut pas 
en déduire qu'il n'y avait pas d'école antérieure à cctte époque, 
mais que, faute de documents, nous ne connaissons pas les noms 
de ces fonctionnaires. Nous avons vu que tous les papiers 
anciens furent détruits dans les suerres de religion. 
Voici donc ceux dont les noms nous sont parvenus : 
1° En 1624, Pierre Regnault, d'Osne ; 
2 1630, Nicolas Colignon ; 
3° 1645, Simon Regnault (dit la Varonne), probablement 
frère de Pierre Regnaull, d'Osne ; 
4° 1656, Claude Regnault, fils de Pierre, mort à Osne en 1688 ; 
5° 1660, Picrre Perrin, d’Osne ; 
6° 1679, Jean Favochon ; 
7° 1682, Jean Frin, mort à Osne le 8 septembre 1687 ; 
8° 1686, Jacque Thomassin ; 
9 1692, Dominique Guillemin ; 
10° 1702, Iluriel ; 
11° 1706, Perrot ; 
120 1715, Nicolas Marchal, de Curel ; 
13° 1717, Jean Matras ; 
14° 1722, Louis Regnault, d'Osue. Il est né en 1705, de Michel 
Regnaull, et meurt en 1775 ; 
15° 1732, [ubert Regnaull, né à Osne en 1683, de Michel 
Regnaull, par conséquent 1l était frère du précédent, et meurt 
en 1797 ; | 
160 1735, Nicolas [aguinier, né en 1704 ; 
17 1748, Antoine Thomas, de Savonnière, maire et maitre 
d'école ensemble, meurt à Osne en 1804 : 
18° 1783, Louvent Thomas, fils du précédent, né à Osne en 
1791 el mort en 1825 ; 
19 1793, Joseph Paymal ; : 
20° En concurrence avec Paymal, l'abbé Jean-Baptiste Pierre, 
de Curel, ex-curé de Sommesous, tient une école de 1793 à 
1796, époque où il s'empara de l'église, comme il est dit ailleurs. 
11 meurt curé d'Osne, en 1817 ; 


— 195 — 


21° [farmand : 

220 Moisseau : | 

23° 1804, Ballet, de Joinville. Il eut, en 1805, des démeélés 
avec M. le curé Pierre, qui lui interdit le lutrin, et bien que 
soutenu par la majeure partie de la population, il fut obligé de 
quitter l'école l'année suivante ; 

25° 1806, Charles-Autoine-Cyriaque Thomas, né à OUsne en 
1787, de Louvent Thomas, et mort en 1870 ; 

26° 1832, Poinsot, ex-religieux de S. Joseph ; 

27° 1835, Pierre-Nicolas Deschamps, de Mertrud, mort à 
Osne en 1854, âgé de 44 ans ; 

28° 1854, Anselme Hanin, de Guindrecourt ; 

29 1857, Jean-Baptiste Favret, de Leurville ; 

30° 1875, Henri Dosne, né à Villiers-sur-Marne en 1840 ; 

31° 1881, Sulpice Briquet, né à Avrainville en - 

32° 1888, Paul-Joseph Baudoin, né à Louze en 1844; 

33° 1902, Ilenri Brouillard, né à Sauvage-Magnil en 1856 ; 

34° 1911, André Lasalle, né à Pont-Varin en 1881. 


Nous ne donnerons aucune note biographique sur ces 
Messieurs, faute de documents. 

Cependant nous nous permettrons une exception, M. l'abbé 
Adam, curé d’Osne, avant laissé sur M. Deschamps quelques 
lignes édifiantes, nous pensons qu’elles ont leur place ici. 

M. Pierre-Nicolas Deschamps arriva à OUsne Jeune encore fil 
n'avail pas 26 ans); il n'avait fréquenté ni l'école normale, ni 
aucune école préparatoire publique, et cependant par son travail 
opiniâtre et son intelligence naturelle, il devint rapidement un 
excellent instituteur et sut faire de nombreux et sérieux élèves. 
M. Adam va jusqu'à affirmer qu'Osne n'avait jamais eu de maitre 
aussi capable, et, dit-il, la jeunesse se vit en possession d'une 
instruction inconnue jusque-là (sic). Voici des noms de Jeunes 
“ens qui lui durent {oute leur science acquise : Nicolas Bardel, 
employé au Val d’Osne; Claude et Joseph Aubry, également 
employés aux mêmes fonderies ; Constant Guinoiseau, directeur 
des forges de Marnaval, à Saint-Dizier ; Cyriaque Charles, insti- 
luteur à Paris, Ajoutous ses deux enfants, Célestin Deschamps 


— 196 — 


qui, à 15 ans, étail instituteur-adjoint, et Neila Deschamps, qui 
devint sous-maitresse dans un établissement à Dieppe, et ensuite 
fonda un pensionnat à Gray. De plus, M. Deschamps fil entrer 
dans les premiers, à l’école des Arts et Métiers de Chàlons, 
Célestin Saleur, qui sortit avec le n° 3. 

Cet instituteur imfatigable était devenu, dans Îles dernières 
années de sa vie, d'une piété exemplaire. Îl fut emporté par la 
terrible peste de 1854. Il avait vu mourir sous ses veux, en 
quelques jours, plusicurs de ses amis intimes et sa vertueuse 
compagne, Françoise Chrétien. Aussi, son âme très sensible, 
élait-elle brisée, et son corps le fut rapidement. Sa mort fut des 
plus édifiantes ; après avoir reçu pieusement le saint Viatique, 
avoir confié le soin de ses enfants à son curé, 11 se précipita au 
bas de son lit, s'agenouilla au pied de son crucifix et rendit sa 
belle àme à Dieu. C'était le 5 août 1854. 


IV avait également à Osne, avant la Révolution, une école 
de Jeunes filles, tenue par une inslitutrice ; mais à quelle époque 
en remontail la fondation? Nous ne le savons pas, pas plus que 
nous ne Cônnaissons les noms des litulaires qui ne nous sont 
point parvenus. Et c'est mème providentiel que nous avons 
trouvé dans la paroisse un procès-verbal daté du 2 mai 1774, 
attestant qu'il a été vendu aux enchères publiques, sur la requête 
de M'° François Le Gendre, exécuteur lestamentaire, le pauvre 
mobilier de Jeanne-Anastasie Laval, fille majeure el sœur 
d'école à Osne, C'est M"° Thomas qui fait l'oflice de notaire, Et 
parmi les acquéreurs parait la sœur d'école en fonelion à Osne, 
sans Indication de nom, également la sœur d'école de Thon- 
nance. Celle institutrice d'Osne élail originaire de Sermaize, et 
mourut le 7 mars 1774. 

Dans les comptes de Fabrique de 1385, nous vovons figurer 
au chapitre des dépenses : « 4 livres versées à Maric-Jeanne 
Brigand, Marie-Anne Leconte, Manon Charles, et la sœur 
d'école, pour honoraires de leur adoralion nocturne du Saint 
Sacrement, la nuit du Jeudi Saint. 

Enfin dans la liste des habitants imposés en 1789, nous trou- 


— 197 — 


vons deux sœurs d'école qui doivent payer chacune une demi- 
poule au receveur du Domaine (1). 

Il ne peut donc y avoir de doute, il v avait au moins au xvmi' 
siècle une école de filles à Osne, et cette école, fermée par la 
Révolution, ne fut rétablie qu'en 1820 et tenue par une demoi- 
sclle Angélique Jacquier, de Grand, jusqu'en 1842, année où. 
trop âgée, elle résigna ses fonctions, On l'appelait la sœur, bien 
qu'elle n'appartint à aucune congrégation. Pendant ses dernières 
années, elle était secondée par sa nièce, Marie-Angélique Pintat. 

Me Perrot, de Fronville, remplaça Ml Jacquier, et quitta 
Osne en 1846, pour aller avec son neveu, l'abbé Jacquin, vicaire 
d'Osne, nommé à la cure de Blumerev. 


LA 


En celte même année, vinrent à Osne, des religieuses de la 
Providence de Langres, appelées par M, Adam, avec l'agrément 
des administrateurs de la commune. 

Les deux premières Uitulaires furent sœur Césaire et sœur 
Amédée. La tradition rapporte qu'on fut les recevoir procession- 
ncllement à l'entrée du village. Ce qu'elles durent en ètre émues 
el confuses ? 

Sœur Césaire demeura à Osne, à la grande salisfaction de 
tous, pendant 40 ans, c'est-à-dire jusqu'à sa mort arrivée le 29 
juin 1886. Fille étail née à Eclaron en 1818 cet voulut que sa 
dépouille mortelle reposäl au milieu des membres de sa famille ; 
cest pourquoi, après un service solennel, en présence de a 
“rande majorité des habitants d'Osne reconnaissants pour ses 
longs services, elle fut inhumée à Eelaron. Son nom dans le 
monde était Caroline Paillot. Sa mémoire est loujours en 
grande bénédiction dans la paroisse. 

Sœur Amédée quitta Osne en [S62, pour un autre poste, et 
fut remplacée par sœur Marie, dont le nom est Marie-Aspasie 
Gervaisot, Celle-ci est née à Allancourt en 1835. Elle passa 432 
ans à Osne, où elle mourut le 7 juillet 1894, et fut inhumée sur 
la lombe de M, l'abbé Pierre, ancien curé d'Osne, Elle fut 
universellement pleurée, et ses obsèques prouvèrent la gratitude 


(1) Voir cette liste au chap. NT, Statistiques. 


— 198 — 


de la paroisse pour les nombreux services et le dévouement de 
l’humble religieuse. Son nom sera longtemps encore en véné- 
ration. 

Sœur Marie-Adèle avait succédé à sœur Césaire, comme sœur 
Asther remplaça sœur Marie. 

Voici, restés dans le souvenir et la reconnaissance des habi- 
lants, d’autres noms de religieuses qui se dévouèrent, soit à 
l'éducation et à l'instruction des jeunes filles de la paroisse, dans 
les classes ou dans la salle d'asile, soit près des malades ou des 
vieillards de lhospice : sœur Marie-Célestine, sœur Maric- 
Alphonsine et sœur Maric-Anastase étaient de service à l’hos- 
pice ; sœur Marie-Auxilie tint longtemps la seconde classe ; 
énfin, sœur Saint-Adrien, de 1893 à 1898, formait les plus anges 
de l’asile. | 


Je ne citerai point, et pour cause, les noms des institutrices 
qui succédèrent aux religieuses, n'avant pu les recucillir. Plu- 
sieurs de ces dames ou demoiselles ne firent ici qu'un stage assez 
restreint el de 1896, année de Ja laïcisation de l’école, à fin 1902, 
époque de l'arrivée des dames Brouillard, on compte un certain 
nombre de litulaires maîtresses ou sous-maitresses. Elles étaient, 
je crois, pour la plupart animées d’un bon esprit et remplis- 
saient leurs devoirs de chrétiennes. Mais le sillon qu'elles n'ont 
pas eu le temps de creuser dans la paroisse n’a pas laissé de 
traces, leurs noms mêmes sont oubliés. 

Cependant on peut dire, sans jeter la pierre à personne, que 
du jour où les religieuses quittèrent définitivement les classes, 
et deux ans après l’hospice, les jeunes filles d’Osne, de même 
que de tendres agneaux abandonnés du berger deviennent une 
proie facile pour les fauves, elles-mêmes devinrent les malheu- 
reuses victimes de l'indifférence religieuse de la paroisse, 


Lai 


CHAPITRE XVI 


Enfants d’Osne qui se sont signalés par leurs fonctions 
ou par quelques gestes 


Chaque pays produit ses hommes et il n’est pas jusqu’au plus 
humble hameau qui ne voit éclore, sinon de brillantes illustra- 
lions, au moins des noms dignes de passer à la postérité, soit 
par les services rendus, soit par les fonctions occupées, si 
modestes qu'on les suppose, soit par le prestige exercé sur leurs 
contemporains. Osne, comme la mère des Gracques, peut 
montrer quelques-uns de ses enfants, et avec la fierté de la noble 
matrone romaine, dire : « Voilà mes joyaux. » 

Nous nous proposons, dans ce chapitre, non d’esquisser des 
biographies dont les éléments nous manquent absolument, mais 
de citer des noms qui ne pourront qu’ajoutcr encore à l’estime 
el à l’honorabilité de vieilles familles de la commune. Et pour 
meltre un peu d'ordre dans cette liste, nous parlerons dans 
autant de paragraphes des prètres, des soldats, des magistrats, 
des religieuses, des instituteurs et institulrices, des procureurs 
et lieutenants de justice, des médecins, notaires, elc. 


S [. — PRÈTRES XÉs À OSXE 


On juge un arbre par ses fruits, el on estime une paroisse par 
le nombre de léviteés qu’elle à donnés aux autels. Or, dans les 
derniers siècles, notre village a fourni son contingent de minis- 
tres de l'Eglise. Voici ceux que nous connaissons, il en est sans 
doute d'ignorés : 

1° Messire Lambert Pyault, dont on lit dans le registre des 
décès d’Osne, signé de Joachim Hosdier : « Le 6 décembre 1617, 
«est décédé Mre Lambert Pyault, chanoine de Joinville, qui 
« avait le jour de l’Assomplion Notre-Dame, pris le bâton de la 


— 200 — 


« Confrérie. » Il fut inhumé dans le cimetière d'Osne ou plutôt 
dans l’église, comme cela se pratiquait alors pour les prêtres et 
autres dignitaires ecclésiastiques : 

2° Joachim Hosdier, né à Osne en 1561, devint d'abord vicaire 
de Poissons en 1587, puis curé d'Osne de 1591 à 1636. Il se 
désista probablement en faveur de son neveu, et mourut à Osne, 
le 13 octobre 1646 ; 

3° Micolas Iosdier, né à Osne en 1591, et mort en 1684. Il 
était fils de Mengin Hosdier et de Cvrotte Iluguenin, Son père 
épousa en seconde noce Marie Coquart. Il fut curé d'Osne de 
1636 à 1668. 

Les Messieurs Houdier sont Îles arrière-petits neveux de ces 
prêtres. L'orthographe du nom a été modifiée au xvine siècle ; 

4 Nicolas Magister, mort jeune prètre, vicaire de Gudmont. 
Son corps fut ramené à Osne et inhumé dans la chapelle saint 
Nicolas, son patron, le 16 mars 1627 : 

5° Cyriac Briard, chanoine de Paris, Il parait dans un acte 
de baptême, en qualité de parrain de son neveu François Briard, 
en 1627 ; 

6° Sébastien Briard, frère du précédent et curé de Rache- 
court," vient être parrain en 1628, dé sa mièce Nicole Mourot, 
fille de Marie Briard ; 

1° Jacques Demogeol, né le 2 janvier 1644, de François 
Demogeot et de Anne [osdier. I était neveu par sa mère du 
curé d'Osne, Nicolas [Hosdier, auquel il succéda en 1668. T1 
mourut le 17 septembre 1700 ; 

8° François Colson, né le 13 décembre 1647, de Didier 
Colson et de Cyrotte Martin, deviendra curé de Morlav (Meuse: 

Nicolas Girardin, curé d'abord de Maizières-les-Joimville 
de 167% à 1676, puis de Curel jusqu’en 1679, est regardé, par 
l'abbé Adam, comme originaire d’Osne, parce qu'aux mariages 
de ses deux neveux, à Curel, Jacques Demogcot, curé d'Osne, 
parait comme témoin et signataire. Cette raison ne nous paraîl 
pas probante. Du reste, nous n'avons pas trouvé son acte de 
baptème ; 

9 Nicolas Pyaull, né en 1720, de François Pvault et de 
Marie Charles, est donné en 1747 comme vicaire à M. Le Gen- 
dre, euré d’'Osne, puis il deviendra curé de Vecqueville de 1748 
à 1779, année de sa mort. I fit une fondation dans son église ; 


201 — 


109 Nicolas Colson, né le 12 juin 1721, de Nicolas Colson, 
maveur el notaire d'Osne, et de Marie Viard, devient chanoine- 
doyen du chapitre de Revnel. 

C'est en 1747, la veille de la Passion, que fut conférée la 
prètrise à Nicolas Colson, par Mer Claude-Antoine de Choiseul 
Baupré, dans la chapelle du Séminaire de Châlons, comme on 
peut le lire dans les lettres testimoniales que nous avons eues 
entre les mains et qui sont chez M. Choler ; 

11° Urbain Coquard, né à Saint-Urbain en 176% et mort curé- 
doven de Wassy en 1836, élait d'Osne par sa famille. En effet, 
son père, instituteur à S'-Urbain, éliut né à Osne, de Sébastien 
Coquard, lieutenant de justice en 1730, et un autre Sébastien. 
frère à son père, fut à son tour lieutenant à Osne ; 

12° Joseph-Enule- Victor Thomas, lils de Charles-Antoine 
Thomas, instituteur à Osne, et de Sophie Maupris, sœur de 
M. Maupris, curé d'Osne, naquit le 28 octobre 1826, Prétre en 
1850, il devint successivement vicaire de Nogent, de Chevillon 
et de Montier-en-Der, professeur au Collège de S'-Dizier, curé 
d'Avramville en 1854, enfin aumoônier de la maison d'Ostende à 
Châlons. Il est mort, parait-il, sur mer, vers 1880, tandis qu'il 
revenait d'Algérie ; 

13 lrerre-Georges Schænher, né le 23 février 1862, de 
Georges Schœænher et de Elisabeth Houllé. Prètre le 30 mar 1885, 
élève de FEcole des Carmes, licencié ès-lettres, professeur 
d'abord quelque temps au Collège de Saint-Dizier et depuis 
1891, enseigne les belles-lettres au Séminaire de Saint-Nicolas- 
du-Chardonnet, transformé en école secondaire de lfmimaculée- 
Conception. Il est auteur d'un docte et intéressant ouvrage en 
deux gros volumes, sur le Séminaire de Saint-Nicolas, et lauréat 
de FAcadémie : 

1% Zéphirin-Joseph-Edmond Charles, né Le 1 mars 1863, 
de Nicolas Charles et de Clémentine-Véronique Viard, prètre le 
29 septembre 1885, fut successivement vicaire d'abord à Cha- 
merov, puis à Joinville, curé de Villemorin en 1887, d'Halligni- 
court en 1893, et l'est de Louvemont depuis 1909 : 

19° Jules-Ernest Demogeol, né le 8 mars 1873, de Jean- 
Bapliste-\lexandre : Demogeot et de Zoé-Louise Baudesson, 
_prètre le 29 juin 1898, fut vicaire à Montignv-le-Rot, et devint, 
en 1900, curé de Lamothe ; 


— 202 — 


16° Paul-Auquste-Henri Marlin, né le 21 juillet 1885, de 
Claude-Nicolas Martin et de Marie-Z/élie Pion, est dans Îles 
ordres majeurs depuis 1911, et doit recevoir l’onction sacer- 
dotale dans le courant de cette année 1912. 


S FE — Sorpars 


Si Osne fournit des léviles au sanctuaire, il donna aussi, du 
moins dans ces derniers temps, de nombreux défenseurs à la 
Patrie. Les premiers sont préposés à la garde et au service des 
autels, les seconds veillent sur les foyers et les personnes, sur 
les biens et l'intégrité du territoire ; les uns et les autres tra- 
vaillent pour le bonheur de tous et méritent notre reconnais- 
sance, | 

Nous n’aurons garde de laisser dars l’oubli les noms de ces 
vaillants soldats, du moins de ceux qui sont morts ou ont soul- 
fert pour la patrie ; nous tenons même à les léguer à la postérité ; 
ils rallumeraient au besoin la flamme du patriotisme, si elle 
venait à s'éteindre parmi nous. Malheureusement ces noms, 
faute de documents, remontent à peine aux guerres de la Révo- 
lution et de l'Empire, et encore la liste en est probablement 
incomplète. 


Le plus ancien militaire d’'Osne connu, nous l’est par une 

pièce ainsi libellée : 
« Congé de six ans (sic). 

« Nous Gaspard-Henri Caze, chevalier, baron de la Bove, 
« intendant de la province et frontière de Champagne, en consé- 
« quence des ordres du Roy à nous adressés, nous avons donné 
« congé absolu au nommé François de Mougcot, milicien pour 
« la communauté d’Osne-le-Val, élection de Joinville, après 
« avoir rempli les six années de service prescrites par les ordon- 
« nances du Rov. Au moyen duquel congé lui permettent de se 
« retirer où bon lui semblera. | | 

« Fait à Chaalons le premier mars mil sept cent cinquante. 

« Signalure illisible. » 


Voici maintenant une longue liste de jeunes gens tombés sur 
tous les champs de bataille de l'Europe, pendant les campagnes. 
wlorieuses mais sanglantes de Bonaparte : 


== 204 == 


1° Joseph Beurel, né le 29 juin 1761, de Michel Beuret et de 
Marguerite Triffaut, est mort au service ; 

2 Claude Regnaull, né le 23 octobre 1769, de Joseph 
Regnault et de Marguerite Debard, est mort au service ; 

3° Réné-Thomas Beuret, né le 21 décembre 1769, de René 
Beuret et de Anne Gauthier, est mort au service ; 

4 Joseph Berthel, né le 9 actabre 1772, de Jacques Berthel 
et de Henriette-Marie-Anne Garde, meurt au service : 

3 Cyriaque Berthel, né le 9 avril 1773, de François Berthel 
et de Henriette Perrin, meurt sous les drapeaux ; 

6° Jean-Baptiste Beuret, frère de Joseph Beuret, cité plus 
haut, né le 7 août 1778, de Michel Beuret et de Marguerite 
Tniffaut, meurt sous les drapeaux : 

1 Cyriaque-Jean Demogeot, né le 4 avril 1783, de René 
Demogeot et de Anne Coquard, meurt à Neuf-Brisach ; 

8 Pierre. Perrin, caporal au 102° de ligne, est décédé, victime 
de Ja fièvre, à l'hôpital militaire de Saint-Laurent-la-Padoule, le 
3 septembre 1806 ; 

® Antoine Belgrand, fusilier au 14° de ligne, est tué d’un 
coup de feu sur le champ de bataille d'Evlau, le 8 février 1807 ; 
il était fils de Cyriaque Belgrand et de Marie Collot ; 

10° Pierre Beuret, né le 19 août 1786, de François Beuret et 
de Marie Guillaumet, meurt au service : 

11° Cyriaque Demogeot, frère de Jean Demogeot, cité plus 
haut, né le 13 mai 1785, de René Demogcot et de Anne Coquard, 
est mort à Vissembourg ; 

12 François Millot, né le 17 juin 1788, de François Millot et 
de Henriette Garde, meurt sergent-major : 

13 Charles-Joseph Bassemont, né le 8 juillet 1791, de Fran- 
çois Bassemont et de Marie Demogeot, meurt dans la campagne 
de Russie ; 

14 Cyriaque Martin, né le À novembre 1791, de Sébastien 
Martin et de Marguerite Demogeot, meurt sous les drapeaux ; 

15° François Regnaull, frère de Claude Regnault, cité plus 
haut, né le 16 septembre 1776, de Joseph Regnaull et de Mar- 
guerite Debard, mourut à Milan : 

16° Un troisième frère, Nicolas Regnault, né le 10 février 
1572, est mort sous les drapeaux : il était caporal au 78 régiment 


= M — 


d'infanterie légère du 4° corps et %° division de la Grande Armée, 
comme l'indique une pièce du 9 mar 1808 ; 

17° Joseph Viard, ils de Claude Viard et de Marie-Jeanne 
Bouillot, né le 28 décembre 1774, était voltigeur au 102° de 
line, et mourut sergent-major près de Naples, le 18 août 1806: 

18° François Viard, frère du précédent, né le 7 novembre 
(787, fut Lué en Catalogne, le 13% mars 1810 : à1l était grenadier 
au 14° régiment d'infanterie de ligne ; 

19% Lntoine-Urbhain Thomas, né le 4 janvier 1788, de Charles- 
Antoine-Cvriaque Thomas, maire et notaire d'Osne, est tué d'un 
boulet à Wagram, le 6 juillet 1809 ; 

20% François Demogeol, né le 2 septembre 1788, de François 
Demogeat et de Jeanne Martin, meurt du scorbut à Gand, le 19 
mars 1S11 ; 

21° Louts Regnault, meurt le 15 mars 1812, âgé de 22 ans. 
de ses blessures, à Barcelone, il était grenadier au 3° bataillon 
du 67° de ligne : 

22 Wichel Bardel, meurt à Metz, à l'âge de 20 ans, 16 15 
janvier 1814: 

23° J‘rançors Berthel, meurt également à Metz, à l’âge de 20 
ans, le 10 février 1814: 

24° Louis Houdier, né le 19 juin 1586, de Claude Foudier et 
de Marie Miot, meurt à Pampelune, le 18 février 1809: 

25° Joseph-Eloy Bardel, né le 1 décembre 1792, de René 
Bardel et de Marie-Anne Piault, est mort dans la campagne de 
Russie. Nous possédons Ia dernière lettre écrite par ce Jeune 
militaire à sa fiancée. Elle est datée de Lubeck, le 19 juin 1813. 
Le 19 août 1817, l'autorité militaire ne savait encore ce qu'il 
éGut devenu, où du moins n'avait pas encore rensergné sa 
famille. C'est ee que nous apprend une note écrite en marge de 
la susdite lettre : 

26° Joseph Bardel, né le 16 frimaire 1793, de Etienne Bardel 
et de Marie Regnaull, est blessé à Leipsik, le 18 octobre 1813. 
l'ail prisonnier par les Russes, et meurt en exil. La dernière 
lettre qu'il adressa à sa famille, est datée de Francfort, le 19 
mars INF Il était fusilier grenadicer, au 2° régiment, 1" 
bataillon, 3° compagnie de la Grande Armée {1) ; 


(1; Voir aux pièces justilicatives NIX, 


— 905 — 


270 Nicolas Barthier, né le 20 mai 1762, de Pierre Barthier 
ct de Marguerite Demogeot, devint soldat de la garde de 
Louis XVT, et mourut le 25 pluviôse 1802 ; 

28° Pierre Barthier, frère du précédent, né le 3 mars 1779, 
est mort au service ; 

24 Joseph Triffaut, né le 1° avril 1789, de Joseph Triffaut 
et de Marie-Anne Bouillot, meurt sous les drapeaux ; 

30° René Brigand, fils de Menge Brigand et de Jeanne Gau- 
thier, fut tué en 1805, à Austerlitz, au moment où, avec son 
escouade, il faisait sauter le pont ; 

31° Joseph-Cyriague Viard, né en 1789, de Joseph Viard et 
de Marie Charles, fut fait prisonnier par les Espagnols et interné 
dans Pile de Caprera, où 1l demeura sept ans. Il est mort à Osne, 
le 15 octobre 1862, décoré de la médaille de S'"-Hélène : 

32° Æloy Guyot, né le 10 septembre 1790, de Claude Guyot 
el de Jeanne Berthel, fit à 18 ans la campagne d’Espagne, assistà 
en 1809, au bombardement par les Anglais, de la ville de Fles- 
singue en Hollande, et revint à Osne avec les gallons de sergent- 
fourrier, après 11 ans de service ; il mourut le 28 mai 1871, 
médaillé de S'-Tfélène. racontait volontiers et non sans fierté 
qu'il avait combattu sous les ordres du maréchal Bugeaud, alors 
colonel ; 

33° Claude Charles, né le 25 janvier 1790, de Jean Charles et 
de Catherine Mourot, prit part aux derniers engagements de 
Napoléon, et plus tard fut médaillé de S'-Hélène. I mourut le 
4 octobre 1867 ; : 

34 Cyriague Gérardin, né le 27 février 1773, de Joseph 
Gérardin et de Marie Vincent, fit sous l'Empire, les campagnes 
d'Htalie et d'Allemagne et revint sergent; 1} eut une pension et 
mourut le 23 juin 1842 ; 

30° L'lienne Bardel, né le 30 juillet 1791, fils de Jean-Simon 
Bardel et de Thérèse Trilfaut, fit les dernières campagnes de 
l'Empire et mourut Le 17 mars 1864, médaillé de S'"-élène ; 

36° Jean Vivian, né en 1790, fut blessé à l'abdomen, dans 
une des dernières bataulles du premier Empire et, comme plus 
lard le général de Galhfet, vit ses entrailles : mais la blessure 
cicatrisée, Il revint au pays natal, SV maria en 1815 el mourut 
le # août 1879, avec la médaille de St-FTélène ; 

37 Cyriaque Gauthier, né le 21 juillet 1782, de François 


— 206 — 


Gauthier et de Marie Piault, reçut à la bataille d'Evlau, cmq 
coups de baïonnette, dont on voyait encore à sa mort les glo- 
rieuses cicatrices. Celte mort arriva le 2 septembre 1856 ; 

38° François-Joseph Tharasse, né en 1806, de Joseph Tha- 
rasse el de Marguerite Colson, est mort à l'hôpital militaire de 
Draguignan, par suite de ses blessures, le 11 décembre 1833. Il 
était carabinier au 10° d'infanterie ; | 

39 François-Nicolas Demogeot, né en 1821, de Cyriaque- 
l'rançois Demogeot et de Véronique Viard, devint chasseur 
d'Afrique el mourut du choléra morbus à lhôpital de Sétif, le 
11 septembre 1850 ; 

40° Memmie Regnaul!, né le 30 juin 1831, était fils de Louis 
Regnault et de Marie-Anne Viaron, il mourut dans l'expédition 
du Mexique, en 1862 ; 

41° En 1848, mourut à l'hôpital militaire d'Embrun, Cyriaque 
Viard, fusilier au 66° de ligne. Il était né en 1825, de Claude 
Viard et de Marie Lahalle ; 

42 Jiené-Alexandre Beuret, né le 20 septembre 1836,. de 
François Beuret el de Marie-Louise Brigand, mourut en Cochin- 
chine, dans l'expédition de 1860, qui nous valut la conquête de 
cette riche colonie ; 

43° Jean Enius, né en 1837, de Christophe Enius et de Marie 
Webert, est mort dans l'expédition du Mexique, après avoir 
reçu dans la campagne d'Italie, pour sa belle conduite, la croix 
des braves ; 

44° Cyriaque-Jean-Baptiste Regnault, né k 2 juin 1837, de 
Jcan-Bapüste Regnault et de Adélaïde Marget, est mort sur mer 
cn 1858, Landis qu'il partait en expédition pour l’Indo-Chine ; 

45° Joseph-Jules Berthel, né en 1838, fils de François Berthel 
et de Marie-Anne Debard, est mort en garnison à Marseille ; 

46° Auguste Mercier, fils de Charles Mercier et de Anne 
Regnaull, est fait prisonnier pendant la fameuse wuerre de 1870. 
Emmené en captivité en Prusse, il ÿ meurt âgé de 26 ans; 

459 Charles-Joseph- Victor Plantegenet, né le 24 novembre 
1849, de Nicolas Plantegenet et de Marie-Anne Roux, est mort 
à Langres, pendant l'année terrible 1870 ; 

48° Nicolas-Zéphirin Lucol, né en 1845, soldat au 3° grena- 
dicrs de la garde impériale, fut fait prisonnier à Sedan et interné 
au Hanovre ; 


— 207 - 


AS Justin Defert, ouvrier au Val d'Osne, mourut en 1870, à 
Strasbourg, par suite de ses blessures ; 

50° Georges Bachel, également ouvrier du Val d’Osne, fut 
tué à la bataille de Gravelotte, le 16 août 1870 ; 

51° Célestin Girardin, né le 5 avril 1849, était en 1870 tirail- 
leur algérien ; il fut fait prisonnier à Toul et interné à Kœnigs- 
berg. Il est mort le 1° janvier 1906 ; 

2° Emile-Hector Martin, né le 24 avril 1862, est décédé à 
l'hospice de Chaumont le 30 mars 1892, tandis qu'il accom- 
plissait sa période de 28 jours. Il laissait malheureusement une 
jeune veuve et une enfant de 10 mois; 

53° Victor-Lucien Viard, né le 4 février 1865, de François- 
Ilippolyte Viard et de Marcelline Soyer, mourut chasseur 
d'Afrique à Cho-Chu (Tonkin), le 4 juin 1889 ; 

94° Célestin-Jules Regnaull, né en 1867, de Jacques-Ionoré 
Regnault et de Catherine Mangenot, est mort en Afrique en 
1389. 

Ionneur à tous ces jeunes gens d'Osne qui, pour la plupart, 
ont versé leur sang pour la Patrie et ont blanchi de leurs os, 
toutes les plaines de l'Europe et de l’Afrique. Leurs noms sont 
écrits au livre d’or du patriotisme et au livre de vie de l'éternité. 


Mais il nous reste encore des noms glorieux à citer. Il s'agit 
des officiers qui, nombreux, sont sortis d'Osne, où y sont venus 
prendre une retraite bien gagnée : 

1° François Piaull, né le 25 mars 1743, de Pierre Piault et 
de Jeanne Ilenrion, neveu de l’abbé Nicolas Piault, ex-vicaire 
d'Osne, et mort curé de Vecqueville, devint capitaine et cheva- 
lier de l'ordre militaire et royal de saint Louis. Il prit sa retraite 
à Osne, son pays natal, s'v maria et mourut le 7 février 1821 ; 

2 Un autre vaillant soldat, né à Gourzon, Jean-Baptiste Gur- 
noiseau, obtint aussi les épaulettes de capitaine et l'étoile des 
braves, la croix de la Légion d'honneur. Il appartient à Osne. 
puisqu'il y vint passer les 26 dernières années de sa vie, el 
laissa sa dépouille mortelle. Il s’y maria en 1822 à la veuve du 
capitaine Piault, Jeanne Martin et v mourut en 1848, à l’âge de 
10 ans, 


__ 208 — 


Voici la note édifiante que nous à laissée M. Adam, sur cel 
oflicier : 

M. Georges Guinoiseau, capitaine retraité, natif de Gourzon, 
militaire aussi plein de foi qu'il s'était montré brave au champ 
d'honneur, où il avail conquis la croix. Il ne sut se consoler 
dans sa dernière maladie, que Dieu prolongea pour notre édili- 
cation, que par une prière continuelle et par la réception plu- 
sieurs fois répétée des sacrements de Pénitence et d'Euchariste. 
Cette belle äme nous quitta le 3 août 1848. I laisse un fils digne 
de lui, héritier de sa foi et de ses sentiments, M. Constant, 
directeur des forges de Marnaval. 

I était l'aïeul du sympathique et distingué docteur Guinoi- 
. de Saint-Dizier ; 

Un autre débris encore de nos gloires militaires, aussi 
ue décoré, né aux environs de Saint-Mihiel: AL Chris- 
lophe Francois s'élail marié à Osne en 1819, à Margucrite- 
Joséphine Thomas, fille du maire et notaire d'Osne, Charles- 
Antoine-Cyriaque Thomas ; il mourut pieusement du choléra, le 
28 juillet 1854. Sa femme avait succombé au terrible fléau trois 
heures avant lui, et son plus jeune fils, Adolphe, brillant élève 
de Châlons et emplové aux forges d'Ars, rejoignait dans le 
tombeau ses parents, huit jours après, à l'age de 24 ans; 

4 Claude Paymal, né à Vecqueville en 1776, devint capitame 
et chevalier de la Légion d'honneur, pendant les guerres de 
l'Empire. Retraité, il vint épouser à Osne, en 1816, Marie- 
Anne Regnault, fille de Cvriaque Regnault et de Marie Demo- 
weot. [mourut en Janvier 18 après avoir élé maire d Osne, 
les dix dernières années de sa vie 

» Pierre-Léonard Masson, in retraité, est venu égale- 
ment passer les dernières années de sa vie à Osne-le-V al, où il 
est mort le 31 décembre 1856 el a été inhumé, à l'âge de 80 ans. 
Nous ienorons le lieu de son orisine : 

6° Le 22 décembre 1871, est mort à l'hospice militaire de 
Montélimar, AMsire-Françors Ninol, capilaine au 74° de ligne, 
né à Osne-le-Val, le 22 mix 1S4E, de Francois Nimot et de Marice- 
Sophie Guillemin : 

70 Aubin Piault, né le 26 juin IST, de Joseph Piault et de 
Marie Concelin, fut gendarme, puis, sous l'Empire, gendarme de: 
la garde de Napoléon, obtint la croix de la Légion d'honneur: 


— 209 — 


vint prendre sa retraite dans sa famille à Osne, mais passa les 
dernières années de sa vie à l'Hôtel des Invalides, où 1l mourut 
en 1879 ; 

8 Parmi les actes mortuaires envoyés à la commune par 
l'Administralion militaire, nous lisons encore le nom de Jean- 
Baptiste-Damas Viaron, né à Osne, de François Viaron et de 
Marie-Anne Blause, et décédé à l'hopital maritime de Toulon, le 
6 février 1898. Profession : premier maître de la flotte, médaillé 
mililaire, âgé de 40 ans ; 

90 Achille-Charles-Louts Thugner, né en 1832, de Charles- 
Satin Thugner et de Madeleince-Ursule Guillemin, fut pendant 
la campagne de 1870, capitaine de mobilisés. [est mort en 1886 ; 

10° Ædouard-Hubert Linard, né le 10 janvier 1859, des époux 
Valère Linard et Marie-Anne Bailly, fut sergent-major au 79° de 
hiyne à Neufchâteau, puis, son service actif fait, devint officier 
de réserve. Il est mort emplové d'usine, le 25 février 1898. 


Avant de donner la liste des ofliciers el sous-ofliciers actuelle- 
ment on vie, il nous faut dire quelques mots d'un officier supé- 
rieur qui, vers 1820, vint prendre sa retraite à Osne, où il est 
mort et inhumé, Il s'agit du général Freÿtag, que les octogé- 
naires se rappellent avoir vu dans leur première enfance, et qui 
a laissé des mémoires malheureusement incomplets. Nous y 
avons puisé les rensciwnements suivants : 

Le lieu et la date de sa naissance ne nous sont point connus, 
pas plus que les noms de ses père et mère ; ils sont même ouns 
dans son acte de décès. 

Jean-Bapliste-Daniel Freylag, entre, en 1780, dans le régi- 
ment d'Alsace, en qualité de volontaire-cadetl, Bientôt sa bonne 
conduite, son zèle pour la discipline et son activité, lui valent 
le grade de capitaine, En 1791, le royalisme éprouvé de son 
régiment lui mérite l'honneur d'être choisi pour protéger l'éva- 
sion de l’inforluné Louis XVI, et d'être placé dans les bois de 
Rocroi, à la frontière franco-belse. | 

Après l'arrestation du rot et de sa famille à Varennes, le régi- 
ment d'Alsace fut dénoneé à 1 Convention, comme entaché 
d'aristocralie ; le svstème de délation ne date pas d'hier, 11 sévis- 


14 


— 910 — 


sait avec fureur dans la grande Révolution. Le capitaine Frevtag 
fut envoyé avec ses hommes dans la Guyane. 

Il raconte comment son régiment, monté sur trois vaisseaux, 
quitta {e port de Lorient, au milieu des huées et des menaces 
d’une foule de fanatiques révolutionnaires ; comment, lorsqu'ils: 
furent à quelques milles de la terre, tous, dans un élan unanime 
et spontané, déployèrent des mouchoirs blancs en poussant les 
cris de « Vive le Roi! Vive la France! » ce qui leur valut une 
bordée de boulets rouges, de la part des canonniers gardes- 
. côtes. Ce départ pour Cayenne eut lieu en juillet 1792. 

Il demeura huit ans dans les colonies, principalement dans la 
Guyane, où son bon cœur lui fit rendre, bien que protestant, les 
plus heureux services aux malheureux prêtres déportés par la 
Convention. | 

Après une vie des plus aventureuses et des plus romanesques, 
qu'il se plait à narrer dans ses détails, il rentra en France en 
1800 et fil successivement les campagnes d'Italie, d'Allemagne, 
d'Espagne et de Russie. Il y conquit tous ses grades, jusques et 
inclusivement celui de maréchal-de-camp, qui équivalait à notre 
grade moderne de général de brigade. Il était aussi officier de la 
Légion d'honneur. 

Admis à la retraite en 1815, 1l en protita pour écrire ses 
Mémoires, qui parurent en 1824 chez Nepveu, hbraire à Paris. 
Ontsils été rédigés à Osne? A quel moment précis le général 
s'est-il reliré dans cette localité ? Quels événements lui ont fait 
porter son choix sur notre vallon et sur la modeste maison qu'il 
habila au bout du village, au pied de la côte de Thonnance ? 
Autant de questions intéressantes qui restent sans réponses. 
Nous savons seulement par les Mémoires, que marié et père de 
plusieurs enfants, If avait dû quitter sa femme pour incompalt- 
hilité de caractère. Nous avons entendu dire aussi que ce fut 
sur l'avis de ses domestiques natifs d'Osne, qu'il choisit cette 
localilé pour lieu de retraite. 

Le général avait un frère oflicier dans le méme régiment que 
lui et qui partagea son exil à Cayenne. Leur père aussi était 
soldat et officier supérieur. 

À Osne, le général partageait ses loisirs entre la lecture, la 
promenade et la musique. Sa vie privée n’élait pas irréprochable, 
aussi a-{-1l laissé une mémoire plutôt regrettable. Il décéda le 


— 911 — 


9 avril 1832. L'immeuble qu'il habitait à Osne, appartient 


aujourd'hui à M. Edmond Perrin, de Paris, qui en à fait une 
charmante maison de campagne. 


Voici maintenant les noms des ofliciers d'Osne, actuellement 
en exercice : 

1° Paul Favret, né à Clinchamp en février 1855, de Jean- 
Baptiste Favret, instituteur, et de Marie-Célénie Regner, à 
passé sa Jeunesse à Osne, où son père tenait école de 1857 à 
1879. [Il est employé au ministère de la guerre, avec le haut 
“rade de lieutenant-colonel ; 

2° Jules-Marie Favrel, frère du précédent, né à Osne, le 30 
septembre 1860, est commandant d'artillerie à Lille. Ces deux 
officiers supérieurs sont passés par l'Ecole Polytechnique ; 

3 Théophile-F'élix Millet, né le 3 mars 1865, de François 
Millet et de Adélaïde Demogeot, est oflicier d'administration de 
1" classe, à l'Etat-major du 6° corps d'armée, à Châlons, avec le 
grade de capitaine ; 

4 André-Claude-Marie Gérardin, né le 7 avril 1866, de 
d.-B.-Edouard Gérardin et de Augustine-Joséphine Demogeot, 
est capitaine-trésorier au 29 réwiment d'infanterie, à Autun ; 

3 Pierre-Alerandre Belgrand, né le 17 janvier 1871, de 
Alexandre Belsrand et de Caroline Ehardt, est capitaine-instruc- 
leur à l’écote de tir de Châlons et chevalier de la Légion d'hon- 
neur ; 

6° Paul-Auquste Florentin, né le 21 avril 1872, de Auguste 
Florentin et de Julie Voillaume, était naguère lieutenant-instruc- 
leur à lcole spéciale militaire de Saint-Cyr, 1l vient d'être 
nommé capitiine au 28° d'infanterie, à Paris ; 

1 Georges Demassey, né en 1876, de l'instituteur Charles 
Demassey et de Cléophée Baral, était lieutenant d'infanterie 
coloniale. Il vient de trouver la mort, ce 12 mai 1911, Landis 
qu'à la tête d’un détachement méhariste, il était en reconnais- 
sance dans le Haut-Sénégal ; 11 y fut surpris et tué ainsi que 9 
de ses Liraïilleurs, par une bande de pillards ; 

8 Jules-Lucten-Alhert-Auqgustin-Marie Prault, né le 30 
Juillet 1881, de Théophile-Jules Piault et de Constance-Marie 


— 912 — 


Triffaut, est oflicier de réserve et aide-major, en sa qualité de 
docteur en pharmacie ; 

9 Alfred Noirtin, né en 1866, fut quinze ans dans Finfan- 
terie de marine el en sortit adjudant, Îl est aujourd'hui retraité 
el gardien d'un phare en Alsérie. 


Citons encore des noms desous-officiers, ceux du moins qui 
nous ont été indiqués dans les familles de la commune ; 11 ven à 
certainement d'omis et plus d'un : 


1° Micolas-Jean-Bapliste Beurel, né le 21 mars 1806, de 
François Beuret et de Marie Guillaumet, rapporta du service les 
chevrons de sergent. If décéda le 16 septembre 1887 ; 

20 Louis Piaull, né le 7 décembre 1810, de Claude Piault et 
de Marie-Anne Regnault, fut sous-oflicier et mourut seulement 
le 13 avil 1899 ; 

3 Cyriaque-(ieorges-Antoine Thomas, né le 20 avril 1820, 
fut maréchal des logis chef au 11° d'artillerie à Strasbourg et à 
Valence ; il est mort Ie 11 décembre 1888 : 

4 Eltienne- Mexandre Saleur, né en 1831, fut maréchal des 
logis au 2° chasseurs d'Afrique. Il vient de mourir ce 22 janvier 
1911 ; 

5° Jean-Bapliste-Charles Aubry, né en 1819, fut en 1870 
sergent-Fourrier dans un régiment de volligeurs. [est mort en 
1906 ; 

6 Loutis-Nicolas Plique, né en 1890, fut serwent-fourrier au 
60" d'infanterie, à Besançon : 

3° Jules Viard, né en 1850, fut sergent au 30° d'infanterie. 
en Afuérie ; 

8° Jules-Charles Millol, né en 1853, fut sergent-major aux 
chasseurs à pied, à Toulouse : 

9 Charles-Arthur-Léonce Bardel, né en 1853, fut maréchal 
des logis chef aux pontonmiers ; 1l'est mort à Paris, en 1900 ; 

10° Joseph-Achille Guillemin, né en 1854, fut sergent-fourrier 
au 79° de ligne, à Troves ; 

11° François-Prudent Fournier, né en 1855, fut sergent à la 
19° section de Fl'Intendance, à Alger ; 


— 213 — 

12° Z£'ugène Demogeot, né en 1855, fut sergent à la manuten- 
ion, à Alver ; 

13° Ærnes! Belqranid, né en 1857, fut sergent-fourrier au 120° 
de ligne, à Givet ; 

14° Joseph-Achille Viard, né en 1858, fut sergent-fourrier 
au 54° d'infanterie, à Compiègne ; 

15° Claude-Edmond Perrin, né en 1860, fut sergent-fourrier 
au 133° de ligne, à Belles ; 

16° Célestin Regnault, ué en 1860, fut sergent-major, à S'-Ls ; 

17° Jules-Nicolas Demogeol, né en 1862, fut second maitre- 
mécanicien, dans la flotte ; 

18° Jules-François Viard, né en 1864, fut sergent au 24° de 
line, à Laval; 

19 Jules-Françors Demogeol, né en 1865, fut sergent-four- 
ricr au tram des équipages d'Afrique ; 

20° Zouis-Onésime Ilenrion, né en 1870, fut sersent au 21° 
d'infanterie, à Langres ; 

21° Jales-Zéphirin Millot, né en 1873, fut sergent au 35° 
d'infanterie, à Belfort 

22° Léon-U'lysse Lebrun, né en 1874, fut sergent au 91° de 
hiyne à Sedan ; 
23° Jules-Clément-Prudent Lucol, né en 1874, fut sergent à 
1° section d'état-major, à Belles : 
240 Marie-Joseph-.\rmand Giérardin, né en 1877, fut ser- 
“ent-fourrier au 42° de ligne, à Belfort 

25° André-lules Barlel, né en 1877, fut sergent au 12" de 
hiyne, à Belfort 

26° Jules-Marie-Eugene Claudin, né en 1877, fut scrgent- 
major au 42° de ligne, à Belfort 


LL 
me 
2 


27% Louis-Constant-Eugène Beuret, né en 1880, est sergent 
au 2° régiment d'infanterie coloniale ; 

28" Jiené-Camille-Charles Klern, né en 1882, est actuelle- 
ment maréchal des logis au 6° d'artillerie, à Toul ; 

29° /lenri-Jules-Théodore Choler, né en 1888, fut sergent 
au 20° bataillon de chasseurs à pied, à Baccarat. 

Cette longue liste d'officiers et de sous-ofliciers, que nous 
nous somimes plu à recueillir et qui pourrait certamement s'al- 
longer, auréole la commune d'Osne, qui ne peut qu'être fière de 
ses cufants. 


OT es 


S HE — Mavecns où Maunes D'OSXE 


1° En 1535, WMongin-Bosthol est cité avec le titre de mayveur 
d'Onne, sur un parchemin, propriété de M. Arsène Houdier. 
C'est le premier connu ; 

20 En 1592, Claude Méligne à le mème qualificatif, dans le 
procès des chanoines de Joinville contre le curé d’Oxne, dont 
nous avons parlé, el il v parail comme témoin ; 

3° En 1598, c'est Claude Martin qui est maveur, comme il 
appert par plusieurs {itres de ventes ou d'échanges de cette date: 

49 Vers 1610, c'est Jehan Pyault, qui est décédé avant le 20 
novembre 1616, car dans un acte de mariage de cette date, on 
lit : « Epousés François Pvault fils de feu Jehan Pyault maveur 
audit Onne et Didière... ete. »: 

2° Vers 1615, Jehan Pyault. sans doute le fils du précédent, 
car on trouve au 12 janvier 1617, dans le registre des baptèmes, 
les noms de deux jumelles Anne et Isabeau, filles de Jehan 
Pvault, mayeur ; 

6° En IG48, c'est Nicolas Collesson qui est investi de cette 
magistrature et 1] l'est de longues années sans doute, jusqu’à ce 
qu'il la résigne à son fils. IT était en même temps notaire. Dans 
‘les actes de catholicité, nous trouvons le 17 novembre 1719, le 
baptème d'un Nicolas Collesson, fils d'Anthoine Collesson ; nous 
pensons qu'il s'agit du maveur cité. Il mourut à la date du 23 
décembre 1696 ; 

7 En 1683, c'est Aubin Collesson, fils du précédent, qui est 

à la tète de la communauté d'Osne, comme maveur, et qui 
rédige les actes comme notaire. Né le 21 décembre 1656, :l 
décéda le # avril 1742. Deux ans seulement avant sa mort en 
1739, 11 avait alors 83 ans, 11 se désista de sa charge en faveur 
de son fils, qui lui succédait déjà dans l'étude de notaire, depuis 
1720 ; 

8° En 1739, Nicolas Collesson est nommé mayeur d'Osne, 
comme nous l'avons vu, sur la présentation de Messires de 
Dampierre et de Villers, seigneurs d'Osne ; il était né le 15 
juillet 1695 et mourut le 7 mars 1770. Avec lui la dignité de 
maveur quitte sa famille, qui l'avait gardée 122 ans : 

9° En 1770, c'est Anthoine Thomas, qui devient maire et qui 


— J19 = 


le sera jusqu'en 1789. Il cumulait en mème temps la charge de 
recteur d'école des garçons. Il élait originaire de Savonnière-en- 
Perthois (Meuse) et mourut le 20 germinal 1804 ; 

10° En 1789, lui succède Joseph Chutin, né le 5 février 1751 
et qui mourut le 3 août 1839. Son titre était celui d’officier 
public, et il ne le conserva que jusqu'au 9 frimaire, an IV ; 

11° Charles-Antoine-Cyriaque Thomas, fils de l'ancien 
maire Antoine Thomas, du 24 frimaire an IV au 15 germinal 
an V, porte le qualificatif d’officier publie, ou encore d'agent 
municipal pour constaler l’état civil des citoyens. 11 naquit le 
18 novembre 1764 et mourut le 3 novembre 1846 ; 

12 Pierre Demogeot, oflicier public du 15 germinal an V au 
19 germinal an VI. Né le 14 juillet 1759, de Joseph Demogeot, 
il mourut le 19 juillet 1834. | 

Pendant cette période de fa Révolution, la première magis- 
trature n'était pas plus stable que le gouvernement, et les 
maires se succédaient rapidement ; 

13° Joseph Viard succède à Demogeot, jusqu'au 6 frimaire 
an VII. Celui-ci était fils d'Etienne Viard. Les dates de sa nais- 
sance el de sa mort sont : 28 mars 1756 et 27 mars 18437 ; 

Pierre Demogeot reparait jusqu'au 21 vendémiaire an VIT: 

Puis c'est Joseph Viard qui revient en charge, jusqu'au 15 
floréal an IX ; 

Enfin c'est Charles-Antoine-Cyriaque Thomas, qui reprend 
l'écharpe de maire déjà portée au début de la Révolution, et 
qu'il gardera jusqu'au 21 novembre 1817. Il était en mème 
temps notaire ; 

14° Jean-Baptiste-Cyriaque Marlin lui succède, dans la 
première magistrature de la commune, jusqu'au 8 avril 1820. 
Fils de Cvriaque Martin et de Catherine Le Gendre, il était né 
le 25 mars 1752 et mourut le 23 janvier 1824 ; 

15° Joseph-Louis (iutllemin est à la tête de ses concitoyens, 
en qualité de maire, du 8 avril 1820 au # octobre 1830. IT était 
lils de René Guillemin, naquit le 25 août 1786, et décéda le 30 
septembre 1870 ; 

16° Claude Paymal, officier retraité et décoré, prit [a direction 
de la commune le 4 octobre 1830 et la conserva jusqu'à sa mort, 29 
janvier 1840. [l'avait G# ans quand il décéda, était natif de Vecque- 
ville et était venu à Osne en 1816, épouser Marie-Anne Regnault ;° 


— 216 — 


17 Cyriaque Chutin, au mois de septembre de la mème 
année, prit possession de la mairie el jusqu'au mois de mar 1851 
dirigea les affaires communales. Il était fils de Joseph Chutin. 
qui fut maire dans les débuts de la tourmente révolutionnaire, 
Né le 17 mars 1789, il vécul jusqu'au 18 mars 1876. [Test un 
insigne bienfaiteur de l'église d'Osne et des pauvres, comme il 
est prouvé ailleurs ; 

18 Louis-Berchaire Millot, fils de François Millot, accepte 
la succession que lui laisse M. Chutin en raison de ses infirmilés 
séniles. 11 était né Le 16 octobre 1819 et mourut le 25 juin 1897. Il 
ceisnit l'écharpe tricolore, du mois de mat 1871 au 8 octobre 1876: 

19 Charles-Antoine-C'yriaque Beuret, né le 18 mars 1810, 
de Nicolas Beuret et de Marguerite Thomas, devint maire à son 
tour le 8 octobre 1876, et le fut jusqu’au 23 mars 18378. Il 
mourut le 17 Juin 1889; 

20° Cyriaque-Augustin Guillemin fut maire d'Osne, du 23 
mai 1878 au 23 janvier 1881. I était fils de Simon Guillemin, 
élait né le 30 aoûl 1818, el mourut le 23 juin 1888 ; 

21° Zéphirin Barbier, de Thonnance, ne fil que passer à là 
mairie, dont il fut président du 23 janvier 1881 au 18 mai 1881. 
Ce Monsieur, étranger à la commune, la quitta après sa magis- 
{rature el s'en fut mourir en Suisse, quelques années après : 

22° Adolphe Royer, docteur en médecine, prit la place de 
M. Barbier, le 1% juillet 1884 et la conserva jusqu'au 15 ma 
1892. Il était originaire de Fresne-sur-Apance. Né le 1" 
novembre 1840, 11 mourut à Osne le 7 novembre 1894 ; 
23° Louis-Nicolas-Pierre Plique, fils de Louis Plique et de 
Marie-Anne Demassev, né le 10 mai 1850, ful élu premier magis- 
trat de la commune, le 15 mat 1892 et céda sa place au suivant, 
le 20 mai 1900 ; | 

24° Jean Luther, de la Relision réformée, ccignit l'écharpe 
municipale après M, Plique et la garda jusqu'au 15 janvier 1905. 
Jour où il démissionna, parce qu'atteint d'un mal qui le conduisit 
au tombeau, le 24 septembre 1905, âgé de 52 ans ; 

25° Nicolas-Germain  Millot, né le 17 septembre 1841, de 
Jean-Baptiste Millot et de Maric-Claudine Demogeot, fut élu 
pour remplacer M. Luther, et détint la charge de premier magis- 
rat d'Osne-le-Val, jusqu'au mois de décembre 1910, où là 
maladie Jui consetilla de démissionner ; 


#& 
ER) EE 


26° Paul-Alerandre Demogeot, né le 23 juillet 1870, de 
Nicolas-Cvriaque Pemogcot et de Alexandrine Bngand, fut 
nommé maire à son tour, le jour de Noël 1910. 


S IV. — RaerGruses - 


N'avons garde d'oublier les humbles filles dont le dévouement 
se manifeste sur les champs de bataille près de nos soldats, au 
chevet des malades dans les hôpitaux, au bras des vieillards dans 
les asiles des pauvres, ou bien encore dans l'éducation des Jeunes 
lilles et loflice de mère près des petits orphelins. Elles aussi ont 
toujours bien mérité de la Patrie, et si la croix des braves ou la 
médaille militare brille sur la poitrine de quelques-unes d’entre 
elles, c'est surtout dans la petite croix de bois qu'elles portent 
suspendue à leur cou et dans le chapelet de leur ceinture, qu'elles 
puisent Îeur abnégation, leur amour du sacrifice et le besoin 
qu'elles éprouvent de se donner pour leurs frères. 

[onneur à ces religieuses héroïques qui font l'admiration de 
l\ncien et du Nouveau Monde, et que nous envient d'autres 
puissances. Leurs noms devraient ètre écrits en lettres d'or 
sur les monuments publics, par la reconnaissance universelle. 
Hélas! la persécution leur à lié les mains et la plupart sont 
aujourd'hut sur les chemins de l'exil. Quel est leur crime? Sans 
doute l'ambition d'entendre les pauvres les appeler leurs sœurs 
el les orphelins leurs mères ! 

Or, dans notre bourgade, au siècle dernier, ont #ermé quelques- 
unes de ces vocalions rehgicuses. Plusieurs âmes d'élite ont 
renoncé aux joies pures de la famille et ont consacré à Dieu leur 
virginité et à la Société feurs services. 


Ce sont : 


1° Marie-Louise Lahalle, née le 19 messidor 1796, de Jean- 
Bapliste Lahalle et de Marie Demogcot, et décédée le 25 avril 
1881. En religion sœur Véronique de l'ordre de Saint-Charles, 
Elle à fondé à Osne l'octave des morts ; 

2° Marie- \ugustine Belgrand, née le 30 octobre 1805, de 
Nicolas Belsrand et de Marie-Anne Lecomte, et décédée à 
Osne le 1° mai 1869, relisicuse de la Providence de Portieux ; 

3° /lenrrielte Gauthier, née le 3 mars 1812, de François Gau- 


DIS — 


thier et de Marie-deanne Perrin, et décédée à Chälons en 1901, 
sœur converse de la maison de Saint-Joseph ; 

49 Marie-Anne [loudier, née le 14 avril 1817, de Nicolas 
Houdier el de Marguerite Martin, el décédée à Paris le # février 
1862, à l'Etablissement de la rue de Nazareth, fondé par limpé- 
ratrice Eugénie, pour les victimes de la Révolution de 1848 ; 

Marie-Anne-Viclorine Houdier, sœur de la précédente, 
née le 9 mars 1815, en religion sœur Dosithée, de l'ordre de 
Saint-Vincent de Paul, et décédée à l’âge de 94 ans, à l'hospice 
de Châlons, le 3 mars 1909 ; 

6° Marie-Anne-Julie Prault, née le 10 décembre 1835, de 
lrançois-Nicolas Piault et de Marie-Anne Barthier, en religion 
sœur Luc, de la Providence de Langres. Contrainte de se sécu- 
lariser pour continuer à faire le bien, elle soigne aujourd'hui les 
malades à Trois-Fontaines-l’Abbave, dans la Marne ; 

Marie-Julie Vidot, née le 28 novembre 1865, de Victor 
Vidot et de Catherine Lahalle, en religion sœur Marie-Césaire. 
de la Providence de Langres. Elle a préféré l'exil à la séculari- 
salion et continue à inslruire les jeunes filles de France, à l’école 
ménagère de Montagnv-la-Ville (canton de Fribourg, Suisse). 


SV. — Ixsrirureurs 


Osne est une vraie pépinière d'instituleurs el instilutrices. 
Voici, dans le corps honorable de l’enseignement, les membres 
issus des familles d’Osne, dont nous avons pu découvrir les 
noms : 

1° Pierre Regnault, instituteur à Osne en 1624 ; 

2° Simon Regnault, dans son mème pays natal en 1645 ; 

3 Claude Regnault, fils de Pierre, qui, en 1648, préside à 
l'instruction d'Osne, et meurt en 1688 ; 

4° Pierre Perrin, recteur d'école dans son pays en 1660 ; 

5 Nicolas Demogeot, fils de François Demogeot et de Anne 
Ioudier, était, en 1673, maître d'école à Poissons ; 

6° Zlubert Regnault, fils de Sébastien Regnault et de Cathe- 
rine Brigand, fut instituteur à Osne au commencement du xvim° 
siècle ; 1l mourut en 1737 : 

7° Louts Begnaull, fils de Michel Regnault et de Marie Raulin, 
instruisit la jeunesse d'Osne en 1722 ; 


tte 


8 François Regnaull, frère du précédent, tenait la mème 
école en 1732 ; 

d Nicolas Demogeot, né le 26 mars 1741, de René Demogeot 
el de Anne Bouillot, fut maitre d'école à Guindrecourt ; 

10° Z'rançois Coquard, né en 1735, le 28 février, de Sébastien 
Coquard, lieutenant de justice à Osne et de Marie Demogeot, 
deviendra instituteur à Saint-Urbain ; 

11° Pierre Gauthier, né le 27 janvier 1742, de François Gau- 
thier et de Jeanne Henrion, devint recteur d'école à Autigny ; 

12° Jean Vincent, né le 8 janvier 1748, fils de Jean Vincent 
et de Ifenriette Charles, lint école à Pensey, puis à Chalonrupt. 
Îl est mort à Saint-Dizier ; 

13° Louvent Thomas, né le 15 janvier 1751, fils d'Antoine 
Thomas, instituteur à Osne, succéda à son père en 1783 ; 

14° Jacques Berthel, né le 12 floréal 1800, de François Berthel 
el de Ilenriette Colson, fut instituteur à Paris ; 

15° François Bardel, né le 7 mai 1818, de Joseph Bardel et 
de Marie-Jeanne Mauvage, devint instituteur à Montier-en-Der 
et dans la suite secrétaire de mairie dans la même ville, où il est 
mort en 1910, âgé de 92 ans ; 

16° Cyriaque Charles, né le 35 juillet 1834, de Cvriaque 
Charles et de Marguerite Charpentier, devint, comme son com- 
patriote Berthel, instituteur à Paris ; 

17° Joseph-Désiré-Célestin Deschamps, fils de l'instituteur 
d’Osne, Pierre-Nicolas Deschamps et de Anne-Françoise Chré- 
tien, naquit le 9 mai 1840 et enseigna successivement à Sommer- 
mont, Brousseval, Chatonrupt, et en dernier lieu à Thonnance- 
les-Joinville. Il mourut à Osne le 14 mars 190 ; 

18& Charles-\uqgustin Gérardin, né le 24 octobre 1844, de 
Claude Gérardin et de Félicité Guyot, fut d'abord instituteur à 
Vaux-sur-Blaise, avant d'être emplové dans la comptabilité des 
usines ; 

19 Jules Viard, né le 3 mai 1847, de Cyriaque Viard el de 
Victorine Saulnier, fut recteur d'école à Roches-sur-Marne ; 

20° Pierre-Octave Bouillot, né le 9 décembre 1848, de Jean 
Bouillot et de Elisabeth Gérard, commença par l'enseignement 
à [oéricourt, avant d’être agent-vover ; 

219 Jean-Bapliste-Charles Demassey, né le # mars 1849, de 
Charles-Louis Demassex et de Marice-Françoise-Victoire Le- 


220 — 


comte, fit de nombreux stages avant d'échouer à Buchev. Enfin 
il quitta l'enseignement pour la politique. Il est mort en 1910 ; 

22% Æmile-Nicolas Demogeot, né le 24 décembre 1850, de 
Jean-Memmie Demoscol et de Marie Beuret, fut instituteur à 
Annonville, à Favs, et en dernier lieu à Maizières, où 1 est 
encore en exercice | 1) ; 

23° Jules- \fred-Ilonorat Lahalle, né le 8 décembre 1861, 
de Philippe Lahalle et de Stéphanie Demassev, à été instituteur- 
adjoint dans le département du Nord de 1881 à 1883, puis en 
\lwérie jusqu'en 1885. I est décédé le [#4 novembre 1897 ; 

24° Théophile- \lcride Regnault, né le 8 avril 862, de Nicolas 
Rewnault et de Marie-Jeanne-\lexandrine Viard, tient l'école de 
Longeville, après celles de Ferrières et de Noncourt ; 

29° Æmile-Ilenri-Séverin Gérardin, né le 12 février 1870, de 
Jean-Baplüiste-Edouard  Gérardin et de A\ugustine-Joséphine 
Demogeol, a débuté à Saudron, est passé par Cerizières el 
aujourd'hui enseigne à Curel ; 

26° l'ernand Demassey, né en 1877, de l'instituteur Charles 
Demasser el de Cléophée-Eugénie Baral, est instituteur à 
Chevillon après lavoir été à Suzannecourt. 


Après cette longue série des maitres, viennent les mailresses. 
Nous avons déjà signalé plus haut Marte- \uqustine Belqrand 
” D | . J ? 
religieuse de Ja Providence de Portieux, Warre-Jeanne-Julre 
Praull où sœur Luce, de la Providence de Langres, et WMarte- 
Julie Vidol où sœur Marie-Césaire, de la mème congrégation 
|] tal D 
relisieuse. Ajoutons : 


M Néila Deschamps, née en 1834. de Pierre-Nicolas Des- 
champs, instituteur à Osne et sœur de linstituteur Célestin 
Deschamps. Elle commença par ètre sous-maitresse à Saint- 
Dizier, puis professa dans un pensionnat à Dieppe, enfin devint 
directrice d'une pension libre à Grav. 

Me Marie-Euphémie Martin, née le 16 mai 1849, de Jean- 
Pierre-André Martin et de Ursule Belgrand, fut institutrice 


(1) En retraile depuis quelques mois. il est devenu secrétaire de la mairie 
de Montier-en-Der. 


991: = > 


hbre à Bar-le-Duc en 1868 et, de 1882 à 1900, tint à Reims, avec 
succès, un superbe pensionnat, où se donnaient rendez-vous les 
jeunes filles des hautes familles de la cité et des environs. 

MS Lucie el Elisa Martin, professèrent pendant quelque 
temps, dans l'établissement de leur sœur ainée. 

Mw veuve Bardel, née Clarisse Demogeot, le 5 août 1855, 
professa de 1873 à 1878 au pensionnat Chantôme de Joinville. 
Les noms de ses parents sont Joseph-François Demogeot el 
Catherine Demogeot. 

Mn Marie-Rose-Joséphine Joux, née le 29 novembre 1864, 
de Cyriaque-Louvent Roux et de Marie-Anne-Julie Demogeot, 
est institutrice à Nijon et mariée à instituteur, M. Causin. 

AD Marie-Odilie-Claire Deraur, née le 16 octobre 1875, de 
Louis-Victor Devaux et de Marie-Célestine Pierret, est directrice 
du pensionnat Notre-Dame, de Saint-Dizier. 

Me Marguerite-Angèle-Fernande Demassey, née le Ler juillet 
1880, de l’instituteur Charles Demassey et de Cléophie-Eugénic 
Barat, el par conséquent sœur de l'instituteur actuel de Che- 
villon, est sous-maitresse à l’école primaire de filles de Favl- 
Billot. 

M Georgette-Emilienne-Marie Leclerc, née le 29 octobre 
1890, de Edouard-Adolphe Leclere et de Céline-Euphrasie Valot, 
est maîtresse-adjointe dans une école primaire de Saoônce-ct- 
Loire, à Saint-Vincent-les-Bragnv. 


S VI, — AGENTS DE JUSTICE 


Le droil de justice au Moyen-Age, appartenait exclusivement 
au seigneur, lv avait la haute, la basse et la moyenne justice. 
Mais le seigneur ne pouvait ou ne voulait pas s'astreindre à 
juger Lous ses vassaux, el Jusque dans les moindres causes. De là 
la nomination de juges subalternes, et mème aux derniers sièeles 
celle nomination éluil, en malière de JusUiEés tout le privilège 
conservé par les seigneurs 

A Osne, nous avons cle comme juges le maveur ou maire, 
qui pouvait connaitre jusqu'à 60 sols ou 3 livres, mais non au- 
delà, comme nous l'avons dit ; le lieutenant de justice, dont la 
juridiction était sans doute plus étendue, 1} pouvail condamner 
à La prison, Mais nous n'y avons point rencontré de nom de 


bailli; ce dernier habitait Joinville et jugeait à l'ombre du 
château. On sait que le bailli seul pouvait condamner à la peine 
capitale. C’est pourquoi il nv avait à Osne ni fourches patibu- 
laires, ni pilori ; du moins la tradition, aussi bien que les manus- 
crits, sont absolument muets sur ce point. 

Quant aux procureurs, nous ne sommes pas très fixés sur leur 
rôle, qui changeail parfois avec les provinces et les seigneuries. 
Il nous semble cependant qu'ils étaient nommés par la commu- 
nauté et devaient ètre ses défenseurs en justice ; ils portaient 
souvent le litre de procureurs-svndics. 

Auprès du seigneur se tenait le procureur fiscal, qui était à 
la fois l'organe du seiwneur et du public. I s'occupait des inté- 
rèts des mineurs, de la poursuite des crimes, du maintien de la 
police ; il surveillail la perception des droits seigneuriaux et les 
actes des. gardes-chasse ou des gardes des bois. Plus encore que 
le juge, il était dévoué au seisneur, dont ilétait souvent le régis- 
seur, l’homme d'affaire et parfois le domestique. Il veillait à 
l'exécution des décisions du bailli et le suppléait même en cas 
de besoin. L'entretien de la voie publique, la taxe du blé, les 
règlements concernant les foires et les marchés, l'observation 
des ordonnances étaient conliés à son zèle. Il était aussi chargé 
spécialement de la police des cabarets (1). 

Mais nous pensons que dans la liste que nous allons donner, à 
de rares exceptions près, 1l s'agit, non de procureurs fiscaux, 
mais plutôt de procureurs de la communauté. 

Le greffier, comme aujourd'hui, devait assister le Juge et 
enregistrer ses décisions ; le sergent n'élail autre que l'huissier 
de notre époque. 

1° Voici d’abord les procureurs : 

En 1683, élait procureur, W' François Demogeot, frère du 
curé d'Osne, Jacques Demogeot ; il épousa Marguerite Colson, 
lille du mayeur Nicolas Collesson. Sa sœur, Anne Demogeot, 
épousa le frère de Marguerite, Aubin Collesson, notaire, qui 
deviendra maveur à son lour. | 

En 1728, est procureur, AZ Claude Coquard, fils de Jchan 
Coquard et de Françoise Regnault, Il mourut à 31 ans, le 
1 octobre 1730, 


(1) Albert Babeau. 


—_ 293 — 


De 1730 à 1736, c'est Ze René Larcher qui remplit les fonc- 
tions de procureur, bien qu’il ne fut que substitut, comme son 
père. | 

En 1736, on trouve, avec le titre de procureur, Ferdinand 
Demogeot, fils de François Demogeot et de Marguerite Colson. 
Il était, par conséquent, neveu du curé Jacques Demogeot. Il 
mourut à l’âge de 70 ans, le 28 mars 1751. 

En 1753, on voit revêtu de cette dignité AZ" Aubin Martin, 
ils de Sébastien Martin et de Anne Brigand : il avait épousé 
Jeanne Brigand, fille du médecin François Brigand ; il en eut 
une nombreuse famille, dont les descendants, au rapport de 
M. Adam, en 1860, étaient encore surnommés Les procureurs. 

En 1774, Aubin Molain a le litre de procureur fiscal en la 
justice d'Osne-le-V'al. 

En 1771, Claude Demügeul est nommé procureur syndic. 


2° Nous n'avons rencontré que trois noms de substituts, ce 
son : 

în 1664, re Nicolas Larcher. 

£n 1669, Ze Philibert Larcher, fils du précédent, porte le 
nom de substitut de Mgr de Guise, et ailleurs: substitut du 
procureur de la principauté de Joinville. Il mourut le 2 août 
1682 et eul pour successeur son fils. 

En 1682, We René Larcher, qui mourut le L'£ novembre 1736. 


3 La liste des lieutenants de justice est un peu plus longue : 

En 1601, on trouve W'° Aubin Molain, avec le qualificatif de” 
lieutenant en la mayrie et justice d’Onne. 1! mourut en 1628. 

En 1628, c'est 7° Jacques Domjean, qui mourut en 1638. 

En 1638, c'est fre Etienne Richard, jusqu’en 1650. 

En 1658, nous trouvons en fonctions Af" Didier Coquard; 1 
meurt en 1696. 

Eu 1696, c'est 7 Jehan Coquard, fils du précédent ; il mourul 
le 29 août 1700. 

En 1730, on trouve, avec le titre de lieutenant de justice, 
Sébastien Coquard, fils d'un autre Sébastien et neveu de Jehan 
Coquard. Succédait-il à son oncle depuis 1700 ? Il] mourut Île 
17 mars 1738 et fut remplacé par son neveu. 

En 1738, autre Sébastien Coquard, père de Claude le procu- 
reur el aïeul de Urbain Coquard, curé-doven de Wassv. 


— 9294 — 


En 1748, c'est 7° Cyriaque Martin qui est nommé lieute- 
nant; al était fils de Jehan Martin et de Anne Larcher. I avait 
épousé, en 1747, Catherine Le Gendre, nièce du curé d'Osne, 
Claude Le Gendre, et sœur du vicaire, François Le Gendre, 

S vi. — NoTAIREs ET AUTRES FONCTIONNAIRES 

Voici les notaires d'Osne rencontrés dans les minutes qui nous 
sont tombées sous les veux : 8 

En 1609, Aubin Molain. 

En 1623, .{uhin Molain et Claude Briard, notaires à Onne. 

En 1639, Collesson. 

Eu 1656, Nicolas Collesson et François Mogin. 

En 1667, Cyriard Briard, meurt à Osne et dans son acte de 
décès il est qualifié du titre de notaire, I était le père des deux 
prétres, le chanoine de Paris et le curé de Rachecourt. 

En 1657, François Mogin. 

En 1690, Briolat. 

En 1692, Demogeot. 

En 1695, Aubin Collesson. 

En 1720, Nicolas Collesson, fils du précédent. 

En 1740 et 1759, le mème. 

Eu 1774, Thomas, notaire et maire. 

En 1784, Unthorne Thomas, notaire roval, 

En 1813, Charles-Antoine-Cyriaque Thomas, notaire impé- 
ral du canton de Chevillon. 

En 1821, le mème, notiure roval à Osne, 

Nous ne sachions pas que depuis cette époque aucune étude 
de noliure existàt à Osne. 


Autres charges trouvées dans les actes : 

1656, honorable homme Françots Mengin, ollicier du Roy, 
demeurant à Onne. 

1687, François Renault, grellier d'Onne. 

1587, Me Sébastien Brigand est qualifié de valet de chambre 
de Mer le due de Guise, et François Brigand, d'oflicier de la 
fauconnerie du méme duc de Guise. | 

1696, Claude Mourot, contrôleur d'exploits {ou diplômé). 
héréditiure d'Osne. 


—_ 995 — 


Michel Regnault, admodiateur seigneurial dudit lieu d’Osne, 
y demeurant. 

1732, Mre Nicolas Féron, d'Osne-le-Val. 

1743, François Regnaull le jeune, admodiateur du thiers des 
dames du Val d'Osne. 

1745, Gaspard-Joseph Falquier, brigadier des douaniers. 

1774, Cyriaque Martin, receveur des droits du Roy et 
ailleurs, receveur des fermes du Roy. 

1786, Claude Lahalle, syndic d'office. 

1774, Claude Demogeot, sergent-missier. 

1786, Joseph Brigand, receveur des deniers de la fabrique 
St Cyriac d’Osne. 

1783, Claude Demogeot, collecteur. 

1785, Cyriac Houdier, garde à Osne de Mgr le duc d'Orléans. 

Joseph-Nicolas Collesson, né le 25 mai 1732, de Nicolas 
Collesson, mayeur, et frère du doyen de Reynel, Nicolas Colson, 
devient contrôleur au bureau des fermes du Roy, à Paris. 

Claude Mourot, époux de Marie Briard, devint officier chez 
le Roy, il est qualifié de Maître. 

‘René Colson, né en 1727, de Nicolas Colson et de Marie 
Viard, a, en 1792, le titre de bourgeois, et Cyriaque Martin, né 
en 1747, celui d’électeur. 


S vin. — Mépecixs 


Signalons encore lés honorables médecins ou chirurgiens qui, 
résidant à Osne, ont prodigué leur dévouement et donné leurs 
soins intelligents aux malades et dont nous avons pu recueillir 
les noms : la liste en est sans doute aussi incomplète. 

1° Louis Lambert ou Lamberti, vers 1620. 

20 Jean-Baptste Ferras, vers 1650. 

3° Claude Brigand, qui épouse en 1634 Marguerite Hosdier 
et qui était fils de Didier Brigand, meurt à Osne le 1°" janvier 
1694, avec le titre de médecin d'Osne. 

4 M François Brigand, fils de Didier Brigand et de Magde- 
leine Gillet, a le titre de chirurgien d’Osne en 1674. IL était né 
le 28 janvier 1650 et épousa en 1712 Nicole Mourot. Quelle était 
sa parenté avec le précédent : son homonyme ? 

5° M° François Adam, de Blécourt, par sa famille, mais né à 


15 


— 226 — 


Monthart, succéda à François Brigand, sans doute vers 1730; 
nous n'avons pu trouver de dates précises. t 

6° 1 Claude Adam meurt le 15 février 1778, à Osne, avec le 
qualificatif de médecin du lieu. Il n'avait que 48 ans, était né à 
Montbart, comme le précédent, dont il portait le nom, et était 
veuf de dame d’Aubanton. Ce sont tous les renseignements 
recueillis sur ces Messieurs. 

7° Un nommé Bertrand exerça la médecine à Osne, vers 1840 
ou 1845. Combien de temps ? Nous ne savons. 

& Le docteur Adolphe Royer, né le 1% novembre 1840, à 
Fresne-sur-Apance, est venu à Osne et s’y maria à Rosine 
Millot, en 1873 ; 1] y mourut le 7 novembre 1894. 

9% Jean-Baptiste Emanuelli, né le 6 novembre 1842, dans 
l'île de Corse, vint s'établir à Osne en qualité de médecin en 
1904 et y décéda le 9 février 1907. 


Pour terminer ce chapitre, donnons encore quelques professions 
rencontrées de ci de là dans les papiers que nous avons parcourus : 

En 1680, Claude Vincent, Didier Demandre et Pierre Volant 
ont le qualificatif de marchands. A la même époque, Claude 
Gérard et Nicolas Lecomte sont dits gaigne-pain d'Onne, et 
Henry Foucaut gaigne-denier d'Onne. 

En 1633, Menge Thibaut est désigné salpelrier ; en 169%, 
François Barat, et en 1694, Antoine Pyault ont celte même 
profession. 

En 1669, Antoine Lantonnet, taillandier à Joinville, meurt 
chez son fils Nicolas, maréchal-ferrant à Üsne, et ce dernier 
meurt en 1683 laissant un fils, Félix, qui continue la profession 
de ses aïeux. 

En 1650, Cyriac Brigand et sa femme, Françoise Guyot, sont 
appelés marchands de linge de Mgr de Guise. 

A la fin du même siècle, xvn®, Pierre Demandre était boucher. 

En 1732, on trouve M° Nicolas Féron avec le titre de clerc 
d’Osne-le-Val, et le premier cabaretier dont il est question était, 
en 1740, François Regnault le jeune. 

Dans la seconde moitié du xvur siècle, Louis-François 
Reynault était boulanger et Jean-Baptiste Regnault, cordonnier. 


CHAPITRE XVII 


La paroisse S. Cyriaque 


Jadis la commune composée de tous les habitants ou commu- 
nauté, comme on disait alors, n’était autre que la paroisse. Tous 
en effet naissaient de parents catholiques, tous étaient portés 
dès leur entrée dans la vie à la piscine régénératrice du baptême, 
tous admis à la Table Eucharistique, tous sanctifiés par les 
mêmes sacrements, tous apportés au temple sacré pour y rece- 
voir une dernière prière et une dernière bénédiction, avant 
d'aller prendre le repos précurseur de.la résurrection future ; 
Lous enfin se glorifiaient d’appartenir à la même Eglise et d’être 
soumis au pasteur envoyé par la Providence. C'était bien une 
seule famille, le cor unum et l’anima una de la communauté 
chrétienne des Calacombes. Il n’y avait aucun dissident. 

Aussi voyons-nous que, dans son procès-verbal de visite en 
1626, Mgr l’évêque de Châlons écrit: « Il n’y a pas’ d’hérétique 
dans la paroisse, » Cette réflexion sous la plume du préiat 
s'explique à une époque où la Réforme avait fait quelques 
adeptes dans les villes et même dans les campagnes environ- 
nantes, surtout après la publication de l’Edit de Nantes, en 1598. 

Osne était donc demeuré vierge d'erreurs ; il avait conservé 
intacte la foi de ses ancêtres, sans addition ni retranchement ; 
c’est une auréole de gloire et d'honneur dont peuvent légitime- 
ment s’enorgueillir tous les descendants de ces vaillants chré- 
liens qu'étaient nos pères. Les nombreux protestants qui, au 
siècle dernier, se sont établis à Osne sont tous, sans en excepter 
un seul, des étrangers à la localité et du reste de date relative- 
ment récente. 

Quelle était à cette époque et antérieurement la ferveur des 
fidèles ? [1 nous est facile de le soupçonner. Les idées subver- 
sives de tout ordre établi de Dieu, les suicides, les infanticides 
et autres crimes dont sont remplies de nos jours les feuilles 


— 228 — 


publiques et dont ne sait plus rougir notre société dépravée, 
élaient à peine connus. En revanche, le repos hebdomadaire 
était religieusement respecté, les oflices divins, aussi bien que le 
Tribunal de la Pénitence et la Table sainte, fréquentés et par le 
sexe fort et par le sexe faible. On ne savait pas alors rougir de 
sa foi pas plus qu’on ne savait renier son drapeau. Le divorce 
n’élail pas encore inventé, pas plus que le mariage civil dont 
il est le fruit naturel. Tous les fiancés venaient se jurer fidé- 
lité au pied des autels et la Religion rivait la chaîne de leur 
affection en même temps qu’elle faisait descendre dans leurs 
cœurs la bénédiction divine el féconde de l’Eden. Aussi bien les 
berceaux se multipliaient et le bonheur était au foyer, parce 
qu'on ignorait le naturalisme, le rationalisme, le scepticisme et 
autres erreurs modernes. 

Voilà la paroisse d'autrefois ; ce fut la première communauté, 
la Religion en fut le premier lien. 

Avec leur foi pratique, nos pères se choisirent des protecteurs 
dans le ciel, car ils n’ignoraient pas combien est raisonnable le 
principe de l’intercession. 

À quelle époque précise et pour quel motif les habitants 
d'Osne donnèrent leurs préférences aux saints martyrs Cyriaque, 
Large et Smaragde ? Nous ne le savons pas. Probablement qu'ils 
furent les titulaires de leur première église. Dans le parchemin 
cité plus haut de 1477, il est fait mention de l’église S. Cyriaque 
d'Osne. 

À notre arrivée dans la paroisse, nous hésitämes sur la ques- 
tion de pluralité de patrons. Les saints Large et Smaragde 
élaient-ils vocables au même titre que S. Cyriaque. Nous en 
écrivimes au vénérable M. Bonnenfant qui daigna de sa main 
mourante nous répondre qu’il avait toujours, dans les mémoires 
liturgiques, invoqué les trois martyrs. Et depuis nous avons 
rencontré des témoignages traditionnels à l'appui de cette 
croyance. D'abord un testament de 1748 dans lequel le pieux 
testalaire se recommande à la protection des saints martyrs 
Ciriac, Large et Smaragde, patrons de celle paroisse (1). En 
1751, l'abbé Le Gendre, dans une déclaration des biens et reve- 
nus de la Fabrique, dit que la paroisse a les saints Cyriaque, 


(1} Voir ce lestament aux pièces justificatives. 


— 9929 = 


Large et Smaragde pour titres. Déjà, en 1738, une cloche avait 
élé bénite sous l’invocation des saints Large et Smaragde. Ensuite 
des vitraux et des bannières existent dans l’église, sur lesquels 
sont représentés les trois martyrs sur le même plan. Du reste 
inséparables dans leur vie comme dans leur mort, il est rationnel 
qu'ils le soient dans le culte qu’on leur rend. 

L'église d'Osne conserve de minuscules parcelles de leurs 
reliques. Autrefois enchassées dans un reliquaire en bois, ayant 
la forme d’une main bénissante, elles en furent retirées sur 
l'ordre de Mgr l’évêque pour les soustraire à l'inventaire de 1906. 
Ces reliques avaient été expédiées de Rome et adressées direc- 
tement à la chancellerie de l’évêché en 1879. 

D'autres reliques ont été données à l'église d’Osne : 

1° En 1872, par Mgr Guerrin, évêque de Langres, des par- 
celles d’ossements de S. Bénigne, martyr, de S. François de 
Sales, évêque et docteur, et de S. Malachie, évêque ; 

2° En 1876, par Mgr Desprez, évêque de Toulouse, des chairs 
de Ste Germaine Cousin, vierge ; 

3° En 1879, par Mgr Bouange, évêque de Langres, des par- 
celles d’ossements des saints apôtres Pierre, Paul et Barthélemy, 
de S. Etienne, proto-martyr, des saints martyrs de Trêves, de 
S. Gengoulphe, de St Berchaire et de St* Bologne, tous trois 
martyrs du diocèse, du bras de S. Christophe, martyr, el enfin 
des vêtements de St° Anne, mère de la B. V. Marie. 

Toutes ces précieuses reliques sont accompagnées de leurs 
authentiques respectifs et n’attendent, pour être exposées à la 
vénération des fidèles, que des reliquaires dignes d’elles. Puissent 
quelques âmes généreuses les leur procurer ! 


L’aliment qui entretient la vie d’une paroisse et la développe, 
qui lui donne sa tonalité, ce sont assurément les confréries. 
Elles augmentent le feu de la charité et de la ferveur, dilatent 

D 
son foyer, entraînent les timides, affermissent les bons et sont 
l'édification de tous. 

Aussi bien de temps immémorial Osne devait avoir, à lPinstar 
de nombreuses paroisses de la contrée, une confrérie de S, Nico- 
las. Le thaumaturge évèque de Mvre avait, dans l'église d'Osne, 


— 230 — 


une chapelle munie de quelques chétifs revenus et par conséquent 
son chapelain qui, probablement, était le curé de la paroisse ou 
un vicaire. Mais nous n'avons pas rencontré la fondation. 

En 1638, une nouvelle confrérie fut érigée par Mr° Nicolas 
Hosdier, curé, sous le vocable de Notre-Dame. La liste des pre- 
miers membres, qui est conservée aux archives de la commune, 
a pour titre : « Roole des confrères et sœurs de la Congrégation 
« Nostre-Dame érigée en l’église mons" S. Ciriac d’Onne dont 
« la principale fête est la Conception, l’an mil six cent trente 
« huit, par moy Nicolas Hosdier curé dudit Onne. » 

La première année, ce fut le pasteur lui-même qui prit le 
bâton et l’année suivante M'e Nicolas Larcher et sa femme Phili- 
berte ; les principales familles ensuite ; les hommes et les jeunes 
gens tout comme les femmes et les filles en faisaient partie. Dans 
ces temps de foi robuste, on était fier de porter ostensiblement 
et publiquement l’image de la Vierge et de se mettre sous sa 
spéciale protection. | 

Cetle pieuse association vécut sans doute jusqu’au régime de 
la Terreur qui anéantit toutes les confréries pieuses, en même 
temps qu'elle sapait le culte catholique en France. 

Mais nous nous demandons si auparavant, c’est-à-dire avant 
l'érection de cette confrérie, en 1838, il n’en existait pas une autre 
plus ancienne, ou bien encore si M. Hosdier n'aurait point fail 
une resltauralion ; car dans le registre des décès dé 1617, nous 
avons lu sous la signature de M. Joachim Hosdier, curé d'Osne : 
« Le 6 décembre 1617 est décédé Mr° Lambert Pyault chanoine 
« de Joinville qui avait le jour de lAssomption Nostre-Dame 
« pris le bâton de la confrairie. » Il s’agit, ce nous semble, d’une 
confrérie d'Osne et non de Joinville. Cependant, le texte n’est 
pas suffisamment explicite. 

Le 3 avril 1850, sur la demande de M. Adam, Mgr Parisis, alors 
évêque de Langres, érigeait canoniquement à Osne la confrérie du 
Rosaire. L'acte d'institution, aussi bien que le règlement approuvé 
par l’Ordinaire, se trouvent dans les archives de la paroisse. 

Pourquoi cette association si riche en indulgences est-elle 
lombée en désuétude (1)? Cette absence totale d'union parmi 


(1) Après plusieurs essais infructueux de restauration depuis huit ans, un 
commencement de résurrection, sans donte encore bien limide, mais réel. s’est 
dessiné en octobre 1910 :; puisse-t-il s'accentuer ! 


:= 99.22 


les chrétiens, n'est-elle pas une des sources de la tiédeur et de 
l'indifférence et partant de la décadence de la paroisse ? 


Les œuvres chrétiennes ont eu également de beaux jours à 
Osne. Deux comptes rendus diocésains que nous avons sous les 
yeux, datant de 1848 et 1849, accusent les chiffres de 80 fr. et 
99 fr., versés pour la Propagation de la Foi. Osne était pour sa 
générosité, en 1848, la première paroisse du doyenné, et la 
seconde en 1849. Ces sommes supposent respeclivement 31 et 
21 associés. 

En 1874, M. Bonnenfant, récemment arrivé dans la paroisse, 
donna un nouvel élan à cette œuvre capitale de l’évangélisation 
des infidèles et de la subsistance des missionnaires, el put, dit- 
il, former plus de deux dizaines d’associés. Il institua, cette 
même année, l’œuvre de Saint François de Sales, qui produisit 
la première fois la somme respectable de 40 fr. Avec le secours 
de M. Chutin, qui procura une bannière de l'Enfant Jésus, il 
prépara une première fêle de la Sainte-Enfance et put enrôler, 
ce jour-là même, onze dizaines d’associés. 

Ces œuvres, que le monde appelle du beau et scientifique 
nom de philantropiques, mais que nous préférons avec l'Eglise 
simplement nommer charitables, ne pouvaient qu'attirer sur la 
paroisse et spécialement sur les membres associés, les regards 
favorables de Celui qui inscrit au livre des récompenses éler- 
nelles, même un verre d’eau froide donné au miséreux. 

Malheureusement, avec la décadence religieuse est venue la 
dépression des œuvres de charité, et avec la croissance de 
l’égoïsme, de l’amour du bien-être et du sans-gêne dont nous 
mourrons, naquit et grandit l'indifférence vis-à-vis des néces- 
sités et des misères d'autrui. 

Il est juste cependant d’aflirmer bien haut et avec légitime 
fierté que la France, malgré ses lourdes fautes, demeure loujours 
et sera longtemps encore le pays le plus charitable et de beau- 
coup le plus généreux du monde. Non contente de verser le 
plus pur de son sang sur toutes les plages de l'univers, en y 
semant ses missionnaires et ses sœurs de charité, qui vont 
partout faire luire le soleil de l'Evangile et propager la langue 


— 232 — 


et la civilisation françaises, notre Patrie envoie encore chaque 
année ses millions. 


* 
# + 


Un indice plus probant encore de la foi pratique des habitants 
d’Osne à certaines époques, c’est le nombre énorme de commu- 
nions pascales dans la paroisse. Voici les quelques chiffres élo- 
quents restés écrits de la main des curés : 

En 1628, le jour même de Pâques, il y eut 517 communions 
pascales ; en 1629, il y en eut le même jour, 520 ; et l’année 
suivante, 530. À cette époque, tous les adultes ou à peu près, de 
l'un et de l’autre sexe, remplissaient ce devoir primaire du 
chrétien. 

Il nous faut aller jusqu’en 1847, année de l’arrivée du nouveau 
pasteur, M. Adam, qui gémit sur le petit nombre de pratiquants 
qu'il cite : 82. Mais, grâce à son zèle, il verra le chiffre des 
pâques aller toujours crescendo, ce qui ne laissa pas sans doute 
de l’encourager singulièrement. 


En 1848, le nombre s'éleva. . . à 145 
En 1849, °» . … …. à 193 
En 1850, » . …. …. à 234 
En 1851, » . . . à 240 
En 1852, » .. . …. à 402 
En 1853, » .. .. …. à 407 
En 1854, » : 4 . à 403 
En 1855, » .. …. …. à 411 


Il faut dire aussi que pendant le seul mois d'août 1854, au 
moment où le lugubre choléra prenait ses victimes, le pain 
eucharistique fut distribué à plus de 500 personnes. On craignait 
avec raison que la terrible visiteuse, qu'est la mort, ne donnût 
pas le temps de recevoir le précieux V'iatique. pour le grand 
voyage de l’Eternité. 

. Le chiffre le plus élevé de communions fut celui de 547, 
alteint le jour de Noël 1851, après une mission’ prêchée par 
M. Maupris, doyen de Chevillon et curé d’Osne. Le zélé mission- 
naire amena au Tribunal de la Pénitence et à la Table Sainte, 
132 hommes el presque toutes les femmes, écrit M. Adam. Quel 


— 234 — 


% 


beau spectacle ce devait être à la messe de minuit ! Les anges 
pouvaient encore chanter le cantiqne de la plaine de Bethléem, 
le solennel et joyeux « Gloria in excelsis » : Gloire à Dieu au plus 
haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ! 

Ce sont les seuls chiffres de communiants laissés dans les 
notes de nos vénérés prédécesseurs. Ceux d'aujourd'hui ne pour- 
raient que faire rougir la paroisse, comme ils font saigner le 
cœur du pasteur. Nous nous abstiendrons de les donner. 

D'autres missions furent données à la paroisse, notamment 
en 1876 par le P. Hilarion, franciscain, en 1896 et 1901 par le 
P. Pélot, de la Société de Jésus. L’une et l’autre furent suivies 
par la grande majorité des paroissiens qui venaient en foule 
entendre les instructions, et d’heureux retours aux pratiques 
religieuses vinrent consoler le pasteur ; mais nous en ignorons 
le nombre exact. Il n’est pas jusqu'aux Alsaciens-Lorrains, for- 
mant un groupe respectable à Osne vers 1860 à 1875, qui ne 
reçurent plusieurs retraites spéciales, prêchées en langue alle- 
mande, par un père rédemptorisle. 


Parmi les cérémonies extérieures du culte se placent les pro- 
cessions qui toujours ont existé dans l’église, depuis le jour 
heureux où le grand empereur Constantin la fit sortir triom- 
phante des Catacombes. Or, la paroisse en avait de particuliè- 
res qu'il nous faut au moins indiquer : 

Avant la Révolution, 18 processions avaient été fondées en 
l'honneur de la Vierge et devaient se faire le premier dimanche 
de chaque mois, ainsi qu'aux fêtes de la St Vierge et au jour de 
la Toussaint. Se faisaient-elles à l’intérieur ou à l’extérieur du 
temple ? nous ne le savons pas. Une plus solennelle avait lieu le 
Jour de Pâques et toutes les personnes valides y prenaient part. 
On sortait de l’église paroissiale et on allait au chant des hymnes 
et des cantiques jusqu'à l’église Notre-Dame du Val d'Osne, 
comme nous l’apprend une note de M. Ilosdier en 1619 (1). 


(1) 11 paraît que pendant les premières années de l1 fonderie du Val d’Osne, 
le jour de la Fè e-Dieu, des reposoirs étaient dressés par les mains pieuses de 
Mme André, ou sous sa direction, et que des processions se faisaient, comme 
au temps du couvent, depuis l’église paroissiale jusqu’à l'usine, cependant 
dis'ante de deux kilomètres. 


— 234 — 


Depuis le concordat de 1802 et la restauration du culte catho- 
lique en France, les processions, comme partout ailleurs, se 
faisaient nombreuses dans la paroisse. Sans compter celles du 
Saint Sacrement, le jour de la Fête-Dieu et le dimanche du 
Sacré-Cœur de Jésus, et celles des trois Jours des Rogations 
ainsi que celle de S. Marc, qui sont liturgiques et de droit com- 
mun, sans parler de celle de l’Assomption qui, depuis 1637, se 
fait en France en exécution du vœu de Louis XIE, 1l y avait en 
plus, à Osne, la procession de l’Ascension qui se prolongeait Jjus- 
qu’à la croix S. Cyr, celles des solennités de S. Cyriique et de 
la Nativité de la St Vierge qui consistaient à reconduire l’image 
du patron ou de Notre-Dame dans la maison du jeune homme 
ou de la jeune fille qui l’avait demandée ; et enfin celles des 
dimanches après Pâques, en mémoire des apparitions de Notre- 
Seigneur ressuscilé ; dans ces dernières, comme aux Rogations, 
on allait aux diverses croix qui se trouvent sur les chemins aux 
extrémités du village. 

Alors de longues théories d'enfants, de jeunes filles et de 
Jeunes garçons portant les bannières des confréries et les bâtons 
des saints protecteurs, suivis de nombreux fidèles des deux 
sexes, se déroulaient dans les rues et la campagne, au chant des 
litanies de Lorette ou des saints. À la voix majestueuse des 
cloches qui jetaient leurs envolées dans les airs, se mêlait le 
gazouillement des oiseaux du bon Dieu, sur le passage de la pro- 
cession. Parfois le clairon militaire et le tambour des pompiers 
ajoutent leur note martiale. Il fut un temps même où une 
fanfare municipale s'honorait en participant aux processions 
religieuses. De ces cérémonies qui élèvent l’âme, tout le monde 
revenait ravi, après avoir reçu au retour la bénédiction du 
Maitre de la nature. 

Or, tout cela fut supprimé le 27 mai 1905, comme il est relaté 
ailleurs. Les’ processions se font maintenant dans le temple, dont 
l'ampleur se prète du reste au développement de ces cérémonies. 
Avant la messe, aux fêtes de 1° classe, selon la coutume immé- 
moriale, une procession du clergé, précédée de l'image de là 
Vicrge, parcourt les trois nefs de l'église au chant de l'hymne 
du jour. 


— 235 — 


Dans un coutumier datant de 1849, nous relevons encore les 
détails suivants qui supposent une ferveur ignorée de nos jours. 

1° Une procession de S. Abdon se faïsait le lundi de la Pen- 
tecôte avant la messe, la station était au-dessus du cimetière ; 

2° On chantait la messe et les vêpres aux fêtes suivantes : la 
Circoncision, la Purification, l’Annonciation, le lundi de Pâques, 
la Nativité de S. Jean-Baptiste, S. Cyriaque et S. Etienne. Les 
corporations célébraient aussi avec solennité leurs patrons res- 
pectifs ; les vignerons, S. Vincent, le 22 janvier ; les cultiva- 
teurs, S. Eloy, le 1° décembre ; les filles, St Catherine, le 
26 novembre ; les garçons S. Nicolas, le 6 décembre. On esti- 
mait avec raison qu'il n'y a pas de fête sérieuse qui ne soit 
annoncée au son des cloches et qui ne commence par la prière 
au pied des autels avant de s'achever en de joyeuses agapes. La 
fête de S. Eloy seule a survécu et n’est célébrée que par les culti- 
vateurs et les maréchaux-ferrants ; 

3° Une messe spéciale était annoncée par le son de toutes les 
cloches, à l'ouverture des moissons et des vendanges et se célé- 
brait le grand matin. Semblables aux Israélites errant dans le 
désert, qui, devançant l'aurore pour recueillir la manne, céleste 
viatique de leur journée, nos bons villageois, enfants de Celui 
qué nourrit l'oiseau de la forêt et l'herbe du vallon, venaient 
appeler la bénédiction du ciel sur leur travail et dire leur recon- 
naissance au dispensateur de tous les biens. Avant de recueillir 
les dons de sa munificence, ils lui offraient l’encens de leurs 
prières. Quoi de plus légitime ! 

4° Une autre messe chantée la veille des quatre dimanches de 
l’Avent portait le nom de messe blanche. Nous en ignorons le 
symbolisme, n'étant point liturgique, mais de sm coutume 
locale ; 

9° Tous les dimanches de l’année, à l'issue des Vêpres, se chan- 
{aient les complies, sans préjudice de la prière en commun avant 
la nuit ; 

6° Les fêtes de 1"° classe étaient précédées la veille au soir du 
chant des Complies, et se célébraient par le chant des Matines le 
matin du jour, de Tierce avant la messe, de Sexe après la messe, 


— 236 — 


de None avant les Vêpres, de la bénédiction solennelle du 
S. Sacrement après cet oflice, et enfin des Complies avant la 
nuit. C'était vraiment le dies dominica, le jour du Seigneur, car 
la journée toute entière se passait à son service, à chanter ses 
louanges, à communier avec la Divinité par la prière ; 

7 Autres coutumes disparues pour la plupart : à la fête de la 
Dédicace, chaque année, on allumait pendant les offices douze 
cierges placés en avant des croix de consécration, comme au 
jour de la consécration de l’église. | 

Le jour de S. Michel archange, 29 septembre, ou le dimanche 
suivant se faisait la bénédiction des semences. Quelques cultiva- 
leurs en font encore bénir ce jour-là. 

Le jour de la Toussaint, depuis l'office des vêpres des morts 
jusqu'aux angelus du soir, on sonnait le glas comme cela se 
pratique à peu près partout ; le lendemain, depuis le service 
solennel pour les défunts jusqu'à midi, même sonnerie que Îa 
veille. Nous ignorons le motif de la suppression de ce glas qui 
symbolise la voix suppliante des défunts. 


* 
x + 


Jadis, la dévotion envers les pauvres âmes du Purgatoire, 
était plus vivace et plus généreuse dans la paroisse. L’égoïsme, 
envahissant toutes les classes de la société, fait oublier les lois 
les plus élémentaires de la reconnaissance et de l'affection. Jadis, 
pas une fête de fannille, sans un souvenir aux chers disparus. Le 
lendemain du mariage, toujours se célébrait une messe de 
Requiem ; le lendemain des fêtes de la Nativité et du Rosaire, 
mème service pour les défunts. Chaque trépassé, fut-1l pauvre et 
même indigent, avait régulièrement ses trois services chantés, 
d’enterrement, quarantal et anniversaire ; pendant six semaines, 
la famille et les amis se réunissaient chaque dimanche à l'issue de 
la messe, sur la tombe, au chant du Libera. Toutes ces coutumes 
chrétiennes qui indiquent si bien les sentiments de nos pères 
ont disparu, et on croit les remplacer par [a coutume païenne 
des fleurs et des couronnes de perles, qui ne soulagent point les 
âmes des défunts el ne sont bien souvent qu’un signe de vanité. 
Le seul service du lendemain de la fête patronale a été conservé, 
el encore est-il peu fréquenté. Cependant on doit, à la vérité, 


que la visite des tombes est faite bien assidüment chaque 
dimanche, par les fidèles qui ont assisté à l'office divin. 


L'offrande du pain bénit à la messe du dimanche, dont la 
coutume remonte aux temps apostoliques, se fait régulièrement, 
et il est peu de familles, croyons-nous, si ce n’est au Val-d’'Osne, 
qui ne se fassent un honneur de le présenter à leur tour; du 
reste, M. le curé ignore les refus qui se peuvent présenter, puis- 
qu'ils ne font point arrêt dans les offrandes des dimanches et 
des fêtes. [l est seulement à regretter que les familles chrétiennes 
qui offrent le pain bénit, ne se chargent pas aussi du balayage 
de l’église, comme cela se pratique dans la plupart des cam- 
pagnes. Ce serait une réelle décharge pour la Fabrique ; et puis, 
n'est-ce point un honneur pour les enfants, de purifier à leur 
tour et même d’orner la maison du Père de famille. | 


Deux images ou statuettes élaient portées dans les processions 
au-dessus d’un bâton, d’où leur nom de bâton de la Sainte 
Vierge et bâton de Saint Cyriaque. Ces images étaient reçues 
des mains du pasteur, qui adressait quelques paroles au réci- 
piendaire jeune homme ou jeune fille qui prenait le bâton et 
que l’on nommait bâtonnier, bâtonnière ; puis on les conduisait 
processionnellement à leurs demneures respectives. Pendant tout 
le cours de l’année, ils conservaient lhonneur de porter ces 
images dans les processions et devaient s’en montrer dignes, par 
leur conduite ; et au jour de la fête annuelle on allait rechercher 
solennellement en procession ces images qui, reconduites à 
l'église, étaient remises à de nouveaux titulaires. Aux cCéré- 
monies de la réception et de la reddition du bâton, les jeunes 
gens ou les jeunes personnes, accompagnaient leur camarade, 
en portant des flambeaux. | 

Hélas ! depuis plusieurs années, la jeunesse songe à d’autres 
plaisirs moins purs, et les images des saints sont abandonnées. 
Reste à savoir si on est plus heureux, si la gaîté est plus franche 
et surtout la conscience plus en paix. 


os — 


A l'homme, à l'adolescent surtout, il faut des fêtes religieuses, 
des associations dans la piété, qui ont parmi d’autres avantages, 
celui d'endormir des imaginations de quinze ans et de leur faire 
trouver dans d'innocents plaisirs, le bonheur que d’autres vont 
demander à des divertissements dangereux et trop souvent 
criminels. Là où l’on a supprimé parmi la jeunesse les associa- 
lions pieuses, ou aboli ou décoloré pour elle les fêtes chré- 
liennes, quels sont, trop souvent dites-moi, ses amusements, ses 
habitudes, ses croyances et ses mœurs ? 


Enfin, une dernière coutume qui semble d’un autre âge et qui 
existait encore vers 1830 et peut-être 1840, consistait dans le 
port de l’eau nouvellement bénite, tous les dimanches, dans 
chaque famille de la paroisse. L’instituteur était chargé de cette 
fonction et la faisait acquitter par les enfants. En entrant, le 
porteur d'eau bénite disait: « Benedicite et la famille de 
répondre : Dominus » ; puis lenfant jetait dans l'appartement 
quelques gouttes de l’eau lustrale. Cette cérémonie se faisait 
sans doute en faveur des malades, des infirmes, des petits 
enfants, empèchés de recevoir l’aspersion générale des fidèles à 
l'église, avant la messe paroissiale. 

Tout cela, à notre époque de rationalisme nous paraît puéril, 
et cependant ne manquait pas de sens profond et caractérisait 
bien la mentalilé de nos pères qui vivaient de la foi, tandis que 
leurs enfants meurent d’indifférence et de scepticisme. 


— 239 — 


CHAPITRE XIX 


Topographie 


Le bourg d'Osne-le-Val se cache derrière la forêt de Baudray, 
dans un vallon étroit qui débouche à Curel sur la vallée de la 
Marne. En quittant cette dernière commune et en remontant le 
petit ruisseau de l’Osne qui arrose le vallon et serpente avec un 
léger clapotement sur les cailloux polis, le voyageur voit s'élever 
à sa droite des coteaux boisés de hêtres touffus, et à sa gauche 
des côtes jadis couvertes de pampres et aujourd’hui hélas ! en 
grande partie laissées en friches, où poussent en liberté les 


Vue panoramique d'une partie du village. 


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— 940 — 


verges d'or, les panais sauvages, les genêts, le serpolet odorant, 
et qui servent de retraite aux grillons striduleux et aux vipères. 

À la distance de quatre kilomètres de Curel, on rencontre de 
vastes bâliments surmontés de hautes cheminées, on entend le 
bruit du marteau qui frappe le bronze ou l'acier et que répète 
l'écho de la montagne, On est arrivé à la fonderie du Val d’Osne, 
célèbre dans le monde entier par ses statues artistiques. Un 
chapitre spécial lui sera consacré à la suite de celui-ci. 

Encore environ 1500 mètres et voici le village qui s'étend 
mollement et s’allonge, comme une gigantesque salamandre, ou 
sous la forme d’une S majuscule, qui ne mesure pas moins d’un 
kilomètre. Les tertres en étagères et les coteaux qui l’environnent, 
lui donnent aux yeux des étrangers, l'aspect d’un village suisse. 

Le ruisselet qui traverse la bourgade dans toute sa longueur 
ne tarit Jamais, et le cristal de ses eaux permet à la truite d’y 
prendre ses ébats. Quelques-uns font remonter sa source jusqu’au 
Val-d'Enfer, au pied de la côte d'Effincourt, parce que dans les 
temps humides diverses sources jaillissent dans la prairie ; mais 
il est bien plus vrai de dire que le point d'origine de l’Osne est 
la fontaine Saint-Cyr, situé à quelques centainès de pas des 
dernières maisons du village. 

Chacun sait que ce cours d’eau est un affluent de la Marne, 
dans laquelle il se jette entre Curel et Chatonrupt. Mais aupara- 
vant 1l s'attarde dans les prés fleuris, il aime tant son vallon, 
qu'il fait comme en se jouant de nombreux méandres, mille 
tours el détours, se replie parfois sur lui-même, en un-mot 
semble se délecter dans son autonomie et redouter de mêler son 
onde pure aux eaux troubles de la Marne, avant de se perdre 
entièrement dans les vastes plaines de l'Océan. 

Par la rapidité de son courant, l'Osne aide singulièrement à 
l'industrie, et dans son peu d’étendue (9 ou 10 kilomètres) met 
ou mellait naguère en mouvement, de nombreuses forces 
motrices. Anciennement au-dessus du village, au lieudit l'Etang 
ou le Grand-Ruisseau, c'était un moulin qui fut transporté plus 
tard au bas du village. C'était, il y a quelque cinquante ans, à 
la rue des Flaches, une fabrique de seaux de bois, montée par 
Jean-Bapüiste Demogeot ; cette industrie fut transformée quel- 
ques années plus tard en une fonderie qui occupait une ving- 
taine d'ouvriers. 


— 241 — 


Aujourd'hui, à la rue des Tilleuls, une charonnerie et maré- 
chalerie fonctionne, grâce au même cours d’eau. A trois ou 
quatre cents mètres en äval, c'était une scierie établie par Emile 
Girardin, que faisait également mouvoir l’eau du ruisseau. 

À la rue du Moulin, dans la première moitié du xix° siècle, en 
même (OUPS que le moulin se voyait une forge à marteau, 
appartenant à la famille Chutin. En 1857, les sepl frères Saleur 
y installèrent une importante fonderie d'art qui occupa près 
de 200 ouvriers, et qui fut continuée dans la suite par les 
MM. Denonvilliers et Saleur-Jeune, jusqu’en 1879, date de son 
transfert à Sermaize. 

La fonderie d’art du Val d’Osne utilise aussi comme force 
motrice, le cours de l’Osne ; à quelques centaines de mètres au- 
dessous de celle-ci, dans la prairie de Jusnipré, toujours sur le 
ruisseau, se trouvait un moulin qui se transforma ensuite en 
une fabrique de noir végétal, et dont on voit encore les ruines. 
Enfin à Curel, jadis un moulin et aujourd'hui une HAgrIe; sont 
alimentés par les mêmes eaux bienfaisantes. 


Une tradition dont nous ne garantissons pas l'authenticité, 
veut que jadis Osne-le-Val, petite ville, s’étendit jusqu'aux 
sources de l’Osne et même au-delà. Des vestiges de fondations 
rencontrés parfois dans les champs viennent à l'appui de cette 
créance. Quant au Puits-Jean-Bertrand, du Val-d’Enfer, il ne 
prouve rien, il peut avoir été creusé pour abreuver dans les 
chaleurs de l'été, les troupeaux qui paissaient dans ces parages, 
ou servir à quelqu'ancienne métairie. 

On raconte encore que le bourg était partagé en deux tron- 
çons séparés par une forteresse, que celui du haut appartenait à 
la Lorraine et commençait à la rue de l'Eglise actuelle, pour 
s'étendre du côté d'Effincourt ; et que celui du bas faisant partie 
de la Champagne, s’arrêtait à la rue de la Croix. L'espace qui 
séparait les deux tronçons, était occupé par la Forteresse qui 
lui a laissé son nom. Mais ce ne devait être qu'un poste de doua- 
niers dont le chef portait le titre de Lieutenant des fermes du 
Roy, litre que nous avons lu sur plusieurs papiers du xvrr° siècle. 
En cas de guerre, il devenait sans doute un fort occupé par des 


16 


— 242 — 


troupes chargées de défendre le passage de la vallée aux armées 
allemandes ou lorraines. 

Les quelques maisons qui occupent aujourd’hui l'emplacement 
de la Forteresse, de la rue de la Croix à celle de l’Eghse, sont 
loutes des constructions relativement modernes. 

Mais quand fut démoli ce château-fort? A défaut de titre 
authentique et de tradition, on ne peut faire que des conjectures 
plus ou moins probables. Nous avions d’abord pensé à la date 
du traité d’Utrecht, 1713, qui mit fin à la guerre de la succession 
d'Espagne et stipula que la Lorraine allemande devenait fran- 
çaise ; mais nous avons dû renoncer à ce sentiment, en rencon- 
trant, sur une pièce officielle notariée, datant de 1741, le nom 
de Gaspar-Joseph Falguier, brigadier des douanes, demeurant 
à Osne. La date de 1765, qui fut celle de la mort du roi de 
Pologne, Stanislas, nous parait plus rationnelle, puisque d’après 
une des clauses du traité de Vienne (1735), 1l était stipulé que 
les duchés de Lorraine et de Bar deviendraient français au décès 
du roi. En effet, à partir de cette époque, la Forteresse chargée 
de défendre la vallée, pas plus que le poste de douaniers, n'avait 
plus de raison d’être. 


La principale artère du village actuel, sur laquelle viennent 
se greffer perpendiculairement huit autres petites rues, dont 
deux la traversent, est encadrée de minuscules trottoirs qui 
servent à lui donner une apparence de propreté relative, la seule 
exigée et possible dans un pays de cullure. La plupart des 
maisons qui font la haie de chaque côté ont bel aspect, et la 
propreté qui règne dans nombre de ces habitations champêtres, 
leur donne un luxe de bon aloi qui fait honneur aux ménagères, 
en même temps qu'elle est le meilleur principe d'hygiène. 

Voici les noms des rues : 

1° La Grand” Rue, que suit le cours de l’Osne dans toute la 
longueur du village. 

2° La Rue des Varennes, qui lui est parallèle, mais de moindre 
dimension. 

3° La Rue Haute, qui, de LS passe devant la maison 
communale et l’hospice. 


— 243 — 


4 La Rue Leclerc, au bas du pays 

9° La Rue du Moulin, qui aboutit sur le bief. 

6° La Rue de la Croix, en haut de laquelle se dresse une 
ancienne croix de pierre. 

1 La Rue de l’Église, qui va de cet édifice à la rue des 
Varennes, en traversant perpendiculairement la Grimd” Rue et 
le ruisseau. 

8° La Rue des Tilleuls, qui passe entre la maison communale 
et l’hospice et aboutit à l’Osne. 

9% La Rue des Flâches qui, descendant de la Grand” Rue, 
aboutit à l'atelier de Messieurs Bonneville, sur l'Osne. 

10° La Rue des Houdiers, qui est parallèle et contiguë à la 
dernière indiquée ; et enfin 

11° La Rue du Four, où se trouvait sans doute autrefois le 
four banal. C’est la dernière du village. 

Sur le penchant de la colline de l’est, l’église et son clocher se 
dressent au milieu du village pour étendre leur ombre tutélaire 
sur toutes les demeures des chrétiens. Grâce à Dieu, ils sont 
encore environnés du dortoir commun des trépassés, je veux 
dire du cimetière, que notre société trop délicate cherche aujour- 
d'hui à reléguer loin de la vue des habitants, sous prétexte 
d'hygiène ou de salubrité publique, mais plutôt afin que la pensée 
des morts ne vienne point troubler les plaisirs des vivants. 

Qui comptera les générations couchées dans ce champ de la 
mort ? Qui dira à quelle époque lointaine remontent Îles pre- 
mières inhumations dans celte terre bénite ? Le fossoyeur ne peut 
y donner un coup de pioche sans remuer la cendre des saints et 
mettre au Jour quelques ossements des ancêtres. N'est-ce point, 
après le Sanctuaire, le lieu le plus sacré de la commune ? Il est 
regrettable qu’il soit si peu entretenu et que les ronces et les 
orlies s’y croisent avec les fleurs du souvenir. 

Il est plus déplorable encore d'y voir inhumer pêle-mêle dans 
les rangs des fidèles catholiques, les enfants morts sans baptème, 
les hérétiques, les suicidés, les concubinaires ou mariés civile- 
ment, les apostats qui, reniant leur première communion, se 
font enfouir comme les animaux privés de raison. Naguère un 
coin du cimetière non bénit leur était réservé et clôturé ; mais 
depuis la laïcisation du champ de la mort, la loi ne permet plus 
de distinguer les religions et les mérites. 


Non loin de l’église et du cimetière, dont elle n’est séparée 
que par l’affreux hangar, qui servait jadis de marché-couvert et 
plus anciennement, au xvin* siècle, de lieu de réunion publique, 
se voit la maison commune, dans laquelle sont établies les classes 
des garçons. C'esi une grosse maison moderne, d'assez belle 
apparence ; elle fut construite en 1868, comme nous l'avons vu, 
et coûta 28.126 francs sans compter les matériaux de l’ancien 
immeuble. Elle contient, au rez-de-chaussée, une classe spa- 
cieuse et bien éclairée et une autre de moindres dimensions. Au 
premier étage sont une vaste salle de mairie et un cabinet des 
archives. Les autres pièces de la maison sont les appartements 
privés des instituteurs. 

En face de l'hôtel de ville sont les classes des institutrices 
pour les jeunes filles et les petits enfants des deux sexes. C'est 


Naison communale d’Osne-le-Val. 


. 
— 245 — 

une ancienne maison plus que séculaire qui, nous l'avons dit 

plus haut, servit de presbytère après le rétablissement du culte 

au sortir de la grande Révolution. 

A ces deux établissements scolaires manquent des préaux pour 
les récréations. Un autre inconvénient encore à signaler : c’est 
que la place qui sépare les deux bâtiments est commune aux 
jeux des diverses classes des deux sexes. 

Tout proche de la maison communale se dresse l'hospice ou, 
du moins, un bâtiment naguère construit pour hospitaliser les 
vieillards, comme le prouvent, du reste, les inscriptions burinées 
en relief sur la façade : « Vieillards hommes, vieillards femmes, 
Fondation de la famille Bassemont. » Cette grande maison fut 
bâtie en 1875 et, pendant 23 ans, servit de refuge aux vieillards 
pauvres de la commune quand, en 1898, l’héritière des fonda- 
teurs crut devoir chasser les religieuses hospitalières, mettre à la 
porte les vieillards aussi bien que les enfants de l'asile, vendre 
le mobilier à l’encan et fermer l'établissement qui, depuis cette 
époque, n’est plus habité. Cette œuvre sera-t-elle jamais reprise ? 
c'est le vœu de tous. 


* L] 
* + 


Osne-le-Val qui, sous l’ancien régime, faisait partie de la géné- 
ralité de Champagne et de l'élection de Joinville, qui ressor- 
Uissait au baillage de Chaumont et à la prévôté d'Andelot, et au 
spirituel était dépendant de l’évêque de Châlons, fait aujourd’hui 
partie du département de la Haute-Marne, de l'arrondissement 
de Wassy, du canton de Chevillon, de l’acadéinie et de la cour 
d'appel de Dijon, du 20° corps d'armée dont le siège est à Nancy, 
el au spirituel du diocèse de Langres et de la province ecclésias- 
tique de Lyon. 

Il est situé à 6 kilomètres de Chevillon, à 20 de Wassy, à 955 
de Chaumont et à 264 de Paris. Pour les savants, sa longitude 
est orientale de 2°51” du méridien de Paris, sa latitude de 48°30° 
et son altitude de 280 mètres. 

Son terniloire a 2.664 hectares de superficie, parmi lesquels 
on compte 286 hectares de bois communaux. Ses prairies natu- 
relles sont insignifiantes el ses vignes qui, jadis, occupaient Îa 
majeure partie des côtes ne sont plus cultivées que dans quelques 


— 246 — 


rares hectares. Ce sont donc les terres labourables, les bois et 
les friches. qui forment les huit dixièmes de la surface totale du 
territoire. 

Il est limité par les territoires de Chevillon au nord, de Mon- 
tiers-sur-Saulx (Meuse) et de Paroy au nord:est, d’Effincourt à 
l’est, de Montreuil au sud-est, de Thonnance au sud, d’Autign}- 
le-Petit au sud-ouest et de Curel à l’ouest. Il a la forme d'un 
grand polygone presque régulier dont le village est le centre el 
l’'apothème a environ 3 kilomètres, ce qui lui donne près de 
20 kilomètres de tour. C’est un des territoires communaux les 
plus vastes de la Haute-Marne ; pour parler exactement, 1 
occupe le 20° rang parmi les 550 communes du département. 


* 
# + 


Voici les noms des contrées de ce vaste territoire : 


Amendrilles (les). Chalètre de Pensey (la). 
Bacclava (le). Champ Bailla (le). 
Balicard (le). Champ Clos (le). 

Ban (le). Champ Combat (le). 
Bassot-Ramponnot (le). Champ Bardin (le). 
Baudrays. Champ l’'Eveillé fle). 
Bayance. Champ Goa le). 
Beaulieu. Champs Paris (les). 
Bergerie (la). Chapelet (le). 
Beurtonval. Charbonnière (la). 
Bignéval. Chaufour. 

Blossiers (les). Chaufournière (la). 
Boarton (le). Chénoy {le). 
Boëlfontaine. Cherhent (la). 
Boëval. Chivard. 
Bois-des-Dames. Combe Blondel (la). 
Bois-le-Loup. Combe Bardet (la). 
Bois-des-Vaux. Combe Brocard (la). 
Bourdelle (la). Combe Carlos (la). 
Bourguignon (le). Combe Collin (la). 
Burgéval, Combe-des-Dames (la). 
Burtinciel. Combe Gauthier (la). 


Chalètre de Fraemont (la). Combe-des-Guillemin (la). 


— 947 — 


Combe Fritz (la). . 
Combe Jean-Poyrel (la). 


Combe de la Gentille femme (la) 
Combe Maître-de-Mouches (la). 


Combe Maly (la). 
Combe Mourot (la). 
Combe Pré-Mérion (la). 
Combe Païen (la). 
Combe des Ruetz (la). 
Combe Saint-Pierre (la). 
Combotte (la). 

Côte Boulé (la). 

Côte des Fours (la). 
Côte des Genièvres (la). 
Côte de Grève (la). 
Côte de Joinville (la). 
Côte Leloup (la). 


Côte de la Maussenière (la). 


Côte de Paradis (la). 
Côte de Sotteret (la). 
Côté le Turc (le). 

Côte des Fournées (la). 
Côtes (les). 

Coteau du Biez (le). 
Coteau de Charmont (le). 
Coteau de Lapierre (le). 
Coteau de la Reine (le). 
Coteau de Roche (le), 
Courbillère (la). 
Creux-Chemin (le). 
Crevisé (le). 

Cugnot (le). 

Cuvelot (le). 
Deparfondeval. 
Deuille (la). 

Eliotte (l'). 

Epimont. 

Epinotte (|). 

Erable (l'). 


Etang (l). 
Euvas. 
Faglume (la). 
Farvinotte (la). 
Fays (le). 
Folie (la). 
Four (le). 
Four à Chaux f{le). 
Forteresse (la). 
Fosse (la). 
Fréméval. 
Gayelle (la). 
Grand’Vigne (la). 
Gratte-Mauva (la). 
Grève. 
Guilloncourt. 
Haîte-Feuilleux. 
Haivas (la). 
Harmet. 
Harpéjoute (l). 
Haut-des-Pas (le). 
Havas (la). 
Hémat. 
Héronnière (la). 
Herson. 
Heucarde (la). 
Heurten (la). 
Hocquottes (les). 
Hocrey. 
Jussenipré. 

Lait (le). 


Limon (le). 


Magnelots (les deux). 


Maizes (les trois). 
Maquelot. 
Massottes (les). 
Merlière (la). 
Minière (la grande). 
Monte-en-Roies. 


Motuet, 

Mouron f{le). 

Mûre (la). 
Neuve-Cherhent (la). 
Noiseaumont. 
Noyer-le-Prêtre (le). 
Orgeval. 

Paradis (le). 
Passerat. 
Parfondeval. 

Patis (le). 
Pente-Haie (la). 
Pinson (le). 

Place (la). 
Plant-du-Cimetière. 
Plessier (le). 

Poirier Chevry (le). 
Poirier St Ciriac (le). 
Poirier Fleurillon (le). 
Poirier Gaillard (le). 
Poirier Percé (le). 


Poirier Qu’on-Frionne (le). 


Porches (les). 

Praires (les). 

Prez (le grand). 

Puits (le). 

Puits Jean-Bertrand (le). 
Quainière (la). 
Range-des-Poiriers (le). 
Renéval. 

Renartrel. 

Renardières (les). 
Robillat. 


Roise (la grande). 


— 948 — 


Rougé (le). 
Rouge-Poirier (le). 
Royenne (la). 
Raulotte (la). 

Rué (le). 

Ruisseau (le grand). 
Rups (les deux). 
Sargueille (la). 
Saucinat. 
Surbéval. 
Tamberland. 

Tarte (la). 
Tour-des-Vaches (la). 
Tronchonval. 
Val-d’Enfer (le). 
Val Lagrange (le). 
Va (la grande). 

Va (la petite). 
Valmerion (le). 
Vaquemont. 
Vargesson. 
Varioncombelle. 
Varionval. 
Vauguon (la). 
Vaux (la). 

Varenne (la). 
Vaux-Hainaut (la). 
Vaux-Paillot (la). 
Vaupuits (la). 
Vaux-Sainte-Marie (la). 
Vente-Carrée (la). 
Vigneux (le). 
Vivier (le). 


Voëmont. 


# 


Sur la frontière limitrophe des territoires de Montiers-sur- 
Saulx et de Paroy, dans le bois du Plessier appartenant à 


LS 


— 249 — 


Mme Charles Remy, de Rouvroy, se trouve un hêtre coté sur la 
carte d’Etat-major et connu sous le nom de Haute-Faysse. Il 
mesure 3 m. 30 de circonférence à un mètre de hauteur et dres- 
sait naguère sa tête altière à 40 mètres environ. Son volume de 
bois de service était estimé à 52 solives. Inutile d’ajouter, qu’à 
l'instar du roi Saül sur ses compatriotes, il dominait de beaucoup 
ses congénères ; 1l s’apercevait même de 10 lieues à la ronde. 
Depuis de longues années, il était devenu un but d’excursion 
pour les touristes qui en venaient admirer les proportions. Mais 
le cyclone du 19 juin 1908, qui a respecté les modestes bali- 
veaux, a décapité le géant des forêts, les débris de sa tête ont 
rempli plusieurs chariots de bois de chauffage, et une fente des- 
cend dans son énorme tronc sur une longueur de 7 à 8 mètres. 
Survivra-t-il longtemps à ses blessures ? la cognée du bucheron 
devra-t-elle prochainement l’achever ? Ainsi tombe la tête des 
superbes et sera un jour humilié celui qui s'élève. 

Dans ce même bois du Plessier s'ouvre un précipice dont on 
ignore la profondeur. Or, il paraît qu’en 1814 il devint le tom- 
beau d'un malheureux capitaine russe qui y fut précipité par un 
guide français peu scrupuleux, chargé de le conduire de Morlaix 
à Joinville. | 


Plus près du village et dans la même direction que le hêtre 
colossal du Plessier, se voit une ancienne croix de pierre, que 
dans les années de ferveur, par tradition nnmémoriale, le clergé 
et les .paroissiens visitaient processionnellement le jour de 
l’Ascension. Elle est encadrée de trois tilleuls et protège la 
plaine de son ombre, en même temps qu'elle rappelle à l’ouvrier 
des champs le drame sanctificateur du Golsotha. Elle porte le 
nom de Croix S. Cyr. A la tête du monument on lit la date de 
1686 et, du reste, elle est bien du style de cette époque. Une 
minuscule niche restée vide donne à penser qu’elle devait jadis 
contenir une statuette de la Vierge ou peut-être de $S. Cyr ou 
S. Cyriaque, patron de la paroisse. Malheureusement une assez 
longue inscription burinée sur le socle a disparu sous les injures 
du temps et les souliers ferrés des enfants ; ceux-ci, pas plus que 
celui-là, n’ont jamais su rien respecter. 


— 250 — 


Nous ne résistons pas à la tentation de citer ici quelques 
beaux vers éclos dans le cœur de Marie Jenna : 


Lorsqu'un char nous emporte, au matin d’un beau jour, 
Et sous nos yeux ravis, fait passer tour à tour 

Les épis ondoyants, les touffes d’églantines, 

Les faucheurs dans les prés, les bois et les collines ; 

Ah ! qu'il est doux de voir apparaître soudain 

Le signe de la croix sur le bord du chemin ! 

La croix ouvrant ses bras à la misère humaine, 

La croix planant sur nous triomphante et sereine, 

£t mêlant, sous l'éclat de la nature en fleur, 

À l'ivresse des yeux cette extase du cœur !.…. 


Aux confins d'Osne et de Paroy, mais sur le territoire de celle 
dernière commune, se trouve la ferme du Haut-Bois et, à 
quelques kilomètres plus loin, sur le territoire de Montiers, est 
située la ferme de la Faye. Or, au Moyen âge nous avons ren- 
contré des seigneurs d’Osne portant ces noms. Rappelons pour 
mémoire qu’en 1534 Jehan de la Haye donna en échange à la 
duchesse de Guise, Antoinette de Bourbon, un four à Osne; 
qu’en 1571 François de la Haye, qualifié de « seigneur d'Onneelt 
du Haut-Bois », aliène ses droits seigneuriaux d’Onne et du 
Haut-Bois à Claude de Roussy ; qu’enfin, en 1587, Anthoine et 
Mathieu de la Haye recouvrent le gagnage du Haut-Bois, ainsi 
que leur portion de droits sur la seiwneurie d’Osne. 

Dans la suite, la ferme du Haut-Bois appartint au prieuré, car 
en 1629 un bail de cette ferme est fait par les religieuses, comme 
nous l'avons vu au chapitre [V, et dans le procès-verbal des biens 
du couvent que nous avons donné au chapitre VIE, est explicite- 
ment nommé le Haut-Bois. 

A la ferme de la Ilaye, propriété de la famille Jacquot, de 
Joinville, sont conservés des vestiges d’une ancienne chapelle, 
convertie hélas ! aujourd'hui, en une porcherie. La grande fenêtre 
ogivale du fonds du sanctuaire et la porte d’entrée assez basse el 
formant un arc en accolade indiquent, d’après nos modestes 
connaissances archéologiques, une construction du xvr° siècle où 
lin du xv°, 


= 934 — 


Mais à qui pouvait bien servir cette chapelle ? Etuit-ce à une 
communauté religieuse dont le souvenir est entièrement effacé ? 
ou bien à un château qui n’a laissé aucune trace de son histoire? 
ou bien plutôt à une dépendance, une maison de campagne, un 
refuge pour les malades du Val d'Osne ? Un bois tout proche 
apparténait jadis à cette communauté, il est nommé dans un 
inventaire de 1644 et contenait alors 285 arpens 31 cordes. 
Aujourd’hui encore, il porte le nom de Bois-des-Dames. Nous 
avons trouvé dans celte forêt une ancienne borne de pierre cou- 
verte de mousse sous laquelle est artistement sculptée une 
Vierwe-Mère. 


Pour terminer ce chapitre sont nécessaires quelques notions 
géologiques sur le territoire d'Osne. Mais cuique suum ; mon 
incompélence en géologie m'a contraint d'avoir recours aux 
lumières d'un ami, qui s'est empressé d’acquiescer à ma demande, 
M. l'abbé Bazzi, le sympathique et docte professeur du Petit 
Séminaire de Bourbonne, qui, du reste, n’est pas un étranger 
pour les habitants d'Osne, m'a envoyé la savante note que Je 
Lranscris et pour laquelle je lui adresse 161 ma plus vive gratitude : 

Le finage d'Osne, un des plus vastes de la région, s'étend, du 
Nord au Sud, depuis la haute vallée de Chevillon jusqu'aux 
minières de la Foupette (Montreuil), sur une distance de 6 kilo- 
mètres et demi et mesure 3 kilomètres, de l'Ouest à FEst, depuis 
la ferme de Thugnéville jusqu'à celle du Faut-Bois, celle-ci rat- 
lachée à Paroy, celle-là à Curel. 

C'est un immense plateau coupé en deux, de l'Ouest à FEst, 
par une ligne et étroite vallée d'éroston où débouche un assez 
grand nombre de Combes plus ou moins allongées, aux flanes 
très abruptes couverts de vignes jadis prospères et couronnés de 
bois et de friches. 

Sans parler des alluvions qui, sous lherbe verdovante de 
l'étroite prairie, garnissent le fond de la vallée depuis le village 
jusqu'à Curel, le sous-sol comprend trois terrains différents : 

1° Aimméridien au bas, 2° Portlandien en haut, 3° débris de 
Néocomien par places, sur les points les plus élevés. 

Le terrain Armiméridien Uire son nom de la baie de Kimme- 
ridge, au nord de FAngleterre, où ce terrain à été particulhère- 


—_ 952 — 


ment observé ; on l'appelle aussi argile à virgules, pour indiquer 
sa composition et l'espèce de fossiles qui le caractérise le mieux : 
l’ecogyra virgula. Ce petit coquillage, en forme de virgule, est 
répandu abondamment dans les marnes qui $éparent les nom- 
breux lits d’un calcaire fendillé à grain très fin. Tel est, dans son 
ensemble, ce terrain dont les éboulis caillouteux ont fbrmé la 
terre végétale des coteaux. Il règne dans notre département, sur 
une bande dirigée du Nord-Est au Sud-Ouest, depuis Gondre- 
court jusqu’à Bar-sur-Aube ct porte Lézéville, Germisay, Betton- 
court, Domremy. Mussey, Rouécourt, Ambonville, Guindre- 
court-sur-Blaise, Argentolles, avant de s’enfoncer sous le terrain 
suivant. Quand il s’y est enfoncé, il continue encore d’eflleurer 
des vallées : de la Marne jusqu’à Sommeville, de Chevillon, 
.d'Osne-le-Val, de Thonnance-Montreuil, du Rongeant et de ses 
affluents, de la Saulx et de l’Ornain. 

Le Portlandier tire son nom de la presqu'ile de Portland, sur 
la Manche (encore en Angleterre patrie de la géologie). Il se 
compose ici principalement de ce qu’on appelle le calcaire du 
Barrois. C’esl une nappe de sédiments, ou dépôts marins, qui 
surmonte les terrains jurassiques et va plonger sous les terrains 
crétacés. Son bord extérieur touche Bar-le-Duc, Joinville, Bar- 
sur-Aube, Bar-sur-Seine, en décrivant un quart de cercle. On y 
distingue de bas en haut : 1° des calcaires lithographiques, c’est-à- 
dire à grain extrèémement fin, gris-Jaunàtres, séparés en bancs 
mince par des lits encore plus minces d’un argile marneux, blan- 
châtre, contenant des fossiles ; 2° une alternance de bancs d'un 
calcaire à structure grossière (avec débris rougeñtres de coquil- 
lages) et de marnes grises, à texture grumeleuse ; 3° de calcaires 
hthographiques de plus en. plus cariés et tournant à l'oolithe. 

Ce calcaire du Barrois est couronné ça et là par une assise de 
pierre blanche, tendre et solide à la fois, célèbre sous le nom 
d'ooltthe vacuolatire, exploitée pour architecture et monuments 
funèbres, à Chevillon et à Savonnières (Meuse). Son nom lui 
vient de son grain qui ressemble à des œufs de poissons entre- 
méèlés de pelites cavilés ou vacuoles. On trouve cette roche sur 
le territoire d'Osne, au nord de la vallée : à la ferme Thugné, 
au-dessus de la Chalètre fehemin de Chevillon), tout au nord, au 
bois de la Mézangère, enfin autour de la ferme du Faut-Bois, où 
elle se trouve elle-même recouverte ou pénétrée par les débris 


— 953 — 


ferrugineux des premiers dépôts crétacés. Des minières ÿ ont été 
ouvertes qui sont abandonnées. 

Les mêmes dépôts ferrugineux accumulés dans les anfractuo- 
sités du calcaire se retrouvent au sud de l’Osne, au bois de Cha- 
üillon (chemin de Thonnance) et à la Houpette (chemin de Mon- 
treuil). Ces îlots ferrugineux pour la plupart sont plantés de 
forêts, les calcaires sont couverts de céréales, les coteaux Kim- 
méridiens sont plantés de vignes, hélas ! bien délaissées (1). 

Tous ces terrains sont légèrement inclinés vers Paris ; 1ls vont 
plonger sous les terrains crétacés qui leur sont superposés sur la 
rive gauche de la Marne et suivent une ligne qui passe à peu 
près par Sommermont, Nomécourt, Mathons, la Blaise, Blume- 
rey, Nullv. On se rend compte de cette inclinaison en comparant 
les altitudes de quelques points culminants. 

Ainsi sur la rive droite de la vallée il y a : 

312 mètres au-dessus du Val d’Osne (sentier de Chevillon) ; 

322 mètres au-dessus des vignes (Osne) ; 

330 mètres au-dessus de la source de l'Osne ; 

327 mètres à la Croix S. Cvr; 

370 mètres à la Grosse Faysse. 

Sur la rive gauche : 


372 mètres au-dessus de Montreuil (à la IHoupette). 

Signalons une petite faille entre la Croix S, Cyr et la Taute- 
Faysse. Le néocomien et l'oolithe out subi une dévellation qui 
les ont mis au niveau du calcaire Barrois. 

Le territoire d’Osne-le-V'al n'a été que peu exploré jusqu'ici 
par les paléontologistes. I serait utile d'examiner avec soin tous 
les affleurements principaux, les fossés, les carrières, les chemins 
creux, partout où le sous-sol se montre à nu, afin de découvrir 
et de collectionner les fossiles, caractéristiques des terrains ; 
enfin de noter les localités les plus fossilifères, La géologie y 
gagnerait de pouvoir préciser exactement la délimitation de 
chaque terrain ; délimitation qui n’est pas toujours aussi nette 
et aussi indiscutable que pourrut le faire croire la vue d'une 
carte où d'un schéma géologique. 

(1) [1 paraît que le minerai de fer en roche qui fut extrait sur le territoire 


d'Osne pendant quelques années était un des plus riches du département. 
(Jolibois.) 


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Sur ARS du finege Alluvions 
—.— chemin 
Arabes: —— Portlsndien 
77/77 Néocomien 
MINI Uof/ithe 
: 
S débris du néocomien 
S poches ferrugineuses 
ÿ M 
S 
"& 


Coupe de À en 8 


Carte géologiquefdu territoire d’Osne. 


CHAPITRE XX 


La Fonderie du Val d’Osne 


Nous avons vu le prieuré du Val d'Osne, en 1700, prendre le 
chemin de Charenton et les religieuses bénédictines abandonner 
le vallon qu’elles occupaient depuis 560 ans ; nous avons dit que 
la maison fut vendue avec ses biens en bloc par le directoire du 
district de Joinville, le 5 juillet 1791, à cinq adjudicataires en 
commun, savoir : Louis Regnault le jeune, René Guillemin, 
Claude Demogeot, Cyriaque Chutin et Joseph Chutin, négo- 
ciants, demeurant à Osne, qui peu de temps après les aliénèrent 
en détail. | 

M. François Le Gendre, curé d’Osne, acheta, ou plutôt 
échangea contre ses propriétés privées, le couvent et le clos 
adjacent. Nous avons dit encore que ce mème abbé Le Gendre 
les céda le 1° thermidor an VIII (20 juillet 1800), juste un mois 
avant sa mort, à Jean-Baptiste-Cyriaque Martin, moyennant la 
somme de 12.000 francs. Enfin Me Marie-Jeanne Pirault, veuve 
de Cyriaque Martin, les revendit à son tour à M. Jean-Pierre- 
Victor André, pour en faire une fonderie d'art. L'acte de vente 
passé devant M° Regnier, notaire à Joinville, est du 11 octobre 
1834 et le prix d'achat de 40.000 francs. 

Depuis longtemps déjà avaient disparu les anciens bâtiments 
du couvent, la chapelle, les cellules, le réfectoire, etc. ; mais 
cette année les logements des fermiers, les granges, écuries, 
pressoirs, moulins, viviers, tout fut démoli, pour faire place à 
des hauts-fourneaux, à divers ateliers en bois et en fer, à de 
vastes hangars qui abriteront les mouleurs, à des collections de 
modèles en tout genre, à des magasins, enfin à une maison de 
maître pour les patrons. 

Désormais, le chant des anciennes religieuses sera remplacé 
par le bruit des marteaux frappant sur l’enclume, l’encens des 
cérémonies saintes par la fumée des hautes cheminées, et trop 


— 256 — 


souvent hélas ! le blasphème inconscient succédera à la psalmodie 
des prières liturgiques et aux oraisons pieuses des servantes du 
Seigneur. | 


* 
# 


M. Jean-Pierre-Victor André, homme de haute intelligence el 
de grande initiative, avait déjà dirigé des forges à Brousseval et 
à Thonnance-les-Joinville, avant de fonder la célèbre usine du 
Val d'Osne, et s’il est mort prématurément sans laisser de posté- 


Bâtiments de la fonderie d'art d’'Osne-le-Val. 


rilé, SON nom n'en à pas moins continué d’honorer l’industrie, 
dans la personne de son neveu, M. Ilippolyte André, mort en 
1891, à l’âge de 65 ans, commandeur de l'ordre pontifical de 
saint Grégoire-le-(Girand, maître de forges el maire de Cousances 
(Meuse); de M. Ernest André, son petit-neveu, actuellement 
encore directeur el propriélaire des mêmes fonderies de Cou- 
sances-aux-Forges ; de M"° veuve Chatel, née André, sa pelite- 
nièce, épouse du regretté directeur et co-propriétaire de l'usine 
de Bayard. 

C'est grâce à l’obligeance de M"° veuve Chatel, que nous 
pouvons donner le portrait du fondateur du Val d’Osne. Qu'elle 
en soit ici publiquement remerciée ! 


— 957 — 


La fonte d'ornement était inconnue avant M. Victor André. 
La fonte de fer se bornait à produire des tuyaux, des plaques et 
de la poterie. M. André créa de toutes pièces l’industrie de la 
fonte d'ornement. Il fit établir, par des artistes de mérite, des 
modèles de balcons, de balus- 
lrades, de panneaux, et parvint 
à remplacer le fer forgé dé- 
pourvu d’ornementation, à 
moins d'une dépense considé- 
rable, par une ornementalion 
riche, de bon goût, se pliant à 
loules les exisences de la dé- 
coration. 

Abordant le grand art, Mon- 
sieur André, et après lui ses 


successeurs, ne cessèrent de 
créer les modèles les plus riches 
en statues, vases, candélabres, . M. André, fondateur du Val d'Osne 
fontaines monumentales. 

Les artistes les plus célèbres : Mathurin Moreau, Liénard, 
Pradier, Carrier-Belleuse, Jacquemard, Isidore Bonheur, Dela- 
planche, Rouillard, Gautherin, Auguste Moreau, [ippolyte 
Moreau, Le Nordez, Diébolt, Serres, etc., etc., lui prêtèrent le 
concours de leur talent et l’aidèrent à former une collection 
unique au monde. 

Ce fut encore une bonne fortune pour le Val d'Osne, quand 
en 1878, après la mort de M. Ducel, autre industriel dans la 
fonte d'art, il put acquérir la collection choisie de l'usine de 
Pocé, collection moins importante que celle du Val d'Osne, 
mais remarquable en statues et surtout en articles religieux. Les 
deux collections se complétaient l’une par l'autre. Et puis elles 
s'augmentent tous les jours par la création de modèles nouveaux 
dans le goût du jour, et maintiennent comme valeur artistique 
la fonte de fer, au niveau des productions les plus artistiques du 
bronze. 

M. André était l’âme de son usine ; de la capitale où il habi- 
tait habituellement, il la dirigeait, la commandait, et souvent la 
visitait : 1} veillait à tout, se rendait compte de tout, inspirait 
out, On n'exagère pas en aflirmant qu'elle fut longtemps, sinon 


17 


—_ 258 — 


la seule, au moins la plus importante fonderie du monde, par le 
nombre et la variété de ses modèles, la perfection et le fini de 
ses objets d'art, l'intelligence et le goût de ses mouleurs et de 
ses ciseleurs. do. bien a-t-elle peuplé l'univers de ses statues 
profanes et religieuses. On y compte pas moins de 40.000 
modèles. Citons quelques-unes de ses productions en pièce 
battue : : 

Groupes Péqgases, en bronze doré, de 5"50 de haut, surmou- 
tant les pilônes en pierre du pont Alexandre IIT, par Granet el 
Steiner. | 

La Gloire, en bronze doré, par Granet, hauteur 550. 

La Renommée, en bronze doré, par Steiner. 

Stalue équestre du général Ioidjinks, par Carrier-Belleuse, 
hauteur # mètres. | | | 

Jeanne d'Arc équestre, grande nature, monument de Monte- 
bourg, par Math. Moreau et Le Nordez. 

Monument d'Alise, par Math. Moreau et Le Nordez.. 

Groupe du Travail, en bronze, monument des Girondins, 
pour la ville de Bordeaux, hauteur 350. 

Groupe de la Sécartlé, en bronze, monument des Girondins, 
hauteur 3250. . 

Grande figure de la Justice, en bronze, monument des Giron- 
dins, hauteur 5 mètres. 

Groupe de la Fraternité, en bronze, osent des Girondins, 
hauteur 350. 

Grande fiqure de la Paix, en bronze, ondnen fe Giron- 
dins, hauteur 5 mètres. | | 

Groupe de sir figures, de 2 mètres, en bronze, monument des 
Girondins. | | 

Grands chevaur-poissons, de 5 mètres, en bronze, monument 
des Girondins, par Debrie. 

Le Dénicheur d’Aigles, en bronze, grande nature, par Gossin. 
Salon de 1899. Ville de Paris. 

Groupe Surprise, en bronze, grande nature, par Perron. Salon 
de 1899, 

Monument du capitaine Géreaulr, pour Libourne, par Granet. 

Groupe supérieur du monument de Kossovo, en bronze, par 
Yovanovitch, hauteur 550. 

La Paix armée, monument pour la ie par Yovanovitch. 


—_ 259 — 


Diane et Endymion, en bronze, grande nature, par Damé. 
Salon de 1899. 

Monument de Don Manuel Belgrano. 

Monument du prince Miloch, par Yovanovitch. 

Monument Terrier, pour la ville de Dreux, par Marx. 

Monument Rochambeau, pour l'Amérique, par Iamard, hau- 
leur 320. 

Monument Jacques Cartier, pour la ville de Saint-Malo, par 
(r. Bareau, hauteur 2260. 

Les Soutiens du monde, par Bartholdi. 

Hommes d'armes, du palais fédéral de Berne, par James” 
Vibert. 

Marguerite d'Anjou, pour la ville d'Angers, par Mathurin 
Moreau, hauteur 320. 

Grand groupe de l’Arcade, du 75° anniversaire de l’Indépen- 
dance de la Belgique, à Bruxelles, par Vander-Stoppen, des 
Enfants et de Groat. 

Monument de de -J, Rousseau, à Montmorency, par Carrier- 
Belleuse. 

Monument de Salta, élevé à la mémoire de l'Indépendance dle 
la D EN Argentine, par de Grégorio. 

Les Vasques de Londres, fontaine géante. 

Les statues des Cascades du Trocadéro. 

La Vierge de Rome, pour la République du Chih; hauteur 
12 mètres, poids 40.000 kil., etc., etc. 

Nous ne pouvons résister à la tentation de citer encore quel- 
ques-unes des pièces curieuses, qui nous ont le plus frappé, 
dans la riche galerie des modèles : 

C'est la s{atue du Laocoon, groupe antique du musée du 
Vatican ; c’est le Valet des chiens, par Jacquemart ; le Piqueur 
à cheval, par Le Nordez; Mercure, par Rochet; le Christ, de 
Boucharden, grande nature; les Nyvmphes à la fontaine, par 
Carrier-Belleuse ; le Berger Phorbas, avec son nouveau-né dans 
les bras ; la Vénus de Milo ; le Fusilier et le Zouave du pont de 
l’'Alma, par Diebolt ; la Diane chasseresse, antique ; le Moïse de 
Michel-Ange ; le Gladiateur mourant, antique; Les Lutteurs, 
antique du musée.de Florence : un Neptune colossal; la Vénus 
d'Arles ; Polymnie, antique ; une Amazone, antique : Christophe 
Colomb, hauteur 5 m.:; Persée tenant la tète de Méduse qu'il 


— 260 — 


vient de couper, antique; Silène donnant à boire à Bacchus 
enfant ; Griffons divers ; la Justice, le Centaure, la Naviga- 
lion, la Science, l'Industrie, l'Art, les quatre Saisons, Îles 
trois Grâces ; Jason liant sa sandale; Groupes de Sangliers, 
des Taureaux, des Cerfs, des Biches, un Paon; le Loup et 
l'Agneau ; un Caïman; la Chèvre à la Ruche; le Lion et 
le Serpent; le Lion et le Crocodile ; Chevreuil attaqué par des 
Chiens ; Aigles divers ; Lions divers; Tigres; Lionne tenant 
un lionceau dans sa gueule ; Statues religieuses en tous genres : 
Sacré-Cœur, Vierges-mères, Inmaculées colossales, Vierge de 
Munillo, hauteur # m.; N.-D. de Lourdes, St Pierre, St Paul, 
St Antoine de Padoue, S' Louis de Gonzague, St Nicolas, 
St Eloy, Se Madeleine, S" Marie-Egvptienne, S5 Martyrs, 
Evèques, etc., etc. Et nous en omettons beaucoup. 

Si ces milliers de statues étaient placées sur des socles appro- 
priés et séparées de quelques pieds, elles formeraient des lignes 
de plusieurs kilomètres et offriraient, aux yeux des spectateurs 
ravis, la plus belle exposition mondiale. Aussi, grâce à la bien- 
veillance de la direction de l'usine, de nombreux visiteurs se 
donnent la satisfaction de parcourir cette incomparable galerie 
el en sortent émerveillés. 

La Société possède dans Ia Capitale, au siège social, 58, bou- 
levard Voltaire, de superbes magasins remplis de modèles les 
plus riches et les plus variés, en même temps que des plus artis- 
tiques, soil en bronze, soit en fonte d'art. Nous y avons admiré 
une église entière, nous voulons dire tout son mobilier : autel, 
retable, statues, christ, chaire à prècher, appuis de communion, 
fonts baptismaux, stations de chemin de croix, bénitiers, chan- 
deliers, candélabres, lustres, girandoles, etc. 


Voici les principales récompenses obtenues par le Val d'Osne 
dans les diverses expositions ou les concours : 


Paris 1834, médaille de bronze. 

Paris 1839, médaille d'argent. 

Paris 1844, médaille d’or. 
Paris 1849, médaille d'or. 


Londres 1851, council medal, 


— 261 — 


Paris 1855, médaille d'honneur. 
Bordeaux 1859, diplôme d'honneur. 
Montpellier 1860, médaille d'honneur. 
Troyes 1860, médaille de vermeil. 
Besançon 1860, hors concours. 
Londres 1862, council medal. 
Nice 1865, diplôme d'honneur. 

Porto (Portugal) 1865, médaille d'honneur. 
Paris 1867, médaille d'or. 
Lvon 1872, diplôme d'honneur, 
Santiago 1875, premier prix. 
Paris 1878, grand prix deux médailles d'or, \ 
Melbourne 1879, médaille d'argent. 
Bruxelles 1880, diplôme d'honneur. 
Amsterdam 1883, diplôme d'honneur. 
Paris 1889, hors concours, membre du jurv. 
Bordeaux 1895, grand prix. 
Paris 1900, hors concours, membre du jurv. 


À l'exposition de 1844, M. André, à qui le jury décerna une 
médaille d’or, fut décoré par le roi Louis-Philippe en personne ; 
el certes jamais croix ne fut mieux méritée dans le travail, l'art 
el l’industrie. Malheureusement il mourut dès 1851. 

Mine veuve André, par ses directeurs, continua à faire mar- 
cher l'usine pendant 4 ans ; mais, en 1855, elle la vendit plus de 
deux millions à une société en commandite qui avait pour tre : 
« Société Barbezat et Ci, de 1855 à 1867; puis Société Four- 
ment, Houillé et Ci*, de 1867 à 1870 ; el, depuis celte époque, 
elle porte le nom de Société Anonyme des Fonderies d'Art du 
Val d’Osne ». 


Le Conseil d'administration qui dirigea la Société de 1870 à 
1892 commit, par imprévoyance et par défaut du sens des 
affaires, bien des fautes qui alourdirent financièrement la marche 
de la Société. 

Aussi, en 1892, un groupe important d'actionnaires, à la tête 
duquel se trouvait M. Charles Hanoteau, provoqua-t-il le rem- 
placement de ce Conseil d'administration, M, Charles Ifanoteau, 


— 26) — 


industriel, juge au tribunal de commerce de la Seine, nouvel 
administrateur-délégué élu par le nouveau Conseil, apporta 
immédiatement, avec la grande énergie et le sens pralique le 
plus avisé, toutes les réformes nécessaires et donna en quelques 
mois une impulsion nouvelle aux affaires de la Société. 

Il ne s’occupa pas seulement des intérèts de la Société, mais 
aussi de ceux des ouvriers et du personnel, pour lesquels 1l 
créa une caisse de retraite sur FEtal qui, alimentée uniquement 
des deniers de la Société, peut être considérée actuellement 
comme un modèle du genre, par les dispositions larges el géné- 
reuses qui assurent à lout emplôvé et à toul ouvrier, pour ses 
vieux jours, une importante retraile incessible el insaisissable, 
mêine s’il quitte l'usine, et sans demander le moindre versement 
au personnel. 

En dehors de tous les services qu'il a rendus au Val d'Osne, 
celle institution suflirait à elle seule à honorer grandement 
M. Charles Hanoteau. 

En 1895, 1l passa les pouvoirs d'Administrateur-Délégué à 
son fils, M. Henri Ilanoteau, insénieur des Arts et Manufac- 
tures, qui dirige encore actuellement la Société, en s'inspirant 
des bonnes traditions paternelles. 


Voici la liste des directeurs du Val d'Osne : 


1° M. Perron, dans les trois ou quatre premières années ; | 

2° M. Charles Froideau, neveu par alliance de M. André ; il 
mourut le 27 août 1846, à l’âge de 347 ans, et fut inhumé au 
cimetière d'Osne, ainsi que son épouse, Charlotte-Caroline Rou- 
remas, décédée le 25 octobre 1855, âgée de 35 ans : 

3 M. Grosjean, de 1846 à 1859 : 

49 M. Barbier, de 1855 à 18556 ; 

5° MM. Mauclère et Marv, de 1856 à 1864 : 

6° M. Mauclère, seul, de 1864 à 1866 ; 

39 M. Carénou, sorti de l'Ecole Centrale, de 1866 à 1867 ; 

8° M. Mary, seul, de 1867 à 1892 ; 

9 M. Vigneron, de 1892 à 1902 ; 

10° M. Moulun, depuis 1902. 


— 263 — 


En 1856, M. Barbezat, administrateur-délégué, agrandit con- 
sidérablement lusine, Hit de vastes constructions, ajouta un 
second haut-fourneau, réalisa pour un temps la prospérité et vit 
affluer des cinq parties du monde les commandes que l'on ne 
suffisait plus à satisfaire ; il fallut en faire exécuter dans d'autres 
usines des environs. C'était vraiment l'ère de l'apogée du Val 
d'Osne, qui n'avant point ou peu de concurrents, vendait au 
prix qu'il voulait. 

Mais l'intelligent industriel qu'était M. Barbezat, grisé par le 
succès, dépassa peut-être les bornes des dépenses modérées et 
entlelta ainsi la Société, dont les actions baissèrent et ne renion- 
tèrent plus depuis celte époque. 

M. Barbezat n'en eut pas moins de grands mérites, que lui 
reconnul la Société, en donnant à sa mort son nom à la rue des 
maisons du Val d'Osne que, du reste, il avait fait construire 
lui-même pour loger les nombreux ouvriers de son usine. 

Notre devoir d’historien impartial nous oblige d'ajouter qu'il 
eut aussi le tort d'être trop ardent prosélvte de sa confession 
luthérienne, en faisant occuper toutes les places de bureaux et de 
chefs de chantiers par ses coreligionnaires, et en introduisant 
méme de nombreux protestants dans le pays. Osne n’en compta 
pas moins de 200 dans un moment {1}, ce qui ne pouvait man- 
quer d'amener des désordres de plus d’un genre. 

C'est ainsi qu'en 1866 le directeur Carénou était de la religion 
réformée, alasi que le comptable Schreud et ses fils employés, 
el Gillotin, et d’autres que nous oublions. On prète même à 
M. Barbezat l'intention de protestantiser toute l'usine si Dieu 
lui eut accordé une plus longue vie, 

La présence de ces nombreux hérétiques, la plupart de natio- 
nalités étrangères, amena nécessrirement dans la paroisse des 
divisions et ne fut pas une des moindres causes de la décadence 
de la Religion et, partant, de la morale que nous déplorons 
aujourd'hui. | | 

Les disciples de Luther et de Calvin <e réunissaient, pour le 
préche ct autres cérémonies dé leur culle, dans une chambre 
située dans les jardins du bout-haut, entre la grande Rue et la 


{li La colonie ouvrière du Val d'Osne est très bien organisée et nous ne 
devons pas négliger de remarquer que la plupart de ses membres sont protes- 


tants. (Jolibois, 1858.) 


__ DG4 — 


rue Haute. Le minisire qui desservail ce temple improvisé et 
plus que modeste, venait de Joinville. 

Une école protestante fonctionna également pendant une 
dizaine d'années environ et servait pour les enfants des deux 
sexes. Elle était tenue par une dame Vallette, dont le mari 
devint chef des pompiers. Mais la conduite déplorable de celui-ci 
provoqua la démission de toute la compagnie et entraina la fer- 
meture de l’école. C'était vers 1887. 


& 

Si la fonderie du Val d’Osne, à l'instar de toutes les usines, 
occupe parfois des ouvriers peu stables, plus ou moins nomades, 
voire de vrais chevaliers errants, qui partent à la cloche de bois 
et font le désespoir des pelils commerçants, on doit à la vérité 
d'ajouter qu'un nombre respectable d'hommes sérieux Y passent 
la plus grande partie de leur vie laboricuse. Enfants de 12 ou 14 
ans, ils ont débuté par le compagnonnage et l'apprentissage, ils 
se sont perfectionnés dans le moulage, dans l'ajustage, dans la 
ciselure. Les uns transforment, ou du moins transformaient 
jadis, le minerai en fonte malléable, d’autres la transportent 
liquide et incandescente dans les moules qu'ils ont préalable- 
ment préparés avec grand soin; ceux-ci martèlent le bronze, 
ceux-là alimentent ou dirigent les machines à vapeur ou les 
forces hydrauliques. Il en est d’autres qui transpoment sur des 
wasonnels les objets d'art à peine refroidis et sortis des moules 
fumants. Ces statues passent par la raperie pour y laisser les 
sables adhérents, par les ateliers des ciseleurs pour y être 
ébarbées et rognées ; elles sont enfin conduites au pinceau des 
peintres qui doit leur donner le ton de la pierre, du marbre ou 
du bronze antique, voire de l'or et de l’argent. Il n’est pas jus- 
qu'aux femmes, aux enfants et aux vieillards, qui ne trouvent 
dans ce centre industriel, quelqu'emploi rémunérateur propor- 
tionné à leurs forces et à leurs aptitudes. 

Combien d'ouvriers actifs pourraient y célébrer leurs noces 
d’or du travail! Aussi bien la médaille d'encouragement et le 
petit nœud de ruban tricolore sont-ils venus dire à un grand 
nombre la satisfaction du gouvernement et les proposer à l’nmi- 
lation de camarades plus jeunes. Honneur à ces vétérans du 


— 265 — 


travail et de la régularité ! Leurs noms sont dignes de passer à 
la postérité. Voici ceux que nous avons pu recueillir dans la 
commune, il en est certainement d’oubliés : 


MM. 
Edmond Guyot. 
Théophile PiaulL. 
Pierre Luther. 
Louis Martin. 
Nicolas Engler. 
Pierre Engler. 
Ernest Mourot. 

Auguste Mourot. 
François Thomas. 
Joseph Frèchard. 
Zéphirin Lucot. 

Eugène Defer. 

Jules Vidot. 

Auguste Martin. 

Alfred Lhuillier. 

Jules Drouot. 

Nicolas Gasmann, 

Nicolas Voillaume. 

Léon Regnault. 

Jean-Baptiste Hanin. 

Théophile Bardel. 

Jules Millet. 

Apollon Saleur. 

Paul Choler. 

Georges Schænher. 

Alexis Tharasse, 


MM. 


Gustave Gérard. 
Ulysse Mathieu. 
Charles Klein. 
Nicolas Thil. 
Désiré Martin. 
ITippolvte Millot, 
Léon Claudin. 
Auguste Demassey. 
Hippolyte Mary. 
Alphonse Gigard. 
Gustave Lombard. 
Auguste Florentin. 
Adolphe Leclerc. 
Jules Martin. 
Alexandre Eternot. 
Michel Thomas. 
Louis Reinhart. 
Joseph Pasteur. 
Jules Thérien. 
Charles Muller. 
Joseph Pasteur, 
Victor Berthel. 
Valère Linard. 
Jules Baudin. 
mile Fnius. 


Si la fonderie du Val d'Osne, comme bien d’autres sociétés 
industrielles, a subi il y a quelques années une crise financière, 
elle en est sortie victorieuse, et aujourd’hui encore elle occupe 
plus de 200 ouvriers, et a du travail pour en occuper un plus 
grand nombre, si elle pouvait en trouver. Quoi qu’en divers 


— 266 — 


lieux el Jusque dans la région, des fonderies analoyues se sont 
élevées, produisant des fabrications similaires, cependant, chau- 
vinisme à part, il nous semble qu'on chercherait en vain ailleurs 
le finr et la perfection des détails rencontrés au Val d'Osne. C'est 
du moins notre humble avis. Du reste les premières récompenses 
oblenues dans loutes les expositions, viennent confirmer nos 
dires ct les rendre indéniables. Jusqu'alors, el peut-ètre en sera- 
t-il encore ainsi pendant de longues années, cette superbe fon- 
derie est et demeure sans’ rivale sérieuse. 

L'usine à une caisse de secours, alimentée en partie par Fou- 
vrier, dans des apports mensuels, et en partie par la Société. 

Celle caisse vient en aide à la victime d'un accident ou d’une 
maladie ; elle prie les remèdes et les frais de médecin aussi bien 
que ceux des funérailles. Son Conseil est composé d'ouvriers. 

Une autre caisse de bienfaisance, alimentée exclusivement des 
dons personnels de l'Administrateur-Délésué, vient en aide aux 
infortunes spéciales que la caisse de secours muluels ne peut 
pas secourir, Où ne peut secourir qu ‘impar faitement. 

Enfin, comme nous l'avons dit plus haut, une caisse de retraites 
fondée par M. Charles Hanoteau et conlinuée et développée par 
M. Henri Hanoteau, l'Administrateur-Délégué actuel, donne à 
tout emplové el à lout ouvrier, sans exiger d'eux aucun verse- 
ment, la certitude d’une vieillesse à l’abri du besoin, 

Une coopérative fournit au plus bas prix les produits alimen- 
laires à chacun de ses membres, qui partagent même les béné- 
lices. Des logements sont fournis aux familles d'ouvriers qui le 
désirent, à des prix de location raisonnables. Donc le côté 
à désirer. Puisse-t-1} en être de 
même pour le moral et le relisieux ! C'est le vœu le plus ardent 


matériel ne laisse rien ou peu 


de celur qui éerit ces lignes. 


2.96%. 


CHAPITRE XXI 


Statist.ques diverses 


Notre époque est sans contredit une époque de découvertes, 
d'inventions géniales, de lravaux scientifiques. Depuis quelques 
années, que de nouvelles merveilles trouvées dans les forces de 
la nature, et plus ou moins insoupçonnées jusqu'alors: C'est le 
ralium, avec sés étonnants effets ; c’est la télégraphie et la télé- 
phonie sans fil; c'est l’avialion, avec ses dirigeables, ses aéro- 
planes, ses monoplans, ses biplans et autres instruments ailés ; 
c’est l’art de voir à travers les corps opaques, avec les rayons X; 
celui d'enregistrer et de reproduire les sons par le phonographe, 
le graphophone, le #ramophone, etc. ; el où s'arrêtera le génie 
humain ? | 

Mais ne peut-on,pas dire aussi el avec non moins de vérité, 
que notre temps est aux statistiques. On veut tout compter, tout 
soupeser, afin de tout régler. Bien que M. Thiers ait dit de la 
statistique : « C’est l’art de préciser ce qu'on ignore », on ne 
peut nier qu'elle a du bon. 

Pour nous mettre à l’unisson, faisons aussi des chiffres, et 
efforçons-nous d'être le moins inexact possible. Et d'abord : 


JL — MouvEMExNT DE LA POPULATION 


Pour uue campagne, le nombre des habitants d’Osne est rela- 
livement élevé et le fut, ce nous semble depuis longtemps, ce 
qui lui eut mérité facilement le nom de bourg ou au moins de 
bourgade. 

Mais avant les recensements ofliciels par têtes, quel était le 
chiffre exact de la population? il serait diflicile de le dire ; on 
ne peut que le supputer, d’après les notes qui nous restent. 

« Dans l'ancien régime, dans les recensements ofliciels, 
comme dans les décisions relatives à la répartition des tailles 


— 268 — 


entre les localités, dit Albert Babeau, on ne comptait pas la 
population par têles, mais par feux, » 

En 1626, il y avait à Osne, selon le procès-verbal de visite 
épiscopale de cette année, que nous avons rapporté, 200 feux el 
500 communiants. Nous savons d'autre part que dans les années 
1628, 1629 et 1630, 1l y eut respectivement 517, 520 et 530 
communions pascales accusées par M. le curé. Ces données sont 
l'indice d’une agglomération assez nombreuse pour une cam- 
pagne. [Il nous semble qu’en supposant tous les adultes ou à peu 
près, remplissant le devoir pascal, eu égard à la natalité prolixe 
de l’époque, on peut sans exagéralion, doubler à peu près le 
nombre des habitants. 

Voici, au sujel de la natalité, une petite statistique qui devrait 
faire monter le rouge au front des chefs de familles de notre 
l'rance moderne : elle est tirée du registre de catholicité, signé : 
J, Iosdier. 


Années Raptèmes Mariages Décès 
1614 30 8 15 
1615 31 y) n 
1616 26 3 8 
1617 28 10 10 
1618 44 4 9 
1619 39 8 6 
1620 28 (Ù 4 
1621 29 0 2 
1622 29) (Ù À 
1623 D 7 2 

Fotaux 305 97 80 


La movenne de ces dix années est donc de 30 naissances 1/2 
et de 8 décès. Que lan compare les chiffres d'aujourd'hui, dont 
les décès surpassent les naissances, et lan aura la mesure de la 
décadence des mœurs. Et puis, la France se suicide en suppri- 
mant les berceaux ; si elle persévère dans cette voie néfaste, 
c'est Ia mort à brève échéance. 


Le registre du receveur des impôts rovaux en 1789, nous 
donnera sinon le nombre de la population entière, au moins 
celui des chefs de familles ; je crois devoir le copier in ertenso, 


—_ 269 — 


malyré sa longueur, il aura l’avantage de rappeler les noms des 
familles de l’époque, familles qui pour la plupart subsistent 
encore. Voici la pièce telle qu’elle se comporte : 


« Rolle et répartition et dénombrement de tous les manans el 
habitants de la communauté d’Osne-le-Val qui sont tenu et 
obligé de payer annuellement pour droits seigneuriaux une 
somme de cinquante livres que le sindic en exercice est obligé 
de prélever sur tous les dits habitants et de remettre ladite 
somme entre les mains de son Receveur et en outre une poule 
que chaque particulier habitant doit payer au dit Receveur, et 
tous les forains chaquin la somme de sept sols et dix deniers : 


1. François Millot, une poule. 
2. Claude Hanin, une poule. 
3. François Guillaume, une poule. 
4. Charles Charpentier, une poule. 
5. La veuve Hubert Raguin, une demv-poule. 
6, Jean Regnault, une poule. 
7. Nicolas Demogeot, une poule. 
8. Jean Charles, une poule. 
9.  Cryriac Bouillot, une poule. 
10. Joseph Bouillot, une poule. 
11. Joseph Guyot, une poule. 
12. Jean Brigand, une demy-poule. 
13. Jean Raguin, une demy-poule. 
14, La veuve Sébastien Piault, une demy-poule. 
15. Joseph Tnilfaut, le jeune, une poule. 
16. Joseph Triffaut, l'aîné, une poule. 
17. Louis Regnault, une poule. 
18. Sébastien Regnault, une poule. 
19. Catherine Regnault, un quart de poule. 
20. Elisabeth Bouillot, un quart de poule. 
21. Jean Bouillot, une poule. 
22. Joseph Bouillot, une poule. 
23. La veuve Cvriac Bouillot, une demy-poule. 
24. Marie Bouillot, uu quart de poule. 
25. Cvriac Haguinier, une poule. 
26. Marguerite Charles, un quart de poule. 
27. François Regnaull, une poule. - 


DRAM S RS 
EL = © 


= Ce 


— 25) — 


Cyriac Chutlin, une poule. 

Joseph Chutin, une poule. 

Joseph Regnault, une poule. 

Jean Brnigand, une poule. ” 
Pierre Barthier, une poule. 

Cyriac Triffaut, une poule. 

Joseph Piault, une poule. 

Marijeanne Triffaut, un quart de poule. 
Pierre Thiébaut, une poule. 

Antoine Demandre, une poule. 

Claude Regnault, une poule. 

La veuve Ianin-Gauthier, une demy- poule. 
Etienne Viard, une poule. 

Ciriac Viard, une poule. 

Claude Viard, une poule. 

Joseph Regnault, une poule. 

Jeanne Bouillot, un quart de poule. 
Nicolas Garon, une poule. 

La veuve Claude Debard, une demy-poule. 
Nicolas Debard, une poule. | 
François Lahalle, une poule. 

Nicolas Barthier, une demy-poule. 

Claude Barthier, une poule. 

La veuve Joseph Barthier, une demy- poule. 
Anne Piault, un quart de poule. 

François Piault, une poule. 

Joseph Thiébaut, une poule. 

Joseph Mauloy, une demy-poule. 

La veuve Jean Mauloy, une demy-poule. 
La veuve Nicolas Piault, une demy-poule. 
Firmin Saleur, une poule. 

Ciriac Mourot, une poule. 

Marguerite Charle, un quart de poule. 
Marie Triffaut, un quart de poule. 
François [fanin, une poule. 

Ciriac [oudier, une poule. 

Jean Vincent, une poule. 

Henriette Vincent, un quart de poule. 
Pierre Guyot, une poule, 


SH SU SE SU ST SI 
ph 


Œ Œ Œ L 
=ÉÈRRÉ 


8. 
86. 
85. 
88. 
89. 
90. 
91. 
92, 
93. 
94. 
93. 
96. 
97. 
98. 
99. 
100. 
101. 
102. 
103. 
104. 
105. 


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Lan) 
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C2 


role 


Marijeanne Gauthier, un quart de poule. 
l'rançois Gauthier, une demv-poule. 
Joseph Triffaut, une poule. 

Jean Regnaull, une poule. | 

La veuve Nicolas Piault, une demy-poule. 
Jean Regnault, une poule. 

Ciriac Piault, une poule. | 
Henriette Regnault, un quart de poule. 
Louis Regnault, une poule. 

Nicolas Regnault, une poule. 


Claude Bertrand, une poule. LE 


Claude Gauthier, une poule. 

Jean Thomas, une poule. 

Thoussaint Aubry, une poule. 

La veuve Nicolas Aubrv, une demy-poule. 
Jean Millot, une poule. 

Menge Regnaull, une poule. 

François Regnault, une poule. 

Claude Millot, une poule. 

Joseph Ilance, une demy-poule. 

Claude Hance, une demy-poule. 

Sébastien Hance, une demy-poule. 

Pierre Hance, une demy-poule. 

Joseph Lahalle, une poule. 

Jeanne Brigand, un quart de poule. 
Claude Tharasse, une poule. 

Louis Regnault, une poule. 

Claude Bertrand, une poule. 

François Charle, une poule. 

La veuve François Gauthier, une demy-poule. 
Michel Buret, une poule. | 
Claude Charle, une poule. 
Simon Reynault, une poule. 
Louis Regnaull, une poule. 
Nicolas Guyot, une poule. 
Ciriac Lahalle, une demy-poule. 
Anne Piault, un quart de poule. 


“Sébastien Piault, une poule. 


La veuve Sébastien Buret, une demy-poule. 


106. 
107. 
108. 
109. 
110. 
111. 
112. 
113. 
114. 
115. 
116. 
117. 
118. 
119. 
120. 
121. 
122: 
123. 
124. 
125. 
126. 
127. 
128. 
129. 
130. 
131. 
132. 
133. 
134. 
1:39. 
136. 
137. 
138. 
139, 
140. 
141. 
142. 
(43. 
141. 


— 272 — 


Jean-Baptiste Millot, une poule. 

Michel Tharasse, une poule. 

La veuve Nicolas Piaull, une demv-poule. 
Cyriac Martin, une poule. 

François Colson, une poule. 

Pierre Beuret, une poule. 

Nicolas Demogeot, une poule. 

François Beuret, une poule. 

Pierre Piault, une poule. 

François Gauthier, une poule. 

La veuve Claude Piault, une demv-poule. 
Pierre Charle, une poule. 

Ciriac Martin, une poule. 

Joseph Lantonet, une demy-poule. 
François Martin, une demy-poule. 

La veuve Jean Guvot, une demy-poule. 
Réné Burel, une poule. 

La veuve Henry Plique, une demv-poule. 
Nicolas Plique, une demv-poule. 

La veuve Pierre Bouillot, uuc demv-poule. 
Anne Bouillot, un quart de poule. 

La veuve Jean Tharasse, une demy-poule. 
La veuve Nicolas Demogeot, une demx-poule. 
François Demogeot, une poule. 

Claude Millot, une poule. 

La sœur d'écolle, une demy-poule. 
François Plique, une poule. 

Ciriac Vincent, une poule. 

Antoine Thomas, une poule. 

Ciriac Thomas, une poule. 

Louvent Thomas, une poule. 

La veuve Vincent Bardel, une demv-poule. 
Nicolas Bardel, une poule. 

Joseph Bardel, une demy-poule. 

Ciriac Regnault, une poule. 

Réné Bardel, une poule. 

Joseph Berthel, une poule. 

Joseph Bardel, une poule. 

Antoine Piaul(, une poule. 


145. 
146. 
147. 
118. 
149. 
150. 
151. 
152. 
153. 
194. 
155. 
156. 
157. 
158. 
159. 
160. 
161. 
162. 
163. 
164. 
165. 
166. 
167. 
168. 
169, 
10. 
171. 
172, 
173. 
174. 
179. 
176. 
175. 
178. 
179. 
180. 
181. 
182. 
1N3. 


— 273 — 
Jean Demoseot, une poule. 


François Burel, une poule. 
La veuve François Doulot, une demv-poule. 


Ciriac Lahalle, une demy-poule. 


Jean-Baptiste Lahalle, une demy-poule. 
Claude Coquard, une poule. 
Auguste Demassai, une poule. 
Hubert Piault, une demy-poule. 
Ciriac Piault, une demy-poule. 
Anue Piault, un quart de poule. 
Jean Tharasse, une poule. 

Gaspar Denis, une poule. 

Joseph Thiébaut, une poule. 

Ciriac Brigand, une poule. 

François Buret, le jeune, une poule. 
Nicolas Guillaumet, une poule. 
Réné Demogeot, une poule. 

Pierre Burcet, une poule. 

Ciriac Buret, une poule. 

Réné Colson, une poule. 

Claude Vincent, une poule. 

Jacques Berthel, une poule. 
Jean-Baptiste Charle, une poule. 
Marie Millier, un quart de poule. 
Louis Mauvage, une poule. 
François Martin, une poule. 

Nicolas Leconte, une poule. 
Marianne Leconte, un quart de poule. 
Claude Lahalle, une poule. 

Joseph Brigand, une poule. 

La veuve Antoine Charle, une demv-poule. 
Jean Coquard, une poule. 

Jacques Demogeot, une poule. 
Claude Demogeot, une poule. 
Nicolas Charle, une poule. 
Sébastien Martin, une poule. 


La veuve Sébastien [Iaguinier, une demv-poule. 


Claude Guyot, une poule. 
l'rançois Millet, une poule. 


18 


181. 
185. 
186. 
187. 
188. 
189. 
(90. 
191. 
192. 
193. 
194. 
195. 
196. 
197. 
198. 
199. 
200. 
201. 
202. 
_ 203. 
204. 
205. 
206. 
207. 
208. 
209. 
210. 
211. 
212. 
213. 
214. 
215. 
216. 
217. 
218. 
219. 
220. 
221. 
209: 


— 274 — 


Ciriac Vincent, une poule. 

Joseph Gérardin, une poule. 

Louis Jacobé, une poule. 

La veuve François Demogeot, une demy-poule. 
Antoine Debard, une poule. 

Réné Guillemin, une poule. 

Ciriac Demogeot, une poule. 

La veuve François Brigand, une demy-poule. 
La veuve Claude Mourot, une demy-poule. 
François Mourot, une poule. 

Anne Mourot, un quart de poule. 

Claude Lahalle, une poule. 

Nicolas Demogeot, une poule. 

Ciriac Coquart, une poule. 

La veuve Bernard Regnault, une demy-poule. 
La veuve Nicolas Leconte, une demy-poule. 
Nicolas Leconte, une poule. 

La veuve François Leconte, une demy-poule. 
Jeanne Demogeot, un quart de poule. 

Pierre Demogeot, une poule. 

‘La veuve Pierre Henrion, une demy-poule. 
Claude Houdier, une poule. 

Joseph Houdier, une poule. 

Claude Mourot, une poule. 

Joseph Berthel, une poule. 

Nicolas Thiébaut, une poule. 

Michel Bardel, une poule. 

Nicolas Millot, une poule. 

Jean Charle, une poule. 

Jean Buret, une poule. 

François Demogeot, une poule. 

Ciriac Demogeot, une poule. 

Joseph Brigand, une poule. 

Simon Bardel, une poule. 

La veuve Jean Bardel, une demy-poule. 
Marguerite Bardel, un quart de poule. 
Joseph Houdier, une poule. 

Claude Demogeot, une poule. 

Nicolas Charle, une poule. 


— 275 — 
223. François Demogeot, une poule. : 
224. François Millot, une poule. 
225. Charles Bassemont, une poule. 
226. François Bassemont, une poule. 
227. Aubin Martin, une poule. 
228. Claude Demogeot, une poule. 
229. Claude Périn, une poule. 
230. La veuve Réné Lantonet, une demy-poule. 
231. François Berthel, une poule. 
232. Joseph Demogeot, une poule. 
233. Joseph Demogeot, une demy-poule. 
234. Catherine Raguin, un quart de poule. 
235. Monge Brigand, une poule. 
236. Laurent Fournier, une poule. 
237. François Berthel, une poule. 
238. Ciriac Guillaumé, une poule. 
239. La sœur d’écolle, une demy-poule. 
240. Anne Coquard, un quart de poule. 
241. Henriette Demogeot, un quart de poule. 
242, Pierre Périn, une poule. 


FoRraIxs 


MM. Colson de Rainel, et puis : 
Ciriac Demogeot 
François Demogeot 
Jean Regnault . 
François Coquard . 
Marie Coquard. 


Jean Coquard . 
François Regnault. 
M° Margot . 

Louis Berton 
Claude Demogeot . 


Michel Bardel . 


La veuve Claude Mourot . 


François Millot. 
Jean Coquard . 
Claude Coquard 


Curiac Brigand. 


7s. 6 c 
7 6 
1 6 
7 6. 
7 6 
1 — 6 
1 — $ 
7 — 6 
4 — 6 
7 — 6 
1— 6 
1 — 6 
5 — 6 
7 — 6 
1 — 6 
1 — 6 


MM. Jean Tharasse .  . . . . . . . . ss. .6d. 
Claude Tharasse .  . . . . . . . 7 — 6 — 
François Colson _. . . . . . …. …. 7 — 6 — 
François Buret.  . . . . . . . .  1—56— 
Nicolas Bardel.. . . . . . . . . 7 — 6 — 
Joseph Houdier _,. . . . . . . . 7—6— 
Joseph Triffaut. . . .. . . . . . 7T—56— 
Claude Lahalle. _ . . . . . . . .  7—6— 


Le présent Rolle fail par moi Ciriac Martin receveur du 
domaine, demeurant au dit Osne, contenant tous les habitants 
de la paroisse d'Osne et forains qui sont redevables audit 
domaine pour l’année dix-sept cent quatre-vingt-neuf. 

Signé : \IARTIN. 


Vu le présent Rolle en deux feuilles de grand papier, nous 
disons qu'il sera exécuté selon sa forme et teneur ; en consé- 
quence que les ÿ dénommés seront chacun à leur égard contraints 
par loutes les voves de droit au paiement des sols et deniers y 
portés de ce. | 

Donné en notre Hôtel le 18 may 1790. 


Signé » Barey DE JoINViLee. 


D'après la liste de ces chefs de ménage, il devait y avoir dans 
la paroisse environ un millier d’âmes, car les enfants étaient 
nombreux. 


A remarquer dans ce tableau : 

1° Que les veuves v figurent au nombre de 32, les vieilles 
lilles dans leurs ménages privés au nombre de 23, et les garçons 
au nombre de 19 ; 

2 Que les deux sœurs d'école, qui ne sont point autrement 
désignées, sont Laxées à l'instar des veuves, d'une demy-poule. 
tandis que les vieilles filles ne paient qu'un quart : 

3 Que les noms patronvmiques les plus souvent répétés sont 
ceux de Demogeot 24 fois, de Regnault 21 fois et de Piault 19 
fois. C'étaient donc alors les familles les plus nombreuses ; 

4 Que le prénom de Ciriac que portaient un grand nombre 
d'hommes, s'explique quand on sait que saint Cvriaque est le 
principal Uitulaire de Féglise d'Osne, et que celui de Nicolas qui 


ON 
= 11) 


est aussi fréquent, vient de l’ancienne chapelle spéciale dédiée 
à Osne au saint évêque de Mrvre, chapelle qui avail jadis ses 
revenus el son chapelain. Ces deux saints élaient en grande 
vénéralion et confiance dans la paroisse ; 

5° Que l’ordre d'inscription des chefs de familles est sans 
doute celui de leurs habitations respectives ; ce qui nous le fait 
supposer, ce sont les noms des frères et sœurs qui, en plusieurs 
endroits de la liste, se succèdent immédiatement et indiquent 
une demeure sinon commune au moins voisine. 


Voici maintenant, d'après les recensements officiels, les 
nombres que nous avons rencontrés dans les divers annuaires 
de la Taute-Marne, que nous avons pu découvrir : 


Années Habitants Années Habitants 
1804 940 1866 1623 
1806 954 1872 1540 
1808 993 1876 1503 
1833 992 1881 133 
1837 992 1886 1178 
1841! 1180 1891 045 
1846 1216 1896 800 
1851 1260 1901 30 
1856 1272 1906 820 
18061 1504 911 302 


À noter que le mouvement ascendant de la population indique 
les époques les plus florissantes et les plus lucratives de l'usine 
du Val d'Osne, ainsi que la création de fa fonderie de Messieurs 
Saleur, comme le mouvement descendant, constaté spécialement 
vers 1880, vient de la fermeture de cette dernière fonderie, cet 
vers 1890, de Ja diminution des commandes el par suite de la 
diminution des salaires au Val d'Osne. A ces dernières époques, 
eut lieu l'exode d’une grande partie de la jeunesse vers la 
capitale. 

Une des causes de cette émigration et de la diminution de la 
population, vient aussi de l'abandon de la viticulture qui cesse 
d'être rémunératrice, par suite des maladies dont est atteinte la 


s 
on 


vigne et des gelées printanières qu'elle subit chaque année. Du 
reste, ce mouvement migrateur vers les grands centres, se fait 
sentir dans toutes les campagnes. La ville attire par ses plaisirs 
alléchants, ses gros gains, ses promesses de prompte fortune, 
qui ne sont souvent que des appâts trompeurs. Combien eussent 
élé plus heureux en suivant la carrière modeste de leurs aïeux, 
en continuant à tracer les sillons de l'héritage paternel, en re«pi- 
rant à pleins poumons l'air hygiénique de la plaine ! 


* 
# + 


Tableau des naissances, mariages et décès, de mai 1612 à 1909 
te] 9 
inclusivement : | 


Périodes décennales Naissances Mariages Décès 

De 1612 à 1619 239 46 84 
1620 1629 306 41 79 
1630 1639 252 GI 320 
1640 1649 : 217 47 83 
1650 1699 210 26 79 
1660 1669 232 93 90 
1670 1679 189 34 43 
1680 1689 162 48 82 
1690 1699 227 48 85 
1700 1709 268 13 132 
1710 1719 220 46 77 
1720 1729 189 60 111 
1730 1739 300 71 160 
1740 1749 286 52 208 
1750 1759 236 46 156 
1760 1769 234 24 197 
1770 1779 288 60 178 
1780 1789 271 92 220 
1790 1799 312 179 229 
1800 1809 265 99 220 
1810 1819 224 70 224 
1820 1829 270 83 199 
1830 1839 273 18 224 


1840 1849 280 114 235 


— 9279 — 


l’ériodes dérennales Naissances Mariages Décès 

De 1850 à 1859 373 111 401 
1860 1869 475 85 379 
1870 1879 398 109 399 
1880 1889 215 74 289 
1890 1899 169 85 208 
1900 1909 174 53 207 

À noter. 1° Que le chiffre ÉbRie des décès, dans la 


période de 1630 à 1639, provient du choléra de 1636, qui fit 261 
victimes. 

A noter. — 2° Que notre chiffre des mariages, depuis un 
demi-siècle, diffère sensiblement du chiffre ofliciel, parce que 
nous n'avons pas compté les mariages exclusivement civils que 
nous ne pouvons, en notre qualité de catholiques, considérer 
comme légitimes, et qui d’ailleurs sont trop facilement disso- 
lubles, pour être pris au sérieux. 


A noter. — 3° À titre de curiosité, que dans les actes de 
baptèmes antérieurs à 1620, presque tous les enfants avaient 
deux parrains et deux marraines ; ceux qui n'ont qu'un parrain 
el deux marraines, ou vice-versä deux parrains et une marraine, 
ou un seul de chaque sexe, sont très rares. Mais à partir de 
1620, ils n'ont plus désormais uniformément qu'un seul parrain 
et une seule marraine. Les recteurs de paroisse avaient sans 
doute reçu l’ordre de mettre à exécution l'interdiction faite par 
le Concile de Trente, de la pluralité des parrains et des 
marraines. 

Dans les siècles antérieurs, le parrainage était parfois encore 
plus multiplié; c'est ainsi que la B. Jehanne d'Arc eut six 
marraines. Mais la docte assemblée des Pères du Concile v vit 
un abus et le supprima. N’était-ce pas un abus en effet de multi- 
plier sans raison l’'empêchement diriment de parenté spirituelle, 
contracté au baptême par les parrains et marraines avec leurs 
filleuls et les pères et mères de ces filleuls ? 


— DO — 


Naissances d'enfants illégitimes, c'est-à-dire nés en dehors du 
mariage, de 1831 à 1880 : 


De 1831 à 1840... . . . . …. 12 
1841 1890... . . . 18 
1851 1860... . . . . . 16 
1861 1870... . . . . . . 40 
1871 1880... . . . . . . 18 


- Ce tableau est extrait d’une statistique oatliciclle demandée 
par l'administration, et dont le double est demeuré dans les 
archives communales. 


Aujourd'hui, 1‘ janvier 1910, on compte dans la commune : 


1 nonagénaire, 20 octogénaires et 72 septuagénaires, parmi 
lesquels 32 sont âgés de 75 ans au moins. 

74 veuves, 25 veufs, 7 célibataires filles et 13 célibataires 
hommes, âgés de 30 ans au moins. 

Une famille de 8 enfants vivants, six de 7 enfants, trois de 6 
enfants et sept de 5. | 


Dans les fonctions et les métiers, on trouve : 


19 cultivateurs, 159 forgerons ou emplovés des forges, 14 
vignerons ou cultivant encore quelques vignes, 2 chapentiers- 
menuisiers, 2 maréchaux-charrons, 2 maçons, 2 cordonniers, 2 
boulangers, 1 charcutier, 1 jardinier-maraicher, 1 fabricant de 
hottes, 1 marchand et fabricant de bicvelettes, 5 marchands-épi- 
ciers, à hôteliers ou cabareliers, 2 gardes-forestiers, 2 gardes- 
champêtres, 1 receveur-buraliste, 1 emplové des télégraphes et 
téléphones, 1 apparileur, { curé-desservant, 1 inslituteur, 2 
inslitutrices. 

L'école des garçons est fréquentée par 33 enfants, l'école des 
filles par 32, et l'école enfantine des deux sexes, par 41. 


281 — 


IT. — STATISTIQUES AGRICOLES PUISÉES AUX ARCHIVES COMMUNALES 
Races 
Années  Chevaline Bovine Porcine Ovine Caprine 
1862 120 183 500 803 60 
1876 125 10 bœufs et 130 vaches 180 800 70 
1907 38 chevaux 3 taureaux et 10 bœufs 140 620 29 
> ânes 132 vaches 
Daivisiox DU TERRITOIRE EN 1802 
Terres labourables 1513 hect. 63 
Prés naturels, Fou el pacages 46 — 41 
\igwnes. . 164 — 19 
Bois communaux et ma de 857 — 04 
Jardins. ; 6 — 15 
Vergers. 4 — 29 
Autres dipéticies lee ées ou Cables. 32 — 72 
Superlicies non cultivables. m 6 — 27 
Total. 2663 hect. 66 
Probucrioxs EX 1862 
Denrées Hectares Hectol. Produits totaux 
Froment . . 350. 6 2.100 hectolitres. 
Seigle . 50 6 300 — 
Orge 25 18 450 = 
Avoine,. x 319 20 7.900 = 
Pommes de ue 32 120 3.840 — 
Colza. . . . 2 12 24 nn 
Navette. , 6 4 24 — 
Chenevis . 3 12 36 = 


— 282 — 


PropuiTs EX 1877 


Denrées Hectares  Hectol. Totaux 
Blé. . . . . 450 14 6.300 hectolitres. : 
Seigle. ,. . . 30 11 330 — | 
Orge . . . . 10 14 124 — | 
Avoine. . . . 455 18 8.190 _— 
Pomines de terre. 72 90 6.480 — 
Vignes, , . . 125 30 3.790 — 


Pronuirs Ex 1879 


Denrées Quintaux 


Pl Se SR RE gr SL 200 


NOIRS DS SR Ur ES 81 
PR 108 
ANVONTE.: 5 RIRES x 2,592 
Pommes de terre.  _. . . . . 1.390 
Betteraves.  . . . . . . . 1.200 
OT A 29 
Chanvre. . . . . . . . . 3 
FOR GE SUR RM MA Z 1,500 
Jreless SRMS RNA ER 659 
Luzerne. . . . . . . . . 4,080 
Sainfoin. . . . . . . . . 240 


ProbUcTIoNXS RÉCOLTÉES EN 1892 


Denrées Hectares Quintaux Totaux 


Blé. . , …. . 200 (e) 1.800 quintaux. 


Seigle. . . . 30 12 360 — 
Orge. . . . 8 6.50 7 52 . — 
Avoine. . …. . 205 6 1.230 — 
Betteraves. . . 6 30 300 * — 
Trèfle. , . . 7 1 : 49 — 
Luzerne . , . 65 6 . 390 — 


Sainfoin . . 20 À 80 — 


— 283 — 


DivERSES CULTURES EN 1907 


Terres labourables et prairies artificielles. 1.385 hectares. 


Prairies naturelles. .  , . . . . . 66  — 
Pâturages et pacages. . . . . . . 139  — 
À OS SR 24 — 
Landes et terres incultes. . . . . . 102  — 
Bois et forêts. . . . . . . …. …. 903  — 
Territoire non compris dans les catégories 

ci-dessus... . . . . . . , AA — 


Récozres be 1907 


Denrées Hectares  Hectolitres Totaux 
Blé. . . . . 206 15 3.090 hectolit. 
Seiglé: & «4°: : 16 12 192 — 
Orge. ur à 9 15 135 — 
Avoimme. . . . 240 12 2.880 — 
Pomimnes de terre . 27 à 100 quint. 2.700 quintaux. 
Betteraves. . . 20 à 50 — 1.000 — 


Nota. — Nous ne garantissons pas l'exactitude de ces chiffres 
qu'il nous semble difficile de constater ; et puis nous avouons 
notre incompétence en cette matière. 


À remarquer la disparition presque complète de la culture de 
la vigne. En effet, en 1879, il est accusé une production de 
5.379 hectolitres de vin provenant de 125 hectares de vigne. En 
1882, les mêmes 125 hectares ne produisent plus que 2.500 hec- 
tolitres. Mais en 1907, il n’y a plus que 24 hectares de vigne et 
en 1911 peut-être moins de 10 hectares. De superbes coteaux 
tout entiers ou sont arrachés ou demeurent incultivés. On peut 
dire, sans exagération, que c'en est fait de la viticulture à Osne. 

Cependant cette culture de la vigne fut au siècle dernier, sur- 
tout dans sa première moitié, une des principales sources de la 
richesse du pays. Les vastes caves voûtées qui se voient dans le 
sous-sol de nombre d'habitations, attestent l'abondance des 


— 284 — 


récolles passées. Le vin et l'alcool étaient, il est vrai, à bas prix : 
mais dans chaque coteau coulait pour ainsi dire une fontaine 
jullissante du précieux liquide cher à Bacchus. 

On cite telle année où les cuves et les tonneaux débordaient, 
el des grappes vermeilles demeuraient suspendues aux ceps, 
faute de récipients pour les recevoir, Et parfois la qualité ne 
laissait rien à désirer. Qui n'a entendu parler du vin de la 
Comète ! Il s'agissait de 1811 ; de celui plus récent de 1846 dont 
les dernières bouteilles ont naguère disparu ; de celui de 1865 
qui n'eut pas son égal dans le siècle : de ceux de 1868, de 18370 
et enfin de 1893, qui tous pouvaient presque rivaliser par leur 
force alcoolique et leur bouquet, avec nos meilleurs crus de 
Bourgogne et de Bordeaux. | 

Malheureusement nous sont venues, de par delà l'Océan, des 
maladies de la vigne inconnues de nos pères et dont nous igno- 
rions jusqu'aux noms, il Y à quarante ans ; noms aussi barbares 
que funestes sont leurs effets : tels sont le phviloxera, le black- 
rot, l'oïdium, le mildiou, la cochvxlis, etc. 

Sans doute, des remèdes, depuis quelques années expérimen- 
tés, peuvent enraver le mal. Mais il faudrait surtout déloncer le 
sol à une cerlaine profondeur, en exlirper les racines contami- 
nées et replanter un plan nouveuu et greffé. Or le décourage- 
ment à envahi le vigneron d’Osne, qui redoute les aléas et ne 
semble pas décidé à ce travail de renouvellement ; il préfère 
s'adonner à d'autres occupations. De là le mouvement d'émi- 
#ralion constaté plus haut et le nombre tous les jours croissant 
de vignes abandonnées. 

Mais le vignoble d'Osne qui disparait était-il bien ancien ? 
M. l'abbé Adam ne le pensait pas. Voici les deux notes qu'il 
nous à laissées à ce sujet, nous les donnons textuecllement, en 
faisant remarquer qu'elles ont élé écriles vers 1850 ou 1860 : 

« M. Jacques Demogeot indiquait ordinairement les profes- 
sions dans ses actes de catholicité. En 1676, les actes de cetle 
seule année relaltent 30 laboureurs, landis qu'ils ne citent que 
5 manouvriers el { vigneron. Le vignoble était alors peu consi- 
dérable ; et il est de tradition que le magnifique coteau de la 
Bergerie, de la Gentille Femme, n'était pas planté en vignes. 
Il est présumable que toutes les parties de la vallée accessibles à 
la charrue étaient en terres labourables, parce qu'anciennement 


—_ 985 — 


on ne lirait guère parti que des meilleurs cantons des terres 
hautes. Les hommes de cinquante ans d'aujourd'hui ont vu 
d'immenses plaines couvertes de friches et de buissons. Ce 
n'était pas seulement l’imperfection de l’agriculture qui faisait 
négliger ces plaines. Outre la difficulté des montagnes dont on 
triomphe aujourd'hui, les plaines hautes avaient trois autres 
inconvénients : 1° le danger des invasions, l'ennemi ne s’aven- 
lurait pas librement dans la vallée qu’il savait défendue ; 2° la 
fraicheur occasionnée par la plus grande étendue des bois ; et 
3° les terrains de chasse, objet de la prédilection des seigneurs. 
[Il en résultait que la population devait trouver, autant que pos- 
sible, son pain dans la vallée. On pouvait la cultiver jusqu'à une 
assez grande hauteur pour v recueillir le seigle et l'orge, qui 
faisaient le fond du pain du peuple. Alors les vignes occupaient 
ce qui est devenu des cerisières ou des friches. » 

Ailleurs, le même M. Adam écrit : « Jean Charles, venu de 
Vaudrémont, est désigné en 1680 par la profession de vigneron ; 
Pierre Beuret, de Paris, qui épousa en 1656 Philiberte Lorette, 
et fut le père de tous les Beuret d'Osue, vint exercer la même 
profession, ainsi que Claude Guillaumet, de Domremv-aux- 
Chèvres. Il est probable que les rares vignes de la vallée appar- 
Lenaient au seigneur, qui faisait venir d'ailleurs des vignerons 
qu'il ne trouvait pas dans le pays, ce qui le ferait penser, c'est 
que ces vignerons paraissent en rapport intime avec les sei- 
wneurs, » 


Jadis et jusqu'au dernier quart du siècle dernier, était cultivé, 
dans la plupart des familles, le chanvre nécessaire à la confec- 
Lion du linge, en méme lemps que sa-graine oléagineuse servait 
presque exclusivement à l'éclairage. Sans doute les inventions 
modernes ont procuré des produits et des procédés bien supé- 
ricurs en intensité el en propreté à la modeste lampe d'antan. I 
est permis toutefois de regretter la disparition des tisseränds, 
qui emplissaient les armoires de nos grand'mères d'un linge 
blanc et solide, sinon fin. 

C'est naturellement aux femmes qu'il appartient de filer Île 
chanvre pendant li morte-saison. Comme autrefois les matrones 


— 286 — 


du royaume filant pour la rançon de du Guesclin, toutes à Osne 
rivalisaient d'ardeur, depuis les aïeules aux cheveux blanchis 
par les ans, jusqu'aux fillettes, et se réunissaient en groupes pen- 
dant les longues soirées d'hiver. En même temps que leurs 
doigts Lenaient la quenouille et leur pied tournait le rouet, elles 
ne manquaient pas d’égaver la veillée par le chant de vieux 
Noëls, ou le récit extravagant des fées et des revenants, sans 
oublier les Lessiveuses du puits Jean Bertrand et le Sotret du 
bois de Moluet. Pendant ce temps, les hommes aiguisaient les 
échalas destinés à la vigne. Aujourd’hui toutes ces occupations 
ne sont plus qu'un souvenir du passé. 


IT. — Du registre des gardes forestiers de la commune 
d'Osne, il conste que du mois de mai 1809 au 1°" janvier 1840, 
193 procès-verbaux furent faits pour délits dans les bois com- 
munaux, procès ainsi répartis par périodes décennales : 


De 1809 à 1820 , . . . . . 72 
De 1820 à 1830 . . . . . . 48 
De 1830 à 1840. . . . . . 73 


Et dans la forêt de Baudrais, propriété du duc d'Orléans, 1ls 
furent bien plus fréquents encore. Du 2 fructidor an X (20 aoûl 
1802) au 14 avril 1809, c’est-à-dire en moins de sept ans, 
143 procès furent dressés par les gardes particuliers de Son 
Altesse. 

Parfois l'audace des délinquants côtovyait l'héroïsme : c'est 
ainsi que le 9 avril 1816 un procès fut déclaré à un homme de 
Curel, par les gardes Cyriaque Berthel, Claude Lecomte el 
l'rançois Thiébaut, pour avoir scié à 066 de hauteur, et 
emmené chez lui, un chène de la forêt de Baudrais, de 2"33 de 
circonférence. 

Les délits constatés doivent être moins fréquents de nos 
jours, du moins croyons-nous. Le nombre des délinquants a-t-il 
diminué ou l'incurie des gardes augmenté ? A l'Administration 
des eaux et forêts de répondre (1). 


(4) On nous dit. et nous le croyons sans peine, que la grande majorité de ces 
délits avait pour objet des bois devant servir aux échalas ou aux cercles des 
tonneaux, qui n’ont plus raison d’être aujourd'hui. 


IV. — Autre statistique bien propre à nous faire comprendre 
l'utilité de la mesure prise par le Conseil général de la Ilaute- 
Marne,» qui a décidé de payer une prime à tout destructeur de 
vipères, car ces redoutables reptiles pullulent dans plusieurs 
contrées du département et sont une menace mortelle aux 
hommes et aux animaux. Certains coteaux boisés ou peu fré- 
quentés d'Osne sont habités par ces serpents dangereux. Sur son 
territoire ont été détruites : 


En 1907 . . . . . . 309 vipères 
En 1908 . . . . . . 329 » 
En 1909 . . . . . . 512 » 


Ces chiffres progressifs donneraient à penser qu'à l'instar du 
phénix antique, ces ophidiens vénéneux renaissent de leurs cen- 
dres, ou du moins se propagent en raison directe de leur des- 
uction. 11 faut bien espérer qu’il n’en est rien et qu'à bref 
délai, si la prime de destruction est maintenue, cette race 
ennemie de l’homme aura à peu près disparu de notre pays. 

Une des causes de la propagation des vipères est assurément 
le nombre chaque année croissant de terrains inculles, de coteaux 
exposés au soleil du midi et laissés en friches par l’abandon de 
la vigne. Le terrible reptile y naît, y grandit et s’y multiplie en 
sûreté. Cependant la chasse active qu'on lui fait depuis trois 
ans, le déloge de sa retraite ; il n’est pas jusqu'aux enfants qui, 
pendant la saison des chaleurs, n’apportent au village des vic- 
mes de leur téméraire audace (1). 


1) En 1910, la chasse aux vipères n’a plus produit que 200 unités et en 
1911 seulement 189 : il y a donc forte décroissance. 


—_ 288 — 


CHAPITRE XXII 


PIÈCES JUSTIFICATIVES 


I. — Acte de fondation du Valdone. — 1140 


In nomine sanctæ cet individuæ Trinitatis. Quoniam antiquorum 
patrum nostrorum traditione a sapientibus beatx memoriæ com- 
mendantur, idcirco dona et eleemosynas quos Dous Gaufridus de 
Joinvillà cum honestà uxore suà Felicitate et filio ejus juvence 
Gaufrido et ejus uxore atque genitrice suà Eldealde, et Guidonce 
Venerabili Lingonensi archidiacono atq. Roberto fratre ejus, pro 
redemptione animarum suarum et antecessorum suorum, sanclis 
monialibus in Val Onæ sub tilulà Molismensis eccliæ chro famu- 
lantibus donaverant, præœdictæ memoriæ commendare non differi- 
mus ; prout possumus omnibus not'ficamus eundem Gaufridum 
supradictis monialibus locum in Xpo fainulantibus dedisse Gerardo 
Venerabili existente Molismensi abbate. 

Dedit etiam eisdem terras illas quas Carrucis suis in confino On 
colere faciebatl et suam partem Corucarum Onæ. Et si quis hominun 
suorum qui Onæ morantur absque hærede moriretur, si terram 
suam ibi donaret, cisdem esse concessil, et lertiam partem nemoris 
illuis quod dictur famiflos et quamdam partem nemoris ejusden à 
quodam converso Amaurio hæreditario jure possessam et usurarium 
unius asini ad opus monialium nemore quod dicitur Baldreas et 
omnia prata quæ Onæ habebat et duos furmos in Joinvillà et id 
quod habebat in molendino juxta portam Molente cum ejus appen- 
diciis. Et Minagium mercati Joinvillæ et quadam pascua quorum 
partem à Guiardo Deriuo trigenta solidis emit. Garnerus autem 
Guiardi frater et Reberius miles suas partes pascuorum dominabus 
pro Dei amore dederunt. Item Gofridus eisdem dedit quædan 
prata rocclinæ quæ emit. Idem Gofridus dedit item monialibus 
quandam terram in territorio monasterii ad grangiam construandam 
et quoddam pratum super monasterium et suum. boueret, et aliam 
terram alraidon et Molendinum X Pariete et quidquid in nemore de 
percio et in campo de Heronnel et alraidon ferro vel aratro colere 
possent. Iloc etiam facerc in territorio On& ah eodem Gofrido et 
hiwrodibus suis concessum est. 

Addo miles de Sancto Urbano dedit pro amore dei quidquid in 
confino monaslerit jure possidehbal, Gofrido concedente, Gofridus 


289 — 


etiam monalium conventui dedit locum quemdam qui nominatur 
Menoncors cum omnibus loci appendiciis terra scilicet et aqua 
(excepta piscatione quam eis non concessit) locum tamen qui 
Menoncors vocatur et ejus appenditiæ à fratribus qui Calderoni 
vocantur et Amberto grosso et omnibus hæredibus ejus mercatus 
est. Præterea omnium nemorum suorum usus et herbarum et alia- 
rum aquarum ubicumque sint dedit monialibus. Testes ex parte 
Jofridi senis et filii ejus juvenis Jofridi: Guichardus abbas Sancti 
Urhani, Hugo ejus Prior, Guillermus monachus, Magister Jocermus, 
Guido clericus, Petrus sacerdos, Dodo de Fronvilla, Richardus 
nepos ejus, Rogerius de Riuo, Radulphus de Donno Martino, 
Galterus de Bouillon, Humbertus Grossus et filii ejus, Himbertus 
et Brutinus Rahors, Radulphus de Murerio, Addo Miles, Johannes 
ex Pariete, Hugo de Pariete, Albertus frater ejus, Albertus filius 
Guinievi, Guiardus Mores, Hugo filius Johannis, Hugo filius Anger- 
bandi, Johannes Venator. Ex parte monialium: Girardus abbas 
M'isni, Magister Ilimbertus, Mamandus monachus, Robertus primus 
Prior supra dictarum monialium. 

Je soussigné prestre curé de Poissons et notaire apostolique 
certifie que la présente copie a été fidèlement faicte sur son 
œriginal, qui est en parchemin scellé du double sceau à queue pen- 
dante de cire jaune au monastère de N'° Dame du Val d'Osne, ce 
jourd'hui dix-septième juillet mil six cent quatre-vingt dix. 

Signé : AUBRY. 
(Archives Nationales) 


II. — Bulle du pape Eugène Ill 
qui soumet le Val d’Osne à l’abbaye de Molesme. — 114% 


Eugenius episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Gerardo, 
Molismensi oblati, ejusque fratribus tam præsentibus quam futuris, 
regularem vitam professis in perpeluum. 

Sicut injusta poscentibus nullus est tribuendus assensus, sic 
legitima desiderantium non est differenda petilio ; quatinus et 
devotionis sinceritas laudabiliter enilescat, et utililas postulata 
vites indubitanter assumat. 

Ea propter, dilecti in Domino filii, vestris justis postulationibus, 
placido occurentes assensu, donationem Milonis, comilis Barri, 
Molismensi ecclesie de Juliaco factam, et Joscerani felicis memorie, 
Lingonensis épiscopi, canonico munimine roboratam, vobis vestris- 
que successoribus, inconvulso jure concedimus oblinendam, et 
præsentis scripti suffragio roboramus ; statuentes ut ipsa Juliacensis 
et que, Deo fauente, jam ex ea processerunt sanctimonalium eccle- 
sie, quos bropriis congruum duximus exprimendas vocabulis : in 
episcopatu Lingonensi, ecclesia Ose ; in episcopatu Catalaunensi 


19 


— 290 — 


ecclesia Vivifontis et ecclesia One ; vel si que future sunt Juliaci 
propagines, arbitrio et ordinatione abbatis Molismi regulariter 
disposite, ad laudem et gloriam Dei, sub ditione Molismensis eccle- 
sie jugiter perseverent. $ 

Quia vero predicte sanctimoniales, secundum Juliacensis instituti 
proposilum, perpetua signate clausura ad secularia non declinant 
negocia, de monachis Molismensibus habebunt sibi spiritualium el 
temporalium bonorum provisores et ministros, pro suorum appor- 
tunitate locorum electos, tamen et probatos abbatis sui fratrumque 
suorum sano et proviso consilio, et ad eorumdem euntes et red- 
euntes imperium. Predictarum ingitur ecclesiarum paci et utilitati 
providentes, apostolica auclorilate precipimus, ut Molismensis 
ecclesia prefatis monialium ecclesiis potius dominetur officio paterne 
providentic et consolationis, quam supercilio noxie dominationis ; 
qualinus monachi Molismenses et sepè jam dicte moniales, quasi 
membra & diverso venientia et amore fralernitatis ordinata, sub 
abbate suo, tanquam sub uno capite unum sanctilatis corpus 
efficrant in Domino. 

Si qua igitur in fulurum ecclesiastica secularisve persona hujus 
nostre conslitulionis paginam, sciens, contra eam temere venire 
temptaverit, nisi rectum suum congruæ 
satisfactione correxerit, protestatis dignitate 
careat ; reamque se divino indicio 

el a sacratissimo corpore el sanguine Dei et Domini 
Nostri Jesu Christi aliena fiat, alque in extremo examine, districte 
ultioni locis sua jura servantibus sit pax 
Domini Nostri Jesu Christi ; quatenus et hic fructum bone actionis 
percipiant, et apud districtum judicem premia eterne pacis invenianl 
Amen. Amen. Amen 


+ Ego Eugenius catholice Ecclesie episcopus subscripsi (bene 
valcle). 

+ Ego Oddo, diaconus cardinalis sancti Georgii ad velum àt- 
reum, S. | 

+ Ego Albericus, Hostiensis episcopus, S. 

+ Ego Imarus, Tusculamensis episcopus, S. 

F Ego Gregorius, presbyter cardinalis tituli Kalisti, S. 

+ Ego Umbaldus, presbyter cardinalis tituli sanctorum Johannis 
et Pauli, S. f 

T Ego Nicholaus, presbyter cardinalis tituli sancti Cyriaci, S: 

+ Ego Villanus, presbyter cardinalis tituli sancti Stephani in 
Cœlis monte, S. 

+ Ego Oclavianus diaconus cardinalis saneti Nicholaï in earcere 
Fulliano, S. 

+ Ego Ubaldus, presbyter cardinalis tituli sancte Crucis in Jeru- 
salem, S. 

Ego Gregorius, diaconus cardinalis sancti Angeli, S. 


Ego Lénine. diaconus cardinalis sancte Marie in | D. 


—_ 291 — 


Datum Vilerbii, per manum Roberti S. R. E. presbyteri cardi- 
nalis et cancellarii, XITIT kalendas decembris, indictionne VIIH ; 
Incarnationis Dominice anno millesime centensimo quadragesimo 
quinto ; pontificatus vero domini Eugenii tertii pape, anno primo. 


{Archives de l'Yonne. Cart. de l'Yonne, tome I, pages 397-399). 


III. — Donation au Val d'Osne par une dame de Chevillon 
et confirmation par Geoffroy de Joinville. — 1188 


Ego Gofridus senior de Joinvillà notum sit omnibus tam futuris 
quam presentibus quod Dôa Vuilla de Chevillon, quando peregrina 
filia sua facta fuit sanctimonialis Ecclesie Vallis One dedit usura- 
rium in Oiamont in omnibus commodis pratorum essartarum et tres 
minas annonϾ quas ibidem habebat et decem denarios apud Angou- 
lencourt, quoddam pratum apud Musterot quod pater ejus jam 
dederat præœdiclæ Ecclesiæ pro filia sua Isabel. Hoc donum dedit 
eliam Jofridus frater ejus antequam iret in Jerusalem, filius dominæ 
Villæ Ranaudus et lota proles ejus concessit et pascua in fine de 
Chevillon ita quod nullum domnum ibi fieret, et si forte fieret capi- 
tale sine emendatione restitueretur et ratum permaneret sigilli mei 
impressione confirmatum fuit. Testes sunt Bartholomeus priôr, Odo 
camerarius, Hugo capellanus, frater Radulphus, Stephanus de Colle, 
Johannes Venator, Guido Venator, Henricus Mergus, Eurardus 
Guienne de Numerat, Hues de Rinel, Robertus filius Dni Gofridi 
junioris. Actum est hoc anno ab Incarnatione Domini millesimo 
centesimo octogesimo octavo ut memoriter teneatur. 

Pour copie conforme : AUBRY. 
(Archives Nationales). | 


IV. — Compromis entre les religieux de Molesmes et les 
religieux du Val d'Osne. — 1258 


Nous Ysabeau, humble prieuse du Val d'Onne, et tous li conuent 
de ce mesines lieu, faisons sçauoir à tos ces qui ces lettres verront, 
que nous voulons et octroyons que Hi moines de Molesme, qui sont 
en nosire maison dou Val d'Onne et qui desor en avant y seront 
pour faire le service Nostre Scigneur, ayent et tiennent en leur 
domoine propre et en leur scignorie, à toujours mais, perpétuelle- 
ment, pour leurs vivre et pour ce que mestiers leur sera, lou 
minaige de Joinuille tout entièrement, et voulons et octroyons que 
cil qui sera prieur en nostre maison, ou ses commandemens, puisse 
prendre et admoisoner et recevoir lou deuant dit minaige de Join- 
uille, ct dispenser et despendre et départir, selon ce qu'il cuydera 


__ 9292 — 


que meslicr soit à luy el à son compaignon moine, sans en parler à 
nous, ne à notre commandement. Et en ce deuant dit miuaige nous 
ne relenons riens, ne seignorie, he enscignement, ne réseruement, 
ne autre chose nulle. 

Aprés voulons et octroyons que li devant diz moine avent à tou- 
siours mais, chascun an, les quatre muyds de vin que nous soulions 
prendre és présoir le scignour de Joinuille. Et si voulons el 
octroyons que li devant diz moine ayent leurs usaige en tous Îles 
boys que nous auons el aurons desor en avant, usaige tel que nous 
y auons. Et si voulons et entendons que en tous les boys que nous 
auons et aurons desor en auant, que li devant diz moines puissent 
prendre toutes les choses que mestiers leurs seront, sans ce qu'ils 
vendre el sans en donner. Et li asne et li sergent qui nous amainent 
la buche dou boys, qui est appelé Valdrehex, amanra à lousiours 
mais, chasque venredi, tent com li boys durera, buché pour li 
deuant diz moines. Aprés nous voulons et octroyons que li deuant 
diz moines cuysent en nostre fourt et mollent en nostre molin, 
franchement, à lousiours mais, sans payer fournaige ne moulture. 

Aprés nous voulons et octroyons que li deuant diz moines ayent 
de nostre jardin, qui est dedans la cloison de noz murs, dès le 
maistre pilliez du grand chancel de nostre moustier par deuers la 
maison aux moines, selon la cloison ancienne, tout droit au chemin 
prés de nosire vigne tout aligné, selon noz murs tiranz droit au 
fourt leiz la porte. 

Aprés nous, ou cil qui sera procurerres nos biens temporelz 
paiera et rendra, chascun an, à toujours mais, quatre livres de tour- 
nois à celui qui sera prieurs de notre maison, à deux termmes ; 
c'est-à-dire à [a saint Rémy, quarante solz tournois, et à Pasques, 
quarante solz tournois. Et toutes ces choses dessus dites voulons 
et octroyons que li deuant diz moines ayent et tiennent franche- 
ment, quiètement, à tousjours mais, sans charges de debtez, procu- 
rations de subuentions et de exactions et de extorsions de tous 
seignours et de tous juges espirituelz et temporelz et de toutes 
autres charges. 

Et ce il aduenait que auleun demandast ou deuant diz moines 
aucune chose, pour raison de procuration de euesques et d'arche- 
uesques, ou subuention d'apostolle, ou de légat, ou d'autre message 
apostolique, où de aultruy, ou de disme, ou pour douzème au roy, 
ou pour autre laille, ou par autre quelque manière nous serons 
tenues à paver de noz propres rentes, où ex qui sera procureur de 
noz temporelz, en acquiter les diz moines de toutes ces choses. 

EL si sommes tenues à payer la procuration de l'abbé de Molesme, 
quand il venra en nostre maison, li debuons héberger, et donner 
pour raison ce que mestier sera à ceux qui venront en nostre 
maison, s’ilz ont lettres patentes de l'abbé, 

Et se nous, ou nostre procureur defaillons eu auleunes des choses 
dessus dites, nous voulons el octrovons que Hi sires de Joinville, en 


0 


cui garde noslre maison est, nous puisse contraindre au faire el au 
tenir, si comme ik est dessus devisé. Après nous cognoissons que 
l'abbé de Molesme a sur nous et nostre maison et sur les appen- 
dises, toute juridiction spirituelle ; et si sommes tenues à le rece- 
voir, quant il venra en nostre maison, com père, abbé, aussi com 
l'on lou reçoit en ses autres maisons de dames, et debuons recevoir 
de luy ou de son commandement touz noz sacremenz et bénéicons, 
et toutes autres choses que moines et nonnains doibuent recevoir 
de leur abbé, selon droit. 

Et debuons tenir et garder les commandemens et les établisse- 
mens et les ordonnemens que les abbés de Molesme feront en 
nostre maison ; et leur debuons toutes subjection, toute réuérance 
et toute obédience, selon ce que droiz et ordre apporte. 

Et li moines auront leurs maisons entièrement que il ont tenues: 
et cil cui li abbé de Molcsme envouront en nostre maison pour 
prieux, seront tenus faire le service de Notre-Seigneur et auront 
sur nous juridiction espirituel. 

Et toutes ces choses dessus dictes auons nous promises à tenir 
et garder en bonne fov, perpétuellement, et auons mis nostre seaul 
en ces présentes lettres pour seurté. Pour li témoignaige de toutes 
ces choses dessus dictes, et à nostire requeste, Adam abbé de Sainct 
Urbain et Robert, sires de Sailly ont cY mis leurs seaulx. 

Et je Jehan, sires de Joinville et sénéchaux de Champaigne, en 
cui présent toutes ces choses sont faites, à la requeste de la prieuse 
et du conuent, ay ses choses confermées de mon seaulx, et pro- 
mises à tenir et garder, comme gardains dou leu à bonne fov. Ce 
fut fait en l'an de grâce mil deux cens cinquante et huit, au mois 
de décembre. 

(Arch. de la Céête-d'Or, prieuré du Val d'Osne. H. 251 }. 


V. — Extraits du procès entre les chanoines de Joinville 
et M'°: Joachim Hosdier, curé d’Osne. — 1592 


Témoins qui ont déposé dans ce procès et dont les dépositions 
sont insérées dans le dossier : Aubert Martin laboureur, Pierre 
Briard laboureur, Anthoine Morot laboureur, François Belgrand 
laboureur, Claude Brigand laboureur, Claude Méligne mayeur 
d'Osne, Mongin Poirel laboureur, Guillaume Demogcot laboureur, 
Henry Demogeot laboureur ct enfin vénérable et discrette personne 
M'e Jacques Perrin prestre vicaire de Curel âgé de 72 ans, qui 
dépose avoir desservi plusieurs fois la cure d'Osne comme vicaire 
et avoir vu depuis Jean Larmier quart prébendé de Saint-Laurent. 
depuis luy M'° Guillaume Dernecourt chanoine et depuis Mre Nicole 
Fauconier quart prébendé audit Saint-Laurent, et par tous les 
temps a vu et connu que la collation et présentation de ladite cure 


ss 904 


appartient aux Vénérables de Saint-Laurent, par lesquels tous les- 
dits curés disaient étre pourvus et ledit bénéfice à eux conféré 
successivement. À bien vu aussi que les grosses dixmes ont accou- 
tumé d'être engrangées, levées et recucillies aux frais communs 
desdits curés d'Osne, desdits Vénérables de Saint-Laurent, et des 
dames religieuses du Val d'Osne bien partageant, que le curé par 
chacun an prend sur la totalité de la masse dudit Osne, 16 septiers 
de bled et 11 grands septiers d'avoine, avant aucun partage, puis 
partage du reste par tiers pour le curé, les chanoines et les reli- 
gieuses, sans faire dislinction des norales. 


SENTENCE RENDUE LE 7 MAY 1593 


Jean Rose escuyer, S' de Poinssons, Dammarie, Ville-sur-Saulx, 
Fays, bailly de la principauté de Joinville, salut, scavoir faisons 
que vu le procès d'entre M'° Jean Houdier prestre soi-disant curé 
d'Osne demandeur en matière possessoire afin de recréance, contre 
Messieurs les Vénérables doyen, chanoine, chapitre S. Laurent du 
chastel de Joinville avant pris la cause de Claude Méligne et Claude 
Martin deffendeurs, à scavoir l'exploit de Lumicr Flornov sergent 
en la mayrie d'Osne, l'acte de cette cour du 16° jour de septembre 
par lequel l'instance meüe entre lesdits Toudicr, Méligne et Martin 
jointe avec l'instance desdits Vénérables et conclut possessivement. 
Et les parties appointées à escrire, les premières escritures des- 
dites parties Répliques et Additions. L'acte du 2% jour de décem- 
bre portant communication des titres, l'acte du 13° jour de janvier 
et 27° jour dudit mois, par lequel les parties ont fourni l'escri- 
ture, ..., et Eüe sur ce conseil faisant droit en premier lieu sur 
l'incident formé sur la réception de l'enqueste desdits Vénérables, 
laquel demeurant pour reçüe et jointe au procès, procédant au 
jugement définitif dudit procès, Nous avons les dits Vénérables 
renvoyez quittes et absous des fins et conclusions possessoires ct 
de Recréance prise par le S' Houdier demandeur. Au contraire les 
avons maintenus et gardez, les maintenons et gardons en posses- 
sion et saisine d'un tiers de toutes les dixmes anciens et nouveaux 
du finage d'Osne, condamnons ledit sieur Houdier à rétablir ce qui 
fait à rétablir. Et si le condamnons en dommages et intérêts procé- 
dant du trouble réelle et ès dépens de cette instance non adjugez, ete. 

Suit l'acte de renoncialion à l'appel fait par Mre Joachim Hosdier, 
16 3 juin 1593. (Archives de la Haute-Marne.) 


VI. — Inscription burinée sur une pierre conservée 
à l’église, ayant trait à une fondation. — 1644 


A la gloire de Dieu et de la glorieuse Vicrge Marie sa mère, Nico- 
las Poyrel, escuier, sieur de Grandval, grand M des caux et forèts 
en la haute et basse Alzasse, gentilhomme servant du Roy, un des 


— 295 — 


deux gentilhommes de la Royne mère de sa majesté et premier 
huissier de son cabinet, natif de ce lieu, a fondé à perpétuité en 
l'église de céans, dedans laquelle son père cet ses parents sont inhu- 
mez, la procession qui se doit faire en l'honneur de la Vierge, à 
l'issue des vèpres tous les premiers dimanches du mois de l'année 
et aux festes annuelles de la Vierge ct feste de tous les saints, où 
l'on doit chanter les litanies de la Vierge, l'ave maris stella et autres 
prières, et à la fin un libera et ui de profundis, pour Ie repos de 
l'âme du fondateur, ses père ct mère et parens trépassez, laquelle 
cocession les marguilliers de l'église de céans et leurs successeurs 
scront chargés de la faire faire par M" le Curé de ce lieu ou M" son 
vicaire, à laquelle le Mre d'escolle assistera par chacuns jours sus- 
dits, ainsy qu'il est porté par le contrat de fondation passé par 
E. Phulpin et Glavet nottaires à Joinville, le 6 février 1644. Priez 
Dieu pour le repos de son âme. Requiescat in pace. Amen. 


VII. — Sentence en faveur de M"° de Malabarbe 
prieure du Val d’Osne. — 1647 


JUGEMENT DE Moxsteur L'OrriciAL 


Nous oilicial susdit, le saint nom de Dieu invoqué et sur ce, pris 
conseil de vénérables et scientifiques personnes, Maistre Louis Bail, 
prestre, docteur en théologie et sous-pénitencier de l'Eglise de 
Paris, et Robert du Val aussi prestre, docteur en théologie et pro- 
fesseur du Roy en la maison de Sorbonne, et noble maistre Jean 
Galland, Jacques Chollet et Jacques Hilaire advocats en la cour du 
Parlement de Paris, disons que ladite de Malabarbe est renvoyée ct 
la renvoyons quitte et absoute de l'accusation contre elle intentée, 
et avons condamné ladite du Toc aux dépens, la Laxe d'iceux à nous 
réservée. Siemandons à tous prestres, notaires apostoliques et 
appariteurs, et en ayde de droit requerrons Lous huissiers et ser- 
gents faire pour l'exécution des présentes, tous actes requis ct 


ÉCRITES Giené : pu SAUSSOY, L. BAIL, nt VAL, GALLAND, 
CHOLET, IILAIRE. 


JUGEMENT DE M. LE LIEUTENANT CRIMINEL 


Nous disons par délibération du Conseil, oux sur ce le procureur 
du Roy, que ladite de Malabarbe est renvovée quitte et absoute de 
l'accusation et crimes à elle imposez, et ladite du Toc condamnée 
ès dépens à taxer. En témoin de ce nous avons fait sceller ces pré- 
sentes du scel royal de ladite ville, prévôté et vicomté de Paris. Ce 
fut fait et prononcé en la présence de la dite sœur Marie de Mala- 
barbe de Borromée et de maistre Louis Turpin son procureur et en 
l'absence de ladite sœur Angélique du Toc, le samedy 8 octobre 
1650. - (Bibliothèque Nationale. Coll. de Champagne, 109). 


— 296 — 


VIII. — Procès-verbal de collation de titre de maire 
en faveur de Nicolas Collesson. — 1740 


Ce jourdhui dix neuf janvier mil sept cent quarante, par devant 
nous François Patot lieutenant général au baillage de Joinville, 
étant en notre hôtel une heure de relevée, en présence du procu- 
reur fiscal de ce baïillage et assisté de notre greflier ordinaire, est 
comparu Mr Nicolas Collesson notaire en ce baïillage, demeurant à 
Osne, lequel nous a dit qu'avant obtenu de Messieurs de Dampierre 
et de Villiers seigneurs d'Osne des lettres de provisions de l'oflice 
de maire en la seigneurie dudit Osne en date du vingt quatre jan- 
vier 1739. requiert qu'il nous plaise le recevoir et installer audit 
office de maire, à l'effet de quoy il nous aurait présenté sa requèle 
au bas de laquelle nous aurions mis notre ordonnance en datte de 
ce jourd'hui, par laquelle nous aurions ordonné, sur les conclusions 
dudit procureur fiscal, qu'avant de recevoir ct installer ledit Pierre 
Collesson audit oflice de maire, information serait faite des vie, 
mœurs et religion catholique, apostolique et romaine dudit Colles- 
son. Laquelle information avant été faite ce jourd'hui, Nous en 
conséquence et vu les lettres de provision deument signée et scel- 
lée, notre ordonnance étant au bas de ladite requeste, et l'informa- 
tion de vie, mœurs, et religion catholique, apostolique et romaine 
dudit Collesson, et ouv par ledit procureur fiscal, avons dudit sieur 
Colleson pris et recüe le serment au cas requis et vluy reçu et 
installé dans les fonctions de maire en la seigneurie d'Osne, au lieu 
et place du S'" Aubin Collesson son père, à charge par luy de se 
conformer aux ordonnances cet réglements, ct ordonné que les- 
dites lettres de provisions seront registrées au bas des présentes 
pour y avoir recours au cas de besoin, et a ledit Collesson signé 
avec nous procureur fiscal et greflier. 


Signé : COLLESSON, PATOT, COMET. 
Déclaré par moy greflié sous-signé : 
(Signature illisible). 
(Extrait du registre du greffe du baïillage de Joinville, 
appartenant à M. Choler),. 


IX. — Expédition du testament de François Regnault 
1748 


... L'an mil sept cent quarante huit le treizième jour de mois de 
décembre, par devant moi Claude Le Gendre, prètre curé de la 
paroisse d'Osne-le-Val, promoteur du doyenné de Joinville, diocèse 
de Chaalons en Champagne, en présence de Nicolas Haguinier 
manouvrier et de Pierre Piault aussi manouvrier, tous deux demeu- 


ant à Osne, témoins appelés, est comparu en sa maison, françois 
Regnault le Jeune, cabarcetier âgé de cinquante trois ans ou environ, 
demeurant audit lieu d'Osne, malade dans son lit, en la cuisine de 
sa maison, sain d'esprit, ainsi qu'il m'est apparu et auxdits témoins, 
lequel nous ayant témoigné qu'il ne voulait pas ètre prévenu de la 
mort sans avoir disposé du peu de biens que la divine Providence 
lui a départi, m'a dit et nommé et auxdits témoins présents, son 
testament et dernières volontés, sans suggestion ni induction 
d'aucune personne, et me l'a fait rédiger par écrit, lesdits témoins 
présents, en Ja manière qui suit : 

Comme bon chrétien a recommandé son âme à Dieu Tout-Puis- 
sant, à Jésus-Christ son fils Notre Sauveur, au Saint-Esprit, un seul 
Dicu en trois personnes, à la glorieuse Vierge Marie, à S. Claude 
son patron, aux saints martvrs Cyriac, Large et Smaragde patrons 
de cette paroisse, à tous les saints et saintes du paradis, les priant 
d'étre ses intercesseurs envers Dieu, pour la rémission de ses 
péchés, et qu'il plaise à Dicu par le mérite et passion de Jésus- 
Christ son fils, lui donner le paradis. 

A donné et légué à l'église et fabrique S. Cyriac de cette paroisse 
d'Osne la somme de cent Hvres qui seront mises en constitution 
pour faire dire des messes chaque année, à perpétuité, selon la 
rente et selon l'ordonnance et décision de Monseigneur l'Evèque de 
Chaalons, tant pour lui que pour le repos de l'âme de ses parents, 
vers le jour de S. François, au mois d'octobre de chaque année. 

À déclaré qu'il donnait aux pauvres de cette paroisse tous ses 
habits, linges à son usage ct dix boisseaux tant bled que conseigle 
par moitié ; a nommé Michel Regnault son frère, manouvricr demeu- 
rant audit lieu d'Osne pour exécuter son présent testament, le 
priant de faire exécuter son présent testament, désirant qu'il fasse 
enterrer son corps dans le cimetière du lieu où sont enterrés ses 
parents, et qu'il fasse dire pour le repos de son âme la messe le 
jour de son enterrement et les services accoutumés le jour du qua- 
rantal et de l'anniversaire, dans l'église dudit lieu d'Osne et non 
ailleurs, fournissant à chaque fois un luminaire convenable, et nous 
a dit toutes ses dernières volontés être contenues dans ce présent tes- 
tament, qui a été lu et relu mot après autre, en présence desdits 
Nicolas Haguinier et Pierre Piault témoins présents, et entend le 
présent testament être exécuté et sortir son plein et entier effet. 

Fait et passé en la maison dudit François Regnault, en la cuisine, 
environ les onze heures du matin, les jour et ans que dessus, et a 
signé autant qu'il a pu avec nous et lesdits témoins. 


Ainsi signé : C. Le GENDRE prestre d'Osne, F. REGNAULT, 
N. HAGUINIER, P. PIAULT. Et plus bas est écrit : Controllé ct 
insinué à Joinville ce cinq mars mil sept cent quarante neuf. Reçu 
quatre livres sept sols. Signé : SALEUR avec paraphe. 

H. MARTINET. 
(Cette pièce fait parlie de nos papiers). 


— 298 — 


X. — Lettres d'évèques de Toul ayant trait aux dixmes 
de Montreuil dues au Val d’Osne. — 1750 


Ienry par la grace de Dieu évèque de Toul,.,... pour l’accrois- 
sement journalier du troupeau du Seigneur,,... nous faisons à 
scavoir que dans notre diocèse il Y a une certaine église d'un lieu 
dit Monstéruel, la dette et revenu de laquelle Henry archidiacre el 
Constantius prestre ont donné à l'église de Molesme el aux reli- 
gieuses qui combattent pour Dieu et vivent en discipline régulière 
sous le titre de la mesme église au Valdone, à scavoir que les 
moines paieront tous les ans deux sols monnaye de Troyes à la 
feste de St Remy. Outre soit adjointe aud. bénéfice qu'il soit payé 
en un trescense de deux escus à la feste susdite pour la dixme de 
la grange de Pencey. De cette chose sont témoins Ilenry archidiacre, 
Minard Prieur du mesine lieu, Thierrv doven, Constance prestre, 
Auselme. 

{ Traduction jointe au texte latin sur parchemin aux Arch. Nalio- 


nales. S 4607). 


Scipion Jérôme par la grûîce de Dieu et de l'autorité du S. Siège 
apostolique Evèque Comte de Toul, Prince du S' Empire. 

Veu le procès-verbal de la visite de l'église paroissiale de Mon- 
treuil de notre diocèse fait par le S' Le Ferron curé de Montiers- 
sur-Saulx, doven rural de Dame Marie, commissaire par nous député 
assisté de deux experts dont il a reçu le serment, led. procès verbal 
en datte du 22 juin dernier. 


Nous ordonnons ce qui suit : 


4° Le Ciboire sera doré au dedans et le taberaacle garni d'une 
étoffe de soie rouge. 

2° Il sera fourni à la sacristie une chasuble et une chape de cou- 
leur violette. 

3° Pour empêcher les bestiaux d'entrer dans le cimetière on y 
mettra deux tourniquets, etc. 

Ces Lrois articles seront exécutés pour la fin de la présente année 
à peine d'interdit. 

4° Les fenêtres de l'église seront raccommodées en verres et en 
plomb. 

59 Pour empècher la grande humidité qui nuit considérablement 
au tabernacle et aux S'°* hoslies, au retable de l'autel, à la chaire, 
aux bancs des paroissiens 1° on creusera au pied du mur du grand 
autel en dehors de la profondeur de quatre pieds sur six pieds de 
largeur, 2° on creusera pareillement au pied du mur de la nef en 
dehors du côté du nord de quatre pieds de profondeur sur quatre 
pieds de largeur à commencer depuis la fosse où étail anciennement 


_ 599 — 

la sacristie et continuer jusqu'à l'entrée du cimetière ; ces deux 
murs seront rehaussés de la hauteur du décombrement par un 
contremur de neuf pouces d'épaisseur, il sera fait un coulant de 
pierres et de bouc pour l'acoulement des eaux qui tombent du toit 
de l'église et un autre petit mur pour soutenir les terres. Le même 
mur de la ref et de celuy qui est du côté du midy seront reblanchis 
en dedans. 

6° Le pavé de la nef sera entièrement relevé à neuf avec bonnes 
pierres de tailles et rehaussé d'un demi pied depuis la porte d'en- 
trée tant en largeur que longueur, jusque sous le grand crucifix au 
niveau de Ja première marche du chœur, et pour cet effet on 
transportera dans la nef les terres de décombrement du cimetière. 

Le pavé du chœur et de la sacristie sera pareillement relevé de neuf. 

i° On relèvera aussi à neuf la voûte de toute la grosseur du 
sanctuaire et le mur de la goutière du côté du couchant. 

8 Le mur du cimetière du côté du midy joignant le sentier qui 
conduit à la côte de Chatillon sera réparé de trois toises de Ion- 
gucur sur sa hauteur telle qu'elle était cy-devant. 

9° On aura soin de retenir en tuilles la couverture de la nef pour 
boucher les goutières et faire ce qui est nécessaire pour empêcher 
les eaux de tomber sur l'autel de la S'e-Vierge. 

Toutes lesquelles réparations seront faites” pour la fin de l'année 
prochaine mil sept cent cinquante à peine d'interdit de ladite église. 

Et sera notre présente ordonnance lüe ct publiée au prosne de la 
messe paroissiale dud. Montreuil par le S' curé, le premier diman- 
che après sa réception. 

- Donné à Toul en notre palais épiscopal le dix-neuf juillet mil 
sept cent quarante neuf. 


Signé : SCIPION Jénour Éétue Comte de Toul, 
et par mandement signé POINCELOT. 


L 


La présente ordonnance reçue le trente et un août dernier, lüe et 
publiée par nous curé de Montreuil soussigné, au prosne de la 
messe paroissiale dud lieu dite et célébrée le dimanche septième 
du mois de septembre mil sepl cent quarante neuf. 


Signé : GAYAT, curé de Montreuil. 


L'an mil sept cent quarante neuf le trente et unième et dernier 
jour du mois de décembre avant midv, je Nicolas Risaucourt ser- 
gent royal immatriculé au baillage et siège présidial de Chaumont 
demeurant à à Joinville soussigné, à la requête des habitants et com- 
munauté de la paroisse de Montreuil-sur-Thonnance pour lesquels 
domicile est élu aud Montreuil chez François Baulico leur sindic et 
au village de Osne-le-Val en la maison curiale dud. lieu, pour vingt 
quatre heures seulement, certifie avoir signé ct baillé copie et 


— 300 — 


deument fait à scavoir aux dames prieure et religicuses du prieuré 
du Val d'Osne transférées à Charenton décimatrices pour un tiers 
des grosses et menucs dixmes dud. Montreuil, au domicile en par- 
lant à Sébastien Guillaumet concierge dudit prieuré du Val d'One 
où je me suis exprès transporté, distant d'une lieue et demie dudit 
Joinville en demeure et ès main duquel Guillaumet ay baillé la 
présente copie pour lesdites dames du Val d'Osne où je me suis 
exprès transporlé distant d'une lieue et demie dud Joinville, ma 
demeure. L’ordonnance de Monseigneur l'Evèque Comte de Toul 
dont la copie est d'autre part transcrile, à ce qu’elles n'en ignorent 
et en conséquence j'ay sommé et interpellé lesdites dames du Val 
d'Osne de faire faire incessamment aud jour ou autre sans discon- 
tinuation, les réparations, fournitures et ouvrages indispensables 
mentionnés et expliqués en lad ordonnance pour les articles qui les 
concernent et regardent, sinon et à faute par lesdites dames de 
salisfaire à la présente signification el sommation, je lui ay déclaré 
que lesdils habitans et communauté dud Montreuil se pourvoiraient 
contre elle ainsy qu'ils protestations de 
recours toutes pertes, dépenses, dommages-intérèts, et ay laissé la 
présente copie auxdites dames du Val d'Osne aud prieuré du Val 
d'Osne en parlant comme dessus. 


N. RISAUCOURT. 
((ette dernière pièce fait partie de nos archives personnelles). 


XI. — Inventaire des biens du prieuré 
du Val d’Osne-Charenton en l’année 1768 


Déclarations que donnent la prieure et les religieuses de Notre 
Dame du Val d'Osne, ordre de S. Benoit de l'adoration perpétuelle 
du S. Sacremeni, de biens et revenus de ladite maison du Val d'Osne, 
pour satisfaire à la delibération de la Chambre du 12 août 1756. 

Le pricuré a été fondé par Geoffroy prince de Joinville en 1140, 
dans le diocèse de Chàlons-sur-Marne en Champagne, et fut transféré” 
à Charenton, diocèse de Paris, sur les ruines du Temple, par lettres 
patentes de Sa Majesté, de l’année 1700. 


49 BIENS SiTUÉS DANS LE DIOCÈSE DE PARIS 


Une maison sise à Paris, rue de la Cordonnerie, à ta halle, louée 
au S" Mermée, marchand de fromages, la somme de 650 livres par 
année, suivant bail du 19 janvier 1756. Cette maison a été donnée à 
ce prieuré par M. Jean-Baptiste de Mononier, vicaire à Saint-Sul- 
pice, par donation du 6 avril 1724, pour demeurer quitte par le 
donateur de 300 livres de rentes au principal de 6.000 livres quil 
devait à ladite communauté, constituée par contrat du 20 mai 1715 
et de plus,la dot d'une religieuse de chœur, de laquelle maison 


— 301 — 


ladite communauté est entrée en jouissance le 28 juillet 1724, 
CR D ee D SUR RAS RE SNS GS D AN 

ltem 300 livres de rentes léguées à ladite communauté par le 
testament de défunte M! Maric de Lorraine, duchesse de Guise, 
déposé ès mains du marquis Demot, notaire à Paris, le 6 février 
1686, à la charge de faire dire un service solennel par chaque 
année, Ci. . . . « . . …  . . . . . . 300 /liv. 


Item 500 livres le rente foncière non racheptable, constituée par 
Mme la princesse de Lalleborme, par contrat du 27 mars 1704, pour 
l'entretien d'un chapelain résident dans la maison, pour dire une 
messe par chacun jour de l’année pour sa famille, ei.  . 500 liv. 


ILem la somme de 840 liv. de rente ‘au principal de 25.000 liv. sur 
les Etats du Languedoc, donnée à lad. Comté par dame Marie 
Robisson veuve de Messire François Bartholin comte de Kiol, pour 
dote et pension de Mesdames ses filles, par trois contrats à Paris 
le 4 août 1713, le 3 avril 1721 el le 20 mars 1726, ci . . 840 liv. 


Item 120 hiv. de rente au principal de 6200 liv., constituées sur 
les Etats de Bretagne par contrat du 29 juillet 1819, ci . 120 iv. 


Item 360 liv. de rente au principal de 9000 liv., constituée par le 
corps des marchands bonnetiers par contrat du 9 septembre 1722, 
CR ee RM SN RE NS SD OU0PNT: 

Item 83 liv. 6 sols 8 deniers de rente au principal de 5000-liv., 
constituées par dame Marguerite Charpentier veuve du S' Morin 
Doyen, par contrat du 13 septembre 1720, ci . . 831.6 s. 8 d. 


Jtem la somme de 3267 liv. 9 sols 6 deniers de rentes au denier 
40, constituées sur l'hôtel de ville de Paris en douze parties 


1. s. d. 
la 1'e de 1067 Liv. par contrat du 31 oct. 1720, ci. 1067 » » 
la 2° de 90iv. par contrat du 25 oct. 1720, ci. 90  » » 
la 3° de 103 liv. id. du 24 mai 1720, ci, 103 » » 
la 4e de 82 liv. 10 s. id. du 18 juin 1714, ci. 82 10 » 
la 5° de 975 liv. 142 s. 6 d. id. du 13 juin 1744, ci. 975 12 6 
la 6° de 100 liv. id. du 23 déc. 13720, ci. 100 » » 
la 7° de 132 liv. 105. id. du 23 nov. 1720, ci, 132 10 » 
la 8° de 437 liv. 10 5. id. du 18 déc. 1415, ci, 437 10 » 
la ®%de 37 iv. 10 s. id. du 5 juin 1721, ci, 37 10 » 
la 10° de {4 liv. id. du 25 sept. 1721, ci. 44  » » 
la 14e de 2% iv. 7s.4%d id. du 3oct. 1721, ci. 28 1 # 
la 42° de 200 liv. id. du 25 oct, 1720, ci. 200 » » 


Item 200 lLiv. de rente au principal de #.000 liv. placées sur 
l'emprunt de sa majesté, ei, . . . . . . . 200 liv. 
Item 227 iv. 10 sols de rente perpéluelle et non racheptable à 
prendre sur la principauté de Joinville, par transaction entre son 
Allesse Mfite de Guise et le prieuré le 1° août 1682, ci, 227 1 10 8. 


—_ 302 — 


20 B1ENS SITUÉS DANS LE DIOCÈSE DE CHALONS 


Item 5000 liv. produit annuel de la ferme du prieuré du Val 
d'Osne, diocèse de Chaalons, transféré à Charenton, tenu par 
Devantcourant et consorts, par le bail passé Je 31 mai 1737 devant 
le notaire royal de Bar-le-Duc résidant à Morlay, ci . . 5000 liv. 


30 B1ENS SITUÉS DANS LE DIOCÈSE DE REIMS 


0] 
Item la somme de 2400 liv. pour le produit annuel du prieuré de 
Louvergny, diocèse de Reims, tenu par N. et consorts, ci. 2.400 liv. 


Somme totale du revenu _.  . 14148 liv. 16 s. 6 d. 


Je soussigné Jacques Paul Poton huissier commre priseur au 
Chastelet de Paris, comme fondé de la procuration des dites dames 
prieure et religieuses du Val d'Osne, certifie la présente déclara- 
tion véritable. 

Fait à Paris le 13 septembre mil sept cent soixante huil. 

POTON. 
{Archives Nalionales). 


XII. — Réclamation non avenue du curé 
et des habitants de Saudron. Compte rendu. — 1772 


En 1732 ct 1733 les sicurs curé, syndic et habitants de la paroisse 
de Saudron, diocèse de Toul, nous ont intenté procès par devant 
M. le bailly de Joinville, au sujet des réparations à faire à la 
chapelle S. Roch qui est dans l'église paroissiale de Saudron, au 
côté droit du chœur, prétendant que nous étions tenues à l'entre- 
tien de ladite chapelle en entier, et de fournir l'huile nécessaire 
pour entretenir une lampe perpétuelle devant l'hôtel de ladite 
chapelle ; au moyen des deffenses que nous avons fournies à leurs 
prétentions, par le ministère de Mr° Gérardin notre avocat à Join- 
ville, ils ont craint d'être déboutés de leurs demandes, croyant 
mieux réussir dans un autre tribunal, ils ont donné leur requête à 
M. Rouillé d'Orfeuil intendant de {a province et frontière de Cham- 
pagne. Nous avons produit copie collationnée de la donation qui 
nous a été faite de nos terres de Saudron en 1533, suivant laquelle 
il est dit que nous serions tenues d'entretenir, soutenir et main- 
tenir la ditte chapelle par chacun an et pour toujours de couver- 
ture seulement, el par chacun an d'une quarte d'huile pour le 
fuminaire de laditte chapelle. En conséquence M. l'Intendant, par 
son ordonnance du à septembre 1773 a débouté les sieurs curé, 
svndic et habitants de leur demande, ainsi qu'il est porté en la 
ditte ordonnance dont expédition signée Didier, Greflier de la sub- 
délégation de Joinville est ci-jointe. | | 

“Archives Nalionales. S 4607). 


— 303 — 


XIIT. — Procès des habitants contre Messire Hennequin 
de Frénel comte de Curel. — 1774 


.....Avons examiné ledit barrage composé de 36 barreaux de 
fer ayant chacun 9 pieds de longucur sur un pouce carré de lar- 
geur, lesquels sont attachés par un bout au seuil bavard de l'em- 
pallement, et par l'autre à une pièce de bois encastrée dans les 
murs d'ailes dudit empallement, et sont distans les uns des autres 
de 12 à {8 lignes, en sorte que ledit barrage posé horizontalement, 
élevé de deux pieds au-dessus de la superficie de l'eau, empèche 
absolument la remonte du poisson dans le canal d’ audessus : , celte 
remonte étant également inteiceptée par le bief du moulin élevé de 
sept pieds de niveau... | 

Demande du sieur Humbert adjudicataire de la pèche à ce que 
les habitants d'Osne soient tenus de se joindre à lui pour faire 
supprimer le barrage ci-dessus indiqué. 

Autorisation de M. l'Intendant de Champagne envoyée à Mr Hus- 
son procureur avec l'assignation ci-dessus pour s'y conformer. 

Défense de Mr Husson pour les habitants d'Osne. 

Arrèt de 1766 qui fait défense au comte de Curel de plus à 
l'avenir barrer le lit de la rivière d'Osne, sinon en distançant les 
barreaux de 6 pouces, et pour l'avoir fait le condamne aux dépens 
tant envers Piot adjudicataire de la pèche qu'envers les habitants 
d'Osne intervenant et prenant fait et cause. (Table de marbre 
1 Juin.) (Archives de la Haute-Marne). 


L 


XIV. — Supplique des habitants à l’Intendant 
de Champagne. — 1781 


Monseigneur, 

Monseigneur Rouillé d'Orfeuil Intendant de la province ct fron- 
uèére de Champagne. ; 

Supplient et remontrent très-humblement à Votre Grandeur, 
Claude Demogeot, Charles Bassemont, Nicolas Millot, la Ve Claude 
Mourot, la Ve Nicolas Demogeot, Sébastien Martin, Claude Lahalle, 
Claude Coquard, Jean Tharasse, Claude Tharasse et Joseph ITans, 
tous laboureurs demeurant à Osne-le-Val, Election de Jomville, 

Disons que le 18 may, présente année 1781 il y aurait arrivé un 
orage si considérable qu'à moins de 6 minutes, non seulement les 
maisons des suppliants, mais toute la vallée aurait été imondée, 
remplie d'eau, de gravier et de terre jusqu'à la hauteur au moins 
de 3 ou #4 picds, que leurs grains restant à ballre ont été entière- 
ment perdus dans les eaux de ce torrent, que cette perte leur porte 
un préjudice des plus considérables, n avant plus aucune ressource 
non seulement pour avoir du fourrage, mais encore pour avoir des 


— 304 — 


avoines ct autres grains pour subvenir à leur subsistence, mais 
encore à celle de leurs bestiaux. 

Il y a au moins quatre cent boisseaux d'avoine de perte, et plus 
de 140 boisseaux tant de bled que de seigle et orge avec les pailles; 
les suppliants ont pris toutes les précautions qu'ils ont cru devoir 
prendre pour tirer parti de ces grains et de ces pailles gâlées. 
Toutes ces peines leur ont été infructueuses et n'en ont pu ürer 
aucun avantage. 

Comment feront donc les suppliants pour faire leur service sur 
les grandes routes ? Ils ont perdu comme les autres habitañts loutes 
les espérances à faire aucune récolte ni de foin dans leurs prairies 
et jardins, toute la vallée avant été inondée, n'y ayant de resté que 
des pierres, graviers et autres immbndices que cet orage a occa- 
sionnés. Avec quoi nourriront-ils leurs chevaux et eux aussi ? 

C'est donc avec la plus grande confiance que ces pauvres malheu- 
reux osent se présenter à Votre Grandeur, afin qu'il vous plaise, 
Monseigneur, les décharger des corvées qu'ils sont obligés de faire 
et en outre leur accorder les soulagements, subsides et autres 
impositions royales, que votre charité a coutume de répandre dans 
le sein des aflligés. 

Ils ne cesseront d'offrir leurs vœux au ciel pour la prospérité de 
Votre Grandeur. 

Suivent les signatures. 


(Archives déparlementales de la Haute-Marne). 


XV. — Procès-verbal de nomination des collecteurs 
de tailles. — 1788 


Ce jourd'hui 28 septembre 1788, issu les Vèpres, les habitants 
assemblés au son de la cloche à la manière ordinaire. 

Par devant nous syndic et membres de la municipalité, en pré- 
sence des adjoints et de notre greflier ordinaire, Simon Regnault 
syndic de ladile communauté nous a représenté et auxdits habitants 
que pour satisfaire à l'arrêt du Conseil d'Etat du Roy du 8 avril 1788, 
il était nécessaire de procéder à la nomination des collecteurs pour 
l'imposition et recouvrement des taille ct capitation pour l'année 
prochaine 1789, et pour y satisfaire ont été présentement nommés 
pour collecteurs des tailles, suivant l'ordre du tableau, les personnes 
de Pierre Perrin et Toussaint Aubry de la première et seconde 
classe. En outre avons nommé les personnes de Cyriac Mourot cel 
de Jean Charles le jeune pour collecteurs des tailles de l'année 
1790 qui sont à la première el seconde classe. Lesquels ont accepté. 
De laquelle nominalion nous avons octroyé le présent acte auxdils 
habitants, pour leur servir el valoir ce que de raison, 


__ 305 — 


Et ont lesdits habilants sachant signer soussignés avec nous les 
jour et an susdits : 
Le GENDRE curé, J. TRIFFAUT, J. REGNAULT, 
C. COQUARD, BRIGAND, S. PIAULT, N. GUYOT, 
REGNAUET syndic, CHARLES greffier. 
(Archives de la Haute-Marne). 


XVI. — Certificat de vie et de civisme du citoyen 
Le Gendre, ci-devant curé d’Osne. — 20 thermidor an 4 


DÉPARTEMENT DE LA Haure-MauNE. — CANTON DE CUREL 


Nous membres composant l'administration municipale du canton 
de Curel, sur l'attestation des citoyens Antoine Thomas, Ciriac 
Vincent et Claude Vincent, tous trois domiciliés en la commune 
d'Osne et que nous déclarons bien connaître, certifions que le C°° 
François Le Gendre ex-curé d'Osne, y demeurant, né le 22 jan- 
vier 14723, est vivant pour s'être présenté ce jourd'hui devant nous, 
qu'il réside en France depuis le 9 may 1792 jusqu'à présent, sans 
interruption qu'en conséquence il n'a point émigré et n'a point élé 
détenu pour cause de suspicion ou de contre-révolution. 

Certifions en outre que ledit François Le Gendre nous a repré- 
senté en bonne forme 1° sa quillance des impositions mobiliaires 
de 1793 et années antérieures, 2 celle du dernier tiers de sa con- 
tribution patriotique, 3° le certificat de son civisme qui lui à été 
délivré dans les formes prescrites par la loi. 

Signalement : 

Taille de cinq pieds trois pouces ; visage long, nez aquilin, bouche 
petite, cheveux et sourcils noirs, veux idem, front élevé, menton 
long. 

Fait à Curel en séance publique le vingt thermidor an 4° Rep. 

Signé : Le GENDRE, THOMAS, MARTIN, FOURCHARD. 
Autres signatures illisibles. 

Le greffier de l'administration COSSON $re, 

(Cetle pièce est en la possession de M. Choler.) 


XVII. — Ordonnance de paiement des pensions 
du ci-devant clergé. — An 4 


L'administration du département de la Haute-Marne. 

Vu les lois des 2 frimaire et 2° sans-culotides, 2° année républi- 
caine et l'état dressé par le District, des ci-devant religieux des 
deux sexes et ecclésiastiques jouissant des secours et pensions, aux 
termes desdites loix : 


20 


306 — 


Le tableau des pensionnaires du canton de Cure, 

Arrète, après avoir entendu le commissaire du Directoire exécutif, 
qu'il sera pavé par le receveur du cid district de Joinville, sur les 
deniers qui ont 6lé où seront versés dans sa caisse pour le paiement 
du ci-devant clergé, à François Le Gendre ex-curé demt à Osne la 
somme de quatorze cent vingt cinq livres, Y compris l'augmentation 
accordée par la loi du 28 pluviose dernier, pour sa pension du tri- 
mestre de nivose au #*, laquelle somme sera allouée en dépense 
audit receveur, en rapportant le présent mandat acquitté. 

Fait à Chaumont le trente germinal an quatre de la République 
française une et indivisible. 

Par les Administrateurs du Département de la Haute-Marne. 

Signé : HENRION, LOMBARD, (d'autres signatures sont ill 
sibles.) | 

Pour acquit de la somme ci-dessus 


Signé : Le GENDRE. 
(Celle pièce est en notre possession.) 


XVIII. — Serment de M. Le Gendre. — An 5 


Extrait du Registre des délibérations et arrètés de l'administra- 
tion municipale du canton de Curel. 


SÉANGCE pu 28 Frucribor AN 5° Rép. 


Par devant nous Charles Léopold Labreveux président de 
l'Admtion municipale du canton de Curel, et François Jeanmaire 
agent mpal de la commune de Curel, s'est présenté le Cen François 
Le Gendre, ministre du culte catholique, pour prêter le serment 
ordonné par l'art. xxv de la loi du 19 fructidor présent mois, ainsi 
conçu : « Je jure haine à la royauté et à l'anarchie et promets alla- 
chement et fidélité à la République et à la Constitution de l'an trois.» 
Duquel serment nous lui avons donné acte, et a signé avec nous. 


Ainsi signé à la minute : LE GENDRE, LABREVEUNX, 
JEANMAIRE, COSSON secrétaire. 
Pour expédilion, signé : JEANMAIRE, COSSON secrétaire. 
(Celte pièce est à M. Choler) 


XIX. — Lettre du Ministère de la Guerre. — 1817 


Paris le 1° mars 1817. 
Le Ministre secrétaire d'Etat de la Guerre fait connaître à M. le 
Maire d'Osne le Val que le S' Bardel Joseph, soldat au Rég' de 
fusiliers grenadiers de l'Ex-Garde, Immatriculé sous le N° 7049, 


__ 307 — 


qui avail passé le Rhin le {# mars 1813, est présumé avoir élé fail 
prisonnier de guerre, et que n'ayant point reparu au corps ni donné 
de ses nouvelles depuis cette époque, il a élé rayé des contrôles, 
pour cause de trop longue absence, le 25 8bre 18:31. 

Vérification au dépôt des extraits mortuaires des Militaires et 
Emplovés aux armées, décédés dans les hopitaux, tant de l'intérieur 
que hors du territoire français, on n'a trouvé aucun acte qui fut 
applicable au S' Bardel. 

Pour son Excellence et par son ordre 

Le sous-inspecteur aux revues, Chef de la 5e division, 


È .. (signature illisible) 
(Celle pièce est propriété de M. Paul Demogeot}. 


XX. — Règlement fait par le Conseil municipal 
à l’instituteur. — 1833 


1° L'instituteur sera chargé de chanter et de servir à l'église les 
Jours de dimanches et de fêtes solennelles, la messe, les Vèpres et 
les complies usitées ; d'assister à tous les offices qui sont obliga- 
loires, d'assister au catéchisme qui se fait ordinairement à l'église. 

2 De sonner l'angélus aux heures qui seront convenues et indi- 
quées par lautorilé, de sonner également les coups de la messe et 
autres offices aux heures indiquées par le curé desservant la com- 
mune ; d'annoncer les fèles autorisées par un coup de carillon la 
veille à midi, ainsi qu'au dernier coup de la messe et à midi du 
même jour; de sonner ensuite La retraite à partir du 15 octobre 
jusqu'au 15 mars, comme d'usage. 

3° D'assister M. le Curé dans l'adiminisiralion des sacrements 
aux malades, de remonter l'horloge lous les jours et de faire sonner 
l'heure accoutumée ; de faire porter l'eau bénile tous les dimanches 
après la messe dans la paroisse. 

4° De donner tous les soins aux élèves qui lui seront confiés 
indistinctement ; il sera Lenu de procurer l'eau qui sera nécessaire 
pour l'eau bénite, et cela autant de fois qu'il en manquera. 

5° Il sera payé à l'instiluteur pour satisfaire aux charges ev-dessus, 
la somme de 275 fr., qui sera prélevée sur les fonds communaux. 

Quant à ce qui concerne les classes ; la première classe qui se 
distingue par celui qui apprend à épeler, paiera par chaque mois 
30 centimes. Celui qui apprendra à lire paicra #0 centimes. Celui 
qui apprendra l'arilhmétlique la dictée et lire paiera 60 centimes. 
Indépendamment des sciences cy-dessus, celui qui apprendra à 
chanter paiera 70 centimes. 

Pour le casuel 

Pour l'enterrement d'un corps, + compris la sonnerie, il est 

accordé 1 fr. 50. 


— 308 — 


Pour chaque service de mort, ÿ compris la sounerie, il lui est 
accordé 2 fr. 
Pour la messe et les vèpres du jour de mariage, sonnerie et 
carillon 2 fr. 
Pour la messe qui se dit ordinairement le lendemain du mariage, 
accordé 1 fr. 
Pour chaque lesse sonnée pour un mort forain, 25 centimes. 
Pour libera 25 centimes chacun. 
Fait el délibéré les jour, mois et an susdits. 
Signé : CHARLES, GUINOISEAU, CHUTIN, GUYOT, 
J. MILLOT, BEURET, COQUARD, GUILLEMIN, 
PAYMAL. 


(Extrait du registre des délibérations du Cônseil municipal, 1833 ). 


XXI. — Lettre élogieuse sur M. Chutin. — 1872 


Langres le 18 février 1872. 
Mon cher Curé, 

Vous m'avez dit tant de bien de votre patriarche M. Chutin, il est 
si charitable, il fait de la fortune que Dieu lui a donnée un usage si 
noble et si chrélien, il est si compatissant el si généreux pour les 
malheureux, les pauvres et les orphelins ; et il vient d'ajouter tout 
récemment à tant d'autres bonnes œuvres, celle d'adopter une pau- 
vre petite orpheline ! Tout cela est si beau et si touchant que j'en 
suis profondément touché et édifié. 

En attendant que Notre Scigneur lui accorde cette grande béné- 
diction qu'il réserve à ses élus et aux Bénis de son Père, pour 
l'avoir nourri, vêtu, visilé, consolé dans la personne des pauvres, 
dans ses membres souffrants, j'envoie à voire vénérable patriarche 
ma bénédiction épiscopale, avec une indulgence de quarante jours 
à gagner tous les dimanches en récitant le Salve Regina en latin ou 
en français, comme il aimera le mieux. 

Que la grâce el la paix de Notre Seigneur demeure avec lui! 


Signé : JEAN évêque de Langres. 
(Exlrait du registre des délibérations du Conseil de Fabrique). 


— 309 — 
8 


ILLUSTRATION 


Couvercle de sarcophage du Val d’Osne 
Inscription du sarcophage. 

Façade de l’église d'Osne. 

Le sanctuaire de l’église 

Intérieur de l’église 

Le presbytère d’Osne-le-Val . 

Portrait de M. Maupris 

Portrait de M. Adam . 

Portrait de M. Bonnenfant 

Vue panoramique d’une partie du village 
La maison communale 

Carte géologique du territoire d'Osne 
Vue de l'usine du Val d'Osne. 


Portrait de M. André. 


= 91l 


TABLE DES MATIÈRES 

Pages 

Références .  . . . . . . . . . . . . . 19 
Avertissement . . . . . . . . . . . . . 21 
Chap. :E. — Origine et étymologie . | 23 
IT. — Fondation du Val d’'Osne. . . . D 28 

HT. — Osne àau Moyen-Age .  . . . . . . 37 

IV. — Biens légués au Val d'Osne . . . . . 90 

v. — Histoire du prieuré ,. + .. . . . . 62 


VE. — Translation du prieuré à Charenton. . . 72 


VII. — Biens du Couvent au xvim siècle. . . . 80 
VIII. — Règle du Val d'Osne-Charenton . . . . 91 
IX. — Osne aux xvut et xvur siècles,  .  . . . 101 
X. — La période révolutionnaire . . . . . 114 


NI. — Le xixt siècle 1243 


XII — L'église d'Osne et ses biens . . . . . 143 

. + ACloéhess + à à SU 2 SG 1956 
XIIT, — La maison curiale et la mense curiale . . 160 
XIV. — La Fabrique ou revenus de l'église .  .  . 166 


XV. — Curés d'Osne-le-Val  . . . . . . …. 179 


XVI. — Ecoles et instituteurs d'Osne . . . . . 191 


XVII — Enfants d'Osne qui se sont signalés par leurs 
fonctions ou quelque geste.  .  . . . 199 
1° Prètres.  . . . . . . . . 199 
D SOIRÉES Au SL 4 4 202 


‘ $ 5 pA 
30 faveurs ou maires 0 )1# 


—_ 319 — 


4° Religieuses. 
5° Instituteurs 
6° Agents de justice . 
7° Notaires 
8° Médecins 
XVIII. — La paroisse Saint-Cyriaque 
XIX. — Topographie 
Notions géologiques sur le territoire . 
XX. — [La fonderie d'art du Val d'Osne . 
XXI. — Statistiques diverses 
XXIT. — Pièces justificatives. 
4° Acte de fondation du Val d’Osne . 
2° Bulle du pape Eugène IT 


3° Donation au Val d'Osne par une dame 
de Chevillon 


4 Compromis entre Molesme et le Val 
d'Osne . 


5 Procès entre les chanoines de Joinville 
et le curé d’Osne. 
6° Inscription à l’église d'One. 
+ 
Sentence en faveur de la pricure, Mme 


de Malabarbe . 
8° Procès-verbal de collation de Maire 
9 Testament de François-Regnaull . 


10° Lettres d'évèques de Toul avant trait 
aux dîimes de Montreuil dues au Val 
d'Osne. 

11° Inventaire des biens du pricuré 

120 Réclamation du curé et des habitants 
de Seudron 


— 313 — 


13° Procès des habitants d’Osne contre le 
comte de Curel . . 


14 Supplique à l'Intendant de Champagne 


15° Procès-verbal de nomination des col- 
lecteurs de tailles. 


16° Cerüficat de vie et de civisme du curé 
d'Osne . 


17 Ordonnance de paiement de pension 
au citoyen Le Gendre ci-devant curé 


18 Serment de M. Le Gendre . 
19 Lettre du ministère de la guerre 


20° Règlement fait par la commune à l’ins- 
ütuteur 

21° Lettre élogieuse de Mgr l’évêque à 
M. Chutin. 


307 


308 


CHARTES BRAGARDES 


DOCUMENTS 


pour servir à l'histoire de St-Dizier 


par 


M. G. de la FOURNIÈRE 


A ———_—_—_—_—_— 


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DOCUMENTS 


pour servir à Fhistoire de Saint-Dizier 


Le premier par ordre chronologique des documents qui suivent 
est un traité passé en 1358 entre Saint-Dizier et Vitry-en-Per- 
thois. Ce traité, qui doit ètre rapproché d'actes du même genre 
conclus à la même époque par Rens et des villes voisines (Voir 
Varin, Archives administratives de la ville de Reims, 1848, 
tome IIT, pages 120 à 126), est extrait d’une des parties restées 
jusqu’à présent inédites d’un grand ouvrage d'histoire locale dont 
le premier volume seulement à été imprimé (/?echerches chro- 
nologiques, historiques et politiques sur la Champagne, sur les 
villes, bourgs, villages et monastères du pays parthois et sur 
les villes du domaine propre des anciens comtés de Troyes ou 
de Champagne, de Meaux ou de Brie, par Charles-Maxime 
Detorcy de Torcy, Troves, Laloy, 1832). 

Les documents groupés sous le n° IT, et transcrits du manus- 
crit français 26.481 de la Bibliothèque Nationale (fol. 128 et 
suiv.), donnent sur l’état de St-Dizier, au lendemain de la guerre 
de Cent ans, des détails intéressants, que je ne crois pas néces- 
saire de souligner. Il me faut toutefois signaler, dans l'acte de 
1442, les variantes que présente le texte dudit Ms. avec celui 
qu'en donne une brochure imprimée chez Saugrain, à Paris, en 
1607, et dont je parlerai tout à l'heure : variantes que j'ai cru 
devoir indiquer par des dispositions typographiques spéciales. 
Dans l’acte reproduit ci-après page 6, c'est le texte du Ms. 
26.481 qui est suivi intégralement, mais: 1° j'ai inlercalé entre 
crochets | | les mots, généralement insignifiants quant au sens 
général, contenus dans l’imprimé et non dans le Ms. ; 2° j'ai 
placé entre parenthèses (}, à la suite de l'orthographe du Ms., 


— 318 — 


celle de limprimé, quand ces orthographes diffèrent, ‘ee qui 
arrive surtout pour des noms propres ; 3° J'ai impriné en carac- 
tères majuscules les membres de phrases contenus dans le Ms. 
et omis, intentionnellement ou non, dans l'imprimé. Cette omis- 
sion à son importance, puisqu'elle donne le change sur l'impor- 
tance du droit concédé aux habitants de Saint-Dizier en 1442 : 
« Tout Je bois des haies el accrues », dit l'imprimé ; « leurs 
usages en {out le bois des haves et accrues », dit le Ms. 

Le document qui vient ensuite est tiré de la brochure qui vient 
d'être indiquée, intitulée « Lettres des privilèges oclroyés aur 
habilans de la ville el fauxhourgs de S. Duizter par leurs Sei- 
gneurs et prédécesseurs rois, confirmés par le Roy très Chrétien 
Ienry de Bourbon, Roy de France et de Navarre » (Paris, 
Saugrain, 1607). C’est la confirmation par Henri IV, en 1597, 
des droits et privilèes anciennement accordés à St-Dizier et 
formant son statut particulier. Les lettres de décemBre 1594, qui 
y sont visées, ont été publiées par le regretté M. Paul Guillemin 
dans «S. Dister d'aprés les registres de l'échevinage » (Mémoires 
de la Société, tome VI, 1890-18911. On remarquera qu’il n’y est 
plus question de la Have Renault, mais qu'en revanche c’est la 
pleine propriété qui est reconnue à la ville de S. Dizier sur les 
autres bois énumérés dans l’acte de Concession de 1442, 

La série des documents cr-après se clôt par la déclaration que 
fit l’Echevin Dubois au nom des bourgeois el habitants de 
S. Dizier, lorsqu'a été rédigé le terrier des domaines de la Cou- 
ronne en Champagne (1680). Cette déclaration est placée en tête 
du volume qui contient celles des propriétaires de celte ville et 
de son terroir (Arch. naliouales, P, 179#, fol. ! et suiv.;. 


G. ne LA FOURNIÈRE. 


Adfin de pourchasser, défendre, soutenir et garder l'honneur, 
le droit, le proulit du roi notre Svre, lequel Jésus-Christ veuille 
conforter, de nostre redoubté seigneur Monsieur le Régent de 
tout le rovaumé et par espécial des villes de Victrv et de Saint- 
Dizier et de tout le plat pays d'environ, et de grever les ennemis 
de nos dessusdits très redoutés Seigneurs et dudit royaume, et 
de leur porter dommage par toutes les voves et manières que ce 
pourra être fait bonnement, lraictié est entre noble et puissant 
homme Messire Érard de Joinville, chevalier le roi, bailli et capi- 
taine de la ville de Victry, plusieurs gens de Sainte-Eglise, des 
esleus et plusieurs bourgeois de ladite ville, tant pour eux que 
pour les aultres habitants d’icelle d’une part, et les gens d'église, 
nobles et bourgeois esleus de Saint-Dizier, tant pour eux que 
pour ladite ville d'autre part, en la forme et manière qui en suit : 

Premièrement que, ad la fin ou fins dessus dites, bons amistiez, 
dilections et vrayes charilez puissent estre nouries, gardez et 
maintenuz entre les deux villes, une certaine confédération et 
allyance soit faicte entre elles ad la honte, confusion et dommage, 
se Dieu plait, des ennemys dudict royaume. , 

Item que par vertu de ladite confédération et alliance la dite 
ville de Victry, en cas qu’elle soit sur ce requise par la dite ville 
de Saint-Dizier, seroit tenue de avder, conforter et secourre la 
dite ville de Saint-Dizier contre lesdits ennemis, Lant ad la 
défense de ladite ville de Saint-Dizier, comme en assallant les 
dits ennemis de quarante glayves. 

Item que ausdictdz quarante glayves ladite ville de Victrv 
paleroit leurs gages, depuis l'heure et le jour qu'ils partiroient 
de Victry jusques à quinze jours ensuivant, en les comptant en 
telle manière que, dedans les dicts quinze jours, ils puissent estre 
retournés et entrés en ladicte ville de Victry. 

Item si, lesdictz ‘quinze Jours venus et accompliz, «il de 
St-Dizier les vouloient retenir plus longuement, il leur paieroient 
leurs gages pour le temps qu'il les retenroient oultre les quinze 
Jours dessusdiclz, jusques à tant qu'ils fussent retournez ou 
puissent être, par voye de raison, en la dicte ville de Victrv. 


— 420 — ° 


Item, s'il avenoit que ladicte ville de Victry eut faict une fois 
tel secours, comme dict est, à ladicte ville de St-Dizier, et avant 
ce que ladicte ville de Saint-Dizier eut faict semblable secours 
à celle de Victry, et elle requeroit une seconde fois avoir secours, 
faire le pourroit en payant les gages à ceulx de Victrv qui y 
seroient envoiez, depuis le jour qu’ils partiroient de Victry jus- 
ques au jour encloz qu'il y seroient retournez. 

Item que, par vertu dudict traictiet, cil de Victry envoiront 
secourre et conforter ladicte ville de Saint-Dizier jusques à 
dix lieues près de Victry, et non oultre, s’il ne leur plaist. 

Îtem que cil, quy seront envoiez de par la ville de Victry au 
secour de ladicte ville de Saint-Dizier, soierit telz que 1lz ne 
soient soupçonneux, ne haineux à ladicte ville de St-Dizier, 
ne contre lesquelz ladicte ville deut par raison avoir aucune 
mauvaise présomption. 

Item, s’il avenoit que, au Lemps que ladicte ville de St-Dizier 
envoieroit par devers la ville de Victry pour querre ledict secour, 
ladicte ville de Victry fut en telle doubte des ennemys que bon- 
nement elle Îne]| se ausast dégarnir de ses gens, ou qu'ilz fussent 
ja en aucune chevauchie, ou l’eussent entrepris à faire pour eulx 
ou ad la requeste d’aucuns seigneurs où des habitans des villes 
de Chaalons et de Sainte-Menehould aussi confédérez avec la 
dicte ville de Victry, avant qu'ils eussent receu le mandement de 
ladicte ville de Saint-Dizier, et ainsi que bonnement 1lz ne peus- 
sent aller au jour dudit mandement, cil de St-Dizier les en 
devroient tenir pour excusez, en cas que ce seroit faict sans 
fraude et sans faintise. 

Item se, durant le temps que cil de Victry seront par devers 
ceulx de St-Dizier en leur avde et en leur confort,'aucunes gens, 
de quelconque estat que ce fussent, leur vouloient porter domaige 
en corps ou en biens, cil de St-Dizier seroient lenuz de les 
ayder, delfendre et conforter de toutte leur puissance grande et 
pelitte, Jusques à tant que, pour tout leur pouvoir, ils les eussent 
mis hors de la doubte et du péril. 

tem traictiet est que les gages, de quoyÿ mention est faict 
ci-dessus, seront telz que pour chacun glayve, de quelque estat 
qu'il soil, on payera un escus de Philippes pour chacun Jour. 

Item s'il avenoit que ladicte ville de St-Dizier eust à faire de 
celle de Victrÿ en aulcun aultre cas qui ne soit contenu ou 


__ 321 — 


compris en ce présent traictiet, sil le faict assavoir à ladicte ville 
de Victry, el que sur ledict cas ils peussent avoir délibération et 
advis, et que aucunes bonnes personnes pour les deux villes en 
peussent parler ensemble, pour conseiller et regarder tout ce que 
bonnement en pourroit être faict. 

Item tout en la forme et manière que par vertu de ce présent 
traictiet ladicte ville sera tenue de ayder, secourre et conforter 
ladicte ville de St-Dizier, en cette même forme et manière, et sur 
ces mêsmes poin(z et conditions, ladicte ville de St-Dizier sera 
tenue de ayder, secourre el conforter celle de Victry. 

Item, s’il avenoit que ce présent traictiet veinst en aucune 
manière au desplaisir de nostre très-redoubté seigneur Monsieur 
le Régent et que sur ce envoist lettres on le feist assavoir par 
aultre manière aux deulx villes dessusdictes ou à aucune 
d’icelles, traictiet est que la première qui en receveroit nou- 
velles le feroit sans delay savoir à l’aultre adfin d’avoir sur 
ce délibération ensemble, par quoy elles ne feissent chose quy 
par raison deust desplaire audict Monsieur le Régent ne de quoy 
elles deussent estre reprises ne ja ne le feront, se Dieu plaist. 

Item traiqhiet est que ce présent traictiet ou alliance ne se 
estandera mie aux guerres particulières que li une des deux villes 
auroit ou pourroit avoir contre aucune aultre ville ou contre 
aucun seigneur, mais s'estandera quant aux guerres touchant le 
royaume et contre les ennemis d’iceluv seulement. 

Jtem traictiet est que, se la ville de St-Dizier mandoit ceux de 
Victry pour eulx servir comme dict est, sv est-il à entendre 
que ilz eussent journée et Lemps convenable de faire leur prépa- 
ration pour aller devers eulx, au jour que escrit leur seroit ; et par 
especial n'auroient et ne douroient avoir que deulx jours francs 
depuis la réception du mandement de l’une des villes à l’aultre. 

Jtem traictiet est [que], sv cest présent confédération et 
alliance est accordée et confirmée par lesdittes deux villes, elle 
se tanra ung an après ce qu'el sera accordé et confirmé. 


Fait à Victrv, le 20 mars 1358 (1). 


{1} À comparer ce traité et celui conclu entre Reims et Châlons, on ne 
peut mettre en doute qu'il n'aient été copiés l’un sur l’autre ; il n’y a guère, 
en effet, que les nombres et les noms propres qui diffèrent. 


. 21 


re 


[1 


D'un cahier contenant 353 feuillets escrits sur parchemin dans 
lequel sont transcrits les comptes du domaine de St-Dizier 
rendus par M° Jean le Clerc comnus à la recepte dudit domaine 
pour les années 14#4-1445-1446-1447-1448-1449-1450 et 1451 
présentez en la chambre des Comples à Paris à la Magdelaine 
1452, a été extrait ce qui ensuit : 


Du compte premier rendu par Jean Le Clerc commis à la 
recepte du domaine de St-Dizier et ses dépendances pour les 
années commencées au 1°" octobre 1444 : 


folio 4. 


A tous ceux qui ces présentes lettres verront ou auront, Nous 
Jean de Vergy, Seigneur (sieur) de Fouvant (Fouvance), de 
St Dizier et] de Vignory, séneschal de Bourgongne, Salut. Sca- 
voir faisons que nous avons accordé, voulu, congenty, promis 
(permis), donné et octroyé, el par ces présentes lettres accor- 
dons, voulons, consentons, promettons (permettons), donnons 
et octrovons, à tous nos bourgeois, manans, et habitans de 
notredite ville de (dudit) St Dizier, [et à] chacun d’eux, soient 
prestres, clercs, nobles ou privilégiez, de quelque privilège que 
ce soit ou puisse être, ou autrement de quelque estat ou condi- 
tion qu'ils soient, leurs hoirs ou (et) ayans cause habitans du dit 
lieu, à toujours mais perpétuellement, [sans révocation], LEURS 
USAGES EN tout le bois des hayes et accreues [de la ville 
dudit St Dizier cy-après déclarez : EL premièrement EN toutes 
les hayes et accreues qui sont au [dit] finage dudit St Drzier, et 
jusqu'aux fossez du Val dudit St Dizier, et pareillement jus- 
qu'aux fossez de la Iarnoyé (Iarnouë) et tout le bois appelé le 
Vertbois (Verdbois), excepté ce qui est entre les fossez d'un 
gaingnage (gaignage) qui souloil être audit Vertbois, pour 
d'icelles hayes et accreues jouir et user par lesdits habitans, et 
un chacun d'eux, leurs hoirs lel! ayans cause, ou successeurs, 
habitans dudit St Dizier : et y avoir Lout droit d'usages de bois 


d'icelles haies el accreues pour en couper, prendre ou emme- 


— 9323 


ner lamencr), ou faire couper, prendre ou emmener (amener), 
à col ou à cheval, ou autrement, tant pour leur chauffage 
comme pour édifier, faire et construire en icelle ville, au autre- 
ment l'employer, et convertir en leurs autres usages et néces- 
sités, et le vendre et appliquer à leur profit en la fdite} ville 
dudit (de) St Dizier, et aux habitants d’icelle [seulement] et non 
autre part. EL ainsi (aussi) qu'ils ne pourront point coper (cou- 
per), abattre, nv (ne) preudre pommiers (pommier) ny poiriers 
(poirier) portant fruits. Et en outre avons promis (permis) et 
accordé auxdits habitans, et} par leur consentement, que si iceux 
habilans ou aucuns d'eux avaient coppé (coupé) ou fait copper 
(couper) et abattre aucunement des {du) bois desdites hayes ou 
accreues en intention de l’'ammener ou faire ammener audit 
St Dizier, et appliquer à leur profit, et aucuns autres (aucun 
autre) d’iceux habitans qui ledit bois [n’] auraient coppé ou fait 
copper et (ne) abattre l’aurotent pris et transporté ou fait prendre 
dre et transporter quelque part que ce fust, qu'il fust en 
amende de cinq sols tournoisenvers nous, et d'en faire LA resti- 
tution suflisante à partie à laquelle ledit bois auroit été ainsi 
pris el transporté. Parmy ce que {Item qu’) iceux habitans com- 
parans {ous en personnes : C'est à savoir vénérables et discrettes 
personnes messire (ruillaume Villiers, messire Jean Rolland et 
Me (messire) Jean Mercier, prestres : Nobles hommes [enry de 
des) Massües, Guillaume des Fontaines (de Fruts et Prin de 
Fruts), Gillet le Jeune (le Jausne}, Jean de Missy (de Nistey), 
ECUYERS, lEtienne, Colesson Huscon (Colleron [ussi), Fran- 
çois Chareton {Charton!, Thevenin le [arpeur, Jean Marchand 
(de Mahendel}, Jean Macon (Masson), Guillaume Laglantier 
(Leglantier), Jean Soncourt {Soucrire), Huardin Michel (Yarde 
Mathieu}, Quentin Maçon (Jean Masson), Poncelet (Ponicelet) 
Charpentier, Guillemin le Bonnier (Guillaume le Bouvier) dit 
\Mullrt, Robert de Villeroy, Colot Pasnave (Collet Pesnave), 
Pierre Muvuet (Miguet), Huot Finance (Pivot Finance), Simon 
de Tonnance, Vincent de Magneux (de Malenus), Gervaisin 
Gaulerv Brechanmville (Brechadeuille), Nicolas le Plumet fle 
Plumicr), Jean Fourquot, Bernard Pincemaille, Jean Maigret, 
Colot Lovot, Richard le Retignier, Guillaume Caillonel (Cail- 
lonéli, Bertrand Femart (fadinart), Adenet Guillemin {Guille- 
main), Bernard Phles (Bernard Philippes), Jean Vauterin, Jean 


324 — 


la Boux (Labrux), Théry le Boucher, Perrot le Paigat (Prot le 
Pagat), Jean le Verdelet, Jean le Prestre, Thierry Oliffat (Ohffart), 
Legier le Clerc, Simon de Passeloupt, Jean I[lerbelot, Jean Rostet 
(Jean Rossotte), Thierry Audrovot, Girard de la Salle, Hen- 
nicles Hermand {Haincelot Hermend), Jean la Rousse (la Rouse) 
et Gruillaume Haumart (Tladenard). Lesdits habitans comparans, 
comme dit est; en la présence d’Etienne le Charpeur {le Char- 
pentier) et Jean le Clerc, eschevins dudit St Dizier, reconnurent 
et confessèrent par devant lesdits eschevins, comme en juge- 
ment et à droit, de leurs bonnes volontés, sans force, contrainte 
ou indiction aucune, pour le clair et évident profit tant de la 
communauté et ville dudit St-Dizier et des dits habitans, comme 
aussy pour l'utilité d'un chacun d’iceux : Et eux sur ce bien 
advisez et conseillez, et pour plusieurs causes justes et raison- 
nables, et qui a ce les ont meus et meuvent, devoir [et] être 
léalement (loyaument) tenus, et aussi rendre el payer à nous 
Seigneur dessusdit et à nos successeurs Seigneurs dudit Saint- 
Dizier, ou à notre receveur ou receveurs de nosdits succes- 
seurs sersneurs, Chacun [en] a toujours perpétuellement par 
chacun desdits habitans, soient prestres, clercs, nobles, bour- 
geoils, veuves ou autres, de quelque estat ou condition qu'ils 
soient, ou privilèges qu'ils ayent, et dont ils puissent ou doivent 
jouir et user, manans et demeurans, tenans feu et lieu en la 
ville dudit St-Dizier, la somme de quinze deniers tournois, le 
jour de (et) feste St Adrien (Andrieu), apôtre (1), dont le premier 
terme sera et escherra au Jour de ladite fète de St Adrien 
(Andrieu) prochain venant, et ainsi d'an en an et de terme en 
terme, sans aucun defaut, comme lesdits habitans et un chacun 
d'eux l'ont promus : C’est à scavoir lesdits vénérables [et] pres- 
tres la main mise au prix (pis), et les autres par la foi et pro- 
messe (serment) de leurs corps, pour ce corporellement donnans 
[donné en] la main desdits Echevins, et sous l'obligation de tous 
les biens appartenans à la Communauté de ladite ville, et aussi 
des [dits} habitans dudit St-Dizier, et d'un chacun d'eux, 
meubles et héritages présents et à venir, et lesdits vénérables 
soubz l'obligation de leur temporel ou autrement, par la meil- 
leure forme el manière qu'ils peuvent (puissent) : Lesquels biens 


(1) C'est incontestablement St Andrieu {ou S' André) qu'il faut lire, tant 
dans ce document que dans les suivants extraits du Ms. fr. 26.481. 


— 325 — 


Iceux habitans, et par la manière dessusdite, pour ce ils ont 
soubmis et obligé à la juridiction et contrainte de Nous, pour 
estre contraints comme 1l est accoutumé de faire en tous autres 
cas pour nos propres debtes, et aussi à toutes autres cours et 
juridictions quelconques, à rendre, [et] payer, bailler et délivrer 
ladite somme de quinze deniers tournois à Nous, nos hoirs, 
ayans cause ou successeurs Seigneurs, ou à nostre receveur ou 
receveurs d’iceux successeurs Seigneurs, chacun an, perpétuelle- 
ment ledit jour de (et) feste de St Adrien (Andrieu) : sur peine 
de tous cousts et dommages, rendre et restituer : renonçans en 
ce fait lesdits habitans et chacun d’eux à tous us et coutume du 
(de) pays, à tout retour de Chastellenie et de Prévosté, à toutes 
propositions (oppositions) ou (et) appellations, grâces, respils, 
indulgences de papes ou de princes, à la dispensation de leurs 
sermens (seings). Et Nous Seigneur dessus nommé promettons 
léalement (loyaument) et de (en) bonne foi. à tenir ferme et stable 
à loujours mais perpétuellement, Nous et nos hoirs, et succes- 
seurs Seigneurs dudit St-Dizier, toutes les choses dessus dites 
par nous estre faictes, données el actroyées par la manière que cy 
dessus est dit et déclaré : sans aller ou faire aller CONTRE, par 
Nous, nos hoirs et successeurs au temps advenir en quelque 
manière que ce soit. En tesmoin de laquelle chose Nous, Jean de 
Vergy Seigneur dessusdit, avons scellé ces présentes lettres de 
nostre propre scel: qui furent faictes et données l'an de grâce 
quatorze cent quarante deux (1442), quinze jours au mois de 
Juillet. Ainsi signé sur le dos desdites lettres M. Pourchassot, 
Et sont lesdites lettres transcrites en un vidimus fait el passé 
soubz le scel des Eschevins de la Communauté dudit St-Dizier (1). 


Folio 6 
Charles par la Grâce de Dieu Roy de France, au Bailly de 
Vitry ou son Lieutenant, Salut. De la part de nos bien amez les 
[1 . on . +4 . 0 
gens d'EÉglise, bourgeois, manans et habitans de St-Dizier-en- 
Partois, Nous a été exposé que comme paravant les guerres et 
divisions de Nostre Royaume, lad. ville fust bien édiffiée de 
notables maisons et édiflices, grandement peuplée, et par Îles 
princes reprise d’eschelles demblée, et par force plusieurs fois 


(1) Celle dernière phrase est celle du Ms. 26 481. L’imprimé se termine par 
ces mots : &« Et scellé sur double queue de cire rouge ». 


— 326 — 


les édifices de lad. ville ayant été débrisés, ars et rompus totale- 
ment, el les habitans d'’icelle pillez, pris, ranconnez; el comme du 
tout destruit de présent y à très peu de peuple pauvres gens el 
petit nombre de maisons et édifices au regard auparavant desd. 
guerres, lesquels habitans d’icelle ville et chastel de toute ancten- 
neté avoient grande quantité de terres labourables autour de lad. 
ville qui durant lesdites guerres ont esté el sont toutes cheutes 
en ruines et peuplées de bois, mesmement celles prez et tenans 
de nos bois et forèts, et des seigneurs dudit St-Dizier ; et sil y 
avoit plusieurs de bois en plusieurs et divers lieux à l'environ de 
ladite ville, où lesdits exposans avoient droit et coutume de 
prendre, copper et remporter du bois, tant pour leurs chauffages 
que pour leurs autres usages, laquelle ville et chastel d’icelle, qui 
appartiennent pour les deux Liers au sieur de Vergx et à Nous 
l'autre Liers, durant le temps desdites guerres, où la plus wrande 
part d’icelles ont esté tenues et occupées par Iceluvx Sieur de 
Vergy, jusqu’à naguerre qu'avons fail mettre en noslre main le 
droit qu'avons esd. ville et chastel pour notredit Liers, et commis 
en icelle ofliciers de par Nous ; et combien que, durant le temps 
que ledit sieur de Vergv à eu en sa main lesdites ville et chastel, 
une parlie des hérilages labourables desdits eXxposans soient peu- 
plées de bois, comme dit est, lellement que l’on n'y pourroil 
labourer sans les copper ; ce neumoins ledit sieur de Vergy 
et ses ofliciers illec ont empesché lesdits exposans à jouir et user 
de leurs usages, droicts el coutumes, et les ont contraints à bailler 
chacun certaine somme d'argent à son proflit pour avoir de luy 
congé d'aller esdits bois et accreues copper du bois pour leurs 
fouages et édifier en ladite ville et en user comme ils fasotent 
auparavant desdiles gucrres ; et pour ce que iceux exposans 
estoient en grande difficulté aucunes fois de asseoir et mettre 
sur eux la somme qu'il leur convenoit chacun an payer, firent 
trois ans ou environ certain accord audit sieur de Vergy, qui lors 
tenoit toute la terre et seigneurie dudit St-Dizier: c'est à savoir 
qu'il leur donna congé d’avoir usage en tous les bois des bois et 
accreues de lad, ville de St-Dizier jusqu'aux fossez du Val dudit 
St-Dizier, pareillement jusqu'aux fossez du lieu de la Harnoé et 
en tout le bois appelé le Verthois, excepté ce qui est entre les 
fossez du gagnase qui souloit être audit Verthois, pour en 1e:ux 
lieux el accreues copper ou faire coapper, prendre où emmener. 


— 327 — 

a col, a cheval ou autrement, tant pour leurs chauffages que 
comme pour édiffier, vendre et convertir en leurs autres usages 
et nécessitez en ladite ville et à leurs profits, et non autre part, 
sans toutesfois abattre pommiers ni poiriers portans fruits sur 
peine de cinq sols d'amende et de restablir partie parmy ce que 
iceux exposans s’obligèrent audit sieur de Vergy de lui payer dès 
lors en advant par chacun an le jour de St Adrien pour chacun 
d'eux, tant gens d'église, nobles, clercs, bourgeois, veuves et 
toutes manières de gens de quelque estat ou condition qu'ils 
fussent, tenans feu, lieu et ménage en ladite ville, la somme de 
quinze deniers tournois, comme par les lettres sur ce faites et 
passées pour plus à plain apparoir ; depuis lequel accord ils ont 
loujours continué et payé ladite redevance, tant à Nostre rece- 
veur que depuis naguerre avons commis audit lieu pour nostre 
part, comme à celui dudit S' de Vergy ; mais néanmoins ils 
doubtent que Nos officiers en ladite ville ne veullent pas dores- 
navant tenir ledit accord ains les veullent empescher en la jouis- 
sance d’iceluy, qui soit à leur très grand grief, préjudice et dom- 
mage, si comme ils dient humblement requérant sur ce nostre 
provision. Pourquoi Nous, ces choses considérées, Vous mandons 
el commeltons par ces présentes que se appellé Nostre procureur 
il vous appert dudit accord, et qu'il ne soit à Nous aucunement 
préjudiciable, Vous d’iceluy faites lesd. exposans, et chacun d'eux, 
jouir et user pleinement et paisiblement doresnavant selon sa 
forme et teneur de point en point, en contraignant a ce faire et 
souffrir tous ceux qui pour ce seront à contraindre par toutes 
voyes et manières deues et raisonnables, car ainsi Nous plait il 
être fait; et auxdits exposans l'avons octroyé et-octroyons de 
grâce speciale, par ces présentes données à Chaalons le xxv° Juin 
l'an de grâce mil quatre cent quarante cinq, et de Notre règne 
le vingt troisième. 

Ainsi signé par le Roy a la relation du Conseil, et Chaligault. 


Folio 7 
A tous ceux qui ces présentes lettres verront, Agot Bauduin, 
lieutenant en la prévosté et ressort de Vitry, et noble homme 
Thierv de Lenoncourt, seigneur dudit Lenoncourt en partie, 


biully de Vitrv en l'absence de son Lieutenant Général, Salut. 
Comimne {es sens d'Eglise, bourgeois, manans de la ville de 


— 328 — 


St-Dizier-en-Partois nous avent puis naguerre présentez cer- 
taines lettres royaux en simple queue et cire jaune par eux impé- 
trées, desquelles, la teneur s'ensuit : Charles par la grâce de Dieu 
Roy de France au Bailly de Vitry ou son Lieutenant Salut de la 
part ..., données à Chaalons le xxv° juin 1445 et de notre règne 
le 23°, ainsy signé par le Roy à la relation du Conseil signé 
Chaligauli, en nous requérant par iceux impétrans l’enlerrimement 
d’icelles, sur le contenu desquelles lettres royaux, appelé à ce le 
procureur du Roy notre Sire audit bailliage, nous soyons bien au 
long informé, et faisons scavoir que veu ladite information par 
laquelle nous est apparu suffisant tant par lettres sur ce faites et 
passées comme autrement deuement de l'accord et appointement 
puis trois ans en ca fait entre noble seigneur Messire Jean de 
Vergy, seigneur en partie dudit St-Dizier et les gens d'Eglise, 
bourgeois, manans et habitans de ladite ville de St-Dizier, tou- 
chant les usages d’iceux, gens d’Eglise, bourgeois, manans et 
habitans de St-Dizier ès bois des lhayes] et accreues de ladite 
ville de St-Dizier jusqu'aux fossez du Val dudit St-Dizier, aussy 
jusqu'aux fossez du lieude la Harnoé et en tout le bois appelé le 
Verthbois, excepté ce qui est entre les fossez d'un gagnage qui 
souloit être audit Vertbois, réservez pommiers et poiriers por- 
tans fruits, sur les peines, modifications et en la forme et 
manière plus a plain contenues et déclarées esdites lettres royaux, 
et avec ce que le traité et appointement fait entre iceux seigneur 
de Vergy et impétrans n’a eslé ne est aucunement fait au pré- 
judice du Roy nostre Sire, et sur tout conseil et advis pris avec 
plusieurs sages, Nous du consentement dudit Procureur du 
Roy, avons enterriné et enterrinons par ces présentes à iceux 
impétrans lesd. lettres royaux de point en point selon leur 
forme et teneur, et en icelles enterrinant leur avons permis et 
abandonné, permettons et abandonnons par ces présentes, et à un 
chacun d'eux, de jouir et user dorénavant pleinement et paisi- 
blement dudit traitté et appointement par eux pris avec le sieur 
de Vergy touchant iceux usages, selon sa forme el teneur décla- 
rées esdites lettres royaux, en donnant en emandant par ces dites 
présentes au M° du Val dudit St-Dizier et à tous autres officiers 
en ladite terre et seisneurie dudit St-Dizier à qui il appartiendra 
que d'iceluv traité el accord soulfrent et laissent doresnavant 
lesdits impétrans jouir et user pleinement et paisiblement sans 


— 329 — 


en ce leur faire ou donner aucun destourbier ou empeschement, 
en tesmoin de ce nous avons scellé ces présentes lettres de nostre 
propre scel, qui furent faites et données le 19° jour du mois de 


Septembre 1445. 
Ainsy signé, D. Monnet 


Du compte premier rendu par Jean le Clerc, commis à la 
recepte du Domaine de St-Dizier et ses dépendances, pour les 
années commencées au {® Octobre 1445 : 


Folio 22, Vo 


Fouages deubs audit St-Dizier, c'est à scavoir que chacun 
conduit en celle condition doit chacun an au jour et terme de 
St Remy d'octobre cinq sols tournois, exceptez Clercs et nobles, 
dont il est escheu pour led. terme de St! Remy 1443 escheu en 
l’an de ce présent compte pour Lxxnn conduis (1) entiers et pour 
neuf femmes veuves qui ne font que demy conduit xix! xs vi‘ 
lournois pour lesd. Sieurs, et comme les parties écrites en un 
cahier de papier certifié par Guillaume Quarroy, Procureur du 
Roy, et par le dessusdit Jean Richard, receveur dudit sieur de 
Vergwy, rendu cy devant sur la partie des ascensez des bestes de 
Villiers-en-Lieu en recepte d'avoyne suivant cy appert pour ce 
cy pour lesd. Seigneurs, et au bas et a côte est écrit cv..... 

.. Xix xus vid 
d 


Somma perse focagiorum ad partem regis ..... VI Xx° x 

Autre recepte en deniers d’une rente appelée les Chapous, c'est 
à scavoir que chacun feu de lad. ville, s’il n'est clerc ou noble, 
doit chacun an 8 deniers tournois au terme de Noël, et ont 
valu pour le terme de Noël l’an 1443 escheu en lan de Compte 
pour 81 habitans estans audit St-Dizier faisant 81 feux entiers, 
et pour une femme veuve qui ne fait que demy feu, 54 sols 
À deniers tournois Comme par le dessusdit cahier servant cy 
appert pour cecy pour les susdits Seigneurs y .... LIN nf 

Plus bas et a coté est écrit : 

Somma perse redditus caponum ad partem regis... xvu 1 


cum tertia parte denariL. 


(1) Conduit, en vieux francais, signifie ménage. Par leur nombre indiqué 
ci-dessus, on peut juger du peu d'importance de la population de St-Dizier 
en 1#4#.4. 


— 330 — 


Folio 33 

Autre recepte d’une rente mise sur audit St-Dizier le 25° jour 
de Juillet 1442 par Mr° Jean de Vergy, Chevalier Seigneur en 
partie dudit St-Dizier, du consentement des habitans dudit 
St-Dizier pour lequel temps il prenoit tout le revenu dudit 
St-Dizier, c’est à scavoir que chacun habitant dudit St-Dizier, 
soit prêtre, clerc, noble, bourgeois, veuve ou autre, de quelque 
estat où condition qu'il soit ou privilège qu’il ayt et dont il puisse 
ou doive jouir et user, manans et demeurans, tenans feu et lieu 
en la ville dudit St-Dizier, leurs hoirs et ayans cause habitans, 
sont et seront Lenus rendre et payer à loujours perpétuellement 
par chacun an à la récepte dudit St-Dizier xv d. tournois au Jour 
de feste S!' Adrien apostre, dont le premier terme est escheu audit 
jour de S'Adrien 1442, el movennant ce le sieur de Vergv dez lors 
consentv, donnaet octrova auxdits habitansdeSt-Dizieret à chacun 
d'eux, ainsv que dessus est dit, à toujours mais perpétuellement., 
leurs usawes en tous les bois des hayes et accreues de la ville dud. 
St-Dizier, ainsi par la forme et manière, et soubz les conditions 
contenues et déclarées au vidimus des lettres sur ce faites par 
ledit Sieur de Vergv auxdits habitans, transcrites au commence- 
ment de ce compte, lesquels consentement, don et octroi ont esté 
depuis enterrinées auxdits habitans, par vertu des lettres du Roy 
nostre Sire données à Chaalons le xxv° jour de Juin 1445, par 
Auot Bauduin, Lieutenant du Bailly de Vitry en la Prévosté 
dudit Vitry, à ce commis de par le Roy nostre Sire, et par sesdites 
lettres comme par le vidimus d’icelles et des lettres dudit enter- 
rineiment, rendues et transerites au commencement de cedit 
compte, appert pour ce ex pour lesd. usages pour led. terme de 
St Adrien 1#43 escheu en cet an les parties déclarées en un cahier 
de papier rendu cvdevant en recette d’avoyne sur la partie des 
ascencez des bestes de Villiers-en-Lieu servant ey montant 
ex y devant aud. prix de xv d. lournois pour chacun habi- 


tant valent pour lesdits Seigneurs ce ev val 1 nf 
Plus bas et a costé est escrit : 
Suimma perse. . D ve 


[ie pro rege. 2 0 8 8. XEVIS 1 


391 — 


[TI 


Ilenry par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à 
noz amez et féaux les gens tenans notre cour de Parlement à 
Paris, Chambre de noz Comptes, Surintendant général, Grand 
Maitre Enquêteur, et Général Réformateur des Eaux et Forèts 
de France, et à chacun d'eux en droit foy, si comme il appar- 
tiendra, Salut. Nos chers et bien aimez les manans et habitans 
de notre ville et fauxbourg de Saint-Dizier, frontière de notre 
pays de Champagne, nous ont fait dire en notre Conseil, encor 
que, par notre Edit du mois de Novembre mil cinq cent quatre- 
vingt-qualorze, sur a réduction d'icelle ville en notre obéts- 
sance, nous avons, entre autres choses, expressément confirmé et 
continué tous leurs droits, privilèges, franchises, immunitez, à 
eux par cy-devant et de toute encienneté donnez, concédez et 
accordez, Lant par les anciens Souverains Seigneurs dudit Saint- 
Dizier que par nos prédécesseurs Rois; et entre autres la 
propriété et Seigneurie de deux petites contrées de Tlayes et 
Bois, l’une appelée le Verdbhois, du côté du Barrois, et l'autre 
du côté el attenant de notre forèt du Val dudit Saint-Dizier, juri- 
diction des Echevins de ladite ville, peine cinquième des amendes 
et reslilution d'intérêts, avec le droil d'usages, en notre dite 
forest du Val, d'y prendre et recueillir bois mort et mort bois, 
envoyer paturer leurs bestes armailles, chevalines et autres, ès 
laillis après cimq ans, et leurs porcs aux glandes, nous payant 
les redevances anciennes et accoutumées par chacun an à la 
receple de notre domaine audit Saint-Dizier; et, outre ce, d’avoir 
par iceux habitans bois branslans en notredite forest, pour la 
construction et entretenement des Ponts, Corps de Gardes, 
Portes, Sentinelles, Tours, Hours, Tours du Guet, parecg des 
porgs de ladite ville, Barrelages, et généralement toutes autres 
affaires qui regardent et concernent la forteresse de ladite ville 
et notre nn ainsi que plus amplement le contiennent les 
dites leltres, et autres nos lettres de Confirmation. et déclara- 
lions particulières à eux accordées dès le mois de Décembre mil 
cinq cent quatre vinet qualorze ensuivant: néantmoins contre et 
au préjudiec de nos intentions et déclarations £ssez amplement 


— 332 — 


témoignées par lesdites lettres, les Sieurs Fournier et Bragelogne, 
Commissaires par nous députez, en l’année mil cinq cent quatre 
vingt seize, pour la réformation des Eaux, bois et forêts de notre 
province de Champagne, les auroient taxé à la somme de unze 
cens cinquante escus d’une part, et cinq cens escus d'autre, avec 
deux sols pour livre desdites sommes, pour la confirmation de 
leursdits bois, droits paquis, paturages, et usages en nosdites 
forêts et limites, le nombre des bestes, tant armailles, cheva- 
lines, que porcs qu'ils pouroient mettre par chacün an en nos- 
dites forêts ; et pour icelles sommes délivré leurs escrouës et 
contraintes contre iceux habitans, et jusques à l’entier paiement 
d’icelles, fait saisir leursdits bois, droits et usages en nosdites 
forests ; combien qu’iceux habitans soient francs et exempts des- 
dites sommes, Lant parceque lesdits bois leur appartiennent en 
propriété, que aussi que iceux droits et usages leur ont été par 
nous confirmez, tant par notredit Edit que Lettres de déclaration 
desdits mois de Novembre et Décembre mille cinq cent quatre 
vingt qualorze, Nous requérans iceux habitans humblement leur 
vouloir sur ce pourveoir. A CES CAUSES, de l'avis de notre 
Conseil, qu'a vêu notredit Edit et traicté fait sur la réduction 
de ladite ville en notre obéissance, avec la confirmation particu- 
lier obtenue par lesdits habitans pour la jouissance desdits 
bois, droits et usages cy altachez, -soubs le contrescel de notre 
Chancellerie : Vous mandons, ordonnons, et à chacun de vous 
très expressément enjoimgnons, que, conformément à notredit 
Edit et déclaration, iceux habitans de notre ville de Saint-Dizier 
et Fauxbourgs d’icelle, el leurs successeurs à toujours, vous 
faites soulfrez et laissez jouir et user pleinement et paisiblement 
de la Seigneurie et propriété desdites deux petites Contrées de 
haves et bois, justice peines et amendes, restitution d'intérêts, 
droits, usages, pasquis, paturages el panages en notredite forêt du 
Val et autres droits susdits et amplement déclarez en notredit 
dit et déclaration dudit mois de Décembre ; en laquelle 
Seigneurie et propriété desdites deux petites contrées de hayes 
el bois susdits, paquis, paluragwes et autres droits, AVONS 
d'abondant continué, confirmé et maintenu, continuons, confir- 
mons el maintenons iceux habitans, pour en jouir, par eux et 
leurs successeurs, en la mème forme et manière qu'ils et leurs 
prédécesseurs en ont bien el deuëment jouir et usé, jouissent et 


— 333 — 

usent encores de présent ; sans que pour ce ils soient tenuz 
payer autres sommes de deniers que celles que de toute ancien- 
nelé 1ls ont accoutumé nous payer par chacun an à la recepte 
de notre Domaine audit Saint-Dizier. VOULONS et entendons 
qu'ils demeurent quittes et déchargez, comme de fait nous les 
quiltons et déchargeons par cesdiles presentes, desdites sommes 
de ÜUnze cens cinquante escus d’une part, et cinq cens escus 
d'autre, et deux sols pour livre desdites sommes, à quoy ils 
ont esté, comme dit est, taxéz et imposez par lesdits Fournier et 
de Bragelongne pour le droit de la confirmation de leursdits 
bois, droits et usages en nosdites forects, et autres franchises et 
inmunitez, leur faisant a cette fin pleine et entière main-levée 
de leursdits bois, droits, paquis. paturages et autres sur eux 
saisis en vertu des commissions desdits commissaires, sans que 
par cy après ils puissent eslre, pour quelque cause, suject et 
occasion que ce soil, troublez ou empêchez en la jouissance 
d'iceux ; Contraignant à ce faire, souffrir el + obéir tous ceux 
qu'il appartiendra, par toutes voyes deües et raisonnables ; 
nonobstant oppositions ou appellations quelconques. Car tel est 
nôtre plaisir. 

Nonobstant tous Edits, Ordonnances, Mandements, Deffenses, 
Règlemens et Lettres à ce contraires : Ausquels et à la déroga- 
toire de leur dérogaloire, Nous avons dérogé et dérogeons par 
cesdites présentes. Donné à Paris, le 2° jour de Juin, l'An de 
grace 1597, et de nôtre règne le 8°. Signé, par le Roy en son 
Conseil, Potier. 


IN 


Chatellenie de Saint-Dizier. Déclarations des maisons, lerres 
el hérilages des ville, fauxhourgs, et terroir de Saint-Dizier, 
el des particuliers el communautés redevables de cens el rentes 
envers le Roy à cause dud. domaine. 


M° Claude Dubois, conseiller du Roy, Lieutenant particulier, 
assesseur criminel au baillage de St-Dizier, M° eschevin de la 
dite ville, déclare, pour et au nom des bourgeois et habitans de la 
ville de St-Dizier, en vertu de l'acte d’assemblée des habitans du 


- - 331 


cinquiesme jour des présens mois etan, signé Guvard greflier, 
altaché à Ta minute des présentes: Que lesdits habitans sont 
redevables par chacun an au jour de St-Remy, à la recepte du 
domaine du Rov audit StDriier, d'un droit de fouage qui est de 
cinq sols el de huit deniers, pour et au lieu d'un chappon, par 
chacun feu de Ja dite ville et fauxbourgs de StDizier, et la 
vesve moitié, dont fe clerc et le noble sont exempts, que les dits 
habitants payent pour jouir de plusieurs droits qui leur ont été 
concédés par la chartre de Guillaume de Dampierre, seigneur du 
dit St-Dizier, du mois de mav mil deux cens vingt huict, lesquels 
droits sont: de rendre fa justice civille et eriminelle dans l'étendue 
de ladite ville et banlieue d'icelle, par les eschevins de ladite 
ville qui sont nommés par lesdits habitants et les officiers du 
baillage dudit Heu tous les ans au jour de la purificalion de 
Nostre-Dame, et de nommer le dimanche suivant par lesdits 
habitants un seindieq et receveur de Fhospital, dont lesdits 
£schevins sont administrateurs; et de la cinquiesme parte des 
delfautz el amendes qui s'adjugent audit eschevinage, les quatre 
autres parties desdiles amendes appartenant au Roy ; à prendre 
et recueillir en la forest du Val bois mort, et mort bois, bois 
branlans ant pour les grandz ponts de ladite ville, pour ponts- 
levis, corps de garde, chaussées, sentinelles, tours de guet, bar- 
rières, barlawes et sénérallement pour tous les autres ouvrages 
qui regardent les fortifications de ladite ville de St-Dizier, après 
toutefois que lesdits bois leur seront marqués par les officiers 
des eaux et forests dudit St-Dizier; le droit de mener et faire 
mencr en pasture en tout Lemps en la forest du Val, fors dans les 
Lallis pendant qu'ils sont en deffences, leurs bestiaux, et aussi 
de paissonner leurs pores en ladite forest; le droit dans la rivière 
de pescher depuis le pas SE Martin jusques au pont de Moylin, 
excepté les fosses des moulins et escluses, et le bacq en ladite 
rivière de Marne qui appartient aux Abbesse et Religieuses de 
St-Dizier, et le droit d'usage dans les pericres qui sont dans a 
dite banlieue, et de tous lesquels droits, à eux concédés par la dite 
chartre de Guillaume de Dampierre, lesdits habitants sont en pos- 
session immémoriale, en pavant lesdites redevances cy dessus 
esnoncées. Plus sont les dits habitants redevables pour autre rente 
de quinze deniers par chacun an au jour de S, André, payable par 
chacun desdits habitants, privilégiés et non privilégiés, clercs et 


Er. 


nobles, pour jouir de douze cens cinquante arpens ou environ de 
bois appellez les Accreus jusques àu Val et le Verbois du costé 
du Barrois, à la réserve d'une contrée appellée Le Clos, environnée 
de fossés, qui appartient au Row, lesquels bois et usages leur ont 
été concédez à la charge de ladite redevance de quinze deniers 
par chacun desdits habitants, par chartre de Jean de Vergv, sei- 
gneur du dit St-Dizier, du quinziesme de Juillet mil quatre cens 
quarante deux, confirmée par les ordonnances des grands mais- 
tres des Eaux et forêts de Champagne'du unziesme d’'Aoust mil 
cinq cens vingt sept, lettres patentes du Roy Ilenry Quatriesme 
du deuxiesme de juin mil cinq eens quatre vingt dix sept, et par 
un arrest du Parlement du vingtiesme des dits mois et an. 

Plus lesdits habitants sont exempts du huitiesme et vingtiesme 
des vins, suivant les lettres patentes de confirmation par eulx 
obtenues du feu Roy Ilenri IE, du mois de septembre mil six 
cens. Jouissent lesdits habitants d'un droit de bourgeoisie 
de ville, qui est que tous estrangers, qui viennent faire et establir 
leur demeure audit St-Disier, doibvent p.ver à ladite ville la 
somme de soixante sols, pour jouir des droits el privilèges 
d'icelle, ainsv qu'il est porté par ladite chartre du mois de may 
mil deux cens vingt huietl et antien compte de la dite ville ; que 
nul ne peut bastir sur front de rue, sans que les eschevins, le 
procureur du Rov et scindicq avent marqué la place où se doibt 
poser la première pierre du seuil, ainsi qu'il est porté èsdites 
chartres, patentes el confirmation d'icelles, en datte des mois de 
décembre mil cinq cens quatre vingt qualorze, dixième de juin 
mil six cens unze et {rentiesme de max mil six cens cinquante; 
qu'ils ont pareillement droit de marquer boisseaux à mesurer 
Urains, pintes et chopines, et à cette lin ont étalons el marteaux 
pour étalonner leurs mesures qui ont mesme cours dans le pays 
barrois ; qu'ils ont droit aussy de passer tous contracts dans la 
ville, fauxbourgs, et banlieue d'icelle, et iceux faire sceller du 
sceau de ladite ville, lequel droit leur est contesté par les 
notaires du baillage de ladite ville, suivant les dites chartres et 
leltres pattentes. Plus déclarent lesdits habitints qu'il appartient 
plusieurs droits au Rov, qui se lèvent tant en ladite ville que 
faux bourgs, scavoir: un droit de minage sur les grains qui se 
vendent à la halle aux bledz dudit lieu, qui conciste en une 
chopine pour chacun boisseau, pavable par le vendeur. à lexcep- 


— 336 — 


üon de celui qui provient du cru et concru desdits bourgeois et 
habitans, et de celui qui s'achepte et se vend pour la fourniture 
des estappes et celles de la ville de Paris, suivant l'arrest contra- 
dictoire rendu entre le seigneur engagiste du dit domaine et les 
dits habitants le quinze de febvrier mil six cens quarante-huict ; 
un autre petit droit de mesurage des grains qui se vendent 
audit St-Dizier, qui est d’un denier pour chacun septier ; que les 
moulins et fours y sont bannaux au Roy, sur tous les habitans 
de ladite ville et fauxbourgs, à l'exception du four de la Noue 
qui est banal au prieur de St-Thiébault de Passeloup ; que les 
grosses dismes du finage de St-Dizier de fauxbourg de Gigny 
appartiennent au Roy, et se lèvent à raison de la treizième gerbe: 
plus un droit de terrage sur les terres qui sont scituées depuis 
la Vieille Marne jusques à la rivière de Marne à lexception de celles 
des Dames Abbesse et Religieuses de St-Dizier, et de quelques 
autres qui estoient en bois et ont esté défrichées, sur celle's 
scituées au grand Lachapt, lequel droit de terrage conciste en la 
quatorziesme gerbe ; un droit de banvin, qui est le huitième 
denier du vin qui se vend à pot et à pinte depuis la veille de Noël 
jusques au Jour de St Vincent vingt-deuxiesme janvier, vulgaire- 
ment après le mois du Seigneur; un droit de forage qui conciste 
en un pot de vin de chacun muïd, qui se vend en détail audit 
St-Dizier par les cabaretiers, pour les vins qui ne sont de leur 
cru ; la ferme du greffe du baillage et celle des deffauts et aman- 
des qui sont au-dessous de soixante sols adjugés par devant le 
bailly du dit St-Dizier et quatre parties, les cinq faisant le tout, 
de celles adjugées par devant lesdits eschevins, juges pour le 
Roy audit St-Dizier, la cinquiesme partie desd. amendes apparte- 
nans à la dite ville ; la ferme du Rouage, péage et chaussée, qut 
est d'un double par charrette chargée de marchandises venant 
d’ailleurs que de la terre de Dampierre et de celle dudit St-Dizier; 
la ferme de la fruiterie et fromagerie, qui est d’un double pour 
chacune hottée de fruits, beurres et fromages qui se vendent par 
les marchandz en ladite ville ; la ferme du poidz du Roy et celle 
du point de feutre, qui conciste en un droit de six sols quatre 
deniers payable tous les ans par chacun cordonnier tenant bou- 
tique audit St-Dizier, celle des petits fours, qui est que chacun 
boullanger doibt par chacun an trois livres un denier pour 
l'amortissement de son pelit four ; la ferme de l'estalage des 


— 331 — 

Bouchers, qui est de cinquante-huict sols par an deubs par chacun 
boucher pour le droit d’étalage; la ferme de la vererie, qui estun 
verre de chaque ras/e]le à charge de l’emplir de vin pour boire le 
marchand (sie); Et pour ce qui est des fermes de la mercerie, du 
revenu des trois foires de la maille, de Saulverie, de la maille 
St-Estienne, des charrettes à sel, de la futaille, des bestes vives, 
draperies, friperies, pourpointeries, poteries, charrettes à pain, 
prelleries, estotz à draps, clouyer{ejs et triperies, déclarent lesdits 
habitants que lesdits droits de fermes leur sont inconnus, pour 
ne les avoir veuz lever, ny apris qu'ils l’ayent été. Promet ledit 
sieur Du bois, audit nom, payer et continuer les dites redevances 
à l'avenir, el a affirmé la dite déclaration véritable pardevant les 
notaires royaux demeurans à Châlons soussignés, le septième 
jour d’Aoust mil six cens quatre vingt, et a signé Dubois. 


22 


NOTE 


sur le sondage de Foulain 


OMMUNIQUÉE PAR 


M. FERRY-CAPITAIN 
| 


Note sur le sondage de Foulain 


Communiquée par M. FERRY-CAPITAIN 


Le but de ce sondage était de rechercher la houille et éven- 
tuellement le minerai de fer. ‘ 

L'existence du terrain houiller au fond du synclinal de Sarte- 
guemines ayant été établie par les sondages de Mont-sur-Meurthe 
et de Gironcourt, il était intéressant et de la plus grande utilité, 
de rechercher le prolongement de ce synclinal vers l’ouest. 

Sur les indications de M. Nicklès, professeur de géologie de 
la Faculté de Nancy, l'emplacement du sondage a été choisi sur 
le prolongement des deux sondages cités plus haut, à 10 kilo- 
mètres au sud-est de Chaumont, sur les bords de la Marne, près 
du village de Foulain. On espérait, par suite de l’amincissement 
considérable des terrains {riasique et permien de l’est vers 
l'ouest, rencontrer le terrain houiller, s’il existait, à une profon- 
deur relativement faible, de 500 à 600 mètres. 

Cette espérance semble devoir être déçue par la rencontre que 
l'on vient de faire du gneiss granulitique sous le grès bigarré. 

Il est probable que ce sondage, ainsi que ceux d’Aulnoye et 
de Brion-sur-Ource, entrepris dans le même but et dans les 
mêmes conditions, et ayant abouti au même résultat, ont été 
placés trop près de la bordure sud du synclinal, c’est-à-dire trop 
près de l’anticlinal des Faucilles, là où le houiller n’a pu se 
déposer. Ce résultat ne pouvait être prévu, étant donnés les 
résultals très encourageants fournis par le sondage de Gironcourt. 

Le sondase de Foulain à été commencé le 16 avril 1909, par 
un avant-puits de 2"50, Le battage proprement dit a débuté le 
17 avril, avec un trépan de 350 mm, 


342 — 

Au 1% mai, la profondeur attginte était de 76 mètres. Elle 
passait à 33090 au 1° juin. On venait d'atteindre la profondeur 
de 41470 lorsque, dans la nuit du 11 juin, un accident très 
grave survenu au cours du battage, arrêta l'avancement pendant 


près de quatre mois. L’avancement normal ne put être repris 
que le 9 octobre. 

Cet accident fut provoqué par le calage, au fond du trou, du 
trépan de 211 “'" et de sa masse-tige. Ce calage a élé dà à la 
différence de dureté des terrains ; on a constaté en effet, à la 
reprise de l'avancement, que le trépan s'était calé juste au 
contact du grès bigarré avec le gneiss granulitique. 

Tous les essais assez mombreux, tentés entre le 18 juin et le 5 
août pour retirer l'outil, sont restés négatifs. On a abandonné le 
sauvetage du trépan et de sa masse-tige, en essayant de dévier 
le trou quelques mètres au-dessus de l'outil, Après plusieurs 
tentatives on y est parvenu. Le trou a été dévié à partir de 378 
mètres et l’avancement normal repris le 9 octobre. Depuis cette 
date, il a été fait à peine 4 mètres d'avancement ; on a rencontré 
en effet le gneiss granulitique juste au-dessous du grès bigarré. 
Ce gneiss est d'une dureté exceptionnelle; il se laisse très diffici- 
lement forer au trépan (avancement journalier de 0"20 à 0"30) 
et pas du tout à la couronne.  s« 

Le forage du trou a été effectué presque entièrement au 
trépan, sauf pour une petite partie où on a travaillé à la 
couronne de diamant. 

Ce travail à la couronne avait pour but de reconnaître si la 
formation ferrugineuse que l’on trouve en Meurthe-et-Moselle 
au toit du Lias et celle du Charmouthien, à Chalindrey, étaient 
représentées à Foulain. On n’a rien trouvé dans le passage du 
calcaire bajocien aux marnes micacées du Toarcien, mais dans 
la traversée du Charmouthien, entre les profondeurs de 13430 
à 134190, on a reconnu un horizon ferrugineux. C'est un 
minerai oolithique très pauvre, excessivement marneux el 
calcaire, inexploitable tant par sa faible épaisseur (0"60\ que 
par sa faible teneur en fer. 


= Rd je 


— 343 — 


Nous donnons ci-dessous, la coupe des terrains traversés : 


COUPE DES TERRAINS 
Bajocien : 3445. 


Terre végétale. 

Calcaire gris jaunâtre. 
Calcaire gris foncé. 
Marnes bleues micacées. 


Calcaire gris foncé. Teinte devient de plus 
en plus foncée vers la base. 


Calcaire gris blanc. 


Calcaire gris assez marneux, non homo- 
gène, présentant de nombreuses taches 
légèrement verdâtres. 

Calcaire blanc légèrement verdâtre, à pâte 
relativement fine, très serrée et homo- 
gène. 


Calcaire gris blanc. 


Marnes gris noir, légèrement calcaires, 
micacées, aspect schisteux. 


Marnes grises assez micacées avec passages 
calcaires. 


Marnes lésèrement die. 


Marnes grises devenant plus foncées et 
légèrement calcaires. 


Marnes très calcaires, gris foncé. 


Charmouthien : 40 mètres. 


Marnes micacées, gris foncé, avec petites 
veinules et mouches de calcaire blanc. 

Marnes grises micacées présentant quel- 
ques oolithes ferrugineuses. 

Couche de minerai oolithique pauvre ; 
minerai {rès marneux, avec mouches et 
petites veinules de calcaire blanc, de 
4umu à 2 m/m d'épaisseur. Epaisseur 
totale : 0"60, | 

Marnes gris foncé, très micacées, plus ou 
moins calcaires, 


0 à 2,00 

2 12,00 
12 13,60 
13,60 13,80 
13,80 22,60 
22,60 24,00 
24,00 25,60 
25,60 26,00 
26,00 34,45 

T'oarcien : 8355. 

34,45 45,00 
435 88.00 
88 90,00 
90 108,00 
108 118,00 
118 133,40 
133,40 134,30 
134,30 134,90 
134,90 139,80 


139,80 


344 — 


Sinémurien : 30 mètres ; Rhélien : 28 mètres. 


143,30 144,10 
144,10 158,00 


158 
164 


188 


216 


330 
390 


394 
306 


308 
102 


161 
188 


216 


290 


143,30 Marnes très calcaires, gris foncé. 


do 
Marnes et calcaires gris. 
Marnes wnises. 
Marnes yrises avec passages de calcaire 
jaune. 
Marnes gris noir foncé, légèrement gré-" 
seuses. 


Marnes gris clair avec calcaire et pyrite 
de fer. 


Keuper et Muschelkalk : G4 mètres. 


212 


Marnes grises alternant avec un peu de : 
marnes rouges, ou marnes accompa- 
gnées d'un peu de #ypse cristallin. 

Marnes dominantes bariolées. (Grises, 
noires, rouges el vertes, avec gypse 
blanc pulvérulent. 

Marnes très calcaires avec assez forte 
proportion de marne rouge et gypse 
cristallin. 

Marnes grises dominantes et marnes 
rouges calcaire et yypse. 

Marnes très bariolées noires, rouges et 
vertes avec un peu de calcaire jaune. 
Marnes baridlées, teinte rouge dominante. 
Marnes dominantes, gris rougeâtre avec 

passages calcaires. 


Grès higarré : 34 mètres. 


390 
304 


396 
398 


102 
406 


Grès rose et argile rouge. 

Grès bigarré à grains très fins, tendre gris 
blanchätre. 

Grès rougeàlre à grains très fins, tendre, 
gris blanchâtre. 

Grès rouge à grains très fins, tendre, gris 
blanchätre. 

Grès bigarré gris. 

Grès bigarré à grains excessivement fins, 
tendres, srès légèrement rose, | 


— 345 — 


406 408 Grès bigarré à grains excessivement fins, 
tendre, grès légèrement rose, mais 


rouge. 
408 410 Grès bigarré, grès rose à grains très fins. 
410 A14 Grès ou Conglomérat gris légèrement 


rougeûtre, relativement tendre, avec 
calcédonie à la base. 


414 417,26  Gneiss granulitique, excessivement dur. 


La rencontre du gneiss granulitique, à #14 mètres, a déçu les 
espérances que l’on fondait sur ce sondage. Il y a en effet très 
peu de probabilités pour que le gneiss soit un conglomérat de 
prost-houiller. Ce gneiss étant d’une dureté exceptionnelle, on 
n'a pu y prélever de carotte. On continue le forage avec 
l'espoir que le terrain devienne moins dur et qu’on puisse y 
prélever une carotte qui permettrait à M. Nicklès de se faire 
une opinion définitive sur l’avenir de ce sondage. 

Le sondage à été constaté officiellement le 26 octobre par le 
sous-ingénieur des Mines de Chaumont, qui a fait procéder à la 
mesure de la profondeur. Celle-ci a été trouvée de 41726. 


Monsieur Victor PARISEL 


NOTES BIOGRAPHIQUES 


par 
M. Louis BOSSU 


Membre de la Société des Lettres, Sciences et Arts de St-Dizier, 


de l'Académie de Reims, etc. 


M. Victor PARISEL 


Les Sociétés savantes de la région ont perdu récemment un 
de leurs membres les plus laborieux, M. Nicolas-Victor Parisel, 
instituteur en relraile, ancien maire de Malaincourt ([te-Marne). 

Né dans le même département, à Rangecourt, près Clefmont, 
le 4 février 1823, Parisel, après d'excellentes études à l'Ecole 
normale de Dijon, fut nommé, le 30 octobre 1841, instituteur 
public à Malaincourt, petit village du canton de Bourmont. Il 
devait y vivre sa vie entière. 

Il y passa 39 années comme instituteur, jusqu’à l’heure de la 
retraite qui sonna pour lui le 30 septembre 1880, sans qu'il ait 
songé un moment à un avancement qui l’eût éloigné de sa 
patrie d'adoption. C'était un modeste autant qu’un laborieux, 
cherchant des distractions à ses occupations professionnelles 
dans les travaux les plus ardus, notamment dans l'étude des 
mathématiques spéciales et du calcul intégral et différentiel, à 
laquelle il s'était livré avec passion et ne dédaignant pas, à ses 
heures de loisir, de prendre sa part des plus rudes travaux des 
champs. 

Après sa retraite, il continua à s'occuper des affaires de sa 
commune, soit comme secrétaire de la mairie, soit comme 
conseiller municipal. Aussi, le 20 mai 1900, ses concitoyens le 
choisissaient comme maire et il remplit ces fonctions jusqu’à ce 
que, en 1904, l’âge ne lui permit plus de les continuer. 

Il s’est éteint plein de jours, dans son pays d'adoption, le 
12 septembre 1909, en la 87° année de son âge, laissant à ses 
enfants un nom respecté et honoré de tous. 

Sur sa tombe, dans le petit cimetière de Malaincourt, le poète 
lorrain, M. Alcide Marot, maire de Nijon, son compatriote et 
_ami, a prononcé un émouvant adieu. 


— 320 — 


Parisel était de ceux qui pensent que le culte de la petite 
patrie est un devoir pour {ous et surtout pour un éducateur de 
la jeunesse, et qu'il faut inspirer aux enfants l'amour de leur 
village et développer ainsi chez eux cet attachement au sol natal 
qui fit si longtemps la force et la richesse de nos populations 
agricoles. Il n’y manqua point ; bien plus, 1l prêchait d'exemple 
et, dès longtemps, avait-il commencé ses recherches dans les 
archives des communes du canton et réuni les matériaux des 
diverses études qu'il publia plus tard, en mème temps qu'il 
s'était fait agréger aux diverses Sociétés d’études historiques de 
la région : Société d'Agriculture de l'arrondissement de Chau- 
mont, Société Historique et Archéologique de Langres, Société 
des Lettres, Sciences et Arts, Agriculture et Industrie de Saint- 
Dizier,entin Société d'Archéologie Lorraine. | 

Ainsi préparé, dès 1889, il publiait dans le Bulletin de la 
Société Historique et Archéologique de Langres, un remarquable 
article sur Malaincourt et ses seigneurs, les Daulcy, les Béget, 
les Sandrecourt, les Roncourt, les Hennequin et les d’'Arbois. 

En 1890, paraissait dans la Semaine religieuse du diocèse de 
Langres, une Notice historique sur le monticule et la chapelle 
de Sainte-Anne d’Hacourt. 

En 1895 suivait, dans ce mêine recueil, une étude très docu- 
mentée sur Les Trinitaires à Bourmont et leur collège fondé 
en 1689 par le testament d’'Erard Marchal, chanoine de Bour- 
mont, et qui subsista jusqu à la Révolution. 

L'année suivante, la Société d'Archéologie Lorraine lut ouvrait 
ses portes en faisant paraître dans son Bulletin de 1896 une 
excellente notice : La famille Le Vain d’'Hacourt et dans celui 
de 1897 un article, il faut le dire, moins exact et documenté 
que les précédents : La famille Maillefert. Enfin, en 1898, les 
Mémoires de la mème Société accueillaient un consciencieux 
travail : La famille de Roncourt, résumant l'histoire de cette 
famille qui donna plusieurs générations de seigneurs à Malain- 
court. 

En 1899, c'est à Saint-Dizier, dans les mémoires de notre 
Société, qu'il publiait une Motice historique sur le couvent des 
Annonciades de Bourmont, monastère fondé en 1663 par 
Gabrielle de L'Isle, épouse de Henry de Roncourt, et supprimé 
à la Révolution par arrèté du 7 brumaire an If. 


— 391 — 

Enfin ce fut la Société d'Archéologie Lorraine qui accueillit 
dans ses Mémoires, en 1901, la dernière œuvre de Parisel, son 
Etude historique el généalogique sur la seigneurie et les sei- 
gneurs d'Hacourt, étude fortement documentée sur les familles 
des Lerocourt, Le V'ain d'Hacourt, L'Isle et Bourgongne, dont 
les membres furent successivement seigneurs d'Hacourt. 

Voilà l’œuvre de Parisel ; la plupart de ces ouvrages ont 
d’ailleurs fait l’objet de lirages à part, édités à un très petit 
nombre d'exemplaires et devenus fort rares. 

Lorsqu'il cessa de produire, Parisel avait près de 80 ans. 
L'âge ne lui a pas permis de publier les travaux qu'il avait 
encore en portefeuille, notamment sur les seigneurs de Brain- 
ville et de Romain et divers autres sujets locaux. Il serait à 
désirer que la main pieuse d’un ami vienne les sauver de l'oubli. 

Comme on le voit, Parisel s'était consacré tout entier à l’étude 
de ce petit coin de terre barroise enclavé aujourd’hui dans le 
département champenois de la Haute-Marne et il s'en était 
épris d'une véritable passion. 

Ce Champenois n’a eflleuré d’autre sujet que le Bassigny bar- 
rois et n'a porté ses recherches el ses études que sur les loca- 
htés de la seneschaussée de La Mothe et Bourmont, dont les 
deux chefs-lieux ont été étudiés si consciencieusement, d’autre 
part, par deux laborieux chercheurs, M. le chanoine Liébaut et 
le regretté Jules Marchal. 

Des trois historiens de ce Bassigny barrois si pittoresque et 
si intéressant, un seul subsiste encore : les deux autres, Marchal 
et Parisel ont disparu. Se trouvera-t-il quelqu'un pour reprendre 
la plume que la mort à arrachée de leurs mains. Nous voudrions 
l'espérer. 


“Louis BOSSU, 


Membre de la Société des Lettres de St-Dizier, 
de l’Académie de Reims, etc. 


Un aller et retour 


dans l’empire Ottoman 


M. l’abbé L. VUILLEY 


Curé de Marnaval 


23 


Un aller et retour 
dans l’empire Ottoman 


® 


r 


En foulant le sol de Jérusalem, le pèlerin est en proie à des 
sentiments très divers et très vifs où la tristesse et la joie 
viennent tour à tour prendre une part prépondérante : c’est bien 
compréhensible, car la Terre Sainte, et en particulier la Cité de 
David, évoque des souvenirs et présente des aspects si variés, 
parfois si opposés, qu'il ÿ a place tantôt pour l’allégresse, tantôt 
pour la douleur. . 

Un prêtre se sent triste, surtout, à l'intérieur de la basilique 
du St-Sépulcre, lorsqu'il y pénètre le soir de son arrivée. La 
protection de la France l'accompagne, mais la population de 
Jérusalem le laisse seul. Il n’y a pas, là, comme dans nos grands 
sancluaires, des fidèles en nombre pour s'associer à son pèleri- 
nage. Jérusalem à une population qui s'élève, dit-on, de 80 à 
100.000 âmes. Or, sur ce chiffre, les catholiques latins comptent 
pour 3.000 ; certains même disent pour 2.500. 

Au premier coup d'œil, Jérusalem et la Palestine appartiennent 
donc à l’infidèle, à l'hérétique, au schismatique et au juif, et ce 
spectacle ne peut que provoquer chez nous un serrement de 
cœur. Toutefois, ce moment de tristesse ayant perdu de sa viva- 
cilé, il est permis de se ressaisir et d'évaluer, ou tout au moins 
d'essayer d'évaluer, la population catholique de l'empire ottoman. 

Une remarque s'impose sur le sens précis des mots « chrétien » 
et « catholique ». Très souvent, dans la conversation, on emploie 
ces deux mots l’un pour l'autre. [ls ne sont pas synonymes. Le 
chrétien est celui qui revendique pour lui la doctrine de Jésus- 
Christ. Le catholique est le chrétien qui appartient à la seule 
société religieuse que Jésus-Christ a fondée. Unique et une à ses 


— 390 — 


débuts, l'Eglise de Jésus-Christ fut dès les premiers siècles divi- 
sée par le schisme et l’hérésie. Toutes ces fractions se disent 
chrétiennes, mais ne peuvent se dire catholiques puisque l'Eglise 
catholique est la seule Eglise Romaine. 

Toutefois ne nous méprenons pas ; ne confondons pas « catho- 

lique » avec « latin ». En Europe, la religion catholique a, 
comme langue liturgique, le latin. Mais pour être catholique, il 
n'est pas nécessaire de suivre la liturgie latine, En Orient, le 
latin ne fit son entrée à Jérusalem par exémple, qu'après les Croi- 
sades, Dans les dix premiers siècles, on parlait les langues orien- 
tales pour les races sémites et le grec dans l'empire de CBnstan- 
tinople ; et ces liturgies aussi anciennes que la nôtre n’ont pas 
démérité. Elles ont survécu, au contraire, aux assauts du lati- 
nisme, très aimées des populations pour leur langue, leurs sym- 
boles et leurs cérémonies. Aussi Léon XIII a-t-il eu, entre autres 
traits de génie, celui de maintenir et de consacrer les liturgies 
orientales, persuadé que jamais les schismatiques et les hérétiques 
de l'Orient ne se convertiraient s’il leur fallait abandonner leur 
rite. ; 
En Turquie, le catholique latin s’y trouve, mais se trouvent 
aussi, unis à nous dans la croyance aux mêmes vérités, dans la 
soumission au même pape romain, dans la participation aux 
mêmes sacrements, des catholiques qui parlent grec, arabe, ara- 
méen, dans les cérémonies religieuses. 

À combien, dès lors, s'élève le nombre de tous ces catholiques, 
nos frères ? C'est une question qui n’est pas dénuée d'intérêt. 

Faire la carte ecclésiastique de l'Empire ottoman, la faire sur- 
tout au point de vue catholique, c'est entreprendre une tâche 
assez ardue : car tout recensement a le don d’énerver et de mettre 
en défiance l'Oriental. Ce n’est pas ce dernier qui accepterait le 
formulaire que nous avons eu à remplir ces jours derniers pour 
le compte de l'Etat, et ce sous peine de procès-verbal ; l’Arabe 
comprend la liberté autrement que le Français, et, pour la pos- 
séder, il n’hésiterait pas à détruire son adversaire. Il faut donc, 
en fait de recensement, se contenter des renseignements fournis 
bénévolement par le maitre de la maison et inscrire le nombre 
des membres de la famille sans vouloir le contrôler, même d'un 
coup d'œil jeté furtivement par la porte ou la fenêtre du loge- 
ment. 


— 397 — 


Il est d'autant plus difficile de faire un recensement exact que 
cette défiance de l’Asiatique se trouve encouragée par des avan- 
tages qu'elle pense en tirer. Un exemple : Lorsque nous arri- 
vions, en septembre 1910, à Constantinople, la lutte était très 
aiguë entre le gouvernement jeune-turc et le phanar, résidence 
du patriarche orthoxode. Le gouvernement venait de décider que 
toutes les races de l’Empire ottoman apporteraient leur contin- 
gent à la constitution de l’armée. Ce sont les chefs religieux qui 
détiennent, en Turquie, les actes civils pour les fidèles de leur 
confession. Quand on demanda les actes au patriarche grec, on 
s'aperçut que dans l’année que l’on appelait à la conscription, 
pas un seul enfant mâle n’était né, ou plutôt n’était inscrit ! Avec 
ces renseignements, 1l était difficile de faire une armée ; 1l est 
difficile également de dénombrer un peuple. , 

Aussi, ce travail de dénombrement ecclésiastique de l’Empire 
ottoman n’a-t-il pas encore été complètement réalisé. Il y a deux 
mois, on annonçait une carte de ce genre ; mais je n'ai pu me la 
procurer; éditée au Caire, elle n’est en dépôt dans aucune librai- 
rie française. 

Il y a près de vingt ans, les Assomptionnistes donnèrent sur 
ce sujet une plaquette que j'ai cherché à avoir et qui est épuisée. 

En 1893, les « Missiones Catholicæ » éditèrent une carte qui 
n'est plus à jour en ce moment. En 1896, M. Pisani, professeur 
à l’Institut catholique de Paris, fil paraitre dans le « Correspon- 
dant », 25 septembre, un article très intéressant sur les chré- 
Lientés orientales, mais — au dire d’un savant de Kadi-Kenï, qui 
n’envoya son apprécialion, il y à trois mois, sur cet article, — 
« pas assez documenté ». 

Je ne connais pas d’autre tentalive, si ce n’est des essais par- 
tiels pour telle ou telle province de l'Empire turc. 

Je vous demande donc une grande indulygence pour mes 
chiffres. | 

L'Empaire ottoman comprend : 

En Europe : la Turquie d'Europe en possession directe et, en 
pays vassaux, la Bulgarie, la Roumélie, l'ile de Crète et F'Albane. 

En Asie : directement l'Asie mineure, la Syrie, la Mésopota- 
mic et une partie de l'Arabie. : 

En Afrique : comme pars vassal, FEuvpte: et directement la 
Tripolitaine. 


358 — 


Dans l’Empire ottoman, les rites sont au nombre de sept : 


4° Rite latin 


L'Eglise latine a des adhérents isolés dans tout l'Empire. 
Presque partout, elle possède une hiérarchie organisée. 

En Bulgarie, on compte 25.000 catholiques avec un évêque à 
Roustchouk et un vicaire apostoligue à Philippopol. 

En Albanie, on compte 148.000 latins et 7 évêques, dont 
deux résident à Scutari et à Durazzo. 

En Turquie d'Europe, les chrétiens latins ne sont que dans 
les grands centres et se comptent 45.000 avec un vicaire patriar- 
cal à Constantinople. ° 

En Turquie d'Asie, les latins sont peu nombreux, 45.000, 
rattachés au vicariat de Constantinople, au diocèse de Smyrne, 
au vicarial d'Alep, au diocèse de Bagdad, à la préfecture de 
Rhodes et au patriarcat de Jérusalem. 

En Egypte, 65.000 latins sont réunis sous le vicariat d'Alexan- 
drie, 

Le rite latin comprend donc en tout. . . 328.000 fidèles. 


2° Rite byzantin 


Ce rite a été traduit en plusieurs langues et de plus comprend 
des catholiques et des schismatiques. De là plusieurs sections à 
introduire. 

A. Rite byzantin grec 

a) Grec orthodoxe. : 

a) Grec orthodoxe pur sous la direction du patriarche de 
Constantinople, 2.000.000. 

b) Grec orthodoxe gréco-arabe, sous les patriarcats d’Antioche. 
de Jérusalem, d'Alexandrie et du Sinaï, soit 320.050. 

b) Grec catholique. 

a) Grec catholique pur. . . L Un 300 

b) Grec melkite sous le patriarche de Damas. , 1.110.000 


B. Rite byzantin slave 


Les c catholiques de cette liturgie habitent en Thrace et €n 


Macédoine et sont dirigés par les évêques d’Andrinople el de 


Salonique. [ls sont environ. 1:3.000 


— 359 — 


C. Rite byzantin roumain 


Qui ne possède pas de catholiques dans l’Empire ottoman. 
En résumé, le rite byzantin comprend dans l’Empire otto- 
man. +“ . . . . . . . . . 1.123000 catholiques. 


3° Rite arménien 


La majorité des fidèles de cette liturgie est hérétique. Les 
catholiques se comptent au nombre de. .  . . . . ‘70.000 

Primitivement placés en deux églises (Syrie et Mésopotamie) 
(Arménie Supérieure), ces deux groupes furent réunis en un seul 
sous le patriarche de Cilicie-Constantinople en 1866. 


40 Rite syriaque 


Ce rite est le rite d'Antioche qui fut traduit en araméen et, 
comme celui-ci, fit place au syriaque, le rite issu de cette nou- 
velle transformation s’appela rite syriaque. 

Ce rite syriaque est en usage chez les Syriens Jacobites et 
chez les Syriens catholiques. Les premiers sont hérétiques. Nous 
ne les dénombrerons pas. Les seconds obéissent à un patriarche 
qui a fixé sa demeure à Beyrouth et sont au nombre de 40.000, 
alors qu’en 1897, ils n'étaient que 22.700. 


5° Rite chaldéen 


Les Chaldéens habitent sur les confins de la Perse et se divisent 
en Chaldéens hérétiques ou nestoriens, et en Chaldéens catho- 
liques. Ceux-ci obéissent au patriarche de Mossoul et sont au 
nombre de . . . . . . . . . _ .  .  .  . 80.000 


6° Rite maronite 
La langue employée est l’arabe. Les Maronites sont tous catho- 
lhiques. [ls sont gouvernés par un patriarche qui réside près de 
Beyrouth. Ils sont au nombre de. . . . . . . 300.000 


7° Rite copte 


Cetle lilurgie est celle d'Alexandrie, traduite en copte, idiome 
dérivé de l’ancien égyplien. Deux fractions : l'une, mounophysite ; 
l'autre, catholique, qui doit son organisation surtout à Léon NTI 


— 360 — 


Elle est placée sous l'autorité du patriarche d'Alexandrie et 
compte 20.000 fidèles. 

Toutes les populatioris de l'Empire ottoman, à l'exception des 
Druses, dont la religion est des plus grossières, et des Jeunes- 
Turcs qui sont fortement soupçonnés et mème accusés de se rat- 
tacher à la franc-maçonnerie, rendent hommage à Jésus-Christ. 
C'est un total de 39.000.000 d'hommes qui prononcent le nom 
de notre Sauveur avec amour et respect. Sur ce nombre, on peut 
compter : 

30.595.350 musulmans. 
6.443.350 chrétiens. 
1.961.300 catholiques. 


Ainsi nous sommes loin des 2.500 qui, à Jérusalem, représen- 
taient à nos yeux de latins mal éclairés le groupe de catholiques. 
Nous adressons à Notre-Seigneur une fervente prière, pour que 
ce nombre de fidèles s’accroisse constamment. 


L. VUILLEY, 


Curé de Marnaval. 


———— ——— © pmeemee — - — -- 


EXTRAITS 


DES 


PROCÈS - VERBAUX 


DE LA SOCIÉTÉ 
des Lettres, des Sciences, des Arts 
de l’Agriculture 


et de l’Industrie de St-Dizier 


' 


_ Extrait des Procès-verbaux de la Société des Lettres, des Sciences, 
des Arts, de l'Agriculture et de l'Industrie de Saint-Dizier. 


Séance du 13 Octobre 1910 
PRÉSIDENCE DE M. Jures DavaL 


La séance s'ouvre à 3 heures moins 1/4. 

Présents : MM. Jules Daval, Moreau de la Tour, Charmeteau, 
Frionnet, Vuilley, Euvrard, Hubert Maréchal, D' Guinoiseau, 
Joseph Foudard, Jacob. 

Le procès-verbal de la séance du 7 juillet est adopté. 

M. l'abbé Hubert Maréchal continue la lecture de son étude 
sur Osne-le-Val. Le chapitre IX traite du Val-d'Osne aux xvr° 
et xvin® siècles. Après avoir rappelé les calamités qui s’abatti- 
rent alors sur ce malheureux pays, la peste de 1636, la guerre 
de 1637, les gelées de 1642, les neiges de 1652, etc., l’auteur 
parle des familles notables qui l'habitaient et relève nombre de 
faits divers, parfois minuscules, mais toujours intéressants. 
Avec le chapitre X, nous entrons dans la période révolutionnaire, 
pour laquelle malheureusement les documents font défaut, 
même les registres des délibérations municipales, détruits pour 
faire oublier des actes compromettants ou déshonorants. De là, 
maintes questions que se pose l'historien restent insolubles. 

M. Charmeteau remet à la Société, au nom de M. le D" Cros, 
à Mascara, une riche collection de coléoptères et hyménoptères. 
Cette collection comprend plus d’un millier d'insectes ; un 
certain nombre se rencontrent rarement dans nos pays ; plu- 
sieurs y sont inconnus. La Société accepte avec reconnaissance 
ce don, fruit d'un travail considérable, de savantes recherches 
el de soins minutieux. Par acclamation elle vote des remercte- 
ments au savant el généreux donateur et lui décerne une 
médaille d'argent. Puis elle ouvre à M. le Trésorier le crédit 


nécessaire pour l'achat de boîtes vitrées, dans lesquelles notre 
expert entomologiste, M. l'abbé Frionnet, veut bien se das 
de ranger et de classer la précieuse collection. 

Publications et ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Conseil général de la ITaute-Marne, procès-verbaux, ses- 
sion de mai 1910; ° 

2° Répertoire d'art et d'archéologie, 1°" année, 1910, 1° tri- 
mestre (dépouille les revues d'art el d'archéologie éditées en 
France el à l'étranger) ; 

3° Bulletin historique du diocèse de Lyon, juillet-août 1910, 
n° 64 (Pierre,de Savoie, archevéque de Lyon, suite ; etc.) ; 

4 Société académique d'Architecture de Lyon : 1. Distribu- 
lion des récompenses aux lauréats, 19 décembre 1909, 
IT. Bulletin mensuel, 1909-1910, n° 19, 20 et 21. — Crabe 
antique de Vienne) ; 

5° Société d'Histoire naturelle de Mâcon, bulletin trimestriel, 
juin 1910, n° 12 (Enceintes préhistoriques du Mâconnais ; — 
Jurassique mâconnais, suile ; etc.); 

6° Comptes rendus du Courtes des Sociétés savantes à Ren- 
nes, 1909, section des Sciences (60 Notes et Mémoires, mathé- 
maliques, physique, chimie, sciences naturelles, médecine) ; 

7° Mémoires de la Société des Lettres, etc., de Bar-le-Duc, 
IVe série, tome VII, 1909 (Aperçu historique sur la bibliothé- 
que de la ville de Bar-le-Duc ; — Essai sur la géographie 
historique du département de la Meuse ; — le chevalier de 

Saint-Georges, Jacques II Stuart, à Bar-le- Duc, 1713- 1716, 
ee etc), 

Ttaux de l'Acadénne nationale de Reims, 1908-1909, 


.. volume (La Forme des Besicles la plus ancienne; — le 
Mont-Saint-Michel ; — le Palais archiépiscopal de Reims ; — 
les Ponsin, peintres rémois ; — la Juridiction échevinale à 


Iermonville en 1#07 ; etc.); 

JS Bulletin de la Société philomatique vosgienne, 35° année, 
1909-1910 (Lunéville, Nancy et la Cour de Lorraine en 1731 ; 
— Jean-Claude Sommier, archevéque de Césarée et qrand- 
prévôl de Saint-Dié; — Vocabulaire du palois de la Bresse, 
Vosges, suite ; etc.) ; 

10° Mémoires de PAcadénne de Stanislas, 1909-1910, 160: 
année (Les débuts de la Ltthologie sous-marine en France au 


309 — 


XVIIE siècle; — Préliminaires de la Révolution à Nancy, 
1788 ; — Elude juridique el économique sur les Grèves ; etc.); 

11° Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 3° série, 
tome T'et tome IT, 1909 et 1910 { Les Confréries religieuses dans 
les Maïtrises el les Corporalions de méliers à Poitiers ; etc.) ; 

120, 13° et 14° Les Marches de l'Est, 1910-1911, tomes IV, 
V'et VIT (Souvenirs de 1848 ; — la Pologne n’est pas morte; 
— Emile Friant ; — Deux adnuratrices du comte de Belle-Isle: 
Adrienne le Couvreur et la comtesse de Bonneval ; — Georges 
Chastellain, 1405-1474, etc.); 

15° Programme du Congrès des Sociétés savantes à Caen, 
en 1911; 

16° Jean-Bapliste Cézard et la Maitrise de Langres à la fin 
du X VITE siècle (Hommage de l’auteur, M. le chanoine Bresson). 


Séance du 10 Novembre 1910 
PRÉSIDENCE DE M. Jus DaAvaAL 


La séance s'ouvre à 3 heures moins 1/4. 

Présents : MM. J. Daval, docteur Chaussinand, Frionnet, 
Charmeteau, Vuilley, Euvrard, Aussenac, capitaine Giroud, 
J. Houdard, Jacob. 

Le procès-verbal de la séance du 14 octobre est lu et adopté. 

M. le Président fait part de la mort de M. le docteur Thévenin, 
membre titulaire, à Ceffonds. 

Il présente les excuses de MM. le général de Torcy, Em. [um- 
blot, E. Gandner, Capitain-Gény, H. Maréchal et donne lecture 
de la correspondance. 

M. le docteur Cros remercie la Société de la médaille d'argent 
qu'elle lui a décernée. 

M. Louis Bossu, procureur de la République à Reims, com- 
munique une notice qu'il a rédigée sur M. Parisel, membre de 
notre Société, el demande si nous voudrions l’insérer dans nos 
Mémoires. L'assemblée accueille favorablement cette requête ; la 
lecture de cette notice sera inscrite à l’ordre du Jour d’une pro- 
chaine séance, et la Commission de publication aura à se pro- 
noncer sur son insertion dans le tome XIII des Mémoires. 


— 306 — 

La Maison Berthaud frères, Paris, nous propose de souscrire 
à la publication de la collection des dessins de Gaignières. La 
Société a le regret de décliner cette invitation. 

Une revue nouvelle, le « Bulletin général des Sociétés acadé- 
miques de france », #4, rue de la Verrerie, Paris, ouvre ses 
colonnes aux membres de notre Société. Une dizaine d’exem- 
plaires du volume I, offerts gracieusement par la Direction, sont 
distribués aux membres présents. L'assemblée, après s'être rendu 
compte du sérieux et de l'utilité de cette publication nouvelle, 
qui se propose de servir de trait d'union entre les nombreuses 
Sociétés académiques de France, décide de prendre un abonne- 
ment d’un an (24 francs), et ouvre à M. le Trésorier le crédit 
nécessaire. 

MM. Emile Humblot et Charmeteau présentent M. Paul 
Duchêne, maire de Doulevant, comme membre associé. 

MM. Charmeteau et Jacob présentent M. l'abbé Henri Godard. 
professeur au Collège libre de St-Dizier, comme membre associé. 

La parole est à M. le capitaine Paul Giroud. On n’a pas oublié 
les intéressantes communications que, dans la Côte-d'Ivoire où 
il est détaché, notre distingué collègue nous a adressées dans le 
courant de l’année dernière. Il veut bien aujourd’hui compléter 
de vive voix les renseignements pris sur le vif qu’il nous a déjà 
fournis sur nos colonies de l'Ouest africain. Ilustrant sa confé- 
rence de croquis au lableau noir, il expose d'abord la situation 
actuelle de ces colonies, surtout au point de vue économique : 
grandes voies de communications, fleuves et chemins de fer, 
principales productions, budgets. Il passe ensuite à une étude 
plus détaillée de la Côte-d'Ivoire : description des côles, fleuves, 
lagunes, ports, divisions ethnographiques, chemins de fer, pistes 
de caravanes, mouvement commercial, etc. Il termine par un 
exposé sommaire, mais rempli de détails pittoresques, de la civi- 
lisalion et des coutumes de ce pays. 

Pendant plus d’une heure, le conférencier tient l'assemblée 
sous le charme de sa parole claire et précise comme sa pensée. 
Quand il a terminé, tous l’applaudissent et le remercient de son 
instructive communication. M. le Président lui demande de vou- 
loir bien mettre au net les notes dont il s’est servi et de déposer 
son travail sur le bureau de la Société, pour figurer dans le 
prochain volume de nos Mémoires. 


Publications et ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Les Espagnols au Maroc en 1910, par M. le général de 
Torcy. Hommage de l’auteur ; 

2° L’abhé Laurent, évêque-nommé de Metz, 1761-1819, par 
M. le chanoine Bresson. Hommage de l’auteur ; | 

3° et 4° Mémoires de la Société Savoisienne, tomes XLVIHII 
el XLIX. (Ces deux volumes renferment l'Histoire des Savoyens, 
par M. Em. Plaisance) ; 

9° Annales de la Société d'Emulation des Vosg 910. Bains- 
les-Bains (suite) ; 

6° et 7° Bulletin archéologique du Comité des travaux histo- 
riques et scientifiques, 1909, 3° livraison. (Fouilles du cimetière 
mérovingien de Bourogne, territoire de Belfort, etc.). — Année 
1910, 1'° livraison (Fouulles en Afrique, etc.) ; 

8° Bulletin des Sociétés académiques de France, volume Î, 
octobre 1910 ; 

9 Bulletin mensuel de la Société d'architecture de Lyon, 
octobre 1910 ; 

10° Bulletin os du diocèse de Lyon, 1910, n° 65. (Les 
Croix monumentales du Forez, etc.); 

11° Bulletin de la Société historique et archéologique de 
Langres, n°83. (l'ne commune rurale de la H'°-Marne, Vignory, 
en l’an III de la République, par M. Henri Mettrier (fin) ; 

12° Répertoire d’art et d'archéologie, 1910, 2° {(rimestre 

13° et 14 Rapport de l’archiviste de la [Ite-Marne, août 1910, 
et notes sur l'Historiographie haut-marnaise. Deux plaquettes, 
hommage de l’auteur, M. Pierre Gautier ; 

15° Les Marches de l'Est, 15 octobre 1910, n° 7. (Les préjugés 
étrangers sur la France ; — Renan et Bersot; — Chopin; — 
la Blessure mal fermée, Metz ; etc.). 


; Séance du 8 Décembre 1910 
PRÉSIDENCE DE M. CHARMETEAU, TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ 


La séance s'ouvre à 2 heures 40. 
Présents : MM. Charmeteau, Simonnet, Euvrard, Gandner, 
Docteur Guinoiseau, Rolland, Jacob, 


— 368 — 

Le procès-verbal de la séance du 10 novembre est lu et adopté. 

M. le président transmet les excuses de MM. Jules Daval, 
Emile Humblot et Frionnet. | 

Il constate que le quorum requis pour l'élection des membres 
du bureau n’est pas atteint ; en conséquence, après avoir pris 
l'avis de l'assemblée, 1l renvoie cette élection à une séance extra- 
ordinaire qui est fixée au 15 décembre. 

Il soulève ensuite une question sur l'interprétation de l’article 
du règlement concernant l'élection des dignitaires. Un membre 
du bureau élu en dehors de la séance réglementaire de.décembre, 
pour remplacer un membre décédé ou démissionnaire, est-il 
investi d'un mandat intégral de 2 ou 4 ans, — ou bien est-il élu 
seulement pour continuer le mandat du dignitaire qu'il rem- 
place ? Après discussion, l'assemblée décide que le nouveau 
dignitaire n'est élu que pour achever le mandat de son prédé- 
cesseur. 

Par suite de cette décision, l'élection d’un premier vice-prési- 
dent, en remplacement de M. Emile Humblot, sera ajoutée à 
l'ordre du jour de la séance extraordinaire du 15 décembre. 

M. le président annonce qu'il a reçu une lettre de M. le doc- 
teur Vesselle, qui déclare n'être pas candidat à la vice-prési- 
dence. | 

On procède à l'élection de deux membres associés, inscrite à 
l'ordre du jour. À l'unanimité des suffrages, M. Paul Duchêne, 
maire de Doulevant-le-Château, et M. l'abbé Henri Godard, 
professeur à l'Ecole libre secondaire de Saint-Dizier, sont élus 
membres associés. | 

MM. Jules Daval et Jacob présentent, comme membre corres- 
pondant, M. Louis Bossu, procureur de la République à Reims. 

MM. Charmeteau et Frionnet présentent M. Gaston Roussel, 
conservateur du Musée, à Saint-Dizier, comme membre associé. 

M. le trésorier donne communication des comptes de l’exer- 
cice 1910. Ces comptes présentent 3.174 fr. 15 de recettes contre 
506 fr. 70 de dépenses, d’où un reliquat de 2.667 fr. 45, à savoir * 
1.335 fr. 10 en dépôt à la banque Varin-Bernier, 1.321 fr. 15 à 
la Caisse d'épargne, 11 fr. 20 en espèces. Un titre’ de 13 fr. de 
rentes 3 °/, représente les versements des membres à vie. 

M. le trésorier présentera, à la séance prochaine, un projet de 
budget des recettes et dépenses de l'exercice 1911. 


— 369 — 


L'assemblée nomme commissaires des comptes : MM. Gandner 
el docteur Guinoiseau, qui veulent bien se charger de cette 
MISSION. 

Ouvrages et publications reçus depuis la dernière séance : 

1° La question des troupes noires en Algérie, hommage de 
l'auteur, M. le général de Torcy. 

2° Médecins experts et médecine légale au xiv° siècle, hom- 
mage de l’auteur, M. Louis Bossu, à Reims. 

3 Sociélé académique d'Architecture de Lyon, bulletin men- 
suel, novembre 1910. 

4° Bulletin de la Société des Sciences naturelles de l'Ain, 
1 trimestre 1910 (Monographie des Poissons du département 
de l’Ain, suite ; — Marquerite d'Autriche, introduction.) — 
Les Oiseaux observés dans l’Ain, plaquette in-4 de 8 feuilles. 

5° Annales de la Société d'Histoire, d'Archéologie, etc., de 
Chaumont, 1910, n° 18. (L'Eglise et le Cimetière Saint-Michel 
de Chaumont, suite, etc.) 

6° Comité des Travaux historiques et scientifiques, bulletin 
historique et philologique, 1909, n° 3 et 4 en un fascicule. 

7 Les Marches de l'Est, 1910-1911, n° 8. (L’Antiromantisme, 
par Em. Faguet ; — L'Alsace, suite ; — Berques ; — L’Expé- 
dition de Trèves, 1792 ; — La Jeunesse de Louis XIII, etc.) 

La Société d’[istoire naturelle et Palethnologie, qui vient de 
se fonder à Chaumont, demande à échanger ses publications 
contre les nôtres. — Adopté. 


Séance extraordinaire du 15 Décembre 1910 
PRÉSIDENCE DE M. Jures DAvaL 


La séance s'ouvre à 3 heures moins un quart. 

Présents. — MM. J. Daval, Emile Humblot, Charmeteau, 
D' Pesme, D' Chaudron, D' Chaussinand, Euvrard, Rolland, 
Thiébault, D' Guinoiseau, Jacob. 

Le procès-verbal de la séance du 8 décembre est lu et adopté. 

M. le président présente les excuses de M. le vicomte de 
Baillon et de M. Frionnet, ainsi que les remerciements de 
M. Paul Duchène, élu membre associé dans la dernière séance. 


24 


= 30 


MM. Rolland et Jacob présentent M. le docteur Joseph Thé- 
venin, à Ceffonds, comme membre titulaire, en remplacement 
de son père, M. le docteur Thévenin, notre regretté collègue. 

On procède aux élections inscrites à l’ordre du jour. Elles se 
font, conformément aux statuts, par appel nominal au bureau. 

M. Jules Daval est réélu président de la Société. 

M. Emile Humblot est réélu 1°" vice-président de la Société. 

M. le docteur Guinoiseau est élu 2° vice-président. L'assem- 
blée félicite l'élu qu’elle vient ainsi de porter, dans un élan tout 
spontané, à la vice-présidence. M. le docteur Guinoiseau rend 
hommage à M. le docteur Vesselle, à qui il succède, sans pré- 
tendre le remplacer ; du moins la Société peut compter sur son 
concours dévoué. 

M. Louis Bossu, procureur de la République, à Reims, est 
élu membre correspondant. 

M. Gaston Roussel, conservateur du Musée, à Saint-Dizier, 
est élu membre associé. 

M. le trésorier présente son projet de budget pour l'exercice 
1911. Ce projet prévoit 3.779 fr. 45 de recettes contre 1.908 fr. 
de dépenses, d'où un reliquat de 1.871 fr. 45. Il est approuvé 
par l’assemblée. 

Ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Travaux de l’Académie nationale de Reims, 1909-1910, 
1" volume. (Notes sur le Æelouchoir préhistorique ; — sur le 
Filage de la laine à Reims ; — sur l’Ido; — la Duchesse du 
Maine, conspiratrice ; — le Comte d’Erlon, après 1815 ; — 
les Origines d’Adelhert de Chamusso, etc.) ; 

2° Société des Sciences et Arts de Vitry-le-François, tome 
XXVI, 1907. (Le Protestantisme à Vitry et dans les environs, 
3 partie et appendice ; — Mésaventures d’un écolier vitryal 
en 1777 el 1782 ; — Vues el sites disparus de Vitry-le-Fran- 
çois ; — T'riage des objets microscopiques, etc.) ; 

3° Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles 
de Semur-en-Auxois, tome XNXVI, 1908-1909. (La Propriété 
paysanne dans les bailliages de Semur, Saulieu, Arnay-le- 
Duc, 1750-1790 ; — le statuaire Pierre Travaux ; — les 
Fouilles d’Alésia en 1907, du Mont-Auxois en 1908, etc.). 


Séance du 12 Janvier 1911 
PRÉSIDENCE DE M. LE D' Guixoiseau, Vice-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ 


La séance s'ouvre à 3 heures moins 1/4. 

Présents : MM. Guinoiseau, Charmeteau, Roussel, Frionnet, 
docteur Chaudron, H. Maréchal, H. Godard, docteur Vesselle, 
Rolland, Duchêne, général de Torcy, Gandner, Jacob. 

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. 

M. le Président présente les excuses de M. J. Daval, souffrant, 
et de M. le comte de Baillon, qui, ce jour même, reçoit, à 
Troyes, dans la cérémonie officielle de la remise des décorations, 
la croix de chevalier de la Légion d'honneur qui lui a été décer- 
née, le 1% janvier, à titre militaire. Sur la proposition de M. le 
docteur Chaudron, l'assemblée charge son Secrétaire de trans- 
mettre au nouveau légionnaire ses très vives et très sincères féli- 
citations. 

M. le Président, en leur souhaitant la bienvenue, salue les 
trois membres nouveaux, présents à la séance, MM. G. Roussel, 
P. Duchène et H. Godard. 

Il donne lecture de [a correspondance : Lettres de remercie- 
ments de MM. G. Roussel et H. Godard, élus membres associés, 
et de M. Bossu, élu membre correspondant dans la dernière 
séance. 

Il présente à l'assemblée le tome XII des Mémoires, qui sort 
de presse. Ce volume, on le sait, est consacré tout entier à la 
troisième partie du magistral travail de M. l’abbé Frionnet sur 
les Macrolépidoptères français. 

On procède statutairement à l'élection inscrite à l’ordre du 
jour. M. le docteur Joseph Thévenin, à Ceffonds, est élu membre 
titulaire. 

MM. Guinoiseau et Charmeteau présentent M. le général de 
Torcy comme membre titulaire. 

M. Gandner donne lecture du rapport des Commissaires des 
comptes du Trésorier pour l’année 1910. La balance au 31 dé- 
cembre 1910 s'établit par un avoir de 2.667 fr. 45, non compris 
un titre de 6 fr. de rente 3 °/,. La situation financière de la 
Société est donc exceptionnellement bonne. « La vérification des 


3 


comples, conclut le rapport, à fait reconnaitre qu'ils étaient, 
comme d'habitude, parfaitement tenus et exacts. Nous vous pro- 
posons de les approuver et de nous acquitter, suivant l'usage, 
envers M. le Trésorier par des remerciements bien mérités pour 
les soins vigilants et le zèle qu'il apporte dans sa gestion finan- 
cière aussi bien que pour la prospérité de la Société. » 

La Société rend justice au dévouement de son Trésorier et 
fait siennes les conclusions de ce rapport. Elle associe MM. les 
Commissaires des comptes, E. (Gandner et docteur Guinoiseau, 
aux félicitations qu'ils viennent de distribuer si généreusement 
et les remercie de leur substantiel et consciencicux rapport. Les 
comptes de M. le Trésorier pour l’année 1910 sont approuvés. 

L'ordre du jour appelle en lecture la suite du travail de 
M. l'abbé Tubert Maréchal sur Osne-le-Val. L'auteur présente 
aujourd'hui l'historique des fonderies du Val-d'Osne. Créées sur 
l'emplacement du couvent vendu en 1800 et consacrées à la fonte 
d'ornement, elles possèdent un Musée extrêmement riche de 
40.000 modèles. M. Maréchal signale et décrit les plus remar- 
quables ; il suit les développements et les transformations de ces 
fonderies depuis leur établissement jusqu'à nos jours. Pressé par 
l'heure, 1l est obligé d'interrompre cette intéressante histoire, 
qu'il terminera dans une autre séance. 

M. Paul Duchène présente à la Société et dépose sur le bureau 
un manuscrit important dû à la plume de M. Ch. Lorain et con- 
sacré à la mémoire de Jean-Nicolas Laloy, de Doulevant. 

Publications et ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Annales de la Société d'Fistoire, etc., de Chaumont, 1910, 
n° 19. (Première excursion de la Socrété à Joinville, par Pierre 
Gauthier; — Quelques mots sur « La Motte » de Chaumont, par 
Ch. Lorain. — Un frontispice destiné au troisième volume et 
reproduisant le Donjon actuel de Chaumont est dû au crayon de 
notre distingué vice-président, M. Emile Humblot) ; 

2° Bulletin historique du Diocèse de Lyon, novembre-décem- 
bre 1910. (Philippe et Pierre de Savote, archevèques de Lyon, 
suite; — les Croix monumentales de Forez ; — etc.); 

3° Sociélé académique d'Architecture de Lyon, bulletin men- 
suel, décembre 1910 ; 

49 Anuales de la Société d'Agriculture, etc., de la Loire, 1910, 
2° et 3° Hvraisons, en un fascicule ; 


— 313 — 
5° Bulletin trimestriel de la Société d’Ilistoire naturelle de 
Mâcon, septembre 1910. (Jurassique mâconnais, suite); 
6° Bulletin mensuel de la Société Archéolowique d'Eure-et- 
Loir, 1910. — Procès-verbaux et volume du Centenaire en 
à livraisons. 


Séance du 9 Février 1911 
PrésinexcE DE M. Jures DaAvaL 


La séance s'ouvre à 3 heures moins un quart. 

Présents : MM. J. Daval, Emile Ifumblot, docteur Guimoi- 
seau, Charmeteau, docteur Chaussinand, Eugène Tumblot, 
Euvrard, Frionnet, docteur Pesme, docteur Vesselle, docteur 
Thévenin, Rolland, Gandner, Simonnet, Roussel, Vuilley, 
Joseph Houdard, Henri Godard, Duchène, Aussenac, Jacob. 

Le procès-verbal de la séance du 12 janvier est adopté sans 
observation. 

M. le Président transmet à l'assemblée les remerciements de 
M. le comte de Baillon pour les félicitations que lui a adressées 
la Société à l’occasion de sa promotion dans la Légion d'hon- 
neur, et ceux de M. le docteur Joseph Thévenimn, pour son 
élection à titre de membre titulaire. 

Il présente ensuite les excuses de MM. Capitain-Génv, général 
de Torcy et comte de Ballon, empêchés d'assister à la séance. 

On procède statutairement à l'élection inscrite à l’ordre du 
jour. M. le général de Torcy est élu membre titulaire. 

M. Frionnet donne lecture de la note communiquée par 
M. Louis Bossu sur M. Nicolas-Victor Parisel, instituteur en 
retraite, ancien maire de Malaincourt (Ilaute-Marne), membre 
de la Société des Lettres de Saint-Dizier et de plusieurs autres 
Sociétés savantes. L'assemblée écoute avec une religieuse atten- 
tion cet exposé sommaire, mais précis et vivant, des travaux 
d'un érudit et d’un laborieux. Puis elle décide, sur la proposi- 
tion de M. le Président, que cette notice sera remise à la Com- 
mission de Publication pour figurer dans le prochain volume 
des Mémoires. 

Elle décide également que la Commission de Publication 


— 4374 — 
devra se réunir prochainement et que là nomination des trois 
membres électifs de cette Commission sera inscrite à l’ordre du 
jour de la prochaine séance. 

M. le Secrétaire lit un rapport sur le manuscrit présenté par 
M. Paul Duchèêne à l’issue de Ia dernière séance. Ce manuscrit, 
dû à la plume du docte secrétaire de la Société d'Histoire et 
d'Archéologie de Chaumont, M. l'abbé Ch. Lorain, relate l’his- 
toire des deux Laloy, de Doulevant-le-Château, qui jouèrent, 
au moment de la Révolution, un rôle très important en Ilaute- 
Marne. L'ainé, Jean-Nicolas, docteur en médecine, fut successi- 
vement député aux États-Giénéraux, maire de Chaumont, com- 
missaire du Directoire près de l’administration centrale du 
Département, enfin conseiller de préfecture. Il mourut en 
novembre 1804. Son frère, Pierre-Antoine, fut député à la 
législative, à la Convention, aux Cinq-Cents, aux Anciens, au 
Tribunat, et, après 15 ans d'exil en Belgique, il vint mourir à 
Chaumont, en 1846, à l’âge de 97 ans. 

L'assemblée accepte bien volontiers le patronage qui lui est 
offert de ce très intéressant et très important ouvrage. Sous la 
condilion que son auteur voudra bien solliciter son admission 
dans la Société, elle décide que la lecture en sera inscrite à 
l'ordre du jour de ses séances, sauf à céder momentanément la 
place à des études de moindre envergure. 

Séance tenante, MM. Emile Humblot et Paul Duchène pré- 
sentent M. l'abbé Charles Lorain comme membre associé. 

M. le Président fait part à l’assemblée de la mort de M. le 
docteur Chaudron, membre titulaire, enlevé en quelques jours, 
encore plein de forces et riche d’espérances, victime de son 
devoir professionnel. La Société s'associe au deuil de la famille 
et charge son secrétaire de lui transmettre ses sÿmpathies et ses 
condoléances. 

M. Roussel, conservateur du Musée, informe la Société que, 
le 13 janvier 1911, M. Wah] lui a remis une série de plaques en 
fonte d’une grande beauté. Ce don ayant été fait au Musée à la 
suite des démarches de M. Charmeteau, M. le Conservateur 
lient à le remercier publiquement du zèle qu’il montre à enri- 
chir les collections du Musée. La Société s'associe à ces remer- 


Ed 
+ 


ciements. 


— 375 — 

Publications et ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Notice historique sur Doulevant-le-Château, par M. Pissot. 
Don de M. Paul Duchêne, que la Société remercie bien sincère- 
ment ; 

2° Bulletin historique du diocèse de Lyon, janvier-février 
1911, n° 67. (L’archevéché de Lyon; — Philippe et Pierre de 
Savoie, suite, — etc.) ; 

3° et 4° Société académique d'Architecture de Lyon, Bulletin 
mensuel, janvier 1911, — et Distribution des Récompenses aux 
Lauréats, 11 décembre 1910; 

5° et 6° Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 
2° trimestre et 3° trimestre 1910 (L'abbé de Saint-Ciran et le 
Poilou ; — les Opérations de la Levée de 300.000 hommes 
dans la Vienne, en 1793 ; etc.) ; 

7° et 8 Mémoires de la Société des Lettres et Sciences de 
Loir-et-Cher, 19 volume, 1909, et 20° volume, 1910. ({ L’assem- 
blée de Département de Blois et Romorantin, 1787-1 790 ; — 
Napoléon en Loir-et-Cher ; — un Incident des Etats de Blois, 
1588 ; — Esquisse d’une Bibliographie loir-et-chérienne, 
1900-1908 ; — etc.),; 

% Annales de la Société historique et archéologique de Saint- 
Malo, 1910. (Saint-Malo révolutionnaire ; — un Fédéralste 
malouin : Yves-Pierre Saint-Mleux ; — {a Participation de la 
Bretagne à la Conquête de l’Angleterre par les Normands ; — 
Histoire militaire de Saint-Malo, de 1789 à 1798 ; — Chà- 
teaubriand, poële, etc.). 


Séance du 9 Mars 1911 
PRÉSIDENCE DE M. CHARMETEAU, TRÉSORIER DE LA SOCIÉTÉ 


La séance s'ouvre à 3 heures moins 1/4. 

Présents : MM. Charmeteau, Frionnet, docteur Chaussinand, 
Roussel, Euvrard, docteur Thévenin, Rolland, docteur Vesselle, 
(Gandner, Aussenac, Duchèêne, Jacob. 

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté. 

Lecture est donnée de la correspondance. $e sont fail excuser 
MM. HE. Maréchal, H. Godard, E. Humblot et général de Torev. 


nn qe 


Une lettre de M. Daval adressée à M. le Vice-Président de la 
Société est ouverte, séance tenante, par M. Charmeteau, faisant 
les fonctions de Président. En voici la teneur: « Saint-Dizier, 
9 mars 1911. Monsieur le Vice-Président, j'ai l'honneur de vous 
adresser ma dénnission de Président de la Société des Lettres de 
Saint-Dizier, ne pouvant régulièrement assister aux séances de 
cette Société. Veuillez agréer, etc. » 

L'assemblée n’a qu'une voix pour exprimer la pénible surprise 
que lui cause cette démission inattendue. À l'unanimité, elle 
décide qu'une démarche officielle sera faite auprès de M. Jules 
Daval pour lui exposer avec quels sincères et profonds regrets 
la Société le verrait maintenir sa démission, et pour le prier 
instamment de la reprendre. 

La subvention de la Ville, qui était régulièrement de 300 fr., 
a été réduite pour 1910 à 200 fr. La Société n'a reçu à ce sujet 
ni avis ni explication. Elle décide à l'unanimité d'adresser une 
réclamation motivée à l'administration municipale. 

MM. Charmeteau et Jacob présentent M. labbé Clément 
Chréliennot, curé-doyen de Notre-Dame, à Saint-Dizier, comme 
membre titulaire. 

Les mêmes présentent, comme membre associé, M. Dubois, 
ingénieur à Marnaval. 

On procède, au scrutin secret, à l'élection des trois membres 
électifs de la Commission de publication. MM. Gandner, Char- 
meteau et Thiébault sont élus membres de cette Commission 
pour la publication du volume XIIT des Mémoires. 

M. l'abbé C. Lorain, aumônier du Lycée, à Chaumont, est élu 
membre associé. 

L'ordre du jour appelle la lecture de la communication de 
M. l'abbé Léon Vuilley sur le Christianisme en Orient. L'auteur, 
qui a pu se documenter sur place durant son voyage de 1910 en 
Palestine, dresse, avec toute la précision désirable, le bilan des 
sept rites entre lesquels se partasent actuellement les chrétiens 
d'Orient. Quand il a fini, M le Président le félicite de la clarté 
et de l'intérêt qu'il a su mettre dans un sujet aussi compliqué 
et aussi aride, et l'assemblée le remercie sincèrement de son 
instructive communication. 

Publications et ouvrages reçns depuis la dernière séance : 

1° Votes sur Le climat de Mascara, — sur le Sttaris muralts 


— 371 — 


Foerst, — sur le genre Meloe, — sur le parasitisme, chez 
l’homme, des larves de Wohlfahrtia (Sarcophila) magnifica 
Schiner, — quatre courtes notices, hommage de l’auteur, 


M. le docteur Cros, à Mascara, à qui la Société adresse ses 
meilleurs remerciments ; 

2° Bulletin de la Société d'Histoire naturelle et de palethno- 
logie de la Haute-Marne, tome I, fascicule I, avec 4 planches. 
(Le baromètre holostérique, par M. Théry ; — de l’extinclion 
des espèces par la dégénérescence, 1"° partie, par M. Laryer); 

3° Bulletin de la Société historique et archéologique de Lan- 
gres, n° 84, janvier 1911. (La Mothe, par M. A. Liébaut ; — 
une chaire de Théologie au couvent des Frères Précheurs de 
Langres, 1644-1735); 

4° Répertoire d'art et d'archéologie, 3° trimestre 1910 ; 

9° Sociélé académique d'Architecture de Lyon, bulletin men- 
suel, février 1911 ; 

6° Bulletin archéologique du Comité des Travaux historiques 
et scientifiques, 2° livraison 1910. (Fouilles en Tunisie, à Castel- 
Roussillon, à Alésia, etc. ; — à signaler un rapport élogieux de 
M. Babelon, sur les sépultures antiques trouvées par M. l'abbé 
Tachy, à Pouilly et à Serqueux, Haute-\farne) ; 

7° Recueil des Travaux de la Société hbre d'Agriculture, etc., 
de l'Eure, 1909. (Trésors de monnaies romaines découverts 
dans l'Eure) ; 

8° Les Marches de FEst, 15 janvier 1911. (Entre les serres 
de l’Aigle germanique, par le général Langlois; — paysages 
d'Orient, par P. de Régnier ; — {a Blessure mal fermée ; 
— Ramond de Carbonnières ; — le Trésor de la Grande 
Armée, etc. 


Séance du 11 Mai 1911 


PRÉSIDENCE DE M, Euize Huugror, VicE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ 


La séance s'ouvre à 3 heures moins un quart. 

Présents : MM. Emile Ffumblot, Piot, docteur Chaussinand, 
docteur Guinoiseau, Aussenac, Charmeteau, lioussel, Vuilley, 
docteur Thévenin, Maréchal, Frionnet, Euvrard, Simonnet, 


Rolland. Jacob. 


— 318 — 


Le procès-verbal de la séance du 9 mars est adopté. 

M. le Président rend compte de la démarche officielle tentée 
auprès de M. Daval. « Pour des raisons de santé, dit M. Emile 
[lumblot, M. Daval regrette de ne pouvoir continuer le mandat 
que nous avions été si heureux de lui confier. Nous avions 
l'espoir que la démarche du Bureau le ferait changer d'avis et 
nous nous élions mis à sa disposition en sollicitant de lui une 
entrevue. Mais, hélas! M. Daval m'a écrit en me priant de ne 
pas déranger inulilement les membres du Bureau, car sa déci- 
sion, dit-il, est irrévocable, et les ans seuls en sont la cause. » 

« Inclinons-nous donc, Messieurs, mais non sans regret. La 
longue expérience de notre cher Président, son amabilité, la 
sûreté de son jugement vont nous faire défaut ; mais nous n'ou- 
bhierons jamais que durant de longues années il nous a consacré 
le meilleur de lui-même. Nos vœux respectueux de bonne 
santé laccompagnent dans cette retraite volontaire, trop tôt 
venue pour la Société des Lettres de Saint-Dizier. » 

Les applaudissements unanimes et prolongés qui accueillent 
ces paroles de M. Emile Humblot témoignent que tous les 
cœurs vibrent bien à l’unisson du sien et que M. Daval emporte 
avec lui le respect, l'attachement et la reconnaissance de tous. 

L'élection d'un président en remplacement de M. Daval, 
démissionnaire, est mise à l'ordre du jour de la prochaine 
séance. 

Lecture est donnée de la correspondance. 

M. le comte de Baillon et M. Paul Duchêne prient l'assemblée 
d’excuser leur absence. 

M. Gandner exprime ses regrets de ne pas pouvoir assister à 
la réunion de ce jour et appelle l'attention de la Société sur la 
pétition présentée à la Chambre par M. Maurice Barrès, en vue 
de la conservation des églises. Il propose à la Société de donner 
son adhésion à cette pétition. 

M. le Président appuie la proposition de M. Gandner. Toute 
préoccupation religieuse ou politique mise de côté, on doit 
reconnaitre que les églises de France constituent la meilleure 
part de notre patrimoine arlistique, que toutes, même Îles plus 
modestes, ont servi el continuent de servir d'asile aux plus 
grandes douleurs comme aux joies les plus pures de l'âme 
française el à ses aspirations les plus puissantes vers l'idéal, 


— 319 — 


A l'unanimité, l'assemblée décide .que la Société’joindra son 
adhésion à celle des autres Sociétés savantes en faveur du projet 
de loi présenté par M. Maurice Barrès. 

Une lettre du capitaine Huber (Saint-Mihiel}, reçue par M. le 
Conservateur du Musée el communiquée par lui à la Société, 
demande qu'on ait l'obligeance de lui fournir les renseignements 
qui lui permettront de faire une conférence sur Fhistoire locale 
aux officiers du 40° régiment d'artillerie qui feront étape à 
Saint-Dizier le 22 mai. M. Roussel est prié de se mettre à la 
disposition du capitaine [fuber et de lui communiquer les docu- 
ments dont dispose la Société, en particulier l’histoire du siège 
de 1544. 

MM. Charmeteau et Jacob présentent M. Aussenac, chef de 
dépôt de la Compagnie de l'Est, à Saint-Dizier, comme membre 
titulaire. 

Les mêmes présentent M. Burgeat-Bailly, à Saint-Dizier, 
comme membre associé. 

M. l'abbé Elément Chrétiennot, curé-doyen de Notre-Dame, 
à Saint-Drzier, est élu mefnbre titulaire. 

M. Dubois, ingénieur à Marnaval, est élu membre associé. 

M. E. Humblot informe la Société que MM. Paul et Régis 
Colson ont bien voulu lui confier le manuscrit, fruit de 30 ans 

"de travail, où ils ont consigné les résultats de leurs recherches 
et de leurs études sur le Châtelet. « Ces archéologues distingués, 
dit-1}, aussi savants que modestes, ont réuni à Sommeville un 
musée remarquable dont leurs fouilles ont fait les frais. Aujour- 
d’hui, ils veulent bien soumettre à la Société des Lettres de 
Saint-Dizier, dont ils sont membres, les documents écrits et 
photographiés qu'ils ont réunis. avec un soin jaloux. C’est une 
heureuse aubaine pour nous, je vous assure, et je vous demande, 
Messieurs, de vouloir bien mettre à l’ordre du jour de la pro- 
chaine séance la lecture du premier cahier sur le Châtelet. Il y 
est question des origines et de l’époque préhistorique. » 

La Société accepte avec empressement le précieux travail qui 
lui est présenté, remercie vivement les auteurs qui ont bien 
voulu le lui réserver, et met à l’ordre du Jour de la séance de 
juin la première lecture sur le Châtelet. 

M. le docteur Joseph Thévenin a la parole pour une commu- 
nication sur le déterminant cognitionnel de fa troisième dimen- 


— 380 — 


sion de l’espace. Quel est, dans le système sensible, le réceptacle 
des sensations qui nous font percevoir la troisième dimension ? 
Ni le sens de la vue, n1 celui du toucher ne suflisent à le cons- 
Liluer ; les autres sens sont encore moins objectifs. C’est pour- 
quoi :l faut l’attribuer à un sens spécifique, le sens musculaire 
où cinesthésique qui nous renseigne sur la position des organes 
sensoriels et leurs mouvements. , 

M. le Docteur développe la thèse de l'existence de ce 
sixième sens, le sens cinesthésique. Quelle qu'en soit la valeur, 
l'assemblée en écoute l'exposé avec une profonde attention, 
séduite par la clarté et l'intérêt que le conférencier a su mettre 
dans son sujet. Sa lecture terminée, M. le docteur Thévenin 
reçoit les félicitations bien méritées de ses collèvues. 

M. l'abbé Frionnet commence la lecture du travail de M. l’abbé 
Ch. Loram sur Jean-Nicolas Laloy, né à Doulevant le 14 
octobre 1745, de Jean-Louis Laloy, marchand, et de Jeanne 
Peuchot. Le préambule fait connaître la situation de fortune, 
l'ancienneté, lhonorabilité et les sentiments religieux des Laloy 
et des Peuchot. Cette lecture sera contnuée dans une prochaine 
séance. | | 

M. le Conservateur du Musée présente, classée et rangée 
dans trois élégantes boîtes, la belle collection de coléoptères et 
hyménoptères africains, don de M. le docteur Cros, de Mascara. 
M. le Président offre les remerciments les plus sincères de la 
Société à M. l'abbé Frionnet, qui à bien voulu se charger du 
délicat el minutieux travail d'arrangement de cette collection, 
el s'en est acquitté avec aulant d'adresse que de désintéresse- 
ment. 

Ouvrages et publications reçus depuis la dernière séance : 

1° Hommages d'auteurs : Saint-Dizier el ses environs, par 


M. Ernest Durand. — WMarquerile et Jean-Baptiste Jobard, 
par M le chanoine Bresson. — Notes sur les larves de Stra- 
Homya anubis, par M. le docteur Cros. — Aux donateurs, la 


Sociélé adresse ses meilleurs remerciments ; 

2° Conseil pénéral de la [laute-Marne, session d'août 1910, 
procès-verbaux ; | 

3 Société académique d'Architecture de Lyon, bulletin 
mensuel, 1910-1911, n°5 3 et À ; 

4° Bulletin historique du diocèse de Evon, n° 68, mars- 


301 — 
avril 1911. (Mgr de Marbœuf. — Philippe el Pierre de 


Savoie, elc.); 

5° Annales de la Société d'Histoire, etc., de Chaumont, 1911, 
n° 1. (Liste des membres au 1° février 1911. — Recherches sur 
le Vieux Châleau de Chaumont, avec plan du Palais de Justice 
et planche de détails d'architecture, par M. P. Guillaume.) ; 

6° Bulletin de la Société d'Ilistoire naturelle des Ardennes, 


tome XV, 1908. (Ercurstons mycologiques, botaniques, géolo- 
giques, elc.); 

7° Bulletin de la Société d'Ilistoire naturelle de Màcon, 
décembre 1910. (Dissémination des plantes par la Lotre.);: 

8 Comité des Travaux historiques, bulletin historique et 
philologique, 1910, n°5 1 et 2 en un volume ; 

9 Mémoires de la Société savoisienne d'Iistoire et d’Archéo- 
logie, Lome XXV, 1911. (Zistoire de l'ancienne. Chautagne, 
suite, etc., et tone XXVI, 1911, Le préjugé anti-savoyard.) ; 

10° Mémoires de la Société académique de l'Aube, t. LXXIV 
de la collection, 1910. {Le temple de Bonlieu. — Notice sur 
Horace et Erasme. — L'activité économique et l'émancipation 
juridique de la femme. — Note sur la fixation de l'azote 
atmosphérique, etc.) ; 

11° Mémoires de l'Académie des Sciences, etc., de Dijon, 
1907-1910, tome XI. (Philippe Guignard, 1820-1905. — Napo- 
léon Æ* au collège d’Autun. — Le génie sculptural de la Bour- 
gogne et le dualisme gothique, etc.) ; 

12° Mémoires de l'Académie des Sciences, etc., de Besançon, 
1910. (Anciens châleaur de la Franche-Comté. — Les récentes 
crues du Doubs à Besançon. — Correspondance de P.-J. 
Proudhon avec son cousin Melchior Proudhon, etc.) 


À 


Séance du 8 Juin 1911 


Présidence pe M, Eume Ilcusror, Vice-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ 


La séance s'ouvre à 2 heures 3,4. 
Présents : MM. E. Humblot, docteur Gumoiseau, Guyvard, 


[loudard-Casalta, Charmeteau, docteur Chaussinand, Roussel, 


382 — 
Frionnet, Chrétiennot, Rolland, Piot, docteur Vesselle, H. Maré- 
chal, comte de Baïllon, Aussenac, Simonnet, Thiébault, Jacob. 

Le procès-verbal de la séance du 11 mai est adopté. 

M. le Président salue M. l'abbé Chrétiennot, qui, nommé 
curé-doyen de Notre-Dame de Saint-Dizier, revient, après 
quelques années d'absence, prendre une part active aux travaux 
de la Société et lui continue son précieux concours. 

Lecture est donnée de la correspondance. M. le sénéral de 
Torcy, M. Capitain-Gény et M. Euvrard ont écrit pour prier la 
Société d’excuser leur absence. 

M. le Président fait part de la mort de M. de Vandeul, membre 
associé depuis 1889. « Regrettant, dit-il, que M. de Vandeul 
n'ait jamais pris part à nos travaux, en même temps que nous 
rendons hommage au membre qui disparaît, nous rappelons que 
M. de Vandeul était surtout connu par son inépuisable charité, 
proverbiale dans toute la région. » 

M. Maurice Barrès remercie la Société de son adhésion à la 
pétition pour la sauvegarde des églises de France. 

Une lettre-circulaire d'un Comité créé à Bologne pour célé- 
brer, dans l’Université de cette ville, le cinquantenaire du pro- 
fessorat de notre éminent collègue, le sénateur Giovanni Capel- 
lini, invite la Société à envoyer son adhésion aux fêtes qui auront 
lieu le 12 Juin à Bologne. 

L'importance de l'œuvre de G. Capellini, surtout dans le 
domaine des sciences naturelles, dit cette lettre, est si universel- 
lement connue qu'il est inutile d’y insister. 

Notre Sociélé, moins que toute autre, ne peut rester étran- 
were à cette manifestation. Le 12 mai 1892, en effet, elle inscri- 
vait parmi ses membres d'honneur le sénateur Giovanni Capellini, 
alors doyen de l’Université de Bologne ; treize ans plus tard, elle 
avail l'avantage d’être visitée par lui alors que, délégué par le 
Gouvernement italien, il venait, en 1905, assister à l'inaugura- 
tion du monument de 1544. 

La Société adresse donc au Comité des fêtes jubilaires sa cha- 
leureuse adhésion, et au vénérable professeur lhommage de ses 


félicitations et de ses vœux les plus sympathiques. 

Le Bulletin de la Société entomologique de France, — séance 
du 25 janvier 1911, — contient un rapport de M. À. Janet, aux 
termes duquel l'ouvrage de notre distingué collègue, M. l'abbé 


— 383 — 


Frionnet, sur les Premiers Etats des Lépidoptères français, 
2° partie (tome XII des Mémoires de la Société des Lettres de 
Saint-Dizier), est signalé comme réunissant les conditions exigées 
pour l'attribution du prix Dollfus. « Cet ouvrage, dit le rappor- 
teur, nous semble devoir être également utile aux débutants 
comme aux entomologistes plus avancés, qui y trouveront une 
documentation très abondante dont les éléments, épars dans de 
nombreux ouvrages, seraient souvent bien difficiles à rassembler, 
ainsi qu’une bibliographie très étendue. » | 

À la suite de ce rapport, et au concours, le prix Dollfus a été 
décerné à M. l’abbé Frionnet. 

« Nous l'en félicitons vivement, continue M. le Président. 
Mais ne vous semble-t-il pas, Messieurs, que notre Société, elle 
aussi, est honorée par celle remarquable distinction accordée à 
un de ses membres ? Et ne serait-il pas Juste de décerner à 
M. Frionnet la médaille d'argent dont la Société peut disposer 
en faveur de ceux de ses membres qui se sont signalés par 
l'importance et la valeur de leurs travaux ? » 

Cette proposition est adoptée el la médaille d'argent de la 
Société est décernée à M. l’abbé Frionnet. Celui-ci remercie en 
quelques mots l’assemblée et reporte une bonne partie de l’hon- 
neur qui lui échoit à la Société, qui n’a cessé de l’encourager 
dans son travail et a pris à sa charge la publication de ses 
manuscrits. 

M. Charmeteau annonce que M. Emile Humblot vient d’être 
aussi l'objet d’une distinction honorifique qui mérite d’être 
signalée. Il a obtenu au Salon de 1911 une 3° médaille pour une 
eau-forle reproduisant un curieux effet de nuage « Sur la route 
de Joinville à Wassy ». L'assemblée offre ses très vives félici- 
tations à son éminent vice-président. 

M. Aussenac, chef de dépôt à la Cie de l'Est, à Saint-Dizier, 
est élu membre titulaire. 

M. Emile Humblot est élu président de la Société, en rempla- 
cement de M. Jules Daval, démissionnaire. M. Emile Humblot 
remercie l'assemblée qui vient de l’élire, l’assure de son dévoue- 
ment et remet à la prochaine réunion le discours-programme que 
la Société attend de lui. 

M. Charmeteau commence la lecture du manuscrit de MM. Paul 
et Régis Colson sur le Châtelet. « Ce que nous nous proposons, 


384 — 


écrivent les auteurs, c'est de mettre à profit les travaux de nos 
devanciers. de fixer, à l'aide de nos propres découvertes, certains 
détails qui leur ont échappé, et aussi de rectifier certaines asser- 
Lions qui nous semblent erronées. » S'appuyant sur des preuves 
certaines, ils indiquent dans leur préface les grandes divisions de 
l'histoire du Châtelet et en fixent les dates les plus importantes. 

C'est avec le plus vif intérêt que l'assemblée écoute la lecture 
de ces premières pages. Elle constate que ce travail, d’un intérêt 
si puissant pour notre région el qui doit mettre au point, en les 
complétant, les travaux de Grignon, de Pottier et de l'abbé 
Fourot, est bien, comme FPavait annoncé M. Emile Humblot, le 
fruit de longues et patientes recherches mises au service d'une 
sagace érudition. Elle témoigne hautement sa satisfaction et 
adresse aux savants auteurs ses sincères compliments. 

M. Frionnetl signale le mauvais état actuel de la collection 
ornithologique du Musée. Il est urgent qu’on prenne des mesures 
de conservation énergiques. Notre adroit naturaliste, M. Euvrard, 
veut bien s'en charger. La Société lui alloue pour ce travail une 
somme minimum de cent francs, s’en rapportant, pour le sur- 
plus, à sa discrétion. lle l’autorise à supprimer les pièces trop 
avariées pour être remises en bon étal. 

Publications et ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Polybiblion, tome 73, 4 livraison, avril 1911 (On y lit, 
page 369 : Le tome XII des Mémoires de la Société des Lettres 
de St-Dizier est presque entièrement occupé par l’énorme lravail 
de M. Ch. Frionnet sur les Premiers Etats des Lépidoptères 
français. Il ne s'agit pas ici d'un simple catalogue ; l'auteur a su 
éviler la sécheresse en donnant à la suite de chaque nom une 
description minutieuse de l'individu, des détails divers, métho- 
diquement présentés et de très intéressants renseignements sur 
les mœurs des nombreux lépidoptères classés dans ce catalogue); 

2° Répertoire d'Art et d'Archéologie, 1910, 4° trimestre ; 

3° Sociélé académique d'Architecture de Lyon, bulletin men- 
suel, mai 1911 ; 

49 Les Marches de l'Est, 1911-1912, n° 2 (Douze mémoires ou 
notes sur Jeanne d'Arc remplissent presque entièrement cette 
superbe livraison magnifiquement illustrée) ; 

9° Mémoires de la Société Eduenne, tome 38, 1910 (Journal de 
Jean Grégaine, bourgeois de Marciqny, pendant les querres de 


— 389 — 


la Lique en Brionnais, 1589-1596 ; — la Légende de saint Emi- 
land ; — les Députés de Saône-et-Loire en 1789-1799 ; — etc.). 


Séance du 13 Juillet 1911 
PRÉSIDENCE DE M. Emi HuuBLor 


La séance s'ouvre à 3 heures moins 1/4. 

Présents : MM. Em. Humblot, Fave, Charmeteau, Chrétien- 
not, Lorain, Guyard, Frionnet, docteur Chaussinand, Gandner, 
Thiébault, Roussel, Godard, Rolland, Houdard-Casalta, Ausse- 
nac, Simonnet, Vuilley, Jacob. 

Le procès-verbal de la séance du 8 juin est adopté. 


M. le Président adresse à l’assemblée l’allocution suivante : 


Messieurs et chers Collègues, 


En appelant votre Vice-Président à succéder comme Président de 
la Société des Lettres, des Arts, des Sciences, de l'Industrie de 
St-Dizier, à des honimes comme Messieurs de Hédouville et Daval, 
vous m'avez fait un grand honneur auquel je suis très sensible, 
mais vous m'avez aussi imposé des devoirs importants. 

J’essaierai donc, Messicurs, d'être à la hauteur d'une si lourde 
charge, mes collègues du Bureau m'ayant assuré de leur précieuse 
collaboration et de leur amical concours. 

J'aurai d'ailleurs grand besoin de leurs lumières et de leur expé- 
rience pour suivre la voie éclairée dans laquelle la Société a été 
guidée depuis sa fondation, d'abord par l'impulsion qu'a su lui 
donner M. de Hédouville, qui en fut le père et qui laissera à ceux 
qui ont eu le bonheur de le connaître le souvenir ineffaçable d'un 
homme plein de charme, de savoir et d’amabilité native, impulsion 
qui fut continuée ensuite par M. Daval, d’un esprit si fin et dont 
nous ne saurions trop déplorer la retraite volontaire. 

Je viens donc à vous, Messieurs et chers Collègues, épris comme 
vous l’êtes du désir de voir prospérer sans cesse notre Société, 
désireux de la rendre de plus en plus vivante, intéressante et ulile 
et ardemment soucieux de voir maintenir entre les divers membres 
qui la composent la concorde indispensable au bon fonctionnement 
de toute Sociélé, n’envisageant que le réveil du particularisme local 
toujours vivant, que le réveil du traditionalisme et le maintien de 
l'amour plus ardent de notre clocher et de notre petite patrie, ce 
qui, Messieurs, me semble-t-il, est travailler à la grandeur de notre 
France bien-aimée. 


25 


— 386 — 


Notre Société, mes chers Collègues, doit prospérer en nombre et 
en importance. 

En nombre, car nous ferons un pressant appel à ceux qui ont 
momentanément quitté leur sol natal et qui ne l'ont certes pas 
oublié. En nous tendant la main en compatriotes et en amis, ils 
nous donneront le témoignage précieux que dans leur cœur vibre 
encore la fibre de l'attachement à leur pays. 

Notre Société doit prospérer en importance, car dans notre 
beau pays de Champagne, qui se trouva, hélas ! si souvent sur le 
chemin des invasions, il reste encore le parfum discret des choses 
du passé, qu'il faut que nous fassions revivre. 

Bien des travaux intéressants ont déjà été publiés dans les treize 
volumes de la Société. Tour à tour les Hédouville, les Lécuyer, les 
Fèvre, les Guillemin, les Houdard, les Vesselle, les Mettrier, les 
Frionnet, les Euvrard, les Charmeteau et d’autres ont, dans des 
pages importantes, discuté des questions d'art, de science, d’archéo- 
logie, analysé les questions les plus diverses. 

Il y a là un effort considérable et soutenu et je ne saurais trop 
louer ceux qui, avec un zèle infatigable et une connaissance aussi 
étendue, ont lutté pour le respect, l'entretien et la survivance de 
nos trésors artistiques et ont exploré, avec tant de succès, les 
branches Iles plus diverses telles que les sciences, l’industrie et 
l'agriculture. 

Cet effort est considérable, il est l’œuvre d'amateurs éclairés et 
perspicaces, il est facile de s'en rendre compte en parcourant les 
importantes publications de la Société. 

Mais, que de labeurs nous tendent encore les bras, Messieurs ! 
Il suffit de parcourir en pensée notre arrondissement pour envisager 
quel patrimoine d'art nous possédons et qui n’a pas encore été 
décrit : c'est un véritable musée sous le ciel. 

Que de choses encore méconnues appellent notre attention res- 
pectueuse et notre travail consciencieux | 

Je me rappelle avoir écrit quelque part que « l'Histoire de France 
était faite des miettes de notre histoire locale et que les ouvrages 
synthétiques sur les grandes époques de l'Art, sur les grandes 
époques de la Science ne sont, somme toute, que le rapprochement 
de toutes les enquêtes partielles conduites modestement dans le 
silence des campagnes, par des amoureux du clocher, qui, dans leur 
rayon, se sont contentés de fouiller la Lerre et les souvenirs et les 
légendes. » 

Oui, mes chers Collègues, notre arrondissement, si riche indus- 
triellement, ne l’est pas moins au point de vue de l'Histoire de 
l'Art : 

Montier-en-Der, Ceffonds et leurs merveilles d’églises ; Puelle- 
montier et ses vitraux du xvi* siècle ; Droyes, Poissons et son por- 
tail; Saint-Urbain, les restes de son abbaye ; Mussey et son Maître- 
Autel ; Osne-le-Val, Sommevoire, le Rongeant et leurs fonderies 


— 387 — 


artistiques ; Curel et sa croix si pure d'expression ; Joinville, son 
château du Grand-Jardin, ses richesses d'art et ses intéressants 
souvenirs ; Blécourt, son église et sa vierge. 

Je n'en finirais pas d'énumérer les créations modernes, les mer- 
veilles d'autrefois que nous possédons encore et ne croyez-vous pas, 
Messieurs, qu'à l'exemple de la Société d'Histoire de Chaumont, 
qui a réalisé les vœux de certains de ses membres amateurs d'art, 
nous ne pourrions faire comme elle quelques excursions amicales 
afin de nous identifier sur ces documents et nous instruire sur les 
témoignages du passé ? 

Et, tout en récoltant le bénéfice moral d'une journée passée en 
commun à échanger nos idées, à mieux nous connaître, à vivre dans 
une promenade heureuse dans l'aube dorée ou dans les rougeurs 
du soir, ce serait probablement l'occasion de révélations pour 
quelques-uns d’entre nous et nous arriverions ainsi à entourer d’une 
tendresse filiale les œuvres d'art disséminées çà et là, et ce pour le 
plus grand bien de l'étude des beautés accumulées lentement sur 
notre sol par les artistes du vieux temps ! 

Je fais appel à vous tous, Messieurs et chers Collègues. Que notre 
désir de faire prospérer notre Société ne soit pas un vain mot. 
Unissons toutes nos forces, sans préoccupation d’individualisme ou 
de divergences d'opinion. 

Mettons en commun nos aptitudes particulières, écartons tout ce 
qui peut nous diviser et paralyser tous nos efforts. 

Travaillons, Messieurs, pour notre satisfaction personnelle, pour 
le bien général et nous concourrons ainsi à maintenir la Société des 
Lettres, des Arts, des Sciences, de l'Industrie de Saint-Dizier à Ia 
place qui soit digne de son passé et de l'avenir que nous saurons 
lui préparer. 


Ce discours-programme, qui a été écouté avec une religieuse 
attention, est salué par les applaudissements de toute l’assem- 
blée. | 

M. le Président remet à M. Charles Frionnet la médaille 
d'argent que la Société lui a décernée dans la dernière séance. 

Il présente les excuses de MM. H. Maréchal, docteur Guinoi- 
seau, comte de Baïllon, Euvrard et Duchène. 

Il souhaite la bienvenue à M. l'abbé Lorain, aumônier du 
Lycée de Chaumont, secrétaire de la Société d'histoire de Chau- 
mont, auteur d’un nombre considérable d'œuvres très appréciées, 
notamment de l'Histoire du Collège de Chaumont ; de F'Hôpital 
de Boucheraumont ; de l'Eglise de Saint-Michel ; du Prieuré de 
la Genevroye ; d'une notice sur les Sergents-Fuissiers royaux de 
Chaumont ; de l’histoire des deux Laloy, de Doulevant, qu'il a 
apportée à notre Société. M. Lorrain offre pour la bibliothèque 


— 388 — 


son histoire du Collège de Chaumont. M. le Président l'en 
remercie. 

Il remercie également, après lui avoir souhaité la bienvenue, 
M. l'abbé Fave, qui vient de remettre à la Société trois bro- 
chures traitant de la campagne de 1814 dans la vallée de la 
Marne, dans celle de l'Aube et dans [a Brie champenoise. « Je 
suis heureux de dire à M. l’abbé Fave, continue M. le Président, 
tout le plaisir que nous avons eu à entendre la lecture de la 
première de ces brochures et le grand intérêt que présente pour 
nous ce sujet d'histoire locale. » 

M. le général de Torcy ayant bien voulu, de son côté, faire 
hommage à la Société de son récent ouvrage sur l’Armée Noire, 
M. le Président lui envoie, au nom de la Société, ses plus sin- 
cères remerciements. 

M. le docteur Forgeot est élu membre associé. 

M. Victor Charmeteau est élu premier Vice-Président. 

M. Charmeteau remercie l'assemblée du grand honneur qu'elle 
vient de lui faire ; il dit qu'il se rallie pleinement au programme 
de M. le Président et il assure la Société de tout son dévouement. 

MM. Em. Humblot et Charmeteau présentent, comme membre 
associé, M. Adolphe Driout, chevalier de la Légion d'honneur, à 
Saint-Dizier. : 

MM. Charmeteau et Euvrard présentent, comme membre 
associé, M. Albert Geoffrin, à Humbécourt. 

Lecture est donnée d’une lettre de M. P. Euvrard, qui rend 
comple du travail minutieux qu'il a effectué pour remettre en 
bon état la collection de mamnnfères et d'oiseaux du Musée, 
salle Lescuyer. 

L'assemblée adresse tous ses remerciements et ses félicitations 
à l’adroit naturaliste, qui s'est acquitté avec soin d'une tâche 
ingrate. Elle lui vote les cent francs d'indemnité que comporte 
son mémoire, et prend bonne note de la proposition qu'il fait de 
se charger, moyennant une lévère indemnité, de l’entretien nor- 
mal des collections Lescuyer. 

Communication est faite des trois rapports de fin d'année. 

M. le Secrétaire constate que la vitalité et la prospérité de la 
Société se sont allirmées cette année mieux que Jamais par l’assi- 
duité aux séances, par l’adjonction de membres nouveaux et par 
l'importance des travaux déposés sur le Bureau. 


_— 389 — 


Le rapport de M. le Trésorier accuse 3.174 fr. 15 de recettes 
contre 506 fr. 70 de dépenses ; d’où, en caisse, un avoir de 
2.667 fr. 45. 

M. Roussel, conservateur du Musée, commence par rendre 
hommage à son prédécesseur, M. Houdard-Casalta, et prie M. le 
Président de vouloir bien continuer au Musée le concours pré- 
cieux de la Société; puis il présente le relevé des acquisitions 
faites pendant le dernier exercice. Les principales sont : le 
tableau du Siège de Saint-Dizier, par Hoffbauer, don de l'Etat ; 
six plaques de cheminée offertes par M. Wahl ; une collection 
de coléoptères africains, don de M. le docteur Cros, à Mas- 
cara ; etc. 

M. Em. Humblot félicite M. Roussel de l’intelligente activité 
qu'il a déployée depuis son entrée en fonctions et l’assure de la 
confiance et du concours de la Société. 

L'ordre du jour appelle la lecture de l’histoire de Jean-Nicolas 
Laloy, par M. l'abbé Lorain. L'auteur, assistant à la séance, est 
prié par M. le Président d'exposer de vive voix les traits les plus 
saillants de la vie de ce personnage. 

[I] raconte d'abord comment il a été amené à écrire cette his- 
toire. En étudiant la Révolution à Chaumont, il a très souvent 
rencontré le nom des Laloy, surtout celui de l'aîné, qui fut 
député aux Etats-Généraux, puis maire de Chaumont aux Jours 
les plus troublés de la Révolution, puis commissaire du Direc- 
toire exécutif en Haute-Marne, enfin conseiller de préfecture 
jusqu'à sa mort, qui arriva en 1804. 

Notre érudit collègue a eu de la sorte vingt fois l'occasion 
d'admirer l'énergie de cet homme lors des troubles causés en 
ville par. la disette, sa modération dans l'application des lois 
contre le clergé et les monuments religieux, sa fermeté pour 
s'opposer aux vexations inuliles que les administrations supé- 
rieures voulaient exercer contre les suspects, qualités qui lui 
valurent d'être dénoncé à la Convention. 

L'auteur s’est enthousiasmé pour ce caractère et il a entrepris 
de le faire connaitre au public, qui s’y intéressera d'autant plus 
que celle vie renfermera les pages les plus attachantes de lhis- 
toire de la Révolution dans ce département, surtout à Chaumont. 

L'analvse qu'il vient d'en donner avec autant de chaleur que 
d'élégance d'élocution lui vaut de la part de M. le Président et 


— 390 — 


de l'assemblée tout entière les remerciements les plus vifs et les 
mieux mérités. 

M. Charmeteau demande s'il ne plairait pas à l'assemblée de 
fixer, séance tenante, la date et les conditions d’une des excur- 
sions amicales que M. le Président, reprenant un projet jadis 
soumis à la Société par M. le docteur Guinoiseau, a inscrites 
dans son programme. L'assemblée acceple avec empressement la 
gracieuse invitation que lui fait son Président de recevoir les 
excursionnistes dans sa coquette et toute séduisante ville de 
Joinville, la plus riche de la région en reliques du passé et en 
curiosités artistiques. M. le Secrétaire écrira à tous les membres 
de la Société pour leur donner rendez-vous en gare de Joinville, 
le mardi 1° août, à 8 heures du matin. 

Publications et ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Hommages d'auteurs : L'armée notre devant l’opinion, par 
M. le général de Torcy ; — Histoire du Collège de Chaumont 
(1540-1848), par M. l'abbé Ch. Lorain, aumônier du Lycée de 
Chaumont ; — Campagne de 1814 : les opérations militaires 
dans la vallée de la Marne, dans la vallée de l’Aube et dans la 
Brie champenoise, trois brochures, par M. l'abbé Paul Fave ; 

2° Congrès des Sociétés savantes à Caen : Discours prononcés 
à la séance de clôture, le samedi 22 avril 1911, par M. Camille 
Bloch et M. Vidal de la Blache ; 

3° Comité des Travaux historiques et scientifiques : Bulletin 
archéologique, année 1910, 3° livraison. (Fouulles en Tunisie, en 
Algérie, en France, etc.) ; 

4° Annales de la Société d'Histoire, etc., de Chaumont, 1911, 
n° 2. (Notes sur le Patois haut-marnais, par M. le docteur Guil- 
laume ; — Recherches sur le Vieux Château de Chaumont, fin, 
par M. P. Guillaume); 

9° Bulletin de la Société d'Histoire naturelle et de Palethno- 
logie de la Hte-Marne, tome I, fascicule 3. (Notes sur quelques 
Echinides et sur la perle de la Suize, par M. Thiéry; — Les 
Cartes calcimétriques, par M. Bernard ; — Compte-rendu des 
excursions de 1911); 

6° Mémoires de la Société éduenne, tome XXX VIII, 1910. (La 
légende de Saint-Emiland ; — Les Députés de Saône-et-Loire 
aux assemblées de la Révolution ; — Le Prieuré du Val Saint- 
Benoit, etc.); 


— 391 — 


7 Mémoires de la Société de Vulgarisation des Sciences natu- 
relles des Deux-Sèvres, 1910, 2 volume. (Notes de botanique, 
de zoologie, de géologie, etc.) ; 

8 Société académique d'Architecture de Lyon, bulletin men- 
suel, 1910-1911, n° 6 et 7; 

9% Annales de la Sécété d'Agriculture, etc., de la Loire, 1910, 
4 livraison, et 1911, 1° livraison ; 

100 Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 4° tri- 
mestre 1910 ; 

11° et 12° Les Marches de l'Est, 1911-1912, n° 3 et 4. (L’orga- 
nisalion des troupes noires ; — Antoine Watteau ; — Retour 
d’Alsace-Lorraine ; — Blessure mal fermée ; etc.). 


* 


Séance du 12 Octobre 1911 
Présidence DE M. Émize Humsior 


La séance s'ouvre à 2 heures 1/2. 

Présents : MM. Emile Humblot, Charmeteau, docteur Chaus- 
sinand, Euvrard, Gandner, Thiébault, Aussenac, Godard, 
Roussel, Vuilley, Jacob. 

M. le Président transmet les excuses de M.4H. Maréchal et 
les remerciments du Comité des fêtes jubilaires en l'honneur du 
sénateur Giovanni Capellini, notre éminent collègue, professeur 
à l’Université de Bologne. 

Sont élus membres associés : M. Adolphe Driout, chevalier 
de la Légion d'honneur, à Saint-Dizier ; et M. Albert Geoffrin, 
chevalier du Nichan el Anouar de Tadjora, à Humbécourt. 

Le quorum nécessaire pour l'élection des membres du Bureau 
n'étant pas atteint, l'élection d’un Trésorier est renvoyée à la 
séance prochaine. 

Sont présentés comme membres associés : M. l'abbé Moussu, 
curé-doyen de Joinville, par MM. Emile Ilumblot et Jacob; 
M. le docteur Henry, de Joinville, par MM. Emile Humblot et 
Gandner ; M. Simon-Grosdidier, officier du Mérite agricole, par 
MM. Emile Humblot et Charmeteau, qui présentent également, 
à titre de membre correspondant, M. le docteur Chompret, 
chevalier de la Légion d'honneur, 182, rue de Rivoli, à Paris. 


— 392 — 


M. Adolphe Thiébault, au nom de la Commission de publi- 
calion, donne lecture de son rapport. La Comnnission accepte, 
pour le volume XIII de ses Mémoires, le travail de M. Hubert 
Maréchal sur Osne-le-Val et le Val-d'Osne, avec quelques 
retouches consenties par l’auteur; les Chartes Bragardes, rele- 
vées à la Bibliothèque nationale et aux Archives par M. de la 
Fournière ; Élections d’échevins à Saint-Dizier, par M. Charme- 
eau ; une Note sur le sondage de Foulain, communiquée obli- 
geamment par M. Ferrv-Capitain ; un Essai de statistique chré- 
tienne de la Turquie et des pays d'Orient, par M. l'abbé Léon 
Vuilley ; une Notice sur M. Parisel, par M. Bossu: 

Ce rapport, parfaitement documenté, rédigé avec autant de 
délicatesse que d'esprit, vaut à son auteur les applaudissements 
de l'assemblée et les félicitations de M. le Président. Les conclu- 
sions du rapport sont adoptées à l'unanimité. Les travaux ci- 
dessus mentionnés formeront le volume XIII des Mémoires de 
la Société, On Y joindra les procès-verbaux des séances jusqu’à 
la fin de 1911. M. Brulliard, l'éditeur de la Société, sera prié de 
vouloir bien fournir une impression plus compacte. MM. Char- 
meteau et Jacob surveilleront l'impression du volume. 

M. le Président fait distribuer quelques exemplaires du 
programme du 50° Congrès des Sociétés savantes qui se réunira 
à la Sorbonne, du 9 au 13 avril 1912. 

En l'absence de M. l'abbé Ch. Lorain qui s’est fait excuser, 
M. Charmeteau continue la lecture du manuscrit de notre érudit 
collègue sur Jean-Nicolas Laloy, de Doulevant. Laloy, député 
aux Etats généraux el à la Constiluante s'installa d'abord à 
Versailles, puis à Paris, en restant avec ses électeurs en rela- 
Uons suivies, Son influence près du Comité de division de la 
Champagne en départements fut prépondérante. Bar-sur-Aube 
avant été exclu de la ITaute-Marne dans laquelle on fit entrer 
St-Dirier et Bourmont, ce fut Chaumont qui se trouva occuper 
le centre du nouveau département et qui fut naturellement choisi 
pour en être le chef-lieu. De longs extraits de la correspondance 
de Laloy à ce sujet montrent avec quel zèle 1} défendit les inté- 
rêts des Chaumontais. 

L'assemblée prend le plus vif intérèt à cette lecture qui sera 
continuée dans une prochaine séance. 


— 393 — 


Ouvrages et publications reçus depuis la dernière séance : 

1° Une série de sept brochures sur les fouilles exécutées à 
Carthage. (La Nécropole punique voisine de Sainte-Monique, 4 
plaquettes, — La Nécropole des Rabs, 2 plaquettes; — un 
Pèlerinage aux ruines de Carthage, une brochure), hommage 
de l’auteur, le R. P. Delattre, des Pères Blancs, correspondant 
de l’Institut, membre d'honneur de notre Société. M. le Secré- 
taire est chargé de remercier le savant archéologue ; 

2° Une note sur At{euchus variolosus Fabr., par le docteur 
Cros, de Mascara. Hommage de l’auteur à qui la Société renou- 
velle ses remerciements ; 

3° Société bourguignonne et champenoise des Amis de l’Eau- 
Forte, annuaire de 1911. (Cette nouvelle Société, fondée par 
M. Emile Humblot qui en a la présidence, comptait au 1°" 
février 1911, outre ses 200 membres statutaires, — la Société 
des Lettres de Saint-Dizier figure dans la liste sous le n° 45 — 
17 membres postulants prêts à prendre la place des membres 
défaillants. Les deux œuvres choisies pour être publiées en 1911 
sont : l’£x-volo, du peintre Legros, au musée de Dijon, qui sera 
reproduite en eau-forte en noir par M. Focillon, et le Repos de 
Colson, musée de Dijon, à graver en couleurs par M. Léon 
Salles) ; 

4° Bulletin de la Société de Palethnologie de la Haute-Marne, 
tome I, fascicule 3. (Les Cartes calcimétriques, — la perte de 
la Suize, — etc.); 

5° Bulletin de la Société Historique et Archéologique de 
Langres, 1°" août 1911. (Liste des Monuments historiques et 
des objets classés dans la Haute-Marne) ; 

6° Société académique d’Architecture de Lyon, bulletin 
mensuel, 1911, n%8et 9; 

7° Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 1°° tri- 
mestre 1911. (La levée en masse dans la Vienne, sept. 1793) ; 

8° et 9 Les Marches de l'Est, 1911, 1912, n° 5 et 6. (Les 
Pamphlets annexionnistes d’août 1870 ; — Mémoires du géné- 
ral de Pully; — le dialecte Wallon; — etc.); 

10° Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1910-1911: (Essar 
de chronologie de l’âge paléolithique; — la bataille de 
Frœschriller ; — Océanographes français au XVIIE siècle, 
—et0. ‘ 


— 394 — 


11° et 12° Travaux de l’Académie nationale de Reims, année 
1906-1907, tome II. (Répertoire archéologique de l’arrondisse- 
ment de Reims, canton de Bourgogne) et année 1909-1910, 
tome IT (la Place Royale de Reims; — le rôle du Danube 
dans les Invasions ; — saint Nicaise et son culte ; — l’Impôt 
sur le revenu dans les différents Etats de l’Europe; — les 
Avocats, étude professionnelle ; etc.) ; 

13° Conseil général de la Haute-Marne, session d'août 1911, 
rapport de l’archiviste. | 


Séance du 9 Novembre 1911 


PRÉSIDENCE DE M. Emize HumBLor 


La séance s'ouvre à 2 heures 40. 

Présents : MM. Emile Humblot, Charmeteau, Aussenac, 
Frionnet, Roussel, Gandner, D' Chaussinand, Lorain, Chré- 
tiennot, Vuilley, Geoffrin, Godard, H. Maréchal, Jacob. 

Le procès-verbal de la séance du 12 octobre est adopté. 

M. le Président présente les excuses de M. le général de 
Torcy et de M. l'abbé Euvrard. 

Sont élus membres associés : M. l’abbé Louis Moussu, curé- 
doyen de Joinville ; M. le docteur Jean Henry, à Joinville ; 
M. Simon-Grosdidier, officier du Mérite Agricole, à St-Dizier. 

Est élu membre correspondant : M. le D' Chompret, cheva- 
lier de la Légion d'honneur, 182, rue de Rivoli, à Paris. 

Est élu trésorier de la Société : M. E. Gandner. 

M. le Président présente au nouveau trésorier ses félicitations, 
que soulignent les applaudissements unanimes de l’assemblée. 
Dans une improvisation pleine d'esprit, de tact et de délica- 
tesse, M. (Grandner remercie et accepte les fonctions qui lui sont 
dévolues. A l'exemple de son prédécesseur, dont la gestion 
modèle est au-dessus de tout éloge, il cherchera toujours le 
moyen de faire suivant l’art. 

MM. Emile Iumblot et Jacob présentent M. l'abbé Léon 
Vuillev comme membre titulaire, 


— 395 — 


MM. Charmeteau et Aussenac présentent M. Jalard, ingénieur 
à Saint-Dizier, comme membre associé. 

M. le Président cède la parole à M. l'abbé Ch. Lorain, qui 
donne lecture d’un nouveau chapitre de son manuscrit sur Jean- 
Nicolas Laloy. En retour des services rendus, Laloy fut élu 
maire de Chaumont en 1791. Un tel honneur était, en.ces temps 
troublés, une lourde charge. Laloy fut à la hauteur des circon- 
stances, toujours, mais surtout dans l'affaire des subsistances 
qui faillit plus d’une fois tourner à l’'émeute, et dans celle, plus 
comique que tragique, de l’incursion des Langrois, en 1792. 
Cette page d'histoire est des plus intéressantes pour notre pays 
et elle est écrite de main de maître. En applaudissant l’auteur, 
l'assemblée ne fait que lui rendre justice. 

M. l'abbé Lorain est prié instamment de revenir encore donner 
lui-même à la Société lecture de son manuscrit. Il le promet, 
heureux, dit-il, de pouvoir être agréable à une assemblée qui 
lui fait un accueil si sympathique. 

M. Geoffrin, notre nouveau collègue, offre à la Société, pour 
le musée de la ville de Saint-Dizier, un oiseau fort curieux, un 
cardinal mâle, de la Guyane française. M. Geoffrin reçoit les 
remerciements des sociétaires. 

Au nom de M. Charles Jacquinot, M. Charmeteau donne 
lecture d’une petite brochure de Jacques de la Forge intitulée : 
Notes humoristiques d’un excursionniste sur la promenade 
archéologique que fit la Société à Joinville, le 1°" août 1911. 

Inutile de dire que l'esprit pétille du commencement à la fin 
de cette exquise fantaisie, tour à tour plaisante et grave, badine 
et doctorale. À chaque instant les sourires, qui plus d’une fois 
fusent en rires sonores, en accueillent la lecture. Les applaudis- 
sements éclatent quand au nom des excursionnistes, l’auteur 
remercie M. Emile Humblot de l’inoubliable journée dont ils 
lui sont redgvables. Pour que la Société tout entière en béné- 
ficie, M. Gandner demande que les « Notes humoristiques » de 
M. Charles Jacquinot soient imprimées. M. Emile Humblot 
veut bien se charger d’en demander l'autorisation à l'auteur et, 
prévenant les désirs de tous, il promet un écrin artistique de sa 
façon à cette perle littéraire. Il promet également de transmet- 
tre sans retard à M. Charles Jacquinot les félicitations les plus 
sincères de la Société. 


— 396 — 


Ouvrages et publications reçus depuis la dernière séancé : 

1° Société Académique d'architecture de Lyon, bulletin men- 
suel, octobre 1911 ; 

2° Comité des Travaux historiques et scientifiques, bulletin 
Historique et Philologique, 1910, n° 3 et 4. (Notes sur un 
registre de tabellionage conservé aux archives du Calvados, etc.) 


Séance du 14 Décembre 1911 


(Séance réglementaire) 
PRÉSIDENCE DE M. V,. CuarMETEAU, VicE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ 


La séance s'ouvre à 2 heures 40. 

Présents : MM. Charmeteau, Gandner, Roussel, Euvrard, 
Rolland, Aussenac, Jacob. ; 

Le procès-verbal de la séance du 9 novembre est adopté sans 
observation. 

M. le Président présente les excuses de MM. Em. Humblot, 
Duchêne, Frionnet et Joseph Houdard. 

Il donne lecture de la correspondance. Par lettre en date du 
12 décembre, M. le D" Vesselle et M. le D' Guinoiseau donnent 
leur démission de membres de la Société. 

M. le D' Chompret remercie la Société de l’honneur qu’elle 
lui a fait en l’élisant membre correspondant et l’assure de son 
concours actif. 

MM. Em. Humblot et Jacob présentent comme membre titu- 
laire M. le chanoine Léon Guillaume, supérieur du Collège libre 
de Saint-Dizier. 

MM. Charmeteau et Jacob présentent comme membre titu- 
laire M. G. Roussel, conservateur du Musée, et comme membre 
associé M. Quilliard, industriel, à Bayard. 

MM. Emile Humblot et Charmetcau présentent comme mem- 
bre associé M. Léon Livove, propriétaire, à Montier-en-Der. 

L'élection d'un 2° Vice-Président en remplacement de M. le 
docteur Guinoiseau, démissionnaire, est inscrite à l’ordre du 
jour de la prochaine séance. 


— 397 — 


On procède, conformément aux statuts, aux élections inscrites 
à l'ordre du jour. 

: M. l'abbé Léon Vuilley, administrateur de la paroisse de 
Marnaval, est élu membre titulaire. | 

M. Jalard, ingénieur, à Saint-Dizier, est élu membre associé. 

M. le Trésorier est invité à donner le résumé des comptes de 
l'exercice 1911 et à présenter le projet de budget pour 1912. 

En 1911, le total des recettes s’est élevé à 3.784 fr. 99, celui 
des dépenses à 1.978 fr. 60 ; d’où un reste en avoir de 1.806 fr. 39, . 
plus 13 fr. de rente 3 °/,, représentant les versements effectués 
par les membres à vie. 

Le projet de budget pour 1912 comporte 970 fr. de recettes 
et 310 fr. de dépenses, d'où un excédent de recettes de 660 fr., 
lequel joint à l'excédent de 1911 donne un reliquat de 2.466 fr. 39, 
disponible pour l'impression du vol. XIII des Mémoires. 

MM. Aussenac et Euvrard sont chargés de l'examen des 
comptes de M. le Trésorier. 

M. Gaston Roussel remet à M. le Secrétaire les deux registres 
des procès-verbaux des séances de la Société depuis son origine 
jusqu’en obtobre 1907. Ces deux registres sont remis dans les 
archives. 

Sur la demande de M. le Président, M. Euvrard donne quel- 
ques détails intéressants sur le travail qu'il a entrepris el mené 
à bonne fin pour remettre en état la collection ornithologique 
du Musée. M. le Président lui renouvelle les félicitations et les 
remerciements de la Société. 

Publications et ouvrages reçus depuis la dernière séance : 

1° Chasseurs d'autrefois à St-Remy-en-Bouzemont, Larzi- 
court et Arrigny. (Notes extraites des archives départementales 
de la Marne et intéressant certaines familles de notre région. 
Ces notes, publiées en 1895 par l’Impartial de la Marne, ont 
été recueillies par M. le D' Chompret, qui les offre gracieuse- 
ment à la Société); 

2° Ankylostomatose. (Ouvrage couronné par la Société indus- 
trielle de l'Est et honoré du prix de Thèse par la Faculté de 
Nancy, hommage de l’auteur, M. le D' Jean Henry, à qui la 
Sociélé présente ses félicitations et ses remerciements); 

3 Bulletin de la Société d'Histoire naturelle et de Palethno- 
logie de la Hte-Marne, 1911, fasc. 4. (Coléoptères récoltés dans 


— 398 — 


la Haute-Marne. — Bibliographie haut-marnaise d'Histoire 
naturelle) ; 

4 Bulletin mensuel de la Société académique d'Architecture 
de Lyon, novembre 1911 ; 

5° Annales de la Société d'Agriculture, etc., de la Loire, 
1911, 2° et 3° livraisons en une brochure ; 

6° Répertoire d'Art et d'Archéologie, 1910, index alphabéti- 
que ; — et 1911, 1°" et 2° fascicules. 
__ 7° Mémoires de la Société des Lettres, etc., de Bar-le-Duc, 
IVe série, tome VIII, 1910. (Liste des émigrés, des prêtres 
déportés et des condamnés pour cause révolutionnaire, du 
département de la Meuse; — Vignettes et sceaux des Papiers 
militaires pendanl la Révolution française ; etc. 


FIN DES PROCÈS-VERBAUX 


LISTE DES MEMBRES 


composant la Société des Lettres, des Sciences, 
des Arts, de l’Agriculture et de l’Industrie 
de Saint-Dizier 
au 17 Février 1912 


BUREAU DE LA SOCIÉTÉ 
Président. . . . . …. . MM. E. Hcumszor. 


1e Vice-président . . . . V. CHARMETEAU. 
2° Vice-président. . . . . D' Cuaussixaxp. 
Secrétaire. . . . . . . O. JAcos. 
Secrélaire-adjoint . . . . SIMONNET. 
Trésorier. . . . . . . E. Gaxoxer. 
Conservaleur du Musée. . . G. Rousse... 

, Bibliothécaire . . . . . J. Houparo. 


MEMBRES TITULAIRES 
MM. 


M b ’ e « e C2 . 
ee. GHARDIN, docteur en médecine, à Saint-Dizier. 


fondateur. 


_ DANxELLE, sénateur, à Louvemont. 


me HounarD-CasairA, Éÿ, officier du Nichan-Iftikhar, agent 
d'assurances, à Saint-Dizier. 

” DE LAFOURNIÈRE Camille, propriétaire, à Saint-Dizier. 

: Rozxr Albin, député, grand-cordon de l’ordre impérial du 
Medjidié, commandeur de l’ordre de St-Alexandre de 
Bulgarie, de l’ordre de Léopold et du Nichan-Iftikhar, 


à Saint-Dizier. 


= SERVAIS Prosper, curé vice-doyen, à Sommevoire. 


Meubre 
fondateur, 


1833. 11 oct, 


1883. 12 nov, 


1836, 1U juin 


1887, 21 juil 


1887, 13 déc. 


1888, 8 nov, 


1892. 18 fev. 
1894, 13 déc. 


1895, 14 mars 


1895, 13 juin 
1897, 8 avril 
1900, 8 févr. 
1901, 7 janv. 
1902, 13 fév. 


1902, 10 juil, 


1903, 12 jel 


SIMONNET, propriétaire, à Landricourt (Marne). 


MarcezLor Jacques, maître de forges, à Eurville (membre 
à vie). 


Le marquis be Pimobax, duc romain, à Echenay. 


Huusror Emile, [., &, conseiller d'arrondissement, 
maire de Joinville. 


JacquixorT Charles, commandeur du Nichan-fftikhar et de 
l'Osmanié, docteur en droit, à Saint-Dizier, et 77. 
boulevard Saint-Michel, à Paris. 


Le comte be BaizLox (Edgard), ÿ, à Eclaron. 
Davaz Jules, #$ [., &, ancien greflier du Tribunal de 


+ 


commerce, à Saint-Dizier (membre à vie). 


Guyrarn René, président du Tribunal de commerce, à 
Saint-Dizier. 


Pior Juste, curé de Chancenay. 
Evvrarp Paul, curé de Humbécourt. 


Laxc Edouard, #%, président de la Chambre consultative 
des arts et manufactures de Joinville, directeur général 
des Forges de Champagne, à Saint-Dizier. 


Le marquis pes Réauzx, #, conseiller général, à Eurville. 
Jacos Octavien, professeur au Collège, à Saint-Dizier. 
Cuaruereau Victor, €, pharmacien, à Saint-Dizier. 

bE Larourxière Georges, docteur en droit, à Saint-Dizier. 
Tuouas, &, pharmacien, à Saint-Dizier. 


Cuarssixaxn H., £ÿ, docteur en médecine, directeur de 
l'Asile départemental, à Saint-Dizier. 


Frioxxer Charles, professeur au Collège, à Saint-Dizier 
(médaille d'argent de la Société). 


RozzaxD Joseph, vicaire à Gigny, Saint-Dizier. 
Turésauzr Adolphe, avocat, à Saint-Dizier. 


Gaxpxer E., &, chef de seclion aux Chemins de fer de 
l'Est, à St-Dizier, 


Pesue, docteur en médecine, à Saint-Dizier. 


1907, 21 nov. 
1908. 9 avril 


1909, 8 juil. 


1910, 12 mai 


1910, 9 juin 


1910, 15 déc, 


1911,11 jaov. 


1880, 22 avril 


1880, 10 juin 


1882, 11 mai 


1882, 9 nov. 
1882, 12 janv, 
1902, 15 mai 


1909, 10 juin 


— 401 — 
Huuscor Eugène, curé d'Orquevaux. 
FaAvE Paul, curé de Pogny (Marne). 
Général DE Tone. G. O. %, à Eclaron. 


THÉvENIN Joseph, docteur en médecine, médaille de bronze 
de l’Assistance publique, à Ceffonds. 


AussexaAc, chef du Dépôt auxiliaire de la Cie de l'Est, 26, 
rue Lalande, à Saint-Dizier. 


CurérTiENNor Clément, curé-doyen de Notre-Dame, à Saint- 
Dizier. 


Vuiey Léon, administrateur de la paroisse de Marnaval, 
Saint-Dizier. 


Roussez Gaston, conservateur du Musée, à Saint-Dizier. 


Guizzaume Léon, chanoine, supérieur du Collège libre de 
Saint-Dizier. 


MEMBRES D'HONNEUR 
MM. 


Dacuix Arthur, 4 I., du Mérite agricole, du Nichan de 

- Tunis, chevalier des O. coloniaux du Dragon d'Annam, 

royal du Cambodge, etc., juge de paix de Chchy, 
84, rue du Château, Asnières (Seine). 


FLAMMARION Camille, #k, astronome, 16, rue Cassini, à 
Paris. | 

Carezcint Giovanni, O. #, sénateur italien, doyen de la 
Faculté des sciences à l’Université de Bologne (Ilalie). 


Le R. P. Derarrre, %, Éÿ [., supérieur de Saint-Louis, à 
Carthage (Tunisie). 


pe Hépouvicze Louis, juge, à Neufchâteau (Vosges). 
Marécnaz Hubert, curé d’Osne-le-Val (Haute-Marne). 
Cuaprox Charles, cultivateur, à Saint-Dizier. 


Daconxer Ernest, statuaire, 61, rue de Vaugirard, à Paris. 
26 


Membre 
fondateur 


1881, 6 déc, 
1884, 14 janv. 


1884,13 mars 


1839,10 janv. 


1908, 9 janv. 
1908.12 mars 
1908, 9 juillet 
1908, 10 déc, 


1909, 10 juin 


1909, 9 déc. 


4910, 8 déc, 


— 102 — 


MEMBRES ASSOCIÉS 
MM. 


Cuawrexois Charles, propriétaire, à Chamouilley. 


« 


Goparp O., €}, ancien maître-imprimeur, à 


Revigny 
(Meuse). 


Viry Louis, ancien président du Tribunal de commerce, à 
Saint-Disier. | 

Roze Henri, #, ingénieur, à Houte-Fontaine (Marne). 

DaxeLze Paul, &, à Louvemont (associé à vie). 


GUILLAUME, ÉS, directeur commercial aux forges de Bussy 
(Haute-Marne). 


Varix-BenxiEr, $, ÉS L., banquier, à Bar-le-Duc. 


BruyaxT René, propriétaire, aux Bons-Hommes, près 
Mathons (Ilaute-Marne). 


Moreau bE LA Tour Gabriel, commandeur de l’ordre du 
Chnist de Portugal, archéologue, à La Cabane, par 
Saucourt ([faute-Marne). | 


LeurinAx, docteur en médecine, à Saint-Dizier. 

Coisox Régis, professeur au Collège de Langres. 
MarrriEeR Paul, curé de Leurville. 

Bruriiarb André, #, maître-imprimeur, à Saint-Drzier. 
Le baron pe L'IlorMe, à Bussières-les-Belmont. 


Fouvarp Joseph, officier du Nichan-Iftikhar, agent d’assu- 
rances, à Saint-Dizier. 


’ 4 


Cariraix-GÉéxr, O. #, conseiller général, maître de forges, 
à Bussy (Haute-Marne). 


FErry-Cariraix, #8, maître de forges, à Rupt (Ht-Marne). 


Duecnèxe Paul, maire de Doulevant-le-Château, 


Saint-Dizier, 


« 


Gobarb [fenri, professeur au Collège, à 


1911, 9 mars 
1911, 14 mai 
1911, 8 juin 
1011, 13 juil. 


1911, 12 oct. 


1911, 9 nov. 


1911, 14 déc, 


4912, 11 janv. 


Membre 
fondateur 


1880, 12 juil. 
1884, 12 nov, 
1884,8 juillet 


1887, 21 juil. 


1908, 8 janv. 


— 403 — 


Loraix Charles, É$, aumônier du Lycée, à Chaumont. 
Dusois, ingénieur, à Marnaval. 

BurGraT-Baiziy, à Saint-Dizier. 

Forcror, docteur en médecine, à Chaumont. 

Driour Adolphe, #, industriel, à Saint-Dizier. 


GEorFriN Albert, chevalier du Nichan-Anouar de Tadjoura, 
à Humbécourt. 


Moussu Louis, curé-doyen, à Joinville. 

Hexry Jean, docteur en médecine, à Joinville. 
SImoN-GRosDIDIER, officier du mérite agricole, à St-Dizier. 
JaLann, ingénieur, à Saint-Dizier. 

QuizuiarD, industriel, forges de Bayard (Haute-Marne). 


Lavoye Léon, propriétaire, à Montier-en-Der. 


MEMBRES CORRESPONDANTS 
MM. 


Couses Emile, curé-doyen de Chevillon. 


Joppé Ed., Éÿ, conseiller à la Cour de Douai, 44, rue de 
l’'Abbaye-des-Prés, Douai (membre à vie). 


Baupoix Léon, inspecteur des Postes et Télégraphes, à 
Juzanvigny (Aube). 


Macrer, €} [., avoué honoraire, maire de Pontoise, 11, rue 
Saint-Jean (Seine-et-Oise). 


Houparp Léon, à Epernay (Marne). 
Baré Gabriel, avocat, à Dijon. 


TutéBLemoxT Ferdinand, chanoine honoraire, supérieur de 
l'Institution Saint-Joseph de Maranville (Ht-Marne). 


Cozsox Paul, 13, boulevard Magenta, à Paris. 


1909.11 mars 


1910, 12 mai 


1910, 15 déc, 


1911, 9 nov, 


— 404 — 

Cros Auguste, 4, docteur en médecine, rue Mogador, à 
Mascara (Algérie) (Médaille d'argent de la Société). 
Général Jopré, O. #, commandant la 24° brigade d’infan- 

terie, à Reims. 
Bossu Louis, procureur de la République, à Reims. 


Cuomprer, docteur en médecine, %, 182, rue de Rivoli, 
à Paris. 


N. B.-— MM. les Membres de la Société sont instam- 
ment priés de vouloir bien faire connaitre au président 
ou au secrélaire les modificalions survenues ou à survenir 
dans les adresses, qualités ou dislinchions honorifiques 


mentionnées ci-dessus. 


SOCIETES 


avec lesquelles la Société de Saint-Dizier 


échange ses publications 


Aix. — Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- 
Lettres, | 

Amiens. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts. 

Aulun. — Société Eduenne. 

Bar-le-Duc. — Société des Lettres, Sciences et Arts. 

Belfort. — Société Belfortaine d'Emulation. 

Besançon. — Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres. 

Chambéry. — Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie. 

Châlons-sur-Marne. — Société d'Agriculture, Commerce, 
Sciences et Arts de la Marne. a 

Charleville (au Vieux-Moulin). — Société d'Histoire naturelle, 

Chartres. — Société archéologique d’'Eure-et-Loir. 

Chaumont. — Société d'Histoire, Archéologie et Beaux-Arts. 

Chaumont. — Société d’Ilistoire naturelle et de Palethnologie 


de la Haute-Marne. 
Dijon. — Académie. 
Epinal. — Société d'Emulation des Vosges. 


Evreux. — Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles- 
. Lettres de l'Eure. 

Langres. — Société Historique et Archéologique. 

Lyon. — Société académique d'Architecture. 

Mâcon. — Société d'Histoire naturelle. 


Marseille. — Académie des Sciences, Lettres et Arts. 


— 406 — 


Nantes. — Société archéologique. 

Niort. — Société de Vulgarisation des Sciences naturelles. 
Poutiers. — Société des Antiquaires de l'Ouest. 

Reims. — Académie nationale. 

Saint-Dié. — Société philomatique vosgienne. 

Saint-Etienne. — Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, 


Arts et Belles-Lettres de la Loire. 
Saint-Malo. — Société Historique et Archéologique. 


Semur-en-Auxois. — Société des Sciences historiques et natu- 
relles. 

Sens. — Société archéologique. 

Troyes. — Société académique d'Agriculture, Sciences, Arts et 
Belles-Lettres de l'Aube. 

Vesoul. — Société d'Agriculture, Sciences et Lettres. 

Vitry-le-François. — Société des Sciences et Arts. 


Société des Sciences naturelles et d'Archéologie de l’Ain. 


PUBLICATIONS PÉRIODIQUES 


reçues par la Société 


contre l’échange de ses propres publications 


Bulletin général des Sociétés Académiques de France, 2 rue 
Vivienne, Paris. 


Bulletin Historique du Diocèse de Lyon, 11, place de Four- 
vières, à Lyon. 


Les Marches de l'Est, 84, rue de Vaugirard, Paris (VI®). 
Polybiblion, 5, rue Saint-Simon, Paris. 
Conseil général de la Haute-Marne, à Chaumont. 


Répertoire d’Art et d'Archéologie, 19, rue Spontini (Paris). 


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DÉPOTS PUBLICS 


recevant les Mémoires de la Société 


Ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts (5 exem- 
plaires). 
Saint-Dizier. — Mairie (Dépôt légal, 2 exemplaires). 
Bibliothèque de la Ville. 


Bibliothèque de l'Ecole libre de l’Immaculée- 
Conception. 


Bibliothèque de l'Ecole du Centre. 


Chaumont. — Bibliothèque Barotte. 
Archives départementales. 


Langres. — Ecole supérieure de Théologie. 
Wassy. — Bibliothèque d'Instruction populaire. 
Paris. — Bibliothèque de la Sorbonne. 


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TABLE GÉNÉRALE 


RAPPORT SUR LES TRAVAUX A INSÉRER, par 
M. Adolphe Thiébault. . . . . . . . . . . . . . . 


LES ÉLECTIONS DES ÉCHEVINS A SAINT-DIZIER, 


par M. V. Charmeteau. , . . . . . . . . . . . . . 


NOTICE SUR OSNE-LE-VAL ET LE PRIEURÉ DU 
VAL D'OSNE, par M. l’abbé Hubert Maréchal. . . . 


CHARTES BRAGARDES, documents pour servir à l’his- 
toire de Saint-Dizier, par M. G. de la Fournière. . . 


NOTE SUR LE SONDAGE DE FOULAIN, par M. Ferry- 
Capitain 


9 + + + ee ee ee ee ee ee + + ee + + ee ee 


MONSIEUR: VICTOR PARISEL, notes biographiques, 


par M. Louis Bossu. . . . . , HD TERRES S 
UN ALLER ET RETOUR DANS L’EMPIRE OTTO- 
MAN, par M. l'abbé Vuilley. , . . . . PE 


PROCÉS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ, du 13 octobre 
1910 au 14 décembre 1911 


LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ . . . . .. 
LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES , . .. 
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES reçues par la Société, 


DÉPOTS PUBLICS recevant les mémoires de la Société. 


339 


347 


393 


Saint-Dizier, — André BRÜLLIARD @, Maitre-Imprimeur. 


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